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Foi - Page 494

  • La santé insolente du séminaire de La Castille (75 séminaristes)

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    D'Antoine Pasquier sur le site de l'Hebdomadaire Famille Chrétienne :

    Les secrets du succès du séminaire de Toulon

    ARTICLE | 26/06/2019 | Numéro 2163 | Par Antoine Pasquier

    Des séminaristes prient

    Le quotidien à La Castille est rythmé par trois temps longs de prière : l'adoration, la messe et l'oraison ©A.MICALLEF

    MAGAZINE – Le séminaire de La Castille affiche une santé insolente avec soixante-quinze séminaristes. Quels sont les secrets de sa réussite ? Visite guidée.

    La chapelle

    Trente minutes, tous les jours, sans exception. Chaque matin, à 7 h, les séminaristes de La Castille se retrouvent devant le Saint-Sacrement exposé dans la chapelle dédiée à l’Immaculée Conception. « Prendre quotidiennement ce temps d’adoration, tous ensemble, est vital », confie Albéric, 28 ans, originaire du diocèse de Bayeux-Lisieux, en 2e année de philosophie. « Je ne me voyais pas aller dans un séminaire qui ne propose pas cette forte vie de prière. Ce n’était pas négociable. » « Ici, on apprend vraiment à approfondir notre relation intime avec le Christ », abonde Leonardo, de la Communauté brésilienne Douce Mère de Dieu, en 2e année de théologie.

    Ce primat donné à la vie spirituelle, l’ancien évêque de Toulon, Mgr Joseph Madec, l’a voulu dès la réouverture du séminaire en 1983. « Un prêtre ne peut pas tenir s’il n’est pas enraciné en Dieu », rappelle le Père Jean-Noël Dol, le recteur. « La liturgie, la prière personnelle et communautaire, l’adoration, l’oraison chaque soir, la direction spirituelle font partie de nos fondamentaux depuis le début. Aujourd’hui encore, ils sont toujours très recherchés par les candidats qui se présentent chez nous. »

    C’est le cas de Foucauld, 24 ans, en 1re année de théologie. Alors qu’il avait reçu, deux ans plus tôt, l’appel au sacerdoce, ce Toulonnais d’origine a su, lors d’un séjour à La Castille où il révisait son examen d’entrée à l’ENS Lyon, que ce serait ici, et nulle part ailleurs, qu’il suivrait sa formation de séminariste. « J’ai été marqué par la beauté et la puissance de la liturgie. Ça a été le coup de cœur ! » Il n’est pas le seul !

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  • Eglise d'Allemagne : le pape constate avec douleur l'érosion et la détérioration croissante de la foi avec tout ce que cela implique...

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    De Vatican News :

    François à l'Église allemande : marcher ensemble, animés par l'Esprit

    Le Pape apporte sa contribution au parcours synodal de l'Église d’Allemagne dans une Lettre publiée ce samedi. François exprime son appréciation pour l'Église allemande et l'exhorte à ne pas marcher seule, soulignant le rôle central de l'Esprit Saint dans le renouvellement ecclésial.

    P. Bernd Hagenkord SI - Cité du Vatican

    «Nous sommes tous conscients que nous vivons non seulement une époque de changement, mais aussi un changement d'époque qui soulève des questions nouvelles et anciennes, face auxquelles un débat est justifié et nécessaire.»

    Au début de sa lettre, le Pape François indique clairement qu'il est conscient de la situation dramatique de l'Église d’Allemagne et offre son soutien à la réflexion en cours. La Lettre est une contribution du Pape au cheminement synodal décidé par les évêques lors de leur Assemblée plénière en mars dernier. L'Église souhaite discuter des thèmes centraux de sa crise avec des représentants laïcs et des experts extérieurs. Le point de départ de ce cheminement est constitué par une étude commandée par les évêques eux-mêmes sur la question des abus sexuels commis par des membres du clergé et des religieux. Mais il y a également d'autres questions, comme le vieillissement des communautés, la carence des vocations, le rejet de la doctrine sexuelle catholique et la question du mode de vie des prêtres.

    Contribution au débat

    Le Pape François ne répond pas directement à ces questions concrètes. Sa contribution constitue une base spirituelle au débat. Il ne propose pas de solutions, ni interdit les discussions, mais dans le style d’Evangelii gaudium, il rappelle le caractère central de l'Esprit Saint.

    Son approche de la question est liée à l'unité de l'Église: «Chaque fois qu'une communauté ecclésiale a voulu affronter seule ses problèmes, en s'appuyant uniquement sur ses propres forces, sur sa méthode et son intelligence, elle a fini par multiplier et entretenir les maux qu'elle voulait surmonter».

    Le Pape souligne deux des grandes forces et caractéristiques de l'Église allemande: «Les communautés catholiques d'Allemagne, dans leur diversité et leur pluralité sont reconnues dans le monde entier pour leur sens de coresponsabilité et leur générosité», affirme-t-il. Il s’agit d’une Église de la main tendue. En second lieu, François évoque le «chemin œcuménique parcouru».

    Outre ces caractéristiques positives, la raison du changement d'époque arrive en troisième position: «Aujourd'hui, cependant, avec vous, je constate avec douleur l'érosion et la détérioration croissante de la foi avec tout ce que cela implique non seulement sur le plan spirituel, mais aussi sur le plan social et culturel», un déclin multiforme, «ni simple ni rapide à résoudre», écrit le Pape.

    Synodalité et centralité de la foi

    François s'attarde sur le sens de la synodalité, en soulignant une «double perspective», dans la mesure où elle se réalise dans un premier temps «de bas en haut» avant de se réaliser ensuite seulement, «de haut en bas». La vie quotidienne et la vie concrète dans les différents lieux sont donc prioritaires.

    Dans cette lettre, la centralité de la foi, de l'évangélisation et surtout de l'Esprit Saint sont soulignés à plusieurs reprises sous des angles différents. Traduit dans la vie quotidienne, «cela stimule l'émergence et la continuation de processus qui nous construisent en tant que peuple de Dieu, au lieu de chercher des résultats immédiats avec des conséquences prématurées et médiatiques». Une mise en garde contre une fausse réforme résonne dans ce texte, à la suite d’Evangelii gaudium.

    Pour suivre la voie synodale - observe le Pape - il faut avant tout du courage. En même temps, cependant, il faut aussi veiller à ne pas tomber dans les pièges tendus le long de la route; pièges que François appelle «tentations».

    «A la base de cette tentation se trouve la conviction que la meilleure réponse aux nombreux problèmes et lacunes du moment passe par une réorganisation des choses: Changer les choses puis les “remettre ensemble” pour mettre de l’ordre et faciliter la vie ecclésiale en l'adaptant à la logique actuelle ou à celle d'un groupe particulier». Or, pour François, une réalité ecclésiale organisée ne résout rien car elle a aussi besoin de la «morsure de l'Évangile» et de sa fraîcheur.

    L'évangélisation, critère directeur

    Il est nécessaire de procéder avec sagesse. La vision rationnelle des problèmes a du sens, mais ce n'est pas l'accomplissement de «notre façon d'être fidèles». François repart de son message central: «la conversion pastorale». L'évangélisation doit être le «critère directeur par excellence».

    La centralité de l'Esprit façonne aussi la conduite des débats: «La vision synodale n'élimine ni les contradictions ni la confusion» et ne subordonne pas les conflits à de faux compromis.

    «L'évangélisation ainsi vécue n'est pas une tactique de repositionnement de l'Église dans le monde d'aujourd'hui», observe le Pape François . Ce n'est pas une «retouche» qui adapte l'Église à l'esprit du temps, qui lui ferait perdre son originalité et sa mission prophétique. D'autre part, l'évangélisation ne signifie pas «une tentative de retrouver des habitudes et des pratiques qui ont du sens dans d'autres contextes culturels».  C’est là un double rejet de ceux qui cherchent le salut par l'adaptation ou le traditionalisme.

    Pour ne pas rester confiné dans l'abstrait, le Pape indique les objectifs d'une véritable réforme: partir à la rencontre des frères et sœurs, et spécialement des marginaux, des plus faibles, dans le contexte d'une culture du rejet et qui entretient souvent des «discours xénophobes».

    Marchons ensemble

    Encore une fois, François revient sur le thème de la synodalité et son besoin de «Sensus Ecclesiae» vivant, une nécessité commune à toute l'Église, car le chemin parcouru ne doit pas finir «isolé dans ses particularités».

    «Les défis qui nous attendent, les différentes interrogations qui émergent, ne peuvent être ignorés ou cachés. Ils doivent être affrontés dans le souci de ne pas s’enliser et de ne pas les perdre de vue, ce qui rétrécirait nos horizons et notre réalité». C'est ainsi que le Pape résume sa conception du cheminement synodal. Tout le monde, et en particulier les «simples et les petits», doit être entendu.

    Enfin il ajoute : «Marchons ensemble sur ce chemin, comme un corps apostolique, et écoutons-nous les uns les autres sous la conduite de l'Esprit Saint, même si nous ne pensons pas de la même manière». François conclut : «Que le Seigneur nous montre le chemin des Béatitudes»

  • Comme un problème au royaume du progressisme triomphant

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    Pourquoi la génération la plus prospère, la plus libre et la mieux protégée de l’histoire est-elle en train de sombrer dans des pulsions d’euthanasie à cause de l’écologie ?

    Alors que notre génération est probablement l'une de celles vivant dans la plus grande prospérité, l'une des plus protégées et des plus libres, un sentiment de pessimisme, fortement lié au sentiment d'urgence écologique, la traverse...

    Pour « Atlantico », Eddy Fougier et Chantal Delsol  dialoguent sur ce phénomène:

    Atlantico : Alors que notre génération est probablement l'une de celles vivant dans la plus grande prospérité, l'une des plus protégées et des plus libres, un sentiment de pessimisme, fortement lié au sentiment d'urgence écologique, la traverse. Quelles sont les causes d'un tel pessimisme ambiant ? A quel point est-il intrinsèquement lié au sentiment d'urgence écologique ?

    Chantal Delsol : C’est la France qui est pessimiste et dépressive. Toutes les études sociologiques le montrent. Les Français se rendent compte que la mondialisation et l’ouverture à tous les vents leur fait perdre leur système social spécifique, très avantageux. Un Etat colbertiste n’est plus possible dans un pays moderne à l’époque de la mondialisation. Fait aggravant : le président de la République lui-même, élu et soutenu par l’élite cosmopolite et mondialisée, s’attache à mettre en cause le vieux modèle protecteur et colbertiste. Il y a pour le Français de quoi se révolter. D’où les gilets jaunes. Et je n’ose penser à ce qui se passera quand on voudra réformer les retraites ! Tout cela laisse comprendre le paradoxe : nous avons le pays le plus protecteur et redistributeur du monde, et nous sommes constamment mécontents, aigris et vindicatifs. C’est que nous sentons que ce système, on est en train de le rogner par tous les bouts.

    L’écologie joue un grand rôle parce qu’en l’absence désormais de religions, elle est devenue la seule religion partagée et conquérante, d’abord dans la jeunesse. Comme toutes les religions elle a ses clercs, ses prières, ses dogmes, ses grands-messes, ses grands mensonges qui fonctionnent très bien (regardez l’histoire des rats de Seralini en 2012), et son intolérance rituelle (on ne discute pas avec des euro-sceptiques: on les injurie). Il y a surement des vérités scientifiques dans le discours écologique. Mais il y a aussi des excès, des calembredaines, et même des tromperies conscientes faites pour affoler les fidèles croyants. On est encore dans une idéologie de type religieux. C’est pourquoi il est si difficile de savoir qui croire et ce qui est vrai.

    Eddy Fougier : Il y a effectivement, d'un point de vue objectif, quelque chose d'incompréhensible à l'échelle mondiale : l'amélioration d'un certain d'indicateurs, c’est-à-dire le niveau de vie, la mortalité infantile, l'espérance de vie, les indices liés à la malnutrition, la pauvreté également en baisse. D'un point de vue objectif, on a l'impression que les choses s'améliorent. Mais d'un point de vue subjectif, on a l'impression que les choses empirent, notamment pour les jeunes générations. Pour ces derniers, sûrement que cette de l'urgence climatique–qui est la chape de plomb de la lutte écologique - explique qu'on a du mal à se projeter dans le futur de manière optimiste, que la plupart des activités humaines sont entachés d'une sorte de péché, de culpabilité collective, qui fait que ces activités –industrielles, agricoles, animales- aboutissent à être l'origine de ce changement climatique. On est face à ce grand paradoxe où on n'a jamais aussi bien vécu à l'échelle mondiale, et pourtant le futur demeure incertain.

    Cette peur qui peut aller jusqu'à la volonté de ne pas faire d'enfant ou de s'euthanasier a une symbolique quasi-religieuse. Peut-on considérer que l'on fait face à un néo-millénarisme écologique ?

    Chantal Delsol : Les humains font des enfants pour deux raisons : soit parce qu’ils n’ont pas de moyens de contraception et donc souvent malgré eux, soit parce qu’ils ont une forme ou une autre de spiritualité, c’est-à-dire qu’ils valorisent quelque chose qui les dépasse. A une époque où nous avons la contraception sans la spiritualité, il n’y a plus grande raison de se reproduire. C’est pourquoi Raymond Ruyer disait que dans les cent prochains siècles, on était au moins sûrs d’une chose : les humains encore présents seraient religieux d’une manière ou d’une autre.

    Eddy Fougier : Effectivement. Quand j'ai vu monter la théorie de la collapsologie, j'avais un projet d'ouvrage que je souhaitais nommer ainsi. De même, il y a une dimension néo-religieuse dans ce qui se passe. On l'a ressenti en 2000 avec le bug qu'on prévoyait mais aujourd'hui ce sentiment est multiplié avec la crainte du grand effondrement à l'horizon 2030, 2040. Avec cette idée que seuls les "purs", ceux qui respectent la Terre-mère, Gaïa, pourront survivre. Et cette religion a ses prophètes, notamment suédois [ndlr. Greta Thunberg]. Ce sentiment ne sera que grandissant à mesure qu'on accumulera les preuves de l'impact de l'homme sur la terre. Mais ceci se trouvera également de plus en plus exploité par des marchands de peurs. Cela existe à l'échelle nationale avec les courants populistes. Mais ça pourra transparaître également dans des mouvements de nature religieuse, sectaire, voire idéologique, qui vont exploiter cette crainte de l'avenir et de l'effondrement de la civilisation.

    Le sentiment de déclin qui parcourt le monde occidental et à fortiori la France joue-t-il une part importante dans ce ressenti ? En quoi ce sentiment millénariste est-il associé au progressisme ?

    Chantal Delsol : Le sentiment de déclin est d’abord du au fait du déclin de notre modèle social dont j’ai parlé plus haut. Mais aussi au fait que la seule religion que nous ayons, la religion écologique, est une religion de catastrophe et non d’espérance: elle a restitué le temps circulaire des anciens paganismes, elle a renoncé au temps fléché du monothéisme judéo-chrétien. Le temps circulaire ne peut produire que du pessimisme : l’espoir y est vain.

    Eddy Fougier : Il y a un clivage de plus en plus fort entre les populations de pays développés et les pays émergents. Du côté de ces derniers, ils considèrent que leur vie s'améliore.  C'est le contraire pour les premiers qui estiment que les générations futures vivront moins bien que les générations actuelles. C'est un ressenti subjectif basé en terme de croissance, de niveau de chômage, d'insécurité économique et sociale, qui explique cette fracture. L'idée qu'il y a un jeu à somme nul où les pays émergents se sont développés au détriment des pays développés est finalement assez courante dans l'opinion publique. 

    Pour autant, je ne pense pas que le sentiment de déclin de l'Europe se retrouve lié à la collaspologie et à ses adeptes. Pour ces derniers, l'effondrement est lié à la diffusion d'un modèle occidental. Le bruit ambiant fait effectivement pourtant en sorte qu'il y a cet amalgame, comme on l'a vu chez les gilets jaunes qui y associent un déclin collectif de la civilisation occidentale et une incapacité à se projeter sans peur dans le futur. Pour résumer, pour ceux de la génération de Greta Thunberg à Pablo Servigne, l'Occident mourra de ses péchés.

    Le progressisme de l'autre côté –celui qui prône la décroissance- se retrouve également associé à cette chape de plomb du changement climatique. L'idée est un retournement du concept thatchérien "il n'y a pas d'alternative". C’est-à-dire que la seule alternative possible est en réalité la décroissance; c'est réduire de façon drastique les émissions de gaz à effet de serres par exemple ou mettre fin à notre système agro-alimentaire actuel. Donc remettre en cause de façon radical notre mode de développement, notre modèle économique à l'échelle individuelle et collective et éventuellement envisager un régime plus autoritaire pour imposer ce passage d'une abondance à une pénurie par anticipation de ce que pourrait être ce grand effondrement.

    Ref. Comme un problème au royaume du progressisme triomphant :

    Après la "religion" des droits de l’homme voici celle de l’écologisme et, en prime, une certaine Eglise déboussolée qui lui court après mais pour un chrétien, pas de quoi s’agiter: saint Paul nous avait déjà prévenus. Et la logique y ajoute le point de vue de la raison: la société occidentale est devenue mortifère. C’est pourquoi, en forçant un peu le trait, on peut en déduire, avec Rémi Brague et Raymond Ruyer, que les humains qui seraient présents d’ici quelques siècles dans nos contrées seront religieux d’une manière ou d’une autre…

    JPSC

  • Nos églises : quelle politique adopter et comment gérer au mieux leur avenir ? La réponse de nos évêques

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    Le bâtiment d’église – Signification et avenir


    Pendant des siècles, nous avons vécu en Europe occidentale, au sein d’une culture chrétienne assez homogène. Il fallait des églises dans toutes les villes, tous les villages et même tous les quartiers. Depuis, les temps ont beaucoup changé. L’infrastructure héritée du passé ne correspond plus à la situation réelle de l’Église dans notre société. Certaines églises sont encore bien fréquentées et visitées aujourd’hui. Mais pas toutes. Beaucoup sont moins utilisées qu’avant. D’où la question qui se pose de plus en plus : comment faire face au problème, quelle politique adopter et comment gérer au mieux l’avenir de nos églises ?

    Nous devons prendre des décisions concrètes. Certaines églises se voient attribuer une destination partagée. D’autres sont désaffectées et reconverties. Parfois, le choix est assez évident. Mais souvent, il est très délicat. Les gouvernements ne nous demandent pas de fermer des églises. Ils souhaiteraient de la part de l’Eglise un plan, une perspective précisant les églises qu’elle veut conserver pour le culte, celles qui peuvent recevoir une destination partagée et celles qu’elle veut désaffecter.  Ces plans et ces choix doivent être faits en concertation avec toutes les parties concernées, y compris les communautés locales. Cela ne facilite pas l’élaboration d’une politique commune et cohérente pour l’ensemble de l’Église.

    Il est important d’éviter que les questions concernant l’avenir des églises ne soient examinées et tranchées qu’au niveau local. Une politique commune est très importante. En effet, la manière dont nous traitons nos édifices religieux est aussi en lien avec la manière dont nous voulons être présents comme Eglise dans la société. Le problème des édifices religieux ne peut se réduire à ce dont nous avons besoin pour la pastorale. Il faut se poser la question de ce qu’on entend par pastorale et de ce qu’elle exige. Le sens et l’avenir de nos édifices religieux sont liés à des questions qui dépassent les simples besoins pastoraux. De nombreux facteurs interviennent. Il faut bien sûr tenir compte de la situation et des possibilités locales. Mais on ne peut se limiter à une approche au cas par cas sans vision commune, à fortiori sans vision plus large et sans politique à plus long terme. C’est pourquoi nous abordons ce problème sur base des significations multiples du bâtiment d’église.

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  • Une semaine eucharistique réussie (16-23 juin) : Liège a aussi célébré la Fête-Dieu 2019 en l'église du Saint-Sacrement au Bd d'Avroy

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    Trois points forts :

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    20190617_142849.jpgDu dimanche 16 au dimanche 23 juin, l’exposition «Du visible à l’invisible: un autre regard » a présenté une série de tableaux, gravures, reproductions,  manuscrits et ouvrages anciens , ornements liturgiques bannières et un montage audiovisuel illustrant les figures eucharistiques dans l’art sacré et la liturgie liégeoise de la Fête-Dieu. D’une centaine de visiteurs le dimanche du vernissage, la fréquentation de l’exposition est passée à plusieurs centaines le week-end suivant : une belle réussite dont témoigne aussi le nombre d’acquéreurs de brochures et de dvd * sur les origines liégeoises de la Fête, mis à la disposition du public.

    Livret exposition 2019 06 16 relu.pdf

    *
    podcast

    podcast

    DSC00370.jpgLe samedi 22 juin à 18h00 une assistance nombreuse occupait toute l’église (300 places) pour suivre -pendant près de deux heures-  la Solennité de la Fête-Dieu célébrée selon le rite traditionnel par l’évêque de Liège, Mgr Jean-Pierre Delville, avec le concours de la schola féminine du chœur grégorien de Paris, l’ensemble polyphonique liégeois « Gaudete » ainsi que les organistes Patrick Wilwerth et Jean-Denis Piette.  Au programme musical : le plain-chant du propre de la Fête, une messe à quatre voix de Monteverdi, des motets anciens (Giovanni Croce , Thomas Tallis, XVI e s.) et contemporain (Thorkell Sigurbjörnsson, 1938-2013). La bénédiction du Saint-Sacrement concluant la cérémonie était accompagnée par un « Tantum ergo » à quatre voix en usage à la collégiale (future cathédrale) Saint-Paul au XVII e siècle.

    received_455125061991416.jpeg

    DSC_0355.JPGDans son homélie, l’évêque déclara notamment ceci : " [...] le partage du pain, devenu corps du Christ, nous fait communier avec lui et nous incite à communier avec nos frères et sœurs. Chaque communauté chrétienne est appelée à vivre cette communion fraternelle. Je vois qu’on vit cela en particulier dans cette église du Saint-Sacrement. On y pratique la liturgie ancienne, sous la forme extraordinaire. C’est un retour aux sources, aux textes, aux chants et aux gestes originaux de la liturgie, qui nous font découvrir avec soin la grandeur du mystère de vie et de mort qui se dévoilent dans la liturgie. Je remercie cette communauté pour cette mission qu’elle a assumée [...] .** "

    ** extrait de  Fête-Dieu Mgr Delville 2019 06 23 ESSL.pdf

    Bach inspiration 20190623_175939.jpg

    A l’église du Saint-Sacrement encore, le lendemain dimanche 23 juin à 17h00, sous la direction de Patrick Wilwerth, le chœur « Praeludium » et l’ensemble instrumental « Darius » ont clôturé la semaine eucharistique liégeoise par un concert intitulé « Bach Inspiration » *** dédié à Notre-Dame de Paris. Cette manifestation a attiré plus de 200 personnes, dont l’évêque émérite de Liège, Mgr Aloÿs Jousten.

    *** Programme 23 juin 2019 Bach Inspiration st sacrement.docx.pdf

    JPSC

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    Sursum Corda asbl, Association pour la sauvegarde de l’église du Saint-Sacrement au Boulevard d’Avroy, 132 à Liège. Siège social : Rue Vinâve d’île, 20 bte 64.

    Tel. 04.344.10.89. E-mail : sursumcorda@skynet.be.

    Web : http://eglisedusaintsacrementliege.hautetfort.com

    Restauration_depliant - Copie.jpgFaire un don pour la restauration de l’église du Saint Sacrement ?  Pour aider à la sauvegarde de ce joyau de l’art néo-classique, vous pouvez faire un don fiscalement déductible en versant le montant de votre choix au compte de projet : IBAN BE10 0000 0000 0404 – BIC BPOTBEB1 de la Fondation Roi Baudouin, rue Brederode, 21, 1000 Bruxelles, avec, en communication, la mention structurée (indispensable) : 128/2980/00091.  

    Pour en savoir plus sur les enjeux de cette importante opération, cliquez ici : Restauration de l'église du Saint-Sacrement à Liège . L'évêque s'implique. Et vous?  

    Tous renseignements : Tel. 04 344 10 89.

  • Faire jaillir des sources d’eau vive dans les déserts désespérants de notre monde

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    D'Anne Bernet sur le site de l'Homme Nouveau :

    Miséricorde...

    Miséricorde...

    À une heure un peu tardive, mais il est vrai qu’il valait mieux éviter le spectacle aux enfants, la télévision programmait, ce 10 juin, un documentaire, intitulé Après Hitler, consacré aux derniers mois de la Seconde Guerre mondiale et aux premiers mois de la paix censément revenue en Europe.

    La plupart des films présentés ici, sortis des archives des vainqueurs, étaient des raretés, ou des inédits et, au bout de soixante-quinze ans, ils renvoyaient de la Libération et de la Victoire alliée une image crue, violente, navrante, que l’on ne nous avait pas habitués à contempler.

    Certes, quiconque possède un minimum de culture historique sait pertinemment à quoi s’en tenir et ne peut ignorer que, derrière les scènes de liesse montées en épingle pour des raisons de propagande, la réalité fut infiniment moins belle. Reste qu’il y a une différence, terrible, entre le document écrit, aussi précis et réaliste soit-il, sur les mots duquel tout esprit sensé se garde bien de mettre des images, et la vision des faits en question … Les plans rapprochés complaisants sur les cadavres mutilés de l’ennemi, les humiliations calculées, déshonorantes surtout pour ceux qui s’y abaissaient, infligées à des prisonniers de guerre allemands, dont on mesure soudain l’extrême jeunesse et l’épuisement, le visage ravagé et meurtrie d’une jeune Allemande qui, en d’autres temps, avait dû être très belle, violée et tabassée, les regards des « tondues » accusées, à tort ou à raison, d’avoir couché avec des Boches, les vengeances sordides, les scènes de tortures ou d’exécutions à l’encontre de collabos vrais ou supposés, les « enfants loups » errants, perdus, sur les routes de l’Europe en ruines, tout cela était à briser le cœur. Surtout, l’on se demande, désolé, devant la vision sans fard des atrocités dont l’homme est susceptible de se rendre coupable et complice, ce qui pouvait bien demeurer, sur ce continent en principe encore chrétien, du message évangélique et de la Loi du Christ.

    Contre toute attente, la réponse, la seule opposable à un tel déferlement d’horreur et de haine, à une telle ruée quasi unanime vers la perdition et l’enfer, Dieu l’a suscitée là même où elle semblait impossible, parce que cet endroit avait été diaboliquement conçu afin d’y détruire toute foi, toute charité, toute espérance. C’est à Auschwitz que Maximilien Marie Kolbe, fort seulement de sa confiance en la Vierge Immaculée, opposa à la machine à broyer les âmes, une puissance d’amour sur laquelle le Mal se fracassa. 

    Il n’est pas inutile, alors que nous célébrons, hors de toute référence chrétienne, puisque, dans les commémorations officielles, l’on juge bon d’amputer de leurs allusions au christianisme, les documents cités, le soixante-quinzième anniversaire de la chute du nazisme, et l’ordre né sur ses ruines, de s’arrêter un instant sur la personnalité du martyr franciscain.

    Jean-François Vivier, auquel l’on doit déjà plusieurs excellents scénarios d’albums de bandes dessinées consacrés à d’Estienne d’Orves et à l’abbé Stock, revient sur la Seconde Guerre mondiale avec un Maximilien Kolbe, un saint à Auschwitz, (Artège, 52 p, 14,90 €), illustré par Denoël en évitant tout ce qui pourrait être trop choquant pour le jeune public. 

    Enfermé dans le bunker de la faim, où il a volontairement pris la place d’un inconnu père de famille et où il mourra le 14 août 1941, en la vigile de l’Assomption,  Maximilien Kolbe raconte sa vie à ses compagnons d’infortune et les soutient jusqu’au bout dans leur longue agonie. Son secret : la certitude de la présence aimante de Notre-Dame à ses côtés. C’est pour Elle, sous son impulsion, qu’il s’est voué, toute son existence, en dépit de la tuberculose qui le rongeait et d’innombrables traverses, à diffuser à travers le monde la dévotion à l’Immaculée et à lui former une armée capable de s’opposer, par la seule force de la prière, à la puissance des armes.

    Ce message, Alexia Vidot l’explicite dans un tout petit livre L’abandon avec Maximilien Kolbe (Artège Itinéraires spirituels ; 125 p ; 4,90 €.).

    À grand renforts de citations, Alexia Vidot montre comment, jusque dans les pires situations, l’abandon total au Christ et à Sa Mère peut obtenir d’improbables miracles et, transformant les cœurs les plus endurcis, faire jaillir des sources d’eau vive dans les déserts désespérants de notre monde.

    Tant que Notre-Dame se suscitera des chevaliers, il ne faudra pas désespérer du rachat de tant d’âmes en apparence vouées à la mort éternelle.

  • Selon le cardinal Brandmuller, l’Instrumentum Laboris pour le synode sur l’Amazonie est hérétique et apostat

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    De Sandro Magister en traduction française sur Diakonos.be :

    Hérétique et apostat. Le cardinal Brandmüller excommunie le synode sur l’Amazonie

    Depuis qu’il a été rendu public le 17 juin dernier, le document de travail – ou Instrumentum Laboris – du synode sur l’Amazonie a reçu plusieurs réactions critiques, du fait de sa structure et de ses proposition singulières par rapport à tous les synodes qui l’ont précédé.

    Mais aujourd’hui, il y a plus.  Un cardinal vient d’accuser le document d’hérésie et d’apostasie.  Il s’agit de l’allemand Walter Brandmüller, âgé de 90 ans, éminent historien de l’Église, président du Conseil pontifical des sciences historiques de 1998 à 2009 et co-auteur, en 2016, des célèbres dubia sur l’interprétation correcte et sur l’application d’Amoris laetitia auxquels le pape François a toujours refusé de répondre.

    Voici ci-dessous son « J’accuse » publié simultanément en plusieurs langues.

    Un article de Sandro Magister, vaticaniste à L’Espresso.

    *

    Une critique de l’Instrumentum Laboris du Synode sur l’Amazonie

    du cardinal Walter Brandmüller

    Introduction

    ON peut vraiment trouver étonnant que, contrairement aux assemblées précédentes, cette fois le synode des Évêques s’intéresse exclusivement à une région du monde où la population représente à peine la moitié de celle de la ville de Mexico, soit 4 millions d’habitants.  Ce qui contribue d’ailleurs à éveiller des soupçons quant aux véritables intentions qui sont à l’oeuvre en coulisses.  Mais il faut surtout se demander quels sont les concepts de religion, de christianisme et d’Église qui sont à la base de l’Instrumentum Laboris publié récemment.  C’est ce que nous allons examiner en nous appuyant sur des extraits du texte.

    Pourquoi un synode dans cette région ?

    Avant tout, on est en droit de se demander pourquoi un synode des évêques devrait se pencher sur des thèmes qui – comme c’est le cas pour les trois quarts de l’Instrumentum laboris – ne concernent que marginalement les Évangiles ou l’Église.  De toute évidence, il s’agit de la part du synode des évêques d’une ingérence agressive dans les affaires purement temporelles de l’état et de la société du Brésil.  On pourrait se demander ce que l’écologie, l’économie et la politique ont à voir avec le mandat et la mission de l’Église.

    Et par-dessus tout : en quoi un synode ecclésial des évêques est-il compétent pour formuler des déclarations dans ces domaines ?

    Si le synode des évêques s’aventurait vraiment sur ce terrain, il sortirait alors de son rôle et ferait preuve alors d’une présomption cléricale que les autorités civiles seraient en droit de rejeter.

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  • Chrétien sans le savoir ?

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    De Jean-Pierre Snyers :

    Chrétien sans le savoir?
     
    Une expression parfois entendue et qui souvent (à bon droit) peut irriter les athées est de leur dire qu'ils sont "des chrétiens qui s'ignorent". 1) Il n'est (fort heureusement) pas nécessaire de faire partie du christianisme pour accomplir des actes de charité, de bonté et de dévouements à l'égard des autres. 2) Je pense que ce n'est pas les respecter que de de leur laisser entendre que dans le fond, ils sont chrétiens sans le savoir. C'est un peu comme si un athée, un musulman ou un bouddhiste me disait: "tu es athée, musulman et bouddhiste, même si tu crois en Jésus-Christ, mort sur la croix et corporellement ressuscité pour nous sauver du péché et de la mort éternelle" Non, je ne suis pas athée, pas plus que musulman ou bouddhiste et c'est mon droit de ne pas l'être. Mais c'est aussi le droit des athées, des musulmans et des bouddhistes de ne pas être chrétiens et cela ne m'empêche en rien de reconnaître en certains d'entre eux des comportements et des vertus qui forcent l'admiration.

    Pour ne rien vous cacher, mon père tant regretté était athée et socialiste. En plus d'avoir été un excellent père, son intelligence très cartésienne m'a beaucoup aidé à ne pas mourir complètement idiot, à ne pas avancer des arguments qui, pour justifier ma foi ne tiendraient pas la route. Peu avant sa mort douloureuse qui me blesse encore aujourd'hui, j'ai perçu en lui une ouverture quant à ce Dieu qu'il avait nié toute sa vie. Et quand, sans plus aucune force, il a essayer de murmurer avec moi cette humble prière qu'est le "Je vous salue Marie", quelque chose m'a semblé me dire qu'in extremis, une lumière éternelle est venue le rejoindre dans sa nuit profonde. Merci papa d'avoir été celui que tu as été et rendez-vous plus haut, là ou pour toujours, l'horizon est clair.

  • Europe : l'Eglise vouée à disparaître ?

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    Du site "Pro Liturgia" :

    L’Eglise catholique est aujourd’hui, en Europe essentiellement, dans une situation inédite. En voici les principales caractéristiques :

    1. La chute de la pratique dominicale : en France seuls 3% de ceux qui se disent catholiques participent à une Eucharistie dominicale ;

    2. La chute des vocations sacerdotales et religieuses : dans une petite dizaine d’année, le prêtre sera devenu une « denrée rare » ;

    3. L’obstination des évêques à ne pas vouloir reconnaître les échecs de la pastorale mise en place par leurs prédécesseurs et, dans le même temps, à vouloir camoufler ces échecs sous des « diocèses en synodes » et autre « Eglise en fête » qui ne produisent aucun résultat ;

    4. L’ignorance abyssale de ces mêmes évêques en matière de liturgie « source et sommet de la vie de l’Eglise » (cf. Vatican II) et leur acharnement à vouloir faire dire au Concile dont ils se réclament ce que le Concile n’a jamais dit.

    Ces quatre points - il y en a d’autres - font que les catholiques, clercs et laïcs, ont dans leur grande majorité perdu le sens de notions essentielles telles que la liturgie, la Tradition, la contemplation, le respect du sacré... Et l’on aboutit à cette bizarrerie : sur le plan de la foi et de son expression liturgique, plus rien n’est clairement définissable, plus rien n’a de sens objectif, tout se vaut, tout est interchangeable. Chacun se fabrique « sa » religion sur la base de « sa sensibilité », de « sa sensiblerie », de ce qui lui plaît ou ne lui plaît pas. Dans ces conditions, il est devenu impossible d’aborder des questions essentielles avec des personnes de « sensibilités » différentes : la messe de 9h en grégorien est « formidable » ; celle de 11h accompagnée par un virtuose du didjeridoo l’est tout autant.

    En l’espace de deux générations, les fidèles ont été contraints d’accepter tout et n’importe quoi avec pour conséquence que le fidèle qui a encore des connaissances claires sur ce qui touche à la foi catholique - liturgie, doctrine, Tradition, Ecriture Sainte - passe pour un illuminé dont il faut aimablement se méfier. D’où le fait que de tels fidèles préfèrent se mettre en marge de toute vie ecclésiale plutôt que de chercher à aborder des questions relative à la foi avec des clercs et des laïcs qui ne savent plus rien et ne veulent plus rien savoir, plus rien comprendre.

    Aujourd’hui, pour de nombreux évêques, les mots de la foi catholique ne signifient plus grand chose : leur contenu a été oublié ou est devenu interchangeable. Seules comptent les opinions personnelles de tel ou tel mitré ou théologien dans le vent qui « fait le buzz » dans les médias : elles doivent passer avant l’enseignement de l’Eglise.

    Incontestablement, tous les ingrédients mortifères sont réunis pour que, dans la vieille Europe autrefois chrétienne, l’Eglise puisse disparaître.

  • Synode amazonien : la perspective théologique de Benoît XVI renversée

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    De Stefano Fontana dans la nuova bussola quotidiana, cet article traduit et publié aujourd’hui par et sur le site « Benoît et moi » :

    Benoît XVI sipa_00629540_000001.jpg

    « Ceux qui ont lu quelque chose de Joseph Ratzinger en tant que théologien, puis en tant que pape et maintenant en tant que pape émérite, ne peuvent s'empêcher d'observer l'énorme écart de perspective par rapport au contenu de l'Instrumentum laboris du prochain synode sur l'Amazonie, présenté il y a trois jours par le Cardinal secrétaire Baldisseri. Comparé aux considérations de Ratzinger sur les "religions du mythe" et sur la "religion du Logos", l'Instrumentum laboris est aux antipodes.

    Comme on le sait, Ratzinger-Benoît XVI soutenait que les religions du mythe, c'est-à-dire les religions païennes, étaient des formes humaines d'exorcisme du péril de l'existence, à travers la protection d'une divinité contre d'autres divinités. Pour ces religions, le monde était entre les mains de divinités et de pseudo-divinités souterraines, contradictoires entre elles, en perpétuel conflit, forces obscures et arbitraires terrifiant l'homme qui était à la merci de leurs tensions. C'est pourquoi l'humanité cherchait à obtenir la protection de l'un sur les autres, par des rites et des sacrifices (y compris d'êtres humains). C'était la religion de la peur, de l'obscurité, du mystère qui effrayait. L'homme se sentait à la merci de forces arbitraires, dans un monde absurde et conflictuel.

    Mais la religion chrétienne, disait Ratzinger-Benoît XVI, était au contraire la religion du Logos. Le christianisme ne se rattache à aucun des cultes païens de la Palestine de l'époque, mais se met en contact avec la philosophie grecque, qui cherchait le principe rationnel de toutes choses, et avec la religion juive elle-même qui croyait au Dieu unique, vrai et bon. Le monde n'était pas un lieu absurde et les hommes n'y étaient pas perdus, à la merci de dieux violents et arbitraires. Au commencement était le Logos, tout a été fait selon la Vérité, le monde est bon et la raison humaine peut se connecter avec la foi, qui n'est pas irrationnelle.

    Toute les recherches théologiques de Joseph Ratzinger portent sur ces sujets, ainsi que tout le magistère de Benoît XVI.

    C'est pour cela qu'il est incroyable qu'au contraire, dans l'Instrumentum laboris récemment publié, il y ait une véritable célébration du paganisme et de l'animisme des peuples amazoniens, un éloge du primitivisme religieux, et la description de ce monde culturel comme un paradis, où il n'y aurait ni violence ni désaccord et où tous vivraient en amitié et harmonie. On ne sait pas d'où le secrétariat du synode a tiré les arguments scientifiques à l'appui de ce point de vue. Il est certain qu'il il a dû renverser complètement les enseignements du Pape Benoît XVI lequel, à Ratisbonne, avait dit que «ce qui est contre la raison ne vient pas du vrai Dieu».

    L'Amazonie serait «pleine de vie et de sagesse»; ses cultures inspireraient «de nouveaux chemins, de nouveaux défis et de nouveaux espoirs»; ses peuples vivraient admirablement «l'harmonie des relations entre l'eau, le territoire et la nature, la vie communautaire et la culture, Dieu et les différentes forces spirituelles»; l'Amazonie est un lieu «de sens pour la foi, ou l'expérience de Dieu dans l'histoire... un lieu épiphanique... une réserve de vie et de sagesse pour la planète, une vie et une sagesse qui parlent de Dieu»; il émane d'elle «un enseignement vital pour une compréhension intégrale de nos relations avec autrui, avec la nature et avec Dieu»; en Amazonie «la vie est un chemin communautaire où tâches et responsabilités sont partagées pour le bien commun».

    C'est ce que dit l'Instrumentum laboris du synode, mais en réalité les religions des peuples indigènes ont toutes les caractéristiques que Ratzinger-Benoît XVI attribuait aux religions du mythe, construction d'idoles humaines pour exorciser la peur et implorer protection contre des forces obscures et colériques. L'animisme païen asservissait l'homme aux forces de la nature et aux autres hommes de la tribu. Ce monde n'était pas convivial et amical, mais violent et discriminatoire. La ritualité ancestrale n'élevait pas spirituellement à Dieu, mais mettait en communication avec les forces de la nature, considérées de manière panthéiste comme un tout, la grande Mère Terre. L'homme n'émergeait pas en dignité des autres éléments naturels, mais en était le sujet. Dans l'instrumentum laboris, c'est le retour du mythe rousseauiste du bon sauvage et de la nature originellement bonne , avant d'avoir été pollué par la civilisation. Mais c'est une hypothèse irréaliste et purement fonctionnelle qui sert de prémisse au système politique du contractualisme des Lumières du gouvernement de la volonté générale.

    L'Instrumentum laboris du Synode sur l'Amazonie propose que l'Église «désaprenne» puis «apprenne» et «réapprenne» à partir des sollicitations des cultures indigènes amazoniennes, qui seraient une véritable «épiphanie» fruit de l'Esprit Saint et de la présence de semences de la Parole dans les cultures païennes. Comment il est possible que le Logos (Parole) sème des graines dans l'irrationalité des religions du mythe est difficile à comprendre. Comment on peut partir de l'idolâtrie païenne absurde et irrationnelle pour convertir la foi de l'Église qui, depuis deux millénaires, se comprend comme la vraie religion est encore plus incompréhensible.

    La régression de l'Église de cet Instrumentum laboris par rapport à l'Église du Pape Benoît XVI est évidente et impressionnante. »

    Ref. Synode amazonien : la perspective théologie de Benoît XVI renversée

    Le Père Daniélou considérait les religions naturelles comme autant de mains tendues confusément vers la transcendance et la révélation judéo-chrétienne comme la main de Dieu qui les attire à Lui en purifiant leur démarche: d’Abraham à Jésus c’est l’histoire emblématique du peuple élu accomplie dans l’unique Eglise qui clôt ce que l'histoire de ce peuple préfigure.

    JPSC  

  • France : belle croissance pour la Communauté Saint-Martin (CSM)

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    De Michel Janva, sur le site du « Salon Beige » :

    CSM thumbnail-1-1050x600.jpeg« Les 28 et 29 juin seront célébrées en la Basilique d’Evron (Mayenne) 20 ordinations sacerdotales et diaconales pour la Communauté Saint-Martin.

    Le 28 juin à 15h30, son excellence Mgr Emmanuel Delmas (évêque d’Angers) ordonnera 11 diacres.

    Le samedi 29 juin à 10h, son excellence Mgr Thierry Scherrer (évêque de Laval) ordonnera 9 prêtres.

    La CSM comptera ainsi 135 prêtres et diacres envoyés dans 23 diocèses : ils assureront la charge de 35 secteurs paroissiaux, 4 internats et 2 sanctuaires (Lourdes et Montligeon).

    Actuellement plus de 100 séminaristes suivent leur formation en la Maison Mère d’Evron. Don Paul explique :

    « Nous sommes choisis, consacrés et envoyés avec la conscience d’être des hommes aimés et pardonnés pour devenir des pasteurs à la manière de Jésus blessé, mort et ressuscité. Notre mission est de témoigner de la force de la résurrection dans les blessures de ce monde. »

    En septembre 2019, à l‘appel de Mgr Lalanne, la Communauté Saint-Martin s’implantera dans un nouveau diocèse, celui de Pontoise, afin de soutenir les missions d’évangélisation dans toutes les paroisses de Sarcelles.

    Ref. Belle croissance pour la Communauté Saint-Martin

    La CSM n’a pas d’implantation en Belgique. A notre connaissance, au moins deux démarches tendant à confier une responsabilité pastorale à des prêtres issus de cette Communauté dans deux diocèses belges ont été lancées mais rapidement exclues par les autorités ecclésiastiques concernées au motif que le profil de la formation dispensée à ces prêtres ne correspondrait pas aux exigences requises par les autorités précitées.

    JPSC

  • Quand François plaide en faveur d'une "théologie de l'accueil"

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    De Nicolas Senèze sur le site du journal La Croix :

    A Naples, François prône la liberté théologique

    Analyse 

    Invité vendredi 21 juin midi par la Faculté de théologie d’Italie méridionale, le pape François a souligné l’importance d’une théologie en dialogue avec la société comme avec les autres religions, insistant sur la nécessaire liberté de recherche des théologiens.

    La longue intervention du pape François, vendredi 21 juin midi à Naples, fera sans nul doute date pour les théologiens du monde entier.

    À rebours de certains chiens de garde, c’est en effet « une théologie du discernement, de la miséricorde et de l’accueil, qui se met en dialogue avec la société, les cultures et les religions pour la construction de la convivence pacifique des personnes et des peuples » dont le pape a dressé le portrait à la Faculté de théologie d’Italie méridionale.

    Invité à s’exprimer sur la théologie dans le contexte méditerranéen après Veritatis gaudium, texte par lequel il réformait les études de théologie en insistant sur leur dimension « dialogale », François a livré une véritable leçon, sans doute comparable sur le fond au discours de Benoît XVI en 2006 à Ratisbonne, mais totalement différent sur la forme, en cohérence avec son approche d’une théologie moins dogmatique et plus en prise avec la réalité.

    « Dans le dialogue, l’Église annonce la Bonne Nouvelle »

    « Je dirais que la théologie est appelée à être une théologie de l’accueil et à développer un dialogue authentique et sincère avec les institutions sociales et civiles, les universités et les centres de recherche, les chefs religieux et toutes les femmes et des hommes de bonne volonté, pour construire dans la paix une société inclusive et fraternelle », a-t-il résumé.

    Un dialogue qui ne met pas l’identité chrétienne dans la poche. Pour le pape, en effet, « dans le dialogue avec les cultures et les religions, l’Église annonce la Bonne Nouvelle de Jésus et la pratique de l’amour évangélique qu’il prêchait comme une synthèse de tout l’enseignement de la Loi ».

    Mais il voit aussi les écoles de théologie comme des lieux de « discernement », fonctionnant dans un dialogue permanent, tant entre étudiants et professeurs qu’avec le monde extérieur.

    « Des théologiens ouverts aux innovations inépuisables de l’Esprit »

    Prônant « une proclamation sans esprit de conquête, sans volonté de prosélytisme et sans intention agressive de réfutation », il appelle à « un dialogue “de l’intérieur” avec les hommes, leurs cultures, leurs histoires, leurs différentes traditions religieuses ». En allant y compris jusqu’au « sacrifice de la vie », donnant l’exemple de Charles de Foucauld, des moines de Tibhirine ou de Mgr Pierre Claverie.

    Dans le contexte méditerranéen, François met particulièrement en avant les dialogues avec l’islam et le judaïsme, esquissant aussi « une théologie de l’accueil » qui sache « écouter l’histoire et le vécu des peuples » et mettre en œuvre l’interdisciplinarité.

    « Une théologie de l’accueil qui, comme méthode interprétative de la réalité, adopte le discernement et le dialogue sincère a besoin de théologiens capables de travailler ensemble et sous une forme interdisciplinaire, en surmontant l’individualisme dans le travail intellectuel, a-t-il expliqué. Nous avons besoin de théologiens – hommes et femmes, prêtres, laïcs et religieux – qui, dans un enracinement historique et ecclésial profond et en même temps ouverts aux innovations inépuisables de l’Esprit, sachent échapper aux logiques autoréférentielles, compétitives, et de fait aveuglantes. »

    « Pentecôte théologique »

    Parmi les nombreux exemples qu’il a donnés dans son intervention, François n’a ainsi pas hésité à évoquer, comme lieu de recherche commun, « les attitudes et les pratiques coloniales qui ont façonné l’imagination et les politiques (…) ainsi que les justifications de toutes sortes de guerres et de toutes les persécutions commises au nom d’une religion ou d’une prétendue pureté raciale ou doctrinale ».

    Appelant à « revisiter et réinterroger continuellement la Tradition », il a rappelé que « les théologiens ont pour tâche de toujours encourager la rencontre des cultures avec les sources de la Révélation et de la Tradition ».

    « Les anciennes architectures de pensée, les grandes synthèses théologiques du passé sont des mines de sagesse théologique, mais elles ne peuvent être appliquées mécaniquement aux questions actuelles », a-t-il expliqué, plaidant pour « une “Pentecôte théologique”, permettant aux femmes et aux hommes de notre époque d’écouter “dans leur propre langue” une réflexion chrétienne qui réponde à leur recherche de sens et de vie ».

    « Sans l’expérience de nouveaux chemins, rien de nouveau n’est créé »

    Ce qui suppose à la fois, a-t-il insisté « une assomption de l’histoire au sein de la théologie, comme espace ouvert à la rencontre avec le Seigneur », et « la liberté théologique » : « Sans la possibilité de faire l’expérience de nouveaux chemins, rien de nouveau n’est créé, et il n’y a plus de place pour la nouveauté de l’Esprit du Ressuscité », a-t-il souligné.

    Tout en critiquant « ceux qui rêvent d’une doctrine monolithique défendue par tous sans nuances », il a toutefois souligné la nécessité que les questions « disputées » restent dans le domaine académique pour ne pas troubler le peuple de Dieu.