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Histoire - Page 119

  • La cause de béatification du journaliste anti-nazi Fritz Gerlich suit son cours

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    De Marina Droujnina sur zenit.org :

    Procès diocésain de béatification du journaliste anti-nazi Fritz Gerlich

    Le père de Joseph Ratzinger le lisait

    Fritz Gerlich (1883-1934) @ Il Sismografo

    Fritz Gerlich (1883-1934) @ Il Sismografo

    La phase diocésaine de la cause de béatification du journaliste allemand Fritz Gerlich (1883-1934), assassiné à Dachau, a été ouverte le 17 juillet 2017, indique le blog proche du Saint-Siège Il Sismografo.

    Il constitue un modèle de lutte jusqu’au bout pour la liberté de conscience et la liberté de la presse dans un contexte de terreur et de dictature totalitaire. Il pourrait être béatifié en tant que martyr.

    Le diocèse de Munich-Freising, en Allemagne, a confirmé qu’un postulateur avait été nommé.

    Né le 15 février 1883 à Stettin, Fritz Gerlich est élevé dans un environnement calviniste. Il obtient son diplôme d’études secondaires en 1901. Il déménage à Munich pour poursuivre ses études universitaires, ou, le 9 octobre 1902, il épouse Sofia Stempfle. De 1920 à 1928, il est directeur du quotidien principal de Bavière, le Münchner Neueste Nachrichten, prédécesseur de l’actuel Süddeutsche Zeitung. Depuis 1923, après la tentative de coup d’État d’Adolf Hitler, Gerlich remarque la sympathie grandissante dans l’opinion pour le parti nazi. Il devient ainsi l’un des principaux opposants au parti national-socialiste et à Hitler. En 1927, il rencontre la mystique catholique, stigmatisée, Teresa Neumann. Ayant eu l’intention, au début, de démasquer la « duperie » des stigmates que présente Teresa, Gerlich embrasse au contraire la foi catholique. En 1929, il publie ses expériences et le résultat de ses études critiques sur Teresa. En 1930, Fritz Gerlich fonde le périodique Der Gerade Weg dont il fait, sur un ton polémique un outil de lutte contre le nazisme et le communisme. Un certain gendarme, anti-nazi également, Joseph Ratzinger père, lisait cette publication, avec les risques que cela représentait: c’est son fils Georg Ratzinger qui en a témoigné dans son livre « Mon frère le Pape ». Son opposition à l’idéologie du national-socialisme est claire. Dans l’édition du 31 juillet 1932, il écrit : « Voici ce que signifie le national-socialisme : le mensonge, la haine, le meurtre et une misère sans limites ». Fritz Gerlich est arrêté dans les bureaux de sa rédaction le 9 mars 1933 et il est emprisonné au camp de concentration de Dachau. Après 15 mois de tortures, il y est assassiné lors de la nuit des Longs Couteaux, le 30 juin 1934. Il fait partie des Allemands qui, à l’instar des jeunes résistants de la «Rose blanche», du colonel Claus Schenk von Stauffenberg, du pasteur Dietrich Bonhöffer, du bienheureux évêque Clemens August von Galen et d’autres bienheureux qui l’ont payé de leur vie, se sont publiquement opposés à la barbarie nazie.

  • Quand la Révolution Russe inventait le totalitarisme

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    De Stéphane Courtois, "historien, directeur de recherche au CNRS, coordinateur du "Livre noir du communisme", ancien maoïste", sur le site de la Libre :

    Entre 1917 et 1922, Lénine a inventé le totalitarisme, à savoir une domination totale sur le pouvoir politique, sur la société et sur l’individu. Attention à ne pas effacer les expériences totalitaires et dramatiques du XXe siècle et de repartir dans les illusions. "

    Cent ans après la révolution russe, quelle lecture nos contemporains devraient-ils avoir de cet événement ?

    Ils doivent sortir de la légende d’"une mémoire glorieuse de la grande révolution prolétarienne mondiale", créée par les bolcheviques, et analyser 1917 avec un regard historique. La révolution russe est en réalité la succession de quatre événements. Quand en mars 1917, le Tsar abdique, c’est tout le système autocratique autour des Romanov qui s’effondre. Sur ce vide politique se concurrencent deux pouvoirs : le gouvernement provisoire et le Comité exécutif central des Soviets. Le 7 novembre, sous les ordres de Lénine, un groupe de socialistes - les bolchéviques - s’empare de points stratégiques à Petrograd. Le lendemain, ayant pris le pouvoir, Lénine instaure une dictature. Là on peut parler d’une révolution bolchévique puisque Lénine a conçu un scénario en fonction d’une doctrine marxiste des plus radicales : détruire la société privée et instaurer une société communiste en réprimant avec violence tous les opposants. Entre 1917 et 1922, il crée ainsi le premier régime totalitaire à savoir une domination totale sur le pouvoir politique puis sur la société et in fine sur l’individu par le monopole de la pensée, concrétisé par le Glavlit soit la censure généralisé sur la presse, la littérature et l’enseignement. L’inventeur du totalitarisme fera des émules, Mussolini puis Hitler vont s’intéresser à ce nouveau type de régime.

    Lénine n’est-il pas le révolutionnaire qui a ouvert la porte aux droits sociaux et au droit des peuples à disposer d’eux-mêmes ?

    Au contraire, puisque dès décembre 1917, Lénine déclare la guerre à l’Ukraine indépendante. Lénine est aussi celui qui, dès 1918, crée le premier système concentrationnaire et qui, à partir de septembre 1918, met à l’ordre du jour la terreur de masse comme moyen de gouvernement.

    Ce qui vous amène à comparer le communisme - "génocide de classe" - au nazisme - "génocide de race" ?

    Je n’assimile pas mais compare l’organisation des deux mouvements et le nombre des victimes. L’ampleur des crimes commis sous les régimes communistes est gigantesque : que ce soit en URSS, en Chine ou au Cambodge de Pol Pot. On ne peut que s’interroger sur les crimes de même envergure commis au XXe siècle par un autre régime, celui des nazis. Les régimes diffèrent mais le totalitarisme est un des éléments communs.

    Allez-vous jusqu’à considérez comme Ernst Nolte que, par essence, le communisme a une nature criminelle ?

    Le communisme n’est pas une idée de Lénine, on peut le faire remonter à la société parfaite sans propriété privée de Platon ou à "Utopia" de Thomas More. Mais il ne s’agissait-là que de "littérature". Je ne m’appesantis pas sur Marx, l’idéologue en chambre. Lénine, lui, fut l’idéologue d’action. Le XIXe siècle a connu de nombreux antisémites en termes de discours et de discriminations. Puis Hitler est passé à l’action pour réaliser une société sans juifs. Avec Lénine, nous sommes confrontés au passage à l’acte d’une idéologie radicale avec des conséquences tragiques.

    Aujourd’hui, de plus en plus de jeunes se retrouvent dans des groupes marxistes ou communistes en réaction à l’ultralibéralisme. Qu’en pensez-vous ?

    Avec le développement des mouvements - PTB, Mélenchon ou Podemos -, on efface avec une éponge les gigantesques expériences totalitaires du XXe siècle et on repart dans les illusions. C’est agréable une illusion mais elle n’a pas de relation avec la réalité. Quel est l’enjeu depuis 1917 ? Entre les totalitarismes ou la démocratie, il faut choisir son camp. La démocratie est le pire des régimes à l’exception de tous les autres, disait Churchill. Non, la démocratie n’est pas parfaite. Non, le régime capitaliste - avec son économie de marché - n’est pas parfait avec toutes ses inégalités. Mais les solutions avancées ne sont-elles pas dix fois pires ?

    Est-ce le sens du colloque (*) que vous animez ?

    Il doit dresser un bilan historique, sortir de la mythologie, de l’idéologie et de ce cercle magique de l’illusion - ancien révolutionnaire maoïste, j’en sais quelque chose - pour regarder les réalités en face : arriver à faire fonctionner nos démocraties sans sortir de nos principes démocratiques.

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    (*) Le 13 et 14 novembre, l’Académie royale de Belgique organise au Palais des académies un colloque intitulé "Il y a cent ans, la révolution russe" et coordonné par Joël Kotek (ULB) sous la responsabilité académique de Hervé Hasquin. Stéphane Courtois y sera un des intervenants. Quelle vision devons-nous retenir de cet événement fondateur du terrible XXe siècle, pour reprendre l’expression d’Albert Camus ? Une révolution ou un coup d’Etat ? Un exploit ou une catastrophe ?

  • 109 religieux espagnols, morts pour leur foi au cours de la Guerre civile en Espagne, ont été béatifiés en tant que martyrs

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    De zenit.org :

    Béatification de 109 clarétains espagnols martyrs

    Ce sont 109 religieux espagnols, de la Congrégation des Fils du Cœur Immaculé de Marie, morts pour leur foi au cours de la Guerre civile en Espagne, entre 1936 et 1937, qui ont été béatifiés en tant que martyrs, ce samedi 21 octobre 2017 dans la basilique de la Sagrada Familia à Barcelone (Espagne).

    L’envoyé du pape François, le cardinal Angelo Amato, préfet de la Congrégation pour les Causes des Saints, a présidé la messe de béatification.

    Il s’agit des clarétains – fondés par saint Antoine-Marie Claret – : le père Mateo Casals, Teofilo Casajús, Ferdinando Saperas et de leurs 106 compagnons issus également de la même Congrégation.

    Le quotidien du Vatican publie une note biographique du frère Ferdinando Saperas (1905-1936), un des 109 martyrs.

    Il naît à Alió, dans la province de Tarragone, le 8 septembre 1905. En 1912, il perd son père et sa mère doit prendre soin de trois enfants. Elle ouvre une petite poissonnerie à Valls où ils déménagent.

    À treize ans, Ferdinando travaille dans les champs et puis comme serveur à l’hôtel. Très pieux, il participe à la messe quotidienne dans sa paroisse.

    En 1925, il commence son service militaire à Barcelone. Sa caserne se trouve à côté du sanctuaire du Cœur de Marie, tenu par les missionnaires clarétains. C’est à ce moment que naît sa vocation à la vie consacrée.

    Il entre chez les clarétains le 14 août 1929. Après un an de noviciat, en août 1930, il est envoyé comme cuisinier à Alagón (Saragosse). Le 13 octobre, il devient cuisinier adjoint à Cervera, où vit une communauté de 243 clarétains.

    La proclamation de la République, le 14 avril 1931, entraîne aussi des changements chez les missionnaires. Frère Ferdinando est désormais concierge, parce qu’il est robuste et très discret. La conciergerie est loin des habitations et quand il doit appeler quelqu’un, il marche longtemps le long des corridors en récitant le chapelet.

    Quand les persécutions contre l’Église avec l’assassinat des moines et des prêtres commencent, son frère Juan vient le ramener chez lui, mais Ferdinando refuse. Au début du février 1934, il est transféré à Mas Claret, ou il est responsable de la cuisine et des animaux domestiques.

    En été 1936, on ne lui permet pas de faire les voeux perpétuels et le met devant un choix: quitter la congrégation ou faire une année supplémentaire de probation. Il accepte de faire encore une année, car il croit en sa vocation de religieux.

    Le 21 juillet 1936, la communauté doit quitter le couvent à cause des menaces des milices. Frère Ferdinando se réfugie dans une famille à Montpalau. Il se met au service des propriétaires qui tiennent un bureau de tabac et un bar. Il ne quitte jamais la prière et son désir de devenir religieux, même si plusieurs gens lui conseillent de se marier et de penser à se sauver.

    À cause des insultes et des malédictions à son adresse, le propriétaire le transfère dans un abri provisoire à Cal Berenguer de Villagrasseta. De là, Fernando va au nord de Mas Claret. Pris par quatre miliciens, il est victime d’abus et de harcèlement.

    Le frère Fernando est fusillé le 13 août 1936. Il est inhumé au cimetière de Tárrega.

  • Sapiens ?

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    Une chronique de l’abbé Eric de Beukelaer dans « La libre Belgique » :

    « Si nos ancêtres ont commencé à se poser des questions de sens, un "sens" ne mérite-t-il pas d’être recherché ?

    Cet été, j’ai lu "Sapiens", le best-seller de Yoval Noah Harari (éd. Albin Michel), qui me fut offert par une amie athée. Dans un style accessible, cet ouvrage érudit décrit l’avènement de notre espèce - le "Sapiens" - et sa conquête de la terre. Ainsi, l’auteur souligne que ce qui rendit notre aïeul supérieur à ses cousins "Erectus" ou "Neandertalis" (et lui permit au passage d’éliminer nombre d’espèces animales…) fut sa capacité à déployer son imagination et à communiquer grâce au langage. Avec pour effet que des bandes de chasseurs-cueilleurs se sont fédérées en villes et nations, car unies par des mythes fondateurs. L’univers du religieux engendra ainsi l’ordre politique, et l’intelligence humaine coopéra, de la sorte, à plus grande échelle. Autrement dit, ce serait sa capacité à se raconter des histoires et à y croire, qui aurait rendu Sapiens maître du monde.

    Je suis disposé à admettre cette théorie, mais le regard strictement matérialiste de l’auteur, limite son analyse. Si l’ouvrage illustre "comment" la religion serait apparue et en vue de quel gain évolutif, jamais n’est abordée la question du "sens" de pareille évolution. Je m’explique par comparaison : les sciences naturelles ont démontré que des poissons ont commencé à évoluer en dehors du milieu aquatique en développant des poumons à partir de branchies. Pareil gain évolutif fut cependant possible… parce que l’oxygène existe. Pourquoi en serait-il autrement avec l’accès de Sapiens à la pensée religieuse ? Si nos ancêtres ont commencé à se poser des questions de sens, n’est-ce pas aussi parce qu’un "sens" mérite d’être recherché ? Par la conscience qu’il a de lui-même, Sapiens n’est pas prisonnier de l’instant. Il s’appartient mentalement et devient de la sorte le gardien de son passé. Ceci le rend curieux de son avenir. La démarche religieuse - qu’elle soit primitive et magique, ou élaborée et éthique - ouvre l’homme à ce qu’il cherche plus encore que du pain : le sens de sa vie. Evidemment, la question de fond demeure : la quête religieuse rejoint-elle une réalité transcendante ("Dieu" pour le croyant) ou n’est-elle qu’une géniale prothèse, inventée par Sapiens pour nourrir son goût de vivre ? La raison humaine n’est pas en mesure de trancher pareil dilemme. L’acte de foi (croyant ou athée) est un passage obligé. Mais la question, elle, ne peut être éludée.

    Pour illustrer mon propos, imaginons une tribu amazonienne, préservée de tous contacts avec l’Occident, à laquelle un explorateur apporterait un poste de télévision. Dans un premier temps, les indigènes pensent que les images habitent la petite boîte magique et une grande crainte se saisit du village. Mais bientôt la curiosité l’emporte et après avoir tué l’explorateur, ils s’en prennent à l’objet. Le plus vaillant des guerriers s’avance et lui fracasse la carapace. Tous découvrent alors qu’elle ne contient aucune image, mais des pièces muettes qu’ils jettent dans le fleuve. Le soir venu, la tribu entonne une danse de victoire, tout en dégustant l’explorateur. Par leur bravoure, ils ont vaincu la machine à image et découvert qu’elle n’était que du vent ! Dans un coin, seul le vieux sorcier demeure pensif : mais alors, ces images d’où venaient-elles ? Ne représenteraient-elles pas à un autre monde lequel - bien qu’"ailleurs" - n’en serait pas moins réel ? Notre civilisation me fait penser à ces indigènes. La boîte à symboles qu’était la religion de nos grands-mères faisait peur avec ses menaces de damnation. Nous l’avons donc déconstruite en mettant à nu ses innombrables rouages psychologiques, sociologiques et historiques. Puis, beaucoup ont tout jeté aux oubliettes de l’histoire. Mais la question demeure : et si le message de la religion renvoyait Sapiens à une Réalité autrement plus réelle que les mirages dont la société de consommation gave son quotidien ?

    --> Le titre est de la rédaction. Titre original: Sapiens...

    Contribution externe »

    Ref. La religion, un outil pour conquérir la terre?

    Vraiment et pour quoi faire ?

    Par l’homme, écrivait Pascal, l’univers sait qu’il existe. La conscience réflexe révèle une nouvelle dimension de notre univers et, par là même,  l’ampleur du drame de sa condition mortelle. Car la figure de ce monde passera comme celle de chaque homme après quelques tours de carrousel autour d’une étoile perdue dans l’innombrable cortège des galaxies dont la course est sans objet apparent. Rien mieux que l’art funéraire alexandrin exposé au musée des antiquités d’Athènes ne peut rendre l’infinie tristesse d’un monde sans véritable espérance : dans la religion du monde gréco-romain, les dieux eux-mêmes sont soumis à la fatalité aveugle du destin, dont ce monde fut en fin de compte libéré par la foi chrétienne. Que celle-ci s’étiole à son tour, on voit aussitôt réapparaître, comme de nos jours, les tentations mortifères d’une civilisation au déclin. Après Bernanos et de Lubac au siècle dernier, Rémi Brague (Prix Ratzinger 2012) a bien montré l’impasse à laquelle se heurte l’humanisme athée contemporain.

    JPSC

  • Les points noirs de l'histoire de l'Eglise; pour en finir avec vingt siècles de polémiques

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    Les points noirs de l'histoire de l'Eglise

    Michael Hesemann

    Jean-Baptiste Valette (Traduction)

    Date de parution aux éditions Artège : 08.02.2017

    EAN : 9782360403578

    Nombre de pages : 424

    Catégorie : Histoire

    Présentation :

    L'Église catholique a 2000 ans d'histoire et sa part d'ombre. Mais de nombreux mythes, légendes et falsifications s'y sont ajoutés, assombrissant encore l'image d'une institution souvent qualifiée d'« obscurantiste ».

    Pie XII est-il le pape d'Hitler ? Les francs-maçons descendent-ils des Templiers ? L'Inquisition est-elle l'oeuvre de moines fanatiques ? Le procès Galilée condamne-t-il la science au nom de la foi ? Les croisades en Terre Sainte ou contre les Cathares sont-elles des agressions injustifiables ?

    Preuves de la persistance actuelle de ces vieux mythes : le Da Vinci code de Dan Brown ou le film Amen de Costa-Gavras, avatars modernes de ces légendes. Leur point commun ? Des succès commerciaux planétaires et un souci du détail historique plus que discutable.

    Dans ce livre à la fois érudit et captivant, Michael Hesemann s'attache à déconstruire méthodiquement vingt des plus grands mythes sur l'Église, sans nier les dérives. Au fil des pages, l'auteur dévoile ainsi l'identité des véritables « obscurantistes » qui occultent la vérité historique. C'est ce que rappelle cet ouvrage essentiel.

    Traduit de l'allemand par Jean-Baptiste Valette

    Michael Hesemann, né en 1964, est historien, écrivain et journaliste. Spécialiste d'histoire ecclésiastique, il a aussi étudié l'anthropologie culturelle, la littérature et le journalisme à l'université de Göttingen en Basse-Saxe. Il vit aujourd'hui entre Rome et Düsseldorf.

  • Les chrétiens cachés du Japon; l’histoire d’un miracle catholique en Extrême-Orient

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    De Sandro Magister, traduit sur diakonos.be :

    Les chrétiens cachés du Japon. Trop dérangeants pour ce pontificat

    Le Pape François a fait part à plusieurs reprises de son admiration pour les « chrétiens cachés » du Japon, réapparus miraculeusement avec une foi intacte dans la seconde moitié du dix-neuvième siècle après deux siècles et demi d’anéantissement féroce du christianisme dans ce pays.

    Mais peu connaissent la véritable histoire de ce miracle presque incroyable. Le jésuite japonais Shinzo Kawamura, professeur d’histoire de l’Eglise à la Sophia University de Tokyo et auteur des études les plus récentes sur le sujet est revenu sur cette histoire au cours d’une conférence fascinante qui s’est déroulée jeudi 12 octobre dernier à l’aula magna de l’Université pontificale grégorienne.

    Le texte complet de cette conférence organisée à l’occasion du 75e anniversaire des relations diplomatiquesentre le Japon et le Saint-Siège se trouve sur cette autre page de Settimo Cielo :

    > Pope Pius IX and Japan. The History of an Oriental Miracle

    Nous en reproduisons ci-dessous un large extrait. Sa lecture – indispensable – nous enseigne que ce qui a permis que la foi catholique soit transmise intacte, de génération en génération, chez ces chrétiens privés de prêtres et complètement coupés du monde, ce fut essentiellement une tradition orale faite de quelques vérités décisives sur les sacrements et surtout sur la confession, suivant les enseignements du Concile de Trente.

    C’est donc le catholicisme « tridentin » qui a permis le miracle de ces « chrétiens cachés ». Avec sa doctrine du péché du pardon sacramentel, qu’ils ont anticipé chez eux par des actes répétés de contrition parfaite en l’absence d’un confesseur accompagnés de la vision prophétique qu’un jour, il finirait par arriver.

    Ces actes de contrition suivaient parfois le péché d’apostasie, c’est-à-dire le fait d’avoir publiquement piétiné le « fumie », l’image de Jésus, contraints par leurs persécuteurs de démontrer leur abjuration de la foi chrétienne sous peine de mort.

    Péché et pardon. Curieusement, pourtant, au cours de cette même célébration académique du 12 décembre à la Grégorienne, la conférence de Kawamura fut suivie par celle d’un autre spécialiste de la question, Adeline Ascenso, portugais et missionnaire au Japon qui a abordé la question de l’apostasie d’un point de vue opposé.

    En effet, dans le titre de sa conférence déjà, Ascenso parle quant à lui de « conflit et de réconciliation » plutôt que de péché et de pardon.

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  • Le communisme, cette idée chrétienne devenue folle

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    De Jean-Claude Guillebaud sur le site de l'hebdomadaire La Vie :

    Le communisme, une idée chrétienne devenue folle 

    L'aspiration à l'égalité humaine dont procède le marxisme est l'essence même du christianisme. Mais pour les communistes, tous les moyens sont bons pour y parvenir, même la violence, pervertissant ainsi l'idéal évangélique.

    Les rapports entre le marxisme et le christianisme sont plus étroits qu'on ne l'imagine. Le marxisme n'a-t-il pas instrumentalisé et déshonoré l'universalisme ou l'aspiration à l'égalité d'inspiration judéo-chrétienne ? Il singeait surtout la « promesse » omniprésente dans les textes bibliques, par exemple dans la seconde épître de Pierre : « Mais nous attendons, selon sa promesse, de nouveaux cieux et une nouvelle terre, où la justice habitera » (II Pierre 3, 13). À ce titre, le marxisme a pu être présenté comme une hérésie chrétienne ou une sanglante « contrefaçon » du christianisme.

    Chrétiens sous le communisme : une histoire occultée

    Ce dernier terme avait été utilisé par Pie XI dans son encyclique Divini redemptoris, en 1937.  « La doctrine communiste, écrivait-il, a pour moteur une contrefaçon de la rédemption des humbles. » Raymond Aron, de la même façon, avait classé en 1944 ce qu'il nommait « l'eschatologie socialiste » parmi les religions séculières (et donc hérétiques) « qui prennent dans les âmes de nos contemporains la place de la foi évanouie et situent ici-bas, dans le lointain de l'avenir, sous la forme d'un ordre social à créer, le salut de l'humanité ».

    L'hérésie léniniste consistait en une absolutisation temporelle conduisant inévitablement au crime.

    Mais on peut prolonger la réflexion. La philosophie hégélienne de l'Histoire dont le communisme procédait, la dialectique léniniste des derniers temps et de la « société communiste idéale » démarquaient directement et laïcisaient la thématique augustinienne de la Cité de Dieu, censée remplacer un jour la Cité terrestre. Une différence s'y trouvait toutefois ajoutée, mais de taille : Lénine faisait de la Cité promise un absolu, un résultat « chimiquement pur », dont l'avènement justifiait les moyens employés pour y parvenir, y compris les pires. La dictature du prolétariat devait permettre que naisse une cité idéale, débarrassée des contradictions de la société bourgeoise. 

    Chez Augustin, au contraire, les deux cités demeuraient « enchevêtrées jusqu'à la parousie »c'est-à-dire la fin des temps. Si la Cité terrestre « annonce » la Cité céleste, elle reste imparfaite et porteuse du péché. L'hérésie léniniste consistait donc en une absolutisation temporelle conduisant inévitablement au crime. C'est en cela qu'elle fut une perversa imitatio(« imitation perverse ») du christianisme.

    Les cathos de gauche se sont-ils fourvoyés avec le communisme ?

    L'histoire divinisée devint l'horizon promis aux hommes, un horizon « premier », c'est-à-dire indépassable. Pour se rapprocher d'une fin pareillement divinisée, tous les moyens devenaient légitimes, y compris la violence. On se souvient de la formule de Karl Marx sur « la violence accoucheuse de l'Histoire ». Une autre expression, de Hegel cette fois, insistait sur la « ruse de la raison ». Elle fut convoquée par les marxistes afin d'expliquer comment la violence, qui est un mal, pouvait accoucher d'un bien : l'avancée de l'Histoire humaine.

    L'espérance est aussi patiente que la philosophie de l'Histoire est impatiente ; elle est attentive quand l'autre est implacable.

    Le travestissement du messianisme originel en « philosophie de l'histoire » est assez bien résumé par cette idée d'impatience que Stéphane Mosès (mort en décembre 2007), philosophe juif et spécialiste de Franz Rosenzweig, analysait avec clarté. Pour Mosès, la mystique juive met en garde contre la tentation de l'impatience, c'est-à-dire d'une intervention prématurée des hommes dans le déroulement de l'Histoire. La responsabilité du monde à venir et le refus d'un destin prédéterminé n'impliquent nullement la précipitation.

    L'espérance chrétienne, quant à elle, fait toute sa place à l'attente. Saint Augustin l'évoque à plusieurs reprises dans ses Confessions. En outre, le messianisme juif comme l'espérance chrétienne expriment une exigence d'absolu qu'aucune réalité historique ne pourra satisfaire immédiatement sans la trahir. L'espérance est donc aussi patiente que la philosophie de l'Histoire est impatiente ; elle est attentive quand l'autre est implacable. 

    C'est en ce sens que le communisme fut bien, pendant trois quarts de siècle, une hérésie judéo-chrétienne. Cette hérésie fut meurtrière, mais relativement brève (moins d'un siècle), si on la compare au manichéisme par exemple, que saint Augustin combattait déjà au Ve siècle et qui, lui, aura été influent pendant près de 1000 ans. « Le monde est plein d'idées chrétiennes devenues folles », disait l'écrivain britannique Gilbert Keith Chesterton (mort en 1936). Le communisme, assurément, fut l'une d'elles.

  • Fluctuat nec mergitur : les tribulations d’un collège jésuite au pays des grands lacs

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    Un regard africain sur une tranche d’histoire qui peut encore nous parler en tant que Belges nous le rappelle : le temps n’est pas partout le même ni l’évolution des mentalités linéaire. Les tribulations d’un collège jésuite au pays des grands lacs nous en apportent la preuve.

    Dédié à Notre-Dame de la Victoire, dont la statue surmonte l’entrée d’honneur de cet immense bâtiment achevé dans les années 1950, le Collège des Jésuites de Bukavu (RDC) déploie aujourd’hui encore ses ailes autrefois immaculées au sommet de la presqu’île de Nya-Lukemba, face au lac Kivu.

    Comme le montre ci-dessous le film commenté par le P. José Minaku, en trois quart de siècles et plus, il a certes vieilli et payé son tribut aux vicissitudes qui jalonnent l’histoire du Congo depuis l’indépendance mais, sous le nom d’Alfajiri hérité de l’ère mobutiste, c’est toujours bien lui avec sa grande croix dominant la tour de la chapelle et le monogramme du Christ : Iesus Hominum Salvator, qui est aussi celui de la Compagnie de Jésus, restée aux commandes du navire : « Stella Duce », sous la conduite de l’étoile.

    Le monde a certes changé et la population scolaire, encore plus nombreuse qu’autrefois, est bien différente de la jeunesse coloniale qui avait motivé la fondation de ce collège en 1938 mais, et c’est ce que donne à entendre le commentaire, l’esprit demeure, conservant même une pieuse mémoire des temps anciens.

    JPSC

  • Martin Luther ou le chant du coq de la modernité

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    De Philippe Maxence sur le site de l'Homme Nouveau :

    Martin Luther, le chant du coq de la modernité

    Martin Luther, le chant du coq de la modernité

    Sous ce titre, les éditions de L'Homme Nouveau viennent de faire paraître un livre de Danilo Castellano qui, dans une approche novatrice, ausculte la Réforme protestante, principalement dans ses conséquences politiques et montre ainsi la place déterminante qu'occupe l'esprit protestant dans notre monde actuel.

    Doyen émérite de la Faculté de droit de l’université d’Udine (Italie), membre correspondant de deux académies royales espagnoles, Danilo Castellano est un philosophe connu et reconnu aussi bien dans son propre pays que dans ceux de langue hispanique. Auteur de très nombreux ouvrages, son travail porte essentiellement sur la philosophie politique et le droit. À ce titre, il est aujourd’hui l’un des plus éminents représentants des défenseurs du droit naturel classique qu’il illustre de façon aussi originale qu’incisive.

    Un auteur à découvrir

    En France, pourtant, à l’exception notable de la revue Catholica, dont il est membre du Conseil scientifique, il reste encore trop méconnu. Martin Luther, le chant du coq de la modernité, essai profondément novateur, est le premier livre qui paraît en français sous son seul nom et vient ainsi compléter les livres collectifs auxquels il a contribués. Publié à l’origine en 2016, simultanément en Italie et en Espagne, cet essai aurait dû voir le jour beaucoup plus tôt en langue française, si une série de difficultés ne s’étaient pas mises en travers pour en retarder la publication.

    Fallait-il, pour autant, renoncer à sa publication ? Nous ne le croyons pas. Les analyses qu’offre dans ce petit livre le professeur Danilo Castellano dépassent de très loin le seul moment d’une commémoration, en l’occurrence celle de la Réforme protestante. Pour Danilo Castellano, la Réforme de Luther pose, en effet, les prémisses et les fondements du monde dans lequel nous vivons. Habités par la modernité, l’Europe et les États-Unis, et non les seuls États-Unis, en sont directement issus. Saisir ce lien revient donc à mieux comprendre ce que les Allemands appellent la Weltanschauung, cette conception du monde qui préside à nos destinées. L’enjeu n’est pas mince. Il est même déterminant si l’on entend sortir des conséquences que celle-ci a produites et dont nous constatons chaque jour les méfaits.

    Extrait de la préface de l'auteur :

    Il semble plus opportun d’examiner les conséquences des théories et des choix de Luther sur le plan éthique, politique, juridique, les conséquences sur le plan de la philosophie pratique. Aussi bien l’Europe moderne et contemporaine que l’Amérique du Nord et même, en partie, l’Amérique du Sud sont filles du protestantisme, même si elles présentent certaines caractéristiques particulières qui les rendent en partie différentes. Même l’Espagne, qui a cherché à s’opposer à la culture protestante, en est restée partiellement victime. Il suffit de voir par exemple que la Seconde Scolastique chercha à y résister, à s’y opposer, mais à la fin en resta considérablement marquée malgré la persistance de cette opposition. Il suffirait de penser, en particulier, aux doctrines politiques de Suarez pour comprendre cette affirmation qui peut sembler paradoxale et certainement inhabituelle. (…)

    Luther joue un rôle important en ce qui concerne les doctrines politiques qui entrèrent rapidement dans l’histoire, même si elles se traduisirent en pratique avec des contradictions.

    C’est pourquoi le poids qu’a eu le luthéranisme ne concerne pas seulement la question religieuse : c’est surtout dans le domaine mondain qu’il s’est révélé considérable et même déterminant.

    En revanche, on peut peut-être affirmer qu’il a imprimé un « tournant » à la politique, laquelle, a « transformé » (c’est-à-dire, trahie dans sa nature et dans sa finalité), a caractérisé toute la Modernité. À tel point qu’on pourrait dire que le protestantisme s’est rapidement diffusé non pour des raisons religieuses (du moins, pas principalement), mais pour des raisons mondaines : son expansion ne s’expliquerait pas autrement. Luther, en effet, est incohérent sur le plan théorique (ainsi que sur le plan moral), même s’il y a au fond de sa doctrine un choix qui lui donne une unité. Sa pensée, considérée en soi et pour soi, ne peut exercer aucune fascination. À tel point qu’il faudra attendre Hegel pour lui donner une structure, laquelle, toutefois, en est aussi en fait une transformation, bien qu’elle en soit le développement cohérent : l’ordonnance hégélienne de la doctrine luthérienne marque l’abandon définitif des résidus religieux en faveur des justifications rationalistes

    Ce livre est disponible en librairie et à la boutique de l'Homme Nouveau (236 pages, 12 €).

  • Polémique autour du drapeau "religieux" de l'Union européenne

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    Lu sur le blog « salon beige » :

    drapeau_union_europenne-745x450.jpg"Jean-Luc Mélenchon souhaite faire retirer le drapeau de l'UE de l'Assemblée nationale, à quoi Emmanuel Macron répond qu'il compte le reconnaître pour empêcher qu'il soit enlevé. Pour Alexis Corbière, député LFI et porte-parole de Jean-Luc Mélenchon, la nature de ce drapeau doit conduire à sa sortie de l'hémicycle :

    "Son créateur, Monsieur Arthur Heitz (en réalité Arsène Heitz) l'a toujours assumé : c'est un symbole religieux. Cette symbolique du fond bleu et ces douze étoiles est directement inspirée de la médaille pieuse dédiée à la Vierge Marie que monsieur Heitz portait autour du cou."

    "C'est un symbole marial, volontairement adopté le 8 décembre 1955, le jour de l'Immaculée conception". "Pourtant, plus que jamais, nous avons besoin de laïcité et il importe que les symboles présents dans cette Assemblée soient conformes à cette volonté qui nous rassemble. Oui, laïcité !".

    On attend avec gourmandise le moment où Alexis Corbière apprendra que le bleu du drapeau tricolore provient de la couleur de la chape de saint Martin, le rouge de Saint-Denis et le blanc de la monarchie...

    Michel Janva "

    Ref. Polémique autour du drapeau "religieux" de l'Union européenne

    JPSC

  • L'Eglise orthodoxe russe, cent ans après la catastrophe révolutionnaire de 1917

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    De Vladimir Zielinsky, prêtre orthodoxe sur le site du journal La Croix :

    La révolution d’Octobre et son « héritage » ecclésial

    Le centenaire de la révolution d’Octobre coïncide presque jour pour jour avec celui d’un autre événement qui n’est connu aujourd’hui que des spécialistes : le grand concile de Moscou de l’Église russe qui a restauré le système patriarcal. Les deux conséquences de la révolution de Février, dite démocratique, d’une portée incomparable, ont en un certain sens un statut semblable : l’oubli un peu forcé.

    Certes, on ne peut pas oublier la révolution qui a renversé l’Empire russe en changeant le visage de la planète. Pourtant, pour la Russie officielle d’aujourd’hui, très patriotique, orgueilleuse de sa force, comme pour celle qui s’oppose à elle farouchement – les nostalgiques de l’URSS mis à part –, 1917 a été une catastrophe. Mais pas pour les mêmes raisons. Pour les uns, la révolution a conduit à la destruction d’un État puissant, devenu un mythe. Pour les autres, elle a donné naissance à un monstre sanglant. Sanglant surtout pour tous les croyants, l’orthodoxie en premier lieu, vue comme complice de l’ancien régime. Il faut toujours rappeler l’ampleur du martyre qu’elle a enduré : des centaines de milliers de vies humaines, des dizaines de milliers d’églises détruites ou profanées.

    Aux victimes « physiques », il faut ajouter le prix moral que l’Église a dû payer pour sa survie, et l’oubli du concile de 1917. En effet, comment pouvait-on survivre au sein d’un État programmé dès le début en vue de la mort violente de toute religion ? En théorie, cette mort prévue aurait dû être naturelle, car selon la doctrine marxiste la religion devrait s’éteindre par elle-même, avec la disparition des conditions sociales qui la maintenaient en vie. Mais qui aura la patience d’attendre cette mort trop tardive si l’ennemie est déjà condamnée ? L’Église avait à faire un choix difficile et net : « s’inscrire » complètement dans cet État pour avoir un peu de sursis, ou descendre dans les catacombes.

    Déchirée par un schisme interne (un fort mouvement de soi-disant « rénovateurs » soutenus par la police secrète, qui voulaient l’imposer comme l’unique forme de l’orthodoxie), l’Église traditionnelle, représentée par son chef, le métropolite Serge (déjà arrêté trois fois auparavant) a décidé de collaborer, d’accepter son esclavage à l’égard du régime pour rester en vie. Ainsi est née la fameuse déclaration de 1927, avec ses promesses de loyauté inconditionnelle de l’Église du Christ à l’égard de l’État déicide. Cette démarche se trouve aujourd’hui, quatre-vingt-dix ans plus tard, au centre de discussions ecclésiales passionnées.

    Le choix du métropolite Serge était-il juste ? Oui, absolument, affirme le patriarche Kirill : la déclaration a sauvé l’Église de l’élimination complète. Non, disent les opposants, ceci n’a pas empêché un renforcement de la persécution de l’Église dans les années 1930. Si Staline a changé sa politique religieuse en 1943, cela s’est passé grâce à des facteurs uniquement politiques : Hitler a donné la permission d’ouvrir des églises dans les territoires occupés, les alliés ont manifesté leur préoccupation pour le sort des croyants en URSS. Non, ce n’est pas le mensonge, mais le sang des martyrs qui a sauvé l’Église. On en a presque fini avec la révolution d’Octobre, mais on reste et on restera encore longtemps confronté à son soi-disant « héritage » ecclésial qui demeure comme un signe de contradiction.

    On attend le virage de Église russe

    Quatre-vingt-dix ans sont passés, tant de martyrs (mais pas tous) sont canonisés, y compris ceux qui étaient des opposants convaincus à la déclaration. Le message de celle-ci à l’époque était la dissolution politique et morale de l’Église dans l’État pour sauvegarder son espace sacramentel. La situation de nos jours est fort différente. L’État et l’Église vont main dans la main ; il y a des milliers d’églises à peine construites ou en construction ; les évêques sont les meilleurs amis des autorités locales, les prêtres donnent des bénédictions aux banques et aux missiles balistiques. Les valeurs de l’Église et de l’État s’entremêlent pour aller dans le même sens. Or, cette « identité commune », prédéterminée par l’esprit de la déclaration de 1927, au début très dure à supporter, aujourd’hui très douce à vivre, ne peut être infinie. Un jour, l’Église russe devra prendre un virage de principe : de la déclaration de 1927 à ce concile oublié de 1917-1918 avec son choix de l’indépendance, de l’élection des évêques et des droits très élargis des conseils paroissiaux, avec son ouverture au dialogue et la dignité retrouvée de l’Église du Christ.

  • Nos ancêtres au confessionnal

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    De Paul Vaute sur son blog "Le Passé belge" :

    Nos ancêtres au confessionnal

    Selon les données recueillies dans les années 1840, à peine 1 % des habitants du diocèse de Bruges "ne faisaient pas leurs Pâques" et n'allaient donc pas se confesser au moins une fois sur l'année. Encore le précepte pascal ne constituait-il que le minimum minimorum. Une fréquence de quatre confessions par an semble avoir été courante. Elle était d'application dans beaucoup d'établissements scolaires. Après le recul sensible des premières années du régime révolutionnaire français, de nombreux prêtres s'étant trouvés alors dans l'impossibilité d'exercer leur ministère, la pratique était rapidement revenue à son niveau du XVIIIè siècle. Le sacrement aujourd'hui le plus en crise dans le monde occidental était fréquenté par presque toute la population des Pays-Bas méridionaux, où Elwin Hofman (FWO, KULeuven) voit "une des grandes success-stories de la Contre-Réforme[1].

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    Aux sources ecclésiales que constituent les manuels pour prêtres ou pour pénitents, les recueils de sermons, les procès-verbaux de visites pastorales (de doyens ou d'évêques)…, l'historien a ajouté des témoignages rencontrés au cours de ses recherches dans les dossiers judiciaires. Ces derniers risquent cependant de refléter des personnages plutôt atypiques. Mais sans surprise, l'étude conforte la représentation commune d'une religiosité très épaulée par le conformisme et le contrôle social – le fameux qu'en-dira-t-on –, sans qu'on puisse pour autant la réduire à un pur formalisme. Des indices probants à cet égard sont fournis par les comportements observés dans des contextes ou chez des individus hors d'atteinte de la pression collective en faveur de la norme. Ainsi voit-on, à Bruxelles en 1791, une foule en colère décidée à lyncher un partisan d'une faction ennemie permettre d'abord celui-ci d'aller se confesser auprès d'un moine. Même certains assassins se montrent soucieux du salut de l'âme de leurs victimes. En 1807, Pierre de Cuypere et sa maîtresse Godelieve de Ceuninck, jugés en cour d'assises de Flandre occidentale pour avoir empoisonné la femme de Pierre, ont d'abord demandé à celle-ci si elle s'était bien confessée: ils "avioent voulu s'assurer de mettre préalablement Eugénie Vantyghem en état de grace".

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