Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

International - Page 241

  • Québec : une Église en crise depuis les années 1960

    IMPRIMER

    Un effet de la « révolution tranquille » (un prodrome québécois de mai 68) ou de Vatican II ? C’est un peu l’histoire de la poule et de l’œuf. En quelques années, les catholiques du Québec ont vu leur Église vaciller et la société se séculariser à une vitesse accélérée. D’Yves Chiron sur le site du mensuel « La Nef » ( n° 297):

    "Jusqu’au début des années 1960, 88 % de la population du Québec était catholique et l’Église était impliquée dans toutes les œuvres sociales, dans le système hospitalier comme dans l’éducation. La quasi-totalité des « collèges classiques » (l’équivalent de nos lycées) et toutes les universités francophones étaient rattachées à l’Église. Les mouvements, organisations et œuvres liés à chaque paroisse couvraient tous les aspects de la vie religieuse mais aussi de la vie sociale (loisirs, services sociaux, syndicalisme, mouvements coopératifs, culture). À la fin des années 1950, un catholique sur cinq était actif dans un de ces secteurs de la vie paroissiale.

    En 1960, par la victoire électorale du Parti libéral québécois et l’arrivée au pouvoir de Jean Lesage s’engage une « Révolution tranquille » qui veut mettre fin à la « Grande Noirceur », terme polémique pour désigner les gouvernements de l’Union nationale qui avaient dirigé le Québec depuis 1944 et la politique conservatrice qui avait été menée avec l’appui de l’Église.

    La Révolution tranquille aboutira en quelques années à la création d’un système d’hôpitaux publics, d’un Ministère de l’Éducation et d’un Ministère des affaires sociales, à l’abaissement du droit de vote de 21 à 18 ans, à l’adoption d’un statut légal de la femme mariée, à la mise en vente de la pilule contraceptive dès 1961.

    Ces évolutions, peu « tranquilles » en fait, se sont accompagnées d’une transformation du catholicisme québécois, ce qu’on a appelé la « décléricalisation » de la société québécoise. L’Église a perdu le contrôle du système d’éducation, du système hospitalier et du système des aides sociales. Les syndicats se sont déconfessionnalisés. La pratique religieuse a très fortement baissé, passant, entre 1961 et 1971, de 61 à 30 % dans le diocèse très urbanisé de Montréal, et de 90 à 37/45 % dans les petites villes du Québec et des campagnes. Les vocations religieuses et sacerdotales se sont effondrées : quelque 2000 entrées au couvent ou au séminaire en 1946, un peu plus d’une centaine en 1970. Le nombre des ordinations sacerdotales a baissé de plus de 57 % entre 1960 et 1969. Des milliers de prêtres, de religieux et de religieuses sont retournés à la vie laïque.

    Certains analystes et commentateurs ont expliqué, a posteriori, cet effondrement comme une conséquence de la Révolution tranquille qui a fait perdre à l’Église son pouvoir institutionnel et qui a laïcisé la société. D’autres explications ont mis en lien la crise du catholicisme québécois avec le concile Vatican II qui se déroulait au même moment (1962-1965).

    Lire la suite

  • Nous serions à l’heure des premières conversions massives de musulmans au christianisme

    IMPRIMER
    La conversion des musulmans au christianisme serait le fait des… islamistes

    Pour le Père Mitch Pacwa S.J., c’est une certitude, « Nous sommes à l’heure des premières conversions massives de musulmans » au christianisme. Le National Catholic Register qui a mené l’interview, n’est pas allé chercher un quidam pour cette assertion, mais un prêtre jésuite, multilingue, expert sur le Moyen-Orient (co-auteur du livre Inside Islam : A Guide for Catholics). Et c’est pour lui la violence de l’islam abouti, sous sa forme la plus poussée, celui des islamistes, qui serait à l’origine de ces défections individuelles qui se multiplient.

    Et qui arrivent souvent dans des pays où toute abjuration équivaut à une mise à mort.

    Conversions : « Dieu fait un travail puissant parmi eux » – et les islamistes

    Le Père Pacwa raconte qu’il a commencé à entendre parler de ces conversions au christianisme vers 2005 sur Al-Jazeera, la chaîne de télévision la plus regardée du monde arabe qui cumule plusieurs dizaines de millions de téléspectateurs – une chaîne pourtant souvent jugée trop favorable aux islamistes, comme quoi tout arrive.

    « Ils faisaient des reportages sur les conversions massives de Musulmans – jusqu’à 6-8 millions – en Afrique subsaharienne, et, chaque année, ils répétaient cet avertissement (…) Je l’ai confirmé avec des Africains que je connais qui m’ont fait part, à plusieurs reprises, de conversions dans des endroits comme le Nigeria, l’Ouganda, le Mali…

    « C’est la raison pour laquelle Boko Haram est devenu si actif. Ils essayent de les terroriser. Mais l’acte même de terroriser les gens a fini par les rendre dégoûtés par l’islam ». Comme l’a dit un dirigeant évangélique soudanais, « Les gens ont vu le véritable islam ». Le Père Pacwa soupçonne la religion musulmane d’être au bord d’un effondrement, au moment même où on ne l’a jamais autant vu sur le devant de la scène.

    Tortures et peines de mort

    Et pourtant, les menaces pour les convertis sont bien réelles. Les Américains chrétiens capturés dans les pays musulmans sont généralement expulsés mais pour les autochtones, c’est différent…

    « Les vendredis après les prières de midi sont le jour où ils coupent les mains et les têtes des voleurs, les adultères – les femmes seulement – et les gens qui commettent le blasphème, qui inclurait la conversion au christianisme (…)

    « J’ai lu l’histoire d’un garçon esclave qui s’est échappé pour prier le Vendredi Saint et qui a été crucifié pour cela (…) J’ai aussi entendu parler de deux servantes philippines qu’on a attrapées en possession du Nouveau Testament et qu’on a décapitées ».

    Près de 10 millions de musulmans convertis au christianisme aujourd’hui

    Malgré cette réalité, les pays fondamentalistes abritent des conversions. Un article publié dans le Journal interdisciplinaire de recherche sur la religion a affirmé récemment que les musulmans ont quitté la foi depuis les années 1960 à des taux croissants. Les données « montrent clairement une augmentation de moins de 200.000 [chrétiens qui se sont convertis de l’islam] dans le monde en 1960, à près de 10 millions aujourd’hui. »

    Mieux, comme l’a montré un rapport, en 2013, du « Center for the Study of Global Christianity », 11 des 20 pays qui ont le pourcentage AAGR (note moyenne annuelle de croissance du christianisme) le plus élevé, sont musulmans... Les autres sont hindouistes ou bouddhistes.

    Le site chretiens.info le rappelle, l’Afghanistan est passé de 17 convertis chrétiens en 2001 à plus de 250.000. L’Ouzbékistan, de zéro en 1990 à 350.000, selon Open Doors. L’Iran de moins de 500 chrétiens en 1979, à 200.000. L’Indonésie verrait deux millions de conversions par an. Des chiffres auxquels il faut ajouter tous ceux qui se convertissent mais gardent extérieurement les habitudes des musulmans, par peur des représailles : selon le site web Muslim Statistics, près de 350 millions de musulmans seraient des chrétiens « dans le privé ».

    « Un grand nombre de musulmans reçoivent des visions de Jésus et de la Bienheureuse Vierge Marie qui les ont conduits à se convertir » et ils en témoignent, explique le Père Pacwa. Et de citer également les prêches de ce prêtre copte orthodoxe exilé d’Egypte, le Père Zakaria Botros, probablement l’islamologue le plus célèbre du Moyen-Orient dont le programme hebdomadaire sur la chaîne Al Hayatt est suivi par quelque 60 millions de musulmans… et pour la tête duquel, Al Qaeda a promis 60 millions de dollars !

    Les chrétiens doivent faire comme les lapins, dixit la Pologne

    Pour David Garrison aussi, chrétien baptiste américain qui a parcouru le monde pendant trois ans à la recherche des convertis de l’islam, il y a un souffle dans cette maison, un souffle qui a pris de l’envergure aux XXe et XXIe siècles et qui ne fait qu’augmenter – il faut s’en réjouir.
    Mais gardons à l’esprit que la population musulmane augmente de concert, en Afrique sub-saharienne comme en Europe.

    Car ce sont eux qui gardent jusque-là, la démographie la plus forte – une étude récente du Pew Research Center le démontrait encore (s’il y a besoin de le faire). Le taux de fécondité est de 3,1 enfants par femme, dans le monde musulman, contre 2,3 pour tous les autres groupes combinés. Et les musulmans sont aussi les plus jeunes de tous les principaux groupes religieux. D’ici à 2050, on devrait compter 10 % de musulmans dans l’ensemble de l’Europe.

    Il faudra que les chrétiens se remettent à avoir des enfants…

  • Chine : le cardinal Zen dénonce et réfute en six points la nouvelle Ostpolitik du cardinal Secrétaire d'Etat

    IMPRIMER

    Zen : « Je n’arrive toujours pas à comprendre pourquoi ils dialoguent avec la Chine » (source)

    Le cardinal Joseph Zen Zekiun, l’archevêque émérite de Hong Kong, a publié ce matin sur son blog, en chinois et en italien – une langue qu’il maîtrise très bien – l’article suivant.  Les soulignements sont de lui.

    Une traduction anglaise est disponible sur Asia News, l’agence en ligne de l’Institut pontifical des missions étrangères.

    > Zen: « I still don’t understand why they are in dialogue with China »

    Je n’arrive toujours pas à comprendre pourquoi ils dialoguent avec la Chine

    Réponse à « Voici pourquoi nous dialoguons avec la Chine », l’entretien que Son Éminence le Cardinal Parolin a accordé à Gianni Valente (c’est-à-dire l’entretien qu’ils ont concocté ensemble).

    J’ai relu cet plusieurs fois cet entretien et je suis en train de le lire à nouveau (même si sa lecture me répugne) afin de pouvoir faire mes commentaires honnêtement.

    Je sais gré à Son Éminence de reconnaître qu’il est « légitime d’avoir des opinions différentes ».

    (1)

    Avant tout, on ne manquera pas de remarquer l’insistance avec laquelle Son Éminence affirme que son point de vue et l’objectif de ses activités sont de nature pastorale, spirituelle, évangélique et de foi tandis que notre façon de penser et d’agir ne serait que purement politique.

    Ce que nous constatons en revanche, c’est qu’il adore la diplomatie de l’Ostpolitik de son maître Casaroli et qu’il méprise la foi authentique de ceux qui défendent avec fermeté l’Église que Jésus a fondée sur les Apôtres de toute ingérence avec le pouvoir séculier.

    Je ne peux pas oublier ma stupéfaction quand j’ai lu il y a quelques années l’un de ses discours publié dans l’Osservatore Romano dans lequel il qualifiait les héros de la foi des pays d’Europe centrale sous régime communiste (le Card. Wyszynsky, le Card. Mindszenty et le Card. Beran pour ne pas les nommer) de « gladiateurs », de « personnes systématiquement contraires au gouvernement et avides d’apparaître sur l’avant-plan politique ».

    (2)

    On remarquera également qu’il fait plusieurs fois mention de sa compassion pour les souffrances de nos frères en Chine.  Des larmes de crocodiles !  De quelle souffrance parle-t-il ?  Il sait pertinemment bien qu’ils ne craignent ni la pauvreté, ni la limitation ou la privation de liberté ni même de perdre la vie.  Mais il n’a aucune estime pour tout cela (ce sont des « gladiateurs »).

    Il parle également des blessures encore ouvertes et pour les refermer, il compte applique « le baume de la miséricorde ».  Mais de quelles blessures parle-t-il ?

    Vers la fin de l’entretien, à un certain point il dit : « Franchement, … je dirai : je suis également convaincu qu’une partie des souffrances vécues par l’Église en Chine ne soit pas tant due à la volonté de certains individus qu’à la complexité objective de la situation ».

    Il sait donc très bien que dans l’Église en Chine il ne s’agit pas (sauf dans de rares cas) d’offenses ou de ressentiment personnels mais que tous sont victimes de la persécution de la part d’un régime totalitaire athée. Utiliser le baume de la miséricorde ?  Mais il n’y a aucune offense personnelle à pardonner.  C’est un esclavage dont il faut se libérer.

    Miséricorde pour les persécuteurs ? Pour leurs complices ?  Récompenser les traîtres ?  Châtier les fidèles ?  Forcer un évêque légitime à céder sa place à un évêque excommunié ?  N’est-ce pas plutôt mettre du sel sur les blessures ?

    Lire la suite

  • RDC : l’Eglise face à la galaxie Kabila

    IMPRIMER

    Marche_Monsengwo.jpgLe peuple congolais, majoritairement catholique, suit aujourd’hui l’Eglise, son seul recours avéré contre la toile tissée par Kabila mais, sans alternative politique crédible pour sortir de l’impasse, les marches de protestation réprimées dans le sang ne peuvent évidemment suffire : des élections sans candidats crédibles ont-elles un sens ?  Après l’élimination de Lumumba, le leader pyromane brulé dans l’incendie qu’il avait lui-même allumé, la prise du pouvoir par Mobutu se révéla finalement le seul facteur possible de stabilisation : avec toutes les dérives qu’il a finalement généré. Si l’Eglise et les meilleurs de ses fils congolais a aujourd’hui un plan raisonnable pour assurer la transition vers une gestion politique digne d’un grand pays, elle doit s’assurer du concours de toutes les  instances nationales et internationales susceptibles de le mettre en œuvre, sans quoi la galaxie Kabila a encore de beaux jours devant elle. Sur son blog, hébergé par le quotidien belge « Le Soir », la journaliste Colette Braekman, qui suit le dossier congolais depuis les affres de la proclamation de l’indépendance, nous rappelle ici en quoi consiste exactement cette galaxie actuellement au pouvoir :

     La galaxie de Joseph Kabila, le maître du silence et des réseaux    

     « Voici quelques années, lors de l’une de ses rares interviews, Joseph Kabila reconnaissait qu’il ne connaissait pas quinze Congolais en lesquels il pouvait avoir confiance. Cet aveu fit jaser dans tout le pays et, quelque temps plus tard, alors que nous lui demandions s’il avait déniché les oiseaux rares, le président, sobrement, citait le chiffre de douze. « Comme les douze Apôtres », ajouta-t-il en souriant. Nous ne lui avons pas demandé combien de Judas se cachaient parmi les douze élus….

    Plusieurs raisons expliquent pourquoi sont si rares les conseillers auxquels le « Raïs » (chef en swahili) accorde sa confiance. La première, c’est que le fils de Laurent Désiré Kabila, l’irréductible opposant à Mobutu, a grandi à l’étranger : il était très jeune encore lorsque sa mère, Maman Sifa, fut obligée de quitter le maquis que son père avait créé du côté de Fizi, dans une « zone rouge » appelée Hewa Bora, au bord du lac Tanganyika. Les bombardements de l’armée zaïroise et le blocus avaient créé la famine dans cette région assiégée. « Il nous arrivait d’être obligés de manger de l’‘herbe » nous confiera un jour Maman Sifa…La famille finit par se retrouver à Dar es Salam, vivant dans des conditions très précaires et sous la menace d’être repérée par les agents de Mobutu pour lesquels Laurent Désiré Kabila demeurait l’ennemi numero un. Inscrit à l’école française de Dar es Salam, (son père souhaitait qu’il apprenne la langue de ses compatriotes congolais, en prévision d’un éventuel retour au pays) le jeune Joseph dut se présenter sous un faux nom, cacher sa véritable identité et son père lui donna la consigne de ne faire confiance à personne. C’est là que le jeune garçon apprit à se taire et à écouter, à dissimuler ses sentiments et ses projets, à compartimenter ses amitiés.

    Lire la suite

  • Quand un prélat, chancelier de deux académies pontificales, s'entiche de la Chine communiste

    IMPRIMER

    De Sandro Magister, traduit sur le site diakonos.be :

    La Chine inventée par Mgr Sánchez Sorondo. Découverte d’un de ses carnets vieux de cinquante ans

    « Je peux comprendre, tout à la fougue de vouloir ces accords entre la Chine et le Vatican, qu’on se pâme et qu’on fasse l’éloge de la culture chinoise, du peuple chinois, de la mentalité chinoise, comme le fait le Pape François. Mais de là à présenter la Chine comme un modèle… ».

    Celui qui s’étonne, c’est le P. Bernardo Cervellera, directeur de l’agence Asia News de l’Institut pontifical des missions étrangères, en commentant les considérations de l’évêque argentin Marcelo Sánchez Sorondo, tout juste rentré d’un voyage en Chine.

    Sánchez Sorondo est chancelier de deux académies pontificales, celles des sciences et celle des sciences sociales, en plus d’être un vassal audacieux de la cour du Pape François. Et en effet, l’éloge intarissable sur le régime de Pékin qu’il a étalé dans une interview il y a quelques jours pour la section espagnole de Vatican Insider, ont suscité l’étonnement:

    > « Chinos, quienes mejor realizan la doctrina social de la Iglesia »

    En voici un petit florilège :

    « En ce moment, ceux qui mettent le mieux en pratique la doctrine sociale de l’Eglise, ce sont les chinois ».

    « L’économie ne domine pas la politique, comme c’est le cas aux Etats-Unis. La pensée libérale a évacué la notion de bien commun en prétendant qu’il s’agissait d’une idée vide.  Au contraire, les chinois cherchent le bien commun et subordonnent toute chose à l’intérêt général.  C’est Stefano Zamagni qui me l’a assuré, un c’est un économiste traditionnel, très apprécié depuis longtemps, par tous les papes ».

    « J’ai rencontré une Chine extraordinaire. Ce que les gens ne savent pas c’est que le principe chinois central c’est : travail, travail, travail.  Il n’y a rien d’autre, et au fond, comme disait Saint Paul : que celui qui ne travaille pas ne mange pas non plus ».

    « Il n’y a pas de ‘villas miserias’, il n’y a pas de drogue, les jeunes ne se droguent pas. Il y a une conscience nationale positive.  Les chinois ont une qualité morale qu’on ne trouve nulle part ailleurs ».

    « Le pape aime le peuple chinois, il aime son histoire. En ce moment, les points de convergence sont nombreux.  On ne peut pas penser que la Chine d’aujourd’hui soit celle de l’époque de Jean-Paul II ou la Russie de la guerre froide ».

    *

    Inutile de dire que Mgr Sánchez Sorondo est revenu enthousiaste de son voyage en Chine. Tellement enthousiaste qu’il nous renvoie un demi-siècle en arrière, à l’époque de ces carnets de voyage rédigés par des intellectuels célèbres, des écrivains et des hommes d’Eglise qui s’étaient rendus en Chine vers la fin de la Révolution culturelle, une époque terrifiante, fanatique et sanguinaire s’il en est, mais qu’ils admiraient pourtant et exaltaient comme l’acte de naissance d’une nouvelle humanité vertueuse.

    Lire la suite

  • Le culte chrétien rétabli dans un ancien fief de Daech

    IMPRIMER

    1ère messe depuis 6 ans à l'église de Deir Ezzor (source)

    A Deir Ezzor, ex-fief de Daech en Syrie, une messe a été célébrée samedi dans une église encore marquée par les combats.

    Deir Ezzor a été le théâtre de violents combats, d'abord lorsque les rebelles ont conquis une partie de la ville en 2012, une situation qui a encore empiré quand le groupe Etat islamiste a pris le contrôle de la région en 2014. L'armée syrienne a repris la ville en novembre 2017.

    Consolation et espoir

    La cérémonie de samedi, à laquelle ont aussi assisté des religieux musulmans, a été célébrée par le patriarche d'Antioche syriaque orthodoxe Ignace Ephrem II Karim. Il a présidé la cérémonie derrière une petite table recouverte d'un tissu blanc, l'autel de l'église ayant été fortement endommagé. «C'est un sentiment indescriptible pour nous de prier dans une église presque détruite, qui est une consolation pour nos coeurs et un message d'espoir pour les habitants de la ville afin qu'ils reviennent et participent à sa reconstruction», a-t-il dit.

    On estime à environ 3000 le nombre de chrétiens qui vivaient à Deir Ezzor avant la révolution syrienne de 2011. Shadi Tuma, 31 ans, est resté dans sa ville natale malgré les combats. «Les temps difficiles subis par Deir Ezzor ont poussé les familles à partir, mais j'étais déterminé en mon for intérieur à rester», a-t-il confié à l'AFP. «Il y aura toujours une coexistence à Deir Ezzor. Les chrétiens seront toujours présents», a-t-il promis.

    La majeure partie de la ville est pour l'instant impraticable: immeubles détruits, électricité intermittente et absence d'eau potable.

  • Congo RDC: Le cardinal Monsengwo "plébiscité" pour diriger la transition après Kabila

    IMPRIMER

    cardinal MOnsengwo assis.jpgAlors que le pape François vient de nommer un coadjuteur appelé à lui succéder, le cardinal Laurent Monsengwo a été plébiscité par un “vote citoyen” comme la personnalité neutre qui pourrait diriger une éventuelle transition en République Démocratique   du Congo (RDC) après le départ du président Joseph Kabila fin 2018. L’archevêque de Kinshasa a été choisi parmi une palette de douze noms. Du correspondant en Afrique de l’agence cath. ch. :

    « Au total, douze candidats étaient en lice, dont des évêques, des pasteurs, et diverses autres personnalités. Le docteur Denis Mukwege, surnommé “l’homme qui répare les femmes”, également pasteur évangélique à Bukavu, dans le Sud-Kivu, arrive en deuxième position, avec près de 2 millions de voix.

    Le “scrutin” était organisé par le mouvement “Paix et Solidarité”, composé d’une coalition d’associations citoyennes, dans le but de choisir un “administrateur” susceptible de diriger une transition sans le président Kabila.

    3,5 millions de voix pour le cardinal

    Les résultats, publiés dans le quotidien congolais Le Potentiel du 4 février, placent en tête l’archevêque de la capitale de la RDC, une personnalité très connue. Le cardinal Monsengwo Pasinya a engrangé plus de 3,5 millions de voix tant de Congolais du pays que de citoyens vivant à l’étranger. Ils ont voté entre novembre et décembre 2017.

    En RDC, les votes ont eu lieu dans les locaux des églises et écoles qui servaient de bureaux de vote. La consultation “électorale” était organisée à l’initiative de mouvements citoyens pour choisir un “administrateur” susceptible de diriger une transition sans le président Kabila.

    Entre 1991 et 1992, le cardinal Monsengwo Pasinya a dirigé, avec succès, les assises de la Conférence nationale souveraine qui a abouti à la libéralisation de la vie politique nationale. A la fin de cette Conférence, il a été porté à la tête du parlement de la transition, le Haut Conseil de la République. (cath.ch/ibc/be)

    Ref.  Congo RDC: Le cardinal Monsengwo "plébiscité" pour diriger la transition après Kabila

    JPSC

  • Congo : le pape François nomme un coadjuteur au Cardinal Monsengwo.

    IMPRIMER

    Lu sur le site de la Libre Afrique, ce billet de Marie-France Cros :

    Ambongo 78737-AAA6-496C-A7EE-04905740FF21_cx45_cy23_cw44_w1023_r1_s-690x450.jpg« Le Pape a nommé mardi Mgr Fridolin Ambongo, jusqu’ici archevêque de Mbandaka (l'ancienne Coquilhatville, chef-lieu de la province de l'Equateur) à la charge d’archevêque coadjuteur de Kinshasa, aux côtés du cardinal Laurent Monsengwo. Une nomination vue comme un renfort pour ce dernier.

    La fonction de « coadjuteur » signifie que non seulement il apporte son appui au détenteur de la charge mais qu’il lui succédera en cas de décès ou de démission. Mgr Fridolin Ambongo, qui vient d’avoir 58 ans, a en effet vingt ans de moins que le brillant cardinal, alors que l’Eglise congolaise traverse une période de forte tension avec le régime du président hors mandat Joseph Kabila. Celui-ci refuse de quitter le pouvoir comme prévu par la Constitution et consacre toute son énergie à se maintenir à la tête de l’Etat – et enrichir sa famille – plutôt qu’à travailler au développement du pays. Malgré plusieurs années de forte croissance économique portée par les cours élevés des métaux, le niveau de pauvreté au Congo n’a pratiquement pas baissé.

    A lire ICI : Appointment of coadjutor archbishop of Kinshasa, Democratic Republic of the Congo

    L’Accord de la Saint-Sylvestre

    Mgr Fridolin Ambongo appartient à l’Ordre des Frères mineurs capucins – des franciscains – et a accédé à la prêtrise en 1988, avant d’être nommé évêque en 2005. Diplômé en théologie morale de l’Acadaméie alphonsienne de Rome, il l’a enseignée à l’Université catholique de Kinshasa.

    L’archevêque coadjuteur de Kinshasa a été élu à la tête de la commission Justice et Paix de la conférence épiscopale congolaise avant d’accéder, en juin 2016, à la vice-présidence de celle-ci. C’est à ce titre qu’il jouera un rôle important dans la négociation de l’Accord de la Saint-Sylvestre 2016, qui balise le chemin vers des élections consensuelles, alors que le président Kabila, hors mandat depuis le 20 décembre 2016, n’avait pas fait tenir la présidentielle pour nommer son successeur. L’Accord de la Saint-Sylvestre prévoyait une élection présidentielle en décembre 2017 – mais le régime Kabila n’a pas respecté ce qui avait été signé et annonce maintenant d’hypothétiques élections en décembre 2018.

    Le non respect des engagements pris sous l’égide de l’Eglise a évidemment suscité la colère de Mgr Ambongo, qui a déjà dénoncé les dérives du régime – sans pour autant se montrer indulgent pour les faiblesses de l’opposition « .

    Ref. RDC: Mgr Fridolin Ambongo à la rescousse de Mgr Monsengwo

    A la rescousse, vraiment ?

    Un évêque, ou en l’occurrence un archevêque, coadjuteur est en effet  nommé au côté de l’évêque diocésain avec droit de succession immédiate sur le siège de l’évêque à qui il est adjoint après la démission ou le décès de ce dernier. Cette désignation, présentée comme « un renfort » de la position du Cardinal, pourrait, en un sens, encourager Kabila à penser que Rome n’était vraiment pas certaine que le bras de fer entre le Président et l’Archevêque Monsengwo (79 ans) puisse se terminer à l’avantage du second. Quelle alternative crédible, en effet, les oppositions offrent-elles à la situation présente ? Ménager une porte de sortie au cardinal ferait donc partie de la realpolitik à suivre dans cette affaire comme dans d'autres…  JPS.

  • Le secrétaire d’Etat du Saint-Siège, un homme de peu de foi ?

    IMPRIMER

    Cardinal Zen : « le secrétaire d’Etat du Vatican se trompe » (source)

    Ce qui va suivre est la traduction intégrale d’un article publié en chinois le 5 février sur le blog du cardinal Joseph Zen Zekiun, archevêque émérite de Hong Kong.

    Zen répond aux réactions du Vatican qui ont suivi sa précédente intervention :

    > Risque de Schisme en Chine.  Le cardinal Zen : « Le pape m’a dit… »

    Ces dernières déclarations avaient effectivement donné lieu à une déclaration du directeur de la salle de presse du Vatican, à une interview du cardinal secrétaire d’Etat Pietro Parolin et à des spéculations sur un accord imminent entre le Saint-Siège et la Chine.

    *

    Quatre observations

    de Joseph Zen Zekiun

    Certaines personnes qui me veulent du bien m’ont conseillé de prier plus et de parler moins. Il est juste de prier plus, parce que le Seigneur est notre espérance et que nous avons confiance en l’intercession de la Vierge Marie, la Mère de Dieu.

    On m’a probablement conseillé cela par peur qu’en parlant trop, je risque d’être plus facilement attaqué. Mais je n’ai pas peur, pour autant que mes paroles soient justes et utiles.  À mon âge, peu m’importe de gagner ou de perdre.

    Je veux parler encore parce que j’ai le sentiment que bientôt, je ne pourrai plus parler. C’est pourquoi je vous demande pardon.

    1. Dans la lecture de la messe de ce dimanche, Job doit endurer la longue nuit de la souffrance et il se lamente de ne plus voir le bonheur de ses yeux. Mais le psaume 146 nous invite à louer le seigneur qui guérit les cœurs brisés. Ces derniers jours, les frères et les sœurs qui vivent sur le continent chinois ont appris que le Vatican est sur le point de se rendre au parti communiste chinois et ils se sentent donc mal à l’aise. Vu que les évêques illégitimes et excommuniés seront légitimés tandis que ceux qui sont légitimes seront contraints à se retirer, il est logique que les évêques légitimes et clandestins s’inquiètent du sort qui les attend.  Combien de nuits de souffrance les prêtres et les laïcs endureront-ils à la pensée de devoir s’incliner et d’obéir à ces évêques qui sont aujourd’hui illégitimes et excommuniés mais qui demain seront légitimés par le Saint-Siège, avec l’appui du gouvernement ?  D’autant que le désastre a déjà commencé aujourd’hui, sans attendre demain.  Depuis le 1 février, les nouvelles lois du gouvernement sur les activités religieuses sont entrées en vigueur.  Les prêtres clandestins de Shanghai ont demandé à leurs fidèles de ne plus se rendre à leurs messes sous peine d’être arrêtés s’ils persistaient à le faire !  Mais n’ayez pas peur car le Seigneur guérit les cœurs brisés.

    2. Le secrétaire d’Etat du Saint-Siège a déclaré que « nous connaissons les souffrances endurées hier et aujourd’hui par les frères et les sœurs chinois ». Mais cet homme de peu de foi sait-il ce qu’est une véritable souffrance ? Les frères et les sœurs du continent chinois n’ont pas peur d’être réduits à la pauvreté, d’être mis en prison, de verser leur sang, leur plus grande souffrance est de constater qu’ils sont trahis par les « membres de leur famille ». L’interview de Parolin est truffée d’opinions erronées (en espérant que ses discours soient cohérents avec ses pensées).  Il est indécent de la part d’un haut dirigeant du Saint-Siège de manipuler la lettre [aux catholiques chinois] d’un pape, même s’il s’est retiré, en citant la phrase (4.7) : « la solution des problèmes existants ne peut être recherchée à travers un conflit permanent avec les Autorités civiles légitimes » tout en dissimulant le fait que la lettre poursuit immédiatement en affirmant que « dans le même temps, une complaisance envers ces mêmes Autorités n’est cependant pas acceptable quand ces dernières interfèrent de manière indue dans des matières qui concernent la foi et la discipline de l’Église. »

    Au cours des JMJ en Corée, le pape a déclaré aux évêques asiatiques que « le présupposé du dialogue est la cohérence avec sa propre identité ». Des personnes bien informées aux plus hauts échelons du Saint-Siège déclarent aujourd’hui avec regret que « nous sommes comme des oiseaux en cage mais que la cage pourrait s’agrandir, nous tentons donc d’obtenir le plus grand espace possible ».  Mais le véritable problème n’est pas la taille de la cage mais la question de savoir qui se trouve à l’intérieur.  Les croyants clandestins ne sont pas à l’intérieur de cette cage.  Mais aujourd’hui vous voulez les forcer eux aussi à y entrer pour que eux aussi soient « réconciliés » avec ceux qui sont déjà à l’intérieur !  Certes, il y a dans cette cage des personnes qui y ont été contraintes mais également des personnes serviles et assoiffées de pouvoir qui s’y complaisent.  (J’ai été le premier à dire qu’en Chine, il n’y avait qu’une seule Eglise et que tous les croyants, aussi bien de l’Eglise officielle que de l’Eglise clandestine aimaient le Pape mais aujourd’hui je n’oserais plus affirmer une telle chose).

    Puisque j’ai choisi de privilégier la vérité et la justice (tout ce que je dis part du principe qu’il faut protéger la réputation du pape et afficher clairement la doctrine de l’Eglise), je n’ai pas de problème pour dire que j’ai fait part de mes opinions sur le « dialogue » au Pape François quand il m’a reçu en audience privée il y a trois ans. Le pape m’a écouté attentivement pendant quarante minutes sans m’interrompre.  Au moment où je lui dit que, objectivement parlant, l’Eglise officielle du continent chinois était schismatique (en tant qu’administration autonome indépendante du Saint-Siège mais dépendant du gouvernement), le Pape m’a répondu « Bien sûr! ».

    3. Hier, plusieurs personnes sont venues me trouver ou m’ont téléphoné pour me réconforter après les accusations portées contre moi par le porte-parole du Vatican. Mais ils ont mal compris parce que je n’ai pas besoin de réconfort. Il aurait mieux valu pour eux qu’ils aillent réconforter ce porte-parole. C’est lui qui est un oiseau en cage, contraint à accomplir une mission aussi embarrassante : cette fois il a été très efficace en critiquant immédiatement mon intervention (il a certainement lu ce qui a été écrit par d’autres).  On se souviendra qu’il y a plus d’un an, avant le XIe Congrès des Représentants de l’Eglise catholique chinoise, c’est lui qui déclarait que « le Saint-Siège attend de juger sur base de faits établis ».  Un an plus tard, ils sont encore en train d’attendre avant de tirer les conclusions qui s’imposent.

    4. Le commentateur du « South China Morning Post » mérite également toute notre miséricorde, il trouve chaque jour quelqu’un à critiquer et dont se moquer : c’est certainement un expert qui sait tout et qui pourrait donner son avis sur tous les programmes « de omnibus et aliquibis aliis ». Cette personne a écrit que je préférais la politique à la religion. Je voudrais le réveiller un peu : « Where angels fear to tread, the fools rush in », là où les anges ont peur de tomber, les fous y foncent tête baissée. Lui sait-il bien ce qu’est la religion et ce qu’est la foi ?  Il a dit que j’avais décidé de faire souffrir les croyants du continent chinois.  Mais comprend-il ce qu’est la vraie souffrance pour ceux qui ont la foi ?  Toutefois, la dernière phrase qu’il a dite était juste : « The Vatican has to readjust its wordly diplomacy, whatever its spirituel preferences », le Vatican doit rectifier sa diplomatie terrestre, quelles que soient ses préférences spirituelles.  Mais il ne s’agit pas seulement de préférences, il s’agit de principes non négociables !

    Un article de Sandro Magister, vaticaniste à L’Espresso.

  • En 2050, pour un Européen de 50 ans, il y aura trois Africains de moins de 30 ans

    IMPRIMER

    Démographie : en 2050 pour un Européen proche de 50 ans, il y aura trois Africains de moins de 30 ans (source)

    Le journaliste et universitaire Stephen Smith publie un ouvrage saisissant sur la dynamique migratoire africaine. D’une ampleur sans précédent dans l’histoire, elle sera le défi de l’Europe du XXIe siècle.

    Journaliste-écrivain et universitaire, Stephen Smith a tenu la rubrique Afrique de Libération (1988-2000) puis du Monde (2000-2005). Il a travaillé comme analyste pour les Nations unies et L’International Crisis Group [en anglais dans le texte]. Depuis 2007, il est professeur à l’Université de Duke aux États-Unis, où il enseigne les études africaines. Il est l’auteur d’une quinzaine d’ouvrages publiés en France, dont
    Négrologie : pourquoi l’Afrique meurt ou Oufkir, un destin marocain et d’ouvrages coécrits avec Antoine Glaser comme Ces Messieurs Afrique ou Comment la France a perdu l’Afrique.


    Présentation de l’éditeur


    L’Europe vieillit [vrai] et se dépeuple [note du carnet : pas vraiment pour l'instant]. L’Afrique déborde de jeunes et de vie. Une migration de masse va se produire [probablement]. Son ampleur et ses conditions constituent l’un des plus grands défis du XXIe siècle.

    L’Union européenne compte aujourd’hui 510 millions d’habitants vieillissants ; l’Afrique 1,25 milliard, dont quarante pour cent ont moins de quinze ans. En 2050, 450 millions d’Européens feront face à 2,5 milliards d’Africains. D’ici à 2100 [note du carnet : il faut se méfier des projections à 82 ans...], trois personnes sur quatre venant au monde naîtront au sud du Sahara.

    L’Afrique « émerge ». En sortant de la pauvreté absolue, elle se met en marche. Dans un premier temps, le développement déracine : il donne à un plus grand nombre les moyens de partir. Si les Africains suivent l’exemple d’autres parties du monde en développement, l’Europe comptera dans trente ans entre 150 et 200 millions d’Afro-Européens, contre 9 millions à l’heure actuelle.

    Une pression migratoire de cette ampleur va soumettre l’Europe à une épreuve sans précédent, au risque de consommer la déchirure entre ses élites cosmopolites et ses populistes nativistes. L’État-providence sans frontières est une illusion ruineuse. Vouloir faire de la Méditerranée la douve d’une « forteresse Europe » en érigeant autour du continent de l’opulence et de la sécurité sociale des remparts – des grillages, un mur d’argent, une rançon versée aux États policiers en première ligne pour endiguer le flot – corrompt[rait] les valeurs européennes.

    L’égoïsme [... le terme culpabilisant !] nationaliste et l’angélisme humaniste sont uniment dangereux. Guidé par la rationalité des faits, cet essai de géographie humaine assume la nécessité d’arbitrer entre intérêts et idéaux.


    Extraits d’un entretien sur son livre dans le Figaro

    Lire la suite

  • Le pape est-il bien renseigné ?

    IMPRIMER

    Lu sur le site du journal Metro (Montréal) :

    Le pape François est-il mal renseigné?

    VATICAN — Que sait exactement le pape François de ce qui se passe au sein de son Église catholique de 1,2 milliard de fidèles?

    Cette question est sur toutes les lèvres depuis que le pontife a semblé ignorant du scandale sexuel qui ébranle l’Église chilienne, ce qui a terni sa récente visite de trois jours dans ce pays et l’a contraint à s’excuser peu après.

    La même question a été soulevée quand il a soudainement décidé de virer un dirigeant respecté de la banque du Vatican.

    Elle a ensuite refait surface quand un cardinal lui a reproché de ne pas se rendre compte que ses propres diplomates «trahissaient» l’Église catholique souterraine en Chine à des fins politiques.

     

    Des observateurs du Vatican se demandent maintenant si le pape François reçoit suffisamment de ces informations de haute qualité dont les dirigeants de la planète ont besoin, ou s’il choisit plutôt de se fier à son instinct et à son propre réseau d’informateurs qui lui refilent des informations clandestinement.

    Depuis son élévation à la papauté il y a cinq ans, le pape a créé une structure de renseignement informelle qui se frotte souvent aux instances vaticanes officielles. Cela inclut un petit «conseil de cuisine» de neuf cardinaux qui se rencontrent tous les trois mois au Vatican et qui ont l’oreille du pape, en plus des breffages normaux qu’il reçoit des responsables du Vatican.

    Lire la suite

  • L'Eglise dédaignerait-elle le sacrifice des martyrs chinois ?

    IMPRIMER

    Alors que le Vatican serait sur le point de reconnaître sept évêques nommés par Pékin, Mgr Negri, archevêque émérite de Ferrare-Comacchio a publié cet éditorial sur le site de la Nuova Bussola Quotidiana (notre traduction) :

    Ne touchez pas aux martyrs chinois. Ils sont le trésor de l'Église

    cina-rimozione-large.jpg

    Chine, une campagne est organisée où les croix sont enlevées

    Dans la situation confuse de la structure ecclésiastique italienne (et au-delà), nous luttons pour nous sortir d'une série d'événements et de prises de positions qui sont inquiétantes :  il y a eu le moment où nous avons été instruits sur l'incertitude concernant les paroles réelles de Jésus-Christ dans les Evangiles, parce qu'alors il n'y avait pas d'enregistreurs; puis l’on assiste à une série d'interventions qui relativisent le mal, en particulier en reléguant la figure du diable et, par conséquent, en rendant la différence entre le bien et le mal complètement formelle et du même coup celle  entre l'enfer et le paradis. En même temps, la propagande insensée et idéologique sur le réformateur Luther s’est poursuivie. Et ainsi de suite et ainsi de suite ...

    Nous avons assisté à la profanation des églises transformées en restaurants, sans même que cela réponde un besoin objectif, mais plutôt à une idéologie sous-jacente selon laquelle les églises ne sont pas (comme l'Église le pensait depuis 2000 ans) le lieu de la présence de Dieu et du culte, mais essentiellement le lieu où l'assemblée de la communauté s'exprime en fraternité selon ses divers besoins, donc également celui de se sustenter. Il est donc tout à fait légitime et innovant que les églises soient utilisées comme restaurants, à bas prix bien sûr, au prix de la valeur que l'on donne au culte et à la présence réelle.

    Il y a une série de circonstances, de paroles, d’attitudes au sujet desquelles je pense pouvoir dire - non seulement en mon nom personnel, mais en incorporant également les réactions de tant de prêtres, de frères et de tant de gens de bonne volonté – qu'elles sont ambiguës voire déconcertantes. Il est difficile de voir où cela va se terminer : il est certain que cela va se terminer mais, dans cette situation, on ne sait pas où ... et chaque jour apporte sa peine.

    Nous avons été bouleversés par ces nouvelles lues ces jours-ci : «En décembre dernier, Mgr. Pierre Zhuang Jianjian de Shantou (Guangdong) a été forcé de se rendre à Pékin où « un prélat étranger » du Vatican lui a demandé d’abandonner son siège épiscopal à Mgr Joseph Huang Bingzhang, un évêque illicite. La même demande lui a été faite en octobre dernier ». Tout cela est aggravé par les déclarations interpelantes  du cardinal Joseph Zen Ze-Kiun. De là a commencé une tornade médiatique de fuites ou de nouvelles présumées. Pour tenter de faire la lumière sont venues alors les clarifications du Bureau de Presse du Vatican et l'intervention dans la presse du Cardinal Secrétaire d'Etat.

    Dans ces circonstances, on ne peut que se remémorer  l'histoire des évêques chinois qui ont annoncé l'Evangile, défendu la foi et instruit le peuple de Dieu, dans les situations les plus difficiles, généralement dans la persécution ouverte, supportant fréquemment  la souffrance, l'emprisonnement, la torture ou le martyre. Si toutes les nouvelles qui, dans ces heures, sont transmises par des personnes dignes d'estime et, depuis toujours, en première ligne dans la défense de la liberté de l'Église, même au prix de leur sang, étaient vraies, la situation serait vraiment délicate et sérieuse.

    L'Église chinoise vit - et existe encore aujourd'hui - parce qu'elle a été construite sur le sang offert par ceux qui défendaient sa liberté contre toute ingérence extérieure; en sachant offrir leur propre sang en l'unissant à celui offert par le Christ sur la Croix. C’est ce qui s’est passé pour l'écrasante majorité des communautés ecclésiales de fondation ancienne ou plus récente. C'est aussi ce qui s’est produit pour la communauté ecclésiale de Rome, baignée dans le sang très précieux des Saints Apôtres Pierre et Paul.

    Les martyrs sont le trésor de l'Église! Pour cette raison, depuis les premiers jours de son histoire, l'Eglise a toujours gardé les reliques de ceux qui avaient professé la foi jusqu’à répandre leur sang, dans les situations les plus diverses, dans les circonstances les plus difficiles : des enfants, des adolescents ou un peu plus que des adolescents, comme quelques-uns des grands martyrs de l'Église catholique des premiers siècles, jusqu'à la longue théorie des martyrs qui, de génération en génération, assurent par leur présence et leur témoignage la conformité de l'Église d'aujourd'hui avec l'Église du Seigneur.

    Si tout ce que nous entendons est vrai, c’est que les martyrs ont été escamotés! L'Église depuis toujours a élevé ses martyrs sur les autels et leur a consacré ses plus belles églises! Ceux qui les renieraient se rendraient coresponsables d'une page terrible de l'histoire de l'Église.

    Lorsque l'Église oublie ses martyrs ou même les défie ou les combat, alors nous pourrions raisonnablement considérer toujours plus proche  l'heure de l’épreuve et des ténèbres. Selon la saine tradition de l'Église, il est plus nécessaire que jamais que le peuple chrétien redécouvre son identité qui découle de la présence du Christ et retrouve son chemin quotidien de mission et de témoignage. Il n'y a pas de circonstances, de difficultés, de divergences d'opinions à l'extérieur ou à l'intérieur de l'Église qui peuvent diminuer le désir qu'un vrai chrétien doit toujours avoir de servir la mission du Christ, de l'annoncer et de le rendre présent à tous les hommes, aux extrémités du monde, jusqu’au sacrifice de son propre sang.