Sur son blog, le Père Simon Noël, moine du monastère de Chèvetogne, met en ligne ces réflexions qui invitent à la prudence et à l'obéissance mais aussi au discernement en profondeur. Elles méritent d'être lues avec la plus grande attention :
La fraternité des saints apôtres et la crise de l'Eglise

Le Père Zanotti-Sorkine à Marseille
La dissolution de la Fraternité des saints apôtres et l'obéissance à l'Eglise
Le décret de dissolution de la Fraternité des saints apôtres vient donc d'être officiellement promulgué par l'archevêché de Malines-Bruxelles. Lors de ses adieux, Mgr Léonard avait dit que l'un des cadeaux qu'il laissait en quittant sa charge était l'existence d'un certain nombre de séminaristes, gage de futures ordinations de prêtres dans l'archidiocèse, et espoir d'une relève. Il léguait cela à son successeur avec une joie non dissimulée. Pour certains d'entre eux l'expérience va s'arrêter.
Que faut-il en penser? Certains ne cachent pas leur tristesse et leur déception, ni leur crainte pour l'avenir immédiat de l'Eglise en Belgique. Leur douleur doit être entendue. Car celle-ci montre qu'ils ne sont pas insensibles à ce problème grave qu'est la vocation sacerdotale et la formation des séminaristes.
Le primat de Belgique dit avoir pris sa décision devant Dieu et en conscience. Il a aussi consulté les autres évêques du royaume ainsi que les instances romaines compétentes. Comme toute décision de la hiérarchie, celle-ci doit être reçue avec un a priori favorable. En effet personnellement je ne vois pas comment on pourrait mettre en doute sa parole. Tout au plus pourrait-on, en cas de désaccord profond, pratiquer ce qu'on appelait au XVIIe siècle, lors du conflit janséniste, le "silence respectueux".
Mais vous m'objecterez saint Thomas d'Aquin et ce qu'il dit sur l'obligation de pratiquer la correction fraternelle à l'égard des prélats qui nuisent au bien commun de l'Eglise. Oui mais dans ce cas, il vous faudrait une certitude morale suffisante, basée sur une entière connaissance du dossier. Tant que vous ne l'avez pas, vos critiques sont stériles et vous vous exposez peut-être à devoir plus tard vous déjuger.
Je prends cependant l'objecteur au sérieux et j'admets comme supposition que l'archevêque a commis une faute ou du moins une erreur. Dans ce cas, l'obéissance demeure la voie chrétienne traditionnelle. Obéir promptement, surtout avec son intelligence, est le seul moyen pour que la volonté de Dieu se réalise, par les voies qui sont les siennes. L'exemple de tant de saints nous le prouve à travers l'histoire de l'Eglise. Si on croit vraiment en la Divine providence, on a cette assurance qu'il faut s'abandonner avec confiance, malgré toutes les apparences contraires, car Dieu permet le mal, pour qu'en sorte un bien plus grand.
Dom Lambert Beauduin, le fondateur du monastère bénédictin de Chevetogne, avait une vision sur le renouveau monastique et sur l'unité des chrétiens, qui dérangeait un certain de nombre d'autorités de l'époque. Il avait eu l'appui du cardinal Mercier, mais celui-ci n'était plus. Dom Lambert fut finalement frappé d'une sanction administrative, car on n'avait rien trouvé contre lui du point de vue doctrinal ou du point de vue moral. Il dut s'exiler en France. Il se soumit et jamais ne se révolta. Sa patience et sa persévérance à la longue furent payantes. Sur sa tombe on peut lire cet éloge: Vir Dei et ecclesiae, Homme de Dieu et de l'Eglise. Il aimait dire en effet qu'on ne critique pas sa mère.
J'espère que le Père Zanotti-Sorkine saura trouver les mots justes pour guider ses enfants spirituels sur la bonne voie. Je prie beaucoup pour eux tous.