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Justice - Page 75

  • La Leçon de Ratisbonne disculpée (*)

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    Lu sur le site « Benoît et moi » cette traduction d’un texte de l’écrivain américain George Weigel (extraits) :

    « Dans la soirée du 12 septembre 2006, mon épouse et moi étions en train de dîner à Cracovie avec des amis polonais quand un vaticaniste italien agité (pardon pour la redondance d’adjectifs) [il est permis d'apprécier modérément l'humour yankee] m’a appelé pour me demander ce que je pensais de « Zees crazee speech of zee pope about zee Muslims» (ce discours dément du Pape sur les musulmans)

     (…) Huit ans plus tard, la Leçon de Ratisbonne est vue de façon bien différente. En effet ceux qui l’avaient vraiment lue en 2006 avaient compris que loin de gaffer, Benoît XVI avait exploré, avec la précision d’un érudit, deux questions-clef, dont les réponses influenceraient profondément la guerre civile qui faisait rage au sein l’islam, - une guerre dont le résultat déterminerait si l’islam du XXIème siècle est sans danger pour ses fidèles et pour le monde.

    La première question concernait la liberté religieuse : les Musulmans pouvaient-ils trouver à l’intérieur de leurs propres ressources spirituelles et intellectuelles, des arguments islamiques pour la tolérance religieuse (incluant la tolérance envers ceux qui se convertissent à d’autres croyances) ? Ce développement souhaitable, suggérait le Pape, pourrait nécessiter beaucoup de temps (et même des siècles) pour l'élaboration d'une théorie islamique plus complète de la liberté religieuse.

    La seconde question concernait la structure des sociétés islamiques: les Musulmans pouvaient-ils trouver, une fois encore à l’intérieur de leurs ressources spirituelles et intellectuelles propres, des arguments islamiques pour faire la différence entre l’autorité religieuse et l’autorité politique dans un état juste Ce développement également souhaitable, rendrait peut-être plus humaines en elles-mêmes les sociétés musulmanes, et moins dangereuses pour leurs voisins, surtout s’il était lié à un courant islamique émergent en faveur de la tolérance religieuse. (…)

    L’Église catholique, comment l’a ouvertement admis le Pape, avait connu ses luttes internes alors que se développait sa propre exigence de liberté religieuse dans un contexte politique de gouvernement constitutionnel, dans lequel l’Église jouait un rôle clef dans la société civile, mais sans la gouverner directement. Mais le catholicisme avait finalement fait la chose suivante: non pas se rendre à la philosophie politique séculière, mais utiliser ce qu’il avait appris de la modernité politique pour revenir à sa propre tradition, redécouvrant des éléments de sa pensée sur la foi, la religion et la société qu’il avait perdus au fil du temps (…).

    Ce processus de redécouverte et de développement était-il possible dans l’islam? C’était la Grande Question posée par Benoît XVI dans la Leçon de Ratisbonne.  C’est une tragédie de proportions historiques que la réponse ait été d’abord mal interprétée et ensuite ignorée. Les résultats de cette mauvaise interprétation et de cette ignorance, et de beaucoup d’autres mauvaises interprétations et ignorances, - sont maintenant horriblement évidents au Moyen Orient (…).

    Quant au débat sur l’avenir de l’islam proposé par Benoît XVI, il parait aujourd’hui assez improbable. Mais s’il devait avoir lieu, les responsables chrétiens devraient préparer le chemin en nommant directement et franchement les pathologies de l’islamisme et du djihadisme; en cessant de présenter des excuses anti-historiques pour le colonialisme du XXème siècle (imitant sans conviction le pire des blablas académiques occidentaux, sur le monde arabe islamique) et en déclarant publiquement que l’usage de la force, utilisée prudemment et avec l’objectif de défendre les innocents, est moralement justifiée quand il faut affronter des fanatiques sanglants comme les responsables du royaume de la terreur qui a ravagé cet été la Syrie et l’Irak. 

    (*) Le titre original en anglais est "Regensburg vindicated", qu'on peut aussi traduire par "justifié"

    Réf. LA LEÇON DE RATISBONNE DISCULPÉE

    George Weigel (Baltimore, 1951-) est un écrivain américain, spécialisé dans la théologie et les sciences politiques.

    Originaire du Maryland il étudia à l'Université Sainte-Marie de Baltimore et obtint sa maîtrise au collège universitaire Saint-Michel de Toronto. Il a vécu à Seattle et a enseigné la théologie à Kenmore avant de revenir à Washington au centre de recherche Woodrow-Wilson. Il préside actuellement à la chaire d'études catholiques et de politique publique de Washington.. Il est particulièrement connu pour sa biographie de Jean-Paul II: « Jean-Paul II, témoin de l'espérance ».

    JPSC

  • Chrétiens d’Orient : le témoignage du Père Rachid

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    Vu sur le « Salon Beige »

    Alors que la guerre en Syrie et l'avancée des djihadistes de l'Etat islamique menacent la sécurité du Liban, le père Rachid, prêtre à Beyrouth depuis 20 ans, fait part de ses inquiétudes sur la situation des chrétiens d'Orient.

     JPSC

  • Une demande d'euthanasie qui est un appel à l'aide

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    Lu sur le site de La Libre, cette opinion de Jean-Paul Van de Walle, avocat au barreau de Bruxelles : 

    Non-assistance à personne en danger… d’euthanasie!

    Auteur de plusieurs délits à caractère sexuel et d’un meurtre, Frank Van Den Bleeken n’a pas été condamné à la prison « comme les autres ». Atteint d’un trouble mental, il a fait l’objet d’un internement : « mesure de sûreté destinée à la fois à protéger la société et à faire en sorte que soient dispensés à l'interné les soins requis par son état en vue de sa réinsertion dans la société » (définition légale).

    Vous avez entendu parler de lui récemment. Non en raison des faits qu’il a commis, quoique très graves et aussi injustifiables que douloureux. C’est que Frank a porté devant la Justice une demande bien concrète : « recevoir l’euthanasie ». Or dans sa situation d’interné, lui, Frank, y a-t-il droit ? Peut-il « exiger » l’euthanasie, en invoquant des « souffrances psychiques incurables » ? Désormais, il ne doit plus attendre les réponses à ces questions : Frank a trouvé un médecin disposé à pratiquer l’euthanasie sollicitée ; celle-ci devant avoir lieu prochainement dans un hôpital, où Frank serait transféré « pour 48 heures ».

    Il faut -au moins par prudence- s’abstenir de se prononcer sur un cas dont on ne connaît pas toutes les données, et, a fortiori, les situations humaines sous-jacentes : il n’est nullement dans mon intention de m’en prendre aux personnes concernées. Toutefois, face à cette situation qui me semble profondément injuste, je ne peux m’empêcher de proposer quelques éléments de réflexion critiques.

    L’une des conditions légales à l’euthanasie envisagée, c’est que la demande soit « réfléchie » et « volontaire ». Dans le cas de Frank, que l’on n’a pas voulu condamner « au pénal » en raison de troubles mentaux, il est permis de se demander comment cette exigence pourrait être rencontrée. Frank n’a pas la lucidité d’esprit lui permettant de comprendre ses méfaits ni de subir la peine, nécessitant un traitement et une attention médicale rapprochée… mais aurait la lucidité « suffisante » pour demander validement l’euthanasie ? Que le lecteur veuille bien m’excuser d’émettre un sérieux doute à cet égard.

    Se rend-on compte du précédent ainsi créé ?

    L’on me répondra (-facilement-) que tout s’analyse « au cas par cas »… Soit. Mais que fait-on, en cas de doute ? Depuis février de cette année, peut être pratiquée en Belgique l’euthanasie d’un mineur, à condition d’être certain qu’il dispose de la « capacité de discernement » (-non définie-). Huit mois plus tard, c’est l’euthanasie de Frank qui devrait être admise, sans plus. Va-t-on donc recourir à une « certitude » différente lorsqu’il est question de personnes atteintes de troubles mentaux ? Se rend-on compte du précédent ainsi créé ? Et où cela va-t-il donc s’arrêter ?

    Dans un reportage diffusé il y a un an par la télévision flamande (Panorama-VRT), Frank s’exprimait à propos du désir de suivre un traitement pour « internés » dans un centre adapté, aux Pays-Bas : « Les conditions pour l’euthanasie, c’est que l’on ait une souffrance physique ‘infinie’ (sic), et qu’aucun traitement n’existe. Si je n’ai pas la possibilité d’aller aux Pays-Bas, alors il n’y a pas de traitement possible en Belgique, et alors, suivant la loi, j’ai droit à l’euthanasie. (sic) Et alors l’on a qu’à m’accorder cette euthanasie. Et je serai en dehors de cette société. Mais il y en aura d’autres après moi (n.b. les larmes lui viennent aux yeux). Les gens doivent se rendre compte que… Faites-y quelque chose. Lorsque vous internez des gens, et ils ont commis un délit sexuel, aidez-les. Aidez-les à vivre avec cela. Mais laisser quelqu’un simplement derrière des portes fermées, avec cela ; on aide personne : ni la personne-même, ni la société, ni la victime ».

    Frank n’a finalement pas été admis aux Pays-Bas. Résultat : il demande l’euthanasie. Est-ce cela, une demande d’ « euthanasie » ? Et « volontaire » ? Permettez-moi, une nouvelle fois, d’en douter. Il ne serait en tout cas pas déraisonnable de croire davantage à un appel à l’aide, voire à une carence du système d’internement, qui peine à s’approcher de sa propre définition…

    Malgré cela, certains réclameront peut-être une « nouvelle » extension de la loi, afin de permettre à des personnes comme Frank de « mourir dignement ». Loi, qu’ils ont jadis acceptée en assurant que l’euthanasie serait « l’exception ». Triste exception que celle de Frank, dans notre société « où tous ont une place »… même à l’hôpital, uniquement en vue de recevoir l’euthanasie faute de soins adéquats. Est-ce donc d’une extension de l’euthanasie que notre société, et les médecins, ont le plus besoin ?

    Frank, lui, j’en suis convaincu, n’a pas besoin de mourir dignement : il a besoin de vivre dignement. Il est peut-être encore temps de lui venir en aide. Lui, et tous les autres.

  • Quand la Belgique dépasse les bornes

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    Nous l’avons déjà annoncé : un détenu belge, criminel sexuel en grande fragilité psychique, demande à mourir. La Justice le lui accorde. Il sera donc extrait de sa cellule pour être euthanasié. Voici le commentaire de Philippe Oswald, publié sur le site « aleteia ». Ancien  professeur-assistant à la Faculté Libre de Philosophie Comparée (IPC) fondé par Marcel Clément, Philippe Oswald est journaliste depuis 1978. Il a été rédacteur en chef (1985-1990) puis directeur de la Rédaction (1990-2010) de l’hebdomadaire Famille Chrétienne :

    « Cela se passe au cœur de l’Europe, au XXI siècle (précision utile, parce qu’on a déjà vu des choses semblables se passer dans un pays voisin, soixante-dix ans plus tôt). Frank Van Den Bleeken, 52 ans, détenu depuis près de 30 ans dans le centre psychiatrique d'une prison située près d'Anvers pour divers crimes sexuels dont le viol et le meurtre d'une étudiante de 19 ans, demande à être tué depuis trois ans, évoquant « une souffrance psychique insupportable » selon la formule de la loi belge sur l’euthanasie (RTL).

    Après diverses procédures, la Justice belge vient d’accéder à sa requête. Il sera donc transféré dans un hôpital du pays pendant 48 heures « pour faire ses adieux à sa famille » avant d'être euthanasié par un médecin (20 minutes).

    Ainsi un prisonnier qui déclare « être un danger pour la société » peut être exécuté à la faveur de la loi autorisant l’euthanasie en Belgique. Pour être volontaire (mais au fait, un malade psychique a-t-il le discernement requis par la loi elle-même ?), ce n’en est pas moins la peine de mort que la paisible et pacifique Belgique vient de rétablir dans le sillage de la légalisation de l’euthanasie. C’est ce que Mme Jacqueline Herremans, présidente belge de l'Association pour le droit de Mourir dans la Dignité, appelle « la solution de moindre mal» (Le Figaro). « Solution », n’était-ce pas déjà le mot qu’on employait il y a soixante-dix ans dans ce pays voisin de la Belgique pour en finir avec beaucoup de personnes jugées inutiles ou nuisibles ?

    La Belgique a ouvert la boîte de Pandore en autorisant l'euthanasie en 2002. On y enregistre actuellement 5 euthanasies par jour. Et l’escalade se poursuit : en février dernier, la Belgique est devenue le premier pays au monde où l’on peut euthanasier des enfants. Mais ce n’est pas encore assez pour les activistes du « droit à mourir » : la Société belge de soins intensifs réclame l'autorisation de l'euthanasie « non demandée » (une démarche logique, puisqu’on l’applique déjà aux enfants). Et il ne s’agit plus de mettre un terme à des souffrances jugées insupportables : « Raccourcir le processus de fin de vie par l'usage de médicaments comme les agents analgésiques/sédatifs peut parfois être approprié même en l'absence d'inconfort » peut-on lire dans un document publié par cette association en mai dernier (Aleteia).

    En attendant, Frank Van Den Bleeken fait des émules : 15 autres détenus demandent à être euthanasiés !  (Le Vif). Qu'importe s'il n'y a plus de bourreaux : des médecins feront le job...Mais la Justice belge aura-t-elle la largesse de leur accorder...cet élargissement, cette grande évasion ? Et si demain, Mehdi Nemmouche, le tueur du Musée juif de Bruxelles, demandait lui aussi à être exécuté au nom de ses « souffrances psychiques » ? Comme le disait le regretté Pierre Dac : « Quand les bornes sont franchies, il n'y a plus de limites »...

    Ref. Euthanasie : la Belgique rétablit la peine de mort…à la demande

     JPSC

    A lire également : C'est une peine de mort inversée

    et aussi : Euthanasie d'un détenu en Belgique, ou victoire de l'indignité

  • L'impunité pour la haine anti-chrétienne

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    Ce qu'on peut lire sur Le Monde aujourd'hui :

    Dégradation d'une cloche de Notre-Dame de Paris : les Femen relaxées

    Le 12 février 2013, des membres des Femen ont pénétré dans la cathédrale Notre-Dame de Paris pour célébrer la renonciation de Benoît XVI et le vote de la loi sur le mariage pour tous. 

    Poursuivies pour avoir dégradé une cloche de Notre-Dame de Paris, neuf membres du groupe féministe Femen ont été relaxées mercredi 10 septembre par le tribunal correctionnel de Paris. Le tribunal a estimé qu'il n'y avait pas suffisamment d'éléments pour imputer les dégradations aux Femen.

    Le 12 février 2013, les Femen avaient fêté à leur manière le renoncement du pape Benoît XVI. Incognito dans le flot des touristes, elles étaient entrées dans l'édifice avant de tomber le manteau pour se jucher sur le socle de trois cloches, exposées provisoirement dans la nef à l'occasion du jubilé des 850 ans de Notre-Dame de Paris.

    Exhibant leurs seins comme à chacune de leurs actions, les Femen avaient crié « Pope no more ! » (« Plus de pape ! »), en faisant tinter les cloches avec des morceaux de bois. La police avait constaté sur procès-verbal des éclats de plus d'un centimètre sur le dessus de la cloche Marcel, recouvert de feuilles d'or.

    Lors du procès, les Femen ont contesté être à l'origine du dommage, arguant qu'elles avaient pris soin de recouvrir leurs bâtons de feutrine.

    Pas suffisamment, selon l'avocat du recteur de Notre-Dame, pour qui la protection était mal attachée, si bien que la cloche a été frappée à « bâton nu ». Le parquet avait requis une amende de 1 500 euros contre chacune des neuf jeunes femmes.

    « NOUS TROUVERONS UN MOYEN DE NOUS REVOIR »

    Sur Facebook, les Femen se sont réjouies de l'issue de cette « mascarade qui dure depuis plus d'un an déjà aux frais du contribuable ». Avant d'ajouter, provocatrices comme à leur habitude :

    « Il ne nous reste qu'un seul regret, celui de voir se finir ici cette relation si chaleureuse que nous avions nouée avec Notre-Dame depuis lors, mais nous sommes certaines que nous trouverons un moyen de nous revoir… »

    Trois surveillants de la cathédrale ont quant à eux été condamnés à des amendes de 300 euros, 500 euros et 1 000 euros avec sursis pour des violences commises sur trois militantes lors de leur expulsion de l'édifice.

  • Asia Bibi comparaît devant le tribunal et est à nouveau reportée

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    ASIE/PAKISTAN - Nouvelle date pour l’audience du procès en appel d’Asia Bibi : le 9 septembre

     

     

    Lahore – Ce 9 septembre est la date nouvellement fixée pour la première audience du procès en appel d’Asia Bibi, la pakistanaise chrétienne condamnée à mort pour blasphème. C’est ce qu’apprend l’Agence Fides de sources au sein de la Haute Cour de Lahore. Le collège, selon le calendrier rendu public, sera présidé par le juge Anwar Ul Haq. L’audience a été fixée après que certains des avocats aient demandé à la Cour, en juin dernier, de fixer une nouvelle audience afin que la jeune femme puisse enfin obtenir justice.
    Asia Bibi a été condamnée à mort en novembre 2010 aux sens de l’article 295 C du Code pénal pakistanais pour outrage au prophète Mahomet. Elle est incarcérée depuis juin 2010 et se trouve actuellement à la prison féminine de Multan. Le procès en appel a fait l’objet d’au moins cinq renvois au cours de ces derniers mois pour les motifs les plus divers. Selon des sources de Fides, de nombreux juges se refusent de juger le cas par crainte de réactions des groupes extrémistes islamiques.

    Mais on apprend à présent le report du procès :

    Lahore – Lors d’une audience de quelques minutes tenue ce matin devant la Haute Cour de Lahore, le Président du collège, Anwar Ul Haq, a renvoyé le procès en appel d’Asia Bibi à l’audience du 16 octobre. C’est ce que communiquent à Fides les avocats de la jeune femme, Maîtres S.K. Chaudry et Sardar Mushtaq Gill. Selon ces derniers, « la Cour a concédé une dernière possibilité à la contrepartie, attendu que son défenseur était absent pour la énième fois ». Au cours de la prochaine audience, les avocats devront remettre leurs « considérations finales » sous forme écrite sur la base desquelles le tribunal rendra sa décision. L’affaire semblerait donc s’être débloquée. Maître Gill explique à Fides : « En juin dernier, nous avons présenté une instance spéciale devant la Haute Cour, nous référant à un certain nombre de normes qui imposent au Tribunal d’examiner un cas et de rendre une décision. Le cas d’Asia Bibi devra être entendu. Nous sommes par ailleurs confiants dans le fait qu’en examinant les faits sur le fonds, Asia Bibi puisse être entendue. Les craintes sont seulement dues aux possibles influences négatives ou pressions que les extrémistes pourraient exercer sur les magistrats. Mais le juge Anwar Ul Haq est estimé et correct. Nous avons confiance dans la bonne foi et dans l’indépendance de la magistrature ».

  • Euthanasie : une plainte a été déposée contre la Belgique devant la Cour Européenne des Droits de l'Homme

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    Du Bulletin de l'Institut Européen de Bioéthique :

    Euthanasie : plainte contre la Belgique devant la CEDH

    L’Alliance Defending Freedom (ADF) vient d’annoncer le dépôt d’une requête dirigée contre la Belgique devant la Cour Européenne des Droits de l’Homme par Tom MORTIER, dont la mère est décédée suite à une euthanasie pratiquée par le Docteur DISTELMANS, au motif que cette patiente souffrait d’une « dépression incurable ». Son fils n’en fut avisé que le lendemain du décès au terme d’une conversation téléphonique reçue de la part de l’hôpital.

    Monsieur MORTIER se plaint de la violation des articles 2 (droit à la vie), 8 (droit au respect de la vie privée et familiale) et 13 (droit à un recours effectif) de la Convention Européenne des Droits de l’Homme.

    Il allègue notamment que le Législateur belge est allé beaucoup trop loin, entre autres en ce que la Loi relative à l’euthanasie fait prévaloir de manière excessive et déraisonnable l’autonomie personnelle sur l’intérêt public supérieur protégé par le droit à la vie.

    Affaire à suivre.

    (Source : http://www.adfmedia.org/News/PRDetail/9291)

  • François Fillon : «Il faut une puissante réponse militaire en Irak»

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    L’ancien premier ministre français, au « Figaro », sans langue de bois :

     « LE FIGARO - Que faire pour lutter contre les exactions des djihadistes en Irak?

    François FILLON - On ne peut répondre que par la force au danger et à la menace que représentent ces djihadistes, organisés, suréquipés. Il y a des milliers d'apprentis terroristes étrangers qui se sont engouffrés dans leur combat fanatique. On ne peut pas les laisser faire et ignorer leur crime, non! Barbarie, cynisme, violences inouïes… C'est une sorte de fascisme intégriste où tout opposant mérite la mort. Sans parler de l'esclavage ou de la traite des femmes… À cinq heures de vol de Paris, on vend des femmes sur le marché et on s'en vante! On assassine des enfants, des vieillards, des handicapés… C'est une question de civilisation. C'est l'humanité qui est interpellée par cette violence radicale. J'appelle donc à la force et à une réponse militaire puissante! Le président Obama a raison quand il dit qu'il faut éradiquer l'État islamique, car c'est l'alerte rouge en Irak. Cette menace pèse désormais sur le monde entier.

    Comment s'engager concrètement?

    Il y a trois urgences pour l'Irak. La première est humanitaire. Les réfugiés que j'ai rencontrés vivent dans des conditions épouvantables. Ils ne sont pas dans des camps mais dans les rues, les parcs, les églises, là où ils peuvent. Il fait actuellement 50° à l'ombre mais il va bientôt faire très froid, car cela va durer un certain temps. Je demande donc la réunion d'une conférence des pays donateurs pour organiser une aide immédiate en matière de logement, de santé et de scolarisation. Je suis choqué de constater l'inaction de l'Europe qui réagit d'ordinaire très rapidement à ce genre de drame.

    Sur le plan militaire?

    Il faut constituer sous l'égide de l'ONU une coalition internationale qui soit en mesure d'intervenir, y compris sur le terrain. La proposition de François Hollande de réunir une conférence internationale sur la question irakienne est une bonne idée. Je la soutiens à fond, à condition de déboucher sur l'implication dans le conflit des pays de la région comme la Turquie, l'Iran et les pays du Golfe, car il y a des interrogations sur qui aide et finance l'État islamique. Et pourquoi la plupart des combattants islamistes arrivent par la Turquie…

    Quelle est votre troisième urgence?

    Le gouvernement français doit se porter juridiquement devant la Cour de justice internationale, contre les auteurs de ces crimes et contre les dirigeants des États qui les soutiennent et les financent.

    La France en fait-elle assez?

    Il faut reconnaître que la France s'est engagée. Les livraisons d'armes ont commencé. J'ai rencontré les responsables militaires kurdes qui sont élogieux à cet égard, même si cela ne va pas assez vite. Ma démarche n'est pas partisane. Dans cette crise irakienne, la politique française va dans le bon sens, même si elle n'est pas assez puissante. Le président de la République devrait prendre des initiatives plus visibles pour entraîner les Européens.

    Voyez-vous des risques de répercussions en France?

    Si on ne stoppe pas l'État islamique aux portes du Kurdistan, le combat sera demain à Istanbul, Francfort, Paris, Londres… Il faut éviter la contagion et être absolument intransigeant en «criminalisant» toute participation à ce djihad pour que des citoyens français ou des personnes qui vivent sur notre territoire et qui manifestent d'une manière ou d'une autre un soutien à cette guerre puissent être pénalement responsables, condamnés, expulsés s'ils ne sont pas de nationalité française.

     Pourquoi êtes-vous parti là-bas?

     J'ai évoqué l'urgence humanitaire et militaire, mais il y a au cœur de cette question celle des chrétiens d'Orient. Leur extinction est désormais possible. La France a un rôle spécifique dans ce domaine que l'histoire lui a confié. J'estime donc nécessaire de mettre la lumière du projecteur sur eux. »

    Réf. François Fillon : «Il faut une puissante réponse militaire en Irak»

    Merci à Jean-Marie guénois pour cette interview. Enfin un catholique concret, politiquement engagé sans langue de buis dans cette odieuse affaire où, après tant d'autres,  le pape lui-même a vidé l’eau de quelques bénitiers; ce qui est peut-être, après tout, son rôle. JPSC

  • Répliquer à la violence ou tendre l'autre joue : le dilemme du Pape et des Chrétiens

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    Le-pape-Francois-il-succede-a-Barack-Obama-et-devient-la-Personnalite-de-l-annee-2013-selon-le-Time-Magazine_portrait_w674.jpgFigaroVox a interrogé Jean-Sébastien Philippart, conférencier à l’’Ecole Supérieur des Arts de Bruxelles (extraits) :

    FigaroVox: Le Pape François a récemment suggéré que l'intervention militaire en Irak pouvait être la solution pour aider les chrétiens persécutés. Le recours à la violence s'oppose-t-il à la doctrine de l'Eglise?

     Jean-Sébastien PHILIPPART: En réalité, les propos du Pape François sont plus ambivalents (…):, il s'agirait de faire violence à l'agresseur en le stoppant mais sans user de la violence. On voit donc bien ici que François se réfère de manière embarrassée à la doctrine de la «guerre juste» mais en refusant d'en assumer la dimension guerrière (…).

    La doctrine de la guerre juste, plus précisément, n'est pas une création de l'Eglise, mais Augustin en reprenant les réflexions d'Aristote et Cicéron — pour lesquels la guerre elle-même doit être soumise au droit et avoir la paix pour finalité —, y ajoute l'élément d'une disposition intérieure à laquelle fait référence selon moi François. D'après Augustin en effet, dont les principes seront canonisés par saint Thomas d'Aquin (l'autre pilier de la doctrine ecclésiale), pour se conformer à la justice, il ne suffit pas que le soldat se conforme aux ordres, il doit agir sans haine à l'égard de l'ennemi. Autrement dit, la manière de stopper l'ennemi est aussi importante que le résultat. D'où l'importance d'évaluer les moyens par une conscience éclairée.

    François agit donc conformément au principe de réalité en affirmant qu'une intervention réfléchie et sans passion s'avère nécessaire mais son surmoi l'empêche de prononcer le mot «guerre».

    Dans quels cas, la légitime défense est-elle tolérée par l'Eglise?

    Il faudrait encore distinguer entre «légitime défense» et «guerre juste». Augustin en tout cas le fait. Celui-ci n'admet pas le droit de tuer autrui pour se défendre. Par contre, celui qui ne stoppe pas l'injustice qui frappe autrui est aussi coupable que l'agresseur. C'est en ce sens qu'aux yeux d'Augustin (et d'autres Pères de l'Eglise) le soldat peut être au service de la justice. Toutefois, Thomas d'Aquin admettra comme licite la légitime défense pourvu que la riposte soit mesurée.

    De manière canonique, la doctrine de la guerre juste comporte alors trois conditions. 1) L'autorité juste: la décision de la guerre doit relever d'une authentique autorité, c'est-à-dire au service du bien commun. 2) La cause juste, c'est-à-dire la défense du prochain agressé par un adversaire dont on suppose qu'il a commis une faute (et dont la punition peut conduire à la repentance). 3) L'intention droite: la guerre ne doit pas dissimuler des intérêts personnels.

    Quant à lui, François tente de s'en sortir en substituant au vocabulaire de la guerre connotant la mort, celui de la «légitime» défense de la «vie». Mais la rhétorique papale est par conséquent confuse: ce droit se rapporte à ma vie et non à celle de l'autre qui n'est envisagé dans ce cas que comme un adversaire. Par ailleurs, comment à nouveau éviter de repousser de manière proportionnée un djihadiste armé jusqu'aux dents et courant après la mort, sinon en le tuant?

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  • La géopolitique du pape François est-elle efficace ?

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    Alors que les jihadistes de l’État islamique (EI) en Irak ont revendiqué hier  soir l’exécution par décapitation d’un second journaliste américain, Steven Sotloff, 31 ans, se pose toujours, irrésolue, la question de savoir comment stopper efficacemment l’agresseur injuste. A ce propos, sur le blog « Chiesa », Sandro Magister commente la « ligne » sur laquelle s’est positionné le pape François (extraits), au titre de son rôle moral sur la scène mondiale (extraits) :

    «  (…) Lorsqu’il y a des affrontements en un lieu donné, le pape François évite toujours soigneusement de prendre publiquement parti contre l'un ou l'autre des adversaires, surtout si certains d’entre eux sont musulmans, même si cela implique pour lui de ne pas manifester sa solidarité avec des victimes chrétiennes persécutées en raison de leur foi, qu’il s’agisse de la Pakistanaise Asia Bibi ou de la Soudanaise Meriam, ou encore des lycéennes nigérianes qui ont été enlevées par Boko Haram.

    De même la diplomatie de François supporte les camouflets sans rien dire, dans l’espoir de succès futurs. Lorsque le pape est arrivé en Corée du Sud, le 14 août dernier, la Corée du Nord s’est moquée de lui en procédant à trois tirs de missiles à titre de démonstration et en annulant pour sa part l’envoi de quelque délégation que ce soit.

    En ce qui concerne la Chine, le Vatican a enregistré comme un point positif le fait que Pékin ait, pour la première fois, donné l’autorisation de survoler son territoire national à un pape, en faisant parvenir à celui-ci, à cette occasion, des messages de courtoisie.

    Cependant il y a beaucoup plus de points négatifs. Les autorités de Pékin n’ont accordé qu’à un tout petit nombre de catholiques la permission de se rendre en Corée afin qu’ils puissent saluer François. Elles ont rappelé sur le territoire national les prêtres chinois qui résident en Corée. Mais, surtout, elles n’ont donné aucun signe indiquant qu’elles allaient ralentir la répression exercée contre le catholicisme en Chine, où le numéro un de la hiérarchie en communion avec Rome, l’évêque de Shanghai Thaddeus Ma Daqin, est en résidence surveillée depuis le jour de sa nomination et où un très grand nombre d’autres évêques et de prêtres sont emprisonnés ou portés disparus.

    Quant au combatif cardinal Joseph Zen Ze-kiun, évêque émérite de Hong Kong, les autorités vaticanes lui ont imposé de garder le silence afin de "laisser la diplomatie travailler". Depuis que François est devenu pape, la commission chargée de la Chine, que Benoît XVI avait instituée en 2007 et dont Zen est l’homme fort, n’a plus été convoquée. Le cardinal envoie régulièrement au pape des lettres d'information dont il dit tristement : "J’espère qu’il les lit".

    Cependant il y a un niveau de tolérance au delà duquel le pape François lui-même admet l'utilisation de la force. Et c’est ce qui se passe dans le cas du califat islamique récemment créé en Irak et en Syrie (…).

    Le pape François ne s’est pas tout de suite exposé personnellement à propos de cette question.

    Il a laissé s’exprimer les premiers les évêques irakiens, qui ont demandé de manière unanime une intervention militaire massive.

     Au Vatican il a laissé le conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, présidé par le cardinal Jean-Louis Tauran, publier un acte d'accusation terrible et circonstancié contre le califat islamique, et exiger du monde musulman une même netteté dans le jugement. (…)

    Lorsqu’il est revenu de Corée, il a été jusqu’à déclarer qu’il était prêt à se rendre lui aussi en Irak, au cœur de cette "troisième guerre mondiale" qu’il voit menée ici ou là "par morceaux" et avec des "niveaux de cruauté effrayants", parce que "stopper l'agresseur injuste" est non seulement licite mais nécessaire.

    En somme : une armée pour faire la paix. Mais, jusqu’à présent, la réponse des gouvernements et de l'ONU à cet appel lancé par le pape a été faible, pour ne pas dire inexistante. »

    Ref. Une armée pour faire la paix. La géopolitique de François

    C’est bien ce que l’on avait déjà cru comprendre : l’ « ultima ratio » du pape en matière de guerre injuste est de faire appel à l’ONU et à ses « casques bleus ».  JPSC

  • Le pape et l’Irak : Les chrétiens d’Erbil restent dubitatifs

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    D'Agnès Richieri, correspondante en Irak du journal « La Croix » :

    « Seul le gouvernement régional du Kurdistan semble avoir suivi de près l’intervention papale. Au camp de Mar Youssef d’Erbil ce matin, les déplacés chrétiens ne manifestent pas d’enthousiasme particulier. Il fait déjà chaud et une tempête de sable s’est abattue sur la ville.

    « Les choses n’avancent pas, ici »

    « Ah bon, le pape s’est prononcé en faveur d’une intervention en Irak ? », répète Amir, un réfugié de quarante ans venu de Qaraqosh. Lassé de ces médias occidentaux qui viennent faire leurs interviews comme on fait ses courses, il hausse les épaules et s’éloigne.

    Autour, personne ne semble être au courant. À peine sont-ils intrigués par la nouvelle. « Ils (la hiérarchie ecclésiale) ne font toujours que parler, explique Souleimane, lui aussi réfugié de Qaraqosh. Sans Internet ni télévision, on ne sait pas ce qu’ils disent. Mais ce qu’on voit, c’est que les choses n’avancent pas ici. »

    Pas d’aide de Bagdad, ni du Kurdistan 

    Depuis deux semaines, les déplacés chrétiens sont pris en charge exclusivement par l’Église et la communauté chrétienne d’Erbil, avec l’aide ici et là d’organisations internationales.

    L’aide promise par le gouvernement central de Bagdad puis par le gouvernement régional du Kurdistan n’est toujours pas arrivée.

     La logistique avant tout 

    Mgr Georges Casmoussa, ancien archevêque syrien-catholique de Mossoul, comprend bien ses ouailles. Lui non plus n’a pas entendu parler de l’intervention du pape, pris comme il est par la logistique du nouveau camp qui vient d’ouvrir en face de l’église : « Que le pape soutienne l’entente occidentale pour chasser Daesh (nom arabe de l’État islamique, NDLR) de cette région et que cette chasse mène ensuite à la libération des régions chrétiennes, yézidies etc., c’est aussi pour sauvegarder les intérêts du Kurdistan et donc l’Occident », commente-t-il.

    Les seuls qui semblent avoir suivi de près l’intervention papale sont les membres du gouvernement régional du Kurdistan, qui se positionne habilement depuis quelques semaines comme une terre de minorités et de défenseurs des droits de l’homme.

    « On apprécie le soutien du Vatican, remercie Sirwan Zahawi, conseiller juridique du premier ministre kurde. Mais on espérait plus, notamment une visite du pape, comme reconnaissance de la coexistence pacifique qu’offrent les Kurdes. »

     La perennité de la communauté 

    « Cette intervention papale va faire le tour des médias pendant quelques jours, ajoute Mgr Casmoussa. On va analyser ce que ça représente en termes de Guerre Sainte etc. mais l’on oubliera encore l’essentiel qui est le respect de la liberté et le droit à la vie des chrétiens d’Orient. »

    À ses yeux, protéger les terres chrétiennes ne suffira pas à assurer la pérennité de sa communauté. « Seules des garanties locales, à travers une évolution des mentalités et des droits égaux reconnus dans la Constitution irakienne, pourront accomplir cela, explique-t-il. Seulement voilà des années que nous demandons une pression internationale sur Bagdad pour l’obtenir, en vain. Nous écrivons donc à mes yeux les dernières lignes de notre histoire en Irak. »

    Ref. Les chrétiens d’Erbil restent dubitatifs

    Dans l’avion qui ramenait le pape de Séoul à Rome, à la question d’un journaliste américain : « Alors que les États-Unis ont commencé à bombarder les terroristes en Irak pour prévenir un génocide, soutenez-vous ces frappes ? », François avait répondu qu’il est « licite d’arrêter l’agresseur injuste.  Je dis bien ‘arrêter’, je ne dis pas bombarder ou faire la guerre. Les moyens de l’arrêter devront être évalués ». Le pape n’a donc pas fermé la porte à une intervention militaire, mais il n’a pas non plus donné son approbation aux opérations américaines actuelles. Le problème, à ses yeux, tient à ce que les États-Unis ont décidé de manière unilatérale leur intervention militaire. Or, pour le pape, « un pays ne peut pas juger tout seul comment arrêter l’agresseur injuste ».  

    A ce train là, le Califat islamiste aurait donc encore quelques beaux jours devant lui. Mgr Silvano Tomasi, représentant permanent du Saint-Siège à l’ONU avait été beaucoup moins en retrait,  estimant, dès le 9 août : « peut-être  l’action militaire est–elle nécessaire en ce moment pour arrêter l’avancée des djihadistes en Irak ».

    Quant à une éventuelle visite aux réfugiés, le pape François s’est montré plutôt évasif  (« en ce moment ce n’est pas la meilleure chose à faire »).

    JPSC

  • Errare americanum est

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    Lu sur le site web « Boulevard Voltaire » :

    « Les Américains », disait Churchill, « trouvent toujours la bonne solution après avoir essayé toutes les autres. » En ce qui concerne l’Irak, et en espérant que l’avenir confirmera l’optimisme de ce bon vieux Winston, force est de constater que le passé a jusqu’ici, hélas, prouvé sa clairvoyance.

    Ce fut une première erreur – morale – des États-Unis, après avoir envoyé Saddam Hussein combattre en première ligne l’Iran révolutionnaire de Khomeiny, d’avoir payé d’ingratitude le dictateur irakien et de ne lui avoir proposé aucune contrepartie en échange de son engagement de bon petit soldat de l’Occident au cours d’une guerre de huit ans qui avait coûté un peu plus d’un million d’hommes aux deux belligérants. Il n’était pas si aberrant qu’on voulut bien le dire à l’époque que Saddam, dépité, ait tenté de se payer sur la bête en annexant le Koweït, arbitrairement détaché du reste de l’Irak et artificiellement érigé en État indépendant par la Grande-Bretagne, avide de mettre la main (par émir interposé) sur ses richesses pétrolières.

    Ce fut une seconde erreur – géopolitique, celle-là –, après avoir affaibli le pouvoir du « maître de Bagdad », comme disaient à l’unisson nos bons médias, d’en finir avec celui-ci sur la base d’accusations mensongères sans avoir la moindre idée de la complexité du pays où la coalition laborieusement constituée et emmenée par Washington mettait ses pieds et ses gros sabots ni de la façon dont on comblerait le vide laissé par la chute de l’homme fort qui faisait tenir ensemble, tant bien que mal, les morceaux de l’ensemble hétéroclite qu’avaient imaginé les vainqueurs de la Première Guerre mondiale.

    Accueillis par certains en libérateurs, les héros de la deuxième guerre du Golfe ne tardèrent pas à être tenus par la grande majorité de la population irakienne – à la notable exception des Kurdes – pour des occupants.

    Ce fut une troisième erreur, dont la région et le monde paient aujourd’hui les conséquences, après avoir créé les conditions du chaos, de laisser s’en dépatouiller le gouvernement corrompu, sectaire, autoritaire et impuissant qu’on avait mis en place et après être venu quand ce n’était pas nécessaire de s’en aller quand il aurait fallu rester.

    C’est une quatrième erreur d’ajouter à l’anarchie et au désarroi ambiants une crise politique et de congédier comme un laquais Nouri al-Maliki après avoir utilisé ses services pendant huit ans. Était-il véritablement important, urgent et intelligent de s’ingérer une fois encore dans les affaires intérieures de l’Irak au moment où ce n’est plus seulement la stabilité mais l’existence même de ce pays qui est en cause, et alors que les 350.000 hommes censés constituer l’armée et les 600.000 hommes enrégimentés dans les forces de police irakiennes sont mis en déroute par les combattants fanatiques, aguerris, motivés et suréquipés de l’État islamique ?

    C’est une cinquième erreur de limiter l’intervention militaire que justifie pleinement la situation à quelques bombardements ciblés suffisants pour que les islamistes dénoncent la nouvelle ingérence américaine mais insuffisants pour enrayer la déroute du régime irakien et l’exode des populations que chasse devant elle, comme un troupeau de moutons, l’offensive djihadiste.

    Il est des moments dans l’histoire – et nous sommes dans un de ces moments – où les demi-mesures sont dépassées, où les tergiversations sont criminelles, où les bêlements humanitaires ne servent plus de rien, où la parole est aux armes.

    Quitte à froisser le Qatar, quitte à déplaire à l’Arabie saoudite, quitte à conforter Bachar el-Assad, quitte à s’allier avec l’Iran, les États-Unis et l’Union européenne peuvent encore réparer et effacer toutes leurs fautes passées en déclarant la guerre aux fous monstrueux qui sont entrés en guerre contre l’humanité. C’est maintenant qu’il faut agir, sous peine d’être accusés devant les hommes et devant l’histoire de non-assistance à civilisation en danger. »

    Ref . Errare americanum est

     N’en déplaise à ceux qui estiment qu’après tout, les djihadistes du Califat autoproclamé sont loin d’atteindre le niveau de nocivité auquel sont parvenus Robespierre,  Staline ou Hitler. Mais c’est peut-être ce que pensaient déjà ceux qui ont laissé faire ces derniers.

    JPSC