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islamisme - Page 34

  • Rencontre des deux François au Vatican : autre chose que de la com ?

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    Hollande.jpgJuppé à Lourdes le 15 août, Sarkozy à la messe  de l’assomption au Lavandou  et François Hollande chez le pape François à Rome, mercredi. La pêche aux moules électorales ?  Sûrement. Plus, c’est à voir…Voici le point de vue de Samuel Pruvot sur le site web « Figarovox » :

    FIGAROVOX/ENTRETIEN - Le président français rencontre le pape ce mercredi. Pour Samuel Pruvot, les deux François ne vivent pas un «grand rapprochement». Les questions sociétales, au fondement de la social-démocratie hollandaise, demeurent un point d'achoppement majeur.

    Samuel Pruvot est rédacteur en chef de l'hebdomadaire Famille Chrétienne. Auteur d'une dizaine d'ouvrages, il a publié notamment François Hollande, Dieu et la République (éd. Salvator, 2013) et dernièrement Le mystère Sarkozy. Les religions, les valeurs et les femmes (éd. du Rocher, 2016)

    FIGAROVOX. - Alors que le père Jacques Hamel a été égorgé par deux djihadistes le 26 juillet dernier, François Hollande se rend ce mercredi au Vatican. Il avait auparavant précisé: «lorsqu'un prêtre est attaqué, c'est toute la France qui est meurtrie». Comment comprendre ces propos?

    Samuel PRUVOT. - Je vais peut-être vous étonner, mais je pense que ce n'est pas seulement de la communication. Dans les propos que vous citez, il y a une vraie nouveauté. C'est la première fois - peut-être même dans toute sa carrière politique au niveau national - que François Hollande sort de l'autisme vis-à-vis du catholicisme. Regardez précédemment, il ne prononçait jamais les mots de «catholique» ou de «chrétien». Le président français n'est pas du tout issu d'une tradition anticléricale, mais il s'inscrit dans un courant philosophique que l'on pourrait dire «positiviste» dans la lignée d'Auguste Comte: il a l'intime conviction qu'avec le temps et le progrès, le catholicisme va se réduire à ce qu'il est réellement, une attitude religieuse archaïque. Pour François Hollande, le catholicisme est une vieille lune, destinée à mourir. Enfant de mai 68, il est persuadé que le catholicisme est réservé à ses parents, voire à ses grands-parents.

    C'est donc une vraie nouveauté quand il établit une identification entre le prêtre catholique et la nation française elle-même. Il faut rappeler que, si François Hollande dispose d'une éducation catholique très ancrée - beaucoup plus que Nicolas Sarkozy -, il a en revanche enfoui et dissimulé très profondément tout ce qui le liait au catholicisme. Je vais vous faire part d'une anecdote. Quand il était en campagne pour l'élection présidentielle de 2012, le candidat socialiste a visité son village natal et s'est rendu dans le PMU, le stade de football et la boulangerie de son enfance. Dans sa pérégrination, il est passé tout à côté de son ancien établissement, qui était tenu par des frères lasalliens des Ecoles chrétiennes. Leurs successeurs ont été très profondément blessés que, passant devant un endroit où il avait vécu une demi-douzaine d'années, le président Hollande n'ait aucunement évoqué ce lieu. Ces quelques mots qu'il prononce après l'assassinat du père Jacques Hamel sont donc une rupture, produite par des circonstances tout à fait exceptionnelles. Je pense à la formule de Saint-François de Sales, que Hollande est capable de connaître parce qu'il a une culture religieuse considérable: «Les événements sont nos maîtres». Il faut au moins reconnaître à François Hollande le sens du tempo et des événements. Il se rend compte que quelque chose d'exceptionnel s'est passé et qu'il ne peut pas en rester dans son discours présidentiel à un catholicisme réduit à une vieille lune et destiné inexorablement à mourir.

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  • Congo : le pape dénonce le « silence honteux » qui entoure les massacres à Beni (Nord-Kivu)

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    Lu sur le site de l’agence Zenit :

    massacre-BENI2.jpgAprès le nouveau massacre qui a fait 42 morts en République démocratique du Congo (RDC), le pape François a dénoncé le « silence honteux » de l’opinion mondiale. Lors de l’angélus du 15 août 2016, place Saint-Pierre, le pape a aussi déploré les « conflits persistants » dans diverses parties du monde.

    Après l’angélus de la fête de l’Assomption de la Vierge Marie, le pape a confié à la Reine de la paix « les inquiétudes et les douleurs des populations qui dans de nombreuses parties du monde sont victimes innocentes de conflits persistants. »

    « Ma pensée va aux habitants du Nord-Kivu, a-t-il ajouté, dans la République démocratique du Congo, récemment touchés par de nouveaux massacres qui sont perpétrés depuis longtemps dans un silence honteux, sans même attirer notre attention. »

    « Ils font malheureusement partie des nombreux innocents qui n’ont pas de poids sur l’opinion mondiale », a insisté le pape François. Et de formuler ce vœu : « Que Marie obtienne pour tous des sentiments de compassion, de compréhension et un désir de paix, de concorde. »

    Le massacre perpétré à Beni, à l’est de la RDC, dans la nuit du 13 au 14 août, a fait au moins 42 victimes selon les derniers bilans. Les autorités militaires ont désigné des rebelles islamistes ougandais, les Forces démocratiques alliées (ADF), comme responsables de cette attaque.

    Ref. RDC: le pape dénonce le « silence honteux » qui entoure les massacres

    Aujourd’hui les ADF islamistes, hier la Lord’s Army , avant-hier les mulélistes ou les maï-maï et ainsi de suite : des guérillas endémiques déstabilisent l’Est du Congo depuis plus d’un demi-siècle : la RDC ne s’est jamais remise de l’effondrement de cet Etat au lendemain même d’une indépendance octroyée par la Belgique dans des conditions inadmissibles. Et, depuis lors, les appels à la compassion pour les « innocents qui n’ont pas de poids sur l’opinion mondiale » se répètent comme une histoire qui bégaie sous les yeux de la MONUSCO. Pour mémoire, la première "implication" des Nations-Unies date du mois de juillet 1960. 

    JPSC

  • Erdogan, premier dictateur «national-islamiste» ?

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    Erdogan.jpgAdieu l’hypothèse d’un Etat passerelle entre deux mondes, l’Islam et l’Occident : la Turquie identitaire et autoritaire d’Erdogan jouera sa partie géopolitique comme successeur de l’ancien empire ottoman. Un entretien de FigaroVox avec Caroline Galacteros :

    FIGAROVOX/ENTRETIEN - C'est une foule gigantesque qui s'est rassemblée ce dimanche autour d'Erdogan. Pour Caroline Galactéros, l'Occident n'a pas voulu voir l'implantation d'un «national-islamisme» conquérant aux portes de l'Europe, qui montre aujourd'hui son vrai visage.

    Docteur en science politique et colonel au sein de la réserve opérationnelle des Armées, Caroline Galactéros dirige le cabinet d'intelligence stratégique «Planeting». Auteur du blog Bouger Les Lignes, elle a publié Manières du monde. Manières de guerre (Nuvis, 2013) et Guerre, Technologie et société (Nuvis, 2014).

    FIGAROVOX. - Une marée humaine de centaines de milliers de Turcs arborant des drapeaux rouges a déferlé sur la grande esplanade de Yenikapi à Istanbul pour célébrer la démocratie turque et ses martyrs morts lors du coup d'Etat manqué. Que vous inspirent ces images?

    Caroline GALACTEROS. - Une grande inquiétude. Sur le degré de claire conscience du peuple turc concernant les évènements depuis trois semaines, sur la facilité avec laquelle le président Erdogan a imposé une interprétation parfaitement fallacieuse des évènements, osant prétendre «sauver la démocratie» alors que sa purge méthodique est en train d'en extirper toutes les racines pour longtemps. Soit la population est tombée dans le piège des mots et de la démonstration de fermeté du pouvoir face à un putsch d'ailleurs fort mal monté et soigneusement éventé (via les Russes et peut-être même les Iraniens) ; soit - je penche plutôt pour cette seconde hypothèse -, en regardant ces images, nous prenons (bien trop tard) la mesure de la force de l'imprégnation islamiste de la société turque. L'AKP est au pouvoir depuis 2002. Il lui aura fallu moins de 15 ans pour transformer une société profondément laïque et tournée vers l'Occident (l'armée turque étant la garante sourcilleuse de cette laïcité!) et aspirant à un rapprochement avec l'Europe en un peuple fortement islamisé (surtout dans ses couches populaires mais aussi désormais dans une partie de ses élites) ; un peuple que sa «frustration européenne» a convaincu que l'avenir était pour lui à l'Est, vers l'Asie (notamment centrale), vers le Moyen-Orient et vers un islamisme assumé comme véhicule d'une stratégie d'influence régionale et globale offensive.

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  • Quand l'appel au meurtre des chrétiens retentit dans les rues de Verviers

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    Lu sur le site de lameuse.be :

    Un jeune appelle au meurtre des chrétiens dans les rues de Verviers (vidéo)

    La vidéo est glaçante. Le site Memri.fr publie ce dimanche la vidéo d’un jeune se baladant dans les rues du centre de Verviers. Il récite une sorte de prière en arabe, aux propos tout sauf équivoques: «Oh Allah, anéantis les chrétiens haïssables. Oh Allah, tue-les tous. N’en épargne pas un seul»…

    
Le jeune récitant sa prière contre les chrétiens dans les rues de Verviers.

    Capture d’écran de la vidéo publiée par le site Memri

    Le jeune récitant sa prière contre les chrétiens dans les rues de Verviers.

    Moins de deux semaines après qu’un prêtre a été égorgé en pleine messe en France, une vidéo appelant à l’anéantissement des chrétiens est apparue sur internet ce dimanche. C’est le site Memri.fr qui la publie. Il s’agit de l’observatoire du Moyen-Orient ou institut de recherche des médias du Moyen-Orient, un centre fondé à Washington qui a des bureaux un peu partout dans le monde.

    Cette courte vidéo (découvrez la ici, sur le site de Memri) d’un peu plus d’une minute montre un jeune homme d’une quinzaine d’années déambulant dans le centre-ville de Verviers. Dans les deux rues les plus commerçantes, l’arrière-plan de la vidéo le montre clairement. C’est la nuit et le jeune homme marche en récitant une sorte de prière en arabe, qui s’en prend notamment aux chrétiens. Memri l’a traduite, une traduction que nous avons fait confirmer par un arabophone.

    Il n’y a pas d’équivoque possible. «Ô Allah, anéantis les chrétiens haïssables. Ô Allah, tue-les tous. N’en épargne pas un seul» récite-t-il dans les premières phrases de cette «prière».

    Dans le contexte actuel, après le meurtre abject du prêtre français, il s’agit clairement d’un appel à la haine inacceptable. D’après le site qui révèle la vidéo, elle est apparue le mardi 2 août dernier, sur un compte Telegram djihadiste, une application de messagerie sécurisée qu’utilisent notamment les terroristes pour converser sans se faire repérer.

  • Polémique autour des propos du pape sur le terrorisme

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    Selon Patrick Karam interviewé par Alexandre Devecchio (Le Figaro), le pape s'abandonnerait au relativisme (source) :

    INTERVIEW - Le président de la Coordination des chrétiens d'Orient en danger (CHREDO) réagit aux propos du pape François sur l'islam et la violence.

    LE FIGARO. - Le pape François a déclaré: «Si je parle de violence islamique, je dois parler de violence catholique…»

    Patrick KARAM. - Lorsque le Pape rappelle qu'on ne peut pas identifier l'islam avec la violence, il a raison. Ce serait inacceptable pour cette religion et injuste pour la grande majorité des musulmans, notamment en Occident, qui vivent leur foi paisiblement et qui souvent dans les pays où la religion est instrumentalisée sont les premières victimes du dévoiement de l'islam.

    En revanche, c'est bien l'islam qui sert de prétexte et de base idéologique à des organisations terroristes qu'il faut bien appeler islamistes. C'est bien certains versets du Coran aux accents guerriers qui sont sollicités par des dirigeants politico-religieux fanatiques en Orient pour soumettre les populations, persécuter les minorités, notamment les chrétiens, massacrer à grande échelle, violer, réduire en esclavage des fillettes et des femmes, notamment les yazidis, et commettre des attentats.

    Le catholicisme a eu certes dans le passé sa part de violence et de totalitarisme. Mais cette comparaison n'a plus de sens aujourd'hui. Mettre sur le même plan les «violences» islamistes systématiques, voulues et assumées, qui visent à établir un système de gouvernement totalitariste, qui justifient terreur, massacre, persécution, terrorisme à grande échelle avec des violences individuelles commises sous le coup de la folie amoureuse ou de la vengeance personnelle comme, pour reprendre les exemples du Pape, le meurtre d'une fiancée ou d'une belle-mère, est un non-sens total.

    Ces folies individuelles sont faites sous le coup de l'émotion, elles ne sont pas dictées par les responsables politiques ou religieux catholiques ou par une interprétation de la Bible et sont d'ailleurs réprouvées comme péché mortel par l'Église.

    Le 22 mars 2013, le pape François, élu depuis quelques jours, fustigeait «la dictature du relativisme». Est-il lui-même tombé dans ce piège?

    Il est en plein dedans. Comment peut-on mettre sur le même plan des organisations terroristes, un système qui autorise et encourage tous les reniements de droits de l'homme, avec des dérapages individuels? Le mot même «violence» utilisé par le Pape interpelle. Nous parlons de crimes contre l'humanité et de génocide, notamment contre les populations chrétiennes et yazidies, en raison de leur appartenance à une religion ou à une ethnie. Le Pape aurait-il parlé de simples violences pour décrire le nazisme et le génocide des Juifs?

    Le Pape cherche-t-il à apaiser la situation?

    Ce relativisme pose problème, car il entretient la confusion avec la pratique de la grande majorité des musulmans. En refusant de nommer et d'identifier le phénomène comme étant le mal absolu, le Pape, qui part d'un bon sentiment, stigmatise au contraire tous les musulmans en étant incapable de séparer le bon grain de l'ivraie.

    En considérant que «le terrorisme est partout» et qu'il «grandit lorsqu'il n'y a pas d'autre option», en s'interrogeant sur les «jeunes Européens abandonnés sans idéal et sans travail», en comparant Daech, «petit groupe de fondamentaliste», aux «fondamentalistes catholiques», le Pape relativise le terrorisme par des comparaisons absurdes. Que se serait-il passé si des chrétiens avaient perpétré des attentats à grande échelle dans les pays à majorité musulmane? En Europe, il n'y a pas de massacres de musulmans, voulus et encouragés par des catholiques fondamentalistes, il n'y a pas de persécutions de musulmans qui peuvent pratiquer leur foi en toute quiétude, qui bénéficient de la protection de l'État. S'il y a des dérapages, comme placer un cochon devant une mosquée, ceux-ci sont immédiatement condamnés et font l'objet de poursuites judiciaires. Ce faisant il donne des arguments idéologiques à nos ennemis et aux jeunes tentés par rejoindre Daech.

    Les chrétiens d'Orient se sentent-ils oubliés?

    Faut-il rappeler que les chrétiens sont des citoyens de seconde zone dans la plupart des pays en Orient? Qu'ils n'ont pas les mêmes droits que les musulmans, que dans certains pays, la liberté de culte leur est refusée, que la fonction publique ou l'armée leur est interdite, qu'ils ne peuvent accéder à certains postes politiques. Le Pape, dans son dialogue avec les autorités étatiques musulmanes, devrait exiger que les chrétiens en Orient aient les mêmes droits que les autres citoyens.

    Même son de cloche Outre-Manche : pope-francis-was-wrong-to-equate-islamist-terror-with-catholic-violence/.

    De son côté, Marc Fromager, directeur de l'Aide à l'Eglise en Détresse (France), reproche au pape d'oublier les chrétiens persécutés d'Orient : les-chretiens-persecutes-d-orient-grands-oublies-du-discours-du-pape-francois.

    Mais Erwan Le Morhedec alias Koz ne l'entend pas de cette oreille; il prend la défense du pape en prenant à partie les intransigeants qui s'en prennent au pape... : le-pape-n'est-toujours-pas-un-chef-de-guerre

  • Occident, christianisme, islamisme : la première arme est celle de la vérité

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    « L 'islamisme menace la civilisation occidentale et la chrétienté, déclare Philippe Capelle Dumont. Pour le prêtre et philosophe, il faut fourbir les armes élémentaires de protection, mais aussi celles de la vérité et de la bonté. Philosophe et théologien, le père Philippe Capelle Dumont est professeur et doyen honoraire de la Faculté de Philosophie de l'Institut Catholique de Paris. Il est également président de l'Académie catholique de France ». Après les étranges propos du pape François, voici le  billet du P. Capelle-Dumont lu sur le site FigaroVox :

    « Sous une forme brutale et sans préavis, l'islamisme vient de révéler sa vraie nature. Le prêtre égorgé à Rouen par deux agents de Daech, alors qu'il posait, en vertu de la Tradition inspirée qu'il représentait, les gestes les plus élevés de l'échange humano-divin, symbolisera longtemps pour l'Eglise mais aussi pour un peuple et une civilisation, ce qui jusque-là était soigneusement évité voire lâchement dissimulé: le lien entre l'entreprise islamiste, le catholicisme et la survie de l'Occident. Et c'est leur mérite, comme à ceux qui leur ressemblent, de l'avoir compris devant les faux-penseurs hexagonaux. Plus de place dorénavant pour l'alibi psychiatrique du forcené isolé, plus d'étais au prétexte social du chômeur désespéré: c'est nous, dans notre existence citoyenne héritière de vingt siècles d'inspiration judéo-chrétienne, qui sommes, comme tels, visés, inquiétés et menacés par une stratégie de destruction totale.

    La ritournelle de l'indignation et le lexique compassionnel tout à coup se sont épuisés. Exténués, ils demandent où sont les armes à hauteur du combat engagé.

    Les armes de protection d'abord. Elles doivent être fourbies comme aux plus graves heures du destin national. Pensons qu'aucun religieux chrétien n'est désormais en sécurité sur la terre de France dont la beauté doit tant à sa vocation. Demain, l'attaque d'un monastère comme à Tibhirine? On le comprend: le politique qui décide doit moins communiquer sur son effort qu'anticiper sur son effet.

    Mais aussi et plus profondément les armes de la vérité! Inscrits dans la série des attentats contre les chrétiens d'Irak du Pakistan et d'Egypte, il nous faut mobiliser toutes les intelligences quant au fil de de continuité théorique qui désagrège ainsi la vie. Oui, l'islam fondamental qui recèle des richesses de spiritualité n'est pas l'islamisme radical qui pulvérise toute réalité antérieure au message coranique.

     Pour autant, la connexion de facto entre islam et islamisme devrait enjoindre les autorités religieuses à sortir du silence peureux et à dénoncer ardemment, munis de tous les porte-voix, les discours, répandus dans maintes moquées, de la récompense des 70 vierges promis aux kamikazes ou de la dégradation du musicien en porc. Le fameux «vivre-ensemble» dont on se réclame si commodément est impensable et impossible sans les armes de la vérité, celles qui osent dénoncer le lien entre les actes et leurs motifs religieux textuels.

    Les armes de la bonté aussitôt. Le pire serait de s'approprier, au motif de la légitime voire sainte colère, les armes de l'adversité criminelle. La guerre de religions n'est point co-naturelle aux chrétiens. Idéologiquement et politiquement instrumentalisés dans des passés peu glorieux, ceux-ci ne sont pas disponibles pour une confrontation de ce genre ; ils se veulent résolument tournés vers les racines qui font la cohésion humaine.

    L'absence de haine n'est ni l'absence de protection ni l'absence de lucidité. Si l'islamisme pose aujourd'hui un problème majeur comme en d'autres temps le nazisme et le stalinisme, les musulmans, nos frères et sœurs en paient un lourd tribut. Les armes de la protection , de la vérité et de la bonté peuvent-elles nous être communes? La question est en attente.

    Ref. Occident, christianisme, islamisme : la première arme est celle de la vérité

    JPSC

  • L'émouvante prière du pape François pour les terroristes

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    Sortant de son programme, le pape s’est rendu le 30 juillet à la paroisse franciscaine de Cracovie, où il a prononcé une prière pour la paix, demandant à Dieu qu’il « touche le cœur des terroristes, afin qu’ils reconnaissent le mal de leurs actions et reprennent le chemin de la paix et du bien ». Texte intégral. Lu sur le site de « Famille chrétienne » :

    « Ô Dieu tout puissant et miséricordieux, Maître de l’univers et de l’histoire. Tout ce que Tu as créé est bon et Ta compassion pour les erreurs de l’homme est inépuisable. 

    Aujourd’hui, nous venons à toi pour Te demander de conserver le monde et ses habitants dans la paix, d’éloigner de lui l’onde dévastatrice du terrorisme, de rétablir l’amitié et d’infuser dans les cœurs de Tes créatures le don de la confiance et de la disponibilité à pardonner.

    Ô Source de toute vie, nous Te prions aussi pour ceux qui sont morts comme victimes de brutales attaques terroristes. Donne-leur une récompense éternelle. Qu’ils intercèdent pour le monde, déchiré par les conflits et les oppositions.

    Ô Jésus, Prince de la Paix, nous Te prions pour tous ceux qui ont été blessés par ces actes de violence inhumaine : enfants et jeunes, femmes et hommes, personnes âgées, personnes innocentes touchées par le hasard du mal. Guéris leur corps et leur cœur et console-les par Ta force, en supprimant en même temps la haine et le désir de vengeance.

    Esprit Saint Consolateur, visite les familles des victimes du terrorisme, familles qui souffrent sans aucune faute de leur part. Enveloppe-les du manteau de Ta miséricorde divine. Fais qu’elles retrouvent en Toi et en elles-mêmes la force et le courage de continuer à être frères et sœurs pour les autres, surtout pour les immigrés, en témoignant par leur vie de Ton amour.

    Touche les cœurs des terroristes, afin qu’ils reconnaissent le mal de leurs actions et reprennent le chemin de la paix et du bien, du respect pour la vie et la dignité de tout homme, indépendamment de sa religion, de son origine, de sa richesse ou de sa pauvreté.

    Ô Dieu, Père éternel, daigne exaucer dans Ta miséricorde la prière que nous élevons vers Toi dans le grondement et la désespérance du monde. Nous nous adressons à Toi avec une grande espérance, liés par la confiance en ton infinie Miséricorde, en nous confiant à l’intercession de Ta très sainte Mère, rendus fortes par l’exemple des bienheureux martyrs du Pérou, Zbigniew e Michele, dont tu as fait de courageux témoins de l’Evangile, au point qu’ils ont offert leur sang. Nous Te demandons le don de la paix et que s’éloigne de nous la plaie du terrorisme. 

    Par le Christ, notre Seigneur.

    Amen. »

    Ref. L'émouvante prière du pape François pour les terroristes

    JPSC

  • Pour le pape, il ne faut pas parler de violence islamique

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    De Jean-Marie Guénois sur lefigaro.fr :

    Pape François: «Si je parle de violence islamique, je dois parler de violence catholique»

    Au retour des JMJ de Pologne, questionné dans l'avion par les journalistes, le pape François a expliqué sa vision des attentats perpétrés au nom de l'islam. Voici le texte intégral de sa réponse.

    «Je n'aime pas parler de violence islamique, parce qu'en feuilletant les journaux je vois tous les jours que des violences, même en Italie: celui-là qui tue sa fiancée, tel autre qui tue sa belle-mère, et un autre… et ce sont des catholiques baptisés, hein! Ce sont des catholiques violents. Si je parle de violence islamique, je dois parler de violence catholique. Non, les musulmans ne sont pas tous violents, les catholiques ne sont pas tous violents. C'est comme dans la macédoine, il y a de tout… Il y a des violents de cette religion... Une chose est vraie: je crois qu'il y a presque toujours dans toutes les religions un petit groupe de fondamentalistes. Nous en avons.

    Quand le fondamentalisme arrive à tuer… mais on peut tuer avec la langue comme le dit l'apôtre Jacques, ce n'est pas moi qui le dit. On peut aussi tuer avec le couteau, non?

    Je crois que ce n'est pas juste d'identifier l'islam avec la violence, ce n'est pas juste et ce n'est pas vrai. J'ai eu un long dialogue avec le grand iman de l'université Al-Azhar et je sais ce qu'ils pensent. Ils cherchent la paix, la rencontre. Le nonce d'un pays africain me racontait que, dans la capitale où il se trouve, il y a une file d'attente toujours pleine pour passer la porte sainte du Jubilé (de la miséricorde, ndlr). Certains s'approchent du confessionnal, les catholiques, mais la majorité avance pour prier à l'autel de la Vierge. Ceux-là sont des musulmans qui veulent faire le jubilé. Ce sont des frères! Quand je suis allé en République Centrafricaine, je suis allé les voir et l'iman est aussi monté sur la papamobile. On peut vivre ensemble bien.

    Il y a des petits groupes fondamentalistes. Et je me demande, c'est une question: combien de jeunes, nous, Européens, avons-nous laissé vides d'idéal, qui n'ont pas de travail, s'approchent de la drogue, de l'alcool. Ils vont là-bas et ils s'enrôlent dans les groupes fondamentalistes.

    Oui, nous pouvons dire que le soi-disant ISIS est un État islamique qui se présente comme violent. Quand ils présentent leur carte d'identité, ils font voir comment ils tuent les Égyptiens sur les côtes libyennes ou autre, mais ceci est un petit groupe fondamentaliste, qui s'appelle ISIS.

    Mais on ne peut pas dire, ce n'est pas vrai et ce n'est pas juste, que l'islam soit terroriste. Le terrorisme est partout. Pensez au terrorisme tribal dans certains pays africains. Le terrorisme est aussi… je ne sais pas si je peux le dire car c'est un peu dangereux, mais le terrorisme grandit lorsqu'il n'y a pas d'autre option. Et au centre de l'économie mondiale, il y a le Dieu argent, et non la personne, l'homme et la femme, voilà le premier terrorisme. Il a chassé la merveille de la création, l'homme et la femme, et il a mis là l'argent. Ceci est un terrorisme de base, contre toute l'humanité. Nous devons y réfléchir.»

  • Abbé Guillaume de Tanoüarn : la charia et la laïcité sont des lois périmées

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    Lu sur Breizh-info.com

    Tanouarn.png« 29/07/2016 – 07H45 Bretagne (Breizh-info.com) – L’égorgement, mardi 26 juillet, du père Hamel, par deux islamistes à Saint-Etienne-du-Rouvray, a secoué profondément les catholiques de France. Les autorités de l’Église peinent, pour le moment, à trouver les bons mots afin de mobiliser leurs fidèles. Nous avons interrogé l’abbé Guillaume de Tanouarn, catholique breton de 53 ans, fondateur de l’Institut du Bon Pasteur, mais également rédacteur pour Nouvelles de France ou encore Monde et Vie. Pour recueillir ses impressions après ce nouvel attentat, mais également pour parler du catholicisme, aujourd’hui en France.

    Breizh-info.com : Quelle a été votre réaction à l’annonce de l’égorgement du Père Hamel par deux islamistes ?

    Guillaume de Tanouarn : J’ai pensé que ce terrorisme de proximité était une sorte de crime rituel. Il ne s’agissait pas comme le 14 juillet dernier de tuer beaucoup et indistinctement, mais de tuer un prêtre au moment où, presque seul, il célébrait sa messe. C’est ce symbole qui fait l’importance de ce crime. 

    Breizh-info.com : Hubert Coudurier, du Télégramme, estimait mercredi que parler de « communauté catholique » en France était maladroit, et que cette dernière n’était pas menacée dans son existence. Partagez-vous ces propos ? 

    Guillaume de Tanouarn :  Je ne connais pas Hubert Coudurier, mais il a raison de considérer comme maladroit le fait de parler de « communauté catholique ».

    Il y a bien plus de catholiques en France que de gens se reconnaissant dans ce que l’on pourrait appeler la communauté catholique. La France est une terre catholique et un Français, quel qu’il soit a un rapport particulier avec le catholicisme dans la mesure où il est effectivement français. 

    Par ailleurs, ce n’est pas le terrorisme qui menace la communauté catholique dans son existence : le martyre on en a l’habitude. Ce qui menace la communauté catholique, c’est l’abandon de la foi et la lâcheté des catholiques.

    Breizh-info.com :  Une partie des catholiques (parmi les responsables notamment) appellent à « plus d’amour » et presque « à tendre la joue gauche » face aux islamistes. Est-ce votre point de vue également ?

    Guillaume de Tanouarn : C’est le Christ dans l’Évangile qui nous appelle à tendre la joue gauche si l’on nous frappe sur la joue droite. Mais l’Évangile (contrairement au Coran) n’est pas un recueil de droit. Autre chose est la conduite spirituelle de l’existence personnelle et autre chose le droit qui régente une société. Le Christ n’a jamais mis en cause le droit humain. Et ses apôtres, saint Pierre et saint Paul vont répétant : « Soyez soumis à toute autorité ». Mais il indique une voie plus haute, « la voie étroite », qui représente pour celui qui la choisit une voie de réalisation spirituelle jusque dans l’éternité. Autre est la loi du temps, autre celle de l’éternité… Mais l’homme a besoin des deux. 

    Breizh-info.com :  Comment expliquez-vous le grand écart qui peut exister entre le Pape Urbain II, qui appelait à la croisade pour protéger les catholiques et la Foi, et le Pape actuel, qui appelle presque ouvertement à l’ouverture de l’Europe à « l’autre » et au dialogue entre les religions ?

    Guillaume de Tanouarn : Je ne pense pas que le pape François soit très différent du pape Urbain II dans sa manière d’envisager son ministère. La Croisade représente, en plein Moyen âge, une extraordinaire ouverture à l’autre un souci de l’univers et de l’universel que rétrospectivement on continue à trouver admirable et qui va bouleverser l’histoire.

    A l’époque le seul moyen était les armes. Aujourd’hui nous avons toutes sortes de moyens et toutes sortes d’armes et le pape François, élu dans la tourmente, après la renonciation de son prédécesseur, n’a pas la tâche facile. Mais il a raison de prêcher l’accueil des personnes migrantes par des personnes bien installées dans la vie. Cela ne l’a pas empêché de parler des migrations comme de véritables « invasions arabes » à la grande surprise des observateurs.

    Ce n’est pas de sa part une contradiction puisque la loi du temporel, je viens de le dire, n’est pas la loi du spirituel.

    Breizh-info.com :  Va-t-on vers un choc des religions ? Le catholicisme en France a-t-il encore un avenir, un pouvoir, une influence ? La France est-elle encore digne d’être « la fille ainée de l’Eglise » ?

    Guillaume de Tanouarn : Le choc des religions, c’est l’islamisme en guerre contre toutes les autres religions. Quant à l’influence du catholicisme, il suffit d’observer le scandale produit par l’égorgement de ce vieux prêtre de 86 ans pour se dire que la place du catholicisme est toujours bien marquée dans l’univers culturel athée auquel on a affaire de plus en plus en Occident. Il ne tient qu’aux catholiques de se faire respecter dans la société telle qu’elle est.

    Breizh-info.com : Quel message souhaiteriez-vous faire passer à vos fidèles, notamment chez ceux qu’on appelle « traditionnalistes » ? Et aux musulmans de France ?

    Guillaume de Tanouarn : Aux musulmans je dirai : découvrez la révolution paulinienne, on ne va pas à Dieu par la loi. La charia est périmée. Il n’y a pas d’autre manière d’accomplir le précepte que l’amour. Cela a été (en gros) le message du Président égyptien Al Sissi à Noël il y a deux ans à l’université Al Azhar.

    Aux chrétiens, je dis : n’ayez pas peur d’agir avec foi. C’est la foi qui remportera la victoire, c’est la foi qui portera la civilisation, c’est la foi qui donnera à l’Occident la force de se ressaisir en acceptant d’être lui-même. La laïcité, la loi laïque est, elle aussi périmée, parce que trop abstraite. Elle a démontré et démontre à chaque attentat qu’elle n’est pas capable de produire le vivre ensemble et qu’au contraire, ses négations, son abstraction engendrent la haine entre les gens de foi et de convictions différentes.

    Propos recueillis par Yann Vallerie »

    Ref. Abbé Guillaume de Tanouarn : « Il ne tient qu’aux catholiques de se faire respecter dans la société telle qu’elle est.» [interview]

    JPSC

  • Terrorisme islamiste : le point de vue de François-Xavier Bellamy

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    bellam-light.jpgEntretien avec le philosophe Françoix-Xavier Bellamy,  paru dans Le Point du 28 juillet 2016. Propos recueillis par Saïd Mahrane.

    Pour les terroristes de l’Etat islamique, tout est permis – jusqu’à égorger un prêtre – précisément parce que Dieu existe. Que peut-on opposer, en dehors des minutes de silence et des appels à l’union nationale, à ce nihilisme d’un nouveau genre ?

    Peut-être cette réponse vous surprendra-t-elle : ces hommes ne croient pas en Dieu. S’ils croyaient à la vérité de leur religion, ils tenteraient de nous en convaincre, et cela passe par le dialogue, par la raison ; s’ils avaient vraiment la foi, ils nous donneraient leurs raisons. Vous ne pouvez convertir personne par la violence. La violence a beaucoup de pouvoir, c’est vrai : avec une arme, on peut obtenir beaucoup de celui que l’on tient sous la menace. On peut exiger de lui qu’il donne ce qu’il possède, qu’il agisse de telle ou telle façon, ou qu’il répète ce que l’on voudra… Mais on ne peut l’obliger à croire en quelque chose. Pour une raison d’ailleurs assez simple : personne ne peut s’obliger lui-même à croire en quelque chose sans raison valable. Le philosophe Epictète s’étonnait déjà de cette indéfectible résistance de la pensée… Le terroriste peut donc braquer ses armes sur un homme, ou sur tout un peuple, en lui ordonnant de croire à l’Islam : sa défaite est assurée d’avance. Même devant la terreur, notre conscience d’hommes fait nos esprits libres, définitivement libres. La seule manière de conduire une personne à adhérer pleinement à un discours, ce n’est pas de vaincre, c’est de convaincre. Quand on est certain d’avoir une vérité à partager avec les autres, c’est à la parole qu’on recourt, et non à la violence… En fait, les djihadistes trahissent leur faiblesse quand ils recourent à la violence. Ils montrent qu’ils n’ont pas une seule raison de croire en leur Dieu ; car s’ils en avaient ne serait-ce qu’une seule, ils tenteraient de nous l’expliquer pour nous permettre de les rejoindre. Comme ils n’en ont pas, ils se contentent médiocrement de réduire le reste du monde au silence. C’est en ce sens qu’on peut décrire le djihadisme comme un nihilisme : celui qui croit veut partager sa foi aux autres ; à celui seul qui ne croit en rien, l’altérité est insupportable, parce qu’elle ne peut être dépassée.

    Voilà le défi silencieux que nous lançons au cœur même de cette épreuve : si vraiment votre Dieu est grand, montrez-le ; et si le christianisme est faux, prouvez-le ! Si quelqu’un ne pense pas comme vous, êtes-vous si certains de ne pouvoir le convaincre dans la discussion qu’il vous faut mettre tout votre orgueil à devenir des assassins pour le faire taire ?  En vous faisant gloire d’avoir assassiné un vieux prêtre sans armes, vous montrez en réalité l’étendue de votre impuissance… Lui croyait tellement à la vérité d’une parole qu’il avait consacré sa vie à la partager. Aujourd’hui, vous démontrez malgré vous la différence entre la force de sa fidélité discrète et féconde, et l’ineptie de votre violence bruyante, qui ne saura jamais que détruire.

    Peut-on aborder la question du djihadisme sous un angle civilisationnel et religieux quand dans notre pays vivent environ cinq millions de musulmans, qui partagent pour l’essentiel les valeurs dites « occidentales »?

    La question nous est renvoyée à tous : que sont les « valeurs occidentales » ? Et sommes-nous si sûrs de les partager vraiment ? Souvenons-nous que la France a été en première ligne pour refuser que l’Europe reconnaisse ses racines chrétiennes… Les valeurs que nous reprochons aux terroristes d’attaquer, n’avons-nous pas été les premiers à les vider de leur substance, même en sauvant les apparences ? Aujourd’hui, le dénominateur commun du monde occidental semble bien souvent se réduire à une forme d’individualisme consumériste, et son seul horizon se mesure en points de croissance et en indice du moral des ménages… Si le djihadisme est un nihilisme, il n’est pas étonnant qu’il prospère singulièrement dans le vide d’idéal qui traverse notre société. L’auteur de l’attentat de Saint-Etienne-du-Rouvray avait tenté de partir en Syrie ; la France est le pays européen qui a, hélas, fourni le plus grand nombre de ces candidats au djihad. Le problème n’est peut-être pas directement religieux ; bien sûr, l’Islam a une grande responsabilité dans ce qui advient en ce moment : comme l’écrivait Abdennour Bidar, le monde musulman doit « reconnaître que les racines du mal qui lui vole aujourd’hui son visage sont en lui-même. » Mais de toute évidence, ce mal s’alimente aussi dans notre pays de la pauvreté intellectuelle et spirituelle à laquelle nous nous sommes habitués, et il nous renvoie donc en même temps à notre responsabilité collective.

    Le politique peut-il encore quelque chose ?

    Peut-être manque-t-il d’un diagnostic qui touche l’essentiel… Avons-nous vraiment travaillé sur le cœur du problème, sur ce qui motive cette folie criminelle ? Dans l’histoire, le terrorisme a pu passer par l’engagement politique, ou intellectuel. Ce n’est pas le cas aujourd’hui : c’est par la petite délinquance, par des itinéraires médiocres, sur fond d’effondrement de la rationalité, que des jeunes, perdus dans une société française sans repères et sans aspirations, finissent par devenir des assassins. Chez eux, la rencontre avec un Islam caricatural a servi de catalyseur pour transformer le vide passif qui marque notre collectivité, en une sorte de vide actif, individualisé. Du néant devenu puissance d’anéantissement : voilà ce qui définit le terrorisme contemporain. Avons-nous assez essayé de comprendre cela, de l’anticiper ? Tant que nous n’aurons pas compris l’ampleur du problème, aucune mesure sécuritaire ne nous garantira contre cette folie destructrice. Et les politiques sembleront de plus en plus impuissants, enfermés dans des polémiques stériles sur des circonstances de court terme… Bien sûr il faut tout faire pour éviter autant que possible de futurs attentats, et de futures victimes. Mais sur le fond, la seule urgence est maintenant le long terme. Et puisque ceux qui nous frappent, pour beaucoup d’entre eux, ont grandi en France, cette urgence est assez simple : il faut reconstruire l’école, non pas tant pour combattre le discours islamiste que pour empêcher qu’il trouve encore dans les esprits un tel vide à habiter.

    L’un des buts avoués de l’EI est la dislocation de notre société, l’instauration un climat de guerre civile entraînant une division entre un « eux » et un « nous » intérieurs… Comment conjurer cette menace ?

    Il n’y a qu’une seule façon de la conjurer, c’est de gagner cette guerre, ou à tout le moins d’expliquer aux Français comment nous pourrons la gagner. La politique est l’art d’ouvrir des perspectives ; quand elle ne propose plus de choix, quand elle ne présente plus de solutions crédibles – fussent-elles exigeantes, alors les individus reviennent inéluctablement à l’instinct primaire qui leur commande de se protéger eux-mêmes, et c’est alors, comme l’écrivait Hobbes, « la guerre de tous contre tous » qui resurgit…

    Ne doit-on pas reconnaître notre impuissance devant un ennemi qui, lui, ne craint pas la mort ?

    C’est une vraie mutation en effet : pour le terroriste d’aujourd’hui, la mort n’est plus un outil de négociation, ni le moyen d’obtenir une victoire ; la mort, c’est toute la victoire. Je me souviens du mot glaçant de Merah, qui venait de tuer sept innocents, au négociateur du RAID, qui tentait de le raisonner avant de lancer l’assaut contre lui : « Moi la mort, je l’aime comme vous vous aimez la vie. » Voilà la clé du terrorisme contemporain : la destruction est son but, revendiquée au nom d’une vengeance très approximative, et le suicide son mode d’action. C’est ce qui le rend singulièrement angoissant : même quand ils retiennent des otages, les djihadistes ne veulent rien obtenir, sinon le spectacle toujours nouveau de la violence. Du coup, quand cela s’arrêtera-t-il ? Ce n’est pas le signe de leur force, car en fait ils ne peuvent pas gagner ; mais nous, nous pouvons beaucoup perdre. »

    Ref. l’urgence du long terme

    François-Xavier Bellamy est un homme politique et professeur agrégé de philosophie français né le 11 octobre 1985 à Paris. Aîné d’une fratrie de quatre enfants,  Il passe sa jeunesse à Versailles et y fait ses études. Il entre ensuite en classe préparatoire au lycée Henri-IV à Paris puis intègre l’École normale supérieure en 2005 dans le but de devenir professeur de philosophie. Il passe aussi par le scoutisme à l’Association des guides et scouts d’Europe en étant commissaire pour les scouts marins et chef de la passerelle. Adjoint au maire de Versailles, Il s'est aussi impliqué dans La Manif pour tous, aux Veilleurs, donne fréquemment des conférences et est l'auteur de nombreuses tribunes.

    JPSC
     

  • Dans dix ou quinze ans, y aura-t-il encore des chrétiens au Moyen-Orient ?

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    Lu sur le site de 20minutes.fr :

    «Certains prédisent que dans dix ou quinze ans, il n’y aura plus de chrétiens au Moyen-Orient»

    INTERVIEW Le directeur de l’ONG Portes ouvertes, Michel Varton, pointe l'extrémisme islamique comme première cause des persécutions de chrétiens dans le monde...

    Dans votre rapport annuel, vous indiquez que la première source de persécutions de chrétiens dans le monde en 2015 est l’extrémisme islamique. Est-ce toujours le cas actuellement ?

    Nous ferons le bilan à la fin de l’année, mais cela devrait toujours rester d’actualité. Depuis sept semaines par exemple, nous avons noté douze agressions d’extrémistes islamiques contre des coptes en Egypte. Mais la violence islamique a deux faces. L’une est visible, ce sont les meurtres notamment, les agressions, nous l’appelons le marteau. L’autre est invisible, c’est l’étau, c’est-à-dire une pression quotidienne, très présente, qui pèse sur la population. Les chrétiens sont victimes de nombreuses discriminations. Un travail peut leur être refusé du fait qu’ils ne sont pas musulmans, comme en Egypte. Il leur est plus difficile de trouver un appartement, d’obtenir une promotion, les prix sont plus chers pour eux… Et les musulmans qui souhaitent se convertir sont vus comme des traîtres et risquent la mort.

    L’Afrique est le continent où vous avez recensé le plus de meurtres de chrétiens en 2015. Comment évolue la situation, plus particulièrement au Nigeria (4028 personnes assassinées sur un total de 7100 dans le monde) ?

    Il y a une forme de persécution qui régresse un petit peu, celle de Boko Haram. Le gouvernement réagit plus efficacement, le groupe est repoussé vers le nord. Mais le plus grand problème actuellement ce sont les nomades musulmans de l’ethnie peule, qui visent spécifiquement les chrétiens pour leur voler leurs terres et leur bétail. Ce groupe est encore plus radical et dangereux pour les chrétiens que Boko Haram. Au printemps, je suis allé à Yola, dans l’est du pays. J’ai rencontré des réfugiés chrétiens qui ont tout perdu. Ils ont vu leur village brûlé. Il y a eu des morts. Ils ont fait appel aux autorités locales, qui n’ont rien fait. Les chrétiens deviennent des réfugiés dans leur propre pays.

    En Syrie, les forces gouvernementales reprennent du terrain à Daesh. Qu’en est-il des chrétiens là-bas ?

    Je suis également allé au printemps à Damas et à Maaloula, un village qui a été attaqué par Daesh. Dans les régions libérées, le danger est repoussé. Des chrétiens sont revenus, mais beaucoup d’autres non. De nombreuses maisons sont détruites. Les réfugiés n’osent généralement pas encore rentrer car la situation n’est pas stabilisée.

    Et en Irak ?

    Très peu sont rentrés. Il faudrait attendre que Mossoul soit repris par l’armée pour avoir une certaine sécurité. Ils ont peur que les islamistes reviennent. Des maisons ont aussi été piégées avec des bombes.

    Meurtres, violences, églises ciblées (2406 en 2015 dans le monde)… Comment se manifestent les autres persécutions de Daesh au quotidien ?

    Dans les régions dominées par Daesh, les chrétiens étaient soit chassés de chez eux, soit devaient payer une taxe pour pouvoir rester. Les églises étaient fermées, il n’y avait plus de messes, ils étaient obligés de se cacher. La plupart sont partis quand ils ont pu. En Irak, on compte environ 250.000 chrétiens contre 1,2 million au début des années 1990. Cette persécution n’a pas commencé avec Daesh par ailleurs. Elle date de la deuxième guerre du Golfe.

    Vous parlez d’une « forme de nettoyage ethnique » dans le rapport. Ce sont des mots très forts.

    Les chrétiens sont visés car ils sont chrétiens, donc mécréants pour Daesh. Avant tous ces groupes extrémistes, les chrétiens étaient tolérés, ils avaient le droit de cohabiter, même s’ils étaient des citoyens de seconde zone. Depuis quelques années, en Afrique et au Moyen-Orient, l’objectif est de les chasser de leurs terres, de les expulser, pour instaurer un califat 100 % musulman.

    Vous indiquez également qu’il n’y a jamais eu une telle migration de chrétiens. Cette communauté est-elle vouée à disparaître des parties du globe où elle est persécutée ?

    J’espère que non. Mais depuis des décennies, le Moyen-Orient se vide de sa population chrétienne. Certains prédisent que dans dix ou quinze ans, il n’y aura plus de chrétiens dans cette région. Enormément de réfugiés se trouvent au Kurdistan, au Liban, en Jordanie, en Turquie… Combien vont retourner chez eux ? Notre but à Portes ouvertes est de les aider dans leur pays. Il faut leur donner un avenir, un espoir. Pour qu’ils restent, ils ont besoin d’une maison, d’un travail, d’une école… S’ils partent, ils risquent de ne pas revenir.

  • Homélie du cardinal André Vingt-Trois – Messe pour les victimes de Saint-Étienne du Rouvray

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    Sur le site de l’Eglise catholique de Paris :

    Vingt Trois et Hollande.jpg

    Mesdames et Messieurs,

    Frères et Sœurs,

    1. Seigneur, nous as-tu abandonnés ?

    « Serais-tu pour moi un mirage, comme une eau incertaine ? »En ce moment terrible que nous vivons, comment ne ferions-nous pas nôtre ce cri vers Dieu du prophète Jérémie au milieu des attaques dont il était l’objet ? Comment ne pas nous tourner vers Dieu et comment ne pas Lui demander des comptes ? Ce n’est pas manquer à la foi que de crier vers Dieu. C’est, au contraire, continuer de lui parler et de l’invoquer au moment même où les événements semblent remettre en cause sa puissance et son amour. C’est continuer d’affirmer notre foi en Lui, notre confiance dans le visage d’amour et de miséricorde qu’il a manifesté en son Fils Jésus-Christ.

    Ceux qui se drapent dans les atours de la religion pour masquer leur projet mortifère, ceux qui veulent nous annoncer un Dieu de la mort, un moloch qui se réjouirait de la mort de l’homme et qui promettrait le paradis à ceux qui tuent en l’invoquant, ceux-là ne peuvent pas espérer que l’humanité cède à leur mirage. L’espérance inscrite par Dieu au cœur de l’homme a un nom, elle se nomme la vie. L’espérance a un visage, le visage du Christ livrant sa vie en sacrifice pour que les hommes aient la vie en abondance. L’espérance a un projet, le projet de rassembler l’humanité en un seul peuple, non par l’extermination mais par la conviction et l’appel à la liberté. C’est cette espérance au cœur de l’épreuve qui barre à jamais pour nous le chemin du désespoir, de la vengeance et de la mort.

    C’est cette espérance qui animait le ministère du P. Jacques Hamel quand il célébrait l’Eucharistie au cours de laquelle il a été sauvagement exécuté. C’est cette espérance qui soutient les chrétiens d’Orient quand ils doivent fuir devant la persécution et qu’ils choisissent de tout quitter plutôt que de renoncer à leur foi. C’est cette espérance qui habite le cœur des centaines de milliers de jeunes rassemblés autour du Pape François à Cracovie. C’est cette espérance qui nous permet de ne pas succomber à la haine quand nous sommes pris dans la tourmente. 

    Cette conviction que l’existence humaine n’est pas un simple aléa de l’évolution voué à la destruction inéluctable et à la mort habite le cœur des hommes quelles que soient leurs croyances et leurs religions. C’est cette conviction qui a été blessée sauvagement à Saint-Étienne du Rouvray et c’est grâce à cette conviction que nous pouvons résister à la tentation du nihilisme et au goût de la mort. C’est grâce à cette conviction que nous refusons d’entrer dans le délire du complotisme et de laisser gangrener notre société par le virus du soupçon.

    On ne construit pas l’union de l’humanité en chassant les boucs-émissaires. On ne contribue pas à la cohésion de la société et à la vitalité du lien social en développant un univers virtuel de polémiques et de violences verbales. Insensiblement, mais réellement cette violence virtuelle finit toujours par devenir une haine réelle et par promouvoir la destruction comme moyen de progrès. Le combat des mots finit trop souvent par la banalisation de l’agression comme mode de relation. Une société de confiance ne peut progresser que par le dialogue dans lequel les divergences s’écoutent et se respectent. 

    1. La peur de tout perdre

    La crise que traverse actuellement notre société nous confronte inexorablement à une évaluation renouvelée de ce que nous considérons comme les biens les plus précieux pour nous. On invoque souvent les valeurs, comme une sorte de talisman pour lequel nous devrions résister coûte que coûte. Mais on est moins prolixe sur le contenu de ces valeurs, et c’est bien dommage. Pour une bonne part, la défiance à l’égard de notre société, – et sa dégradation en haine et en violence – s’alimente du soupçon selon lequel les valeurs dont nous nous réclamons sont très discutables et peuvent être discutées. Pour reprendre les termes de l’évangile que nous venons d’entendre : quel trésor est caché dans le champ de notre histoire humaine, quelle perle de grande valeur nous a été léguée ? Pour quelles valeurs sommes-nous prêts à vendre tout ce que nous possédons pour les acquérir ou les garder ? Peut-être, finalement, nos agresseurs nous rendent-ils attentifs à identifier l’objet de notre résistance ?

    Quand une société est démunie d’un projet collectif, à la fois digne de mobiliser les énergies communes et capable de motiver des renoncements particuliers pour servir une cause et arracher chacun à ses intérêts propres, elle se réduit à un consortium d’intérêts dans lequel chaque faction vient faire prévaloir ses appétits et ses ambitions. Alors, malheur à ceux qui sont sans pouvoir, sans coterie, sans moyens de pression ! Faute de moyens de nuire, ils n’ont rien à gagner car ils ne peuvent jamais faire entendre leur misère. L’avidité et la peur se joignent pour défendre et accroître les privilèges et les sécurités, à quelque prix que ce soit. 

    Est-il bien nécessaire aujourd’hui d’évoquer la liste de nos peurs collectives ? Si nous ne pouvons pas nous en affranchir, en nommer quelques-unes nous donne du moins quelque lucidité sur le temps que nous vivons. Jamais sans doute au cours de l’histoire de l’humanité, nous n’avons connu globalement plus de prospérité, plus de commodités de vie, plus de sécurité, qu’aujourd’hui en France. Les plus anciens n’ont pas besoin de remonter loin en arrière pour évoquer le souvenir des misères de la vie, une génération suffit. Tant de biens produits et partagés, même si le partage n’est pas équitable, tant de facilités à vivre ne nous empêchent pas d’être rongés par l’angoisse. Est-ce parce que nous avons beaucoup à perdre que nous avons tant de peurs ?

    L’atome, la couche d’ozone, le réchauffement climatique, les aliments pollués, le cancer, le sida, l’incertitude sur les retraites à venir, l’accompagnement de nos anciens dans leurs dernières années, l’économie soumise aux jeux financiers, le risque du chômage, l’instabilité des familles, l’angoisse du bébé non-conforme, ou l’angoisse de l’enfant à naître tout court, l’anxiété de ne pas réussir à intégrer notre jeunesse, l’extension de l’usage des drogues, la montée de la violence sociale qui détruit, brûle, saccage et violente, les meurtriers aveugles de la conduite automobile… Je m’arrête car vous pouvez très bien compléter cet inventaire en y ajoutant vos peurs particulières. Comment des hommes et des femmes normalement constitués pourraient-ils résister sans faiblir à ce matraquage ? Matraquage de la réalité dont les faits divers nous donnent chaque jour notre dose. Matraquage médiatique qui relaie la réalité par de véritables campagnes à côté desquelles les peurs de l’enfer des prédicateurs des siècles passés font figure de contes pour enfants très anodins. 

    Comment s’étonner que notre temps ait vu se développer le syndrome de l’abri ? L’abri antiatomique pour les plus fortunés, abri de sa haie de thuyas pour le moins riche, abri de ses verrous, de ses assurances, appel à la sécurité publique à tout prix, chasse aux responsables des moindres dysfonctionnements, bref nous mettons en place tous les moyens de fermeture. Nous sommes persuadés que là où les villes fortifiées et les châteaux-forts ont échoué, nous réussirons. Nous empêcherons la convoitise et les vols, nous empêcherons les pauvres de prendre nos biens, nous empêcherons les peuples de la terre de venir chez nous. Protection des murs, protection des frontières, protection du silence. Surtout ne pas énerver les autres, ne pas déclencher de conflits, de l’agressivité, voire des violences, par des propos inconsidérés ou simplement l’expression d’une opinion qui ne suit pas l’image que l’on veut nous donner de la pensée unique.

    Silence des parents devant leurs enfants et panne de la transmission des valeurs communes. Silence des élites devant les déviances des mœurs et légalisation des déviances. Silence des votes par l’abstention. Silence au travail, silence à la maison, silence dans la cité ! A quoi bon parler ? Les peurs multiples construisent la peur collective, et la peur enferme. Elle pousse à se cacher et à cacher. 

    C’est sur cette inquiétude latente que l’horreur des attentats aveugles vient ajouter ses menaces. Où trouverons-nous la force de faire face aux périls si nous ne pouvons pas nous appuyer sur l’espérance ? Et, pour nous qui croyons au Dieu de Jésus-Christ, l’espérance c’est la confiance en la parole de Dieu telle que le prophète l’a reçue et transmise : « Ils te combattront, mais ils ne pourront rien contre toi, car je suis avec toi pour te sauver et te délivrer. Je te délivrerai de la main des méchants, je t’affranchirai de la poigne des puissants. »

    « Mon rempart, c’est Dieu, le Dieu de mon amour. »

    Amen !

    Cardinal André VINGT-TROIS

    Archevêque de Paris. »

    Ref.Homélie du cardinal André Vingt-Trois – Messe pour les victimes de Saint-Étienne du Rouvray

    JPSC