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Histoire - Page 118

  • Le film "Silence" : une projection du relativisme contemporain ?

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    L'opinion de l'évêque de San Sebastian (Espagne) traduite par S. Seminckx sur didoc.be :

    Silence

    On parle beaucoup de Silence, le film récemment sorti en salle de Martin Scorsese. Nous reprenons ici la recension d’un site généralement bien renseigné (www.almudi.org) qui donne à son tour la parole à Mgr Munilla, évêque de San Sebastian, en Espagne.

    Silence porte sur la persécution de missionnaires catholiques et sur la crise que le protagoniste traverse dans sa foi au Japon du 17ème siècle. Les acteurs sont Andrew Garfield, Adam Driver, Tadanobu Asano, Ciarán Hinds et Liam Neeson, qui ont tourné le film à Taiwan entre janvier et mai 2015.

    Nous reproduisons ici l’essentiel de l’opinion de Mgr Munilla, à laquelle nous souscrivons. (…)

    L’évêque de San Sebastian a expliqué que le film « l’a déçu », parce qu’il n’est pas fidèle au martyre tel qu’il s’est déroulé à cette époque. Selon lui, « les pères jésuites furent en première ligne pour donner témoignage au milieu de cette épreuve du martyre et, bien évidemment, à aucun moment l’apostasie ne fut à l’avant-plan ».

    « La thèse de ce film, c’est que ceux qui allaient au martyre étaient les fidèles les plus simples, sans formation théologique et culturelle. Mais les jésuites, mieux formés, finissaient par apostasier. Comme si la foi adulte des jésuites permettait d’opérer cette distinction : “apostat à l’extérieur mais toujours chrétien à l’intérieur ; mais le peuple moins formé doit foncer tête baissée vers le martyreˮ. Historiquement c’est totalement faux. A l’époque, les évangélisateurs qui avaient prêché au peuple ouvrirent la marche vers le martyre. »

    L’évêque a assuré également que la scène dans laquelle Jésus-Christ lui-même demande au Père Rodrigues d’apostasier et de piétiner son image « est absurde ».

    « Le martyre est une grâce. Au moment voulu, Jésus donne cette grâce pour que nous ne tombions pas dans le péché d’apostasie. Dieu accordera ce don gratuit qui dépasse nos forces dans la mesure où nous sommes fidèles et humbles ».

    Selon le prélat, Silence est un film « erratique » dans lequel, au fond, « on projette le relativisme contemporain ».

    En conclusion, « dire intérieurement “oui, je suis chrétienˮ sans le démontrer dans les œuvres, c’est la projection du relativisme de ceux qui optent pour une vie sans cohérence interne : je fais un pacte avec Jésus-Christ mais aussi avec le monde. Voilà ce qui transparaît dans ce film ».

    Source : https://www.almudi.org/peliculas/silencio. Ce texte a été traduit de l’espagnol par Stéphane Seminckx.

  • La légende noire du pape Pie XII infirmée lors d'un Congrès à Rome

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    Lu sur kerknet.be, à propos de ce Congrès qui s'est déroulé à Rome le 2 mars dernier : 

    Un Congrès infirme la légende noire de Pie XII, le pape de la guerre

    Selon la recherche historique récente au Vatican et à Rome, les deux tiers des juifs de Rome ont été sauvés grâce à l'intervention du pape Pie XII.

    Après sa mort, le pape Pie XII (Eugenio Pacelli, pape de 1939 à sa mort en 1958) a été acclamé par les dirigeants juifs, y compris Golda Meir, pour ses efforts de sauvetage en faveur des Juifs. Mais à partir de 1963, le pape de la guerre, en particulier dans la pièce de théâtre "Le Vicaire" de Rolf Hochhuth, fut dénoncé pour n'avoir presque rien fait pour sauver les juifs des mains des nazis.

    Cette image négative représenta le pontificat de Pie XII durant de longues décennies. A tort fait-on valoir lors d'une conférence sur son pontificat. Deux tiers des juifs sauvés à Rome des mains des criminels nazis le doivent à l'intervention du pape. Plus de 4.000 Juifs ont été accueillis à Rome dans 235 couvents et institutions religieuses. Beaucoup de Juifs trouvèrent aussi refuge dans les structures du Vatican. De plus, 1.600 Juifs furent mis en sécurité grâce à une organisation qui entretenait des rapports de proximité avec le Vatican. D'après les recherches menées par les historiens, il est clair que cette organisation, l'Organisation pour l'assistance aux Emigrants juifs - Delasem -, a été financée en secret par le Vatican.

    Le Cardinal Dominique Mamberti, préfet de la Signature apostolique, a déclaré dans une interview à Radio Vatican: "le Pape a dirigé l'Église dans un contexte très complexe et il a déployé de solides efforts en vue de la paix internationale. Il a surtout conduit l'Eglise à l'ère moderne. Le vrai visage d'Eugenio Pacelli est totalement différent de la légende noire qui a circulé autour de lui. Selon le cardinal Mamberti, la légende noire sur Pie XII et sur le silence du pape, propagée avant sa mort en 1958 et par la pièce de Hochhuth en 1963, fut diffusée par la propagande communiste de l'Union soviétique.

    Lors du congrès à Rome, les documents historiques prouvant que le pape Pie XII a fait appel à l'aide de 48 monastères pour sauver des Juifs ont été exposés. Il a également appelé à ouvrir les portes d'autres monastères aux Juifs persécutés. Au moins 198 interventions directes de Pie XII sur la libération ou d'assistance en faveur des Juifs et déportés ont été documentées. Rien qu'au cours de la terrible vague d'arrestations qui a eu lieu à Rome, 60 personnes ont été ainsi sauvées. Selon le postulateur de la béatification de Pie XII, le jésuite Anton Witwer, sa béatification a franchi une nouvelle étape importante. Mais il y a encore besoin d'un miracle. Il faut donc invoquer ce pape avec force dans nos prières. En tant qu'être humain, il a vécu l'amour du prochain et l'amour de Dieu d'une manière impressionnante.

    Source: I.Media/Radio Vaticana (en allemand)

  • Quand l'affaire de l'orphelinat de Tuam refait surface

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    Les médias reviennent sur cette affaire. Nous reprenons les réflexions - toujours d'actualité - d'un ami historien que nous avions publiées en juin 2014 au sujet des informations et de l'exploitation médiatique concernant la découverte de 800 cadavres d'enfants en bas âge dans la fosse septique d'un couvent en Irlande:

    "Je n'ai évidemment pas les moyens d'investiguer à propos de cette affaire, mais je vous fais part ici de quelques réflexions sur ce qui en est paru avec les commentaire habituels sur "le catholicisme ultra" qui sévissait en Irlande (RTBF ce matin) ou sur le "délire psychotique catholique" des religieuses (Catherine Maignant, professeur d'études irlandaises à l'Université de Lille, dans "La Libre" d'aujourd'hui (5/6) (entre parenthèses, si quelqu'un, dans un autre contexte, se hasardait à parler d'un "délire psychotique juif", il est à peu près certain qu'un tel propos haineux ne serait pas publié).

    D'abord, que faut-il croire quand on lit, sur la même page d'un journal  (La Libre, 5 juin, p. 16) des affirmations totalement contradictoires ? A savoir:

    - Sonia Delesalle-Stolper, correspondante à Londres de "Libération": les enfants de filles mères "se voyaient refuser le baptême et, s'ils venaient à mourir, une vraie sépulture"

    - Catherine Maignant, Université de Lille: les enfants nés d'une relation "diabolique" "étaient quand même élevés en bons catholiques".

    Ensuite, de l'article de la correspondante de "Libération" à Londres, repris dans La Libre, on peut déduire un certain nombre d'éléments qui, à tout le moins, nuancent l'impression générale désastreuse que les premières dépêches d'agence ont données. Or, "Libération" est tout sauf un journal catho. Ainsi:

    - la soi-disant "fosse septique" avait été en réalité transformée pour être une fosse commune, solution peu heureuse certes, mais courante dans des pays très pauvres comme l'était l'Irlande au milieu du siècle dernier. Les cadavres n'étaient pas "jetés" mais enveloppés dans un drap;

    - la même extrême pauvreté, avec les manques en matière de nutrition et d'hygiène qu'elle engendrait, explique la plupart des décès (alors qu'on nous a d'abord parlé de mauvais traitements ou de délaissement): tuberculose, rougeole… , l'Irlande connaissait alors "le taux de mortalité infantile le plus élevé d'Europe"

    - les décès (jusqu'à deux par semaine à certaines époques) ont été dûment enregistrés.

    De tout ce qu'on a lu et entendu, sous réserve de vérifications factuelles ultérieures, que reste-t-il alors ? Sans nul doute, qu'il y avait chez les religieuses et dans la société en général un déficit de charité dans la manière de traiter les filles mères. Mais cela n'a rien de spécifiquement catholique. La situation n'était pas plus heureuse dans la très puritaine Angleterre. Et les bourgeois anticléricaux n'étaient pas moins rigoristes moralement.

    Il y a cependant une tendance à la victimisation systématique des filles mères (le film Philomena de Stephen Frears est symptomatique à cet égard), qui passe à côté d'autres réalités. S'il est vrai que certaines d'entre elles peuvent être considérées comme des victimes, on sait que bien d'autres étaient trop heureuses de se débarrasser, dans un couvent ou ailleurs, de leur encombrante progéniture. Ce problème, qui submergea les religieuses et qu'elles ne purent gérer convenablement, a cessé de se poser à notre époque: on a trouvé des moyens plus expéditifs pour le résoudre...

    Voilà, me semble-t-il, ce que l'on peut dire actuellement, pour garder la tête un peu hors de l'eau dans ce déluge médiatique."

  • 2017 c’est aussi le centenaire des apparitions de Fatima

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    A qui mieux, mieux,  pour célébrer le cinquième centenaire de l’affichage de ses célèbres thèses sur la porte de l’église de Wittemberg (1517) des cohortes de clercs recyclés s'appliquent à réécrire l’histoire de Luther : une tentative de réhabilitation de sa personnalité mais également de ses positions considérées comme bénéfiques pour l’Eglise catholique d’aujourd’hui.

    Etrangement, en sens inverse, un véritable silence entoure la mémoire du centenaire des apparitions de Fatima alors même que 2017 devrait être entièrement consacré à en méditer le message pour répondre aux demandes de la Vierge, notamment la dévotion réparatrice des premiers samedis du mois.

    L’initiative prise par Les Missionnaires de la Miséricorde Divine de publier une vidéo par jour sur les apparitions de Fatima durant tout le Carême qui s’est ouvert hier, n’en a que plus de mérite. Inscrivez-vous à l'infolettre pour recevoir chaque matin la vidéo du jour.

    Voici la vidéo du mercredi des cendres :

    Signalons aussi aux Liégeois la démarche entreprise par un groupe de prière marial de se réunir aux mêmes intentions à l’église du Saint-Sacrement (Bd d’Avroy, 132) tous les premiers samedis du mois, de 14h00 à 16h00. La prière méditée du rosaire est suivie de la célébration de la messe (abbé Germeau). Contact: Georges Japsenne, gsm/portable 0474 95 12 07.

    JPSC

  • Le bienheureux Charles le Bon, comte de Flandre (2 mars)

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    s2pm6xj6.jpg(source) Charles est un nom d'origine germanique qui signifie "fort". On fête le 4 novembre saint Charles Borromée et le 28 septembre, saint Charles de Blois. En Belgique et dans le diocèse de Lille, on fête le bienheureux Charles surnommé le Bon. C'était au XIIe siècle. Il était le quatrième fils d'un roi vénéré comme saint : Canut, roi du Danemark, fêté le 19 janvier.

    Devenu comte de Flandre, la principauté de son grand-père, Charles prend part à la première Croisade en Terre Sainte. Dans ses territoires, il fut un ardent promoteur de la Trêve de Dieu : la cessation des hostilités pendant l'Avent, le Carême et le temps de Pâques. Cette Trêve avait été initiée au siècle précédent par saint Odilon, Abbé de Cluny, fêté le 4 janvier. Le comte Charles défendait avec intrépidité les pauvres contre ceux qui les exploitaient, aussi bien les clercs que les laïcs. Ce courage lui valut son principal titre de noblesse qui lui est resté : le Bon. Il luttait aussi avec vigueur contre ceux qui spéculaient sur le commerce du blé. Ce sera la cause de sa mort. Le 2 mars 1127 - c'était le mercredi des Cendres - il assistait, comme chaque jour, à la Messe - il est blessé à mort par ses adversaires, dans l'église st. Donatien de Bruges. Sa politique fut toujours de rappeler que personne, et d'abord les seigneurs et le clergé, n'est au-dessus des lois de l'Etat.

    Rédacteur : Frère Bernard Pineau, OP

  • Révolution russe de février (mars) 1917 : (re)lire Soljénitsyne

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    Du blog de Matthieu Roger :

    Éditions Fayard, 2007

    cover-soljenitsyne.jpg

    Cet ouvrage est une analyse et une mise en perspective historiques de la révolution russe de février 1917. Soljénitsyne y définit la nature de cette rupture historique, en narre le déroulement, pour ensuite en dégager les causes et le sens. Mais peut-on vraiment utiliser le terme révolution ?

    L’auteur démontre tout au long de ses réflexions qu’il s’agit en fait plus d’une déliquescence du pouvoir que d’une révolution à proprement parler. Le pouvoir du tsar s’est ainsi évanoui en quelques jours seulement, sous la pression conjointe du mouvement libéral et de l’agitation ouvrière à Petrograd. Et Soljénitsyne de citer Melgounov (journaliste et historien russe du début du XXe siècle) : « Le succès d’une révolution, comme l’a montré toute l’expérience historique, dépend moins de la force de l’explosion que de la faiblesse de la résistance. » Difficile en effet de croire que l’empereur Nicolas II et son frère cadet Alexandrovitch Michel aient accepté d’abdiquer si rapidement, sans opposer de réelle résistance à ce qui n’était, au 1er mars 1917, qu’une rébellion parcellaire et géographiquement très limitée.

    Soljénitsyne nous explique ici dans quelle mesure les aspirations au changement ont pu balayer si rapidement le régime tsariste, pour être aussitôt rattrapée par l’idéologie soviétique. Victoire présumée d’un réformisme socialo-libéral, la révolution de Février 1917 constitue en fin de compte une simple accélération du temps politique russe, telle une parenthèse qui, en se détournant du l’absolutisme tsariste, annonce presque aussitôt les prémices d’un totalitarisme nouveau. Si Nicolas II n’a jamais su s’entourer de conseillers et de personnes de valeur, le tableau du gouvernement provisoire de février 1917 n’est guère plus reluisant, lui qui réunit politiciens inexpérimentés et opportunistes incompétents. Préoccupés par une guerre qui dure depuis trois ans, les acteurs politiques russes ignorent alors qu’ils seront bientôt touchés par une guerre civile sanglante. Jamais ils n’ont pris en compte les aspirations réelles du peuple, celles de la paysannerie et du prolétariat naissant. Lâché par son haut commandement militaire, le tsar s’est réfugié dans la voie de l’immobilisme, attitude qui sonna le glas de tout espoir de réconciliation nationale. 

    Réflexions sur la révolution de Février est un livre qui se démarque par la justesse et la profondeur de son analyse historique. Sa lecture requiert un minimum de connaissances sur la situation de la Russie au début du XXe siècle, si tant est qu’on veuille appréhender pleinement l’analyse de l’auteur. Alexandre Soljénitsyne a reçu le Prix Nobel de Littérature en 1970.

  • A Rome, ce jeudi 2 mars : une journée consacrée à Pie XII et à son action durant le Seconde Guerre mondiale

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    Du site de Radio Vatican :

    Pie XII et les juifs au centre d'une journée de débats à Rome 

    (RV) Le Pape Pie XII et son action durant la Seconde Guerre mondiale seront au centre d’une conférence organisée par le Comité Pape Pacelli le jeudi 2 mars 2017, jour de l’anniversaire et de l’élection au trône de Pierre d'Eugenio Pacelli. Elle aura lieu dans la salle des Papes du couvent de Sainte-Marie-sur-Minerve, dans le centre de Rome. Selon un communiqué du comité, ce rendez-vous promet plusieurs nouveautés importantes : le témoignage d’Anita Garibaldi, arrière-petite-fille de Giuseppe Garibaldi, sur le rapport de sa famille, et en particulier de son père, Ezio, avec Pie XII ; les résultats du travail de recherche historique du diacre Domenico Oversteyns sur le nombre des juifs sauvés à Rome pendant la Seconde Guerre mondiale grâce à Pie XII.

    Une exposition de journaux et de documents de l’époque sera également présentée au public. Une prière pour la béatification du vénérable Pie XII aura lieu dans la basilique à l’issue de cette journée d’échanges et de débats à laquelle participeront plusieurs chercheurs dont Livio Spinelli, historiographe et Giulio Alfano, de l’Université pontificale du Latran. (XS)

    Lire : « Un juif romain au temps de la Shoah. Faux-papiers et messages chiffrés » par Dominiek Oversteyns

  • A Liège, la basilique et le couvent des Carmes de Chèvremont : sœur Anne, ne vois-tu rien venir ?

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    Qui sauvera ce haut-lieu emblématique de la piété populaire liégeoise ? Lu dans la revue « Eglise de Liège » (janvier-février 2017) sous la plume de l’abbé Emile Piront :

    Basilique-de-Chèvremont.jpg« Ce n’est pas ici le lieu de faire écho à l’histoire multiséculaire de ce site. Mais il est bon de rappeler qu’en fait, le pèlerinage à Notre-Dame de Chèvremont nous mène à la petite chapelle du 17ème siècle. Actuellement, cette chapelle classée est propriété de la fabrique d’église de Vaux-sous-Chèvremont. Ce n’est qu’après 1874 que l’évêque de Liège, Mgr de Montpellier, fait appel à une communauté religieuse pour se mettre au service du pèlerinage. Ce sont les Pères Carmes qui y arrivent, le couvent et la basilique sont érigés et consacrés en 1899. Un siècle plus tard, les choses ont bien changé.

    LES CARMES DÉCHAUSSÉS

     Actuellement, la communauté des Carmes n’a plus que trois membres, dont un est en maison de repos et de soins. Elle fait partie de la Délégation congolaise du Carmel. Leurs responsables, tant au Congo qu’à Rome, en sont venus à la décision qu’il n’est plus tenable de rester dans cette immense maison et de gérer cette vaste église. Que l’on se situe à un niveau de gestion financière, d’équilibre humain ou de sens spirituel, cette décision mérite respect et compréhension. Le site est propriété de l’asbl « Couvent des Pères Carmes Dé- chaussés de Chèvremont ». Cette asbl vient d’être renforcée et chargée de la mission de veiller – en étroite concertation avec l’évêque de Liège – à la réorientation de l’ensemble du site. Le père Patrick Bonte, vicaire épiscopal à la vie consacrée, a accepté d’en être le président.

    DEUX PISTES POSSIBLES

    Sous la direction de l’évêque, l’asbl cherche actuellement une ré- orientation durable pour le couvent et l’église de Chèvremont. La préférence va tout naturellement à une communauté religieuse désireuse de reprendre le site. Cependant, vu la taille des lieux et le coût de l’entretien, jusqu’ici, toutes les approches du diocèse sont restées sans résultat. À défaut de solution de ce genre, l’asbl devra prendre les décisions qui lui incombent pour que ce lieu ne devienne pas un lieu inhabitable, voire dangereux. Dans ce cas, il sera fait appel à des promoteurs immobiliers en leur demandant d’imaginer un autre avenir pour cet endroit cher au cœur des Calidifontains et des Liégeois.

    Quelle que soit l’option qui sera choisie, confions  l’avenir de cette chère colline à Notre-Dame de Chèvremont.

    Adresse mail de contact: asbl. couvent.chevremont@gmail.com. »

    Ref. Le couvent et l’église des Carmes de Chèvremont

    Avis à toutes les communautés nouvelles ou monastères florissants de France et de Navarre. Encore faudrait-il que, pour éviter le sort du héron de la fable, le diocèse de Liège se montre pro-actif et sans a priori idéologique dans son « discernement ». La question financière est une autre dimension non négligeable posée aussi aux pouvoirs publics intéressés à la sauvegarde d’un site emblématique

    JPSC  

  • Les dogmes "moyenâgeux", fomenteurs de schismes ?

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    cercle_logo.jpgA l’invitation de l’Union des étudiants catholiques et du groupe « Ethique sociale » Mgr Delville donnait, le 17 janvier dernier à l’Université de Liège, une conférence très suivie sur « Le christianisme médiéval, creuset de l’Europe ». Nous aurons l’occasion d’y revenir. En avant-première, nous avons épinglé, à l’écoute de l’enregistrement du débat, sa réponse à l’une des questions posées selon l’esprit du temps. Les intertitres sont de notre fait.  

    Question: Pour aller vers l'oecuménisme, revoit-on le poids de certains dogmes nés au Moyen-Âge et qui malheureusement ont provoqué des schismes?

    Réponse de Mgr Delville: 

    Les dogmes chrétiens c’est, à 99%, l’antique Credo de Nicée-Constantinople (325- c.380)

    Le Concile de Nicée, avec la rédaction du Credo, complété à Constantinople vers 380, c'est évidemment la base des dogmes chrétiens. Les dogmes chrétiens, c'est le Credo du Concile de Nicée à 99%. C'est évidemment une formulation du contenu de la Foi chrétienne, dans des termes de philosophie grecque de l'époque. Il ne faut pas oublier qu'en grec "dogma", signifie "avis", ce n'est pas le dogme au sens français du terme. Donc, c'est une manière de donner un avis sur la nature de la Foi et aussi ne le faire que pour contrer une déviation et pas nécessairement pour vouloir tout définir. 

    Le dogme met simplement des balises contre des déviations de la Foi.

    La Foi chrétienne est toujours un mystère: c'est un mystère d'amour, c'est un mystère de don, c'est un mystère de grâce, ça échappe à toute définition. Le dogme met simplement des balises contre des déviations qui seraient véritablement transformatrices, négativement parlant, de la Foi. […]  Certains ont dit: "Constantin, qui assistait au Concile de Nicée, a changé l'Evangile puisqu'il a dit: "Jésus est Dieu" alors que ce n'est pas marqué comme ça, tel quel, dans l'Evangile." Ça, c'est vraiment une simplification et même une manière fausse de voir la réalité. Dans la Foi chrétienne, dans l'Evangile lui-même, il y a ce que je vous ai dit, à savoir que le critère d'être Dieu, c'est le Christ. Et ce n'est pas la philosophie platonicienne des idées. Donc, si on dit que le Christ est Dieu, ce n'est pas une espèce d'affirmation dogmatique, comme quoi il est plus qu'un être humain normal, c'est une manière de dire que l'absolu se dit en Lui et qu'on reconnaît un absolu en Lui. Et donc ça, c'est producteur de sens. Quand on dit qu'en Jésus l'absolu se dit, c'est totalement paradoxal parce qu'en Jésus l'absolu a l'air d'être contredit par l'anéantissement, par la mort, par la souffrance, par l'Incarnation. Et pourtant, il faut conjuguer cette existence historique de Jésus, donc limitée, avec, en même temps, l'idée qu'il y a là-dedans un absolu qui se dit et donc ça, c'est Dieu. C'est un double pôle, si vous voulez, un pôle entre l'humain et le divin, sous tension, mais qui est productif. Si vous dites simplement "Jésus est le Fils de Dieu, mais Il n'est pas Dieu", vous aplatissez tout et puis ça n'est plus productif.

    Le Credo ne dit pas tout de notre Foi.

    Donc, le dogme maintient les choses pour qu'on ne simplifie pas à outrance et qu'on ne dénature pas une Foi qui est productive de sens et productive de salut et d'engagement. Donc, en ce sens-là, il est très important. La définition est très importante, mais elle n'est pas exhaustive. Même s'il a évidemment une volonté de synthèse, le Credo ne réduit pas la Foi à l'ensemble de ces 25 lignes. Tant il est vrai que, si à la Messe, on récite le Credo le dimanche, et seulement depuis l'époque de Charlemagne, ça n’empêche pas qu'on doive lire les Evangiles avant d'avoir lu le Credo et que le Credo ne doive pas remplacer les Evangiles. En effet, on pourrait dire "le Credo simplifie, synthétise, pourquoi encore lire les Evangiles? Ça nous complique les affaires! Surtout qu'il y en a quatre." [rire de Mgr Delville]. Donc le Credo/la définition de Foi/le dogme balise les choses mais ne veut pas totalement et exhaustivement définir les choses. Donc le recours aux autres sources est fondamental et nous montre la richesse du mystère de la Foi.

    Une seule formulation dogmatique fondamentale  au Moyen-Âge : contre l’iconoclasme

    Dans les définitions dogmatiques du Moyen-Âge, il n'y en a pas tellement, il y a le deuxième Concile de Nicée, qui est contre l'iconoclasme. Ça, c'est tout à fait fondamental. Vous allez me dire: "C'est peut-être un peu banal, l'iconoclasme, c'est un accident de l'histoire." Non, l'iconoclasme anéantit l'image. Nous sommes à l'époque de l'Islam, donc c'est le même courant iconoclaste dans le christianisme que dans l'Islam qui détruit l'image. 

    La destruction de l'image empêche, en quelque sorte, la représentation de la Foi, puisqu'on ne peut plus la représenter. Or, la représentation de la Foi permet l'interprétation de la Foi. Si vous représentez une figure de Saint dans un vitrail, dans une peinture ou dans une sculpture, vous pouvez, avec votre petit enfant, dire: "Ah! tiens, regarde, ça, c'est le Curé d'Ars et il tient un livre à la main" - "Pourquoi?" - "Il tient un chapelet." - "Pourquoi?" - "Il est habillé comme ça." - "Pourquoi?" - "Il a vécu comme ça." - "Quand? Pourquoi?". Vous vous faites l'interprète de la personne. Vous voyez Saint Joseph, Sainte Marie, la Sainte Famille, vous expliquer à votre enfant qui Ils sont, mais avec vos mots à vous. Donc l'image est productrice de nouvelles interprétations qui proviennent d'un chacun et qui sont, en même temps, infinies, parce que chacun va redire la Foi à travers l'image à sa façon.

    Le Christianisme est fondamentalement une religion de l'image.  

    Le Christ est image du Père, nous disent les Écritures. Donc, pour le Christianisme, il y a toujours l'importance d'avoir une image des choses parce qu'elle est productrice de sens et elle est productrice d'une interprétation personnalisée. Chaque chose dans l'univers est image d'une autre chose; le Moyen-Âge était très conscient de cela. C'est une peu ce qu'on appelait l'allégorie: chaque plante, chaque élément de la Création est symbole de quelque chose. Le Pape, Innocent III je crois, offre au roi d'Angleterre, Jean sans Peur, lors de son intronisation, trois pierres précieuses, et il explique dans sa lettre "Tu as une rouge, tu as une verte, tu as un bleue. Celle-ci signifie ça, l'autre signifie ça, la troisième signifie ça." C'est un cadeau symbolique parce que, pour le Moyen-Âge, la pierre précieuse, la couleur, c'est tout un symbole, c'est tout un langage. Donc, cette idée que chaque chose est l'image d'autre chose, que l'être humain est l'image d'autre chose, qu'il est l'image de Dieu en lui, est fondamental. C'est pour cela que le Christianisme accepte l'image et la valorise, et a condamné l'iconoclasme. Ça, c'est une grande définition dogmatique du Moyen-Âge ! »

    (Verbatim)

    JPSC

     

  • La colonisation : un crime contre l’humanité ? Réinformation

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    La colonisation : un crime contre l'humanité. C’est ce que raconte aujourd'hui un Emmanuel Macron, candidat à la présidence de la République Française. L'héritage du monde colonial une honte, vraiment ? L'histoire a aussi ses droits. Témoignage pris sur le vif à Bukavu, voici quelques années :

    JPSC

  • Justo Ukon Takayama (1552-1615), seigneur féodal japonais, béatifié le 7 février dernier

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    De Philippe Maxence sur le site de l'Homme Nouveau :

    Justo Ukon : « le samouraï du Christ »

    Propos recueillis par Philippe Maxence le

    Justo Ukon : « le samouraï du Christ »

    La Croix et l’épée du Japonais Otohiko Kaga, proche de Shûsaki Endô, a pour héros Justo Ukon Takayama (1552-1615), seigneur féodal japonais, qui a été béatifié ce 7 février. Entretien avec Roger Mennesson, traducteur de ce roman d’Otohiko Kaga.

    Qui est Justo Ukon Takayama, le héros du roman d’Otohiko Kaga, La Croix et l’épéeque vous avez traduit ?

    Roger Menesson : Justo Ukon Takayama est un daimyô, un seigneur féodal japonais, né en 1552, à Haibara.

    Le père de Justo Ukon, Dario Hida no Kami Takayama, bouddhiste à l’origine, avait rencontré des missionnaires jésuites portugais et espagnols venus à la suite de François-Xavier évangéliser le Japon. Il invita le frère japonais non-voyant Lorenzo à venir l’entretenir lui et les siens de la foi chrétienne. C’est ce dernier qui le baptisa avec sa famille, et, comme c’était le cas à l’époque, un certain nombre de feudataires. Son fils Ukon reçut comme nom de baptême Justo, le juste.

    Il convient de rappeler que l’histoire de cette famille se déroule à la fin de la période dite des Royaumes combattants (1477-1568), où le pouvoir central devenu inexistant, les princes féodaux se faisaient la guerre pour agrandir leur fief. Le prince Nobunaga Oda (1534-1582) entreprit la réunification du pays dès 1560.

    Pour se consacrer entièrement à la mission, Dario, le père de Ukon confia le fief de Takatsuki en 1573 à son fils Justo âgé seulement de 21 ans. Marié très jeune à Justa, une chrétienne, il lui resta fidèle. Il vécut la vie d’un seigneur féodal et prenait soin des gens de son fief en vivant les œuvres concrètes de miséricorde jusqu’à enterrer aussi les morts avec son père. À son contact nombre de samouraïs et d’intellectuels se convertirent. Justo Ukon suivit Nobunaga en participant comme samouraï à toutes les batailles de cette époque.

    Il fut confronté à trois grandes épreuves durant sa vie qui lui ont fait approfondir sa foi. Durant la première en 1578, Justo Ukon se trouva devoir choisir entre Murashige Araki son suzerain qui avait pris en otage son fils aîné et sa sœur et lui demandait de résister à Nobunaga en défendant le château de Takatsuki que ce dernier lui demandait de lui rendre.

    Laisser entrer Nobunaga c’était trahir Murashige et donc risquer la vie des deux otages, mais garder le château c’était la mort assurée de nombreux chrétiens, que Nobunaga avait promis de massacrer. À l’époque, un chef réduit à toute extrémité, n’avait que deux moyens de sauver son honneur : faire seppuku en s’ouvrant le ventre, ou bien quitter le monde et devenir bonze. Justo Ukon, sur les conseils du Père Organtino, choisit de se livrer à Nobunaga.

    En 1587, la seconde épreuve eut lieu lorsque Hideyoshi Toyotomi (1537-1598) publia un édit bannissant les missionnaires car l’emprise que le christianisme commençait à avoir dans le pays l’inquiétait fortement. Il envoya un émissaire à Justo Ukon en lui demandant d’abjurer la foi. Il ne renia pas sa foi, mais abandonna honneur, château et terres pour partir sur les routes avec ce qu’il portait sur le dos. Sa femme et ses enfants le suivirent dans ce qui est devenu une vie errante, parsemée d’épreuves. Il fut accueilli par Toshiie Maeda (1539-1599) le daimyô suzerain du pays de Kaga (Kanazawa). Durant quelque vingt années, il vécut sous la protection du clan Maeda. Mais quand en 1614, Iesayu Tokugawa interdit le christianisme, Justo Ukon vécut la troisième épreuve en étant banni aux Philippines le 8 novembre 1614 en compagnie de 300 missionnaires et chrétiens japonais. Parvenu à Manille pour Noël il mourut le 5 février 1615.

    Justo Ukon était par ailleurs un homme de culture, maître de thé, pratiquant la calligraphie, très attaché à la culture de son pays en cherchant à la valoriser. Parlant les langues étrangères (portugais et latin), il avait également travaillé à la construction de châteaux grâce à ses connaissances en architecture.

    Le parcours de Justo dans l’évolution de sa foi l’a conduit à renoncer à tout pour l’amour de Dieu et c’est cela que les évêques japonais ont retenu comme exemplaire pour les croyants du Japon en demandant sa béatification comme martyr.

    Justement, Justo Ukon a été béatifié comme martyr alors qu’il est mort de maladie et en exil. Comment expliquer ce fait ?

    En partant en exil, Justo Ukon a choisi délibérément de tout laisser. Il s’est dépouillé de son honneur, de ses titres, de ses terres, de tous ses biens pour le Christ. En fait, c’est l’Église japonaise qui a demandé qu’il soit déclaré martyr. Selon Mgr Kikuchi, évêque de Niigata, « Ukon n’a pas été mis à mort comme ont pu l’être les autres martyrs du Japon. Nombreux sont les catholiques japonais aujourd’hui à penser que le martyre n’a rien à voir avec leur vie dans le Japon contemporain car ils ne risquent pas d’être mis à mort au nom de leur foi en Christ. Mais ce que nous dit la vie d’Ukon, c’est que la mort par haine de la foi “in odium fidei” n’est pas la seule voie vers le martyre : une vie de martyr, c’est aussi une vie par laquelle on donne tout à Dieu, on renonce à tout pour l’amour de Dieu. »

    Ce roman historique qu’est La Croix et l’épée, constitue-t-il une exception dans l’œuvre d’Otohiko Kaga, romancier catholique japonais ?

    Plus qu’une exception dans son œuvre, les ouvrages littéraires de Otohiko Kaga de ces dernières années sont plutôt dans le prolongement de sa conversion au christianisme. Il dit lui-même que c’est grâce à son ami Shûsaku Endô (cf. p. 15), autre romancier catholique, qu’il s’est fait baptiser avec son épouse en 1987, à l’âge de 58 ans. Kaga avait déjà écrit la plus grande partie d’une œuvre littéraire très engagée, notamment avec La condamnation, également traduite en français. Comme médecin psychiatre, il a étudié auprès des condamnés à mort l’influence qu’avait sur eux cette condamnation. En devenant catholique (moins de 1 % des 127 millions de Japonais) il a choisi la situation de la minorité.

    Quelles sont selon vous les ressemblances et les dissemblances entre Kaga et Endô ?

    Shûsaku Endô a écrit une œuvre où il s’interroge pour savoir si le Japon peut faire une place au christianisme. Ainsi dans Silence, il cherche jusqu’où la foi exige que s’engage le croyant, en se demandant si le christianisme ne s’ajuste pas au Japon comme une veste mal taillée et si les « lapsi », les chrétiens qui ont foulé une image pieuse et ainsi renié leur foi, peuvent être sauvés, etc.

    Otohiko Kaga souhaite offrir, à travers la vie de Justo Ukon, un exemple pour les gens d’aujourd’hui en retraçant la vie de ce personnage à son époque et dans son milieu. Il n’a pas vis-à-vis de la foi chrétienne la même approche qu’Endô. Kaga considère la foi chrétienne telle qu’elle est, telle que l’a vécue Justo Ukon, telle que les catholiques japonais essayent de la vivre aujourd’hui et telle que le Japon ferait bien, selon lui, de la découvrir. Malgré ces différences, la filiation existe réellement entre les deux écrivains.

  • Quand Roland Joffé met en lumière l’histoire clandestine de l’Opus Dei pendant la guerre civile espagnole

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    De Sylvain Dorient sur le site "aleteia.org" :

    L’histoire clandestine de l’Opus Dei pendant la guerre civile espagnole

    Sorti le 25 janvier, le film "Au prix du sang" traverse la guerre avec Josémaria Escrima de Balaguer.

    Intitulé « Au prix du sang » dans sa version française, le film, paru en 2011 en Espagne, a débarqué en France le 25 janvier 2017, avec parmi les personnages centraux le jeune prêtre Josémaria Escriva de Balaguer. Le film fait le choix malin de ne pas traiter frontalement la vie du saint mais d’en parler « par la bande », en employant un deuxième personnage, fictif, qui serait né dans le même village que lui. Au fil des scènes on découvre la fondation de l’Opus Dei, dans le creuset de la guerre civile espagnole.

    « Pas un anti Da Vinci Code »

    Bien que sa description des Jésuites dans Mission demeure dans toutes les mémoires, le réalisateur Roland Joffé se déclare agnostique. Il souhaite « réaliser un travail qui parle sérieusement de la religion dans ses propres termes et ne s’amuse pas à en parler selon une approche qui en nie la validité ». Dans Au prix du sang, il présente l’Opus Dei sous un jour favorable, mais ce film, assure-t-il, n’est pas qu’une simple réponse au Da Vinci Code « il est bien trop cher pour ça ».

    L’Espagne arrivée à un point critique

    Le personnage qui témoigne de la vie de Josémaria Escriva, Manolo, rassemble les tourments de l’Espagne du début du XXe siècle. Partagé entre les deux camps, il cumule la colère, la trahison… « Fais attention à la colère et à où elle pourrait te mener », avertit Josémaria. Face à cette personnalité tourmentée, Josémaria continue, tant qu’il le peut, à exercer son métier de prêtre en refusant le piège mortel posé devant l’Église : devoir choisir son camp.

    Un regard authentique sur la guerre d’Espagne

    L’historien Benoît Pellistrandi, spécialiste de la guerre d’Espagne salue la qualité du point de vue du film : « Le réalisateur est parvenu à sortir de la vision manichéenne sur cette période historique ». Ce conflit résulte d’une ligne de fracture profonde, dans tout le pays. Il a été marqué par des exactions, des deux côtés. La tension grandissait depuis longtemps, entre l’Espagne traditionnaliste et libérale. Peu après la victoire des forces de gauche en 1931, le président de la République avait déclaré que : « L’Espagne a cessé d’être catholique ». Après ces paroles et jusqu’à la victoire des nationalistes menés par Franco, une série de vexations ont été imposées aux catholiques. Certains élus locaux ont interdit aux cloches de sonner, d’autres ont interdit les processions religieuses… La tension est montée jusqu’en 1936, date de la tentative de soulèvement militaire.

    L’irréparable est commis en 1936

    De juillet à septembre 1936, des massacres sont commis dans les deux camps. Il ne s’agit pas de massacres organisés et planifiés mais de mouvements locaux, d’une rare violence. Côté républicain, on s’en prend aux membres du clergé dont 7000 sont tués. Côté nationaliste, les professeurs sont visés, avec un nombre de victimes encore inconnu, à cause de l’omerta qui a longtemps régné sur cette question. Après cela, la guerre devient totale et sa violence préfigure le deuxième conflit mondial, encore en préparation.

    L’Opus Dei

    C’est ce contexte de violence et de persécution à l’égard du clergé qui explique que la jeune institution de l’Opus Dei ait cultivé la clandestinité. Une caractéristique qui lui sera reprochée par la suite. Pourtant, aux yeux de Benoît Pellistrandi, les facteurs politiques ne sont pas les plus déterminants pour expliquer la venue au monde de cette institution qui avait été créée avant la guerre d’Espagne.

    Une œuvre de prêtres et de laïcs

    Il s’agissait à l’origine d’une œuvre de prêtres qui a été élargie aux laïcs. Josémaria Escriva était persuadé qu’ils devaient jouer un rôle déterminant dans la rénovation de l’Église espagnole. Cette Église se sclérosait en raison des relations incestueuses qu’elle entretenait avec le pouvoir, analyse l’historien. Le roi d’Espagne, un Bourbon, était conçu comme un monarque de droit divin par une grande partie du clergé. « Bossuet aurait pu faire un sermon dans l’Espagne de 1920 sans choquer les évêques », s’amuse Benoît Pellistrandi. Dans ce contexte, le besoin d’approches différentes se faisait sentir. D’où l’utilité de l’Opus Dei, qui ne fut pas la seule œuvre, mais qui demeure la plus connue, pour aller à la rencontre des personnes.

    Attention à la musique !

    S’il n’aborde pas le fond de cette thématique, Au prix du sang a le mérite de présenter la complexité de la guerre d’Espagne et la nécessité d’avoir une grande âme pour ne pas s’empêtrer dans un tel conflit. Il pèche toutefois par manque de sobriété, une vertu devenue une denrée rare dans le monde cinématographique, appuyant outrageusement les scènes dramatiques. Au premier plan du grief, une musique trop présente, trop pressante, cassant l’émotion de certaines scènes au lieu de la souligner.