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Histoire - Page 122

  • Liège: fêter le 15 août à l'église du Saint-Sacrement

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    Le 15 août à Liège, la piété mariale se mêle volontiers au folklore populaire et c’est très bien ainsi. Plus insolite : cette année un groupe d’étudiants des écoles supérieures de musique a aussi voulu se réunir pour célébrer la Madone avec les plus beaux motets mariaux du répertoire classique. Au programme : Arcadelt, Liszt, Aichinger, Diogo Dias Melgas. Cela se passe au cours de la messe célébrée le mardi 15 août à 10h en l’église du Saint-Sacrement, Bd d’Avroy, 132. Avec l’Ensemble polyphonique « VocA4 » réuni par l’association Foliamusica pour la promotion des jeunes talents (dir. C. Leleux) et l’excellent soliste du plain-chant de la messe, Peter Canniere (directeur de la Schola grégorienne de Leuven et professeur au « Gregoriaans Centrum Drongen »). A l’orgue : Patrick Wilwerth, chef du chœur universitaire de Liège. Bienvenue à tous.

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    LES ORIGINES DE LA FÊTE DE L’ASSOMPTION

    Très tôt, les premiers chrétiens ont eu le pressentiment que la Mère de Dieu, préservée de tout péché, ne pouvait pas avoir connu la corruption de la mort. Une intuition qui sera ensuite approfondie par les Pères de l’Eglise. Au VIe siècle, la fête de la Dormition est déjà célébrée en Orient, vers la mi-janvier. Plus tard, l’empereur byzantin Maurice (582-602) la fixera définitivement au 15 août.

    La fête arrive à Rome grâce au pape Théodore (642-649), originaire de Constantinople. Elle se diffuse petit à petit en Occident : en 813, le concile de Mayence l’impose à l’ensemble de l’Empire franc. Peu à peu, la fête va prendre le nom d’Assomption mais l’Eglise ne ressent pas le besoin d’ériger en dogme cette croyance.

    C’est après la proclamation par Pie IX du dogme de l’Immaculée Conception, dans le grand courant de dévotion mariale du XIXe siècle, que des pétitions commencent à affluer à Rome pour que  soit officiellement défini le dogme de l’Assomption.

    C’est ce que fit solennellement le pape Pie XII le 1er novembre 1950 sur la place Saint-Pierre à Rome : « Nous affirmons, Nous déclarons et Nous définissons comme un dogme divinement révélé que l’Immaculée Mère de Dieu, Marie toujours vierge, après avoir achevé le cours de sa vie terrestre, a été élevée en corps et en âme à la vie céleste » (constitution apostolique « Munificentissimus Deus »).

    Extraits des chants de la messe:

    Ave Maria, Jacob Arcadelt, Namur 1507-Paris 1568

    Franz Liszt, Doborjan, 1811-Bayreuth, 1886

     Moines de l'abbaye de Fontgombault, Chants grégoriens de l'Assomption

    Plus de renseignements : tel 04 344 10 89  ou e-mail : sursumcorda@skynet.be

    __________

    Une initiative de "Sursum Corda" asbl, Association pour la sauvegarde de l’église du Saint-Sacrement au Boulevard d’Avroy, 132 à Liège. Tel. 04.344.10.89.

    E-mail : sursumcorda@skynet.be. Web : http://eglisedusaintsacrementliege.hautetfort.com

    Faire un don ? Compte bancaire : IBAN BE58 0003 2522 9579 BIC BPOTBEB1 de Sursum Corda asbl, Rue Vinâve d'île, 20 bte 64, 4000 Liège.

    JPSC 

  • Le "Passé belge" publie sa première table des matières

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    De Paul Vaute sur son blog "Le Passé belge" :

    Une première table des matières

    Depuis que nous avons commencé ce blog, à la mi-décembre 2016, 34 articles y ont été publiés, au rythme d'un par semaine en moyenne. Leur longueur, avec les illustrations, représenterait déjà l'équivalent de quelque 220 pages d'un livre de format in-octavo normal. Un livre ? Il serait plus juste de parler d'une bibliothèque d'histoire de Belgique, en numérique et résumée certes, mais où les références fournies permettent à celles et ceux qui souhaitent approfondir un sujet de remonter aux livres ou aux articles dont nous rendons compte.

    Au moment où "Le Passé belge" va s'accorder une petite pause estivale, voici la table détaillée des matières traitées jusqu'à ce jour. Les textes se retrouvent aisément par la date ou en cliquant dans la liste des catégories. Conformément au cahier des charges que nous nous sommes donné, il est toujours fait écho à des recherches nouvelles ou datant des dernières années. Bien sûr, il faut faire des choix, tant la production historique est riche sous nos cieux. Nous les faisons avec le souci de ne négliger aucun champ, aucune période. Ce n'est pas parce qu'on ne peut pas parler de tout qu'il ne faut parler de rien…

    La suite sur le blog "Le Passé belge"

  • Benoît XV, pape incompris et prophète de la paix

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    De Radio Vatican :

    Benoît XV, un Pape incompris mais prophète de la paix

    La lettre de Benoît XV à la une de L'Osservatore Romano, le 1er août 1917. - RV

    (RV) Entretien – Ce 1er août marque le 100e anniversaire de la lettre du Pape Benoît XV, adressée aux «chefs des peuples belligérants» du premier conflit mondial. Ce document, bien que sans effet sur le moment, a tracé les grands axes d'une diplomatie pontificale tournée inlassablement vers la paix, qui permettra finalement au Saint-Siège de bénéficier d'une reconnaissance internationale croissante tout au long du XXe siècle.

    Benoît XV demeure pourtant un Pape méconnu et parfois oublié.

    Le 3 septembre 1914, au moment même où l'Europe s'apprêtait à vivre l'une des pires déchirures, Giacomo della Chiesa était élu Pape de l'Église universelle et prenait le nom de Benoît XV. Diplomate de formation, en fonction au sein de la Secrétairerie d’État et en Pologne, il avait conscience de ce qui était en train de se jouer sur les champs de bataille du nord de la France et dans l’ouest de la Russie, comme son prédécesseur Pie X, avant lui.

    Sa première exhortation apostolique, Ubi Primum, avait été publiée dès le 8 septembre 1914 pour appeler les belligérants à déposer les armes. Sans résultat. Pourtant, Benoît XV n’a pas ménagé ses efforts durant les quatre années suivantes pour appeler à la raison les gouvernements européens impliqués.

    En 2014, à l'occasion du centenaire du déclenchement de la Grande guerre et de l'élection de Benoît XV, Xavier Sartre était revenu sur l'action de ce Pape avec Marcel Launay, professeur émérite à l’Université de Nantes, historien, et auteur de Benoît XV, un pape pour la paix, publié aux éditions du Cerf.

  • L'Eglise en Belgique : survol historique

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    Un survol qui date un peu mais qui a le mérite d'offrir une synthèse de l'histoire de l'Eglise catholique en Belgique, rédigé par l'actuel évêque de Liège, Monseigneur Jean-Pierre Delville, du temps où il était professeur d'histoire du christianisme à l'UCL. Disponible ICI

  • Procession à Ekaterinbourg : 60.000 personnes ont commémoré le martyre du Tsar Nicolas II et de sa famille dans la nuit du 16 au 17 juillet 1917

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    JPSC

  • La mort de Max Gallo, laïc, républicain... et catholique

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    De Laurent Grzybowski sur le site de l'hebdomadaire "La Vie" :

    Max Gallo : “Pourquoi je prie“

    « La France a besoin de retrouver ses racines chrétiennes ! » Qui l’affirme ? Max Gallo, ardent défenseur des valeurs républicaines et laïques, écrivain de son état. Après les biographies de Napoléon, de De Gaulle et de Victor Hugo, l’ancien porte-parole de François Mitterrand, soutien de Jean-Pierre Chevènement durant la présidentielle [de 2002], s’attaque [à l'époque], via une trilogie romanesque, à l’histoire des premiers chrétiens. L’occasion pour lui, dans un étonnant prologue dont nous publions quelques extraits, de confesser sa foi en Dieu.

    Pourrait-on qualifier de conversion l’expérience que vous décrivez dans le prologue de votre roman

    Le mot me paraît beaucoup trop fort. Je me suis toujours défini comme catholique, même si je ne suis pas pratiquant. J’ai été baptisé dans une famille qui était laïquement catholique. Cette rencontre avec un événement inattendu, à l’église Saint-Sulpice, m’a brusquement obligé à réfléchir sur la place du christianisme, dans nos sociétés occidentales. C’est ce qui m’a décidé à écrire cette nouvelle grande fresque historique autour des trois personnages qui ont marqué l’histoire de notre pays : Martin de Tours, Clovis et Bernard de Clairvaux.

    Il y a tout de même ce cri du cœur : « Je suis croyant ! » Aviez-vous déjà eu l’occasion d’exprimer cette conviction ?

    Il m’est arrivé de le dire, mais jamais de manière aussi précise. Peut-être parce que quelque chose s’est déclenché en moi qui m’a incité à le manifester. Peut-être aussi parce que les questions religieuses, liées aux événements du 11 septembre, et l’attitude d’une religion comme l’islam me conduisent aujourd’hui à affirmer ma propre appartenance avec plus de force. Non pas pour afficher je ne sais quelle supériorité, mais pour exprimer une identité autrement que par un creux ou par une absence.

    Mon travail d’écrivain consiste précisément à essayer de donner une image la plus complète possible de la diversité de notre histoire nationale. 

    Mais la laïcité républicaine que vous défendez si chèrement ne peut-elle tenir lieu d’identité ?

    Cela n’est pas contradictoire. Laïc et républicain, je suis également catholique. Ce serait une imbécillité que de vouloir opposer ces deux appartenances. Ceux qui refusent de vibrer au souvenir de Reims et ceux qui lisent sans émotion le récit de la fête de la Fédération ne comprendront jamais l’histoire de France. Mon travail d’écrivain, depuis quelques années, consiste précisément à essayer de donner une image la plus complète possible de la diversité de notre histoire nationale. Les Chrétiens s’inscrivent dans le droit fil d’une biographie de Napoléon, de De Gaulle ou de Victor Hugo. Tout cela tourne en fait autour d’une interrogation sur les fondations de notre collectivité nationale et de l’identité française.

    À sa manière, votre démarche ne rejoint-elle pas celle de Régis Debray, chargé par l’Éducation nationale de réfléchir au problème de la culture religieuse à l’école ?

    De fait, alors qu’il n’y a eu aucune concertation entre nous, je constate que nos démarches convergent. Il nous faut revisiter notre histoire. La France n’est pas née en 1789. Elle est d’abord la fille aînée de l’Église. Si on ne prend pas en compte cette dimension, on ne peut rien comprendre à notre passé. Bien qu’il soit laïc, et qu’il ait été parfois anticlérical, le modèle républicain français doit beaucoup à la tradition catholique. On ne peut absolument pas séparer ces deux réalités, même si on peut comprendre qu’il y ait pu y avoir des oppositions liées à des périodes de tension. Tel est le paradoxe de notre histoire. Un travail doit être mené au plan intellectuel pour réconcilier les Français avec leur histoire, avec toute leur histoire, et pour ne pas laisser s’interrompre le fil de la mémoire. Car l’amnésie est une tragédie pour l’individu comme pour la collectivité.

    Pourquoi avoir choisi, pour votre nouveau roman, Martin de Tours, Clovis et Bernard de Clairvaux ?

    Ces trois personnages correspondent à trois moments clés de notre histoire. Martin, le premier évangélisateur des Gaules, est celui qui, à la fin du IVe siècle, a contribué à populariser le christianisme qui, jusque-là, était plutôt le fait des élites et des fonctionnaires. Cet homme a tellement marqué notre histoire que son prénom est le plus porté en France, soit comme nom de famille, soit comme nom de commune. Clovis, lui, fut le chef de la tribu des Francs qui donnèrent leur nom à la France. Son baptême, en 499, fait entrer notre pays dans une nouvelle ère. Cinq cents ans plus tard, avec saint Bernard, nous découvrons l’avènement d’une Europe chrétienne à travers la construction de quelque deux cents abbayes en moins de 50 ans. Ces trois figures m’ont permis d’explorer les fondements de notre nation.

    (...)

    En 2009, Max Gallo témoigne dans La Vie de ce qu'être Français veut dire pour lui

    Les Français ont-ils besoin de retrouver leurs racines ?

    La France souffre d’un très grand déficit de sens. Elle ne sait plus où elle va, ni même ce qu’elle est, peut-être parce qu’elle ne sait plus d’où elle vient. Le XXe siècle, ses guerres et ses totalitarismes, n’a épargné personne. Mais là où d’autres ont su trouver un nouvel élan, qu’il s’agisse des États-Unis, de la Chine, de l’Angleterre ou de l’Allemagne réunifiée, notre pays semble être resté en rade. De toutes les grandes nations, nous sommes la plus blessée symboliquement. Nous n’avons plus de grand dessein. Le problème de la France aujourd’hui ne se résume pas à la question des retraites ou de la sécurité, mais à celle de notre identité. À quelle communauté appartenons-nous ? Quel est notre projet collectif ? Ces questions méritent aussi une réponse spirituelle.

    J'ai redécouvert le sens de la prière, celle que je pratiquais durant mon enfance.

    Cette prise de conscience a-t-elle changé quelque chose dans votre existence ?

    Curieusement, j’ai redécouvert le sens de la prière, celle que je pratiquais durant mon enfance. Elle est pour moi un moment d’apaisement personnel. On a tous des tensions dans une journée, le soir, le matin et le fait de prier m’apaise. Plus profondément, face à tous les fanatismes et à toutes les tentations sectaires, il me paraît nécessaire de prendre le temps de nous arrêter pour nous poser quelques questions fondamentales, spirituelles, qui touchent au sens de la vie. À cet égard, le christianisme est une religion qui, me semble-t-il, essaie d’éviter les fermetures tout en prenant en compte la demande de spiritualité très forte de nos contemporains. Cette religion s’appuie sur une conviction très forte et très novatrice : il y a du divin et du sacré dans chaque homme. Cette conviction est aussi la mienne.

    Extraits : Le jour où tout a basculé…

    Dans ces passages, Max Gallo raconte un événement spirituel qui a inauguré une nouvelle étape de sa vie. Extraits du prologue des Chrétiens, volume 1, le Manteau du soldat.

    « J’attendais sur les marches de l’église Saint-Sulpice, ce samedi 20 octobre 2001. Le baptême d’Antoine, le fils de Rémi et d’Angela, avait été fixé à seize heures. J’avais accompagné les parents et le nouveau-né et j’avais échangé quelques mots avec le père V., dominicain, qui s’apprêtait à officier. C’était un homme imposant, au visage énergique, au regard voilé. Il m’avait pris par le bras et m’avait entraîné dans une marche autour du baptistère octogonal.

    – Je connais vos livres, m’avait-il dit. Vous êtes en chemin. Vous recherchez l’unité. Pourquoi n’entreprendriez-vous pas un grand livre sur les chrétiens ? La manière dont la Gaule a été évangélisée, est devenue la France, reste mal connue, mystérieuse, opaque même pour la plupart des Français. Qui connaît la vie de saint Martin, les circonstances du baptême de Clovis, ou l’œuvre de pierres et de mots de Bernard de Clairvaux ? Voilà les trois colonnes qui soutiennent l’édifice de la foi dans notre pays. Pensez-y !

    (...) J’aime la place Saint-Sulpice, qui s’étend devant le lieu de culte comme un vaste parvis, un immense carré de lumière. (...) Une partie de ma vie (...) s’était déroulée là, dans l’un des immeubles d’angle (...). Et c’est là (...) qu’un après-midi d’une sinistre année, il y a trente ans, on vint m’annoncer le suicide de ma fille de seize ans. (...) Sans réfléchir, comme par instinct, je m’étais précipité dans l’église, m’y étais agenouillé.

    J’avais récité les prières de mon enfance que j’avais cru oubliées et qui, à cet instant, me revenaient en mémoire comme les seules paroles capables non pas d’atténuer la douleur, mais de me faire accepter ce qui m’apparaissait inconcevable. J’avais eu le désir de m’allonger sur les dalles de la nef, devant l’autel, bras en croix, et de rester là, immobile. J’avais alors pensé – depuis lors, cette brûlure n’a jamais cessé d’être vive – que je n’avais pas fait baptiser ma fille, qui était née sans que sa mère ni moi souhaitions sa venue au monde. Nous avions même plusieurs fois évoqué l’idée que nous pouvions – que nous devions – interrompre cette grossesse survenue trop tôt, alors que nous n’étions encore que des étudiants tout juste sortis de l’adolescence. Mais, en ce temps-là, l’avortement était une aventure qui par ailleurs nous révulsait. Et nous avions renoncé à la courir.

    Pourtant, dans cette église Saint-Sulpice, le jour de la mort de ma fille, j’ai su – j’ai cru – que Dieu nous l’avait reprise parce que nous ne l’avions pas assez désirée pour être heureux de sa naissance, et que nous avions négligé de la faire baptiser.

    Au moment où j’allais m’abattre sur les pierres de la nef, un ami qui m’avait suivi depuis le bureau m’avait entouré les épaules et soutenu, me guidant hors de l’église. J’avais été ébloui par l’insolente lumière de cette journée d’un juvénile été. Et j’étais longuement resté sur les marches, face à la place, incapable de faire un pas, de retourner dans la vie après cette mort.

    Et je me retrouvais là, trente ans plus tard, sur le seuil de cette même église, avec encore cette blessure, cette faille qui me déchirait. Mais dont je m’étais lâchement et habilement accommodé tout au long de ces années. (...) J’avais dissimulé le suicide de ma fille ; le sentiment de culpabilité qui m’avait frappé, là, dans cette nef, avait fait resurgir en moi tout ce que j’avais conservé de croyance, mais, au fil des années, si j’avais gardé cette plaie ouverte, j’avais à nouveau chassé Dieu de mes pensées, repris par les combats et les débats à ras de terre qui emplissent nos vies de bruits et de fureurs.

    J’avais écrit livre après livre comme on élève un parapet. Je ne me souvenais plus d’avoir jamais délibérément évoqué la foi, la religion de tant d’hommes, ou dessiné la figure de Dieu. Mon ciel était vide. Et mes amis d’alors – ceux que je reconnaissais, ce jour d’octobre, s’engouffrant dans l’église Saint-Sulpice – avaient oublié eux aussi leur attachement à la religion de leurs origines. (...)

    L’avenir, nous en étions persuadés, ne pouvait plus appartenir aux vieilles religions qui dépérissaient. Et d’abord à la nôtre, la catholique. Nous ne la pleurions pas, bien au contraire. Qu’elle soit ensevelie sous ses compromissions avec les pouvoirs, que les églises vides soient transformées en salles de bal ou de conférences ! Et que les prêtres se marient, deviennent aussi gris que la foule ! Amen!

    Nous ricanions quand quelqu’un rappelait la prétendue prophétie de Malraux selon laquelle le XXIe siècle serait spirituel ou ne serait pas.

    En ce samedi 20 octobre 2001, alors que les commentateurs évoquaient les prémices d’une guerre de religions, proclamée déjà, organisée par les terroristes islamistes, Rémi, celui que nous considérions comme le plus rigoureux d’entre nous, qui avait aussi pris le plus de risques personnels, allait présenter son fils au père V. afin que celui-ci traçât sur le front d’Antoine le signe de croix, puis l’aspergeât par trois fois d’eau bénite. Ainsi vont les vies.

    Dehors, j’ai vu arriver les derniers invités, Gisèle, Claude, Sami. Ils m’ont salué d’un geste timide de la main comme pour s’excuser d’être là, eux aussi. Gisèle s’est approchée.

    – Je n’ai jamais assisté à un baptême, m’a-t-elle soufflé. Puis elle a interrogé d’une voix teintée d’inquiétude :

    – Tu n’entres pas ? (...)

    Elle imaginait peut-être que j’incarnais à cette place une sorte de protestation, une présence amicale doublée d’une posture anticléricale, comme celle de ces farouches athées qui accompagnent le cercueil d’un ami défunt jusqu’à l’entrée de l’église, mais refusent de mettre le pied dans la nef. J’ai deviné que Gisèle hésitait, tentée de se joindre à moi.

    – Je viens, lui ai-je dit. Je suis croyant.

    Elle a paru décontenancée, a secoué la tête, ri trop fort, puis s’est éloignée en répétant :

    – Toi alors, comme Rémi... Il y avait un brin de mépris, de l’étonnement et même un peu d’affolement dans sa voix. J’ai détourné la tête. J’ai pensé à tous ceux qui ne viendraient pas. Et je me suis soudain souvenu d’une pensée de saint Augustin (...) Je l’ai murmurée, ému aux larmes. Elle me parlait de ma fille, mais aussi de Nikos, de Pierre, de Louis, nos amis qui ne viendraient pas assister au baptême d’Antoine.

    Nikos s’était suicidé dans les années 70, comme s’il avait découvert avant tous les autres la faillite de ce siècle, le nôtre. Pierre avait été assassiné, mais avait tant de fois provoqué les tueurs que sa mort était annoncée ; sans doute même l’avait-il souhaitée. Quant à Louis, qui avait tenté de penser notre monde, sa tête avait fini par éclater, il était devenu fou et criminel. Manquaient aussi à ce baptême ceux qui avaient choisi de se perdre dans les méandres des pouvoirs exercés sur les hommes et les choses, de n’être plus que des ambitieux, des possédants aveugles et sourds, des avides.

    J’ai commencé à remonter les marches en me récitant cette pensée de saint Augustin: " Voyez ces générations d’hommes sur la terre comme les feuilles sur les arbres, ces arbres, l’olivier et le laurier, qui conservent toujours leurs feuilles. La terre porte les humains comme des feuilles. Les uns poussent tandis que d’autres meurent. Cet arbre-là non plus ne dépouille jamais son vert manteau. Regarde dessous, tu marches sur un tapis de feuilles mortes."

    Je suis entré. Le père V. avait commencé d’officier. À ma vue, il s’est interrompu un bref instant. Il m’a semblé qu’il ne s’adressait plus qu’à moi, disant que nous devions tous méditer le sermon de saint Bernard. Sa voix était assurée, il détachait chaque mot, et j’eus l’impression qu’il avait posé sa main sur ma nuque, qu’il me forçait à baisser la tête.

    – " Le Verbe est venu en moi, et souvent. Souvent il est entré en moi et je ne me suis pas aperçu de son arrivée, mais j’ai perçu qu’il était là, et je me souviens de sa présence. Même quand j’ai pu pressentir son entrée, je n’ai jamais pu en avoir la sensation, non plus que de son départ. D’où est-il venu dans mon âme? Où est-il allé en la quittant ? "

    J’ai levé les yeux. Je n’ai manqué aucun des gestes du père V. Et j’ai laissé, sans essayer de les masquer, les larmes envahir mes yeux, puis glisser sur mon visage.

    Je suis sorti le premier du baptistère et suis resté dans la pénombre de la nef.

    Le père V. (...) est venu à moi. (...)

    Nous avons parlé jusqu’à ce que la nuit, percée çà et là par les flammes oscillantes des cierges, envahisse l’église. (...) Oui, l’heure était maintenant venue de renouer les fils à l’intérieur de soi, de chacun de nous, et aussi pour les autres. (...) Puis il s’est levé et nous nous sommes approchés de l’autel. (...) Le père V. s’est agenouillé et je l’ai imité.

    Peut-être n’avais-je plus prié, vraiment prié, depuis la mort de ma fille. »

  • Catholiques et orthodoxes n’ont pas réussi à trouver un accord sur le cardinal Stepinac

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    De Nicolas Senèze sur le site du journal La Croix :

    Catholiques et orthodoxes actent leur désaccord sur le cardinal croate Stepinac

    Catholiques et orthodoxes n’ont pas réussi à trouver un accord sur la figure controversée du cardinal Stepinac. Les désaccords demeurent surtout d’ordre politique et symbolique.

    Le cardinal est considéré comme un résistant par les catholiques croates, mais comme un homme violemment anti-serbe et antisémite pour les orthodoxes serbes.

    La Commission de dialogue entre catholiques et orthodoxes serbes mise en place pour discuter du rôle du cardinal Alojzije Stepinac pendant la Seconde Guerre mondiale a tenu sa dernière réunion, mercredi 12 et jeudi 13 juillet à Rome, un an après sa première rencontre.

    À LIRE : Réunion de la commission d’étude sur le rôle du cardinal Stepinac durant la seconde guerre mondiale

    Si ses membres reconnaissent que « leur travail a permis une meilleure compréhension de l’histoire des années entre la Première Guerre mondiale et 1960, année de la mort du cardinal Stepinac », la commission admet, dans un communiqué au ton néanmoins relativement positif, qu’elle n’a pas réussi à trouver un accord.

    « Les événements sont encore soumis à diverses interprétations »

    « Les événements, les interventions, les écrits, les silences et les positions sont encore soumis à diverses interprétations », reconnaît la commission pour qui « dans le cas du cardinal Stepinac, les interprétations données respectivement par les Croates catholiques et Serbes orthodoxes sont encore divergentes ».

    Le rôle de la commission était de permettre aux catholiques et aux orthodoxes d’étudier ensemble la figure controversée du cardinal croate, considéré comme un résistant aux outrances du régime oustachi par les catholiques croates mais comme un homme violemment anti-serbe et antisémite pour les orthodoxes serbes.

    À LIRE : Les orthodoxes serbes acceptent de discuter avec l’Église catholique du cas du cardinal Stepinac

    Arrêté en 1946 par les communistes, Mgr Stepinac fut jugé dans le cadre d’un vaste procès contre les responsables de l’État indépendant de Croatie. Reconnu coupable de haute trahison et crimes de guerre, il fut condamné à 16 ans de travaux forcés : pour les Croates, c’est surtout son refus de créer une « Église nationale serbo-croate » indépendante de Rome qui lui aurait valu ces persécutions.

    Libéré au bout de cinq ans et assigné à résidence, Mgr Stepinac a été créé cardinal en 1952 et il est mort en 1961 à Zagreb. Jean-Paul II l’a béatifié comme martyr en 1998, son procès en canonisation est en cours, un miracle à son intercession étant même en passe d’être reconnu par la Congrégation des causes des saints.

    À LIRE : La canonisation du cardinal croate Alojzije Stepinac en bonne voie d’après le cardinal Amato

    Dans le cadre du travail de la commission, le pape François avait autorisé les historiens serbes à accéder aux parties fermées des Archives secrètes du Vatican et de la Secrétairerie d’État.

    « Nous n’avons rien trouvé qui remette en cause le gros travail réalisé avant la béatification en 1998 », note un participant selon qui « cette cause est instrumentalisée dans un contexte qui n’a rien à voir avec le cardinal Stepinac ».

    Selon lui, « les événements sont l’objet d’interprétations contradictoires ». Ainsi, explique-t-il, l’intervention du cardinal Stepinac pour empêcher la déportation de 300 prêtres slovènes constitue, pour les catholiques, une preuve du sauvetage de prisonniers mais, est la démonstration, aux yeux des orthodoxes de son « rôle politique et son influence » sur les Allemands et le régime oustachi.

    La mémoire prend le pas sur l’histoire

    « Les façons de concevoir les choses sont trop différentes », regrette un historien pour qui la mémoire prend ici le pas sur l’histoire. « Les recherches ont même permis de mettre en évidence un certain nombre de faux documents utilisés lors du procès de 1946 », souligne-t-il, reconnaissant toutefois qu’il est difficile pour les orthodoxes d’aller au-delà de certaines positions.

    « Ils se défendent d’être liés au pouvoir mais, en réalité, ils doivent faire avec le poids de l’héritage communiste qui a créé un certain nombre de mythes qu’il leur est difficile de surmonter, explique-t-il. Le procès de 1946 contre Stepinac en fait partie car il s’agissait alors d’une revanche contre l’État oustachi. »

    L’ensemble du travail réalisé par la commission a été remis au pape qui décidera de l’opportunité de canoniser le cardinal Stepinac. « Le processus de canonisation du cardinal Stepinac est de la compétence exclusive du pape »,reconnaissent d’ailleurs les membres catholiques et orthodoxes de la commission. Ils rappellent que « chaque Église à ses propres critères pour procéder à une canonisation ».

    De bons rapports entre les évêques de chaque Église

    « Ce sera là une décision politique qui ne relève plus des historiens mais d’éléments que seul le pape a en main, en fonction des rapports avec l’Église catholique croate et avec l’Église orthodoxe serbe », note un historien.

    Il relève néanmoins plusieurs points positifs dans le travail de la commission et, notamment, « les très bons rapports entre évêques catholiques croates et serbes orthodoxes ».

    Ceux-ci ont d’ailleurs convenu, malgré les difficultés et les incompréhensions, de continuer à se rencontrer pour « partager la mémoire des martyrs et confesseurs des deux Églises » qui ont, toutes deux, « cruellement souffert de diverses persécutions ».

  • Saint-Suaire : l'impossibilité d'un faux est scientifiquement établie

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    Du Salon Beige :

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    Suaire de Turin, une nouvelle étude démontre la présence de sang d'un homme torturé et tué

    Des chercheurs italiens ont probablement résolu le mystère du suaire de Turin, signale La Stampa. Ils ont découvert que le tissu de l'artefact comprenait des nanoparticules de créatinine avec des éléments endommagés de ferrihydrite (ocre ferreuse), inhérente à la ferritine, une protéine qui permet le stockage du fer dans le corps. Selon le professeur Giulio Fanti de l'Université de Padoue, ce fait a montré que la «structure particulière, la taille et la répartition des nanoparticules ne pouvaient pas être dues à des artefacts apposés au fil des siècles sur le tissu du suaire». Le chef d'étude Elvio Carlino, professeur à l'Institut de Cristallographie de Bari, explique :

    «À l'aide des microscopes électroniques et microscopes grand angle à rayons X, nous avons réalisé une analyse de microscopie atomique du suaire. Grâce à cela, nous avons pu examiner pour la première fois les propriétés nanométriques des fibres de bois provenant du suaire de Turin».

    Selon Elvio Carlino, les nanoparticules attachées à la fibre de lin prouvent que la personne qui a été enveloppée dans le suaire souffrait beaucoup.

  • Benoît, fondateur du monachisme occidental (11 juillet)

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    Benoît XVI, catéchèse, 9 avril 2008 (via Introibo.fr)

    Chers frères et sœurs, Je voudrais parler aujourd’hui de saint Benoît, fondateur du monachisme occidental, et aussi Patron de mon pontificat. Je commence par une parole de saint Grégoire le Grand, qui écrit à propos de saint Benoît : "L’homme de Dieu qui brilla sur cette terre par de si nombreux miracles, ne brilla pas moins par l’éloquence avec laquelle il sut exposer sa doctrine" [3]. Telles sont les paroles que ce grand Pape écrivit en l’an 592 ; le saint moine était mort à peine 50 ans auparavant et il était encore vivant dans la mémoire des personnes et en particulier dans le florissant Ordre religieux qu’il avait fondé. Saint Benoît de Nursie, par sa vie et par son œuvre, a exercé une influence fondamentale sur le développement de la civilisation et de la culture européenne. La source la plus importante à propos de la vie de ce saint est le deuxième livre des Dialogues de saint Grégoire le Grand. Il ne s’agit pas d’une biographie au sens classique. Selon les idées de son temps, il voulut illustrer à travers l’exemple d’un homme concret - précisément saint Benoît - l’ascension au sommet de la contemplation, qui peut être réalisée par celui qui s’abandonne à Dieu. Il nous donne donc un modèle de la vie humaine comme ascension vers le sommet de la perfection. Saint Grégoire le Grand raconte également dans ce livre des Dialogues de nombreux miracles accomplis par le saint, et ici aussi il ne veut pas raconter simplement quelque chose d’étrange, mais démontrer comment Dieu, en admonestant, en aidant et aussi en punissant, intervient dans les situations concrètes de la vie de l’homme. Il veut démontrer que Dieu n’est pas une hypothèse lointaine placée à l’origine du monde, mais qu’il est présent dans la vie de l’homme, de tout homme.

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  • Summorum Pontificum : bilan du Motu Proprio (7/7/2007 – 7/7/2017)

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    De Christophe Geffroy dans le mensuel « La Nef » (n° 294, juillet-août 2017)

    benedictxvi.jpg« Le 7 juillet 2007, Benoît XVI signait Summorum Pontificum, « lettre apostolique en forme de Motu proprio sur l’usage de la liturgie romaine antérieure à la réforme de 1970 ». Texte historique dont l’importance n’a sans doute pas été encore appréciée à sa juste valeur, tant il dénoue une situation inextricable qui va au-delà de la seule question des traditionalistes attachés à l’ancienne forme liturgique. Même si contribuer à régler cette question épineuse a bien été aussi l’une de ses fins.

    Souvenons-nous, le 30 juin 1988, Mgr Lefebvre consacrait quatre évêques contre la volonté clairement notifiée du pape Jean-Paul II, lequel publiait aussitôt le Motu proprio Ecclesia Dei (2 juillet 1988) pour donner un statut juridique à la messe dite « de saint Pie V », dont un indult de 1984 concédait un usage très parcimonieux, et pour permettre l’érection de structures d’accueil pour les prêtres et fidèles traditionalistes qui ne voulaient pas suivre le prélat d’Écône dans sa rupture avec Rome. C’est ainsi que fut créée la Fraternité Saint-Pierre avec d’anciens prêtres et séminaristes de la Fraternité Saint-Pie X ; d’autres instituts suivront plus tard, tandis que des communautés religieuses furent canoniquement érigées ( le Barroux,  Chémeré, etc.).

    Benoît XVI souhaitait faire plus. D’abord, rendre à ce qu’il a nommé la « forme extraordinaire » du rite romain l’honneur et les droits qui lui étaient dus. Ensuite, aider les fidèles désireux de suivre cette forme liturgique, en l’installant dans les paroisses, tout en donnant un signe fort à la Fraternité Saint-Pie X, puisqu’il répondait ainsi à l’une de ses revendications majeures. Enfin, par-delà le problème traditionaliste, l’aspect visionnaire du pape était de contribuer à la réconciliation interne dans l’Église secouée par la crise post-conciliaire : face à l’esprit de la table rase qui a fait tant de dégâts, dans la liturgie tout particulièrement où la réforme de 1969 a été trop souvent appliquée avec une brutalité et une volonté de rupture détestables, Benoît XVI a voulu opérer dans l’Église une réconciliation avec son propre passé, et notamment son passé liturgique, selon la fameuse « herméneutique de la réforme dans la continuité » qui est l’un des points saillants de son pontificat. Pour aller dans ce sens, les évêques devraient promouvoir la célébration classique de la forme ordinaire, en revenant à l’orientation et au kyriale en latin, chanté en grégorien, ainsi que le suggère le cardinal Sarah.

    Cet aspect est assurément le plus important du Motu proprio et il n’a pas encore porté tous ces fruits, ce qui est somme toute normal à l’échelle du temps de l’Église.

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  • Liturgie : «Une légitime diversité», entretien avec Mgr Rey

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    Dans le n° 294 du mensuel « La Nef » (juillet-août 2017) on peut lire aussi cette interview de Mgr Rey, évêque de Fréjus-Toulon par Christophe Geffroy :

    Mgr Dominique Rey a généreusement appliqué dans son diocèse le Motu proprio de Benoît XVI. Il évoque pour nous cette expérience et ses fruits positifs :

    La Nef – Comment avez-vous reçu en 2007 le Motu proprio Summorum Pontificum ?

    Mgr Dominique Rey – J’ai reçu Summorum Pontificum filialement. Cet acte juridique visait à mettre un terme aux souffrances de ceux qui, dans l’Église, désiraient prier avec les anciens rites liturgiques et qui en avaient été privés jusque-là. Il s’agissait aussi de faire un acte de réconciliation pour apaiser les divisions du passé. Comme évêque, il était clair pour moi que le Motu proprio établissait de nouvelles dispositions juridiques pour le rite ancien, valables pour toute l’Église de rite latin, et par conséquent pour mon propre diocèse.

    Quel bilan tirez-vous, dix ans après, de son application ?

    Dans le diocèse de Fréjus-Toulon et dans beaucoup d’endroits il a été appliqué largement et sans susciter de controverse. Les fruits sont réels. La liturgie ancienne nourrit des communautés ou des paroisses en croissance numérique, et attire des jeunes. Cela participe d’une légitime diversité parmi toutes les communautés chrétiennes en communion avec leur évêque. Bien sûr, Summorum Pontificum n’a peut-être pas été parfaitement appliqué partout en France. Ma propre expérience m’a montré que la confiance et la générosité ne vont pas sans reconnaissance, et ont créé une fraternité et une communion plus profondes dans le diocèse. Je m’efforce d’accompagner personnellement les groupes qui vivent de la forme extraordinaire. Ces communautés rencontrent des défis. Mais ma conviction est claire : elles font partie de la solution dans l’Église d’aujourd’hui, pas du problème.

    Vous-même, qu’avez-vous fait concrètement dans votre diocèse ?

    J’ai établi une paroisse personnelle à Toulon pour la forme extraordinaire et l’ai confiée à une communauté nouvelle. Les membres de cette communauté, et certains séminaristes diocésains, reçoivent les ordres mineurs et majeurs – y compris l’ordination – conformément à l’usus antiquior. Lorsqu’on me le demande, je célèbre les sacrements dans le rite ancien parce que les fidèles qui y sont attachés ne sont pas des « catholiques de seconde zone ». Ils méritent la même attention pastorale que n’importe quel fidèle. Plus récemment, j’ai accordé les facultés aux prêtres de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X pour célébrer les mariages, conformément au souhait du pape François. Dans toutes ces décisions, je me suis efforcé de travailler à l’unité et à la communion du diocèse, dans la légitime diversité spirituelle et liturgique autorisée par l’Église.

    On a parfois parlé de « laboratoire » pour votre diocèse : en quoi le serait-il et pensez-vous qu’il puisse être un exemple ?

    Lorsque j’imagine l’avenir du diocèse de Fréjus-Toulon, je vois tout le travail qui reste à accomplir, mais je pense que les choix qui y ont été faits sont porteurs. La clef est bien entendu un accueil large de communautés nouvelles et de vocations sacerdotales. Cela implique de respecter, avec le discernement nécessaire, le charisme et la vocation propres à chacun. Toutes les formes de spiritualité et de culte authentiquement catholiques sont nécessaires à la nouvelle évangélisation, et cela vaut aussi pour la forme extraordinaire du rite romain. L’unité du diocèse et la fraternité au sein du presbyterium se vivent dans la mission qui nous rappelle que notre plus grand trésor, c’est le Christ.

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  • François et Pie XII si différents et pourtant...

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    De Philippe Maxence sur le site de l'Homme Nouveau :

    Pie XII-François : y a-t-il deux papes plus différents ?

    Dans son homélie du 5 juin dernier, le Pape François a rappelé le rôle décisif de Pie XII dans le sauvetage des Juifs durant la Seconde Guerre mondiale. Simultanément, la parution en français du livre d’Andrea Riccardi, L’hiver le plus long (Desclée De Brouwer), rend justice à cette action voilée d'Eugenio Pacelli.

    Imagine-t-on deux papes plus différents l’un de l’autre que Pie XII et le Pape François ? Autant le premier a passé son pontificat à se couler le plus possible dans la fonction autant le second a laissé déborder sa personnalité, donnant parfois à croire qu’il n’était pas tout à fait à l’aise dans son rôle.

    L’hommage d’un pape à l’autre

    Pour autant, le Pape François n’a pas oublié son illustre prédécesseur. Le 5 juin dernier, il a même profité de la courte homélie donnée lors de la messe qu’il célèbre à la Maison ­Sainte-Marthe pour rappeler son rôle pendant la Seconde Guerre mondiale. Son action politi­que ? Ses liens privilégiés avec les Américains et notamment avec le premier d’entre eux, le Président Roosevelt ? Non, le Pape François a salué l’action du pape Pacelli dans le sauvetage de Juifs : « Partager et compatir, cela va ensemble, mais aussi risquer. Et plusieurs fois, on prend des risques. Pensons, ici, à Rome, au milieu de la guerre, ceux qui ont pris des risques, en commençant par Pie XII, pour cacher les Juifs, pour qu’ils ne soient pas tués, qu’ils ne soient pas déportés. Ils ont risqué leur peau. Ce fut une œuvre de miséricorde que de sauver la vie de ces gens ! ».

    Une guerre de la mémoire

    Par ces paroles sans ambiguïté, le Souverain Pontife est revenu sur la guerre de la mémoire entretenue à l’encontre de Pie XII, accusé depuis des décennies de s’être tu sur la persécution subie par les Juifs pendant le second conflit mondial.

    À vrai dire, il y a longtemps qu’une grande partie de la communauté historique s’accorde pour estimer que si le pape Pacelli a préféré se taire, il ne s’agissait pas pour lui d’être insensible au sort profondément inhumain vécu par le peuple juif.

    Héritier sur ce point de la voie diplomatique de son prédécesseur Benoît XV, qui pendant la Première Guerre mondiale multiplia les initiatives diplomatiques pour mettre fin au conflit, Pie XII à son tour préféra l’action souterraine et diplomatique pour venir en aide aux Juifs. Les nombreux témoignages des rescapés d’origine juive après la guerre en constituent une preuve tout comme les travaux des historiens montrant, par exemple, ses liens avec la résistance anti-nazie allemande ou avec le Président des États-Unis. Sans parler de son action à Rome même pour venir directement en aide aux Juifs quand la Ville éternelle tomba sous la coupe des nazis à partir de 1943.

    1963 : l'année charnière

    Mais, à partir de 1963, l’appréciation de l’action de Pie XII a commencé à changer avec la sortie de la pièce Le Vicaire de l’Allemand Rolf Hochhuth qui, largement répercutée par les réseaux et la presse communiste, a donné comme le coup d’envoi à la campagne de calomnies contre Pie XII.

    Paradoxalement, ce vaste mouvement ininterrompu contre Pie XII aura conduit à un travail d’approfondissement historique sur son action. Du côté de l’Église, les travaux historiques du Père Blet ainsi que l’enquête en vue du procès pour la béatification du pape Pacelli menée par les Pères Molinari et Gumpel en témoignent à eux seuls. Sur un autre plan, les vertus héroïques de Pie XII ont été reconnues en 2009 et sa béatification est toujours dans l’attente du miracle nécessaire.

    Pour aller plus loin :

    L'Hiver le plus long, 1943-1944 : Pie XII, les Juifs et les nazis à Rome, Andrea Riccardi, Desclée De Brouwer, 446 pages, 24,90 €