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Foi

  • La pratique de la présence de Dieu : la spiritualité du pape Léon XIV

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    De Miguel Cuartero Samperi sur In Terris :

    La pratique de la présence de Dieu : la spiritualité du pape Léon XIV

    Lors de la conférence de presse donnée à son retour de son premier voyage apostolique, le pape Léon XIV a suggéré de lire un livre. Ce petit livre, a-t-il dit, renferme sa spiritualité.

    6 décembre 2025

    Interrogé par la journaliste Cindy Wooden sur ses réactions et ses sentiments lors du conclave qui l'a élu Souverain Pontife, le Saint-Père Léon XIV a déclaré que sa foi inébranlable en la volonté de Dieu l'avait toujours guidé en toutes circonstances. Cette attitude l'a accompagné pendant de nombreuses années, dans son œuvre missionnaire et dans les moments les plus difficiles et les plus délicats de sa vie. Cette même foi est au cœur d'un livre qui l'a profondément marqué et inspiré, au point qu'il recommande sa lecture pour comprendre sa spiritualité personnelle.

    Les paroles de Léon XIV

    Voici les paroles du Pape : « L’un d’entre vous, un journaliste allemand, m’a demandé l’autre jour : “ Connaissez-vous un livre, outre saint Augustin , qui nous permettrait de comprendre qui est Prévost ?” Il y en a beaucoup, mais l’un d’eux s’intitule « La Pratique de la Présence de Dieu » . C’est un livre très simple, écrit il y a de nombreuses années par un certain frère Laurent , qui ne signe même pas de son nom. Il décrit une forme de prière et de spiritualité qui consiste simplement à remettre sa vie entre les mains du Seigneur et à se laisser guider par lui. Si vous voulez en savoir plus sur moi, sur ma spiritualité de ces dernières années, au milieu de grandes épreuves, vivant au Pérou pendant les années de terrorisme, appelé à servir dans des endroits où je n’aurais jamais imaginé être appelé, sachez que j’ai confiance en Dieu , et c’est un message que je partage avec tous. » L'ouvrage cité plus haut, publié pour la première fois en 1692 par le père Joseph de Beaufort, est un recueil de lettres , de témoignages et de paroles de frère Laurent, né Nicolas Herman. Il connut un succès immédiat et fut réimprimé et traduit en plusieurs langues au fil des ans.

    Qui était Frère Laurent de la Résurrection ?

    Nicolas Herman naquit en 1614 à Hériménil, en Lorraine, dans le nord-est de la France. Pendant la guerre de Trente Ans, il s'engagea dans l'armée française , mais après trois ans de service, il dut déposer les armes suite à des blessures reçues au combat. C'est dans cette épreuve que, suite à une révélation, il décida de consacrer sa vie à Dieu . La vision d'un arbre nu, attendant le printemps, fit naître en lui le désir ardent d'une transformation radicale et d'une renaissance spirituelle. Après une tentative de retraite dans la vie d'ermite et un séjour de travail à Paris, il entra en 1640 dans l'ordre des Carmes déchaux à Paris, suivant ainsi les traces de son oncle carme. Après deux ans de noviciat, il prononça ses vœux solennels et prit le nom de frère Laurent de la Résurrection. Au couvent, il s'acquittait des tâches les plus humbles et les plus fatigantes, comme la cuisine – un rôle qu'il occupa pendant quinze ans, servant plus d'une centaine de personnes chaque jour –, le métier de cordonnier, et le travail dans le magasin et l'entrepôt.

    paix intérieure

    Après dix années de crise spirituelle, il trouva enfin la paix intérieure dans un abandon total à la volonté de Dieu. Durant ses dernières années, il cultiva des amitiés spirituelles avec de nombreux fidèles qui se tournaient vers lui pour trouver conseils et réconfort. Malgré ses infirmités et ses souffrances physiques, il se distingua par son humilité et sa profonde amitié avec Dieu . Cette amitié se nourrissait jour après jour, dans sa vie quotidienne, vécue constamment en présence de Dieu, comme en témoignent ses lettres et les récits de ceux qui l'ont connu. Il mourut à Paris à l'âge de 77 ans.

    Le secret de Frère Laurent

    Le secret de frère Laurent était donc, pour reprendre ses propres termes, « une conversation continue avec Dieu », même au cœur des tâches quotidiennes. Parler à Dieu, même fugitivement, même quelques instants, mais constamment, en gardant toujours à l'esprit la nécessité de demeurer en lien permanent avec Lui, en renonçant à tout ce qui s'interposait entre l'âme et Dieu , « en renonçant pour Dieu à tout ce qui n'était pas Dieu ». « Je m'appliquais donc avec soin », déclare Laurent, « tout au long de la journée, même au travail, à considérer Dieu toujours près de moi. » Même dans le tumulte du travail, au milieu d'une cuisine toujours en activité, Laurent maintenait un contact assidu avec Dieu par la méditation et la prière, comme il en témoigne lui-même : « Je possède Dieu si paisiblement dans le tumulte de ma cuisine… Je retourne mon omelette dans la poêle par amour pour Dieu. »

    Qu’est-ce que la « pratique de la présence de Dieu » ?

    La synthèse de l'enseignement spirituel de Frère Laurent se trouve dans la pratique de la présence de Dieu, qui n'est autre que le plus haut degré d'intimité avec Dieu vécue au quotidien, même dans les moments d'obscurité, de souffrance et de péché. Les lettres de Frère Laurent témoignent combien cette pratique était pour lui la clé et le secret du bonheur et du véritable épanouissement spirituel. Dans une lettre à une religieuse, il écrivait : « Je ne comprends pas comment les religieux peuvent vivre pleinement sans la pratique de la présence de Dieu. » Son principal conseil à ceux qui cherchaient à progresser spirituellement était de persévérer dans les difficultés, sans se laisser décourager par les distractions, les tentations, ni même par les péchés. Ces péchés étaient constamment présents à l'esprit de Laurent , surtout ceux de sa jeunesse, qui le tourmentaient et le poussaient à se confier toujours davantage au Seigneur, conscient de son indignité et de sa fragilité.

    La pratique la plus sacrée

    « La pratique la plus sainte et la plus nécessaire de la vie spirituelle est celle de la présence de Dieu, qui consiste à trouver sa joie et à s'habituer à vivre en sa divine compagnie, à lui parler humblement et avec amour en tout temps et à chaque instant, sans règle ni mesure, surtout lors des tentations, des souffrances, de l'aridité spirituelle, des aversions, et même des infidélités et des péchés. […] Nous devons sans cesse nous efforcer de faire en sorte que tous nos actes deviennent de petites conversations avec Dieu, non pas de manière calculée, mais comme ils jaillissent naturellement de la pureté et de la simplicité de notre cœur. » Cette attitude soutient le chrétien dans le combat spirituel contre le mal, assurant la victoire sur le diable et le péché : « Par cette attention constante à Dieu, nous écraserons la tête du diable et nous lui arracherons ses armes des mains. »

    Un don de la grâce de Dieu

    Avec cette disposition du cœur, le chrétien n'a plus à abandonner ses occupations ni à se ménager du temps et de l'espace pour Dieu, vivant ainsi une nette séparation entre vie active et vie contemplative. Au contraire, la pratique de la présence de Dieu assure à l'homme un contact constant avec Lui, lui permettant de Le rencontrer en lui-même à chaque instant. Cette pratique, affirme Laurent, est un don de la grâce divine . Comme pour tout sommet et tout but de la vie mystique, l'exercice et l'application du corps et de l'esprit sont nécessaires ; les mortifications, le jeûne et le renoncement sont autant d'étapes que le chrétien doit franchir pour se rapprocher de Dieu. Cependant, cette pratique ne peut être pleinement vécue que comme un don d'en haut, à accueillir avec humilité et gratitude .

  • Des fidèles du monde entier demandent au pape Léon XIV de réexaminer la « Mater Populi Fidelis ».

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    Du substack de Diane Montagna : 

    Des fidèles du monde entier demandent au pape Léon XIV de réexaminer la « Mater Populi Fidelis ».

    « Que l’honneur, la vérité et la vénération particulière dues à la Très Sainte Vierge Marie, Mère de Dieu et notre Mère, soient rétablis. »

    (Chef-d'œuvre de Dieu : Huile sur cuivre de Matteo Cristadoro, peinte en 1659 et conservée au monastère de San Martino delle Scale à Palerme)

    ROME, 8 décembre 2025 — Aujourd’hui, alors que les catholiques du monde entier célèbrent la solennité de l’Immaculée Conception, une initiative mondiale d’« appel filial » est lancée, exhortant respectueusement le pape Léon XIV à réexaminer Mater Populi Fidelis .

    Intitulée « Appel filial au pape Léon XIV », cette initiative intervient dans un contexte de préoccupations persistantes et croissantes concernant la note doctrinale du mois dernier sur les titres mariaux de « Corédemptrice » et de « Médiatrice de toutes les grâces », publiée par le Dicastère pour la doctrine de la foi.

    Substack de Diane Montagna est une publication financée par ses lecteurs. Pour recevoir les nouveaux articles et soutenir mon travail, pensez à vous abonner gratuitement ou en payant.

    L’ appel, qui tient sur une seule page, se poursuit :

    « En tant qu’enfants de l’Église, notre conscience est profondément troublée par les déclarations contenues dans cette Note concernant certains titres mariaux qui font référence à la coopération de Marie Très Sainte à l’œuvre de notre salut. Comment ne pas être affligés de voir cette nouvelle position mariologique s’opposer si clairement à l’enseignement transmis jusqu’à présent – ​​un enseignement qui a toujours reconnu en la Vierge Marie un rôle unique, réel et maternel dans l’économie de la Rédemption ? »

    Cette initiative « citoyenne » permet aux membres du clergé et aux laïcs de télécharger la lettre, de la signer et de la dater, d'indiquer leur pays et leur diocèse d'origine, et de l'envoyer directement au Saint-Père au Palais apostolique, au Vatican.

    Le père Lanzetta, conférencier en théologie dogmatique et auteur prolifique sur les thèmes mariaux, a déclaré avoir écrit cet appel pour servir les fidèles qui souhaitent respectueusement adresser leurs préoccupations au Saint-Père d'une manière fondée sur une évaluation théologique rigoureuse de Mater Populi Fidelis .

    Il fut parmi les premiers à exprimer de sérieuses réserves quant à la nouvelle note doctrinale. Une semaine après la présentation de Mater Populi Fidelis par le cardinal Victor Manuel Fernández, préfet de la Doctrine de la Foi , à Rome, le père Lanzetta publia une analyse approfondie soutenant que le document adopte une vision minimaliste de la Vierge Marie et représente un net recul, non seulement par rapport à l'enseignement des saints, des docteurs et du magistère ordinaire des papes, mais aussi par rapport à la position du concile Vatican II sur le rôle de Marie dans l'œuvre du salut.

    Le père Lanzetta n'était pas le seul à critiquer le MPF. Dans une interview accordée aux médias suisses, le père Salvatore Perrella, OSM, l'une des plus grandes autorités de l'Église en matière de mariologie – ancien professeur de dogmatique et de mariologie à la Faculté pontificale de théologie Marianum, estimé par le pape Benoît XVI – a formulé une critique acerbe du MPF, affirmant qu'il révélait l'incompétence théologique et méthodologique de ses auteurs.

    Et aujourd'hui, Mater Populi Fidelis a subi un autre revers important, l'une des principales associations de mariologues de l'Église ayant publié une réponse théologique à la Note, concluant que malgré certains éléments positifs, « il reste des points théologiques importants qui nécessitent des clarifications et des modifications substantielles ».

    Publié le 8 décembre par la Commission théologique de l'Association mariale internationale (IMATC), ce document de 23 pages évalue, à la lumière du magistère papal et des grands mariologues de l'Église, la position de la MPF sur les titres mariaux de « Corédemptrice » et de « Médiatrice de toutes les grâces », son traitement de la causalité instrumentale et secondaire de la grâce par Marie, la nature de son mérite et les implications pastorales de la réduction du rôle unique et actif de la Vierge Marie dans l'œuvre de Rédemption.

    La réponse de l'IMATC soutient qu'en présentant une Rédemption fondée sur « Jésus seul » et dépourvue de toute valeur rédemptrice humaine de la part de Marie, la note doctrinale de la DDF « semble ressembler davantage à une théologie protestante de la Rédemption qu'à celle de l'Église catholique ».

    Appelant à une « réévaluation » de Mater Populi Fidelis , ses signataires — parmi lesquels des cardinaux, des évêques, des prêtres et des théologiens laïcs tels que le célèbre bibliste Dr Scott Hahn et le mariologue renommé Dr Mark Miravalle — proposent une analyse objective mais finalement cinglante de MPF.

    Leur critique semble renforcer l’affirmation du père Salvatore Perrella selon laquelle la note « aurait dû être préparée par des personnes compétentes dans le domaine ».

    Face à ces critiques théologiques persistantes de Mater Populi Fidelis , la nouvelle initiative d’« appel filial » offre au clergé et aux laïcs un moyen simple, mais concret et efficace, de demander au pape Léon XIV d’« entendre leur douleur et d’intervenir de la manière qu’il jugera la plus appropriée, afin que l’honneur, la vérité et la vénération spéciale dus à la Très Sainte Vierge Marie, Mère de Dieu et notre Mère, soient rétablis ».


    Téléchargez et lisez ci-dessous une version imprimable de l'appel à la piété filiale en anglais. Si vous et/ou votre famille souhaitez vous joindre à cette initiative, il vous suffit de signer la lettre et de l'envoyer par courrier ordinaire à l'adresse suivante :

    Sa Sainteté le pape Léon XIV

    PALAIS APOSTOLICO

    00120 CITÉ DU VATICAN

    Appel filial au Saint-Père Mater Populi Fidelis
    121 Ko ∙ Fichier PDF
    Télécharger

    Vous pouvez également lire et télécharger une version imprimable de l'appel en italien, espagnol, portugais, polonais, allemand et anglais ici (la version française sera bientôt disponible) : https://sites.google.com/view/supplica-mater-populi-fidelis/filial-appeal-to-the-holy-father-pope-leo-xiv

  • Notre-Dame de Lorette (10 décembre)

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    Le 4 octobre 2012, Benoît XVI célèbrait la messe au sanctuaire de Lorette. Il y prononçait cette homélie :

     ... ici à Lorette, nous avons l’opportunité de nous mettre à l’école de Marie, de celle qui a été proclamée bienheureuse parce qu’elle a cru (Lc 1, 45).Ce sanctuaire, construit autour de sa maison terrestre, abrite la mémoire du moment où l’Ange du Seigneur est venu à Marie avec la grande annonce de l’Incarnation, et où elle a donné sa réponse. Cette humble habitation est un témoignage concret et tangible du plus grand évènement de notre histoire : l’Incarnation, le Verbe qui se fait chair, et Marie, la servante du Seigneur est la voie privilégiée par laquelle Dieu est venu habiter parmi nous (cf Jn 1, 14). Marie a offert sa propre chair, s’est mise tout entière à disposition de la volonté de Dieu, devenant un « lieu » de sa présence, « lieu » dans lequel demeure le Fils de Dieu. Ici, nous pouvons rappeler la parole du Psaume par laquelle, d’après la Lettre aux Hébreux, le Christ a commencé sa vie terrestre en disant au Père : « Tu n'as voulu ni sacrifice ni offrande, Mais tu m'as formé un corps… Alors j'ai dit : Voici, je viens pour faire, ô Dieu, ta volonté » (10, 5.7). Marie prononce des paroles similaires devant l’Ange qui lui révèle le plan de Dieu sur elle : « Je suis la servante du Seigneur, qu’il me soit fait selon ta parole » (Lc 1, 38). La volonté de Marie coïncide avec la volonté du Fils dans l’unique projet d’amour du Père, et en elle, s’unissent le ciel et la terre, le Dieu créateur et sa créature. Dieu devient homme, et Marie se fait « maison vivante » du Seigneur, temple où habite le Très-Haut. Ici à Lorette, il y a cinquante ans, le Bienheureux Jean XXIII invitait à contempler ce mystère, à « réfléchir sur ce lien entre le ciel et la terre, qui est l’objectif de l’Incarnation et de la Rédemption », et il continuait en affirmant que le Concile avait pour but d’étendre toujours plus les bienfaits de l’Incarnation et la Rédemption du Christ à toutes les formes de la vie sociale (cf. AAS54, (1962), 724). C’est une invitation qui résonne encore aujourd’hui avec une force particulière. Dans la crise actuelle, qui ne concerne pas seulement l’économie, mais plusieurs secteurs de la société. L’Incarnation du Fils de Dieu nous dit combien l’homme est important pour Dieu et Dieu pour l’homme. Sans Dieu, l’homme finit par faire prévaloir son propre égoïsme sur la solidarité et sur l’amour, les choses matérielles sur les valeurs, l’avoir sur l’être. Il faut revenir à Dieu pour que l’homme redevienne homme. Avec Dieu, même dans les moments difficiles, de crise, apparait un horizon d’espérance : l’Incarnation nous dit que nous ne sommes jamais seuls, que Dieu entre dans notre humanité et nous accompagne.

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  • Comment la Sainte Maison de Marie à Nazareth a-t-elle pu se retrouver à Lorette, en Italie ?

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    De Courtney Marres sur CNA :

    Comment la Sainte Maison de Marie à Nazareth a-t-elle pu se retrouver à Lorette, en Italie ?sharethis sharing button

    La Sainte Maison de Notre-Dame dans le sanctuaire de Lorette Crédit Tatiana Dyuvbanova Shutterstock CNALa Sainte Maison de Notre-Dame dans le sanctuaire de Lorette. | Crédit photo : Tatiana Dyuvbanova/Shutterstock

    Quel est le point commun entre Galilée, Mozart, Descartes, Cervantès et sainte Thérèse de Lisieux ? Ils ont tous parcouru des centaines de kilomètres pour pénétrer dans la maison de la Vierge Marie, conservée dans une basilique de la petite ville italienne de Lorette.

    Les pèlerins catholiques affluent vers la Sainte Maison de Lorette depuis le 14e siècle pour se tenir à l'intérieur des murs où, selon la tradition, la Vierge Marie est née, a grandi et a accueilli l'ange Gabriel.

    En d'autres termes, si la structure provient effectivement de l'ancienne maison de Nazareth, les murs de la maison sainte ont été témoins du moment où le « Verbe s'est fait chair » à l'Annonciation, un moment autour duquel l'histoire de l'humanité a tourné.

    Le pape François a élevé la fête de Notre-Dame de Lorette en 2019 en décrétant qu'elle soit incluse dans le calendrier romain actuel comme mémorial facultatif chaque année le 10 décembre.

    La tradition veut que la Sainte Maison soit arrivée à Lorette le 10 décembre 1294, après un sauvetage miraculeux de la Terre Sainte alors que les Croisés étaient chassés de Palestine à la fin du XIIIe siècle.

    On raconte souvent que des anges auraient transporté la Sainte Maison de Palestine en Italie. Si les lecteurs contemporains peuvent douter de la véracité de cette légende, des documents historiques ont confirmé les croyances de pieux pèlerins au fil des siècles, avec une touche d'ironie.

    En 1900, le médecin du pape, Joseph Lapponi, découvrit dans les archives du Vatican des documents attestant qu'au XIIIe siècle, une noble famille byzantine, la famille Angeli, avait sauvé des « matériaux » de la « Maison de Notre-Dame » des envahisseurs musulmans et les avait ensuite fait transporter en Italie pour la construction d'un sanctuaire.

    Le nom Angeli signifie « anges » en grec et en latin.

    D’autres correspondances diplomatiques historiques, publiées seulement en 1985, évoquent les « pierres sacrées emportées dans la Maison de Notre-Dame, Mère de Dieu ». À l’automne 1294, des « pierres sacrées » furent incluses dans la dot d’Ithamar Angeli pour son mariage avec Philippe II d’Anjou, fils du roi Charles II de Naples.

    Une pièce de monnaie frappée par un membre de la famille Angeli a également été retrouvée dans les fondations de la maison de Lorette. En Italie, les pièces de monnaie étaient souvent insérées dans les fondations d'un bâtiment pour indiquer qui était responsable de sa construction.

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  • Saint-Sépulcre : les archéologues confirment les récits des Évangiles

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    De Rafael Llanes sur zenit.org :

    Jérusalem : Les archéologues confirment les récits des Évangiles

    En découvrant un jardin sous le Saint-Sépulcre

    9 décembre 2025

    Des fouilles archéologiques récentes indiquent que des oliviers et des vignes poussaient il y a 2 000 ans sur le terrain aujourd’hui occupé par l’église du Saint-Sépulcre à Jérusalem, selon des études de pollen et de restes végétaux trouvés dans des couches sous le sol de la basilique actuelle. 

    Les recherches du professeur Francesca Romana Stasolla de l’université Sapienza de Rome montrent que cette zone ne faisait pas partie de la ville à l’époque de Jésus. C’est sous le règne d’Hadrien que les Romains l’ont intégrée à Aelia Capitolina, une ville construite sur les ruines de Jérusalem au IIe siècle. 

    L’histoire chrétienne situe la crucifixion et la mise au tombeau de Jésus sur le site du Golgotha, un espace protégé par un édifice construit en 1810 à l’intérieur de l’église. Les fouilles, entamées en 2022 en vue de la rénovation du sol de ce bâtiment, ont été approuvées en 2019 par les trois communautés religieuses qui l’administrent. 

    Le chapitre 19 de l’Évangile de Jean contient des détails absents des autres Évangiles : « Or, au lieu où il avait été crucifié, il y avait un jardin, et dans le jardin un tombeau neuf où personne n’avait encore été déposé » (Jean 19,41). La description de Jean concorde avec les découvertes faites. 

    Des analyses archéobotaniques réalisées par des scientifiques sur les différentes couches du sol indiquent la présence d’une zone agricole datant de l’époque d’Hérode, avant que la ville ne soit fortifiée. Il s’agissait vraisemblablement de terres cultivées situées hors des murs.

    Les découvertes montrent en-dessous un muret contenant de la terre utilisée pour les cultures, comme décrit dans l’Évangile selon Jean. De nouvelles études réhabilitent l’historicité du quatrième Évangile, à l’instar du dernier ouvrage de Craig Blomberg, qui souligne la nécessité de recherches sur le Jésus historique à partir de l’Évangile de Jean, une source souvent négligée. De même, le chercheur BD Ehrman, de l’Université de Caroline du Nord, affirme que « certaines sources antérieures à l’Évangile de Jean remontent aux premières années du mouvement chrétien, à ses balbutiements, quelques décennies avant la rédaction de l’Évangile de Marc ». 

    La basilique constantinienne a été construite au IVe siècle. Les analyses suggèrent que les vestiges végétaux datent d’une époque préchrétienne, bien que des tests de datation au radiocarbone n’aient pas encore été effectués. 

    Cette restauration représente l’intervention la plus importante depuis l’incendie qui a touché la basilique en 1808. L’église du Saint-Sépulcre dispose d’un sol temporaire pour faciliter le passage : l’équipe dirigée par Francesca Romana Stasolla a divisé l’espace en sections distinctes et maintient le site ouvert au public. 

    Les strates cachées sous la basilique offrent un aperçu détaillé de ce à quoi ressemblait la région de Jérusalem depuis l’âge du fer. Les fouilles révèlent que l’édifice repose sur une ancienne carrière, ce qui correspond au sous-sol d’une grande partie de la vieille ville. Avant la construction de l’église et après l’abandon de la carrière, une partie du terrain était cultivée. 

    À l’époque de Jésus, l’ancienne carrière abritait des tombes creusées dans la roche à différents niveaux. Avec le déclin de son activité, le nombre de sépultures augmenta. Constantin choisit l’une de ces tombes, historiquement liée à la mort de Jésus, l’isola et fit creuser autour : c’est la zone qui correspond aujourd’hui à la rotonde centrale.

    Jérusalem : Les archéologues confirment les récits des Évangiles | ZENIT - Français

  • 700 membres du clergé et religieux anglicans se sont convertis à la foi catholique entre 1992 et 2024

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    De Thomas Edwards sur le Catholic Herald :

    L'héritage durable de Newman

    9 décembre 2025

    Un rapport récent de la Barnabas Society a révélé que 700 membres du clergé et religieux anglicans se sont convertis à la foi catholique entre 1992 et 2024. Ces conversions ont abouti à 491 ordinations sacerdotales et, considérant que la conversion fait suite à une période de formation pour ceux qui souhaitent recevoir les ordres sacrés, ce nombre devrait augmenter.

    Les ordinations reçues à ce jour représentent 35 % du total des ordinations sacerdotales diocésaines et de l'Ordinariat personnel entre 1992 et 2024. Il n'est pas exagéré de parler d'un bouleversement majeur du paysage religieux de notre époque, dont les répercussions se font sentir dans toutes les communautés que ces hommes ont servies. On a observé des tendances similaires aux États-Unis, où l'on estime à 125 le nombre de prêtres catholiques romains, anciens épiscopaliens, exerçant leur ministère à travers le pays.

    Pour comprendre ce phénomène ecclésiastique, il est important de souligner l'influence durable de John Henry Newman, converti au XIXe siècle. Converti, prévôt de l'Oratoire de Birmingham, cardinal, saint, puis docteur de l'Église, il compte parmi les figures les plus éminentes de l'époque victorienne, malgré le fait qu'il ait été écarté au profit de son contemporain, le cardinal Henry Edward Manning, dans l'ouvrage de Lytton Strachey intitulé « Éminents Victoriens ». De l'évangélisme à la Haute Église, le parcours de Newman a embrassé un large éventail d'expériences protestantes.

    Durant ses années d'évangélisation, au début de sa vingtaine, Newman a appris à prendre au sérieux les affirmations de vérité du christianisme. Il aborde les questions théologiques de son temps avec franchise, comme la régénération baptismale, même si ses conclusions étaient souvent imparfaites. Il croyait que le pape était l'Antéchrist et était obsédé par ce que la numérologie de Daniel et de l'Apocalypse pouvait révéler sur le destin du monde, laissant ainsi sa foi être influencée par des préjugés et un désir de nouveauté plutôt que par l'héritage des Pères de l'Église.

    Pourtant, même durant ses années évangéliques, Newman ressentait profondément la responsabilité liée à son identité de pasteur anglican. Dans son journal, lors de son ordination diaconale, le jeune Newman écrivait : « C'est terminé. Je suis à toi, Seigneur. » Ses réflexions théologiques de cette période l'ont également conduit à des positions sur lesquelles il s'appuierait plus tard. Étudiant la doctrine de la succession apostolique à Oriel College, à Oxford – un enseignement qu'il décrira plus tard comme une certaine impatience –, il parvint à une compréhension plus complète de la Tradition, concluant que « la Bible n'a jamais eu pour vocation d'enseigner la doctrine, mais seulement de la preuve. »

    Ces intuitions, conjuguées à sa disposition intellectuelle et à l'influence de John Keble et d'Edward Pusey, l'ont conduit à l'anglicanisme de la Haute Église, un mouvement ecclésiastique que Newman a contribué à fonder et qui perdure encore aujourd'hui. Ce mouvement visait à rapprocher la foi et la pratique anglicanes des modèles catholiques romains. Selon ses propres termes : « L'Église anglicane doit avoir une liturgie et une doctrine complètes, ainsi qu'une ferveur profonde, si elle veut rivaliser avec l'Église romaine. »

    Cette reconnaissance des atouts du catholicisme et l'ouverture des tractariens à la Tradition ont finalement contribué à de nombreuses conversions, notamment par le biais de l'Ordinariat personnel Notre-Dame de Walsingham, fondé en 2011 pour les anciens anglicans recevant les ordres sacrés catholiques. Les compagnons de Newman au sein du mouvement tractarien, dont le nom est tiré de la série de pamphlets « Tracts for the Times », avaient initialement l'intention de rester au sein de la Communion anglicane, à l'instar de Keble, mais leur ouverture à la foi catholique a conduit nombre d'entre eux à embrasser pleinement le catholicisme.

    L'héritage des saints repose sur leur enseignement, l'exemple de leur vie, ou une combinaison des deux. Newman compte parmi ceux dont l'enseignement et la vie ont façonné son héritage. Son cadre théologique, exposé dans des œuvres telles que la « Grammaire de l'assentiment », l'« Essai sur le développement de la doctrine chrétienne » et son « Apologie » de 1864, a exercé une influence constante sur la pensée anglicane et catholique.

    La pauvreté, le manque de financement, les conflits et les revers juridiques ont marqué une grande partie de la vie catholique de Newman. Durant les premières années de son oratoire, presque aucune vocation ne s'est concrétisée et la période a été marquée par des tensions internes, notamment dans ses relations initiales avec William Faber. Pendant son mandat de recteur fondateur de l'Université catholique d'Irlande, de 1851 à 1858, l'université a peiné à attirer suffisamment d'étudiants, n'a pas obtenu de charte ni de reconnaissance gouvernementale et est restée chroniquement sous-financée. Il a également été condamné pour diffamation lors d'un procès contre Giacinto Achilli, un ancien prêtre catholique à la moralité douteuse devenu prédicateur anglican.

    Pourtant, les dernières années de Newman lui valurent un prestige renouvelé. En 1878, il devint le premier membre honoraire du Trinity College d'Oxford, et en 1879, le pape Léon XIII le créa cardinal. Son influence s'accrut encore après sa mort, notamment sur la conception de la conscience au sein de l'Église catholique.

    Malgré les épreuves, la vie de Newman fut marquée par une volonté inébranlable de rechercher la vérité, même au prix de sacrifices personnels. C'est cet exemple, ainsi que sa théologie, qui ont conduit de nombreux anglicans à se convertir au catholicisme. Son héritage s'est manifesté avec une clarté particulière en 2013, lorsque douze religieuses anglicanes ont quitté leur couvent pour devenir catholiques. Trois d'entre elles étaient octogénaires et trois septuagénaires. Expliquant sa décision, l'une des sœurs les plus âgées a simplement déclaré : « Je veux mourir catholique. » 

    L'Église catholique a retenu d'une grande grâce en accueillant tant de convertis ces dernières décennies. Il convient toutefois de ne pas oublier le profond sacrifice personnel qui a guidé ces parcours. Nombreux sont ceux qui ont suivi l'exemple de Newman, qui, à 44 ans, a quitté sécurité et prestige pour se convertir à une religion étrangère, et pouvoir cet héritage perdurer.

  • Après Nicée, Léon XIV vise Jérusalem, sans le « Filioque »

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    De sur Settimo Cielo, en français sur diakonos.be :

    Après Nicée, Léon XIV vise Jérusalem. Sans le « Filioque »

    Pour le Pape Léon XIV, la commémoration du premier concile œcuménique de Nicée, célébrée le 28 novembre à Iznik (nom actuel de la ville), aura été une célébration « magnifique, très simple mais aussi profonde », comme l'illustre la photographie ci-contre.

    Il est cependant saisissant de constater que la célébration d’événement de pareille envergure, qui en 325 a scellé à jamais le « Credo » de toutes les Églises chrétiennes, n’a pas réuni plus de deux douzaines de représentants de ces mêmes Églises, rassemblés sur une petite estrade dressée au-dessus des ruines d'une ancienne basilique, sur la rive solitaire d'un lac.

    Peut-être les autorités turques elles-mêmes auraient empêché un afflux massif de fidèles dans un pays où la présence chrétienne a été presque anéantie au siècle dernier. Mais les causes de cette faible participation sont également à chercher dans les fractures et les tensions entre les Églises.
    Dans le camp orthodoxe, c’est le Patriarche œcuménique de Constantinople, Bartholomée, qui s’était chargé d’envoyer les invitations : non pas à toutes les Églises, mais seulement aux patriarcats historiques d’Alexandrie, d’Antioche et de Jérusalem, qui constituaient, avec Rome et Constantinople, la « Pentarchie » du premier millénaire.

    Ce cercle d'invitations restreint laissait écartait donc d’emblée les Patriarcats plus récents de Russie, Serbie, Roumanie, Bulgarie et de Géorgie, ainsi que les Églises autocéphales de Grèce, Chypre, Albanie, Pologne, Tchéquie et Slovaquie, Finlande et Ukraine. Parmi ces dernières, il était certain que non seulement le Patriarcat de Moscou, mais aussi les Églises qui lui sont étroitement liées, en rupture avec Constantinople à cause de son soutien à la nouvelle Église nationale ukrainienne, auraient décliné l'invitation.

    Mais même du côté des Patriarcats historiques de la « Pentarchie », les réponses ont été mitigées. Le livret de la célébration imprimé par le Vatican mentionnait les noms de Théodore II, Jean X et Théophile III, respectivement patriarches d’Alexandrie, d’Antioche et de Jérusalem, mais seul le premier était présent en personne.

    En lieu et place du Patriarche de Jérusalem – qui n'avait même pas daigné répondre à l'invitation, comme l'a révélé Bartholomée – se tenait l’Archevêque Nektarios d’Anthedona et à la place de celui d’Antioche, il y avait le Métropolite Basile d’Arcadie et du Mont Liban. Jean X, Patriarche d’Antioche, avait initialement confirmé sa présence, avant de l’annuler une semaine avant l'événement, préférant accueillir le Pape Léon XIV au Liban trois jours plus tard, à l’occasion de la rencontre œcuménique et interreligieuse du 1er décembre sur la Place des Martyrs à Beyrouth.

    Étaient également présents à la célébration de Nicée : le Patriarche de l'Église syro-orthodoxe d'Antioche, le Catholicos de l'Église syro-orthodoxe malankare ainsi que des représentants du Patriarcat copte-orthodoxe d’Alexandrie, de l'Église assyrienne de l’Orient et de l'Église apostolique arménienne.

    S’y trouvaient également quelques représentants isolés des Anglicans, des Luthériens, des Évangéliques, des Réformés, des Méthodistes, des Baptistes, de Pentecôtistes, des Mennonites, des Vieux-Catholiques, ainsi que du Conseil œcuménique des Églises.

    Tout cela n’a pas empêché Léon XIV de faire de cette célébration de Nicée la raison première de tout son périple et de réaffirmer avec force que la finalité même de ce premier concile œcuménique était au cœur de sa mission de Pape : l'unité de l'Église dans la foi en Christ, vrai Dieu et vrai homme.

    De l'avis de Léon XIV, le concile de Nicée est plus actuel que jamais. Au cours de son voyage, il a pointé du doigt à deux reprises le « retour d’un arianisme » (du nom d'Arius, dont l'hérésie a été à l’origine de la convocation de ce concile) comme représentant un risque capital pour la foi d'aujourd'hui.

    Il l’a fait une première fois à Istanbul, le 28 novembre, dans le discours adressé aux évêques, prêtres et religieuses en la cathédrale catholique du Saint-Esprit :

    « Il existe un défi, que je qualifierais de ‘retour de l’arianisme’, présent dans la culture actuelle et parfois chez les croyants eux-mêmes : il se produit quand on regarde Jésus avec une admiration humaine, peut-être même avec un esprit religieux, mais sans le considérer vraiment comme le Dieu vivant et vrai présent parmi nous. Son identité de Dieu, Seigneur de l’histoire, est en quelque sorte occultée et on se limite à le considérer comme un grand personnage historique, un maître de sagesse, un prophète qui a lutté pour la justice, mais rien de plus. Nicée nous le rappelle : Jésus-Christ n’est pas une figure du passé, il est le Fils de Dieu présent au milieu de nous, qui conduit l’histoire vers l’avenir que Dieu nous a promis. »

    Et une seconde fois, quelques heures plus tard, à Nicée même, dans le discours en mémoire de ce premier concile œcuménique :

    « L’anniversaire du premier Concile de Nicée est une occasion précieuse pour nous demander qui est Jésus-Christ dans la vie des femmes et des hommes d’aujourd’hui, qui est-Il est pour chacun de nous. Cette question interpelle tout particulièrement les chrétiens qui risquent de réduire Jésus-Christ à une sorte de chef charismatique ou de surhomme, une déformation qui conduit en définitive à la tristesse et à la confusion. En niant la divinité du Christ, Arius l’avait réduit à un simple intermédiaire entre Dieu et les êtres humains, ignorant la réalité de l’Incarnation, de sorte que le divin et l’humain restaient irrémédiablement séparés. Mais si Dieu ne s’est pas fait homme, comment les mortels peuvent-ils alors participer à sa vie immortelle ? C’était l’enjeu à Nicée et c’est l’enjeu aujourd’hui : la foi en Dieu qui, en Jésus-Christ, s’est fait comme nous pour nous rendre « participants de la nature divine » (2 P 1, 4) »

    À Nicée, en 325, les Pères conciliaires avaient également essayé de s'accorder sur une date commune pour la célébration de Pâques, sans succès. C'est ce que Léon XIV a de nouveau proposé de faire aujourd'hui –avec les Églises orientales et le Patriarche œcuménique Bartholomée –, comme cela avait déjà déjà souhaité dans l’Appendice de la Constitution sur la liturgie de Vatican II. Le Pape a rappelé les deux critères fondamentaux énoncés dans le document sur Nicée publié il y a quelques mois par la Commission Théologique Internationale : que Pâques soit célébrée un dimanche, jour de la résurrection de Jésus, tout en restant proche de l'équinoxe de printemps, à l'instar de la Pâque juive.

    Mais surtout, à Nicée, les Pères conciliaires s’étaient accordés sur un texte du « Credo », confirmé lors du concile œcuménique de Constantinople en 381, qui est resté jusqu'à nos jours le « Symbole » intangible de la foi chrétienne.

    Intangible, ou presque. Car ce « Credo » de Nicée, rapidement intégré aux liturgies baptismales puis eucharistiques, a reçu à l'époque carolingienne, dans sa version latine, l’ajout d'un « Filioque » qui fait « procéder » l'Esprit Saint non seulement du Père – comme dans le texte original – mais aussi du Fils.

    Léon III, le Pape qui a couronné Charlemagne, n’approuvait pas cette interpolation et ne l’avait pas admise dans les églises de Rome. Deux siècles plus tard, cependant, en 1014, Benoît VIII l’introduisait dans toute l'Église catholique. Elle y est encore présente aujourd'hui, à la seule exception des messes où le « Credo » est récité ou chanté en grec, respectant ainsi le texte originel.
    Et ce n'est pas en grec, mais en anglais, que le Pape et les autres chefs d'Églises l'ont prononcé ensemble à Iznik ce 28 novembre, dans une traduction fidèle au texte de Nicée et donc dépourvue de ce « Filioque », sur lequel Léon XIV ne semble vraiment pas vouloir s'arc-bouter.

    En effet, le « Filioque », qui a inséré unilatéralement dans le « Credo » latin, a été une source de controverses séculaires entre l'Église catholique et les Églises d'Orient, avant et après le schisme de 1054. Et ce malgré la subtilité des arguments théologiques sur lesquels il repose, exposés dans un très savant document de 1996 publié par le Dicastère du Vatican pour la promotion de l'unité des chrétiens.

    Rien n’interdit aujourd'hui de partager les raisons théologiques qui soutiennent le « Filioque », ni de poursuivre le dialogue entre l’Orient et l’Occident sur le sujet. C'est son insertion dans le « Credo » qui est problématique. Et c'est précisément sur ce point que Léon XIV semble vouloir intervenir.
    On peut le lire en filigrane dans la lettre apostolique « In unitate fidei », qu'il a publiée à la veille de son voyage à Nicée et qui visait précisément à expliquer – avec une simplicité et une efficacité communicative rares dans les documents pontificaux – à quel point ce premier concile œcuménique avait touché au « cœur de la foi chrétienne ».

    La lettre consacre quelques lignes à la question du « Filioque », là où elle rappelle que l'article sur le Saint-Esprit a été formulé lors du concile suivant à Constantinople en 381 et que :

    « Ainsi, le Credo, qui s'appelle depuis lors de Nicée-Constantinople, dit : ‘Nous croyons au Saint-Esprit, qui est Seigneur et qui donne la vie, et qui procède du Père. Avec le Père et le Fils, il est adoré et glorifié, et il a parlé par les prophètes’ ». À cet endroit, une note de bas de page précise :

    « L'affirmation ‘et procède du Père et du Fils (Filioque)’ ne se trouve pas dans le texte de Constantinople ; elle a été insérée dans le Credo latin par le Pape Benoît VIII en 1014 et fait l'objet d'un dialogue orthodoxe-catholique. »

    Avec cet espoir final : « Nous devons donc laisser derrière nous les controverses théologiques qui ont perdu leur raison d'être pour acquérir une pensée commune et, plus encore, une prière commune au Saint-Esprit, afin qu'il nous rassemble tous dans une seule foi et un seul amour. »

    Pas un mot de plus. Mais cela aura suffi, avec le renvoi confiant fait par Léon XIV, à Istanbul, à la Commission mixte internationale pour le dialogue théologique entre l'Église catholique et l'Église orthodoxe – qui a formé un sous-comité consacré précisément à la question du « Filioque » – pour qu'un site web très proche du Patriarcat œcuménique de Constantinople titre : « Le Pape Léon XIV reconnaît le 'Credo' sans le 'Filioque' ». Et pour que l'un des plus grands spécialistes mondiaux des Églises d'Orient, Peter Anderson, prédise « que le 'Filioque' ne fera plus partie de la messe catholique d'ici la fin de ce pontificat. »

    À Istanbul, le 29 novembre, après sa visite à la Mosquée Bleue au cours de laquelle il n'a pas prié – et il a tenu à le faire savoir –, Léon XIV a eu une longue rencontre à huis clos dans l'église syro-orthodoxe de Mor Ephrem avec les représentants des Églises d'Orient.

    Il y a souhaité que « de nouvelles rencontres comme celle vécue à Nicée émergent, y compris avec les Églises qui n'ont pu être présentes », faisant allusion au Patriarcat de Moscou, comme il l'avait fait la veille à Nicée en réaffirmant son rejet ferme de « l'utilisation de la religion pour justifier la guerre et la violence ».

    Mais il a surtout lancé une autre proposition œcuménique forte, résumée comme suit par la salle de presse du Vatican :

    « Léon XIV a invité à parcourir ensemble le voyage spirituel qui conduit au Jubilé de la Rédemption, en 2033, dans la perspective d'un retour à Jérusalem, au Cénacle, lieu de la dernière Cène de Jésus avec ses disciples, où il leur a lavé les pieds, et lieu de la Pentecôte ; dans l’espoir que ce voyage conduise à la pleine unité, en citant sa devise épiscopale : ‘In illo Uno unum’».

    Léon XIV est le premier Pape à se rendre à Nicée, là où son prédécesseur de l'époque s'était contenté d'envoyer deux délégués en 325. Mais ce rendez-vous qu'il lance en 2033 au Cénacle de Jérusalem sera plus que jamais sans précédent dans l'histoire.

    — — —

    Sandro Magister est le vaticaniste émérite de l'hebdomadaire L'Espresso.
    Tous les articles de son blog Settimo Cielo sont disponibles sur diakonos.be en langue française.

    Ainsi que l'index complet de tous les articles français de www.chiesa, son blog précédent.

  • Pieter van der Moere, le franciscain gantois qui a baptisé saint Juan Diego

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    De Francesca Pollio Fenton sur CNA :

    Voici le frère franciscain qui a baptisé saint Juan Diego.sharethis sharing button

    Nombreux sont ceux qui connaissent l'histoire de saint Juan Diego, dont la fête est célébrée le 9 décembre dans l'Église universelle. Cependant, l'histoire du frère franciscain qui baptisa ce saint vénéré est moins connue.

    En 1521, le conquistador espagnol Hernán Cortés vainquit l'empire aztèque, détruisit les temples païens et y construisit des églises catholiques. Les Franciscains furent les premiers missionnaires à arriver dans la région et commencèrent leur œuvre d'évangélisation auprès des populations autochtones en 1524.

    L'un des trois premiers missionnaires franciscains arrivés au Mexique fut le frère Pedro de Gante, également connu sous le nom de Pieter van der Moere. Originaire de Gand, en Flandre (actuelle Belgique), Gante avait reçu une formation musicale chorale dans les pays du Benelux (Pays-Bas, Belgique et Luxembourg). Il apporta cette base musicale au Mexique où il forma les chanteurs indigènes qui officiaient à la cathédrale de Mexico.

    Gante était convaincu que l'éducation et la religion devaient faire partie intégrante de la vie quotidienne. Il étudia la langue des peuples autochtones et put leur enseigner aussi bien dans leur dialecte qu'en espagnol.

    Durant cette période, Juan Diego, membre de la tribu Chichimèque vivant dans une région faisant partie du vaste empire aztèque, et son épouse commencèrent à fréquenter l'église Saint-Diego. En 1525, à l'âge de 50 ans, ils furent baptisés par Gante et prirent les noms de Juan Diego et Maria Lucia. Ils sont considérés comme l'un des premiers couples autochtones baptisés au Mexique.

    En 1526, Gante fonda San José de los Naturales pour enseigner aux garçons indigènes la lecture, l'écriture, la musique et la foi catholique. L'école leur enseignait également les techniques artisanales espagnoles, ce qui permit à de nombreux peintres et sculpteurs de contribuer à la décoration des nombreuses églises construites à cette époque.

    Le frère publia « La doctrine chrétienne en langue mexicaine » en nahuatl, la langue aztèque, en 1528.

    Gante ne fut jamais ordonné prêtre et resta frère toute sa vie, mourant le 19 avril 1572 à Mexico. 

  • La prière de Léon XIV à Marie Immaculée (Rome, Place d'Espagne, 8 décembre 2025)

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    SOLENNITÉ DE L'IMMACULÉE CONCEPTION DE LA BIENHEUREUSE VIERGE MARIE
    ACTE DE VÉNÉRATION À L'IMMACULÉE
    PRIÈRE DU SAINT-PÈRE LÉON XIV À MARIE IMMACULÉE
    Place d'Espagne
    Lundi 8 décembre 2025

    _____________________________________
    Je te salue, Marie !
    Réjouis-toi, pleine de grâce,
    de cette grâce qui, telle une douce lumière, rend rayonnants
    ceux sur qui se reflète la présence de Dieu.
    Le Mystère t'a enveloppée dès le commencement,
    depuis le sein de ta mère, il a commencé à accomplir en toi de grandes choses,
    qui ont rapidement exigé ton consentement,
    ce « Oui » qui a inspiré tant d'autres « oui ».
    Immaculée, Mère d'un peuple fidèle,
    ta transparence illumine Rome d'une lumière éternelle,
    ton chemin parfume ses rues plus que les fleurs que nous t'offrons aujourd'hui.
    De nombreux pèlerins du monde entier, ô Immaculée,
    ont parcouru les rues de cette ville
    au cours de l'histoire et en cette année jubilaire.
    Une humanité éprouvée, parfois écrasée,
    humble comme la terre dont Dieu l'a façonnée
    et dans laquelle il ne cesse de souffler son Esprit de vie.
    Regarde, ô Marie, ces nombreux fils et filles en qui l'espérance ne s'est pas éteinte :
    fais germer en eux ce que ton Fils a semé,
    Lui, Verbe vivant qui demande en chacun de grandir encore,
    de prendre chair, visage et voix.
    Que fleurisse l'espérance jubilatoire à Rome et dans tous les coins de la terre,
    l'espérance dans le monde nouveau que Dieu prépare
    et dont toi, ô Vierge, tu es comme le bourgeon et l'aurore.

    Après les portes saintes, que s'ouvrent maintenant d'autres portes
    de maisons et d'oasis de paix où la dignité refleurisse,
    où l'on éduque à la non-violence, où l'on apprend l'art de la réconciliation.
    Que vienne le royaume de Dieu,
    nouveauté que tu as tant espérée et à laquelle tu t'es entièrement ouverte,
    enfant, jeune femme et mère de l'Église naissante.
    Inspire de nouvelles intuitions à l'Église qui marche à Rome
    et aux Églises particulières qui, dans chaque contexte, recueillent
    les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses
    de nos contemporains, surtout des pauvres,
    et de tous ceux qui souffrent.
    Que le baptême continue à engendrer des hommes et des femmes saints et immaculés,
    appelés à devenir des membres vivants du Corps du Christ,
    un Corps qui agit, console, réconcilie et transforme
    la cité terrestre où se prépare la Cité de Dieu.
    Intercède pour nous, aux prises avec des changements
    qui semblent nous trouver unpreparés et impuissants.
    Inspire des rêves, des visions et du courage,
    toi qui sais mieux que quiconque que rien n'est impossible à Dieu,
    et qu'en même temps Dieu ne fait rien seul.
    Mets-nous en route, avec la hâte qui t'a poussée un jour
    vers ta cousine Élisabeth
    et l'émotion avec laquelle tu t'es exilée et es devenue pèlerine,
    pour être bénie, certes, mais parmi toutes les femmes,
    première disciple de ton Fils,
    mère du Dieu avec nous.

    Aide-nous à être toujours Église avec et parmi les gens,
    levain dans la pâte d'une humanité qui invoque justice et espérance.
    Immaculée, femme d'une beauté infinie,
    prends soin de cette ville, de cette humanité.
    Montre-leur Jésus, conduis-les à Jésus, présente-les à Jésus.
    Mère, Reine de la paix, prie pour nous !

  • Saint Juan Diego (9 décembre)

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    Juan-Diego.jpgSur ce site, une étude approfondie du saint que l'on vénère aujourd'hui :

    «  Juantzin, Juan Diegotzin  !  »

    Au lieu de l’effrayer, l’appel très suave, très doux, enflamme d’amour le cœur du macehualli, du campesino. La voix féminine, très caressante, appelle vers le sommet de la colline du Tepeyac, dans la direction du levant. Depuis un moment, Juan Diego fixe l’endroit des yeux parce qu’un ramage insolite s’y fait entendre, comme un concert d’oiseaux rares dont le chant harmonieux surpasse celui du cascabel, de la litorne marine et autres espèces au chant renommé qui peuplent les bosquets du Mexique. Soudain la musique s’est tue, le calme est revenu et une voix enchanteresse l’a appelé tendrement  : «  Mon petit Jean, mon petit Jean-Jacques  !   » Mais ni la traduction française ni la traduction espagnole  : «  ¡ Juanito, Juan Dieguito  !   » ne sauraient rendre exactement la nuance d’exquise courtoisie, de quasi révérence qui relève la familiarité contenue dans le suffixe nahuatl «  tzin   ».

    Cuauhtlatóatzin–diminutif de Cuauhtla-tóhuac, «  celui qui parle comme l’aigle  » – a été baptisé sous le nom de Juan Diego en 1524. À cinquante-sept ans, c’est un homme encore alerte. Depuis qu’il a perdu sa femme, sa bien-aimée Lucía, il n’a plus de pensée que pour le Ciel. Aussi, en entendant cette musique merveilleuse, il se croit en paradis. Il racontera plus tard le tumulte de ses pensées, qu’un délicieux récit indigène, en langue nahuatl, a conservé fidèlement  : «  Est-ce que je le mérite  ? Suis-je digne d’entendre une telle merveille  ? Peut-être suis-je tout simplement en train de rêver  ? Où suis-je  ? Peut-être dans la Terre Fleurie dont nous parlaient les anciens, nos grands-parents, la Terre nourricière  ? Peut-être suis-je au Ciel  ?   »

    Voilà bien, pris sur le vif, le syncrétisme dont demeure imprégnée la mentalité de ces néophytes, dix ans après la Conquête, au témoignage même de toutes les chroniques missionnaires. D’emblée, c’est une note d’authenticité qui va s’affirmer de mille autres manières au long du récit. (…) Nous suivrons ici, en la paraphrasant librement, la version qu’a publiée la revue savante du Centro de Estudios Guadalupanos. (…) Cette traduction espagnole rend d’une manière particulièrement heureuse la fraîcheur colorée et l’inimitable familiarité, mêlée de révérence religieuse et d’exquise courtoisie, de ce premier dialogue que le Ciel engage avec la terre au seuil de nos temps modernes… en langue aztèque  !

    LA DAME ENTRE LES ROCHERS

    Juan Diego, le cœur battant d’allégresse, grimpa là où on l’appelait et découvrit une ravissante jeune fille, éblouissante de lumière, qui se tenait debout et lui demandait d’approcher. Quand il fut tout près, c’est elle qui engagea le dialogue d’amour  :

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  • Marie Co-Rédemptrice : toutes les erreurs dans la note Mater Populi Fidelis du Dicastère pour la Doctrine de la Foi

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    De Luisella Scrosati sur la NBQ :

    Marie Co-Rédemptrice : Toutes les erreurs dans la note du Vatican

    La Bussola publie en exclusivité le document complet de la Commission théologique de l'Association mariale internationale, qui clarifie la doctrine correcte concernant les titres de Marie Corédemptrice et Médiatrice de toutes les grâces, conformément à la Note Mater Populi Fidelis du Dicastère pour la Doctrine de la Foi, qui a engendré confusion et désorientation parmi les fidèles.
    - TEXTE INTÉGRAL DU DOCUMENT DE L'ASSOCIATION MARIALE INTERNATIONALE

    8/12/2025

    Le droit universel de l’Église reconnaît le droit de chaque croyant, qui peut parfois être considéré comme un véritable et juste devoir, de « manifester aux saints Pasteurs son opinion sur les questions qui concernent le bien de l’Église ; et de la faire connaître aux autres fidèles, sans préjudice de l’intégrité de la foi et des mœurs et du respect dû aux Pasteurs, tout en tenant compte du bien commun et de la dignité des personnes » (Code de droit canonique, can. 212 §3).

    C’est sur la base de ce principe et dans cet esprit, consciente de la désorientation et du trouble que la Nota Mater Populi Fidelis (MPF) a engendrés parmi de nombreux fidèles, que la Commission théologique de l’ Association mariale internationale (IMA), qui compte une quarantaine de membres, dont des théologiens et des évêques, a décidé de rendre public un document qui présente les principaux points critiques de la Note doctrinale du Dicastère pour la doctrine de la foi (DDF).

    Quarante paragraphes consacrés à un résumé clair et complet du développement de la doctrine correcte sous-tendant les titres de Corédemptrice et de Médiatrice de toutes les grâces, malheureusement absents de la Note doctrinale qui avait pourtant pour objet de traiter ce sujet. De ce fait, la MPF a non seulement exprimé certaines réserves concernant les deux titres mariaux en question, mais a également omis de présenter et de préserver l'enseignement mûri au fil des siècles et réaffirmé dans le magistère ordinaire des papes des trois derniers siècles. Ceci contrevient à l'herméneutique de continuité nécessaire, si fortement recommandée par Benoît XVI, à laquelle le document de l'IMA fait explicitement référence (cf. § 9).

    La première section (§§ 4-18) est consacrée au titre marial de Corédemptrice. Au § 13, le document rappelle que la note 32 de la Doctrine de la Foi (MPF) évoque deux courants théologiques : un courant maximaliste, qui affirme la coopération immédiate, directe et immédiate de Marie à la Rédemption, et un courant minimaliste. Or, c’est précisément l’enseignement de divers pontifes, et donc du Magistère ordinaire de l’Église, qui se range dans le courant dit maximaliste ; il ne s’agit donc pas simplement d’un débat entre deux courants théologiques, mais d’un Magistère ordinaire qui a réaffirmé et approfondi son propre enseignement, expliquant la coopération de Marie à la Rédemption comme immédiate et christotypique. De même, il est « inexact pour la Doctrine de la Foi d’affirmer que “certains pontifes ont utilisé ce titre sans s’arrêter pour l’expliquer” » (n° 18). Une fois encore, Pie XI et Jean-Paul II expliquent très clairement le rôle de Marie comme Co-Rédemptrice, et ils le font en des termes que la DDF décrit comme « coopération immédiate, christotypique ou maximaliste » (note 32).

    Le problème de MPF ne se limite pas à son affirmation selon laquelle le titre de Corédemptrice est inapproprié, mais plus fondamentalement, elle « n'affirme jamais que le rôle actif unique de Marie est rédempteur » , alors que « l'Église, des Pères de l'Église au Magistère pontifical moderne et contemporain, enseigne que le rôle actif unique de Marie, en tant que Nouvelle Ève humaine avec le Christ, le Nouvel Adam , a contribué à l'obtention des grâces de la Rédemption. Elle l'a fait en donnant librement naissance à notre Rédempteur, en persévérant avec lui au pied de la croix, en offrant sa souffrance humaine immaculée avec sa souffrance divine, et en "consentant avec amour à l'immolation de la Victime qu'elle avait enfantée" (Lumen Gentium, 58) ». Il apparaît donc assez évident que la Note ne parvient pas à enseigner « de manière positive le véritable rôle rédempteur de Marie avec et sous Jésus dans la Rédemption, tel qu’affirmé par le Magistère papal » (§ 14), finissant par s’aliéner le Magistère papal ordinaire et presque s’y opposer.

    Dans la deuxième section (§§ 19-32), le document souligne comment la MPF cherche à « réduire la médiation maternelle de Marie à la seule intercession » (§ 19), c’est-à-dire à une médiation purement dispositionnelle. Là encore, les nombreux enseignements pontificaux (douze pontifes en quatre siècles) ne sont pas pris en compte, alors qu’ils convergent pour soutenir la médiation de Marie Très Sainte comme cause sacramentelle ou secondaire de la grâce. La Commission théologique de l'IMA souligne que la DDF semble méconnaître le sens de la causalité instrumentale, qui, par définition, n'est pas une cause parallèle et quasi concurrente de la cause première : « La médiation instrumentale secondaire de la grâce par Marie n'enlève rien au Christ, unique Médiateur divin . Il est vrai que “Dieu seul est le Sauveur”, mais la médiation instrumentale et secondaire de la grâce du Christ par Marie ne le contredit pas. Puisque Dieu a librement choisi d'associer Marie à son œuvre de Rédemption, il est libre de nous communiquer sa grâce par sa causalité instrumentale secondaire. Dire que “Dieu seul est notre Sauveur” ne signifie pas que “c'est Dieu seul qui nous applique les mérites de Jésus” » (§ 25). Cette approche, à certains égards exclusiviste, implique une conception de la maternité spirituelle de Marie plus nominale que réelle, puisqu'elle est en effet privée de ses attributs propres de concevoir, d'enfanter et de nourrir ses propres enfants (cf. § 29).

    Dans les troisième (§§ 33-34) et quatrième sections (§ 35), il est souligné comment le MPF diminue respectivement le véritable mérite de Marie dans l'œuvre de Rédemption objective et le rôle que Dieu lui a assigné dans le plan de Rédemption des hommes, ne parvenant une fois de plus pas à accepter ce qui est présent dans le Magistère ordinaire des Papes.

    La cinquième et dernière section (§§ 36-39) a enfin le mérite de montrer les conséquences pastorales de l'approche de la Note, car c'est précisément sur le fondement de la corédemption et de la médiation de Marie que reposent les pratiques de dévotion les plus répandues et les plus chères au peuple de Dieu, telles que le Saint Rosaire, le Scapulaire et la consécration à Notre-Dame ; des églises et des instituts portent l'un de ces titres dans leur nom, sans parler de leur présence récurrente dans les livres de dévotion et dans le Manuel de la Legio Mariæ, une organisation catholique laïque présente dans le monde entier et comptant des millions de membres. Et, point crucial, le « tournant » opéré par la MPF ne peut qu'engendrer une méfiance envers le Magistère de l'Église, car « si les enseignements et les titres utilisés auparavant par les papes sont désormais considérés comme “inappropriés” ou “inopportuns”, pourquoi les fidèles devraient-ils avoir confiance dans le Magistère pontifical ? » (§ 36E).

    - LE TEXTE INTÉGRAL DU DOCUMENT DE L'ASSOCIATION MARIALE INTERNATIONALE

  • Immaculée

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    Immaculée 

    « Je suis l'Immaculée Conception », Lourdes, 1858). Paroles étranges et suspectes, diront certains. Comme par hasard, la Vierge reprend les termes du dogme défini par l'Eglise quatre ans auparavant. Relation de cause à effet ? Invention faite par sainte Bernadette  ou par des prêtres trop zélés ? Il en est qui franchissent le pas. Sauf que... sauf que cette affirmation avait déjà été formulée en 1830. « ô Marie, conçue sans péché, priez pour nous qui avons recours à vous » (Paris, rue du Bac). Donc, s'il y avait copie, la faute reviendrait à l'Eglise plutôt qu'à l'apparition de Lourdes. Allons plus loin. S'il y a erreur, la responsabilité semble revenir aussi à l'Ecriture et plus spécialement à l'ange Gabriel qui nous dit que Marie est pleine de grâce et qu'Elle est bénie entre toutes les femmes. En lisant entre les lignes, il est loin d'être absurde d'en conclure qu'Elle est immaculée. Ces paroles que nous disons en priant le « Je vous salue Marie » sont donc des paroles célestes. Cela, tout catholique un peu éclairé le sait. Par contre, peu savent la provenance de la deuxième partie de l'Ave Maria. D'où proviennent les paroles : « Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous maintenant et à l'heure de notre mort »? De l'Evangile également ? Non, elles ne s'y trouvent pas. Alors d'où viennent-elles ? Qui en est l'auteur ? Langue au chat ?... Eh bien, elles sont de saint Simon Stock ; carme anglais du XIIIe siècle qui les a prononcées juste avant sa mort. Peu de temps après, l'Eglise a choisi de les ajouter à  la salutation angélique, d'où le « Je vous salue Marie »  que nous connaissons depuis lors et qui est sans doute la prière la plus récitée au monde…

    Jean-Pierre Snyers (jpsnyers.blogspot.com)

    illustration : Notre Dame donnant le Rosaire à saint Dominique et le Scapulaire à saint Simon Stock. Eglise Saint-Pierre-et-Saint-Paul (ancien couvent des Cordeliers). Lons-le-Saulnier. Jura. XVIIIe.