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Histoire - Page 120

  • La mort de Max Gallo, laïc, républicain... et catholique

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    De Laurent Grzybowski sur le site de l'hebdomadaire "La Vie" :

    Max Gallo : “Pourquoi je prie“

    « La France a besoin de retrouver ses racines chrétiennes ! » Qui l’affirme ? Max Gallo, ardent défenseur des valeurs républicaines et laïques, écrivain de son état. Après les biographies de Napoléon, de De Gaulle et de Victor Hugo, l’ancien porte-parole de François Mitterrand, soutien de Jean-Pierre Chevènement durant la présidentielle [de 2002], s’attaque [à l'époque], via une trilogie romanesque, à l’histoire des premiers chrétiens. L’occasion pour lui, dans un étonnant prologue dont nous publions quelques extraits, de confesser sa foi en Dieu.

    Pourrait-on qualifier de conversion l’expérience que vous décrivez dans le prologue de votre roman

    Le mot me paraît beaucoup trop fort. Je me suis toujours défini comme catholique, même si je ne suis pas pratiquant. J’ai été baptisé dans une famille qui était laïquement catholique. Cette rencontre avec un événement inattendu, à l’église Saint-Sulpice, m’a brusquement obligé à réfléchir sur la place du christianisme, dans nos sociétés occidentales. C’est ce qui m’a décidé à écrire cette nouvelle grande fresque historique autour des trois personnages qui ont marqué l’histoire de notre pays : Martin de Tours, Clovis et Bernard de Clairvaux.

    Il y a tout de même ce cri du cœur : « Je suis croyant ! » Aviez-vous déjà eu l’occasion d’exprimer cette conviction ?

    Il m’est arrivé de le dire, mais jamais de manière aussi précise. Peut-être parce que quelque chose s’est déclenché en moi qui m’a incité à le manifester. Peut-être aussi parce que les questions religieuses, liées aux événements du 11 septembre, et l’attitude d’une religion comme l’islam me conduisent aujourd’hui à affirmer ma propre appartenance avec plus de force. Non pas pour afficher je ne sais quelle supériorité, mais pour exprimer une identité autrement que par un creux ou par une absence.

    Mon travail d’écrivain consiste précisément à essayer de donner une image la plus complète possible de la diversité de notre histoire nationale. 

    Mais la laïcité républicaine que vous défendez si chèrement ne peut-elle tenir lieu d’identité ?

    Cela n’est pas contradictoire. Laïc et républicain, je suis également catholique. Ce serait une imbécillité que de vouloir opposer ces deux appartenances. Ceux qui refusent de vibrer au souvenir de Reims et ceux qui lisent sans émotion le récit de la fête de la Fédération ne comprendront jamais l’histoire de France. Mon travail d’écrivain, depuis quelques années, consiste précisément à essayer de donner une image la plus complète possible de la diversité de notre histoire nationale. Les Chrétiens s’inscrivent dans le droit fil d’une biographie de Napoléon, de De Gaulle ou de Victor Hugo. Tout cela tourne en fait autour d’une interrogation sur les fondations de notre collectivité nationale et de l’identité française.

    À sa manière, votre démarche ne rejoint-elle pas celle de Régis Debray, chargé par l’Éducation nationale de réfléchir au problème de la culture religieuse à l’école ?

    De fait, alors qu’il n’y a eu aucune concertation entre nous, je constate que nos démarches convergent. Il nous faut revisiter notre histoire. La France n’est pas née en 1789. Elle est d’abord la fille aînée de l’Église. Si on ne prend pas en compte cette dimension, on ne peut rien comprendre à notre passé. Bien qu’il soit laïc, et qu’il ait été parfois anticlérical, le modèle républicain français doit beaucoup à la tradition catholique. On ne peut absolument pas séparer ces deux réalités, même si on peut comprendre qu’il y ait pu y avoir des oppositions liées à des périodes de tension. Tel est le paradoxe de notre histoire. Un travail doit être mené au plan intellectuel pour réconcilier les Français avec leur histoire, avec toute leur histoire, et pour ne pas laisser s’interrompre le fil de la mémoire. Car l’amnésie est une tragédie pour l’individu comme pour la collectivité.

    Pourquoi avoir choisi, pour votre nouveau roman, Martin de Tours, Clovis et Bernard de Clairvaux ?

    Ces trois personnages correspondent à trois moments clés de notre histoire. Martin, le premier évangélisateur des Gaules, est celui qui, à la fin du IVe siècle, a contribué à populariser le christianisme qui, jusque-là, était plutôt le fait des élites et des fonctionnaires. Cet homme a tellement marqué notre histoire que son prénom est le plus porté en France, soit comme nom de famille, soit comme nom de commune. Clovis, lui, fut le chef de la tribu des Francs qui donnèrent leur nom à la France. Son baptême, en 499, fait entrer notre pays dans une nouvelle ère. Cinq cents ans plus tard, avec saint Bernard, nous découvrons l’avènement d’une Europe chrétienne à travers la construction de quelque deux cents abbayes en moins de 50 ans. Ces trois figures m’ont permis d’explorer les fondements de notre nation.

    (...)

    En 2009, Max Gallo témoigne dans La Vie de ce qu'être Français veut dire pour lui

    Les Français ont-ils besoin de retrouver leurs racines ?

    La France souffre d’un très grand déficit de sens. Elle ne sait plus où elle va, ni même ce qu’elle est, peut-être parce qu’elle ne sait plus d’où elle vient. Le XXe siècle, ses guerres et ses totalitarismes, n’a épargné personne. Mais là où d’autres ont su trouver un nouvel élan, qu’il s’agisse des États-Unis, de la Chine, de l’Angleterre ou de l’Allemagne réunifiée, notre pays semble être resté en rade. De toutes les grandes nations, nous sommes la plus blessée symboliquement. Nous n’avons plus de grand dessein. Le problème de la France aujourd’hui ne se résume pas à la question des retraites ou de la sécurité, mais à celle de notre identité. À quelle communauté appartenons-nous ? Quel est notre projet collectif ? Ces questions méritent aussi une réponse spirituelle.

    J'ai redécouvert le sens de la prière, celle que je pratiquais durant mon enfance.

    Cette prise de conscience a-t-elle changé quelque chose dans votre existence ?

    Curieusement, j’ai redécouvert le sens de la prière, celle que je pratiquais durant mon enfance. Elle est pour moi un moment d’apaisement personnel. On a tous des tensions dans une journée, le soir, le matin et le fait de prier m’apaise. Plus profondément, face à tous les fanatismes et à toutes les tentations sectaires, il me paraît nécessaire de prendre le temps de nous arrêter pour nous poser quelques questions fondamentales, spirituelles, qui touchent au sens de la vie. À cet égard, le christianisme est une religion qui, me semble-t-il, essaie d’éviter les fermetures tout en prenant en compte la demande de spiritualité très forte de nos contemporains. Cette religion s’appuie sur une conviction très forte et très novatrice : il y a du divin et du sacré dans chaque homme. Cette conviction est aussi la mienne.

    Extraits : Le jour où tout a basculé…

    Dans ces passages, Max Gallo raconte un événement spirituel qui a inauguré une nouvelle étape de sa vie. Extraits du prologue des Chrétiens, volume 1, le Manteau du soldat.

    « J’attendais sur les marches de l’église Saint-Sulpice, ce samedi 20 octobre 2001. Le baptême d’Antoine, le fils de Rémi et d’Angela, avait été fixé à seize heures. J’avais accompagné les parents et le nouveau-né et j’avais échangé quelques mots avec le père V., dominicain, qui s’apprêtait à officier. C’était un homme imposant, au visage énergique, au regard voilé. Il m’avait pris par le bras et m’avait entraîné dans une marche autour du baptistère octogonal.

    – Je connais vos livres, m’avait-il dit. Vous êtes en chemin. Vous recherchez l’unité. Pourquoi n’entreprendriez-vous pas un grand livre sur les chrétiens ? La manière dont la Gaule a été évangélisée, est devenue la France, reste mal connue, mystérieuse, opaque même pour la plupart des Français. Qui connaît la vie de saint Martin, les circonstances du baptême de Clovis, ou l’œuvre de pierres et de mots de Bernard de Clairvaux ? Voilà les trois colonnes qui soutiennent l’édifice de la foi dans notre pays. Pensez-y !

    (...) J’aime la place Saint-Sulpice, qui s’étend devant le lieu de culte comme un vaste parvis, un immense carré de lumière. (...) Une partie de ma vie (...) s’était déroulée là, dans l’un des immeubles d’angle (...). Et c’est là (...) qu’un après-midi d’une sinistre année, il y a trente ans, on vint m’annoncer le suicide de ma fille de seize ans. (...) Sans réfléchir, comme par instinct, je m’étais précipité dans l’église, m’y étais agenouillé.

    J’avais récité les prières de mon enfance que j’avais cru oubliées et qui, à cet instant, me revenaient en mémoire comme les seules paroles capables non pas d’atténuer la douleur, mais de me faire accepter ce qui m’apparaissait inconcevable. J’avais eu le désir de m’allonger sur les dalles de la nef, devant l’autel, bras en croix, et de rester là, immobile. J’avais alors pensé – depuis lors, cette brûlure n’a jamais cessé d’être vive – que je n’avais pas fait baptiser ma fille, qui était née sans que sa mère ni moi souhaitions sa venue au monde. Nous avions même plusieurs fois évoqué l’idée que nous pouvions – que nous devions – interrompre cette grossesse survenue trop tôt, alors que nous n’étions encore que des étudiants tout juste sortis de l’adolescence. Mais, en ce temps-là, l’avortement était une aventure qui par ailleurs nous révulsait. Et nous avions renoncé à la courir.

    Pourtant, dans cette église Saint-Sulpice, le jour de la mort de ma fille, j’ai su – j’ai cru – que Dieu nous l’avait reprise parce que nous ne l’avions pas assez désirée pour être heureux de sa naissance, et que nous avions négligé de la faire baptiser.

    Au moment où j’allais m’abattre sur les pierres de la nef, un ami qui m’avait suivi depuis le bureau m’avait entouré les épaules et soutenu, me guidant hors de l’église. J’avais été ébloui par l’insolente lumière de cette journée d’un juvénile été. Et j’étais longuement resté sur les marches, face à la place, incapable de faire un pas, de retourner dans la vie après cette mort.

    Et je me retrouvais là, trente ans plus tard, sur le seuil de cette même église, avec encore cette blessure, cette faille qui me déchirait. Mais dont je m’étais lâchement et habilement accommodé tout au long de ces années. (...) J’avais dissimulé le suicide de ma fille ; le sentiment de culpabilité qui m’avait frappé, là, dans cette nef, avait fait resurgir en moi tout ce que j’avais conservé de croyance, mais, au fil des années, si j’avais gardé cette plaie ouverte, j’avais à nouveau chassé Dieu de mes pensées, repris par les combats et les débats à ras de terre qui emplissent nos vies de bruits et de fureurs.

    J’avais écrit livre après livre comme on élève un parapet. Je ne me souvenais plus d’avoir jamais délibérément évoqué la foi, la religion de tant d’hommes, ou dessiné la figure de Dieu. Mon ciel était vide. Et mes amis d’alors – ceux que je reconnaissais, ce jour d’octobre, s’engouffrant dans l’église Saint-Sulpice – avaient oublié eux aussi leur attachement à la religion de leurs origines. (...)

    L’avenir, nous en étions persuadés, ne pouvait plus appartenir aux vieilles religions qui dépérissaient. Et d’abord à la nôtre, la catholique. Nous ne la pleurions pas, bien au contraire. Qu’elle soit ensevelie sous ses compromissions avec les pouvoirs, que les églises vides soient transformées en salles de bal ou de conférences ! Et que les prêtres se marient, deviennent aussi gris que la foule ! Amen!

    Nous ricanions quand quelqu’un rappelait la prétendue prophétie de Malraux selon laquelle le XXIe siècle serait spirituel ou ne serait pas.

    En ce samedi 20 octobre 2001, alors que les commentateurs évoquaient les prémices d’une guerre de religions, proclamée déjà, organisée par les terroristes islamistes, Rémi, celui que nous considérions comme le plus rigoureux d’entre nous, qui avait aussi pris le plus de risques personnels, allait présenter son fils au père V. afin que celui-ci traçât sur le front d’Antoine le signe de croix, puis l’aspergeât par trois fois d’eau bénite. Ainsi vont les vies.

    Dehors, j’ai vu arriver les derniers invités, Gisèle, Claude, Sami. Ils m’ont salué d’un geste timide de la main comme pour s’excuser d’être là, eux aussi. Gisèle s’est approchée.

    – Je n’ai jamais assisté à un baptême, m’a-t-elle soufflé. Puis elle a interrogé d’une voix teintée d’inquiétude :

    – Tu n’entres pas ? (...)

    Elle imaginait peut-être que j’incarnais à cette place une sorte de protestation, une présence amicale doublée d’une posture anticléricale, comme celle de ces farouches athées qui accompagnent le cercueil d’un ami défunt jusqu’à l’entrée de l’église, mais refusent de mettre le pied dans la nef. J’ai deviné que Gisèle hésitait, tentée de se joindre à moi.

    – Je viens, lui ai-je dit. Je suis croyant.

    Elle a paru décontenancée, a secoué la tête, ri trop fort, puis s’est éloignée en répétant :

    – Toi alors, comme Rémi... Il y avait un brin de mépris, de l’étonnement et même un peu d’affolement dans sa voix. J’ai détourné la tête. J’ai pensé à tous ceux qui ne viendraient pas. Et je me suis soudain souvenu d’une pensée de saint Augustin (...) Je l’ai murmurée, ému aux larmes. Elle me parlait de ma fille, mais aussi de Nikos, de Pierre, de Louis, nos amis qui ne viendraient pas assister au baptême d’Antoine.

    Nikos s’était suicidé dans les années 70, comme s’il avait découvert avant tous les autres la faillite de ce siècle, le nôtre. Pierre avait été assassiné, mais avait tant de fois provoqué les tueurs que sa mort était annoncée ; sans doute même l’avait-il souhaitée. Quant à Louis, qui avait tenté de penser notre monde, sa tête avait fini par éclater, il était devenu fou et criminel. Manquaient aussi à ce baptême ceux qui avaient choisi de se perdre dans les méandres des pouvoirs exercés sur les hommes et les choses, de n’être plus que des ambitieux, des possédants aveugles et sourds, des avides.

    J’ai commencé à remonter les marches en me récitant cette pensée de saint Augustin: " Voyez ces générations d’hommes sur la terre comme les feuilles sur les arbres, ces arbres, l’olivier et le laurier, qui conservent toujours leurs feuilles. La terre porte les humains comme des feuilles. Les uns poussent tandis que d’autres meurent. Cet arbre-là non plus ne dépouille jamais son vert manteau. Regarde dessous, tu marches sur un tapis de feuilles mortes."

    Je suis entré. Le père V. avait commencé d’officier. À ma vue, il s’est interrompu un bref instant. Il m’a semblé qu’il ne s’adressait plus qu’à moi, disant que nous devions tous méditer le sermon de saint Bernard. Sa voix était assurée, il détachait chaque mot, et j’eus l’impression qu’il avait posé sa main sur ma nuque, qu’il me forçait à baisser la tête.

    – " Le Verbe est venu en moi, et souvent. Souvent il est entré en moi et je ne me suis pas aperçu de son arrivée, mais j’ai perçu qu’il était là, et je me souviens de sa présence. Même quand j’ai pu pressentir son entrée, je n’ai jamais pu en avoir la sensation, non plus que de son départ. D’où est-il venu dans mon âme? Où est-il allé en la quittant ? "

    J’ai levé les yeux. Je n’ai manqué aucun des gestes du père V. Et j’ai laissé, sans essayer de les masquer, les larmes envahir mes yeux, puis glisser sur mon visage.

    Je suis sorti le premier du baptistère et suis resté dans la pénombre de la nef.

    Le père V. (...) est venu à moi. (...)

    Nous avons parlé jusqu’à ce que la nuit, percée çà et là par les flammes oscillantes des cierges, envahisse l’église. (...) Oui, l’heure était maintenant venue de renouer les fils à l’intérieur de soi, de chacun de nous, et aussi pour les autres. (...) Puis il s’est levé et nous nous sommes approchés de l’autel. (...) Le père V. s’est agenouillé et je l’ai imité.

    Peut-être n’avais-je plus prié, vraiment prié, depuis la mort de ma fille. »

  • Catholiques et orthodoxes n’ont pas réussi à trouver un accord sur le cardinal Stepinac

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    De Nicolas Senèze sur le site du journal La Croix :

    Catholiques et orthodoxes actent leur désaccord sur le cardinal croate Stepinac

    Catholiques et orthodoxes n’ont pas réussi à trouver un accord sur la figure controversée du cardinal Stepinac. Les désaccords demeurent surtout d’ordre politique et symbolique.

    Le cardinal est considéré comme un résistant par les catholiques croates, mais comme un homme violemment anti-serbe et antisémite pour les orthodoxes serbes.

    La Commission de dialogue entre catholiques et orthodoxes serbes mise en place pour discuter du rôle du cardinal Alojzije Stepinac pendant la Seconde Guerre mondiale a tenu sa dernière réunion, mercredi 12 et jeudi 13 juillet à Rome, un an après sa première rencontre.

    À LIRE : Réunion de la commission d’étude sur le rôle du cardinal Stepinac durant la seconde guerre mondiale

    Si ses membres reconnaissent que « leur travail a permis une meilleure compréhension de l’histoire des années entre la Première Guerre mondiale et 1960, année de la mort du cardinal Stepinac », la commission admet, dans un communiqué au ton néanmoins relativement positif, qu’elle n’a pas réussi à trouver un accord.

    « Les événements sont encore soumis à diverses interprétations »

    « Les événements, les interventions, les écrits, les silences et les positions sont encore soumis à diverses interprétations », reconnaît la commission pour qui « dans le cas du cardinal Stepinac, les interprétations données respectivement par les Croates catholiques et Serbes orthodoxes sont encore divergentes ».

    Le rôle de la commission était de permettre aux catholiques et aux orthodoxes d’étudier ensemble la figure controversée du cardinal croate, considéré comme un résistant aux outrances du régime oustachi par les catholiques croates mais comme un homme violemment anti-serbe et antisémite pour les orthodoxes serbes.

    À LIRE : Les orthodoxes serbes acceptent de discuter avec l’Église catholique du cas du cardinal Stepinac

    Arrêté en 1946 par les communistes, Mgr Stepinac fut jugé dans le cadre d’un vaste procès contre les responsables de l’État indépendant de Croatie. Reconnu coupable de haute trahison et crimes de guerre, il fut condamné à 16 ans de travaux forcés : pour les Croates, c’est surtout son refus de créer une « Église nationale serbo-croate » indépendante de Rome qui lui aurait valu ces persécutions.

    Libéré au bout de cinq ans et assigné à résidence, Mgr Stepinac a été créé cardinal en 1952 et il est mort en 1961 à Zagreb. Jean-Paul II l’a béatifié comme martyr en 1998, son procès en canonisation est en cours, un miracle à son intercession étant même en passe d’être reconnu par la Congrégation des causes des saints.

    À LIRE : La canonisation du cardinal croate Alojzije Stepinac en bonne voie d’après le cardinal Amato

    Dans le cadre du travail de la commission, le pape François avait autorisé les historiens serbes à accéder aux parties fermées des Archives secrètes du Vatican et de la Secrétairerie d’État.

    « Nous n’avons rien trouvé qui remette en cause le gros travail réalisé avant la béatification en 1998 », note un participant selon qui « cette cause est instrumentalisée dans un contexte qui n’a rien à voir avec le cardinal Stepinac ».

    Selon lui, « les événements sont l’objet d’interprétations contradictoires ». Ainsi, explique-t-il, l’intervention du cardinal Stepinac pour empêcher la déportation de 300 prêtres slovènes constitue, pour les catholiques, une preuve du sauvetage de prisonniers mais, est la démonstration, aux yeux des orthodoxes de son « rôle politique et son influence » sur les Allemands et le régime oustachi.

    La mémoire prend le pas sur l’histoire

    « Les façons de concevoir les choses sont trop différentes », regrette un historien pour qui la mémoire prend ici le pas sur l’histoire. « Les recherches ont même permis de mettre en évidence un certain nombre de faux documents utilisés lors du procès de 1946 », souligne-t-il, reconnaissant toutefois qu’il est difficile pour les orthodoxes d’aller au-delà de certaines positions.

    « Ils se défendent d’être liés au pouvoir mais, en réalité, ils doivent faire avec le poids de l’héritage communiste qui a créé un certain nombre de mythes qu’il leur est difficile de surmonter, explique-t-il. Le procès de 1946 contre Stepinac en fait partie car il s’agissait alors d’une revanche contre l’État oustachi. »

    L’ensemble du travail réalisé par la commission a été remis au pape qui décidera de l’opportunité de canoniser le cardinal Stepinac. « Le processus de canonisation du cardinal Stepinac est de la compétence exclusive du pape »,reconnaissent d’ailleurs les membres catholiques et orthodoxes de la commission. Ils rappellent que « chaque Église à ses propres critères pour procéder à une canonisation ».

    De bons rapports entre les évêques de chaque Église

    « Ce sera là une décision politique qui ne relève plus des historiens mais d’éléments que seul le pape a en main, en fonction des rapports avec l’Église catholique croate et avec l’Église orthodoxe serbe », note un historien.

    Il relève néanmoins plusieurs points positifs dans le travail de la commission et, notamment, « les très bons rapports entre évêques catholiques croates et serbes orthodoxes ».

    Ceux-ci ont d’ailleurs convenu, malgré les difficultés et les incompréhensions, de continuer à se rencontrer pour « partager la mémoire des martyrs et confesseurs des deux Églises » qui ont, toutes deux, « cruellement souffert de diverses persécutions ».

  • Saint-Suaire : l'impossibilité d'un faux est scientifiquement établie

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    Du Salon Beige :

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    Suaire de Turin, une nouvelle étude démontre la présence de sang d'un homme torturé et tué

    Des chercheurs italiens ont probablement résolu le mystère du suaire de Turin, signale La Stampa. Ils ont découvert que le tissu de l'artefact comprenait des nanoparticules de créatinine avec des éléments endommagés de ferrihydrite (ocre ferreuse), inhérente à la ferritine, une protéine qui permet le stockage du fer dans le corps. Selon le professeur Giulio Fanti de l'Université de Padoue, ce fait a montré que la «structure particulière, la taille et la répartition des nanoparticules ne pouvaient pas être dues à des artefacts apposés au fil des siècles sur le tissu du suaire». Le chef d'étude Elvio Carlino, professeur à l'Institut de Cristallographie de Bari, explique :

    «À l'aide des microscopes électroniques et microscopes grand angle à rayons X, nous avons réalisé une analyse de microscopie atomique du suaire. Grâce à cela, nous avons pu examiner pour la première fois les propriétés nanométriques des fibres de bois provenant du suaire de Turin».

    Selon Elvio Carlino, les nanoparticules attachées à la fibre de lin prouvent que la personne qui a été enveloppée dans le suaire souffrait beaucoup.

  • Benoît, fondateur du monachisme occidental (11 juillet)

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    Benoît XVI, catéchèse, 9 avril 2008 (via Introibo.fr)

    Chers frères et sœurs, Je voudrais parler aujourd’hui de saint Benoît, fondateur du monachisme occidental, et aussi Patron de mon pontificat. Je commence par une parole de saint Grégoire le Grand, qui écrit à propos de saint Benoît : "L’homme de Dieu qui brilla sur cette terre par de si nombreux miracles, ne brilla pas moins par l’éloquence avec laquelle il sut exposer sa doctrine" [3]. Telles sont les paroles que ce grand Pape écrivit en l’an 592 ; le saint moine était mort à peine 50 ans auparavant et il était encore vivant dans la mémoire des personnes et en particulier dans le florissant Ordre religieux qu’il avait fondé. Saint Benoît de Nursie, par sa vie et par son œuvre, a exercé une influence fondamentale sur le développement de la civilisation et de la culture européenne. La source la plus importante à propos de la vie de ce saint est le deuxième livre des Dialogues de saint Grégoire le Grand. Il ne s’agit pas d’une biographie au sens classique. Selon les idées de son temps, il voulut illustrer à travers l’exemple d’un homme concret - précisément saint Benoît - l’ascension au sommet de la contemplation, qui peut être réalisée par celui qui s’abandonne à Dieu. Il nous donne donc un modèle de la vie humaine comme ascension vers le sommet de la perfection. Saint Grégoire le Grand raconte également dans ce livre des Dialogues de nombreux miracles accomplis par le saint, et ici aussi il ne veut pas raconter simplement quelque chose d’étrange, mais démontrer comment Dieu, en admonestant, en aidant et aussi en punissant, intervient dans les situations concrètes de la vie de l’homme. Il veut démontrer que Dieu n’est pas une hypothèse lointaine placée à l’origine du monde, mais qu’il est présent dans la vie de l’homme, de tout homme.

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  • Summorum Pontificum : bilan du Motu Proprio (7/7/2007 – 7/7/2017)

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    De Christophe Geffroy dans le mensuel « La Nef » (n° 294, juillet-août 2017)

    benedictxvi.jpg« Le 7 juillet 2007, Benoît XVI signait Summorum Pontificum, « lettre apostolique en forme de Motu proprio sur l’usage de la liturgie romaine antérieure à la réforme de 1970 ». Texte historique dont l’importance n’a sans doute pas été encore appréciée à sa juste valeur, tant il dénoue une situation inextricable qui va au-delà de la seule question des traditionalistes attachés à l’ancienne forme liturgique. Même si contribuer à régler cette question épineuse a bien été aussi l’une de ses fins.

    Souvenons-nous, le 30 juin 1988, Mgr Lefebvre consacrait quatre évêques contre la volonté clairement notifiée du pape Jean-Paul II, lequel publiait aussitôt le Motu proprio Ecclesia Dei (2 juillet 1988) pour donner un statut juridique à la messe dite « de saint Pie V », dont un indult de 1984 concédait un usage très parcimonieux, et pour permettre l’érection de structures d’accueil pour les prêtres et fidèles traditionalistes qui ne voulaient pas suivre le prélat d’Écône dans sa rupture avec Rome. C’est ainsi que fut créée la Fraternité Saint-Pierre avec d’anciens prêtres et séminaristes de la Fraternité Saint-Pie X ; d’autres instituts suivront plus tard, tandis que des communautés religieuses furent canoniquement érigées ( le Barroux,  Chémeré, etc.).

    Benoît XVI souhaitait faire plus. D’abord, rendre à ce qu’il a nommé la « forme extraordinaire » du rite romain l’honneur et les droits qui lui étaient dus. Ensuite, aider les fidèles désireux de suivre cette forme liturgique, en l’installant dans les paroisses, tout en donnant un signe fort à la Fraternité Saint-Pie X, puisqu’il répondait ainsi à l’une de ses revendications majeures. Enfin, par-delà le problème traditionaliste, l’aspect visionnaire du pape était de contribuer à la réconciliation interne dans l’Église secouée par la crise post-conciliaire : face à l’esprit de la table rase qui a fait tant de dégâts, dans la liturgie tout particulièrement où la réforme de 1969 a été trop souvent appliquée avec une brutalité et une volonté de rupture détestables, Benoît XVI a voulu opérer dans l’Église une réconciliation avec son propre passé, et notamment son passé liturgique, selon la fameuse « herméneutique de la réforme dans la continuité » qui est l’un des points saillants de son pontificat. Pour aller dans ce sens, les évêques devraient promouvoir la célébration classique de la forme ordinaire, en revenant à l’orientation et au kyriale en latin, chanté en grégorien, ainsi que le suggère le cardinal Sarah.

    Cet aspect est assurément le plus important du Motu proprio et il n’a pas encore porté tous ces fruits, ce qui est somme toute normal à l’échelle du temps de l’Église.

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  • Liturgie : «Une légitime diversité», entretien avec Mgr Rey

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    Dans le n° 294 du mensuel « La Nef » (juillet-août 2017) on peut lire aussi cette interview de Mgr Rey, évêque de Fréjus-Toulon par Christophe Geffroy :

    Mgr Dominique Rey a généreusement appliqué dans son diocèse le Motu proprio de Benoît XVI. Il évoque pour nous cette expérience et ses fruits positifs :

    La Nef – Comment avez-vous reçu en 2007 le Motu proprio Summorum Pontificum ?

    Mgr Dominique Rey – J’ai reçu Summorum Pontificum filialement. Cet acte juridique visait à mettre un terme aux souffrances de ceux qui, dans l’Église, désiraient prier avec les anciens rites liturgiques et qui en avaient été privés jusque-là. Il s’agissait aussi de faire un acte de réconciliation pour apaiser les divisions du passé. Comme évêque, il était clair pour moi que le Motu proprio établissait de nouvelles dispositions juridiques pour le rite ancien, valables pour toute l’Église de rite latin, et par conséquent pour mon propre diocèse.

    Quel bilan tirez-vous, dix ans après, de son application ?

    Dans le diocèse de Fréjus-Toulon et dans beaucoup d’endroits il a été appliqué largement et sans susciter de controverse. Les fruits sont réels. La liturgie ancienne nourrit des communautés ou des paroisses en croissance numérique, et attire des jeunes. Cela participe d’une légitime diversité parmi toutes les communautés chrétiennes en communion avec leur évêque. Bien sûr, Summorum Pontificum n’a peut-être pas été parfaitement appliqué partout en France. Ma propre expérience m’a montré que la confiance et la générosité ne vont pas sans reconnaissance, et ont créé une fraternité et une communion plus profondes dans le diocèse. Je m’efforce d’accompagner personnellement les groupes qui vivent de la forme extraordinaire. Ces communautés rencontrent des défis. Mais ma conviction est claire : elles font partie de la solution dans l’Église d’aujourd’hui, pas du problème.

    Vous-même, qu’avez-vous fait concrètement dans votre diocèse ?

    J’ai établi une paroisse personnelle à Toulon pour la forme extraordinaire et l’ai confiée à une communauté nouvelle. Les membres de cette communauté, et certains séminaristes diocésains, reçoivent les ordres mineurs et majeurs – y compris l’ordination – conformément à l’usus antiquior. Lorsqu’on me le demande, je célèbre les sacrements dans le rite ancien parce que les fidèles qui y sont attachés ne sont pas des « catholiques de seconde zone ». Ils méritent la même attention pastorale que n’importe quel fidèle. Plus récemment, j’ai accordé les facultés aux prêtres de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X pour célébrer les mariages, conformément au souhait du pape François. Dans toutes ces décisions, je me suis efforcé de travailler à l’unité et à la communion du diocèse, dans la légitime diversité spirituelle et liturgique autorisée par l’Église.

    On a parfois parlé de « laboratoire » pour votre diocèse : en quoi le serait-il et pensez-vous qu’il puisse être un exemple ?

    Lorsque j’imagine l’avenir du diocèse de Fréjus-Toulon, je vois tout le travail qui reste à accomplir, mais je pense que les choix qui y ont été faits sont porteurs. La clef est bien entendu un accueil large de communautés nouvelles et de vocations sacerdotales. Cela implique de respecter, avec le discernement nécessaire, le charisme et la vocation propres à chacun. Toutes les formes de spiritualité et de culte authentiquement catholiques sont nécessaires à la nouvelle évangélisation, et cela vaut aussi pour la forme extraordinaire du rite romain. L’unité du diocèse et la fraternité au sein du presbyterium se vivent dans la mission qui nous rappelle que notre plus grand trésor, c’est le Christ.

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  • François et Pie XII si différents et pourtant...

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    De Philippe Maxence sur le site de l'Homme Nouveau :

    Pie XII-François : y a-t-il deux papes plus différents ?

    Dans son homélie du 5 juin dernier, le Pape François a rappelé le rôle décisif de Pie XII dans le sauvetage des Juifs durant la Seconde Guerre mondiale. Simultanément, la parution en français du livre d’Andrea Riccardi, L’hiver le plus long (Desclée De Brouwer), rend justice à cette action voilée d'Eugenio Pacelli.

    Imagine-t-on deux papes plus différents l’un de l’autre que Pie XII et le Pape François ? Autant le premier a passé son pontificat à se couler le plus possible dans la fonction autant le second a laissé déborder sa personnalité, donnant parfois à croire qu’il n’était pas tout à fait à l’aise dans son rôle.

    L’hommage d’un pape à l’autre

    Pour autant, le Pape François n’a pas oublié son illustre prédécesseur. Le 5 juin dernier, il a même profité de la courte homélie donnée lors de la messe qu’il célèbre à la Maison ­Sainte-Marthe pour rappeler son rôle pendant la Seconde Guerre mondiale. Son action politi­que ? Ses liens privilégiés avec les Américains et notamment avec le premier d’entre eux, le Président Roosevelt ? Non, le Pape François a salué l’action du pape Pacelli dans le sauvetage de Juifs : « Partager et compatir, cela va ensemble, mais aussi risquer. Et plusieurs fois, on prend des risques. Pensons, ici, à Rome, au milieu de la guerre, ceux qui ont pris des risques, en commençant par Pie XII, pour cacher les Juifs, pour qu’ils ne soient pas tués, qu’ils ne soient pas déportés. Ils ont risqué leur peau. Ce fut une œuvre de miséricorde que de sauver la vie de ces gens ! ».

    Une guerre de la mémoire

    Par ces paroles sans ambiguïté, le Souverain Pontife est revenu sur la guerre de la mémoire entretenue à l’encontre de Pie XII, accusé depuis des décennies de s’être tu sur la persécution subie par les Juifs pendant le second conflit mondial.

    À vrai dire, il y a longtemps qu’une grande partie de la communauté historique s’accorde pour estimer que si le pape Pacelli a préféré se taire, il ne s’agissait pas pour lui d’être insensible au sort profondément inhumain vécu par le peuple juif.

    Héritier sur ce point de la voie diplomatique de son prédécesseur Benoît XV, qui pendant la Première Guerre mondiale multiplia les initiatives diplomatiques pour mettre fin au conflit, Pie XII à son tour préféra l’action souterraine et diplomatique pour venir en aide aux Juifs. Les nombreux témoignages des rescapés d’origine juive après la guerre en constituent une preuve tout comme les travaux des historiens montrant, par exemple, ses liens avec la résistance anti-nazie allemande ou avec le Président des États-Unis. Sans parler de son action à Rome même pour venir directement en aide aux Juifs quand la Ville éternelle tomba sous la coupe des nazis à partir de 1943.

    1963 : l'année charnière

    Mais, à partir de 1963, l’appréciation de l’action de Pie XII a commencé à changer avec la sortie de la pièce Le Vicaire de l’Allemand Rolf Hochhuth qui, largement répercutée par les réseaux et la presse communiste, a donné comme le coup d’envoi à la campagne de calomnies contre Pie XII.

    Paradoxalement, ce vaste mouvement ininterrompu contre Pie XII aura conduit à un travail d’approfondissement historique sur son action. Du côté de l’Église, les travaux historiques du Père Blet ainsi que l’enquête en vue du procès pour la béatification du pape Pacelli menée par les Pères Molinari et Gumpel en témoignent à eux seuls. Sur un autre plan, les vertus héroïques de Pie XII ont été reconnues en 2009 et sa béatification est toujours dans l’attente du miracle nécessaire.

    Pour aller plus loin :

    L'Hiver le plus long, 1943-1944 : Pie XII, les Juifs et les nazis à Rome, Andrea Riccardi, Desclée De Brouwer, 446 pages, 24,90 €

  • Saint John Fisher et saint Thomas More; "avec le temps, la vérité finit toujours par se manifester"

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    Du blog de la Famille Missionnaire de Notre Dame (Blog Domini) :

    Avec le temps, la vérité finit toujours par se manifester

    22 juin 2017 : Saints John Fisher et Thomas More (Fr. Clément-Marie)

    Ces deux saints anglais font partie des saints les plus attachants.

    John Fisher est né en 1469. En 1504, il devient chancelier de l’université de Cambridge, puis est nommé la même année évêque de Rochester. C’était un homme très priant et très humble, à l’âme missionnaire. Il prit pour devise : « Je ferai de vous des pêcheurs d’hommes (Mt 4, 19 – pêcheur se disant en anglais fisher). Le 11 avril 1534, il est convoqué à Londres avec tous les évêques du royaume pour prêter le serment déclarant le roi Henri VIII chef suprême de l’Église – reconnaissant ainsi également le remariage illégitime du roi avec Anne Boleyn. Là, un évêque prend la parole pour dire devant le roi que tous les évêques du royaume ont donné leur signature. Une voix s’élève, celle de l’évêque de Rochester : « Non, Monseigneur, pas moi ! Vous n’avez pas mon consentement sur ce point. » Peu après, il est incarcéré dans la tour de Londres, où il restera 14 mois. Le 20 mai 1535, le Pape Paul III, pour lui exprimer son soutien, le nomme cardinal. Henri VIII dira : « Nous enverrons sa tête à Rome pour recevoir le chapeau. » Les interrogatoires vont se multiplier pour faire céder ce dernier évêque (tous les évêques ont cédé, ainsi que toutes les universités – sauf celle de Rochester). Mais il résiste. Il est condamné à mort. Le 22 juin au matin, à 5 heures, on vient le chercher dans sa cellule. Il demande alors à quelle heure aura lieu l’exécution. On lui répond : « À 9 heures – Quelle heure est-il donc ? – 5 heures. » Alors l’évêque demanda calmement à dormir deux heures de plus. Puis il se revêtit de son plus bel habit, et fut décapité.

    Thomas More est né en 1478. Pie XI l’a décrit lors de sa canonisation en disant : « Quel homme complet ! » C’est très juste… Il est considéré tout à la fois comme juriste, historien, philosophe, humaniste, théologien et homme politique. Mais il fut aussi un époux et un père de famille admirables. Après des études brillantes, il fait une longue retraite pour réfléchir à sa vocation. Puis il se marie en 1505 avec Jane Colt dont il aura trois filles et un fils. Il perd son épouse en 1511 et se remarie avec Alice Middleton, veuve et mère de deux enfants. Il fait donner à ses enfants (donc aussi, chose rare alors, à ses filles) une éducation intellectuelle de haut niveau. Il écrit cependant : « Que mes enfants mettent la vertu à la première place, et la science à la seconde. » Sa maison est un havre de paix et de bonne humeur, où l’on fait chaque jour la prière en famille. Thomas More est plein d’humour, et très agréable à vivre, tout en étant rigoureux dans sa foi et l’accomplissement de son devoir d’état. Il écrit dans L’utopie : « On me reproche de mêler boutades, facéties et joyeux propos aux sujets les plus graves. Avec Horace, j’estime qu’on peut dire la vérité en riant. Sans doute aussi convient-il mieux au laïc que je suis de transmettre sa pensée sur un mode allègre et enjoué, plutôt que sur le mode sérieux et solennel, à la façon des prédicateurs. » Il occupe des fonctions de plus en plus importantes, qu’il remplit avec désintéressement et dans un profond esprit de service. Au milieu de ses multiples activités, il mène une vie de prière très intense : il prie au moins trois heures par jour, se levant souvent pour cela à 3 ou 4 heures du matin. Quand il le peut, il consacre son vendredi à la méditation de la Passion dans un oratoire un peu retiré.

    En 1529, il est nommé par le roi Henri VIII chancelier du royaume (l’équivalent de premier ministre). Il restera toujours très humble, allant toujours chanter à la chorale paroissiale en surplis… C’est alors que commencent les démêlés avec le roi, qui demande à Thomas More de signer une lettre pour que le Pape annule le mariage du roi. Il refuse. Les relations se compliquent. En 1532, Thomas More donne sa démission, prétextant des raisons de santé, et se retire. En 1533, son absence est très remarquée lors du couronnement d’Anne Boleyn, et le roi – comme cette dernière – en est extrêmement irrité. Thomas More reste toujours très mesuré et paisible.

    En 1534, Thomas More est convoqué afin de donner son assentiment à l’acte de suprématie du roi. Il va mener un grand combat intérieur, réfléchissant à toutes les conséquences de son refus. Mais il choisit la fidélité à sa conscience. Devant son refus, il est emprisonné à la Tour de Londres en avril 1534. Là, il s’unit profondément à la Passion de Jésus, sur laquelle il écrira son dernier ouvrage. Sa grande souffrance sera l’insistance de son épouse, et de sa fille préférée qui le supplient de céder aux demandes du roi. Cela le plonge dans une profonde douleur intérieure… Son épouse vient le visiter en prison, et lui rappelle qu’il lui suffit de signer pour retrouver sa belle maison où il peut vivre si heureux. Mais il répond à son épouse sans se départir de son humour : « Dis-moi, cette maison [la prison] n’est-elle pas aussi proche du ciel que la mienne ? » Il est très humain, redoute la mort, et est inquiet à l’idée que sa fragilité pourrait, comme saint Pierre, le conduire à renier. Il demande dans la prière la force d’être fidèle à sa conscience. Le 6 juillet 1535, quelques jours après John Fisher, il est décapité, ayant pardonné de tout son cœur.

    Il est canonisé en 1935, et déclaré en l’an 2000 par Jean-Paul II patron des hommes politiques. Fut ainsi confirmé le proverbe que Thomas More avait mis en exergue dans un de ses livres : « Avec le temps, la vérité finit toujours par se manifester. »

  • Un résistant italien, victime du nazisme, reconnu comme martyr et en voie de béatification

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    De zenit.org :

    Teresio Olivelli, Italien laïc, résistant et martyr du nazisme

    Décret de la Congrégation pour les causes des saints

    Le pape François a autorisé la publication d’un décret reconnaissant le martyre du vénérable Teresio Olivelli (1916 – 1945), laïc italien tué en haine de la foi le 17 janvier 1945, au camp nazi de Hersbruck (Allemagne). Cette reconnaissance ouvre la voie à sa béatification.

    Soldat, résistant au fascisme et au nazisme, fondateur d’un journal clandestin à Milan, Teresio Olivelli fut déporté en 1944. Il mourut à 29 ans des suites des coups mortels reçus d’un kapo pour avoir cherché à servir de bouclier par son corps à un jeune prisonnier ukrainien qui était brutalement tabassé.

    Dans le camp de concentration, Teresio Olivelli est aussi connu pour avoir assisté jusqu’au dernier moment un autre martyr catholique, béatifié en 2013 : Odoardo Focherini, Italien, père de famille, journaliste.

    Teresio Olivelli était aussi membre de l’Action catholique italienne. En recevant les membres du mouvement au Vatican en avril dernier, le pape François avait salué sa mémoire parmi « les grands témoins de sainteté qui ont tracé la route de votre association ». « Action Catholique, avait-il ajouté, vis à la hauteur de ton histoire ! Vis à la hauteur de ces femmes et de ces hommes qui vous ont précédés ».

    Son procès de béatification a été ouvert en 1988 et l’héroïcité de ses vertus a été reconnue en décembre 2015. Avec la reconnaissance de son martyre, aucun autre miracle n’est requis pour la béatification. En revanche pour la canonisation, il faudra un miracle attribué à son intercession.

  • Un archevêque lituanien victime des persécutions soviétiques bientôt béatifié

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    De Sylvain Dorient sur aleteia.org :

    Du goulag à l’empoisonnement : Mgr Matulionis va être béatifié

    Le 16 décembre 2016, le pape François a déclaré le lituanien Mgr Teofilius Matulionis « martyr de la foi », ouvrant ainsi la voie à sa béatification. L’archevêque avait été empoisonné en 1962 par la police secrète soviétique, à l’âge de 89 ans. Il sera le premier martyr de l’ère communiste à être béatifié.

    Cette fin brutale est la conclusion d’une vie ponctuée de persécutions. Dès 1909, neuf ans après son ordination, il est condamné pour avoir baptisé un enfant dont un parent était orthodoxe et l’autre catholique. Il est alors reclus dans un couvent dominicain, à la demande du gouvernement tsariste. À cette époque, les pays baltes — à majorité catholique — appartiennent à l’Empire russe et l’Église catholique, considérée comme un facteur de sédition, était placée sous étroite surveillance.

    Lire la suite sur aleteia.org

     

  • Un épisode peu glorieux du Mouvement wallon pendant la seconde guerre mondiale

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    Du site de l'Académie Royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique :

    Les séparatistes wallons et le gouvernement de Vichy (1940-1943), un ouvrage d'Hervé Hasquin

    L’« Omerta » ou la loi du silence a permis d’occulter pendant plus d’un demi-siècle un épisode peu glorieux du Mouvement wallon pendant la seconde guerre mondiale. Or, une figure emblématique de ce Mouvement, l’imprimeur-éditeur Georges Thone, futur président du Grand Liège et l’un des fondateurs du Rassemblement wallon (1968) fut le chef de file incontesté d’un certain nombre de personnalités réfugiées dans la zone libre et qui de juillet 1940 à janvier-février 1943, ont tenté de négocier le rattachement de la Wallonie à la France.

    Dans quelles conditions Thone discutait-il avec l’entourage du Maréchal Pétain et des gouvernements successifs de Vichy ? Qui étaient ces wallons, journalistes, écrivains, hommes politiques qui l’entouraient et recevaient une aide financière du régime ? Qui étaient les « amis liégeois » de Thone pendant cette période ?

    Historien, chercheur et docteur en Philosophie et Lettres, Hervé Hasquin enseigna à l’Université libre de Bruxelles à partir de 1970 ; il en fut le recteur (1982-1986) et le président du Conseil d’administration (1986-1995). Parallèlement, il mena une carrière politique (sénateur, député, ministre) entre 1987 et 2007. Il a présidé l’Institut d’étude des religions et de la laïcité de l’ULB pendant de très nombreuses années, ainsi que le Centre de l’égalité des chances et la lutte contre le racisme (2008-2011). Il a été élu Secrétaire perpétuel de l’Académie royale de Belgique à la fin de l’année 2007.

    Commande

  • Liège : renouveau au sanctuaire de Cornillon et festivités populaires de la Fête-Dieu 2017

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    Quatre jours pour fêter Dieu à Liège

    Fête-Dieu 2017.jpg

    Une conférence de presse était organisée au Carmel de Cornillon ce mercredi 7 juin en présence de Mgr Delville, évêque de Liège, pour communiquer sur la célébration de la Fête-Dieu à Liège, du 15 au 18 juin prochains. Voici la synthèse de ces manifestations :

    Jeudi 15 juin

    9h30 Laudes animées par les bénédictines à St Martin
    10h00-18h00 Journée d’adoration à St Martin
    19h00 Eucharistie festive de la Fête-Dieu, présidée par le Cardinal De Kesel et concélébrée par Mgr J-P. Delville, évêque de Liège, à St Martin
    20h15 Procession solennelle
    21h30-24h00 NightFever & bougies pour la paix à la Cathédrale

    Vendredi 16 juin

    9h00 Eucharistie à la Cathédrale
    9h30 « Donne nous notre pain de ce jour ». Conférence sur la nouvelle version du Notre Père, à la Cathédrale
    10h-17h Journée d’adoration, animée par le MEL, à la Cathédrale
    20h00 « Donne nous notre pain de ce jour ». Conférence sur la nouvelle version du Notre Père, à Saint-Remacle

    Samedi 17 juin

    14h00-18h00 Balade contée aux sources de sainte Julienne, à Retinne
    14h00-18h00 Exposition « 700 ans de la procession de la Fête-Dieu de 1317 », à l’église du Saint-Sacrement
    18h00 Solennité de la Fête-Dieu célébrée selon le missel de saint Jean XXIII, par Mgr Jean-Pierre Delville, à l’église du Saint-Sacrement, avec le concours de la Schola Antiqua de Madrid et le Quatuor Genesis

    Dimanche 18 juin

    10h00 Louange et messe animées par la communauté de l’Emmanuel, au Carmel de Cornillon
    12h00-17h00 Adoration eucharistique, au Carmel de Cornillon
    16h00 « Sainte Julienne, une messagère pour aujourd’hui », conférence de Mgr J-P. Delville Eglise, à l’église Sainte- Julienne de Retinne
    16h30 Vêpres et Salut au Saint-Sacrement, au Carmel de Cornillon

    Pendant ces quatre jours, plusieurs célébrations et événements seront proposés, en particulier la traditionnelle et 771ème célébration annuelle de la Fête-Dieu le jeudi 15 juin en la basilique Saint-Martin à 19h. L’eucharistie solennelle sera présidée par le cardinal Jozef De Kesel,

    Tous les détails sont repris sur le site : www.liegefetedieu.be

    Renouveau au sanctuaire de sainte Julienne de Cornillon

    Cornillon.jpg

    Cette conférence de presse était aussi dédiée à l’annonce d’une nouvelle destinée pour ce qui s’appelle aujourd’hui encore le Carmel de Cornillon :

    Un grand changement s’annonce au sanctuaire de sainte Julienne de Cornillon à la porte orientale de la Cité ardente. C’est le lieu où Julienne, grande figure féminine liégeoise médiévale et instigatrice de la célébration de la Fête-Dieu, fut directrice du grand hôpital de la cité ardente au Moyen-Âge. La léproserie de Cornillon est attestée dès 1176. C’est actuellement le carmel de Liège.

    Après 157 années de présence active et contemplative dans ce haut-lieu spirituel, les Carmélites de Cornillon vont céder leur monastère aux Clarisses, une autre famille de religieuses contemplatives fondée par sainte Claire d’Assise.

    Déterminées à vivre leur vocation au Carmel pour l’Église et le monde, comme le désirait leur mère sainte Thérèse d’Avila, les carmélites, précise le communiqué officiel, ont estimé en dialogue avec leurs supérieurs qu’elles n’étaient plus dans les conditions normales pour y correspondre : trop de différences d’âges et de soucis de santé, combinés à un manque de vocations. La décision a été prise de suivre un chemin inattendu : la fermeture de leur cher Carmel. Elles vont rejoindre d’autres carmels ou des maisons de repos.

    Les clarisses du monastère de « Hannut-Bujumbura » sont déjà présentes et très appréciées dans le diocèse de Liège. Les similitudes entre sainte Julienne et sainte Claire sont nombreuses, comme par exemple les années de naissance, 1192 et 1194. Elles sont aussi représentées de manière similaire, chacune tenant en main un ostensoir avec l’eucharistie : en effet, pour chacune des deux, la communion au corps du Christ, l’eucharistie, était au cœur de leur spiritualité.

    En outre, le sanctuaire va développer un nouveau béguinage contemporain, pour accueillir des laïcs et des familles répartis dans huit unités autonomes de logement. Ils associeront un beau cadre de vie sécurisée tout en participant, modestement et à leur mesure, au renouveau de ce haut-lieu spirituel. Ce projet immobilier va contribuer à la revitalisation des quartiers d’Amercoeur et de la Chartreuse. Liège est un des berceaux des béguinages, attestés dès 1173 et initiés par le prêtre liégeois Lambert le Bègue, en contrebas de Saint-Martin et près de l’actuel boulevard de la Sauvenière.

    Le père Patrick Bonte, osc, commissaire apostolique du Sanctuaire de Cornillon commente : « Dans la longue tradition de prière et d’accueil des pauvres à Cornillon, nous remercions vivement les carmélites pour leur présence au cœur de la ville depuis 1860. Comme elles, nous regrettons le manque de vocations et de ressources humaines suffisantes pour pérenniser leur présence. Elles-mêmes se réjouissent de l’arrivée d’une partie de la jeune communauté des sœurs clarisses du couvent de Hannut. La plupart de ces religieuses belgo-burundaises habitent en Belgique depuis les événements de 1994 et leur couvent de Bujumbura fut co-fondé par deux clarisses liégeoises : Mère Marie-Agnès Baré et mère Marie-Françoise Wagelmans. C’est un beau signe d’unité entre les peuples. »

    Selon Jacques Galloy, chargé du projet de redéveloppement "ce projet a pour ambition de contribuer au renouveau de la porte orientale de la ville, dans le quartier d’Amercoeur. Outre le monastère des clarisses contemplatives et le développement d’un béguinage contemporain, le sanctuaire va poursuivre la fabrication de plus de 2.000.000 d’hosties par an pour le diocèse de Liège et au-delà. La chapelle médiévale où pria sainte Julienne restera un grand poumon spirituel au cœur de la ville et un petit vignoble sera replanté sur les coteaux pour illustrer l’attachement du sanctuaire à la célèbre fête du corps – hosties – et du sang – le vin – du Christ. Un comité se met en place pour porter ce renouveau de ce haut-lieu de spiritualité et d’hospitalité. "

    Voici le calendrier de la transition :

    Lundi 7 août 2017, 17h00, fête de sainte Julienne, messe d’action de grâces pour les 157 années de présence des carmélites à Cornillon.

    Vendredi 11 août 2017, fête de sainte Claire, remise privée des clés aux clarisses.

    Dimanche 8 octobre 2017, 15h00, premier dimanche suivant la fête de saint François d‘Assise, ami de sainte Claire, messe d’installation des clarisses.

    Ces célébrations seront présidées par Mgr Jean-Pierre Delville, évêque de Liège, et en présence du père Patrick Bonte, osc, vicaire épiscopal à la vie religieuse et aux mouvements, commissaire apostolique délégué du Vatican pour le sanctuaire.

    Contacts

    Service de Presse & de Communication du Diocèse de Liège

    Tél.: +32 (0)4/223.15.26 – @: communication@evechedeliege.be

     JPSC