Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Foi - Page 646

  • JMJ à Cracovie : rencontre cordiale entre le pape et les évêques polonais

    IMPRIMER

    C’est par une longue rencontre avec les évêques polonais qu’a commencé le voyage du pape, mercredi 27 juillet, en Pologne. Selon  J.-M. Dumont dans « Famille chrétienne », la rumeur d'un « sermon » du pape aux évêques polonais, présentés par certains médias comme trop conservateurs et « insuffisamment en phase » avec les positions de François, s'est révélée fausse. 

    « Bienvenue à Cracovie ! », « nous nous réjouissons de ta présence et nous te remercions ! » : c’est par ces mots chaleureux que le cardinal Stanisław Dziwisz, ancien secrétaire particulier de Jean-Paul II et actuel archevêque de Cracovie, a accueilli hier soir le pape François dans « sa » cathédrale. Un discours prononcé au nom des quelque 130 évêques polonais réunis autour de lui dans le célèbre édifice du Wavel, pour l’une des toutes premières étapes de ce voyage du pape en Pologne : une rencontre à huis clos avec les chefs de l’Église catholique polonaise.

    Cette rencontre s’est déroulée dans « un climat très chaleureux », selon Stanisław Gądecki, archevêque de Poznan et président de la conférence épiscopale polonaise. Ces derniers jours, des rumeurs avaient circulé, laissant entendre que le pape allait « sermonner » les évêques polonais, présentés par certains médias comme trop conservateurs et « insuffisamment en phase » avec les positions du pape François. Apparemment, ces catégorisations médiatiques se sont une nouvelle fois avérées fausses. 

    « Les Polonais aiment le pape, quel qu’il soit » 

    « Les médias progressistes aiment faire croire qu’il y a un fossé entre les évêques polonais et le pape François, estime un bon connaisseur de l’Église polonaise. C’est exactement comme à l’époque communiste : le pape Jean XXIII était présenté comme très bon et les évêques polonais comme pas assez ouverts. Or les Polonais aiment le pape, quel qu’il soit, sont profondément attachés à lui ».

    Si l’on connaît certains thèmes qui ont été évoqués lors de cette rencontre (la sécularisation en Europe, les œuvres de miséricorde, l’intégration des mouvements dans la vie paroissiale, l’accueil des réfugiés), ce n’est que plus tard qu’on saura avec davantage de précision la teneur précise de ce long échange entre le pape et les évêques polonais. Pour l’heure, c’est avant tout la chaleur et l’enthousiasme qui apparaissent à chaque pas de ces premières heures du voyage du pape en Pologne.

    Le discours d’accueil de l’archevêque de Cracovie 

    pape-francois-jmj-2016-eveques-polonais_article.jpg« Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! » Par ces paroles de l’Évangile, je te souhaite la bienvenue à Cracovie, à la cathédrale du Wavel. Dans les murs de ce temple, depuis un millier d’années, est gardée vive la mémoire de la nation polonaise, la mémoire des grands événements de notre histoire, de nos victoires et défaites, de nos souffrances et de nos espérances. Ici bat le cœur de la Pologne ! Ici repose l’évêque de Cracovie et martyr, saint Stanislas, intrépide défenseur des droits de l’homme, qui au XIe siècle a donné sa vie pour défendre le peuple et qui est devenu le patron de l’ordre moral de notre Patrie. Dans cette cathédrale a souvent célébré l’eucharistie l’évêque métropolite de Cracovie, le cardinal Karol Wojtyła. C’est d’ici qu’en octobre 1978 il est parti pour Rome, pour devenir l’évêque de la Ville éternelle. Il est retourné ici plusieurs fois en tant que Jean-Paul II. Aujourd’hui, l’évêque de Rome est venu à nous, pour vivre ces journées, avec les jeunes du monde entier, la fête de la foi, pour nous confirmer tous dans la foi, pour montrer au monde le visage jeune et miséricordieux de l’Église. Comment ne pas remercier le Tout-Puissant pour tout ce que nous sommes en train de vivre, à l’occasion du 1050e anniversaire du baptême de la Pologne et de l’Année sainte de la Miséricorde ? Saint Père, nous te souhaitons la bienvenue avec une grande joie ! Ta présence parmi nous rend plus profonde notre conscience d’appartenir à l’Église universelle, qui dépasse les limites des nations, des cultures et des langues. Nous prêterons une oreille attentive à tes paroles. Nous tiendrons les yeux fixés sur ton amical visage. Saint Père, bienvenue ! Nous nous réjouissons et nous te remercions ! » 

    J.-M. Dumont

    Ref. Les évêques polonais accueillent chaleureusement le pape François

     JPSC

     Les JMJ à Cracovie

  • Homélie du pape François à Czestochowa lors de la messe célébrée ce 28 juillet à l'occasion du 1050e anniversaire du baptême de la Pologne

    IMPRIMER

    Des lectures de cette Liturgie émerge un fil divin, qui passe par l’histoire humaine et tisse l’histoire du salut.

    L’apôtre Paul nous parle du grand dessein de Dieu : « Lorsqu’est venue la plénitude des temps, Dieu a envoyé son Fils, né d’une femme » (Ga 4, 4). Toutefois, l’histoire nous dit que lorsqu’est venue cette ‘‘plénitude des temps’’, c’est-à-dire lorsque Dieu s’est fait homme, l’humanité n’était pas particulièrement bien disposée et il n’y avait même pas une période de stabilité et de paix : il n’y avait pas un ‘‘âge d’or’’. La scène de ce monde ne méritait donc pas la venue de Dieu, tout au contraire, « les siens ne l’ont pas reçu » (Jn 1, 11). La plénitude des temps a été alors un don de grâce : Dieu a rempli notre temps de l’abondance de sa miséricorde ; par pur amour,– par pur amour ! – il a inauguré la plénitude des temps.

    Surtout, la manière dont se réalise la venue de Dieu dans l’histoire est frappante : ‘‘né d’une femme’’. Aucune entrée triomphale, aucune manifestation imposante du Tout-Puissant : il ne se montre pas comme un soleil éblouissant, mais il entre dans le monde de la manière la plus simple, comme un enfant de sa mère, de cette manière dont nous parle l’Écriture : comme pluie sur la terre (cf. Is 55, 10), comme la plus petite des semences qui germe et grandit (cf. Mc 4, 31-32). Ainsi, contrairement à ce à quoi nous nous attendrions et que peut-être nous voudrions, le Royaume de Dieu, maintenant comme autrefois, « n’est pas observable » (Lc17, 20), mais vient dans la petitesse, dans l’humilité.

    L’Évangile d’aujourd’hui reprend ce fil divin qui traverse délicatement l’histoire : de la plénitude des temps, nous passons au ‘‘troisième jour’’ du ministère de Jésus (cf. Jn 2, 1) et à l’annonce du ‘‘maintenant’’ du salut (cf. v. 4). Le temps se resserre, et la manifestation de Dieu s’accomplit toujours dans la petitesse. Tel fut ‘‘le commencement des signes que Jésus accomplit’’ (v. 11) à Cana de Galilée. Il n’y a pas un geste éclatant accompli devant la foule, et même pas une intervention qui résout une question politique brûlante, comme la soumission du peuple à la domination romaine. Plutôt, dans un petit village, un miracle simple est accompli, qui réjouit le mariage d’une jeune famille, tout à fait anonyme. Pourtant, l’eau changée en vin à la fête de noces est un grand signe, parce qu’elle nous révèle le visage nuptial de Dieu, d’un Dieu qui se met à table avec nous, qui rêve et qui réalise la communion avec nous. Elle dit que le Seigneur ne maintient pas la distance, mais qu’il est proche et concret, qu’il est au milieu de nous et prend soin de nous, sans décider à notre place et sans s’occuper de questions de pouvoir. Il aime à se faire contenir dans ce qui est petit, contrairement à l’homme, qui tend à vouloir posséder quelque chose de toujours plus grand. Être attiré par la puissance, par la grandeur et par la visibilité est tragiquement humain, et constitue une grande tentation qui cherche à s’introduire partout ; se donner aux autres, supprimer les distances, en demeurant dans la petitesse et en habitant concrètement le quotidien, est typiquement divin.

    Lire la suite

  • Homélie du cardinal André Vingt-Trois – Messe pour les victimes de Saint-Étienne du Rouvray

    IMPRIMER

    Sur le site de l’Eglise catholique de Paris :

    Vingt Trois et Hollande.jpg

    Mesdames et Messieurs,

    Frères et Sœurs,

    1. Seigneur, nous as-tu abandonnés ?

    « Serais-tu pour moi un mirage, comme une eau incertaine ? »En ce moment terrible que nous vivons, comment ne ferions-nous pas nôtre ce cri vers Dieu du prophète Jérémie au milieu des attaques dont il était l’objet ? Comment ne pas nous tourner vers Dieu et comment ne pas Lui demander des comptes ? Ce n’est pas manquer à la foi que de crier vers Dieu. C’est, au contraire, continuer de lui parler et de l’invoquer au moment même où les événements semblent remettre en cause sa puissance et son amour. C’est continuer d’affirmer notre foi en Lui, notre confiance dans le visage d’amour et de miséricorde qu’il a manifesté en son Fils Jésus-Christ.

    Ceux qui se drapent dans les atours de la religion pour masquer leur projet mortifère, ceux qui veulent nous annoncer un Dieu de la mort, un moloch qui se réjouirait de la mort de l’homme et qui promettrait le paradis à ceux qui tuent en l’invoquant, ceux-là ne peuvent pas espérer que l’humanité cède à leur mirage. L’espérance inscrite par Dieu au cœur de l’homme a un nom, elle se nomme la vie. L’espérance a un visage, le visage du Christ livrant sa vie en sacrifice pour que les hommes aient la vie en abondance. L’espérance a un projet, le projet de rassembler l’humanité en un seul peuple, non par l’extermination mais par la conviction et l’appel à la liberté. C’est cette espérance au cœur de l’épreuve qui barre à jamais pour nous le chemin du désespoir, de la vengeance et de la mort.

    C’est cette espérance qui animait le ministère du P. Jacques Hamel quand il célébrait l’Eucharistie au cours de laquelle il a été sauvagement exécuté. C’est cette espérance qui soutient les chrétiens d’Orient quand ils doivent fuir devant la persécution et qu’ils choisissent de tout quitter plutôt que de renoncer à leur foi. C’est cette espérance qui habite le cœur des centaines de milliers de jeunes rassemblés autour du Pape François à Cracovie. C’est cette espérance qui nous permet de ne pas succomber à la haine quand nous sommes pris dans la tourmente. 

    Cette conviction que l’existence humaine n’est pas un simple aléa de l’évolution voué à la destruction inéluctable et à la mort habite le cœur des hommes quelles que soient leurs croyances et leurs religions. C’est cette conviction qui a été blessée sauvagement à Saint-Étienne du Rouvray et c’est grâce à cette conviction que nous pouvons résister à la tentation du nihilisme et au goût de la mort. C’est grâce à cette conviction que nous refusons d’entrer dans le délire du complotisme et de laisser gangrener notre société par le virus du soupçon.

    On ne construit pas l’union de l’humanité en chassant les boucs-émissaires. On ne contribue pas à la cohésion de la société et à la vitalité du lien social en développant un univers virtuel de polémiques et de violences verbales. Insensiblement, mais réellement cette violence virtuelle finit toujours par devenir une haine réelle et par promouvoir la destruction comme moyen de progrès. Le combat des mots finit trop souvent par la banalisation de l’agression comme mode de relation. Une société de confiance ne peut progresser que par le dialogue dans lequel les divergences s’écoutent et se respectent. 

    1. La peur de tout perdre

    La crise que traverse actuellement notre société nous confronte inexorablement à une évaluation renouvelée de ce que nous considérons comme les biens les plus précieux pour nous. On invoque souvent les valeurs, comme une sorte de talisman pour lequel nous devrions résister coûte que coûte. Mais on est moins prolixe sur le contenu de ces valeurs, et c’est bien dommage. Pour une bonne part, la défiance à l’égard de notre société, – et sa dégradation en haine et en violence – s’alimente du soupçon selon lequel les valeurs dont nous nous réclamons sont très discutables et peuvent être discutées. Pour reprendre les termes de l’évangile que nous venons d’entendre : quel trésor est caché dans le champ de notre histoire humaine, quelle perle de grande valeur nous a été léguée ? Pour quelles valeurs sommes-nous prêts à vendre tout ce que nous possédons pour les acquérir ou les garder ? Peut-être, finalement, nos agresseurs nous rendent-ils attentifs à identifier l’objet de notre résistance ?

    Quand une société est démunie d’un projet collectif, à la fois digne de mobiliser les énergies communes et capable de motiver des renoncements particuliers pour servir une cause et arracher chacun à ses intérêts propres, elle se réduit à un consortium d’intérêts dans lequel chaque faction vient faire prévaloir ses appétits et ses ambitions. Alors, malheur à ceux qui sont sans pouvoir, sans coterie, sans moyens de pression ! Faute de moyens de nuire, ils n’ont rien à gagner car ils ne peuvent jamais faire entendre leur misère. L’avidité et la peur se joignent pour défendre et accroître les privilèges et les sécurités, à quelque prix que ce soit. 

    Est-il bien nécessaire aujourd’hui d’évoquer la liste de nos peurs collectives ? Si nous ne pouvons pas nous en affranchir, en nommer quelques-unes nous donne du moins quelque lucidité sur le temps que nous vivons. Jamais sans doute au cours de l’histoire de l’humanité, nous n’avons connu globalement plus de prospérité, plus de commodités de vie, plus de sécurité, qu’aujourd’hui en France. Les plus anciens n’ont pas besoin de remonter loin en arrière pour évoquer le souvenir des misères de la vie, une génération suffit. Tant de biens produits et partagés, même si le partage n’est pas équitable, tant de facilités à vivre ne nous empêchent pas d’être rongés par l’angoisse. Est-ce parce que nous avons beaucoup à perdre que nous avons tant de peurs ?

    L’atome, la couche d’ozone, le réchauffement climatique, les aliments pollués, le cancer, le sida, l’incertitude sur les retraites à venir, l’accompagnement de nos anciens dans leurs dernières années, l’économie soumise aux jeux financiers, le risque du chômage, l’instabilité des familles, l’angoisse du bébé non-conforme, ou l’angoisse de l’enfant à naître tout court, l’anxiété de ne pas réussir à intégrer notre jeunesse, l’extension de l’usage des drogues, la montée de la violence sociale qui détruit, brûle, saccage et violente, les meurtriers aveugles de la conduite automobile… Je m’arrête car vous pouvez très bien compléter cet inventaire en y ajoutant vos peurs particulières. Comment des hommes et des femmes normalement constitués pourraient-ils résister sans faiblir à ce matraquage ? Matraquage de la réalité dont les faits divers nous donnent chaque jour notre dose. Matraquage médiatique qui relaie la réalité par de véritables campagnes à côté desquelles les peurs de l’enfer des prédicateurs des siècles passés font figure de contes pour enfants très anodins. 

    Comment s’étonner que notre temps ait vu se développer le syndrome de l’abri ? L’abri antiatomique pour les plus fortunés, abri de sa haie de thuyas pour le moins riche, abri de ses verrous, de ses assurances, appel à la sécurité publique à tout prix, chasse aux responsables des moindres dysfonctionnements, bref nous mettons en place tous les moyens de fermeture. Nous sommes persuadés que là où les villes fortifiées et les châteaux-forts ont échoué, nous réussirons. Nous empêcherons la convoitise et les vols, nous empêcherons les pauvres de prendre nos biens, nous empêcherons les peuples de la terre de venir chez nous. Protection des murs, protection des frontières, protection du silence. Surtout ne pas énerver les autres, ne pas déclencher de conflits, de l’agressivité, voire des violences, par des propos inconsidérés ou simplement l’expression d’une opinion qui ne suit pas l’image que l’on veut nous donner de la pensée unique.

    Silence des parents devant leurs enfants et panne de la transmission des valeurs communes. Silence des élites devant les déviances des mœurs et légalisation des déviances. Silence des votes par l’abstention. Silence au travail, silence à la maison, silence dans la cité ! A quoi bon parler ? Les peurs multiples construisent la peur collective, et la peur enferme. Elle pousse à se cacher et à cacher. 

    C’est sur cette inquiétude latente que l’horreur des attentats aveugles vient ajouter ses menaces. Où trouverons-nous la force de faire face aux périls si nous ne pouvons pas nous appuyer sur l’espérance ? Et, pour nous qui croyons au Dieu de Jésus-Christ, l’espérance c’est la confiance en la parole de Dieu telle que le prophète l’a reçue et transmise : « Ils te combattront, mais ils ne pourront rien contre toi, car je suis avec toi pour te sauver et te délivrer. Je te délivrerai de la main des méchants, je t’affranchirai de la poigne des puissants. »

    « Mon rempart, c’est Dieu, le Dieu de mon amour. »

    Amen !

    Cardinal André VINGT-TROIS

    Archevêque de Paris. »

    Ref.Homélie du cardinal André Vingt-Trois – Messe pour les victimes de Saint-Étienne du Rouvray

    JPSC

  • Journées mondiales de la jeunesse: à Cracovie, le pape Francois marche sur des œufs

    IMPRIMER

    C’est ce que croit pouvoir constater Christian Laporte dans la « Libre Belgique »  (extrait) :

    « Depuis une semaine et demie, des milliers de jeunes catholiques cheminent dans la prière mais aussi dans la joie et la bonne humeur vers la Pologne qui accueille pour la 2e fois depuis leur création en 1984 les Journées mondiales de la jeunesse. Après Czestochowa, haut lieu marial s’il en est, en août 1991, cap est mis cette fois sur la capitale culturelle, Cracovie, autre ville chère à Jean-Paul II.

    Né non loin de là, à Wadowice, il y fit ses études et y fut ordonné tout en menant une riche vie culturelle avant de s’envoler au propre et au figuré vers Rome. Déjà élevé à la dignité des autels, le pape polonais est devenu naturellement le saint patron des ou plutôt de "ses" JMJ. Et Dieu sait si le culte des saints reste fort dans un pays de tradition catholique à l’Est de l’Europe…

    Le fidèle secrétaire 

    On estime entre un million et demi et deux millions le nombre de jeunes pèlerins qui, issus de plus de 80 nationalités, participeront au programme proprement dit de ce grand "pow wow des jeunes cathos" qui a démarré mardi par une célébration solennelle présidée par l’actuel archevêque et ancien secrétaire du pape précité, le cardinal Stanislas Dziwisz. A ses côtés trônaient les symboles des JMJ : la grande croix de plus de trois mètres, instaurée lors de l’année sainte de la rédemption, en 1984, et l’icône de la Vierge Salus Populi Romani, signe de protection maternelle pour les jeunes qui portaient la marque de fabrique de Karol Wojtyla. C’est dire si en filigrane de la rencontre on a déjà évoqué et on évoquera beaucoup la personnalité du père des JMJ. 

    Le pardon et la miséricorde

    Et qu’on n’arrêtera pas de faire des comparaisons entre le pape d’hier et l’actuel qui, jusque sur les banderoles déployées devant les églises doit se contenter d’un portrait plus petit que son prédécesseur. Reste que sur le fond, les thématiques développées il y a un quart de siècle et ces prochains jours sont proches : Jean-Paul II insista sur le pardon là où l’actuel évêque de Rome a tout placé sous le thème de l’année de la miséricorde.

    N’empêche que François devra tenir compte de l’actuel contexte polonais. Jean-Paul II s’imposait dès qu’il apparaissait; grande conscience morale de la Pologne sous le joug, il incarnait son pays et ses valeurs et surtout il les sortit de l’enfer du communisme.

    De son côté, le pape argentin marche sur des œufs parce que l’Eglise locale y emprunte désormais souvent les voies gouvernementales les plus conservatrices. Et sur pas mal de dossiers, l’Eglise polonaise n’approuve que du bout des lèvres certaines audaces de Jorge Mario Bergoglio. Là où François plaide, actes à l’appui pour l’accueil des réfugiés - jusqu’à en ramener plusieurs au Vatican après sa visite sur l’île de Lesbos - l’Eglise polonaise demanda timidement de créer "un couloir humanitaire pour les migrants", sous-entendant avec le pouvoir politique qu’ils ne sont pas vraiment les bienvenus.

    Trop ouvert à l’islam et sur le plan moral

    Puis, on n’apprécia pas non plus dans les cénacles ecclésiaux locaux d’autres gestes d’ouverture tel le fait d’avoir choisi des musulmans pour le lavement des pieds du Jeudi saint. Enfin, même si le pape François reste "prudentissime" sur les concessions qu’il voudrait faire en matière morale - un plus grand respect pour les homosexuels mais aussi plus d’ouvertures vers les divorcés remariés et le recours à la contraception - on ne peut perdre de vue que les catholiques polonais se tiennent toujours à une certaine rigueur doctrinale en la matière.

    Pour toutes ces raisons, on n’est pas étonnés d’apprendre que François rencontrera la Conférence épiscopale polonaise… à huis clos et ne rendra en principe pas public le discours qu’il lui adressera. Ces débats échappent sans nul doute aux jeunes venus des quatre coins de la planète, venus surtout vivre leur foi sans complexes. 

    Selon une enquête du magazine "La Vie", ils ont en moyenne 20 ans et ne craignent plus de dire qu’ils sont engagés. En allant au moins une fois par semaine à la messe mais aussi en concrétisant leur foi sur le terrain par des engagements divers. Simplement mais fermement et sans être des "grenouilles de bénitier"… Là, ils croiseront sans nul doute le pape François avant la messe finale de dimanche prochain… »

    Ref. Journées mondiales de la jeunesse: à Cracovie, le pape Francois marche sur des œufs

    JPSC

  • Que faire face au risque de martyre en Occident ?

    IMPRIMER

    Que faire face au risque de martyre en Occident ?

    Suite au martyre du Père Jacques Hamel le 26 juillet 2016 (égorgé au nom d'Allah dans son église), la réaction de l'archevêque de Rouen est un appel au jeûne et la prière, y compris pour l'âme des bourreaux. C'est certes la réaction première, celle qui doit motiver l'attitude intérieure.

    Mais attention à ne pas négliger le réalisme de l'l'attitude extérieure : Assistance à personne en danger, légitime défense. Seul un religieux n'ayant pas charge d'âme ou de famille peut, passivement, donner sa vie et se laisser tuer.

    Ce réalisme accompagné de prière est résumé par saint Ignace de Loyola par cette phrase : "Prie parce que Dieu fait tout et agis comme si Dieu ne faisait rien".

    Par Arnaud Dumouch, 2016

  • Journées Mondiales de la Jeunesse 2016 : le cardinal-archevêque de Cracovie a célébré la messe d’ouverture

    IMPRIMER

    Cracovie JMJ.jpg

    JMJ : d’où venons-nous ? Puis, où en sommes-nous, en ce moment de notre vie ? Enfin, où allons-nous et qu’allons-nous emporter avec nous après ces JMJ ?  Extrait de l’homélie du Cardinal Dziwisz, lu sur le site « L’évangile de la vie » :

    -D’où venons-nous ? Nous venons de « toutes les nations sous le ciel » (Act. ap. 2, 5), comme ceux qui se sont rassemblés le jour de la Pentecôte à Jérusalem. Nous sommes cependant bien plus nombreux qu’il y a deux mille ans, car nous avons derrière nous deux millénaires de transmission de l’Évangile aux quatre coins du monde. Nous apportons avec nous la richesse de nos cultures, de nos traditions et de nos langues. Nous apportons avec nous les expériences de nos Églises locales. Nous apportons avec nous les témoignages de foi et de sainteté des générations passées et de la génération actuelle de nos frères et sœurs, des disciples du Seigneur ressuscité.

    Nous venons des régions du monde, où les hommes vivent en paix, où les familles sont des communautés d’amour et de vie et où les jeunes peuvent réaliser leurs rêves. Il y a parmi nous des jeunes, qui vivent dans des pays, où les gens souffrent des conflits et des guerres, où les enfants meurent de faim, où les chrétiens sont terriblement persécutés. Il y a des jeunes parmi nous, qui viennent de pays où règne la violence, le terrorisme aveugle, où le gouvernement abuse de son pouvoir sur l’homme et le peuple, animé par une folle idéologie.

         Nous venons avec nos propres expériences de l’Évangile vécue au quotidien dans ce monde difficile. Nous venons avec nos peurs et nos déceptions, mais aussi nos nostalgies et nos espoirs, nos désirs de vivre dans un monde plus humain, plus fraternel et solidaire. Nous nous rendons compte de nos faiblesses, mais nous croyons, que « l’on peut tout en celui qui nous donne la force » (Phil. 4, 13). Nous pouvons faire face aux défis du monde actuel, où l’homme doit choisir entre la foi et l’incroyance, entre le Bien et le Mal, entre l’amour et sa négation.

    - Où sommes-nous aujourd’hui, à quel endroit, à quel moment de notre vie ? Nous sommes venus de près et de loin. Bon nombre d’entre nous ont parcouru des milliers de kilomètres et ont investi beaucoup dans ce voyage pour pouvoir être ici aujourd’hui. Nous sommes à Cracovie, ancienne capitale de Pologne, où la lumière de la foi est arrivée il y a mille cinquante ans. L’histoire de la Pologne n’était pas facile, mais nous avons toujours essayé de rester fidèles à Dieu et à l’Évangile.

    Nous sommes ici, car Jésus nous y a réunis. Il est la lumière du monde. Celui qui Le suit ne marchera pas dans les ténèbres, il aura la lumière de la vie. Il est le Chemin, la Vérité et la Vie. À qui d’autre irions-nous ?  Il n’y a que Jésus Christ qui est capable de satisfaire les désirs les plus profonds du cœur humain. C’est lui qui nous a guidés jusqu’ici. Il est présent parmi nous. Il nous accompagne comme ses disciples qui marchaient vers Emmaüs. Remettons-lui toutes nos affaires, nos peurs et nos espoirs. Il nous questionnera sur notre amour pour Lui, comme il a questionné Simon Pierre. Ne fuyons pas devant la réponse à cette question.

    En rencontrant Jésus, nous découvrons que nous formons une grande communauté, l’Église, qui dépasse les frontières humaines et qui divisent les hommes construites par l’homme divisant les hommes.  Nous sommes tous des enfants de Dieu rachetés par le sang de Son Fils Jésus Christ. Vivre l’universalité de l’Église est une expérience incroyable des Journées Mondiales de la Jeunesse. C’est de nous, de notre foi et de notre sainteté que dépend l’image de l’Église. C’est notre rôle d’apporter l’Évangile à ceux qui ne connaissent pas encore le Christ, ou ne le connaissent pas encore assez.

    Demain nous accueillerons le successeur de St Pierre, le pape François. Après demain nous lui souhaiterons la bienvenue sur ce même lieu. Les jours suivants nous pourrons l’écouter et prier avec lui. La présence du Pape aux Journées Mondiales de la Jeunesse est une très belle caractéristique de cette fête de la foi.

      -Enfin troisième et dernière question : où allons-nous et qu’allons-nous emporter avec nous ? Notre rencontre va durer seulement quelques jours, durant lesquels nous vivrons une expérience spirituelle très intense, qui ne va pas sans peine. Puis nous rentrerons dans nos foyers, auprès de nos proches, dans nos écoles, universités et lieux de travail. Peut-être prendrons-nous des décisions importantes ? Peut-être choisirons-nous un nouveau but dans nos vies ? Peut-être entendrons-nous la voix du Christ qui nous demandera de tout laisser et de le suivre ?

          Qu’emporterons-nous ? Mieux vaut ne pas répondre trop vite, mais relevons néanmoins le défi. Partageons ce que nous avons de plus précieux. Partageons notre foi, nos expériences, nos espoirs. Chers jeunes amis, formez vos esprits et vos cœurs. Ecoutez les catéchèses prêchées par les évêques, écoutez attentivement le pape François. Participez de tout votre cœur à la sainte liturgie. Expérimentez l’amour miséricordieux du Seigneur dans le sacrement de la réconciliation. Découvrez aussi les sanctuaires de Cracovie, les richesses de la culture de cette ville, ainsi que l’hospitalité de ses habitants et des villages environnants, où vous trouverez le repos après une rude journée.

    Cracovie vit des mystères de la Miséricorde Divine, entres autres grâce à Ste Faustine et à St Jean-Paul II, qui ont sensibilisé l’Église et le monde à cette face de l’amour de Dieu. En rentrant dans vos pays, vos maisons et vos communautés, emportez avec vous l’étincelle de la miséricorde en rappelant à tous, qu’« heureux les miséricordieux car ils obtiendront miséricorde » (Mt 5, 7). Apportez aux autres la flamme de votre foi et allumez de nouvelles flammes, afin que les cœurs des hommes battent en rythme avec le cœur du Christ, qui est un « foyer ardent de l’amour ». Que la flamme de l’amour embrase notre monde, afin qu’il n’y ait plus d’égoïsme, de violence et d’injustice, que notre monde soit affermi par la civilisation de la bonté, de la réconciliation, de l’amour et de la paix.

          Le prophète Isaïe nous parle aujourd’hui « qu’ils sont beaux les pas du messager qui porte la bonne nouvelle » (Isaïe 52, 7). Apportez au monde la Bonne Nouvelle. Donnez le témoignage que ça vaut la peine de lui remettre notre destin. Ouvrez grand au Christ les portes de vos cœurs. Annoncez avec conviction, comme l’Apôtre  Paul, que « ni la mort ni la vie, […] ni aucune autre créature, rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu qui est dans le Christ Jésus notre Seigneur » (Rom. 8, 38-39).

    Amen. »

    Ref JMJ : homélie du Cad Dziwisz, lors de la Messe d'ouverture

    « C’est de nous, de notre foi et de notre sainteté que dépend l’image de l’Église. C’est notre rôle d’apporter l’Évangile à ceux qui ne connaissent pas encore le Christ, ou ne le connaissent pas encore assez. » (Cardinal Dziwisz)

    JPSC

  • Attentat de Saint-Etienne-du-Rouvray : le Cardinal-Archevêque de Paris s’exprime

    IMPRIMER

    De Jean-Marie Guénois dans le « Figaro » :

    « INTERVIEW - Après l'attentat de Saint-Étienne-du-Rouvray, le cardinal André Vingt-Trois, archevêque de Paris, dit avoir «le cœur soulevé de voir tant de haine et de violence s'exprimer dans notre société». Il revient, pour Le Figaro, sur ce drame.

    Le FIGARO. - Que peut signifier, selon vous, le fait que ce soit des catholiques qui aient été visés?

    Mgr VINGT-TROIS. - Cela correspond malheureusement à des appels répétés des fanatiques de Daech pour attaquer de toutes les façons possibles ceux qu'ils considèrent comme des impies, voire des mécréants. Il est clair que la référence chrétienne, la foi au Christ et la vie de l'Église sont désignées comme une cible légitime. D'ailleurs, l'expression universelle d'effroi qui a saisi notre pays montre bien que tous, croyants ou non, ressentent que cette attaque touche au cœur de notre culture commune.

    Est-ce un drame isolé, une provocation ou un piège?

    Le piège auquel nous sommes exposés est justement de nous dresser les uns contre les autres.

    Tout cela n'est pas contradictoire. La stratégie du terrorisme diffus consiste justement à susciter des actes isolés et imprévisibles pour développer une psychose de peur et encourager les chocs entre les différentes composantes de notre société. Le piège auquel nous sommes exposés est justement de nous dresser les uns contre les autres et de nous tromper d'adversaire. Ces actes de violence ont justement pour but de faire prospérer la haine et de banaliser la violence. Les récents attentats, en France et en Allemagne, ont hélas montré combien des personnalités fragiles pouvaient être séduites par le vedettariat de l'horreur.

    Que dites-vous aux catholiques?

    N'oubliez pas les paroles du Christ: «Si mon Royaume était de ce monde, mes gardes auraient combattu pour que je ne sois pas livré.» Nous savons que notre foi en Dieu peut susciter l'incompréhension, le mépris, la haine et même la violence. Mais nous savons aussi que nous sommes disciples de celui qui a renoncé à exercer la puissance pour convaincre. Ne laissons pas la haine empoisonner nos cœurs.

    Que dites-vous aux musulmans?

    Ne laissez pas les extrémistes du califat pervertir le Dieu auquel vous voulez croire. Vous avez le droit d'être français et musulmans. Vous avez le droit de croire que Dieu n'est pas un monstre qui se repaît du sang des infidèles.

    Nous avons pu surmonter les périls par notre capacité et notre volonté de ­vivre une certaine solidarité nationale.

    Que dites-vous aux Français?

    Dans toutes les épreuves que notre pays a traversées, nous avons pu surmonter les périls par notre capacité et notre volonté de vivre une certaine solidarité nationale. Mais nous avons aussi montré notre capacité à transformer les désaccords en débats d'idées. Quand nous sommes menacés par un risque de fragmentation, nous devons être d'autant plus attentifs à exercer notre liberté démocratique dans le respect mutuel. La médiatisation de la haine par l'exhibition des polémiques gangrène notre pratique de la démocratie.

    Allez-vous demander au gouvernement des mesures de protection des églises?

    Nous sommes très reconnaissants aux pouvoirs publics et aux forces de sécurité d'y affecter des moyens. Mais il ne faut pas être dupe. C'est un mauvais procès de reprocher aux forces de sécurité de ne pas prévoir l'imprévisible. Ce serait leurrer nos concitoyens de leur laisser croire qu'il y a une protection sans faille devant le genre d'attaques que nous voyons se développer.

    Cet acte marque-t-il un tournant?

    Oui, je le pense. Nos références historiques de conflits armés sont des références classiques où des pays sont opposés les uns aux autres, où des armées se font face. Ce serait une grave erreur stratégique de croire que l'élément militaire de Daech joue un rôle comparable et constitue la seule cause des violences que nous connaissons. À supposer que Daech soit définitivement vaincu, il nous restera à faire face aux causes du terrorisme qui sont chez nous et pas seulement outre-mer. Depuis dix-huit mois, on a beaucoup fait référence aux valeurs républicaines, mais il faudrait encore que nous développions ce que nous voulons dire et quel prix nous sommes prêts à payer pour les défendre.

    Certains parlent de guerre de religions, les suivez-vous?

    L'Europe a malheureusement une expérience historique des guerres de religions. Les meilleurs historiens ont depuis longtemps montré que la thématique religieuse de ces guerres relayait opportunément des intérêts qui n'avaient rien de religieux. Il en est de même aujourd'hui. Je ne vois pas à quelle guerre de religions correspondrait l'extermination par les fanatiques de Daech de milliers de musulmans. S'il y a un enjeu religieux dans cette guerre, c'est de savoir si le Dieu auquel on se réfère veut la mort de l'homme ou sa vie. »

    Ref. Mgr Vingt-Trois: «Croyants ou non, nous ressentons que cette attaque touche au cœur de notre culture commune»

     JPSC

  • Le sacrifice du Matin

    IMPRIMER

    L’Etat islamique a revendiqué hier un nouvel acte de terrorisme en France : le P. Jacques Hamel, 86 ans,  a été égorgé dans l’église de Saint-Etienne du Rouvray (Seine maritime), au pied de l’autel où il terminait la célébration de sa messe matinale. Commentaire de l’abbé Guillaume de Tanoüarn sur son « metablog » :

    "Le Père Jacques Hamel était un prêtre sans histoire, mais prêtre de toutes ses fibres. Ainsi la victime a-t-elle été choisie. C'est le prêtre qui était visé par les deux terroristes et le prêtre célébrant le saint Sacrifice de la messe, disant, matinal, sa messe quotidienne. Il ne s'agissait pas de tuer du chrétien : la messe dominicale aurait été le moment approprié pour cela. Il s'agissait d'atteindre, de toucher le sacerdoce catholique, en faisant du prêtre la victime. Il y a eu, d'après Soeur Danielle, celle qui a prévenu les secours, une sorte d'antiliturgie monstrueuse. Après une sorte de prêche en arabe, les deux hommes ont fait mettre le prêtre à genoux avant de l'égorger. Au couteau. Soeur Danielle n'a pas pu regarder, elle s'est échappée.

    Qu'aurait-elle vu? L'un des deux jeunes avait dix neuf ans. Il habitait la commune. Ni son nom ni celui de son complice n'ont encore été donnés ce 26 juillet au soir. Nous n'avons que son prénom Adel et une initiale: K. Et pourtant les policiers locaux le connaissaient. Peut-être le Père Jacques aussi le connaissait-il... Et c'est parce qu'il le connaissait, dans une sorte de quête de l'intimité dans le crime, que ce terroriste sans nom l'a égorgé. Cette affaire en tout cas est avant tout une affaire locale. Syrie ou pas, cette petite messe du matin sent le terrorisme de proximité.

    Qu'est-ce que cet égorgement signifiait pour Adel K?

    Au bout de 2000 ans de christianisme, nous Occidentaux, nous ne comprenons pas ce geste parce que pour nous la Victime est toujours plus sainte que le bourreau. Lorsque Joseph de Maistre a écrit son Eloge du bourreau (après ses Eclaircissements sur les sacrifices) il avait conscience d'aller à l'encontre de l'idée reçue en christianisme qui est celle de la sainteté des victimes. Pourquoi les victimes sont-elles saintes ? Elles sont toutes, elles sont toujours des images du Christ crucifié. Mais le terroriste sans nom n'est pas un chrétien, il n'a pas reçu l'évangile, la bonne nouvelle de l'innocence des victimes.

    Adel K vient d'un monde a-chrétien, d'un monde encore moralement archaïque, où les victimes sont toujours coupables, ne serait-ce que parce qu'elles sont des victimes. Il a voulu montrer au Père Jacques sa culpabilité et la Puissance d'Allah. Allah ouakbar s'est-il écrié. Allah est le plus grand, il est vainqueur. Dans ce sacrifice de mécréant, qu'il a commandé (voyez la sourate 9 du Coran) et donc en quelque sorte commandité, dans ce sacrifice réalisé en son honneur, Allah désigne le vaincu, celui dont le sang coule sous le couteau. Ce crime, pour les musulmans radicaux, est une sorte d'ordalie. Un jugement de Dieu, qui déclare la non-violence chrétienne périmée et sonne l'heure de la violence sacrée, au nom de l'islam.

    L'islam (d'après les musulmans) est la dernière des religions, celle qui contient tout le message divin. Message simple : il n'y a pas d'autre Dieu qu'Allah et la terre est donnée aux soumis à Allah. Message efficace, qui produit immanquablement une dialectique par rapport à tout ce sur quoi il se surimpose, que ce soit les cultes non Bibliques, ceux du temps de l'ignorance, que ce soit le culte juif, que ce soit aussi le culte chrétien, qui ose faire de Dieu une victime en Jésus Christ... Pour le Coran, Jésus n'a pas été victime, il n'a pas été crucifié, Allah ne l'a pas permis. Il est le plus fort. D'ailleurs, les chrétiens ont tort de se victimiser. N'ont-ils pas donné le terrain (en 2000) sur lequel a été bâtie la mosquée salafiste de Saint Etienne du Rouvray? Bien fait pour eux! Ce sont des loosers! Des perdeurs professionnels, avec leur Dieu victime. Leur messe, sacrifice de la victime divine, est redevenue, grâce au jeune Adel K et au rituel qu'il a improvisé autour d'un couteau (il n'avait pas d'autre arme sur lui), un sacrifice "normal", le sacrifice des perdants.

    Je suis sûr que dans notre monde déchristianisé beaucoup sont justement de l'avis d'Adel K. Oui, les chrétiens nous emm. avec leur sacrifice. Comment peuvent-ils mettre Dieu du côté des victimes ?

    Eh bien ! Il me semble que le martyre du Père Jacques est une extraordinaire parabole sur l'histoire qui nous reste à vivre, sur la victoire programmée de ceux qui hurlent "Allah est le plus grand" et sur leur défaite finale. Ces gens confondent les martyrs et les tueurs. Mais leur "réalisme" est inhumain, il est monstrueux. L'Evangile apparaîtra plus que jamais comme la seule alternative à ce Pouvoir absolu des plus violents. "Heureux les doux car ils posséderont la terre". Le Père Jacques est mort sans un mot, mais il prophétise la victoire du Bien, par la médiation de la souffrance acceptée, le vrai sacrifice, le sacrifice du matin, celui qui annonce un jour nouveau pour l'humanité, enfin prête à reconnaître son incurable violence, et prête à s'en remettre au Christ qui la sauve d'elle-même."

    Ref. Le sacrifice du Matin

    Dans le « Notre Père », nous demandons que le Nom de Dieu soit sanctifié. Qu’il ne soit pas confondu avec les idéologies qui pervertissent la nature religieuse de l’homme. L’histoire nous montre à quel point aucune religion n’est à l’abri du risque de nourrir la fabrication des idoles. A fortiori lorsqu'elle n’a pas de lien direct avec le corpus de la Révélation.

    JPSC

  • Un martyre qui nous engage

    IMPRIMER

    De padreblog.fr :

    hamel2-620x310.jpgSON MARTYRE NOUS ENGAGE

     

    Ce mardi 26 juillet au matin, le Père Jacques Hamel, 86 ans (et 58 années de sacerdoce !) a commencé à célébrer la messe. Quelques paroissiens y participaient. Pour les catholiques, la messe est le renouvellement du sacrifice de Jésus sur la croix. A la messe, nous sommes au calvaire. Et le prêtre tient la place du Christ, il redit les paroles du Christ. « Ceci est mon corps, livré pour vous… »

    Ce matin-là, le Père Jacques Hamel a offert sa dernière messe. Et ce fut le calvaire… Des barbares – « soldats de Daech » – sont entrés, ont pris en otage l’assemblée et ont égorgé le prêtre.

    L’horreur que vivent nos frères chrétiens d’Irak ou de Syrie est survenue, ici, chez nous, dans une petite ville de Normandie, à une heure trente de Paris.

    Quelles réponses ? Quelles réactions ?

    « Je crie vers Dieu » écrivait Mgr Dominique Lebrun, l’évêque du Père Hamel, dans son communiqué poignant. Oui, il faut dire au monde notre émotion, notre douleur immense. Ce crime est atroce, barbare, et nous touche doublement, comme Français et comme chrétiens. Ce sont les ennemis de la France qui ont fait ça mais ils sont aussi les ennemis de l’Eglise. Ils ont tué ce prêtre parce qu’il était prêtre. Ils sont venus commettre leur crime au cœur d’une messe. Ils savaient ce qu’ils visaient en faisant cela. A l’émotion se mêle légitimement la colère… Encore ! La litanie des innocents assassinés par ces fanatiques s’allonge encore. Toute la France, dans sa diversité et son identité, est visée, attaquée, meurtrie.

    A nos gouvernants de prendre les mesures nécessaires, sans faiblir ni hésiter, pour gagner cette guerre contre le terrorisme islamique. Nous, prêtres, ne sommes pas des « experts » en sécurité. Que chacun reste dans son rôle. Mais avec tous les français, nous réclamons de nos politiques de se montrer à la hauteur des heures tragiques que vit notre pays. Pas d’angélisme, pas de naïveté, pas de déni. Une guerre ne se mène pas à moitié.

    Quant à nous, il va nous falloir être fidèles à cette foi et cette identité que ces barbares ont visé. Comme le dit Mgr Lebrun, la plus belle réponse à ces barbares est la foi chrétienne assumée et fervente de ces jeunes autour du Pape aux JMJ. « Daech peut tout nous prendre, ils ne prendront pas notre foi » nous disaient des réfugiés chrétiens à Erbil, en Irak. Ils n’auront pas notre Espérance !

    Cette Espérance qui nous fait d’abord prier. Pour les victimes de ces attentats, pour leurs familles, pour ceux et celles qui nous protègent, ici ou en mission, au loin. Celle qui nous pousse à prier aussi pour la conversion de nos ennemis et pour mener cette guerre avec fermeté mais sans la haine qui ronge les cœurs.

    Cette Espérance qui nous fait aussi agir. Car la prière ne nous épargne pas d’agir, chacun selon notre vocation, en renouvelant notre exigence à donner le meilleur de nous-même dans nos études, nos engagements, notre métier, notre devoir d’état. La France a besoin de chacun.

    Ce que nous sommes

    Cette Espérance qui nous fait croire enfin à la force de ce que nous sommes. Ces terroristes visent ce que nous sommes, nous gagnerons en étant d’autant plus fidèles à ce que nous sommes : notre foi, notre culture, notre histoire, nos valeurs, notre identité. C’est autour de cela que la France pourra se rassembler. C’est tout cela qu’il faut recommencer à transmettre, sans complexe et sans paresse. La force d’un peuple, ce n’est pas seulement son armée. La force d’un peuple, c’est son âme.

    Alors le Père Hamel ne sera pas mort pour rien. Alors sa vie offerte portera du fruit dans nos vies. Au cœur des larmes, une certitude pour chacun de nous : son martyre nous engage à être des témoins !

    Les prêtres du Padreblog

    [Merci à tous pour vos multiples messages de soutien et de prière qui font chaud au coeur !].

  • Rodrigue, musulman converti grâce à Charles de Foucauld

    IMPRIMER

    Interview par Samuel Pruvot, dans le magazine « Famille chrétienne » :

    touareg-desert-algerie-charles-de-foucauld-conversion-musulmans_homepage_petit.jpg« EXCLUSIF MAG – Rodrigue (*), 31 ans, s’est converti en l’église Saint-Augustin à l’endroit même où le bienheureux a été jadis terrassé par la grâce. Devenu catholique, ce Parisien d’origine kabyle a trouvé en Charles de Foucauld un grand frère. Interview à l'occasion des cent ans de la mort du bienheureux. 

    Pourquoi l’épisode de la conversion de Charles de Foucauld dans l’église Saint-Augustin à Paris vous touche-t-il à ce point ? 

    J’ai connu le même chemin de conversion. Et parfois au même endroit ! Mes parents ne m’ont jamais éduqué dans la religion musulmane. Ils ne m’obligeaient pas à faire le Ramadan à la maison par exemple. Cela dit, c’est toujours difficile de sortir de l’islam… Il y a une empreinte familiale énorme. 

    Pour revenir à Saint-Augustin, ce lieu a été témoin de ma toute première prière dans une église. Je travaillais à l’époque boulevard Haussmann et j’étais assez mal dans ma peau. J’avais déjà connu un premier frisson chrétien grâce à Jean-Paul II. Le début de ma conversion a coïncidé avec l’agonie du pape. Je ne comprenais pas pourquoi les chrétiens attachaient tant d’importance à la Croix, un instrument de torture. La souffrance offerte de Jean-Paul II m’a révélé la Croix comme la source d’un amour magnifique. 

    Un jour donc, je suis entré dans l’église Saint-Augustin à l’heure du déjeuner, après avoir faussé compagnie à mes collègues. J’ai senti la main de Dieu posée sur moi. Dieu m’appelait. Je me suis mis à prier devant la croix. J’ai senti à quel point j’étais aimé de Dieu. Ensuite, j’ai pris l’habitude d’aller dans cette église à midi pour prier. Et revoir la croix. 

    On dit que Charles de Foucauld n’a pas su convertir les Berbères…

    J’ai souvent entendu dire qu’il n’avait jamais converti personne de son vivant… Il faut croire que ce n’est pas vrai après sa mort ! Il a vécu l’évangélisation au milieu des Berbères. Cela me parle énormément. Je prie tous les jours pour que mes frères d’Afrique du Nord découvrent à quel point nous sommes aimés de Dieu. Je ne suis pas un spécialiste. Mais je n’imagine pas que Charles de Foucauld soit parti au Sahara avec un carnet de comptable afin de convertir chaque Touareg rencontré. Il a voulu être silencieux, témoin par ses actes. 

    Pour revenir à ma conversion, je crois que toutes les vraies joies de ce monde sont payées mystiquement par quelqu’un d’autre. Par son sacrifice et sa prière, Charles de Foucauld a payé ma conversion ! Je lui dois cette joie de rencontrer le Christ. À lui, et aussi à tous les martyrs d’Afrique.

    Quelle est l’attitude spirituelle qui vous inspire le plus chez lui ?

    Il y a chez Charles de Foucauld une manière extraordinaire de s’abandonner à Dieu. En s’abandonnant, il est présent à Dieu. 

    J’ai beau être un converti, j’ai toujours du mal à me laisser saisir par le Christ. Vivre ma foi chrétienne est quelque chose de difficile. Il ne faut pas regretter le chemin parcouru malgré les épreuves quotidiennes.

    Charles de Foucauld est un modèle de l’âme abandonnée au Christ. Il est un exemple pour aller de l’avant avec le sens de la Providence.

    L’amour que Charles de Foucauld avait pour l’Afrique du Nord est-il important pour vous ?

    Son amour de l’Afrique du Nord me fait chaud au cœur. Là-bas, il y a une profonde unité, même si l’Histoire a fait ensuite trois nations. Je veux parler d’un fond berbère commun auquel j’appartiens. Le Maroc, l’Algérie, la Tunisie… il est évident que ces pays ont plutôt mauvaise presse chez les Français aujourd’hui. Il y a le poids de l’islamisme, de l’immigration, etc. Charles de Foucauld, lui, a aimé en vérité ces peuples. Dans Reconnaissance au Maroc, son objectif n’est pas uniquement de faire des relevés topographiques comme un officier militaire. Il veut aller à la rencontre des tribus locales. Il fera de même ensuite au Sahara au milieu des Touaregs. Il a osé la rencontre au sens le plus fort du terme. Il a passé sa vie au milieu des Berbères. 

    Charles de Foucauld est antérieur à notre mauvaise conscience vis-à-vis de la colonisation ?

    Plutôt que ressasser ce qui s’est mal passé entre nous, il faudrait revenir à cet élan initial de Charles de Foucauld. Nous avons oublié à quel point il s’est mis au service des peuples. Il a appris les traditions et la langue des Touaregs, et il a publié la première grammaire des hommes du désert. En retour, il apprenait aux Touaregs les coutumes françaises. C’était un vrai échange ! Si la colonisation n’avait pas eu lieu, cette rencontre n’aurait jamais pu exister. Nous avons complètement perdu cette intuition.

    Le blocage contemporain du Maghreb vient selon moi du fait que ces pays n’ont pas su faire la paix avec leur Histoire. L’Algérie avait quasiment le niveau de vie du Portugal avant la décolonisation. Que s’est-il passé ensuite ? Par opportunisme politique, les dirigeants ont maintenu les populations dans une certaine rancœur. Cela a été leur stratégie pour prospérer. Aujourd’hui, il faut de part et d’autre de la Méditerranée dépasser cet antagonisme et s’inspirer de la démarche généreuse du Frère Charles.                  

    (*)Le prénom a été changé pour préserver l’anonymat]

    Ref. Rodrigue, musulman converti grâce à Charles de Foucauld

    JPSC

  • JMJ : un entretien exceptionnel avec le cardinal Stanislas Dziwisz, archevêque de Cracovie

    IMPRIMER

    Alors que débutent les Journées Mondiales de la Jeunesse 2016, le cardinal Stanislas Dziwisz a accordé à KTO un entretien exceptionnel à l'archevêché de Cracovie, cadre si évocateur du lien entre Jean-Paul II et la Pologne. Le cardinal Dziwisz est archevêque de Cracovie depuis 2005. Il a vécu pendant près de 40 ans auprès de saint Jean-Paul II à Rome et a été son plus proche collaborateur. Il raconte comment est née chez le pape polonais l'idée de créer les JMJ et comment s'est établit une relation intense avec les jeunes du monde entier. Il évoque aussi l'évolution des JMJ, vers une expérience spirituelle plus intense, et la manière dont ces rencontres ont façonné l'évangélisation des jeunes. Depuis Cracovie, capitale de la miséricorde, le cardinal Dziwisz confie aussi ce qu'il attend des JMJ 2016, avec l'aide des puissants intercesseurs que sont les apôtres de la miséricorde sainte Faustine et saint Jean-Paul II. "N'ayez pas peur ! Venez à Cracovie afin de prier, méditer et réfléchir ensemble, avec le pape François !" lance encore le cardinal Dsiwisz.

  • La procédure de béatification de Romano Guardini est amorcée

    IMPRIMER

    Romano Guardini est une des grandes figures de la théologie contemporaine appréciée de Benoît XVI et à laquelle le pape actuel a consacré des recherches durant ses études :

    Lu sur kerknet.be (notre traduction) :

    L'archidiocèse de Munich et Freising désire la béatification du philosophe germano-italien et théologien Romano Guardini (1885-1968).

    L'archidiocèse allemand de Munich et Freising, a lancé ce mois-ci la préparation du processus de béatification du philosophe germano-italien et théologien Romano Guardini (1885-1968). Il est considéré comme l'un des penseurs catholiques les plus importants du siècle dernier et un pionnier du Concile Vatican II (1962-1965).

    Un important penseur catholique

    Guardini est né à Vérone en Italie en 1885, mais a vécu et travaillé la majeure partie de sa vie en Allemagne. En 1910, il a été ordonné prêtre. En 1915, il est diplômé en tant que théologien à l'Université de Fribourg. Entre 1923 et 1939, il a enseigné à Berlin la philosophie de la religion et la vision catholique du monde. En 1939, il a a été obligé par les nazis de démissionner de son enseignement. Après la guerre, il fut à nouveau professeur à l'université de Tübingen.

    Aptitude à l'interdisciplinarité

    Selon le professeur Ugo Perone, qui a la chaise Guardini à l'Université Humboldt de Berlin, sa pensée a été caractérisée par sa propension à l'interdisciplinarité: en tant que chercheur, il était non seulement intéressé par la théologie, mais aussi par la philosophie et la poésie. Dans le même temps, il a donné forme à des projets pastoraux pratiques - tels que le développement de la liturgie - et il a exprimé une forte empreinte sur le catholicisme en Allemagne.

    Il est exceptionnel que tant de compétences soient combinées en une seule personne.
    Source: Katholisch.de