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Foi - Page 532

  • Le temps de la Rome éternelle

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    Philippe Maxence publie ce bel éditorial sur le site de l'Homme Nouveau :

    Tempo di Roma en temps de crise

    Sans le recours à la doctrine catholique, aux sacrements catholiques, au sacerdoce catholique, à la prière catholique, surtout des vierges et des moines, il n’y aura pas de vraie sortie de ce temps de crise.

    C’est l’une des caractéristiques de L’Homme Nouveau de prendre son temps, de se donner la possibilité du recul et de la réflexion. Un réflexe professionnel, mais aussi une manière assumée, revendiquée même, de ne pas se laisser submerger par les conséquences de la modernité et de faire à cette dernière un joyeux pied de nez. Pourquoi courir quand tout le monde court, et que le monde, à l’évidence ne s’en porte pas mieux ? Notre temps est celui de Rome. Tempo di Roma, selon le beau titre du roman d’Alexis Curvers. Le temps de la Rome éternelle, celle qui a reçu en dépôt le trésor de la foi et qui, malgré les vicissitudes des temps, hier comme aujourd’hui, n’a cessé de le porter, de le défendre et de le transmettre. Tempo di Roma ! Le temps de Rome, celle de saint Pierre, de saint Grégoire le Grand, de saint Pie X, de tous les grands papes et de leurs serviteurs qui jusqu’à aujourd’hui nous ont permis de vivre au rythme de l’Église, au rythme du cœur de l’Église. 

    Cette Église, dira-t-on, elle est bien mal en point. Nous assistons, en effet, depuis la parution du témoignage public de Mgr Carlo Maria Viganò a une scène étrange, remplie de bruits, de rumeurs et de jugements à l’emporte pièce. Alors que le Saint-Père a choisi la voie du silence, on nous somme ici ou là de parler. De prendre parti pour ou contre Mgr Viganò comme si celui-ci formait le cœur du problème et l’épicentre du scandale. C’est bien sûr une ligne d’attaque, et donc de défense – mais alors, elle est très révélatrice des faiblesses de ceux qui la soutiennent – que de mettre en cause le messager plutôt que de s’attarder au message lui-même. Dans le quotidien La Croix, par exemple, on peut lire ce titre à la fois banal et ahurissant : « Qui est Mgr Viganò, l’ex-nonce par qui le scandale est arrivé ? » (04/09/2018).

    Il est normal pour un journal de donner à ses lecteurs à connaître qui est Mgr Viganò dont les fonctions anciennes n’ont pas été mises sur le devant de la scène, au moins de la scène française. Mais ne rajoute-t-on pas un scandale au scandale, en l’accusant d’être à l’origine de celui-ci ? Mais de quel scandale parle-t-on ? Quel est ce scandale qui devrait soulever les cœurs catholiques : celui de la pédophilie et des réseaux homosexuels au sein de l’Église ou celui d’un homme qui a décidé de parler ? En voulant nous remettre de force devant les yeux le panneau « un train peut en cacher un autre », il semblerait que certains ne mesurent pas combien ils se font complices de ce qui relève de l’horreur absolue pour un cœur et une âme catholiques. 

    S’il y a un scandale, il s’agit des faits révélés par Mgr Viganò et non d’abord parce que pour être en paix avec sa conscience, celui-ci a décidé de les divulguer au grand public. Il est quand même étrange, et donc suspicieux, de constater que les habituels défenseurs auto-proclamés des droits de la conscience, invoqués à tout bout de champ au nom du respect des droits de l’homme, de la liberté religieuse, de la véritable application de Vatican II ou du droit à la miséricorde, s’offusquent aujourd’hui de voir Mgr Viganò réclamé de vivre en paix avec lui-même. Ne nous y trompons pas ! Il ne s’agit pas ici d’une erreur ou d’un jugement hâtif mais de l’habituel procédé qui refuse la liberté aux ennemis (déclarés tels) de la liberté.

    Ce faisant, sommes-nous, nous aussi, complices ? Complices, par exemple de Mgr Viganò ? On nous presse, en effet, de prendre partie. Avec cette idée en arrière-fond et son enchaînement pervers : si vous êtes pour Mgr Viganò, vous êtes contre le pape François, donc vous êtes de mauvais catholiques ou, pire, vous n’êtes même plus catholiques.

    La preuve se trouverait dans le fait que Mgr Viganò a demandé au terme de son témoignage la démission du pape François. 

    Et alors ? Mgr Viganò a pris sa responsabilité, au regard d’une situation qu’il connaît et des affirmations qu’il a voulu faire connaître pour le bien de l’Église. 

    Par la grâce de Dieu et par état de vie, nous sommes des laïcs, par notre baptême, enfants de Dieu et rachetés par le sang du Christ, au service de l’Église et de la cité, dans la perspective du bien commun. Mais, contrairement à la confusion qui s’est établie dans une partie de l’Église, nous ne confondons pas notre rôle avec celui des clercs et nous ne réclamons pas une partie (ni le tout, d’ailleurs) de ce qui leur revient. Nous croyons à la nécessité des distinctions et nous croyons même au bienfait des hiérarchies dès lors qu’elles s’exercent en vue du bien commun. Nous ne croyons pas non plus aux bienfaits supposés de la démocratie dans l’Église et à cette pureté qui s’imposerait comme par magie du fait qu’elle viendrait du bas. Plus encore, nous croyons que le Christ a fondé l’Église et qu’il l’a établie sur Pierre et les Apôtres et leurs légitimes successeurs. 

    Il ne nous appartient donc pas de demander la démission du Saint-Père, ni même d’œuvrer pour que d’autres la demandent. Ce n’est pas notre vocation. 

    Encore une fois, Mgr Viganò a pris ses responsabilités, nous prenons les nôtres, là où nous sommes, en priant pour ne pas trop nous tromper et en espérant être assez éclairés pour bien servir le Christ et son Église. 

    Celle-ci dans son enseignement, s’est toujours appuyée sur ce que le pape Jean-Paul II appelait les « deux ailes » pour parvenir à la contemplation de la vérité : la foi et la raison. Non pas la foi isolée, seule, ni  non plus, la raison, également solitaire. Mais l’union féconde de l’une et de l’autre. On ne sépare pas ce que Dieu a uni.

    Notre rappel des limites de notre vocation de laïcs, et notre maintien dans ces limites, nous enjoint de croire en la divinité de l’Église, mais ne nous interdit nullement de vouloir comprendre, au mieux, ce qui se passe actuellement au sein de celle-ci. 

    Concernant plus précisément les faits révélés par Mgr Viganò dans son texte de témoignage, nous souhaitons, au fond, deux choses : 

    1°) Que chaque affirmation de Mgr Viganò soit étudiée et jugée selon le droit de l’Église. Ses affirmations sont suffisamment graves et précises pour que l’Église ne puisse se contenter de les balayer comme s’il s’agissait d’un simple mouvement d’humeur. Il y va au fond du salut des âmes. 

    2°) Que l’Eglise profite de cet événement pour se purifier et retrouver toute la fidélité à son fondateur et à sa mission, étant bien entendu que nous parlons ici des hommes d’Église et non de l’Église en tant qu’elle est le Corps mystique du Christ, sainte et immaculée.

    Ici ou là, nous constatons que l’on accuse Mgr Viganò de telle ou telle pensée, de tel calcul, de tel désir plus ou moins caché, plus moins secret. Mais depuis quand dans l’Eglise juge-t-on les intentions et sonde-t-on les reins et les cœurs ? Depuis quand la calomnie est-elle devenue une vertu ? Même au confessionnal, si le confesseur peut prendre en compte les intentions qui lui sont révélées, c’est essentiellement les actes qu’il juge et pour lesquels il demande une réparation proportionnée.

    Nous ne sommes ni les juges, ni les défenseurs de Mgr Viganò. Nous essayons, à notre mesure et selon nos capacités, d’être les serviteurs de l’Église. Avec saint Ambroise, nous nous souvenons que l'Église est “ immaculata ex maculatis ", immaculée mais constituée d'hommes tachés par le péché. 

    Pour que les hommes entachés par le péché se rapprochent de plus en plus de la blancheur immaculée de l’Église, il faut d’abord reconnaître son péché, en avoir contrition, demander pardon et réparer dans la mesure du possible. C’est la condition essentielle pour commencer à retrouver le chemin de la purification. 

    Il faut ensuite comme nous y invite le Prince des Apôtres, être sobre et vigilant, car, explique saint Pierre en sa première Épitre « votre adversaire le diable, rôde comme un lion rugissant, cherchant qui dévorer ; résistez lui fort de votre foi. »

    Cependant, il est évident que même lorsque chaque point du document de Mgr Viganò aura fait l’objet d’une enquête, d’une réponse appropriée et de décisions à la hauteur de l’enjeu de la part de l’autorité légitime, il faudra maintenir le cap, non seulement pour cette purification nécessaire, car la vérité rend libre, mais aussi pour restaurer l’Église dans toute sa splendeur. 

    Nous voyons bien qu’ici ou là, on profite de la situation dramatique actuelle pour faire monter des idées et des « solutions » d’un naturalisme aussi inappropriée qu’inadéquat. Comment peut-on croire que la solution pour l’Église se trouverait dans une plus grande responsabilité donnée aux laïcs, dans une synodalité plus importante, dans des rapports plus démocratiques, dans une place accrue données aux femmes, dans une collégialité étendue à toute l’Église, dans la chasse ouverte au cléricalisme, etc. ?

    S’il y a les fautes personnelles de ceux qui ont failli ; s’il y a la responsabilité de ceux qui se sont organisés en réseaux, il convient de ne pas oublier aussi que l’un des aspects essentiels de la situation de l’Église aujourd’hui se trouve dans cet horizontalisme qui a réduit la foi catholique à un vague sentimentalisme, sans exigences doctrinales et morales, avec l’oubli gravissime de ce qu’est le Salut et le besoin des âmes. Le péché a toujours existé ; des clercs comme des laïcs ont toujours trahi, parfois gravement, aux exigences de leur baptême et du nom de chrétien. Mais toujours ces trahisons personnelles ont été amplifiées aux époques où la foi, le souci du Salut, du bien des âmes, des fins dernières s’étaient trouvés comme voilés aux yeux du plus grand nombre. 

    La crise que nous traversons aujourd’hui prend son appui sur un scandale absolu, mais elle ne se limite pas à ce scandale. Ses racines sont plus profondes, son influence beaucoup plus étendue. Il y a certes le feu et il faut l’éteindre, c’est-à-dire purifier l’Église pour le rendre à elle-même, c’est-à-dire à son Divin Époux. Mais il y a aussi la nécessité de sortir de la crise de la foi, de cet horizontalité, de ce naturalisme, de cette mondanité qui réduit la foi à un vague humanitarisme teintée de spiritualité et l’Église à une institution d’animation spirituelle mondiale. 

    Seul le Pape, les cardinaux et les évêques peuvent prendre les décisions nécessaires. Nous laïcs, nous pouvons prier à cette intention et grandir dans la foi et la sainteté, Dieu aidant. C’est pourquoi, notre demande est simple :

    Très Saint-Père, rendez-nous l’intégrité de la foi catholique pour que nous puissions vivre intégralement en chrétien. 

    Pour notre part, en ces temps de désolation, nous renforçons notre vie de prière, en recourant à l’oraison et au bréviaire, en augmentant notre recours aux sacrements, en nous abreuvant à la source de la doctrine la plus certaine et de la spiritualité la plus sûre, faisant fi des modes, même spirituelles, faisant fi des théologiens de circonstance ou auto-proclamés, mais leur préférant sans hésitation la voix des saints papes et des conciles, des Pères et des Docteurs de l’Église, des grands saints et des martyres. 

    Sans le recours à la doctrine catholique, aux sacrements catholiques, au sacerdoce catholique, à la prière catholique, surtout des vierges et des moines, il n’y aura pas de vraie sortie de ce temps de crise.

    Mais même dans la boue, nous croyons en la sainte Église, catholique et apostolique. Nous croyons en sa blancheur. Et, nous l’aimons ! Notre temps est décidément celui de la Rome éternelle.

  • Chant cistercien à Fontenay le 16 septembre 2018

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  • Quelques réflexions sur les jeunes d'aujourd'hui

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    Vitrines_Synode-jeunes-2018.jpgDu 3 au 8 octobre prochains, se tiendra à Rome un synode consacré à la jeunesse. Dans quel esprit ? Voici une réflexion lue sur le blog du P. Simon Noël osb (abbaye de Chevetogne) dont on souhaiterait qu’elle inspire la démarche de cette assemblée… 

    « Sur le thème de la foi, la vocation et les jeunes, je voudrais vous proposer quelques réflexions et pensées qui me tiennent à cœur. Elles ne sont pas exhaustives mais mettent en lumière quelques aspects importants de la situation actuelle.

    Fécondité et vocations

    Le signe de la présence du Saint-Esprit dans une personne, une communauté ou une institution, c'est la fécondité. La troisième personne de la Sainte Trinité est en effet l'éternelle fécondité en Dieu. A l'origine, l'Esprit planait sur les eaux pour féconder la création. Par exemple, si une communauté religieuse a des vocations et si de nombreux jeunes la rejoignent, c'est bien parce que cette communauté est féconde et que l'Esprit l'anime. Par contre une communauté moribonde où depuis des années il n'y a plus aucune entrée est probablement une communauté sans avenir et d'où l'Esprit semble être sorti. Toutefois pour ces communautés, l'avenir reste inconnu et une résurrection est toujours possible. On a ainsi vu que l'arrivée d'un nouveau supérieur dans une communauté qui semblait morte, un supérieur rempli de l'Esprit, amenait à nouveau des vocations. On peut ici penser à la prophétie des ossements desséchés qui reprennent vie, que nous trouvons dans le prophète Ézéchiel :Alors il me dit : « Fils d'homme, ces ossements pourront-ils revivre ? » Je répondis : « Seigneur, c'est toi qui le sais ». Il me dit : Prophétise sur ces ossements, tu leur diras : Ossements desséchés, écoutez la Parole du Seigneur! Voici ce que dit le Seigneur à ces ossements : Je vais faire qu'un esprit entre en vous, et vous vivrez (Ez. 37, 3-5). Mais la règle générale est bien celle-là : là où demeure l'Esprit, il y a fécondité, il y a vie. De même si dans une paroisse naissent des vocations à la vie sacerdotale ou religieuse, c'est le signe que cette paroisse est bien vivante.

    Se mettre à l'écoute des jeunes

    Dans sa Règle, pleine de sagesse, saint Benoît dit que pour gouverner au jour le jour sa communauté, l'abbé doit s'entourer d'un conseil d'anciens, pour bénéficier de leur expérience et de leur sagesse. Mais quand on réunit le chapitre, au cours duquel tous les moines peuvent s'exprimer, afin de prendre une décision importante, par exemple une orientation fondamentale pour l'avenir, il faut écouter de manière particulière ce que les plus jeunes disent, car l'Esprit parle par leur bouche, comme on peut le voir dans l'histoire de Daniel :Pendant qu'on conduisait Suzanne au supplice, Dieu éveilla l'esprit saint d'une jeune garçon nommé Daniel, et d'une voix forte il cria : « Je suis innocent du sang de cette femme ! » (Daniel, 13, 45-46). Nous devons donc écouter avec un esprit surnaturel ce que les jeunes ont à nous dire et en tenir compte, car Dieu nous parle par eux. Il faut aussi le discernement de la sagesse des anciens mais ce discernement ne doit pas étouffer les intuitions des plus jeunes, il faut seulement parfois en modérer l'ardeur. Ainsi se réalisera dans l’Église un juste équilibre entre les générations.

    Nos devoirs envers les jeunes

    Quel est le devoir envers les jeunes pour construire l'avenir de l’Église ? En particulier que doivent faire les prêtres ? Je vois deux choses fondamentales et de la plus haute importance. La première est celle de la catéchèse. Il faut donner aux jeunes le pain nourrissant d'une bonne formation doctrinale. Elle doit être simple et parfaitement conforme aux enseignements de l’Église, non seulement en ce qui concerne la foi mais aussi en ce qui concerne la morale. Les jeunes ont besoin de points de repère précis et, plus qu'on ne le croit, leur esprit est ouvert à un enseignement authentique. Il faut aussi les initier à la prière personnelle pour qu'ils découvrent l'essentiel, c'est-à-dire une relation d'amitié personnelle, une relation d'intimité avec le Christ, qui les portera pendant toute leur vie. Une deuxième chose est le soin à apporter à la liturgie. Il faut développer dans les âmes des jeunes le sens du sacré, de la louange et de l'adoration et l'importance du silence intérieur. Il faut éviter le piège de la recherche des émotions factices et de la sentimentalité, piège dans lequel on tombe facilement dans la pastorale des jeunes. Le rosaire ou l'adoration silencieuse du Saint-Sacrement trouveront aussi leur place dans cet effort. Il faut que les jeunes découvrent toute la beauté de l'authentique tradition liturgique de l’Église et aussi, comme le dit un livre du cardinal Sarah, toute la force du silence. Car aussi bien la prière que la parole forte ne peuvent jaillir que d'un véritable silence intérieur. On peut aussi signaler que bien souvent l'existence dans une paroisse d'un groupe vivant de servants d'autel favorise l'éclosion de vocations à la vie sacerdotale, car un tel groupe, s'il est bien encadré, génère chez certains acolytes un grand amour de l'eucharistie, qui peut conduire à entendre l'appel du Seigneur.

    Les jeunes et leur évolution spirituelle

    Les jeunes ont spontanément besoin d'un grand idéal et il est plus facile à leur âge d'être fervent que lorsque les années font sentir leur poids et que la routine de l'existence rend la fidélité aux idéaux de la jeunesse plus difficile et plus exigeante. Par contre, par leur manque d'expérience des difficultés de la vie, les jeunes sont parfois portés à être plus catégoriques et à manquer de miséricorde. Cela doit venir avec l'âge. Lorsqu'on a pu faire l'expérience de la misère humaine, on devient plus miséricordieux. Cette entrée progressive dans une attitude de miséricorde est une tendance évidente d'une évolution spirituelle authentique. Le contraire serait un très mauvais signe. Le poète canadien Alden Nowlan a écrit ceci : Le jour où l'enfant se rend compte que tous les adultes ont des défauts, il devient adolescent. Le jour où il pardonne, il devient adulte. Le jour où il se pardonne à lui-même, il devient un sage. Dans le même ordre d'idées, il faut savoir que l'évolution normale d'une vie spirituelle est de passer d'une spiritualité active à une spiritualité de la passivité. Quand on est jeune, on fait des choses pour Dieu, mais quand on est entré dans l'âge mûr, et plus encore dans la vieillesse, on se laisse faire par Dieu, tellement on a conscience de son impuissance radicale. Tôt ou tard dans la vie, on doit faire l'expérience d'un basculement en Dieu et prendre conscience de sa pauvreté humaine. Il faut alors s'abandonner et laisser Dieu faire lui-même ce que nous ne pouvons plus faire par nous-mêmes. Mais les jeunes à leur âge sont ignorants de cette crise du milieu de la vie. Il est donc nécessaire que ceux qui font de l'accompagnement spirituel des jeunes tiennent compte de leur âge spirituel et ne leur parlent pas encore de ce qu'ils ne pourraient pas encore comprendre. Dans le cas des jeunes, il faut encourager leur générosité naturelle et ne jamais oublier qu'ils en sont encore au stade actif de la vie spirituelle et au début de leur évolution spirituelle.

    Obstacles contemporains

    De nos jours, la voix intérieure de Dieu dans la conscience, est souvent étouffée par le genre de vie qui est le nôtre, et cela touche négativement les jeunes. On voit ainsi des enfants qui ont reçu une bonne éducation à la foi, par exemple pour se préparer à la première communion ou à la confirmation, et qui dans l'adolescence se laissent complètement prendre par l'esprit du monde et abandonnent toute vie de prière et de pratique religieuse. Des réalités comme le sport, les jeux électroniques, les réseaux sociaux sur Internet, les téléphones portables monopolisent toute leur attention et leur énergie. Je me souviens d'avoir été une fois invité à la table d'une famille amie. Durant tout le repas, le fils, âgé d'une quinzaine d'années, fut entièrement absorbé par son téléphone portable et fut ainsi complètement absent de la conversation. Dans une communauté monastique, dont l'hôtellerie accueille des retraitants, on a dû récemment interdire au réfectoire l'usage des téléphones et des tablettes. Il y a là un véritable problème. Certains sont ainsi en communication ininterrompue avec le monde entier et ne sont plus capables de faire attention à leur voisin immédiat. Tout cela s'oppose à une vie de silence, d'intériorité et de prière. Il faut aussi ajouter que la civilisation de l'image ainsi que des nouvelles sensationnelles qui est la nôtre empêche la réflexion profonde. Ne faut-il pas envisager de véritables périodes de sevrage pour aider nos contemporains, spécialement les jeunes, à retrouver un équilibre mental et spirituel ? Une bonne œuvre pour les jeunes serait de les inciter à faire quelques jours de vraie retraite dans un monastère ou à participer à des pèlerinages pédestres dans la nature en direction de l'un ou l'autre sanctuaire ou lieu de pèlerinage.

    Une chose que l'on remarque de plus en plus dans les jeunes générations, c'est la grande difficulté à s'engager pour la vie, que ce soit dans le mariage ou dans la vie sacerdotale ou religieuse. Les jeunes sont souvent tout à fait capables de générosité ponctuelle, dans le bénévolat par exemple envers les pauvres ou pour des expériences fortes comme le pèlerinage à Compostelle. Mais se donner à quelque chose de grand et pour toujours leur semble au-dessus de leurs possibilités humaines.

    En guise de conclusion

    Quand on voit la jeunesse d'aujourd'hui, on est frappé par un phénomène nouveau. Il semblerait que de nos jours il y ait deux types de jeunes et que le contraste entre la lumière et les ténèbres se soit accentué : certains jeunes se laissent complètement happés par les fausses valeurs du monde, tandis que d'autres cherchent les valeurs spirituelles d'une manière beaucoup plus forte qu'on ne l'a vu dans le passé, période en laquelle les choses semblaient plus mêlées. Prions afin que les jeunes qui décident de vivre pour le Christ, et qui sont ainsi la lumière du monde de demain et l'avenir de l’Église, puissent être des témoins de l’Évangile pour ceux de leur génération qui sont encore loin de Dieu.

    Quelques réflexions sur les jeunes d’aujourd’hui

    JPSC

  • Baudouin et Fabiola, l'itinéraire spirituel d'un couple

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    Du site des éditions Artège :

    Baudouin et Fabiola

    L'itinéraire spirituel d'un couple 

    image baudouin-et-fabiola-9791033607571

    Date de parution : 19.09.2018

    EAN : 9791033607571

    Nombre de pages : 224

    Catégorie : Grandes figures

    Présentation :
    Chaque couple a son histoire. Et quand un couple règne sur la Belgique, il appartient aussi à l'Histoire. Bernadette Chovelon retrace ici la vie du roi Baudouin et de son épouse Fabiola, depuis leur romanesque rencontre jusqu'à ce que la mort les sépare. Elle nous fait découvrir l'intimité de leur vie spirituelle comme leur action publique face aux événements qui ont bouleversé l'histoire de la Belgique.
    Cet ouvrage, unique dans son approche, révèle le lien le plus fort de leur mariage : leurs vies étroitement unies sous le regard de Dieu et données aux autres. On ne pouvait laisser sous le boisseau cette spiritualité vécue à deux, tant elle rayonne et peut inspirer tous les couples !

    Bernadette Chovelon, enseignante, titulaire d'une licence de philosophie et d'un doctorat de lettres, a écrit avec Bernard Chovelon, son mari, L'aventure du mariage chrétien, ouvrant ainsi au grand public les lignes de la spiritualité conjugale, tracées par le père Caffarel, fondateur des Équipes Notre-Dame.
  • Liège : messe dominicale de rentrée le 2 septembre à 10h00 en l’église du Saint-Sacrement

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    Saint-Sacrement 1er dimanche du mois_sept2018.jpg

    Le dimanche 2 septembre prochain, 15eme après la Pentecôte, sera aussi celui de la rentrée après les vacances d’été.

    L’église du Saint-Sacrement à Liège (Bd d’Avroy, 132) offrira à 10 heures une célébration particulièrement soignée sur le plan musical.  

    anne-sylvie-300x200.jpgLes mélodies grégoriennes au programme illustreront les paroles associant au récit de la résurrection du fils de la veuve de Naïm la miséricorde du Seigneur rappelant les pauvres pécheurs à la vie spirituelle par le sacrement du pardon. L’offertoire, l’élévation et la communion seront aussi accompagnés au violon et au violoncelle par l’Ensemble instrumental Darius qui jouera des extraits d’œuvres d’Antonio Vivaldi et d’Arcangelo Corelli, deux figures emblématiques du répertoire baroque. A l’orgue : Patrick Wilwerth, professeur au conservatoire de Verviers

    La messe sera l’occasion d’accueillir l’abbé Marc-Antoine Dor, nouveau membre de l’équipe pastorale affectée à l’église du Saint-Sacrement.  

    Plus de renseignements : tel 344 10 89  ou email : sursumcorda@skynet.be

    Extrait musical: le graduel du XVe dimanche après la pentecôte: 

    __________

    Sursum Corda asbl, Association pour la sauvegarde de l’église du Saint-Sacrement au Boulevard d’Avroy, 132 à Liège. Siège social : Rue Vinâve d’île, 20 bte 64. Tel. 04.344.10.89. E-mail : sursumcorda@skynet.be.

    Web : http://eglisedusaintsacrementliege.hautetfort.com

    Faire un don pour la restauration de l’église ? Compte bancaire : IBAN BE58 0003 2522 9579 BIC BPOTBEB1 de l’asbl « Sursum Corda, Vinâve d’île ,20/64, 4000 Liège. Mention : « pour la restauration de l’église ».

    JPSC

  • Le pape François réussira-t-il à redresser la barque de saint Pierre ce week-end en mer d’ Irlande ?

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    Face à une opinion catholique désorientée par les révélations sans fin de scandales sexuels dans le clergé (une première « lettre au peuple de Dieu » n’a pas calmé les esprits), on attend le pasteur suprême (et sa garde cardinalice rapprochée) sur deux points : la sortie, dès ce week-end, d’un document normatif et juridique (un de plus?) pour renforcer la lutte contre les prêtres « pédophiles » et leurs complices épiscopaux mais aussi un discours s’adressant aux autorités irlandaises après la libéralisation de l’avortement dans une atmosphère d’apostasie nationale, sans oublier un moment de populisme bergoglien au Croke Park Stadium de Dublin. Cela suffira-t-il ? De Jean-Marie Guénois dans le « Figaro » :

     « Le voyage du Pape en Irlande, samedi 25 et dimanche 26 août, sera-t-il dominé par le contexte de crise internationale liée aux prêtres pédophiles? La publication par François d'une grave «Lettre au peuple de Dieu» à ce sujet le 20 août, a survolté ce débat. Et la sortie, attendue dans la foulée de ce week-end irlandais, d'un document complémentaire du Vatican - normatif et juridique pour renforcer la lutte contre les prêtres pédophiles et contre certains évêques que le Pape accuse de «complicités» vis-à-vis de ces «atrocités» - renforcera cette thématique.

    D'autant que l'Irlande, 5 millions d'habitants et catholique à 76 %, a perdu la moitié de ses pratiquants en trente ans! À la suite, précisément, des affaires de prêtres pédophiles. Le scandale y a éclaté en même temps qu'aux États-Unis. Le Vatican a d'ailleurs confirmé que le Pape rencontrera des victimes de prêtres pédophiles lors de cette 24e visite hors d'Italie depuis son élection en 2013. Enfin, plusieurs archevêques américains de poids, Wuerl à Washington et O'Malley à Boston, ont décliné l'invitation irlandaise la semaine dernière, sur fond de crise pédophile rouverte aux États-Unis.

    L'objet de ce voyage, dont la décision, tardive, a été mûrement réfléchie par François n'est pourtant pas la pédophilie, mais la famille. La Rencontre mondiale des familles, neuvième édition du genre après son lancement par Jean-Paul II en 1994, en constitue le prétexte. Ce qui explique la brièveté de ce déplacement. Et le fait que François ne se rende pas en Irlande du Nord, sous contrôle britannique.

    Il vient donc essentiellement participer à ce congrès international - 103 pays représentés - qui a lieu tous les trois ans dans une grande ville du monde, la dernière édition s'étant déroulée à Philadelphie. Mais, là aussi, le contexte irlandais est très tendu pour ce pays catholique, s'il en est un en Europe, avec la Pologne et l'Italie. Après une longue résistance catholique, le mariage homosexuel et l'avortement y ont été finalement adoptés par référendum, respectivement en mai 2015 et mai 2018. L'Irlande a même été le premier pays du monde à adopter le mariage homosexuel également par référendum.

    Ouverture vers les divorcés remariés

    Pour les catholiques, observe, dans La Croix, l'archevêque de Dublin, Mgr Diarmuid Martin, il ne s'agit plus de «rêver du passé» ou à «l'âge d'or révolu d'un catholicisme dominant dans le pays». Il faut plutôt réinventer «la manière d'être chrétien dans un environnement plus hétérogène». Ce prélat, qui fut longtemps le collaborateur du cardinal Etchegaray à Rome, compte sur le charisme de François pour faire passer le message: «Il apparaît aux Irlandais comme un pape moderne, capable de toucher leurs cœurs. En présentant l'enseignement catholique d'une manière qui n'impose pas, mais qui invite, il porte le souci de former les consciences et non de les formater.» Ce qui pourrait, espère-t-il, «toucher tous ceux qui ont gardé l'image d'une Église irlandaise très moralisante par le passé…»

    De fait, le programme de cette rencontre internationale des familles - 45.000 personnes inscrites pour des célébrations religieuses, des conférences et des ateliers - est totalement orienté sur l'exhortation apostolique «Amoris Laetitia». Ce document, publié après les deux synodes sur la famille (2014, 2015) et leur ouverture à l'accueil plus large des divorcés remariés, n'a pas toujours été bien accueilli par une bonne partie des catholiques. Le pape François vient encore de le défendre jeudi dans la presse anglaise, en affirmant qu'«Amoris Laetitia» est dans «la continuité» de l'enseignement de l'Église. Ce que contestent certains théologiens et cardinaux. La présence et l'intervention à Dublin de plusieurs cardinaux, importants et proches de François, attestent donc de sa volonté de faire admettre ce texte et de créer une mentalité catholique, moins «moralisante» sur ces sujets.

    » LIRE AUSSI - Pédophilie: la lente prise de conscience de l'Église 

    Ainsi de Christoph Schönborn, archevêque de Vienne (Autriche), d'Oscar Maradiaga, archevêque de Tegucigalpa au Honduras, et membre du C9, le groupe restreint qui conseille le Pape, de Blase Cupich, récemment créé cardinal et nommé à Chicago (États-Unis). Ils seront en Irlande, tout comme le jésuite américain James Martin, directeur de la revue America, qui intervient sur «l'accueil et le respect dans les paroisses des LGBT et leurs familles». Soit la mise en exergue de l'homosexualité dans l'Église, validée par Rome. Ce qui a déjà créé une polémique.

    Le Pape rencontrera les participants de ce congrès lors d'une veillée samedi soir au Croke Park Stadium de Dublin où chantera le ténor Andrea Bocelli, et le dimanche après-midi lors d'une immense messe en plein air. Mais il va aussi s'adresser aux autorités du pays lors d'un discours très attendu, peu après son arrivée, dans le contexte de l'adoption récente de l'avortement. Il y a aura aussi, dimanche matin, au sanctuaire de Knock, un échange, plus intime et désiré par François, avec le cœur catholique de ce pays. Ce lieu d'apparition marial au nord-ouest du pays est le «Lourdes» irlandais. »

    Ref. En Irlande, le pape François très attendu sur la question de la pédophilie

    Un regard silencieux vers Marie immaculée est sans doute ce dont, les uns et les autres, nous avons le plus besoin.

    JPSC

  • Keur Moussa ou quand le chant grégorien prend des airs africains

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    De Domitille Farret d’Astiès sur le site « aleteia » :

    "Le monastère bénédictin de Keur Moussa, situé à cinquante kilomètres de Dakar, vit au rythme de la liturgie de l'Église. Une liturgie singulière qui mêle chant grégorien et instruments traditionnels africains.

    la-communautc3a9-de-keur-moussa.jpgL’abbaye de Keur Moussa a été fondée en 1963 par neuf moines originaires de l’abbaye Saint Pierre de Solesmes (diocèse du Mans). L’archevêque de Dakar de l’époque, Mgr Marcel Lefèbvre, avait demandé cette fondation en milieu musulman afin d’apporter là-bas un témoignage de vie de prière chrétienne. Frère Jean-Marie Vianney Rouzeaud, l’actuel prieur du monastère, explique à Aleteia que la vie monastique, née en Égypte, a des origines africaines. Il ajoute que la Règle de saint Benoît, composée au VIème siècle en Italie, a permis au cours des siècles « des adaptations très heureuses sur tous les continents et dans toutes les cultures ». Ainsi, elle a pu s’accorder avec les traditions culturelles du Sénégal.

    L’une des particularités de cette maison réside dans le fait que les frères ont travaillé la liturgie en l’adaptant à  la culture, s’appuyant en particulier sur l’accompagnement de la kora, un instrument de musique à cordes. Cette harpe-luth d’origine mandingue – les Mandingues sont un peuple d’Afrique de l’ouest – est composée d’une demi-calebasse recouverte d’une peau de vache ou de chèvre. Vingt et une cordes sont fixées sur son manche. Les frères fabriquent eux-mêmes l’instrument au sein du monastère.

    Lire aussi :

    En quoi la liturgie nous entraîne-t-elle à la prière ?

    Pour le prieur, « chaque monastère est une famille avec ses particularités »Au cours des cinq décennies qui se sont écoulées depuis la fondation de Keur Moussa, la liturgie accompagnée de la kora a caractérisé le monastère. En 1967, les frères enregistrent leur premier disque. Leur liturgie est aujourd’hui utilisée dans tous les monastères de l’Afrique de l’ouest, qui ont pris pour modèle les méthodes musicales de l’abbaye bénédictine.

    Une liturgie adaptée à la culture

    Frère Jean-Marie Vianney explique que le chant grégorien est un chant sacré très riche, qui a largement inspiré largement les compositeurs de Keur Moussa, en particulier frère Dominique Catta, maître de chœur durant plus de 40 ans. Pour lui, la musique était un moyen privilégié de faire l’expérience de Dieu. Il faisait partie des religieux envoyés en terre sénégalaise pour la fondation de l’abbaye.

    À l’époque, l’Église invitait les missionnaires à enraciner l’Évangile dans les traditions locales. La Constitution sur la sainte liturgie indique que « puisque, dans certaines régions, surtout en pays de mission, on trouve des peuples possédant une tradition musicale propre qui tient une grande place dans leur vie religieuse et sociale, on accordera à cette musique l’estime qui lui est due » (n° 119).

    Frère Dominique s’est donc intéressé aux instruments africains tels que le balafon, le djembé ou les tambours. Ayant découvert la kora grâce à la radio, il s’est pris de passion pour cet instrument. D’autres frères l’ont aidé à composer et à mettre en place la liturgie de l’abbaye. On trouve à sa base les valeurs grégoriennes. Frère Jean-Marie Vianney décrit « un chant paisible » qui n’est « ni sentimental, ni excitant. Plein de nuances, il met surtout la Parole de Dieu en évidence. La kora avec ses vingt et une cordes, et maintenant chromatique, permet l’accompagnement de ces mélodies », et en particulier « du chant des psaumes ». Des chants qui ont un parfum de Paradis.

    Lire aussi :

    Quand un artiste décide d’enregistrer tous les chants grégoriens de la liturgie catholique

    Ref. Keur Moussa ou quand le chant grégorien prend des airs africains

    Très belle psalmodie chorale, simple et sereine valorisant la parole portée par l’homme intérieur !   Mais, cela suffit-il pour la qualifier de grégorienne et de surcroît africaine du fait de l’usage d’un balafon? Paradoxalement, la missa luba lancée par un missionnaire belge en 1958 avec les petits troubadours congolais du Roi Baudouin, alors que la colonie vivait (sans le savoir) ses derniers jours insouciants sans se préoccuper d’acculturation, reflète beaucoup mieux, à mon avis, une alliance réussie entre les élans spirituels de la musique modale du moyen âge et ceux de la piété populaire et joyeuse de l’âme africaine. Pour mémoire, cet extrait :

    JPSC

  • Benoît XVI : quelques grains de sel dans le dialogue judéo-chrétien

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    B XVI et les juifs d222709a-039e-11df-a2cf-ac9375520f0e.jpgNous avons fait écho ici : Quand Benoît XVI suscite la polémique sur la question du dialogue judéo-catholique à la controverse suscitée par la publication récente dans la revue « communio » d’un texte du pape émérite Benoît XVI. Plusieurs rabbins germanophones et théologiens chrétiens l’ont en effet âprement critiqué.

    Première question : la nouvelle alliance se substitue-t-elle à l’ancienne ?  Evoquant l’abandon de la théorie catholique dite de la « substitution », Joseph Ratzinger confirme qu’à son sens aussi Israël n’a pas été remplacé par l’Eglise et que l’alliance ancienne n’a jamais été révoquée mais il ajoute que cette déclaration (qui date de Vatican II)  est trop «  imprécise ».

    Les dons de Dieu sont irrévocables mais depuis Adam nous savons qu’il arrive à l’homme de rompre les contrats. Si l’on disculpe le peuple élu de toute responsabilité dans le drame de la passion et de la croix,  l’alliance première ne serait pas dissoute, Jésus ayant dit lui-même qu’il était venu non pour l’abolir mais pour l’accomplir. Reste que la synagogue  est demeurée aveugle  à cet accomplissement universel et définitif en Jésus-Christ. Pourquoi l’Eglise  devrait-elle nécessairement taire au peuple juif cette bonne nouvelle destinée à tous les hommes sans exception ? Cette question devrait faire l’objet d’un examen plus « approfondi »

    Deuxième question : la fondation contemporaine  de l’Etat d’Israël se justifie-t-elle par un droit divin inscrit dans la Parole délivrée par l’Ecriture sainte comme le donne à croire un certain rabbinat? A ce compte, il faut alors réfléchir aussi au sens de l’exil de Babylone, de la destruction irrémédiable du Temple au 1er siècle de notre ère, de la diaspora et de la dispersion multiséculaire des Juifs symbolisée par le personnage d’Ahasvérus (le Juif errant). Pour Benoît XVI, la fondation d’Israël est une conséquence de la Shoah, un événement purement politique : elle n’a aucune signification théologique et ne fait pas partie de l’histoire de la rédemption.  

    Dans l’un et l’autre cas, Benoît XVI est dans la continuité de sa pensée. Dans un de ses premiers entretiens avec Peter Seewald, publié en 1997 ( "Le sel de la terre" chez Flammarion/Cerf, pp. 238  et sq), ces deux questions sont déjà clairement abordées, sinon résolues :

    A propos de l’Ecriture Sainte d’Israël :

    « […] Grâce à l’existence de l’Ancien Testament, qui fait partie de la Bible chrétienne, il y a toujours eu une profonde parenté intérieure entre christianisme et judaïsme. Mais précisément ce bien commun lui-même était une cause de discorde : les juifs avaient pour ainsi dire le sentiment que nous leur avions volé la Bible  –et que nous ne la vivions pas. Ils en étaient, pensaient-ils, les véritables propriétaires. Inversement, la chrétienté avait le sentiment que les juifs faisaient une lecture erronée de l’Ancien Testament, qu’on ne pouvait lire avec justesse que dans une perspective ouverte sur le Christ. Les juifs l’ont pour ainsi dire enfermé en eux et lui ont ôté sa direction intérieure. Ainsi, la possession chrétienne de l’Ancien Testament a poussé les chrétiens contre les juifs, jusqu’à leur dire : vous avez certes cette Bible, mais vous ne l’utilisez pas comme il le faut, vous devez encore faire cet autre pas.

    D’autre part, il y a toujours eu dans le christianisme, depuis le IIe siècle, des mouvements qui voulaient rejeter l’Ancien Testament ou du moins en réduire l’importance. Même si cela n’est jamais devenu la doctrine officielle de l’Eglise, une certaine sous-estimation de l’Ancien Testament était largement répandue dans la chrétienté. Naturellement, si on ne lit que les prescriptions légales ou les histoires cruelles au pied de la lettre, on peut finir par penser "comment cela pourrait-il être notre Bible ? " et de là vient aussi un anti-judaïsme chrétien. Quand, dans les temps modernes, les chrétiens ont abandonné l’interprétation allégorique grâce à laquelle leurs pères avaient « christianisé » l’Ancien Testament, ils ont pris une nouvelle distance avec ce livre : il faut réapprendre à le lire. 

    Nous devons vivre de nouveau notre appartenance commune en l’histoire d’Abraham, où s’inscrivent en même temps notre séparation et notre parenté, en respectant le fait que les juifs ne lisent pas l’Ancien Testament  les yeux fixés sur le Christ, mais sur cet inconnu qui va encore venir. Leur foi ne va donc pas dans la même direction que nous. Et nous espérons, inversement, que les juifs pourront comprendre que, même si nous lisons l’Ancien Testament à une autre lumière, nous essayons de partager ensemble la foi d’Abraham et ainsi de pouvoir vivre intérieurement tournés les uns vers les autres » car « c’est comme juif fidèle à la Loi que Jésus a dépassé le judaïsme et a voulu réinterpréter tout l’héritage , en l’incluant dans une nouvelle fidélité, encore plus grande  (…) ».

    A propos de l’Etat d’Israël :

    « Terre promise, terre due ? » Ratzinger n’évoque jamais aucun argument biblique ou d’ordre religieux pour justifier la décision du Vatican de reconnaître cet Etat :

    « La fondation de l’Etat d’Israël après la Seconde Guerre mondiale correspondait à un décret des Nations-Unies ; on reconnaissait au peuple juif le droit d’avoir son propre Etat, un pays à soi. Mais, selon le droit des peuples, le tracé des frontières demeurait contesté ; comme on le sait les réfugiés arabes ont quitté en grand nombre le nouvel Etat et doivent vivre pour ainsi dire entre plusieurs Etats, dans une situation extrêmement problématique et très mal définie.

    Dans ces cas-là, le Vatican attend toujours que se forment des relations juridiquement claires. Ainsi a-t-il aussi attendu pour les anciennes frontières orientales  de l’Allemagne et il n’y a établi de nouveaux diocèses qu’au moment où la politique orientale de Brands a réglé les questions litigieuses entre la Pologne et l’Allemagne ; avec la République démocratique allemande, on sait qu’il n’y eut jamais de relations diplomatiques.

    En Israël, le problème de Jérusalem s’est encore ajouté au reste : il semblait douloureux que la Ville Sainte  de trois religions put devenir la capitale d’un seul Etat, religieusement marqué. Ici aussi, il fallait attendre des éclaircissements. Finalement, un accord précis sur la situation juridique des chrétiens et des institutions chrétiennes dans le nouvel Etat a paru souhaitable. »

    JPSC

  • Etats-Unis : une crise très grave touche le coeur même de l'Eglise selon le cardinal Burke

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    Du National Catholic Register (traduction rapide à l'aide de translate.google.be) :

    Cardinal Burke: Nous sommes confrontés à une grave crise touchant le cœur de l'Église

    Le prélat a été interviewé sur les derniers scandales sur The World Over le 16 août de Raymond Arroyo sur EWTN.

    WASHINGTON - Le cardinal Raymond Burke a déclaré jeudi que l’Eglise catholique était confrontée à "une crise très grave" due à la défaillance lourde de conséquences de certains évêques. Pour lui, une "sérieuse perte de confiance dans nos bergers" doit être rétablie après les scandales d'abus sexuels aux États-Unis.

    "Nous sommes confrontés à une crise très grave, qui touche au coeur même de l’Eglise, car notre Seigneur agit pour la garde du troupeau à travers ces bergers ordonnés pour agir en sa personne, enseignant, célébrant les sacrements et gouvernant l'Église", a déclaré le cardinal Burke dans une interview sur The World Over  de Raymond Arroyo sur EWTN le 16 août.

    Le cardinal Burke, 70 ans, est préfet émérite de la signature apostolique. Il est récemment revenu à Rome après une visite d'un mois aux États-Unis. Il a déclaré qu'il n'avait "jamais entendu autant de colère, tant de déception, tant de frustration de la part de bons fidèles catholiques" que lors de cette visite aux États-Unis.

    "Nous sommes ici face au plus grave des péchés. ... Nous devons concentrer notre attention là-dessus et faire ce qui est juste en ce qui concerne toutes les parties impliquées. "

    "Pour l'évêque qui a fauté gravement dans ce domaine, les recours pénaux de l'Église sont aussi des recours expiatoires pour son bien. Ils concernent principalement le bien du troupeau parce qu'un évêque est un évêque désigné pour prendre soin du troupeau. "

    "Que l'évêque s'en prenne au troupeau, commettant des péchés mortels, c'est tout simplement inacceptable, et cela doit cesser", a déclaré le cardinal Burke.

    La seule façon de restaurer cette confiance "est d'aller au fond de cette affaire et de veiller à ce que cela ne se produise plus", a-t-il déclaré.

    Il est de la responsabilité du pape de recevoir des accusations contre un évêque et d'enquêter sur eux, a-t-il souligné. "Cela ne fait pas partie de la responsabilité de la conférence des évêques", a-t-il déclaré, faisant référence à la déclaration du 16 août des évêques américains sur les procédures d'enquête et de signalement des fautes des évêques.

    "En ce qui concerne le développement de nouvelles procédures, les procédures ont été inscrites dans la loi de l'Eglise pendant des siècles. Elles ont simplement, surtout ces derniers temps, été méconnues et n'ont pas été suivies ", a-t-il poursuivi.

    "L’Eglise catholique aux Etats-Unis connaît peut-être l’une des crises les plus graves qu’elle ait jamais connues", a déclaré le cardinal Burke. "Il faut le reconnaître et le traiter de manière approfondie, dans la fidèlité à la loi morale de l'Eglise, à l'Eglise elle-même et à la charge des évêques."

    Il a déclaré que l'enquête du grand jury en Pennsylvanie devait être étudiée très attentivement. "C'est simplement une question qui doit être abordée avec raison et vérité. Lorsque nous découvrons que l'action appropriée n'a pas été menée par un évêque, alors cet évêque doit être corrigé. Si un évêque a fauté très gravement, alors il faut simplement qu'il soit démis. "

    "Ce que nous voyons en ce moment dans l’Eglise, au détriment de tant d’âmes, et aussi au scandale du monde en général, c’est que l’Eglise, qui devrait être un phare, est impliquée dans une telle crise."

    "Je pense que nous devons reconnaître ... une apostasie de la foi. Je crois qu'il y a eu une apostasie pratique au niveau de la foi en ce qui concerne toutes les questions concernant la sexualité humaine; cela commence principalement par l’idée qu’il peut y avoir une activité sexuelle légitime en dehors du mariage, ce qui, bien sûr, est faux, complètement faux. "

    "Je crois en ce moment, non seulement en ce qui concerne cette crise dont nous parlons, mais en ce qui concerne plusieurs autres situations dans l'Eglise, que le diable est très actif", a déclaré le cardinal Burke.

    Il a souligné que "nous devons mener toutes les activités raisonnables pour parvenir à la vérité et essayer de rétablir la justice dans l’Eglise, mais en même temps, nous avons tous besoin de prier toujours plus ardemment pour l’Eglise et et entreprendre d'autres sacrifices pour le bien de l'Église. Nous avons vraiment besoin d’avoir de sérieux actes de réparation pour les souffrances infligées fidèles, aux membres du troupeau de Notre Seigneur; c’est notre responsabilité.

    "Je ne peux que pousser chacun à se rapprocher de Notre Seigneur, qui nous conduit et nous guide. Il ne nous abandonnera jamais. "

  • Quand Benoît XVI suscite la polémique sur la question du dialogue judéo-catholique

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    Lu sur le site "Benoît et moi" :

    Le théologien Benoît XVI toujours actif

    ... et toujours percutant - et c'est la bonne nouvelle. Un essai sur le dialogue judéo-catholique, qu'il a écrit fin 2017 et qui est aujourd'hui publié dans la revue Communio crée la polémique (certains parlent de bombe!!), notamment dans certains milieux juifs. (16/8/2018) 

    >>> Le texte de l'essai de Benoît XVI est disponible en allemand ici: www.communio.de 

    Pour le moment, nous devons nous contenter d'extraits distillés au compte-gouttes par la presse. Seule la lecture du texte complet pourra permettre de vérifier que les extraits choisis ne sont pas grossis exagérément, cités hors-contexte, voire déformés. 
    Mois d'août oblige, sans doute, mais curieusement, l'article de Benoît XVI (qui en réalité est daté du mois d'octobre 2017, et qui ne paraît qu'aujourd'hui dans Communio) a reçu peu d'écho dans les médias;

    J'ai choisi de traduire, en plus de la réflexion de Marco Tosatti, que j'avais lue en premier, cet article de Il Giornale, un quotidien moins partisan que d'autres, qui tout en reprenant à peu près les mêmes éléments me paraît fournir un aperçu équilibré.

    Force est de constater que ses ennemis ne désarment pas (voir par exemple le ton de l'article publié sur le site de La Vie)

    BENOÎT XVI REPRIS POUR SON NOUVEL ARTICLE SUR LE DIALOGUE JUDÉO-CATHOLIQUE

    Matteo Orlando - 14 août 2018 - www.ilgiornale.it

    Ma traduction

    * * *

    Plusieurs rabbins germanophones et théologiens chrétiens critiquent âprement Benoît XVI. Le rabbin Homolka: «Il encourage un nouvel antisémitisme sur bases chrétiennes»

    ----

    Plusieurs rabbins germanophones et théologiens chrétiens ont brutalement critiqué le pape Benoît XVI pour son récent article sur le dialogue judéo-chrétien qui paraît dans le dernier numéro de la revue internationale Communio.

    Il s'agit d'un instrument de formation théologique que Joseph Ratzinger lui-même avait co-fondé en 1972 avec deux importants théologiens de l'époque, Hans Urs von Balthasar et Henri de Lubac.

    L'article de 20 pages, publié dans l'édition allemande du numéro de juillet-août de Communio, est daté du 26 octobre 2017 et signé «Joseph Ratzinger-Benoît XVI».

    À l'origine, il a été écrit comme une réflexion sur le 50e anniversaire du document du Concile Vatican II Nostra Aetate, la déclaration de 1965 sur les rapports de l'Église avec les religions non chrétiennes, et devait servir d'instrument de formation à usage interne pour le dicastère pontifical dirigé par le cardinal Kurt Koch, qui est président du Conseil pontifical pour la promotion de l'unité des chrétiens et de la Commission pour les Relations Religieuses avec les juifs.

    Lire la suite sur "Benoît et moi"

  • Quand Paul VI, le pape de la réforme conciliaire, se faisait le chantre du culte eucharistique...

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    Du site "Paix liturgique" :

    PAUL VI : "COMME S'IL ÉTAIT LOISIBLE A QUI QUE CE SOIT DE LAISSER DANS L'OUBLI LA DOCTRINE PRÉCÉDEMMENT DÉFINIE PAR L'EGLISE"

    MYSTERIUM FIDEI , un texte « extraordinaire » du pape de la messe « ordinaire »

    (...) nous sommes heureux de vous proposer un beau texte du pape Paul VI, une sorte de texte « extraordinaire » du pape de la messe « ordinaire » : l'encyclique Mysterium Fidei, publiée le 3 septembre 1965, à la veille de la quatrième et dernière session de Vatican II.

    L'encyclique intervenait alors que le grand chambardement de la réforme liturgique était commencé : par le motu proprio Sacram liturgiam du 25 janvier 1964, Paul VI avait lancé la réforme et institué la Commission pour l'Application de la constitution sur la liturgie. C'est aussi en 1965 que commençait le grand effondrement du catholicisme, manifesté par celui de la pratique dominicale, dans ce climat de « révolution culturelle » qu'avait favorisé de fait le Concile (voir notre Lettre 632 recensant le livre de Guillaume Cuchet : Comment notre monde a cessé d'être chrétien, Anatomie d'un grand effondrement, Seuil, février 2018).

    Paul VI, pontife complexe à l'âme tourmentée, que l'on a souvent comparé à Hamlet, voulant et ne voulant pas, alors même qu'il ouvrait toutes grandes les vannes par ses réformes, tentait oralement d'endiguer le torrent. D'où son Credo du Peuple de Dieu, du 30 juin 1968 ; d'où son encyclique Humanæ vitæ, du 25 juillet 1968 ; et d'où, auparavant, l'encyclique Mysterium Fidei. « Nous savons en effet que parmi les personnes qui parlent ou écrivent sur ce mystère très saint, il en est qui répandent au sujet des messes privées, du dogme de la transsubstantiation et du culte eucharistique certaines opinions qui troublent les esprits des fidèles : elles causent une grande confusion d'idées touchant les vérités de la foi, comme s'il était loisible à qui que ce soit de laisser dans l'oubli la doctrine précédemment définie par l'Église ou de l'interpréter de manière à appauvrir le sens authentique des termes ou énerver la force dûment reconnue aux notions. » Certains, écrivait Paul VI, voulaient que la présence réelle soit exprimée différemment. Des théories parlant de « transsignification » ou de « transfinalisation » (le signe sacramentel occasionnerait un changement de signification ou de finalité du pain et du vin) entendaient se substituer au terme, dogmatiquement consacré, de transsubstantiation. 

    Ainsi, quoi qu'il en soit des responsabilités de Paul VI, et peut-être même à cause d'elles, cette sainte exhortation à "promouvoir, sans épargner paroles et efforts, le culte eucharistique, vers lequel en définitive doivent converger toutes les autres formes de piété" n'en a que plus de prix. Nous pouvons parfaitement l'appliquer à notre expérience spirituelle, théologique et vitale de la forme extraordinaire du rite romain, la plus parfaite expression de notre foi en la sainte Eucharistie.

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  • L’Assomption : Marie en son royaume

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    Pourquoi l’Assomption occupe-t-elle une place si importante dans le calendrier liturgique… et spécialement en France ? De Jean-Michel Castaing sur le site « Aleteia » :

    assomption.jpg« La fête de l’Assomption tombe au beau milieu de l’été. Le 15 août : cette date ne doit rien au hasard. La montée de Marie à la gloire céleste, « avec son corps et son âme » selon les termes de la définition dogmatique de Pie XII, arrive lorsque les temps sont mûrs. L’Assomption marque en effet la fin de la moisson du mystère pascal. Il en constitue le couronnement, le fruit achevé, avec la Toussaint (le dogme fut d’ailleurs proclamé le premier novembre 1950). Avec l’entrée de Marie au ciel, la rédemption dans le Christ atteint sa pleine consommation.

    Cependant, malgré sa notoriété, beaucoup de nos contemporains se demandent pourquoi cette fête possède une telle importance dans le calendrier liturgique. Quatre raisons (plus une en France), — mais il en existe bien d’autres — justifient la place de ce mystère marial dans le catholicisme.

    La maternité universelle de la Vierge

    Tout d’abord, la montée de Marie à la gloire céleste est la condition de possibilité de l’exercice de sa maternité spirituelle à notre égard. L’Assomption est une investiture : la maternité de la Vierge y prend toute son efficacité. Au ciel, la Vierge nous entoure de sa sollicitude, tout en menant le combat de Dieu contre Satan, car nul ne se bat mieux qu’une mère pour ses enfants.

    L’Assomption, en consacrant la maternité de Marie, révèle la vérité ultime du corps humain. Qu’est-ce que le corps ? Il est ce qui, en nous, est tourné vers le monde, vers les autres et vers Dieu. Le corps exprime cette faculté de sortir de nous-mêmes. Aussi Marie, assumée au ciel en son corps et son âme, est-elle maintenant en relation continuelle avec le monde et tous les hommes.

     

    Lire aussi :

    Quelles sont les fêtes mariales majeures ?

    Le mystère du corps humain au Ciel

    L’Assomption, en portant au jour la dimension centrale du corps humain dans la personne de la Mère du Christ, nous révèle également le mystère intime de nos personnes. Le corps constitue en effet comme le sacrement de notre intimité, l’épaisseur de notre être appelé à ressusciter avec le Christ. De ce point de vue, la montée de Marie à la gloire céleste, en tant qu’icône prophétique de l’Église appelée à vivre en et avec Dieu, signale qu’aucune dimension de nos personnes ne sera laissée de côté dans l’éternité. Dieu les recueillera au contraire toutes, en les intégrant les unes aux autres.

    Là où la postmodernité morcelle les individus, les saucissonne en tranches (haut, bas, milieu, intelligence, affect, corps, âme, spirituel, amour, plaisir, etc.), le mystère de l’Assomption nous met devant les yeux ce qui fait la grandeur de la divinisation de l’être humain : l’intégration en Dieu de toutes ses composantes. Par ailleurs, l’Assomption est prophétique du règne de l’homme sur le cosmos : le corps glorieux institue une relation nouvelle de nos personnes à la matière.

    Lire aussi :

    Que se passe-t-il à notre mort ?

    Icône de l’Église éternelle

    L’Assomption nous dévoile également notre destinée finale. Nous ne savons plus quoi penser de l’au-delà. Privés d’enseignements sur les fins dernières, les esprits se retrouvent parfois livrés aux mains inquiétantes de prédicateurs jouant sur les peurs et les ignorances. La transfiguration de la Vierge dans la gloire nous présente le ciel sous un jour nouveau. Le monde céleste n’est plus une réalité désincarnée. À la droite du Ressuscité du jour de Pâques, se tient sa Mère glorifiée en son corps. « La terre nouvelle et les cieux nouveaux » salués par l’Apocalypse, sont habités par des êtres humains de chair et de sang. Comment mieux dire cette vérité que la grâce ne détruit pas la nature, mais la porte à son accomplissement ? Toujours les temps de la maturité du 15 Août…

    Le mystère de la femme

    « Un signe grandiose apparut dans le ciel : une Femme ! » (Ap 12, 1). L’Assomption révèle enfin le mystère de la femme. Le moment est venu de s’interroger pour savoir si le christianisme ne détiendrait pas la clé de compréhension de ce mystère. « Plus une femme est chrétienne, plus elle est femme » disait Léon Bloy. On devine les haussements d’épaules des bien-pensants face à une telle affirmation. Sans se laisser intimider, les chrétiens auraient tout intérêt à explorer cette piste afin de confondre les faux-sages de la postmodernité à ce sujet.

    La suite ici : L’Assomption : Marie en son royaume

    JPSC