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International - Page 239

  • Migrants : le pape dénie-t-il aux Etats le droit de se protéger ?

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    Clémence Houdaille, sur le site du journal La Croix, a interrogé le Père Laurent Stalla-Bourdillon, Directeur du Service pastoral d’études politiques :

    La sécurité des migrants doit-elle l’emporter sur la sécurité nationale ?

    « Le principe de la centralité de la personne humaine (…) nous oblige à toujours faire passer la sécurité personnelle avant la sécurité nationale » écrit le pape François dans son message pour la prochaine journée mondiale du migrant et du réfugié (lire « La Croix » d’hier). Un principe qui ne remet toutefois pas en cause le devoir des États de protéger leurs ressortissants.

    Si l’on perd de vue la centralité de la personne humaine, on perd notre humanité

    En écrivant que la sécurité des personnes passe avant la sécurité nationale, le pape ne dénie pas aux États le droit de se protéger. Mais insister sur la centralité de la personne humaine permet de déminer un argument sécuritaire qui servirait de prétexte pour refuser l’accueil des migrants. Si l’on perd de vue la centralité de la personne humaine, on perd notre humanité.

    Il existe différents niveaux de défis à relever, sur le plan migratoire, mais aussi sécuritaire. C’est une question d’arbitrage, et il ne faudrait pas lire le propos du pape comme une invitation à faire voler en éclats la question de la responsabilité nationale. Le Catéchisme de l’Église catholique précise bien les choses : après avoir dit que « les nations mieux pourvues sont tenues d’accueillir autant que faire se peut l’étranger en quête de la sécurité et des ressources vitales qu’il ne peut trouver dans son pays d’origine » et que « les pouvoirs publics veilleront au respect du droit naturel qui place l’hôte sous la protection de ceux qui le reçoivent », le paragraphe 2241 ajoute que « les autorités politiques peuvent en vue du bien commun dont elles ont la charge subordonner l’exercice du droit d’immigration à diverses conditions juridiques, notamment au respect des devoirs des migrants à l’égard du pays d’adoption ».

    Le message du pape, rendu public au lendemain de l’attentat de Barcelone, a été signé le 15 août. L’actualité des derniers jours a sans doute eu un effet grossissant dans la manière de le lire, mais celui-ci est écrit dans un contexte beaucoup plus large. François a conscience que son pontificat se déroule à un moment de l’histoire où la pression démographique et migratoire est réelle, indépendamment de la question de la guerre en Syrie et des déplacements de population qui y sont liés. Ce phénomène, qui relève pour lui des « signes des temps », échappe à une simple gestion ponctuelle et doit être perçu avec plus de profondeur. Benoît XVI lui-même était déjà assez sévère vis-à-vis des organismes internationaux à propos de la façon dont ils gèrent les migrants.

    François insiste sur la nécessité de préparer les communautés locales aux processus d’intégration. Il y a effectivement là un énorme déficit. Il est illusoire de penser que ces questions n’auront d’incidence que chez le voisin. La question sera d’ailleurs débattue lors du prochain pèlerinage des élus chrétiens à Lourdes, qui se déroulera du 12 au 15 octobre autour du thème : « Solidarité contrainte, solidarité voulue ».

    Lire également : 

    Le texte du pape suscite de nombreuses réactions en France, ce message est-il plus engagé que par le passé ? Nous pouvons juger le message comme étant plus engagé dans le sens qu’il est peut-être plus pratique, plus pragmatique cette année. Il veut répondre à une question simple : qu’est...

     

  • Le pape François propose 21 mesures pour l'accueil des migrants

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    Dans le « Figaro » de ce jour, Jean-Marie Guénois présente clairement l'enjeu du message "opérationnel" écrit par le pape François pour la 104e "journée internationale du migrant et du réfugié"  :

    « Le Pape réaffirme, avec ces propositions concrètes, son opposition à toute restriction de l'immigration. Il se prononce notamment pour « l'octroi de visas humanitaires » et recommande de favoriser « le regroupement familial ».

    Ce n'est pas un programme mais une lettre annuelle rédigée par le pape pour la 104° «journée mondiale du migrant et du réfugié» du 21 août 2017. Les cinq pages très denses, signées par François le jour du 15 août, contiennent cependant 21 mesures concrètes, similaires à un programme d'action qui résument sa pensée sur la question des migrations. Elle vise, tant dans les pays d'origines, que dans les pays d'accueil, à rendre légale l'immigration illégale.

    Dans ce document, le pape promeut en effet un accueil large, généreux et légalement organisé des migrants et des réfugiés sans mentionner l'idée d'une quelconque restriction des flux migratoires qu'il avait toutefois évoquée et justifiée à son retour de Suède le 1er novembre 2016, restrictions fondées sur les capacités d'accueil.

    L'objectif de François, dans ce document, est de changer les mentalités et de faire pression sur la communauté internationale pour qu'elle adopte, avant la fin de l'année 2018, deux accords globaux, l'un sur les réfugiés, l'autre sur les migrants dont le principe avait été acquis le 19 septembre 2016 lors du sommet de l'ONU.

    «La garantie d'une subsistance minimum vitale»

    Pour le pape actuel, la question de l'accueil des migrants et des réfugiés est une priorité absolue. Le 8 juillet 2013, il avait dédié son premier voyage papal à cette thématique en se rendant sur l'île de Lampedusa, entre la Sicile et la Tunisie, pour demander aux Européens d'ouvrir leurs portes. Et dans sa réforme du Vatican, il a créé un nouveau ministère «le Dicastère pour le Service du Développement humain intégral» dont la section chargée des migrations et des réfugiés est placée, selon sa volonté, à titre exceptionnelle et symbolique, sous sa propre responsabilité.

    Quant au principe fondamental qui guide le pape François, il le rappelle dans sa lettre: «Tout immigré qui frappe à notre porte est une occasion de rencontre avec Jésus-Christ, qui s'identifie à l'étranger de toute époque, accueilli ou rejeté.»

    Voici la liste des 21 mesures voulues par le pape François pour l'immigration :

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  • Comment l’islam est organisé en Espagne

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    Après les attentats islamistes meurtriers des 17 et 18 août à Barcelone et Cambrils, le journal « La Croix » rappelle qu’au pays de la « Reconquista », l’Islam compterait aujourd’hui un million de fidèles (2% de la population). C’est en 1967, après le Concile Vatican II, que le régime du Général Franco fixa un cadre juridique qui permet aux musulmans de s’organiser en associations et fédérations, tant au niveau local que national. Aujourd’hui, deux fédérations se disputent la représentativité de la communauté musulmane espagnole :

    « Rassemblant plus d’un million de fidèles selon le dernier recensement du département religion du Pew Research Center (2010), l’islam d’Espagne s’organise autour d’une « commission islamique espagnole » (CIE), crée en 1992. Celle-ci est l’interlocuteur direct du gouvernement espagnol et condamne régulièrement les attentats commis par des groupes terroristes. De cette commission, essentiellement chargée de surveiller et garantir les pratiques et espaces religieux musulmans dans le pays, dépendent la formation des imams, la nomination de professeurs de religion islamique et même les allocations ou subventions du ministère de la Justice.

    Deux fédérations, souvent en désaccord

    Membre à part entière du Conseil musulman de coopération en Europe (CMCE), organe représentatif devant l’Union européenne, la CIE rassemble les deux plus grosses fédérations islamiques d’Espagne : l’Union des communautés islamiques d’Espagne (UCIDE) et la Fédération espagnole des entités religieuses islamiques (FEERI).

    À lire : Des musulmans ont défilé contre le terrorisme à Barcelone

    La première réunit en son sein la majorité des fidèles, « des musulmans espagnols d’origine marocaine ou syrienne », avance le Père Gonzalo Villagran, jésuite, professeur à la faculté de théologie de Grenade (Espagne) et spécialiste de l’islam dans l’Espagne contemporaine. La seconde est « plutôt composée d’Espagnols convertis », note ce professeur, avant d’ajouter : « Ces deux fédérations entretiennent de mauvaises relations, chacune se présentant comme la plus légitime et représentative ». La commission islamique qui les chapeaute doit ainsi faire fréquemment face à des situations de blocage.

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  • Le Secrétaire d’État du Saint-Siège a rencontré le Patriarche de Moscou et de toutes les Russies

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    De Radio Vatican :

    Le cardinal Parolin a rencontré le Patriarche Cyrille

    (RV) Diplomatie et œcuménisme étaient hier les maitres mots de la deuxième journée en Russie du Secrétaire d’État du Saint-Siège. Le Cardinal Pietro Parolin a rencontré Serguei Lavrov mardi matin. Avec le ministre Russe des Affaires Étrangères, il a été question à la fois des préoccupations internationales, comme le Venezuela où Moscou peut contribuer à l’apaisement, et de la vie de l’Église catholique en Russie, notamment des visas accordés avec difficultés aux religieux étrangers.

    «Salue mon frère Cyrille»

    Dans l’après-midi du mardi 22 août, le Cardinal Parolin a été reçu par le Patriarche Cyrille, une rencontre œcuménique hautement symbolique qui témoigne du dégel dans les relations entre le Vatican et le patriarcat orthodoxe de Moscou. Le Pape François avait demandé à son secrétaire d’état, avant son départ, de saluer son «frère Cyrille, Patriarche de Moscou et de toutes les Russies». C’est ce que le Cardinal Parolin a fait en arrivant au monastère Danilovski, résidence du patriarche dans la capitale russe. La réponse est arrivée avec le sourire, en italien «grazie», merci, a dit le patriarche. Mais outre les politesses, la rencontre a été riche.

    Des espaces pour des démonstrations d’unité

    Les deux hommes ont bien sur évoqué les convergences entre le Saint-Siège et l’Église orthodoxe russe sur plusieurs questions, évoquant «l’assistance humanitaire aux populations victimes des conflits au proche orient» ; une priorité qui ouvre des espaces pour des démonstrations d’unité. Le conflit en Ukraine a également été au menu de la rencontre pour souligner que les Églises doivent absolument avoir un rôle pacificateur entre Kiev et Moscou. Sur l’Ukraine toutefois, des contrastes existent toujours concernant la très délicate question des relations avec les quatre millions de greco-catholiques ; mais, point positif, ce n’est pas aujourd’hui un dossier qui fait obstacle au dialogue. Le patriarche a d’ailleurs souligné «la compréhension réciproque sur le rôle des Églises dans la réconciliation de la population ukrainienne». On est donc totalement dans la suite de la rencontre entre le Pape François et le Patriarche Cyrille à Cuba le 12 février 2016. Les deux responsables religieux avaient signé une déclaration commune s’engageant à œuvrer pour la paix et à progresser vers le rétablissement de l’unité voulue par Dieu.

  • L'immigré est-il mon prochain? Charité personnelle et charité politique

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    Cet article a paru dans le n° 95 du magazine Vérité et Espérance – Pâque Nouvelle et sur le site web de l’église du Saint-Sacrement à Liège. Petite piqûre de rappel pour ne pas perdre le Nord…

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    " Choses lues et entendues, hier et aujourd’hui, à propos des étrangers :

    « La fréquentation des étrangers corrompt fortement les moeurs des citoyens, parce qu’il doit nécessairement arriver que des étrangers élevés sous des lois et des coutumes différentes agissent en bien des cas autrement que l’exigent les moeurs des citoyens, de telle sorte que, tandis que les citoyens sont poussés à agir de façon semblable, la vie sociale est perturbée » (Aristote, Politique).[1]

    « Il y a trop d’étrangers ! »

    « On ne se sent plus chez soi : au lieu de s’adapter à notre mode de vie, les étrangers se comportent comme s’ils étaient chez eux ! »

    « Je ne me sens plus en sécurité dans les rues. »

    « Ils vivent à nos crochets, qu’ils retournent dans leur pays ! »

    « Si encore ils étaient chrétiens, ils pourraient s’assimiler, comme les Polonais et les Italiens, par exemple, mais avec les musulmans c’est impossible ! »

    Face à une opinion publique de plus en plus réticente, voire hostile (quand elle ose l’avouer), à la présence permanente d’étrangers (qu’ils soient en situation légale ou illégale), comment doit réagir un chrétien ?

    Quel comportement adopter face aux vagues d’immigration successives qui rendent « l’autre » visible et palpable ?

    Quand le « lointain » devient le « prochain », cesse-t-il d’être un frère ou le devient-il davantage ? Est-il une menace ? une chance ? Qu’en disent les Saintes Ecritures ?  Quelle est la position de l’Église ?

    Aimer l’étranger...

    Dans l’Écriture - qui est Parole de Dieu - la question du rapport des croyants envers les étrangers est d’une limpidité exemplaire : « Vous traiterez l'étranger en séjour parmi vous comme un indigène du milieu de vous ; vous l'aimerez comme vous-mêmes, car vous avez été étrangers dans le pays d'Égypte. Je suis l'Éternel, votre Dieu. » (Lv. 19, 34).

    Le Deutéronome, dernier livre de la Torah, reprend le même commandement d’amour : « Vous aimerez l'étranger, car vous avez été étrangers dans le pays d'Égypte ». (Dt 10, 19) Et plus loin dans le même livre, Dieu jette une malédiction sur ceux qui résistent à sa volonté : « Maudit soit celui qui porte atteinte au droit de l'étranger, de l'orphelin et de la veuve ! Et tout le peuple dira : Amen ! » (Dt 27, 19). La volonté divine est claire : le croyant ne doit pas seulement accueillir l’étranger, il doit l’aimer !

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  • Migrations, populisme : le pape sous le feu des critiques

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    Un article de Sandro Magister, vaticaniste à L’Espresso, traduit sur le site diakonos.be :

    Deux critiques laïques de Bergoglio. Sur les migrations et le populisme

    En ce mois d’août, le pape François a fait l’objet d’une contestation sur deux des points les plus connus de sa prédication. Et il l’a été sous une forme insolite : d’abord parce que ces critiques ne viennent pas de l’intérieur de l’Eglise mais de l’extérieur – elles sont issues de deux personnalités respectées de l’opinion publique laïque – et ensuite parce que jamais son nom n’a été explicitement cité dans cette polémique alors qu’il était évident que ces critiques étaient aussi dirigées contre lui.

    *

    Le premier point concerne le phénomène migratoire. Ces derniers jours, une décision de la magistrature italienne et un appel signé par un certain nombre d’intellectuels d’extrême-gauche ont comparé les centres d’accueil des migrants qui embarquent vers l’Italie depuis les côtes libyennes à des « camps de concentration » et le refus de les accueillir sans condition à une « extermination de masse » comparable à celle des juifs par les nazis.

    Ces analogies ne datent pas d’hier. Ces derniers temps, on a employé des mots tels que « camp de concentration », « extermination » ou « holocauste » pour dénoncer le traitement réservé aux immigrés par ceux qui ne veulent pas les accueillir sans réserve.

    Mais cette fois, à la suite de la décision conjointe du gouvernement italien et des autorités libyennes de mettre un frein à l’embarquement de migrants jusqu’ici organisé en toute impunité par des organisations criminelles au détriment de la vie d’un grand nombre d’entre eux et à la suite du soutien ferme à cette décision apporté par le président de la Conférence épiscopale italienne, le cardinal Gualtiero Bassetti, la comparaison aberrante entre le « non-accueil » des immigrés et l’extermination des juifs n’a pas été passée sous silence et a au contraire provoqué une salutaire vague de critiques.

    A vrai dire, aucune de ces critiques n’a cité le nom du pape François. Mais il avait lui aussi qualifié il n’y a pas si longtemps les centres d’accueil des migrants en Grèce et en Italie de « camps de concentration ».

    C’était au cours d’une homélie prononcée le 22 avril dans la basilique romaine de Saint-Barthélemy-en-l’Île Tibérine, pendant une cérémonie en mémoire des « nouveaux martyrs » du XXè et XXIè siècle.

    Cette déclaration avait encore davantage renforcé l’image qu’on se fait du pape à propos de l’immigration : celle d’un pape en faveur d’un accueil illimité et inconditionnel de tous, quel qu’en soit le prix.

    Parce qu’il est vrai qu’à ce sujet, il est arrivé à l’occasion que François déclare le contraire. Par exemple, au cours de l’une de ses conférences de presse dans l’avion de retour de Suède le 1 novembre dernier, il avait fait l’éloge de la « prudence » des gouvernants qui mettaient des limites à l’accueil parce qu’ « il n’y a pas de place pour tout le monde ».

    Tout comme il est vrai que le cardinal Bassetti a parlé avec l’accord préalable du pape – qui à son tour sortait d’une rencontre secrète avec le premier ministre italien Paolo Gentiloni –, quand il avait appuyé le 10 août dernier la ligne dure du gouvernement de Rome contre « ceux qui exploitent de façon inhumaine le phénomène migratoire » en organisant des embarquements depuis la Libye vers l’Italie.

    Mais il n’en demeure pas moins que ces corrections n’ont pas entaché l’image qui s’est imposée dans les médias d’un François grand défenseur de l’accueil indiscriminé. Et l’on pourrait se demander s’il c’est uniquement l’œuvre des médias ou bien également la sienne, vu l’écrasante prépondérance de ses appels à l’accueil sans condition par rapport au nombre étriqué de ses éloges de la « prudence » en matière de gouvernance du phénomène migratoire.

    *

    Le deuxième point de la prédication du pape Jorge Mario Bergoglio qui se retrouve sous le feu des critiques concerne sa vision de politique globale, qui est hostile aussi bien à la mondialisation dans laquelle il constate la prévalence d’effets pervers qu’aux politiques libérales qu’il qualifie souvent d’ « économie qui tue ».

    Dans un éditorial du Corriere della Sera date du 26 juillet, le professeur Francesco Giavazzi, un économiste de renommée internationale qui enseigne à l’Université Bocconi de Milan et à la Massachussetts Institute of Technology, identifiait précisément dans ces deux hostilités la racine des vagues de populisme actuelles : qu’elles soient de droite quand on pense que les origines du mal-être se trouvent dans la mondialisation (Donald Trump aux Etats-Unis, Geert Wilders aux Pays-Bas, Marine Le Pen en France, Matteo Salvini en Italie, …) et de gauche quand en revanche le mal-être trouve son origine dans des politiques libérales (Syriza en Grève, Podemos en Espagne, Bernie Sanders aux Etats-Unis, …).

    Selon M. Giavazzi, la « tempête parfaite » de ces dernières années, qu’il s’agisse du populisme de droite comme de celui de gauche, se sont rejointes dans un « rejet des élites » commun, c’est-à-dire dans un rejet des institutions aussi bien politiques qu’économiques.

    M. Giavazzi ne l’a pas écrit mais ce rejet est identique à celui qui est en en filigrane de la vision politique globale du pape François telle qu’il l’a énoncée principalement dans les deux « manifestes » que constituent les discours qu’il a adressés aux « mouvements populaires ». Un rejet qu’il applique également de façon systématique contre l’establishment ecclésiastique.

    Ce rejet n’a pourtant aucun avenir, selon M. Giavazzi. Parce qu’aussi bien les populistes de droite que ceux de gauche « ont en commun un même essoufflement et une vision à court terme qui, quand tout va bien, se limite à renvoyer les problèmes au lendemain, ne faisant que les aggraver ».  Et il cite en exemple la « révolte contre les politiques libérales mises en œuvre en Argentine durant la présidence Menem, au cours des années quatre-vingt-dix, qui ramena le péronisme au gouvernement ».

    Le nom de Bergoglio n’a pas été cité il a été lui aussi mis en cause. Qui sait s’il en a pris bonne note.

    *

    On peut ajouter que ces derniers jours, après l’attentat terroriste de Barcelone, le pape François a également été critiqué pour une troisième raison : son refus de mentionner les racines islamiques de ce terrorisme qu’il a, pour l’énième fois, réduit fois à un simple acte de « violence aveugle ».

    Cette fois, cependant, les critiques se sont dirigées explicitement contre lui et son nom a été cité. Comme ce fut le cas, mais pour des raisons diamétralement opposées, contre Benoît XVI qui, dans la mémorable leçon de Ratisbonne avait identifié et dénoncé les racines de violence au cœur de l’Islam.  Et cela lui avait coûté cher.

  • Le message du pape François pour la Journée mondiale du migrant et du réfugié 2018 : accueillir, protéger, promouvoir et intégrer les migrants et les réfugiés

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    MESSAGE DU PAPE FRANÇOIS 
    POUR LA JOURNÉE MONDIALE DU MIGRANT ET DU RÉFUGIÉ 2018
    [14 janvier 2018]

    « Accueillir, protéger, promouvoir et intégrer 
    les migrants et les réfugiés »

    Chers frères et sœurs,

    « L’immigré qui réside avec vous sera parmi vous comme un compatriote, et tu l’aimeras comme toi-même, car vous-mêmes avez été immigrés au pays d’Égypte. Je suis le Seigneur votre Dieu » (Lv 19, 34).

    Durant les premières années de mon pontificat, j’ai exprimé à maintes reprises une préoccupation spéciale concernant la triste situation de nombreux migrants et réfugiés qui fuient les guerres, les persécutions, les catastrophes naturelles et la pauvreté. Il s’agit sans doute d’un ‘‘signe des temps’’ que j’ai essayé de lire, en invoquant la lumière de l’Esprit Saint depuis ma visite à Lampedusa le 8 juillet 2013En créant le nouveau Dicastère pour le Service du Développement humain intégral, j’ai voulu qu’une section spéciale, placée ad tempus sous mon autorité directe, exprime la sollicitude de l’Église envers les migrants, les personnes déplacées, les réfugiés et les victimes de la traite.

    Tout immigré qui frappe à notre porte est une occasion de rencontre avec Jésus Christ, qui s’identifie à l’étranger de toute époque accueilli ou rejeté (cf. Mt 25, 35.43). Le Seigneur confie à l’amour maternel de l’Église tout être humain contraint à quitter sa propre patrie à la recherche d’un avenir meilleur (Cf. Pie XII, Constitution apostolique Exsul Familia, Titulus Primus, I, 1er août 1952). Cette sollicitude doit s’exprimer concrètement à chaque étape de l’expérience migratoire : depuis le départ jusqu’au voyage, depuis l’arrivée jusqu’au retour. C’est une grande responsabilité que l’Église entend partager avec tous les croyants ainsi qu’avec tous les hommes et femmes de bonne volonté, qui sont appelés à répondre aux nombreux défis posés par les migrations contemporaines, avec générosité, rapidité, sagesse et clairvoyance, chacun selon ses propres possibilités.

    À ce sujet, nous souhaitons réaffirmer que « notre réponse commune pourrait s’articuler autour de quatre verbes fondés sur les principes de la doctrine de l’Église : accueillir, protéger, promouvoir et intégrer » (Discours aux participants au Forum International ‘‘Migrations et paix’’, 21 février 2017).

    En considérant la situation actuelle, accueillir signifie avant tout offrir aux migrants et aux réfugiés de plus grandes possibilités d’entrée sûre et légale dans les pays de destination. En ce sens, un engagement concret est souhaitable afin que soit étendu et simplifié l’octroi de visas humanitaires et pour le regroupement familial. En même temps, je souhaite qu’un plus grand nombre de pays adoptent des programmes de patronage privé et communautaire et ouvrent des corridors humanitaires pour les réfugiés les plus vulnérables. En outre, il serait opportun de prévoir des visas temporaires spéciaux pour les personnes qui fuient les conflits dans les pays voisins. Les expulsions collectives et arbitraires de migrants et de réfugiés ne constituent pas une solution adéquate, surtout lorsqu’elles sont exécutées vers des pays qui ne peuvent pas garantir le respect de la dignité et des droits fondamentaux (Cf. Intervention du Représentant permanent du Saint-Siège à la 103ème Session du Conseil de l’OIM, 26 novembre 2013). J’en viens encore à souligner l’importance d’offrir aux migrants et aux réfugiés un premier accueil approprié et digne. « Les programmes d’accueil diffus, déjà lancés dans différentes localités, semblent au contraire faciliter la rencontre personnelle, permettre une meilleure qualité des services et offrir de plus grandes garanties de succès » (Discours aux participants au Forum International ‘‘Migrations et paix’’, 21 février 2017). Le principe de la centralité de la personne humaine, fermement affirmé par mon bien-aimé prédécesseur Benoît XVI (Cf. Lettre encyclique Caritas in veritate, 47), nous oblige à toujours faire passer la sécurité personnelle avant la sécurité nationale. Par conséquent, il est nécessaire de former adéquatement le personnel préposé aux contrôles de frontière. Les conditions des migrants, des demandeurs d’asile et des réfugiés, postulent que leur soient garantis la sécurité personnelle et l’accès aux services élémentaires. Au nom de la dignité fondamentale de chaque personne, il faut s’efforcer de préférer des solutions alternatives à la détention pour ceux qui entrent sur le territoire national sans autorisation (Cf. Intervention du Représentant permanent du Saint-Siège à la 20ème Session du Conseil des droits humains, 22 juin 2012).

    Le deuxième verbe, protéger, se décline en toute une série d’actions pour la défense des droits et de la dignité des migrants ainsi que des réfugiés, indépendamment de leur statut migratoire (Cf. Benoît XVI, Lettre encyclique Caritas in veritate, 62). Cette protection commence dans le pays d’origine et consiste dans la mise à disposition d’informations sûres et certifiées avant le départ et dans la prévention contre les pratiques de recrutement illégal (Cf. Conseil Pontifical pour la Pastorale des Migrants et des Itinérants, Instruction Erga migrantes caritas Christi, n. 6). Elle devrait se poursuivre, dans la mesure du possible, dans le pays d’immigration, en assurant aux migrants une assistance consulaire adéquate, le droit de garder toujours avec soi les documents d’identité personnels, un accès équitable à la justice, la possibilité d’ouvrir des comptes bancaires personnels et la garantie d’une subsistance minimum vitale. Si elles sont reconnues et valorisées de manière appropriée, les capacités et les compétences des migrants, des demandeurs d’asile et des réfugiés, représentent une vraie ressource pour les communautés qui les accueillent (Cf. Benoît XVIDiscours aux participants au 6ème Congrès mondial pour la pastorale des migrants et des réfugiés, 9 novembre 2009). C’est pourquoi, je souhaite que, dans le respect de leur dignité, leur soient accordés la liberté de mouvement dans le pays d’accueil, la possibilité de travailler et l’accès aux moyens de télécommunication. Pour ceux qui décident de retourner dans leur pays, je souligne l’opportunité de développer des programmes de réintégration professionnelle et sociale. La Convention internationale sur les droits de l’enfant offre une base juridique universelle pour la protection des mineurs migrants. Il faut leur éviter toute forme de détention en raison de leur status migratoire, tandis qu’on doit leur assurer l’accès régulier à l’instruction primaire et secondaire. De même, quand ils atteignent l’âge de la majorité il est nécessaire de leur garantir une permanence régulière et la possibilité de continuer des études. Pour les mineurs non accompagnés ou séparés de leur famille, il est important de prévoir des programmes de garde temporaire ou de placement (Cf. Benoît XVIMessage pour la Journée mondiale du migrant et du réfugié, 2010, et S. Tomasi, Intervention du Représentant permanent du Saint-Siège à la 26ème Session ordinaire du Conseil pour les Droits de l’Homme sur les droits humains des migrants,13 juin 2014). Dans le respect du droit universel à une nationalité, celle-ci doit être reconnue et opportunément assurée à tous les enfants à la naissance. L’apatridie dans laquelle se trouvent parfois des migrants et des réfugiés peut être facilement évitée à travers « une législation sur la citoyenneté conforme aux principes fondamentaux du droit international » (Conseil Pontifical pour la Pastorale des Migrants et des Itinérants et Conseil Pontifical Cor UnumAccueillir le Christ dans les réfugiés et dans les personnes déracinées de force, 2013, n. 70). Le status migratoire ne devrait pas limiter l’accès à l’assistance sanitaire nationale et aux systèmes de pension, ni le transfert de leurs contributions en cas de rapatriement.

    Promouvoir veut dire essentiellement œuvrer afin que tous les migrants et les réfugiés ainsi que les communautés qui les accueillent soient mis en condition de se réaliser en tant que personnes dans toutes les dimensions qui composent l’humanité voulue par le Créateur (Cf. Paul VI, Lettre encyclique Populorum progressio, n. 14). Parmi ces dimensions, il faut reconnaître à la dimension religieuse sa juste valeur, en garantissant à tous les étrangers présents sur le territoire la liberté de profession et de pratique religieuse. Beaucoup de migrants et de réfugiés ont des compétences qui doivent être adéquatement certifiées et valorisées. Puisque « le travail humain est par nature destiné à unir les peuples » (Jean-Paul II, Lettre encyclique Centesimus annus, n. 27), j’encourage à œuvrer afin que soit promue l’insertion socio-professionnelle des migrants et des réfugiés, garantissant à tous – y compris aux demandeurs d’asile – la possibilité de travailler, des parcours de formation linguistique et de citoyenneté active ainsi qu’une information appropriée dans leurs langues d’origine. Dans le cas des mineurs migrants, leur implication dans des activités productives doit être règlementée de manière à prévenir des abus et des menaces à leur croissance normale. En 2006, Benoît XVIsoulignait comment, dans le contexte de migration, la famille est « lieu et ressource de la culture de la vie et facteur d’intégration des valeurs » (Benoît XVIMessage pour la Journée mondiale du migrant et du réfugié, 2007). Son intégrité doit être toujours promue, en favorisant le regroupement familial – y compris des grands-parents, des frères et sœurs et des petits-enfants – sans jamais le soumettre à des capacités économiques. Une plus grande attention et un plus grand soutien doivent être portés aux migrants, aux demandeurs d’asile et aux réfugiés en situation de handicap. Tout en considérant louables les efforts déployés jusqu’ici par de nombreux pays en termes de coopération internationale et d’assistance humanitaire, je souhaite que dans la distribution de ces aides, soient pris en compte les besoins (par exemple l’assistance médicale et sociale ainsi que l’éducation) des pays en développement qui reçoivent d’importants flux de réfugiés et de migrants et, également, qu’on inclue parmi les destinataires les communautés locales en situation de pénurie matérielle et de vulnérabilité (Conseil Pontifical pour la Pastorale des Migrants et des Itinérants et Conseil Pontifical Cor UnumAccueillir le Christ dans les réfugiés et dans les personnes déracinées de force, 2013, nn. 30-31).

    Le dernier verbe, intégrer, se place sur le plan des opportunités d’enrichissement interculturel général du fait de la présence de migrants et de réfugiés. L’intégration n’est pas « une assimilation, qui conduit à supprimer ou à oublier sa propre identité culturelle. Le contact avec l'autre amène plutôt à en découvrir le ‘‘secret’’, à s'ouvrir à lui pour en accueillir les aspects valables et contribuer ainsi à une plus grande connaissance de chacun. Il s'agit d'un processus de longue haleine qui vise à former des sociétés et des cultures, en les rendant toujours davantage un reflet des dons multiformes de Dieu aux hommes » (Jean-Paul IIMessage pour la Journée mondiale du migrant et du réfugié (2005), 24 novembre 2004). Ce processus peut être accéléré à travers l’offre de citoyenneté dissociée des capacités économiques et linguistiques et l’offre de parcours de régularisation extraordinaire pour des migrants qui peuvent faire valoir une longue présence dans le pays. J’insiste encore sur la nécessité de favoriser, dans tous les cas, la culture de la rencontre, en multipliant les opportunités d’échange interculturel, en documentant et en diffusant les ‘‘bonnes pratiques’’ d’intégration et en développant des programmes visant à préparer les communautés locales aux processus d’intégration. Je dois souligner le cas spécial des étrangers forcés à quitter le pays d’immigration à cause de crises humanitaires. Ces personnes demandent que leur soient assurés une assistance adéquate pour le rapatriement et des programmes de réintégration professionnelle dans leur pays d’origine.

    En conformité avec sa tradition pastorale, l’Église est disponible pour s’engager en première ligne en vue de réaliser toutes les initiatives proposées plus haut ; mais pour obtenir les résultats espérés, la contribution de la communauté politique et de la société civile, chacun selon ses responsabilités propres, est indispensable.

    Durant le Sommet des Nations Unies, célébré à New York le 19 septembre 2016, les dirigeants du monde ont clairement exprimé leur volonté d’œuvrer en faveur des migrants et des réfugiés pour sauver leurs vies et protéger leurs droits, en partageant ces responsabilités au niveau global. À cet effet, les États se sont engagés à rédiger et à approuver avant la fin de l’année 2018 deux accords globaux (Global Compacts), l’un consacré aux réfugiés et l’autre concernant les migrants.

    Chers frères et sœurs, à la lumière de ces processus engagés, les prochains mois représentent une opportunité privilégiée pour présenter et soumettre les actions concrètes dans lesquelles j’ai voulu décliner les quatre verbes. Je vous invite, donc, à profiter de chaque occasion pour partager ce message avec tous les acteurs politiques et sociaux qui sont impliqués – ou intéressés à participer – au processus qui conduira à l’approbation des quatre accords globaux.

    Aujourd’hui, 15 août, nous célébrons la solennité de l’Assomption de la très Sainte Vierge Marie au Ciel. La Mère de Dieu a fait elle-même l’expérience de la dureté de l’exil (cf. Mt 2, 13-15) ; elle a suivi avec amour l’itinéraire de son Fils jusqu’au Calvaire et maintenant elle partage éternellement sa gloire. Confions à sa maternelle intercession les espérances de tous les migrants et réfugiés du monde et les aspirations des communautés qui les accueillent, afin que, selon le plus grand commandement de Dieu, nous apprenions tous à aimer l’autre, l’étranger, comme nous-mêmes.

    Vatican, le 15 août 2017

    Solennité de l’Assomption de la B.V. Marie

    François

  • Le terrorisme islamiste : un retour aux valeurs originelles de l'islam et à ses traditions conquérantes

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    Du site Herodote.net :

    Fascination du djihad

    Fureurs islamistes et défaite de la paix

    Instruit par l'oeuvre de l'historien arabe Ibn Khaldoun, Gabriel Martinez-Gros replace l'islamisme au coeur de l'Histoire. Il y voit l'expression contemporaine du conflit entre un empire vieillissant et les barbares de sa périphérie...

    Dans un précédent livre, Brève Histoire des Empires (Seuil, 2014), Gabriel Martinez-Gros a bouleversé notre vision de l'Histoire universelle en lui appliquant les concepts d'Ibn Khaldoun (1322-1406). Il a explicité cette vision dans un entretien vidéo avec Herodote.net.

    Il y a quelques mois, il a montré la valeur prédictive de ces concepts en les appliquant au terrorisme islamiste dans un petit essai percutant, Fascination du djihad (PUF, 2016). Il l'expose ci-après dans un nouvel entretien vidéo avec Herodote.net.

    André Larané

    Fin de l'exception occidentale

    Rappelons la thèse d'Ibn Khaldoun exposée par Gabriel Martinez-Gros. Depuis l'apparition des premiers empires, il y a 2500 ans avec Cyrus le Grand, nous voyons se succéder en Eurasie des empires, autrement dit des entités multicuturelles ou multinationales reposant sur la force militaire. Ces empires sont fondés par des conquérants venus de la périphérie et qui, une fois au pouvoir, n'ont plus d'autre ambition que de désarmer et pressurer les masses laborieuses. Les Mandchous en Chine, les Moghols en Inde et bien sûr les Arabes et les Turcs en Orient en sont des exemples caractéristiques.

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  • Quand les chrétiens syriens finissent par opter pour le régime de Bachar al-Assad...

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    Du site de l'Oeuvre d'Orient :

    « L’horizon trouble des chrétiens en Syrie », par Luc Balbont

    Dans les salons d’accueil des églises et des cathédrales syriennes, entre les photos des Patriarches orientaux pour les paroisses orthodoxes, et celle du Pape François pour les confessions rattachées à Rome, trône le portrait  du président Bachar al-Assad, signe de ralliement des responsables chrétiens au pouvoir en place.

    «  Ici 70% des chrétiens soutiennent le régime, »  m’avait confié, il y a un an le P. Imad, curé melkite de la paroisse Kachkour, un quartier sud de Damas. « La montée de l’islamisme radical, ajoutait-il, est un cancer pour nous. Seul un régime fort peut y faire face, et protéger notre communauté.» Un argument que réfute Boutros Hallaq. Pour ce chrétien melkite, docteur en langue et littérature arabes, Assad et son entourage ne protègent en rien les chrétiens, mais se sert plutôt d’eux pour renforcer son pouvoir. « Voilà près d’un demi-siècle que ce clan assure son emprise en dressant les communautés les unes contre les autres, s’emporte l’universitaire. Chrétiens contre musulmans, chiites contre sunnites, kurdes contre Arabes. » Selon M. Hallaq, la protection des chrétiens n’est qu’une stratégie de la dictature régnante, masquée par une idéologie laïque mensongère, puisque depuis l’arrivée au pouvoir du clan Assad, « le nombre des moquées a été multipliée par vingt, et que l’aide de l’Arabie saoudite aux associations salafistes s’est largement accrue. »

    Boutros Hallaq a quitté son pays natal, pour la France à l’âge de 26 ans. Né à Yabroud en 1944, près de Damas, il ne peut plus revoir les siens, restés sur place. Sa dernière visite dans son pays natal remonte à février 2011, un mois avant le début de la rébellion, une période où les Syriens croyaient encore à des réformes démocratiques. Fiché comme opposant, le professeur de littérature arabe qu’il a été  à l’université Paris III, est aujourd’hui coupé de sa vieille mère de 94 ans, et de ses frères et sœurs. Un mois après sa dernière visite en Syrie, le peuple s’était soulevé pacifiquement  contre le régime, et un grand nombre de chrétiens syriens soutenait alors la rébellion. Bachar al-Assad, successeur de son père Hafez en 2000, avait alors confessionnalisé le conflit, distribuant des armes et répondant aux demandes de liberté par une répression sanglante. Progressivement, les islamistes avaient investi la rébellion, arrivant en masse de l’étranger pour se mêler aux  insurgés. Les revendications devenaient de plus en plus religieuses. Les chrétiens se retrouvaient marginalisés, exclus. « D’autant explique Boutros Hallaq, que le Conseil National Syrien (CNS), organe officielle de la rébellion, fut peu à peu noyauté par le Qatar, soutien des frères musulmans sunnites, dont plus de 20 000 militants furent massacrés en 1982 à Hama, par l’armée syrienne, majoritairement alaouite (*1). Naïfs, les leaders chrétiens de l’opposition n’avaient pas vu venir l’emptise des frères sur le CNS. »

    Par peur plus que par conviction, l’immense majorité des chrétiens syriens restés au pays finit par opter pour la dictature. Epaulé par des milices chiites iranienne, libanaise, et afghane, le clan Assad réussit à persuader la majorité de son peuple et la communauté internationale, que son maintien à la tête du pays constitue l’unique rempart contre le terrorisme islamiste. Six mois après les espoirs suscités par le « Printemps syrien » s’envolent, et des centaines de chrétiens fuient ou se terrent. Un tiers d’entre eux (*2)  aurait quitté leur maison pour se déplacer dans une autre ville syrienne, en attendant de s’exiler à l’étranger… D’où ils pourront peut-être faire entendre leur voix.

    Luc Balbont

    (*1) Secte chiite

    (*2) « Sur environ  1,7 millions de chrétiens qui vivaient en Syrie avant mars 2011, 600 000 auraient déjà quitté leurs maisons, dont  grand nombre pour l’étranger.» Propos tenus par un religieux franciscain à Damas, en août 2016.

    Retrouvez aussi cet article sur le blog de Luc Balbont

    Né le 23 avril 1949, journaliste. Arabisant, Luc Balbont vit depuis 1989 entre la France et le Liban, pays où réside sa famille. En 40 ans de journalisme il a couvert une grande partie des évènements et des bouleversements du monde arabe, de la guerre du Liban (1975-1990) aux révolutions arabes de 2011. Il a reçu en 2006 le prix « Reporter d’espoir » pour des reportages effectués en Egypte et en Palestine, et le prix littéraire de l’œuvre d’Orient en 2012, pour le livre « Jusqu’au bout » (Nouvelle Cité), entretiens avec Mgr Casmoussa, archevêque syriaque catholique de Mossoul. Il est actuellement correspondant à Beyrouth pour le quotidien francophone algérien « Liberté ».

  • Syrie : le père Ziad Hilal a vécu l’horreur

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    D'Andy Barrejot sur le site de La Dépêche :

    Curé à Homs, puis à Alep, le père Ziad Hilal raconte l'horreur

    Tout au long du pèlerinage national (français), des conférences sont proposées toute la journée. Dimanche après-midi, le père Ziad Hilal, qui fut curé à Homs avant de rejoindre Alep, raconte son quotidien en Syrie.

    Plusieurs centaines de personnes ont fait le déplacement à l'église Sainte-Bernadette, dimanche après-midi, pour écouter le témoignage du père Ziad Hilal. Ce dernier est né en Syrie en 1973, est devenu prêtre jésuite en 2010. D'abord curé à Homs, il a vite rejoint Alep. «Vous n'avez eu de cesse d'être un artisan de la paix dans cette guerre complexe, qui a provoqué aujourd'hui la mort de 300.000 à 400.000 personnes», commence François-Xavier Maigre, rédacteur en chef à «Panorama», qui animait cette conférence. Le père Ziad Hilal a connu de grandes difficultés pour venir à Lourdes. «Ce n'est pas facile de quitter Alep. La route internationale est coupée, nous avons dû passer par le désert. Il faut entre 12 et 20 heures pour quitter la région», raconte-t-il. Un pays qui est aujourd'hui fracturé, encombré de présences militaires venues d'Iran, de Russie, des États-Unis, et de bien d'autres pays. «Non seulement les églises, mais aussi les mosquées, les usines, les maisons, les hôpitaux, ont été détruits. Aujourd'hui, on compte 5 millions de réfugiés à l'extérieur du pays, et 12 millions de déplacés internes. Imaginez la ville de Paris vidée du jour au lendemain», explique le père Ziad Hilal. Pendant une heure, il a raconté son quotidien : une vie sans électricité, où les gens se tuent à la tâche pour ramener de l'eau, qui n'est pas toujours potable. Avant les conflits, la Syrie comptait 130.000 chrétiens, aujourd'hui, ils ne sont plus que 30.000. Pourtant, le père Zial Hilal est persuadé du rôle primordial que jouent les chrétiens d'Orient. «Notre présence est vieille de 2000 ans. Le mot même de chrétien vient de Syrie. Nous jouons un rôle entre l'Orient et l'Occident, et entre les communautés musulmanes, pour la vie culturelle aussi.» Il imagine que le nombre de chrétiens en Orient va continuer de diminuer. «Il y a des pays comme le Canada et l'Australie qui les accueillent volontiers. En Irak, après une guerre de 17 ans, ils sont peu à être restés.»

    Là-bas, avec d'autres prêtres, ils réfléchissent à des projets, comme la construction d'écoles.

    Le père Ziad Hilal a vécu l'horreur. Il a été pris en otage, a été visé par des balles, des membres de sa famille, des amis, sont morts. Un jour, lui et deux sœurs ont été pris en chasse par un lance-roquettes. Ils ont dû abandonner la voiture, ont couru dans les rues sans savoir où aller. Un homme musulman les a sauvés, en les hébergeant pour la nuit. Le père Ziad Hilal le raconte bien : là-bas, ils n'aident pas uniquement les chrétiens, mais bien tous les êtres humains dans la détresse. Dans sa résidence, ils ont accueilli une dizaine de familles de musulmans pendant deux ans, avec qui des liens très forts se sont créés. «Il faut lutter jusqu'au bout pour vaincre le mal, pour notre pays, pour notre foi.» Il refuse d'associer la violence avec l'islam. «Ceux qui fabriquent les armes sont des pays dits chrétiens. C'est injuste de dire que les musulmans sont méchants, il y a des intégristes dans toutes les communautés. Il y a une branche dangereuse contre laquelle il faut lutter. Mais les autres sont comme nous.»

    Le père Ziad Hilal est responsable à l'Aide à l'église, une association humanitaire qui aide les personnes coincées au cœur de ces conflits. «La mission de l'Église continue, c'est ça l'espérance. Ce qui compte, c'est l'être humain, c'est la foi.»

    Le père Ziad Hilal repartait hier en Syrie, dans des conditions incertaines. Suite à son intervention, il a reçu un tonnerre d'applaudissements pour ce témoignage si touchant. Et lorsque François-Xavier Maigre lui a demandé ce qu'on pouvait lui souhaiter, sa seule réponse a été «de rester en vie».

  • Nouvelle conférence sur le climat au Vatican avec des partisans du contrôle de la population et de l’avortement

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    De Jeanne Smits sur le site "Réinformation TV" :

    L’Académie pontificale des sciences organise de nouveau une conférence sur le climat avec des partisans du contrôle de la population et de l’avortement

    Perseverare diabolicum. Une nouvelle conférence sur le climat sera organisée début novembre sur le territoire du Vatican, avec une prise de parole inaugurale par le secrétaire d’Etat, le cardinal Parolin, avec – une nouvelle fois – plusieurs participants connus pour être favorables à l’avortement et au contrôle de la population. Sous prétexte de parler au monde à travers de soi-disant spécialistes, l’Académie pontificale des sciences (PAS) donne la vedette à des hommes d’influence qui œuvrent au service de la culture de mort.

    Parmi ces orateurs on note la présence d’un des grands « experts » qui ont contribué à la réalisation de Laudato si’, Joachim « John » Schellnhuber, membre du très malthusien Club de Rome. Il est membre du GIEC, conseiller spécial de Merkel et Barroso, membre de nombreuses académies scientifiques parfaitement dans le vent du « changement climatique », directeur du Potsdam Institute qui travaille sur les répercussions de celui-ci. Sur le plan politique, il ne cache pas son souhait de voir l’avènement d’une « gouvernance globale », une « société démocratique globale » chapeautée par l’ONU et organisée autour d’une « Constitution de la Terre », un « Conseil global » et une « Cour planétaire ».

    L’Académie pontificale des sciences invite Jeffrey Sachs, John Schellnhuber…

    Schellnhuber s’est défendu d’être partisan de la « dépopulation », préférant prêcher un changement de comportement qui réduira l’empreinte carbone des hommes, spécialement dans les pays riches. Mais en tant que membre du Club de Rome qui depuis sa fondation a fait le choix malthusien de recommander une « stabilité » de la population avec limitation sévère des naissances, et décroissance économique à travers une égalisation mondiale des revenus par tête, Schellnhuber assume forcément cette idéologie de haine de l’homme. Sans quoi il irait voir ailleurs.

    Sera également présent lors de la réunion de novembre Peter Raven, qui lui, était présent lors du dernier symposium de l’Académie pontificale des sciences sur l’extinction biologique, à laquelle participait par exemple Paul Ehrlich, l’auteur malthusien de The Population Bomb aux multiples affirmations démenties par la réalité (à l’en croire, sans stabilité de la population mondiale, on allait vers la famine dans de nombreux pays pas plus tard qu’en 1980). Raven, spécialiste des papillons, des plantes et de l’évolution est tout sauf un gentil entomologiste évaporé : il a déclaré en février devant la PAS que « Nous devons à un certain point avoir un nombre limité de gens, c’est pourquoi le pape François et ses trois prédécesseurs les plus récents ont toujours dit qu’il ne faut pas avoir plus d’enfants qu’on ne peut bien en élever ». Glissement décidément très rapide.

    Pour la défense du « climat », la parole aux partisans du contrôle de la population

    Au programme – et chargé, en outre, de la session de synthèse qui devra clore les débats – on trouve aussi Jeffrey Sachs, qui voit dans l’avortement le moyen « à moindre risque et à moindre coût » pour empêcher les naissances en cas d’échec de la contraception. « La légalisation de l’avortement réduit de manière significative le taux de natalité total d’un pays ; d’environ un demi enfant en moyenne », a-t-il pu écrire – et ce n’était pas une critique.

    Celui qui avait parlé à deux voix avec Paul Ehrlich en février au Vatican, le « chercheur » Sir Partha Dasgupta, est lui aussi en vedette. Grand laudateur de la barbare politique de l’enfant unique en Chine, il est l’un des parrains de « Population Matters » (autrefois connu comme l’Optimum Population Trust » qui plaide pour l’inversion de la croissance démographique, et il a déjà fait part devant la PAS de sa volonté de « décroissance » pour la préservation de la planète.

    Le symposium de novembre veut présenter une étude « holistique » des relations entre le « changement climatique », la santé de la planète et des hommes, et la pollution de l’air. Et des politiques auront la parole : le gouverneur de la Californie, Jerry Brown, entré en résistance contre Donald Trump et son refus des Accords de Paris sur le climat, mais aussi Michelle Bachelet, présidente du Chili, dont l’une des grandes priorités politiques – la fin de l’interdiction de l’avortement – vient de devenir réalité dans son pays grâce au vote favorable du Sénat.

    Michelle Bachelet, qui a fait légaliser l’avortement, invitée à une conférence au Vatican

    On voit dans tout cela la patte du président de la PAS, Mgr Marcelo Sanchez Sorondo, qui a multiplié les mains tendues vers les ennemis de l’Eglise et de l’homme. Margaret Chan, la présidente d’origine chinoise de l’OMS – qui œuvre elle aussi pour l’avortement « sûr et légal » – n’interviendra donc pas par hasard.

    La dimension spirituelle n’est pas oubliée. Sanchez Sorondo présidera, au dernier jour du symposium, l’« Appel à l’action des leaders religieux », où voisineront un rabbin, un pasteur évangélique, un évêque anglican. Mais aussi et surtout le gourou Sri Sri Ravi Shankar, grand penseur mystico-gazeux qui imagine tout pouvoir résoudre par des techniques de respiration. Son International Art of Living Foundation a obtenu le statut consultatif spécial des ONG auprès des Nations unies : elle inspire des ashrams dans de nombreux pays. Il interviendra donc comme « Leader humanitaire, maître spirituel et ambassadeur de la paix ».

    Et tant pis pour Dieu, et pour le premier et le plus grand des commandements.

     
  • Le cardinal Parolin en Russie pour préparer une visite du Pape ?

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    De Marie Malzac sur le site du journal La Croix :

    En Russie, le cardinal Parolin rencontrera Poutine et le patriarche Kirill

    Le numéro deux du Vatican, le cardinal Pietro Parolin, à Moscou du 20 au 24 août, pourrait évoquer l’éventualité d’un voyage officiel du pape François en Russie, ce qui constituerait une première historique, a-t-il indiqué mercredi 9 août dans un entretien au quotidien italien Il Corriere della Sera.

    « La préparation d’un éventuel voyage du pape François en Russie ne relève pas des objectifs de ma visite » à Moscou du 20 au 24 août, « mais je souhaite cependant qu’elle puisse contribuer à avancer dans cette direction », a assuré le Secrétaire d’État du Saint-Siège, le cardinal Pietro Parolin, dans un entretien au quotidien italien Il Corriere della Sera.

    Dans une interview en mars au journal allemand Die Zeit, le pape François, interrogé sur ses projets de voyages internationaux, avait déclaré : « Je ne peux pas aller en Russie, car alors je devrais aussi aller en Ukraine ».

    Le cardinal Parolin n’est pas interrogé sur ce point. À l’occasion de son voyage en Russie, il doit s’entretenir notamment avec le président russe Vladimir Poutine et de hauts représentants religieux, dont le patriarche Kirill, à la tête de l’Église orthodoxe russe.

    « Dans ce moment historique où nous assistons à une augmentation des tensions et des conflits dans diverses parties du monde, la paix constitue pour le pape François et pour moi personnellement une priorité claire et incontournable », a commenté le secrétaire d’État.

    Le Saint-Siège nourrit « un intérêt particulier » pour la vaste zone de l’Europe orientale qui, « outre des riches traditions culturelles et religieuses, a un rôle à jouer dans la recherche d’une meilleure stabilité du continent et une meilleure unité, y compris dans les relations Est-Ouest », souligne-t-il.

    « Nouveaux horizons »

    « Après la période d’opposition idéologique, qui évidemment ne peut pas s’évanouir du jour au lendemain, et avec les nouveaux horizons ouverts depuis la fin de la guerre froide, il est important de profiter de toutes les occasions pour encourager le respect, le dialogue et la collaboration réciproques afin de promouvoir la paix », a encore relevé le cardinal Parolin dans Il Corriere della Sera.

    En février 2016, après 1 000 ans de séparation, une rencontre historique avait eu lieu à La Havane entre le pape François et le patriarche Kirill. Après de longues négociations entre Rome et Moscou, les deux hommes avaient signé une déclaration commune.

    À LIRE : « La Russie peut donner beaucoup au monde », dit le pape François

    Peu avant cet événement, le pape avait affirmé, dans un entretien au même quotidien italien, que « la Russie (pouvait) donner beaucoup » pour la paix mondiale, évoquant même certaines « convergences » entre le Saint-Siège et Moscou sur les conflits dans le monde arabe.

    Pour les observateurs, cette rencontre à Cuba, dans un lieu neutre, loin de l’Europe, était une première étape vers un voyage du pape en Russie.

    À LIRE : Rome et le Patriarcat de Moscou, des années pour se rencontrer