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Médias - Page 90

  • Comment notre monde a cessé d’être chrétien

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    Dans « La Croix » du 8 février, Isabelle  de  Gaulmyn commente  le récent ouvrage  « Comment notre monde a cessé d’être chrétien » (Seuil, 288 p., 21 €) que Guillaume Cuchet a consacré à la rupture ouverte au sein du catholicisme depuis Vatican II . L’auteur montre que la mise en œuvre du Concile a été l’élément déclencheur du décrochage du catholicisme en France (comme ailleurs en Occident), une évolution qui - à son sens- aurait de toute façon eu lieu. Guillaume Cuchet est professeur d’histoire contemporaine à l’université Paris-Est:

    Comment notre monde a cessé d'être chrétien 102129_couverture_Hres_0.jpg« Comment le catholicisme français est-il devenu si rapidement une religion minoritaire, avec une chute de la pratique dominicale de près d’un tiers entre 1955 et 1975 ? La question n’est pas nouvelle. Depuis plus de trente ans, deux types de réponses sont avancés : pour les uns, plutôt à droite de l’Église, c’est la faute à Mai 68 ; pour d’autres, c’est à cause de l’encyclique Humanae vitae, qui, en interdisant la contraception, aurait découragé une génération de croyants.

    C’est en historien que Guillaume Cuchet cherche à répondre à cette même question, en exploitant les fameuses enquêtes du chanoine Boulard. Grâce à l’appui de l’épiscopat de l’époque, ce prêtre audacieux, féru de sociologie, a réalisé une photographie de la pratique du catholicisme dans tous les diocèses de la France des années 1955-1965. Et s’il a lui-même perçu le décrochage du catholicisme en France, il n’en a pas mesuré l’ampleur, notamment en ce qui concerne la chute massive de la pratique des plus jeunes, entre 12 et 24 ans. En exploitant ces données, et en les confrontant à d’autres enquêtes faites dans les années 1970, Guillaume Cuchet peut affirmer que cette rupture a eu lieu exactement juste après Vatican II en 1965. Donc avant 1968.

    La question est de savoir ce qui, dans le Concile, a pu provoquer la rupture. « A priori, le Concile lui-même n’y est pas pour beaucoup, quoi qu’en ait dit la polémique intégriste ou traditionaliste », écrit Guillaume Cuchet. En revanche, l’historien met en cause une pastorale post-conciliaire, en France, souvent « élitiste », peu adaptée à une pratique plus culturelle. Les prêtres de l’époque ont sans doute un peu vite considéré que le cadre qui permettait de tenir cette pratique (obligation dominicale, piété populaire, communion solennelle…) n’était que sociologique, et n’avait, au fond, pas de valeur.

    Tout un discours pastoral, qui n’est en rien écrit dans les documents conciliaires, va mettre en place une nouvelle hiérarchie des obligations du fidèle, où l’assiduité à la messe n’a plus la même importance que l’engagement dans la vie sociale ou associative, le respect aussi de la liberté de conscience. Cette « sortie collective de la pratique obligatoire sous peine de péché mortel », ainsi que la désigne Guillaume Cuchet, eut un effet désastreux sur la fréquentation des églises, effet d’autant plus important que ce mouvement s’inscrit dans une mutation plus générale des formes de l’autorité, que ce soit dans le domaine familial ou scolaire. Pour appuyer son propos, Guillaume Cuchet analyse le sacrement de la confession, qui baisse de manière spectaculaire autour de 1965, et l’évolution de la prédication autour des fins dernières et du Salut.

    Pour autant, ce livre n’est pas un réquisitoire contre Vatican II. Au contraire, refusant d’en faire un tabou, il permet de replacer cet événement dans un contexte plus général d’une histoire longue, commencée avec la Révolution française, et que toute l’évolution de notre société, à partir de 1968, a amplifié et démultiplié. Comme le remarque l’historien, la crise était inévitable. Le Concile n’a pas provoqué la rupture, qui aurait de toute façon eu lieu, mais il l’a déclenchée, en lui donnant une intensité particulière. Ce n’est pas tant l’évolution que la manière dont elle a été accompagnée pastoralement qui est ici en cause. Et sans doute la quasi-disparition du catholicisme populaire dans notre pays peut-elle aujourd’hui en partie s’expliquer par cette mise en œuvre d’une pastorale réservée à une élite ultra-formée, ultra-consciente, laissant sur le côté des pratiquants moins investis, qui tenaient à la religion à travers un cadre dressé par des sacrements plus accessibles. Des pratiquants dont on n’aurait pas suffisamment pris en compte les besoins.

    Voilà un travail qu’il aurait été difficile de mener plus tôt en raison de « la sanctuarisation du concile Vatican II », par crainte de donner des arguments aux intégristes. Il marquera sans aucun doute l’historiographie du catholicisme dans notre pays et devrait susciter des discussions passionnées.

    Isabelle de Gaulmyn »

    Ref. Catholicisme français, la rupture de Vatican II

    Sanctuariser Vatican II ? Il est en effet difficile de séparer le concile lui-même du  para-concile fait d’influences médiatiques et de lobbies de toutes sortes bourdonnant alors autour des sessions officielles, à Rome et dans le monde, comme si les pères conciliaires et leurs experts vivaient à l'époque en vase clos imperméable à toute influence extérieure : il ne faut pas confondre un concile et un conclave, lequel n’y est du reste pas insensible non plus.  La responsabilité du pastoralisme progressiste des années 1970-1980 a fait le reste et elle a laissé des traces profondes dans la mentalité des générations issues de ce temps.

    JPSC

  • Le pape est-il bien renseigné ?

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    Lu sur le site du journal Metro (Montréal) :

    Le pape François est-il mal renseigné?

    VATICAN — Que sait exactement le pape François de ce qui se passe au sein de son Église catholique de 1,2 milliard de fidèles?

    Cette question est sur toutes les lèvres depuis que le pontife a semblé ignorant du scandale sexuel qui ébranle l’Église chilienne, ce qui a terni sa récente visite de trois jours dans ce pays et l’a contraint à s’excuser peu après.

    La même question a été soulevée quand il a soudainement décidé de virer un dirigeant respecté de la banque du Vatican.

    Elle a ensuite refait surface quand un cardinal lui a reproché de ne pas se rendre compte que ses propres diplomates «trahissaient» l’Église catholique souterraine en Chine à des fins politiques.

     

    Des observateurs du Vatican se demandent maintenant si le pape François reçoit suffisamment de ces informations de haute qualité dont les dirigeants de la planète ont besoin, ou s’il choisit plutôt de se fier à son instinct et à son propre réseau d’informateurs qui lui refilent des informations clandestinement.

    Depuis son élévation à la papauté il y a cinq ans, le pape a créé une structure de renseignement informelle qui se frotte souvent aux instances vaticanes officielles. Cela inclut un petit «conseil de cuisine» de neuf cardinaux qui se rencontrent tous les trois mois au Vatican et qui ont l’oreille du pape, en plus des breffages normaux qu’il reçoit des responsables du Vatican.

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  • "Ne pas être des propagateurs inconscients de la désinformation, mais des acteurs de son dévoilement"

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    D'Anne Kurian sur zenit.org :

    Communications sociales : message du pape (texte intégral)

    « L’antidote le plus radical au virus du mensonge est de se laisser purifier par la vérité »

    Dans ce message, publié le 24 janvier, en la fête de saint François de Sales, le pape encourage à « redécouvrir la valeur de la profession journalistique et la responsabilité personnelle de chacun dans la communication de la vérité », c’est-à-dire à « ne pas être des propagateurs inconscients de la désinformation, mais des acteurs de son dévoilement ».

    « La vérité a à voir avec la vie entière », ajoute le pape : « Libération du mensonge et recherche de la relation: voici les deux ingrédients qui ne peuvent pas manquer pour que nos paroles et nos gestes soient vrais, authentiques, fiables. »

    AK

    Message du pape François

    « La vérité vous rendra libres » (Jn 8, 32). Fake news et journalisme de paix

    Chers frères et sœurs,

    dans le dessein de Dieu, la communication humaine est un moyen essentiel de vivre la communion. L’être humain, image et ressemblance du Créateur, est capable d’exprimer et de partager le vrai, le bien, le beau. Il est capable de raconter sa propre expérience et le monde, et de construire ainsi la mémoire et la compréhension des événements. Mais l’homme, s’il suit son propre égoïsme orgueilleux, peut faire un usage déformé de la faculté de communiquer, comme l’illustrent dès l’origine les épisodes bibliques de Caïn et Abel et de la tour de Babel (cf. Gn 4,1-16; 11,1-9).

    La manipulation de la vérité est le symptôme typique d’une telle distorsion, tant au niveau individuel que collectif. Au contraire, dans la fidélité à la logique de Dieu, la communication devient un lieu d’expression de sa propre responsabilité dans la recherche de la vérité et dans la réalisation du bien. Aujourd’hui, dans un contexte de communication toujours plus rapide et au sein d’un système numérique, nous voyons le phénomène des «fausses nouvelles», les soi-disant fake news: cela nous invite à réfléchir et m’a suggéré de consacrer ce message au thème de la vérité, comme l’ont déjà fait plusieurs fois mes prédécesseurs depuis Paul VI (cf. Message 1972: « Les communications sociales au service de la vérité »). Je voudrais ainsi contribuer à l’engagement commun pour prévenir la diffusion de fausses nouvelles et pour redécouvrir la valeur de la profession journalistique et la responsabilité personnelle de chacun dans la communication de la vérité.

    1. Qu’est-ce qui est faux dans les « fausses nouvelles » ?

    Fake news est un terme discuté et qui fait l’objet de débat. Il s’agit généralement de la désinformation diffusée en ligne ou dans les médias traditionnels. Cette expression fait référence à des informations non fondées, basées sur des données inexistantes ou déformées et visant à tromper voire à manipuler le lecteur. Leur propagation peut répondre à des objectifs fixés, influencer les choix politiques et favoriser des gains économiques.

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  • Un "geek" au service de l'évangélisation

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    D'Olivia de Fournas sur le site de l'hebdomadaire Famille Chrétienne :

    Jean-Baptiste Maillard, le « geek » de l’évangélisation

    MAGAZINE - Le cofondateur de Lights in the dark lance, en février, un Mooc et des formations pour envoyer dans le monde virtuel des missionnaires réels.

    Il débarque gare Montparnasse en costume, cravate rose et trottinette. D’habitude, il profite du trajet Tours-Paris pour évangéliser les voyageurs. Mais, ce matin, ils étaient trop endormis. « Ce sera sans doute au retour », plaisante-t-il.

    La chapelle de la gare fermée, il entre dans le premier bar du coin. D’aussi loin qu’il se souvienne, ce Toulonnais a toujours été volubile et « passionné de Jésus ». Enfant déjà, bien formé par sa mère, il ne manquait pas une occasion de parler du Christ en classe. À 12 ans, son père est muté à Moscou. Pendant trois ans, il est frappé par cette Russie qui renaît de ses cendres et dont les églises se remplissent. Les Moscovites décident de reconstruire la cathédrale du Sauveur détruite soixante-dix ans plus tôt par Staline ? Il en tire une devise : « (Re)mettre Jésus au centre de sa vie. » C’est de ce moment qu’il date son « obsession pour l’évangélisation ».

    Passionné du Web dès 1998, il rejoint une école d’informatique en 2002. Il y apprend à construire des sites Internet. Premier d’une longue série, piexii.com est créé alors que sévissent les affiches du film Amen, barrées d’une croix détournée en croix gammée. Choqué du contre-sens qui fait du pape un complice des nazis, il décide de « favoriser un débat d’historiens plutôt que de chercher une confrontation stérile ». Cela le conduit à Mgr Dominique Rey, rencontre décisive. L’évêque de Toulon lui parle de l’appel de Jean-Paul II à se lancer dans une « nouvelle évangélisation, nouvelle dans son ardeur, dans ses méthodes et dans son expression ». Le jeune homme se sent dès lors envoyé en mission.

    À sa sortie d’école, en 2005, le « geek » est approché par des entrepreneurs roulant en voiture de sport, mais, en visite chez sa sœur religieuse, se brise sérieusement la cheville. Immobilisé pendant un an, le projet tombe à l’eau : adieu, bolides ! « Le Seigneur m’a probablement envoyé une alerte », traduira Jean-Baptiste. Il lance alors « Nous voulons KTO sur la TNT » (150 000 signatures).

    Jean-Baptiste récidive en 2012 avec la série Ainsi soient-ils. La chaîne Arte a oublié de réserver le «.com »... Cette fois, son contre-site présente des vidéos de vrais séminaristes : « Est-il humain de ne pas avoir de relation sexuelle quand on est prêtre ? », expliquent-ils avec humour. S’ensuivent linquisitionpourlesnuls.com (dont la vraie fausse bande-annonce sera vue 80 000 fois), ainsi que missionconclave.com... Mais l’e-missionnaire ne se satisfait pas totalement d’Internet. Il est marqué par un discours de son pape chouchou, Jean-Paul II (il a d’ailleurs appelé son fils Karol) : « Le monde virtuel ne remplacera jamais le monde réel. » Il évangélise aussi dans la rue... ou en boîte de nuit, avec un prêtre ! « Le but de tous ces projets n’est pas de faire de la com’, mais d’évangéliser les non-croyants pour les amener à une vraie rencontre. »

    En 2015, il monte avec sa bande Lights in the dark, une association qui évangélise directement sur Internet, et vit uniquement de dons – il cherche encore de nombreux parrainages. Depuis, on ne l’arrête plus. En février, il lancera un Mooc sur dix semaines pour apprendre à devenir « missionnaire de l’Internet ». D’autres formations sont prévues : Tours (13-14 janvier), Montpellier, Valence, Cergy, Cholet, Lille. L’idée est d’orienter les personnes évangélisées via le Web vers des relais locaux, qui maillent le terrain. Toujours cette idée de rencontrer quelqu’un de visu, après hameçonnage via l’écran : « La foi, c’est comme un site de rencontres, ça se termine souvent dans un bar ! » .

  • Vient de paraître : le magazine trimestriel « Vérité et Espérance-Pâque Nouvelle », n° 105, hiver 2017-2018

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    Le magazine trimestriel « Vérité & Espérance – Pâque Nouvelle » édité par l’association « Sursum Corda » (responsable de l'église du Saint-Sacrement à Liège) a publié sa livraison de l’hiver 2017. Tiré à 4.000 exemplaires, ce magazine abondamment illustré parcourt pour vous l’actualité religieuse et vous livre quelques sujets de méditation. Les articles mentionnés en bleu sont disponibles sur le blog de l'église du Saint-Sacrement (cliquez sur les titres ci-dessous pour y accéder).

    Au sommaire de ce numéro n° 105 (hiver 2017-2018) : 

    contrat Delta ingenieur stabilité339.jpg

    Les conditions du dialogue interconvictionnel 

    Du Livre de Job au Livre éternel

    Aux anathèmes, le Savonarole de l’Ucl répond par un livre

     

    contrat Delta ingenieur stabilité340.jpg

    Rome et le monde : 

    Fêter le cinquième centenaire de la réforme protestante ?

    Liturgie : le pape François désavoue le cardinal Sarah

    Accès des divorcés-remariés à la communion sacramentelle

    Le nouvel archevêque de Paris n’a pas la faveur de l’intelligentsia progressiste

     

    Belgique:

    Un essaimage des Clarisses de Bujumbura à Liège

    Archevêché de Malines-Bruxelles : qu’as-tu fait de «Jérusalem»?

    Que faire de l’abbaye de Marche-les-Dames ?

    Pourquoi le cours de religion est important dans l’enseignement secondaire  

     

    Secrétaires de Rédaction : Jean-Paul Schyns et Ghislain Lahaye

    Editeur responsable: SURSUM CORDA a.s.b.l. ,

    Vinâve d’île, 20 bte 64 à B- 4000 LIEGE.

    La revue est disponible gratuitement sur simple demande :

    Tél. 04.344.10.89  e-mail : sursumcorda@skynet.be 

    Les dons de soutien à la revue sont reçus  avec gratitude au compte IBAN:

     BE58 0016 3718 3679   BIC: GEBABEBB de Vérité et Espérance 3000, B-4000 Liège

    JPSC

  • Une nouvelle application pour les homélies

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    Du site "Vatican News" :

    La Congrégation pour le Clergé crée une application pour les homélies

    La “Clerus App” s’adresse surtout aux prêtres, mais aussi à ceux qui veulent avoir à disposition un commentaire de la Parole de Dieu.

    La Congrégation pour le Clergé, en collaboration avec le Secrétariat pour la Communication, a créé une application dédiée aux homélies. Elle s’appelle la "Clerus App". Des propositions et des suggestions sont proposées chaque semaine, offertes à ceux qui veulent approfondir et méditer la Parole de Dieu de la liturgie dominicale. L’application, qui n’existe pour l’instant qu’en langue italienne, est destinée en particulier aux curés et aux prêtres, mais aussi à tous ceux qui veulent avoir à disposition un commentaire de la Parole de Dieu.

    Sur l’écran, le texte des homélies, préparées par le père jésuite Marko Ivan Rupnik, peut être agrandi afin d’en faciliter la lecture. Les utilisateurs peuvent aussi choisir entre deux couleurs de fond, et réguler la luminosité. L’application est gratuite et inclut la lecture vocale du texte, l’ajout de notes, la possibilité de charger et archiver les homélies. On peut en outre partager le contenu des homélies sur les réseaux sociaux. L’application est pour le moment disponible sur Play Store et le sera prochainement aussi sur l’App Store.

  • L'Osservatore Romano dénonce des pratiques médiatiques visant à construire l'image d'un pape progressif et permissif

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    D'Anne Kurian sur zenit.org :

    L’Osservatore Romano s’élève contre les textes faussement attribués au pape

    Pour construire « l’image d’un pape progressif et permissif »

    Une de L'Osservatore Romano du 29/12/2017

    Une De L'Osservatore Romano Du 29/12/2017

    « Les faux textes du pape ». C’est le titre de l’éditorial de Lucetta Scaraffia, à la Une de L’Osservatore Romano daté du 29 décembre 2017. L’historienne italienne s’élève contre les textes attribués au pape François circulant par des canaux privés, et contre les tentatives médiatiques de construire « l’image d’un pape progressif et permissif ».

    La chroniqueuse s’inquiète du phénomène de la « post-vérité » qui fait suite au « relativisme » : si ce dernier « mettait en doute l’existence même d’une vérité », la post-vérité, cette pratique « sournoise et envahissante », « prétend être une vérité plus authentique parce qu’elle se présente comme un discours alternatif du discours officiel ».

    Cette « spirale de falsification » comprend entre autres « la diffusion de faux discours du pape », en particulier sur les réseaux sociaux : « Discours qui circulent souvent en espagnol, note Lucetta Scaraffia, dans la tentative de les rendre plus vraisemblables et qui prétendent rapporter les vraies paroles de François, toujours plus révolutionnaires et imprévisibles que celles que la Curie, évidemment diabolisée, lui attribuerait dans une continuelle opération de censure. »

    Dans l’optique de la « post-vérité », poursuit-elle, ces sources « privées » semblent « plus fiables » que les textes publiés par les organes officiels du Saint-Siège. L’historienne y voit une volonté de « construction de l’image d’un pape progressif et permissif ». Dans cette optique, estime-t-elle, il importe peu de comprendre la ligne programmatique du pape et d’en lire les documents fondateurs.

    Lucetta Scaraffia dénonce également un « processus de sélection conscient » dans certains médias qui se limitent à diffuser « seulement les phrases [du pape] qui leur semblent en accord avec la personnalité médiatique qui a été construite autour » de lui. Ainsi « ils passent sous silence » le reste et cherchent à « exagérer » les affirmations conformes à leur image du pape, qu’ils « tirent de leur contexte » en « forçant la réalité ».

    Pour l’historienne, il ne faut pas en sous-évaluer les effets : « la majorité se fie aveuglément aux médias ». Dans la post-vérité, conclut-elle, « ce qui compte c’est seulement la personnalité du leader. Ainsi, tout ce qui contribue à la définir fonctionne, même si cela ne correspond pas à la réalité. Le reste n’intéresse pas. »

  • Le cardinal Maradiaga aurait été injustement calomnié

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    D'Anita Bourdin sur zenit.org (23 décembre) :

    Honduras: l’Université catholique soutient les diocèses, explique le card. Maradiaga

    Aucune somme versée à son nom

    Le cardinal Maradiaga affirme qu’il ne reçoit pas d’argent de l’université catholique à titre personnel mais que l’université verse de l’argent à l’archidiocèse de Tegucigalpa pour les besoins pastoraux.

    Le cardinal Oscar Andres Rodriguez Maradiaga, archevêque de Tegucigalpa (Honduras), également coordinateur du Conseil des cardinaux, le “C9”, il a répondu dans une interview d’Andrea Gagliarducci pour l’agence CNA (Etats-Unis, groupe ACI), aux accusations lancées par l’hebdomadaire italien L’Espresso du 21 décembre 2017, qui lui reproche des émoluments qui s’élèveraient à 35 000 euros par mois, perçus de l’université catholique, et qui affirme que des sommes importantes ont été versées auprès de l’institution financière londonienne Leman Wealth Management.

    Interrogé à ce sujet, vendredi 22 décembre 2017, le directeur de la salle de presse du Vatican, Greg Burke, confirme qu’il y a eu « une enquête voulue en personne par le Saint-Père », sans préciser sur quoi ni le résultat.

    L’hebdomadaire italien cite le nom de Mgr Jorge Pedro Casaretto, évêque argentin, envoyé au Honduras en mai dernier, comme visiteur apostolique.

    L’archevêque explique que l’Université est propriété de l’archidiocèse de Tegucigalpa qui l’a faite grandir au point qu’elle a maintenant 11 campus dans le pays et qu’elle peut « aider les œuvres pastorales » de l’Eglise.

    Il indique que les sommes versées chaque mois permettent de payer les études « des séminaristes », « entretenir et construire » des églises, « soutenir les curés des paroisses rurales », secourir « de nombreux pauvres qui viennent tous les jours chercher de l’aide », acheter les véhicules des paroisses, payer les « dépenses de santé des prêtres ». Il précise : « aucun d’entre nous n’a de salaire ».

    Ces sommes, souligne-t-il, « ne sont pas virées à mon nom, mais à l’archidiocèse ».

    Les accusations portées par la publication italienne ressemblent à celles portées contre l’archevêque il y a un an auprès des autorités locales qui l’ont disculpé : pourquoi les republier « maintenant » ?, interroge l’archevêque, qui rappelle que d’ici huit jours il présente sa démission au pape.

    Il atteindra en effet la limite d’âge canonique de 75 ans, pour l’exercice d’une charge épiscopale le 29 décembre: il présentera sa démission et le pape François prolongera ou pas son mandat.

    Il se demande aussi comment les informations sont parvenues à l’hebdomadaire italien.

    Il indique qu’il y a plus d’un an, il a renvoyé un administrateur de l’Université « parce qu’il était en train de voler ». C’est après ces événements que le pamphlet accusateur anonyme a été diffusé.

    Le cardinal Maradiaga estime que ces accusations viennent aujourd’hui de « personnes contraires à la réforme de la curie vaticane qui désirent [le] calomnier pour lui faire quitter ce service de la Mère Eglise et du Saint-Père François ».

    Il cite Voltaire : « Calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose ». Il conclut : « Je continuerai à servir jusqu’à la décision du Saint-Père ».

    Pour sa part, le père Carlos Rubio, curé de San Martín de Porres à Tegucigalpa, a répondu à l’agence ACI, au nom du diocèse, en révélant que « tous les évêques reçoivent une aide [de l’université] pour leur diocèse, pas pour leur usage personnel ».

    Le p. Rubio souligne qu’il ne s’agit pas d’acte de « corruption »: « Ce n’est pas de l’argent de l’Etat, mais d’une institution [l’Université catholique] qui dépend de l’Eglise. » Il explique que « c’est une aide de l’université catholique pour la mission des diocèses », dans un contexte « de grande pauvreté » et de « grands besoins ».

    En outre, toujours selon l’agence ACI, l’évêque auxiliaire de Tegucigalpa, Mgr Juan José Pineda Fasquelle, 57 ans, nommé en 2005, a été accusé auprès du Vatican, notamment pour des opérations financières.

    D'Anita Bourdin, sur zenit.org, le 26 décembre :

    « Je suis désolé pour le mal qu’ils t’ont fait »: le pape téléphone au card. Maradiaga

    Des sommes perçues par l’archidiocèse pour ses besoins pastoraux

    “Je suis désolé pour le mal qu’ils t’ont fait”, a déclaré le pape François au cardinal Oscar Rodriguez Maradiaga, archevêque de Tegucigalpa, au Honduras, mis en cause par un hebdomadaire italien qui reprend un pamphlet du Honduras – qui s’est révélé mensonger il y a environ un an -, comme nous l’indiquions déjà le 23 décembre 2017.

    Le pape François a en effet parlé au téléphone avec le cardinal Maradiaga qui lui même déclare, à la télévision Suyapa de l’Eglise catholique du Honduras – relayée par Radio Vatican en italien – que ces attaques viennent de “qui ne veut pas les réformes”, et qu’il a reçu “de nombreuses manifestations de solidarité, même de non-catholiques”.

    En effet le cardinal Maradiaga est aussi le coordinateur du Conseil des cardinaux, le “C9” qui assiste le pape dans le gouvernement de l’Eglise et la réforme de la curie romaine.

    Le cardinal a fait état d’un appel téléphonique du pape François qui lui a dit: “Je suis désolée pour le mal qu’il ont fait contre toi. Mais toi, ne t’inquiète pas.” Le cardinal dit avoir répondu: “Sainteté, je suis ne paix. Je suis en paix parce que je suis avec le Seigneur Jésus qui connaît le coeur de chacun.”

    La publication italienne a accusé le cardinal  d’avoir perçu des émoluments de l’université catholique du Honduras qui s’élèveraient à 35 000 euros par mois.

    Le directeur de la salle de presse du Vatican, Greg Burke, confirme qu’il y a eu « une enquête voulue en personne par le Saint-Père ».

    L’archevêque explique que l’Université est propriété de l’archidiocèse de Tegucigalpa qui l’a faite grandir au point qu’elle a maintenant 11 campus dans le pays et qu’elle peut « aider les œuvres pastorales » de l’Eglise.

    Il indique que les sommes versées chaque mois permettent de payer les études « des séminaristes », « entretenir et construire » des églises, « soutenir les curés des paroisses rurales », secourir « de nombreux pauvres qui viennent tous les jours chercher de l’aide », acheter les véhicules des paroisses, payer les « dépenses de santé des prêtres ». Il précise : « aucun d’entre nous n’a de salaire ».

    Ces sommes, souligne-t-il, « ne sont pas virées à mon nom, mais à l’archidiocèse ».

    Les accusations portées par la publication italienne ressemblent à celles portées contre l’archevêque il y a un an auprès des autorités locales qui l’ont disculpé : pourquoi les republier « maintenant » ?, interroge l’archevêque, qui rappelle que d’ici huit jours il présente sa démission au pape.

    Il atteindra en effet la limite d’âge canonique de 75 ans, pour l’exercice d’une charge épiscopale le 29 décembre: il présentera sa démission et le pape François prolongera ou pas son mandat.

    Il se demande aussi comment les informations sont parvenues à l’hebdomadaire italien.

    Il indique qu’il y a plus d’un an, il a renvoyé un administrateur de l’Université « parce qu’il était en train de voler ». C’est après ces événements que le pamphlet accusateur anonyme a été diffusé.

    Le journaliste italien a donc relayé des accusations déjà lancées de façon anonyme en 2016 par un ancien employé de l’université licencié pour une gestion malhonnête de fonds de l’institution.

    Pour le cardinal, rapporte Radio Vatican, la déontologie aurait voulu qu’avant de lancer de telles accusations, on cherche à écouter la personne accusée. Il rappelle que la calomnie est un “péché” mais aussi un “délit” punissable.

    Le cardinal Maradiaga estime que ces accusations viennent aujourd’hui de « personnes contraires à la réforme de la curie vaticane qui désirent [le] calomnier pour lui faire quitter ce service de la Mère Eglise et du Saint-Père François ».

    Il cite Voltaire : « Calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose ». Il conclut : « Je continuerai à servir jusqu’à la décision du Saint-Père ».

    Il dit qu’il sera heureux que le pape accepte sa démission ou la repousse: « Je suis évêque depuis 39 ans et depuis 25 ans archevêque de Tegucigalpa. Je suis aussi tenté par la possibilité de me retirer en paix. »

  • Le site du mensuel catholique « La Nef » fait peau neuve

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    Une présentation et une ligne éditoriale claires, un contenu diversifié : le site web du mensuel indépendant « La Nef » enrichit l’information catholique sur les réseaux sociaux.  A la « une », ce texte du Cardinal Robert Sarah qui donne le ton :

    Dieu ou rien : le problème fondamental pour l’Europe aujourd’hui

    sarah1-800x500.jpgLe cardinal Robert Sarah, préfet de la Congrégation pour le Culte divin, prononçait une conférence en anglais sur l’Europe, le 22 octobre dernier à Varsovie, invité par le mouvement Europa Christi. Nous remercions vivement le cardinal Sarah qui nous a confié la publication en français de ce texte remarquable.

    J’éprouve une très grande joie de participer au Congrès du mouvement Europa Christi, qui a choisi comme thème le titre d’un célèbre ouvrage du pape saint Jean-Paul II : « Mémoire et identité ». Je voudrais exprimer ma profonde gratitude pour votre accueil si cordial, et je suis heureux de saluer Mesdames et Messieurs les Sénateurs de la République de Pologne, en particulier Monsieur Stanislas Karczewski, ainsi que les Professeurs et les membres de l’Université Cardinal Stefan Wyszynski de Varsovie, qui ont organisé ce Congrès, et à qui je voudrais exprimer ma profonde gratitude pour leur excellente initiative.

    SITUATION DE L’EUROPE
    L’Europe traverse depuis plus d’un siècle une crise de civilisation sans précédent. Cette crise n’est donc pas récente mais elle ne cesse de s’approfondir. Nietzsche en avait perçu les signes annonciateurs en proclamant dès les années 1880 : « Dieu est mort ! Nous l’avons tué ». Il percevait avec acuité que cet événement spirituel, métaphysique et moral allait avoir des conséquences tragiques. De fait, cette éclipse de Dieu dans la vie et la pensée des Européens a engendré « la guerre des dieux » (1), c’est-à-dire l’opposition irréductible des systèmes de valeurs et des idéologies : ce que l’on a nommé les deux guerres mondiales et la guerre froide. L’Europe éprouvée par cette crise d’acédie et de nihilisme a donc été le foyer d’ébranlement du monde entier.

    Il semble au premier abord que l’Europe ait su conjurer ses vieux démons et, qu’après l’effondrement de l’Empire soviétique, elle soit entrée dans une ère de paix durable, modèle de démocratie, de prospérité et de tolérance, source d’espérance pour de nombreux peuples. Quel serait le fondement d’une telle renaissance ? Au terme d’un long débat, au début des années 2000, au moment même de l’élargissement aux pays d’Europe centrale et orientale, l’Union européenne a fait le choix de ne pas reconnaître les racines chrétiennes des peuples européens, de la civilisation européenne. Elle a ainsi voulu fonder son entreprise institutionnelle sur des abstractions, en l’occurrence des valeurs formelles : droits de l’homme, liberté et égalité des individus, libre marché des biens et des personnes, etc. Mais c’est une énorme et grave erreur, affirme le cardinal Joseph Ratzinger, de vouloir ignorer que « de façon tout à fait inconditionnelle, les droits humains et la dignité humaine doivent être présentés comme des valeurs, précédant toute juridiction d’État. Ces droits humains ne sont pas l’œuvre du législateur, ils ne sont pas non plus conférés aux citoyens, mais ils existent plutôt comme des droits propres, depuis toujours ils doivent être respectés par le législateur : il a à les recevoir d’abord comme des valeurs provenant d’un ordre supérieur. Cette consistance de la dignité humaine, antérieure à toute action politique et à toute décision politique, renvoie en dernier lieu au Créateur. Dieu seul peut fonder ces valeurs qui appartiennent à l’essence de l’homme, et qui demeurent intangibles. Le fait qu’il existe des valeurs que personne ne peut manipuler constitue l’absolue garantie de notre liberté et de la grandeur humaine ; la foi chrétienne voit en cela le mystère du Créateur et de l’homme son image, selon le bon vouloir de Dieu. Presque personne, aujourd’hui, ne niera directement le caractère antérieur de la dignité humaine et des droits humains fondamentaux face à toute décision politique ; les horreurs du nazisme, de sa théorie raciste sont encore trop proches de nous » (2).

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  • Johnny Hallyday, Dieu et sa « bonne étoile »

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    Lu sur le site du journal « La Croix » :

    Hallyday.jpg« Avec une seule poignée de terre, Il a créé le monde/Et quand il eut créé la terre Tout en faisant sa ronde/Le seigneur jugeant en somme Qu’il manquait le minimum/Il créa la femme Et l’amour qu’elle a donné aux hommes. »

    Sobrement intitulée Avec une poignée de terre, cette chanson peu connue figure sur le même album que le célèbre Retiens la nuit. Encore jeune premier, Johnny Hallyday y revisite la Genèse librement.

    Faut-il vraiment s’en étonner ? À plusieurs reprises, le rockeur a fait danser son public avec des mélodies puisant allègrement dans les références religieuses comme dans Si j’étais un charpentier ou le plus controversé Jésus-Christ où le Messie est présenté comme un « hippie ». Cette chanson, interdite sur les ondes de l’ORTF, a failli lui valoir une excommunication.

    Cité dans la biographie de Jean-Dominique Brierre et Mathieu Fantoni, Johnny réplique à l’époque : « On peut me faire ce qu’on voudra, je resterai chrétien. Je suis sûr que Jésus, lui, ne m’en veut pas. Il sait que je n’ai pas voulu l’insulter ni le tourner en dérision, et cela seul compte pour moi. »

    Une spiritualité difficile à définir

    Suffisant pour faire de Johnny l’épicurien, un sage paroissien ? « Définir sa spiritualité est un peu difficile, reconnaît Éric Le Bourhis, auteur d’une biographie de la rock star (2). Ce qui est certain, c’est qu’il a été élevé par sa tante paternelle Hélène Mar qui était croyante et pratiquante. On dit même qu’elle brûlait des cierges pour qu’il accomplisse le destin d’artiste qu’elle pressentait. »

    Le petit Jean-Philippe Smet, baptisé à 1 an, en septembre 1944 en l’église de la Sainte-Trinité à Paris, est resté marqué par l’éducation de sa tante.

    À LIRE : « Johnny Hallyday incarnait une rébellion qui ne prête pas à conséquences »

    Le chanteur arborait d’ailleurs autour du cou une croix assez imposante avec Jésus crucifié… portant une guitare électrique. Pas vraiment du genre à confesser sa foi publiquement, il confiait pourtant dans les colonnes de l’hebdomadaire Le Point en 2013 : « Je crois qu’il y a un Dieu, mais ce Dieu, je ne le connais pas. Par contre je pense que j’ai une très bonne étoile ! » Et, d’ajouter : « Cette étoile, c’est peut-être Dieu… »

    « Je crois en quelque chose »

    En 2014, dans le même hebdomadaire, Johnny Hallyday est plus indécis. « Je crois en quelque chose, explique-t-il. C’est-à-dire que je ne suis pas croyant, mais je crois – pour moi, c’est certain – qu’il y a sûrement un dieu qui me surveille. (…) Ça m’arrive de dire : “Merci mon Dieu”, mais je crois plutôt en ma bonne étoile. »

    Sur RTL, mercredi 6 décembre, son ami, le réalisateur Claude Lelouch a fait part de sa conviction : « Si le public s’est jeté sur lui, c’est qu’il y a, chez lui, du divin. »

    Arnaud Bevilacqua"

    Ref. Johnny Hallyday, Dieu et sa « bonne étoile »

    Les obsèques de Jean-Philippe Smet, alias Johnny Halliday, devraient sans doute avoir  lieu samedi en l’église de La Madeleine à Paris, en présence du Président de la République, Emmanuel Macron. En attendant, les fans du rockeur sont conviés ce jeudi soir à la première des deux veillées de prières organisées par le père Luc Reydel, aumônier du spectacle, «pour Johnny, pour Laeticia et ses proches», à l’église Saint-Roch, la paroisse parisienne des artistes. La seconde est prévue dimanche.

    JPSC

  • Tous les maîtres à penser de Bergoglio, qui pourtant n’en fait qu’à sa tête

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    Lu sur le site « diakonos.be »

    Bergogliolibro.jpgAprès les nombreuses biographies qui ont déjà été publiées sur le Pape François, en voici une qui pour la première fois se pare à bon escient du titre de « biographie intellectuelle ». Son auteur, Massimo Borghesi, est professeur de philosophie morale à l’Université de Pérouse et très proche de Jorge Mario Bergoglio depuis bien avant qu’il soit élu pape, à l’instar de ce cercle d’amis, dont le nom le plus connu est celui du vaticaniste Andrea Tornielli, qui appartiennent tous à la branche romaine de Communion et libération sous la houlette du Père Giacomo Tantardini.

    Derrière la plume de Borghesi, ce livre est donc issu de la parole vive du Pape François lui-même qui à quatre reprises – les deux dernières fois le 13 mars 2017 à l’occasion du quatrième anniversaire de son pontificat – a remis à l’auteur autant d’enregistrements audio, qui sont d’ailleurs cités à plusieurs reprises dans le texte, dans le but d’indiquer les sources de sa formation.

    Cette biographie est donc en partie également une autobiographie. Et elle part justement d’une révélation que Bergoglio fait ici pour la première fois en personne.  Selon lui, c’est le théologien jésuite Gaston Fessard – génial spécialiste de Hegel sans être lui-même hégélien – et son livre de 1956 sur la « dialectique » des « Exercices spirituels » de Saint Ignace qui se trouve à l’origine de sa pensée.

    C’est en fait surtout de Fessard – soutient et argumente Borghesi – que Bergoglio tiendrait cette pensée particulièrement antinomique affectionnant les contradictions. D’autres penseurs célèbres ont ensuite contribué à consolider sa pensée, Erich Przywara et Henri de Lubac, jésuites eux aussi.  Alberto Methol Ferré, philosophe uruguayen et puis surtout, mais plus tardivement, Romano Guardini, et son essai de jeunesse daté de 1925 intitulé « Der Gegensatz », en français « La Polarité », sur lequel Bergoglio avait voulu rédiger sa thèse de doctorat pendant les derniers mois qu’il avait passé en Allemagne en 1986, une thèse rapidement abandonnée et jamais rédigée.

    Borghesi illustre de façon remarquable la pensée de ces grands théologiens et philosophes. Il ajoute au nombre des inspirateurs dont Bergoglio lui-même se déclare redevable d’autres célébrités de premier ordre telles que Michel de Certeau et Hans Urs von Balthasar.  Et il fait tout pour montrer comment on retrouve dans les écrits de Bergoglio, les plus anciens comme les plus récents, aussi bien avant qu’après son élection comme pape, la vitalité du génie de ses maîtres illustres.

    Mais c’est précisément quand il passe des maîtres au disciple que la reconstruction de Borghesi devient plus discutable.

    On peinera par exemple à retrouver le fruit de la « dialectique » de Fessard ou de « l’opposition polaire » de Guardini dans les quatre « postulats » que le Pape François a mis au centre du texte contenant le programme de son pontificat, l’exhortation « Evangelii gaudium », réaffirmés dans l’encyclique « Laudato sii » ainsi qu’au début de son autre exhortation « Amoris laetitia ».

    Il est vrai que le même François avait révélé il y a trois ans aux auteurs argentins d’une autre biographie sur lui que le chapitre d’ « Evangelii gaudium » contenant les quatre postulats était la retranscription d’un fragment de sa thèse de doctorat inachevée sur Guardini.

    Mais à voir comment cet exercice datant de l’époque où il était étudiant – un exercice aujourd’hui élevé au rang de magistère pontifical – vole en éclats dès qu’il est soumis à une analyse élémentaire, on peut penser que l’écart entre Bergoglio et ses illustres maîtres soit vraiment profond.

    > Les quatre clous auxquels Bergoglio accroche sa pensée

    > Bergoglio a lui aussi ses principes non négociables

    Le premier des quatre postulats, celui selon lequel « le temps est supérieur à l’espace » signifie plus simplement que le Pape François souhaite que les « processus » d’évolution qui lui sont chers finissent par l’emporter contre l’appareil statique du pouvoir, ecclésiastique ou autre.

    Tandis que le troisième postulat, celui selon lequel « la réalité est supérieure à l’idée » n’est qu’une réédition du lieu commun pseudo-conciliaire du primat de l’orthopraxie sur l’orthodoxie, ou en d’autres mots de la priorité donnée à la « pastorale » sur la doctrine.

    Quant à la nature de l’Eglise comme « complexio oppositorum », c’est-à-dire comme à la fois institution et événement, de mystère sacramentel et de parole, de singularité et de communauté, d’intériorité et de culte public, le pontificat de François montre combien il n’apprécie que peu cet enrichissement réciproque entre les contraires et comment il veut au contraire abattre ou ignorer ce qu’il estime statique et dépassé dans l’une ou l’autre opposition. Sa froideur envers la liturgie est de notoriété publique, tout comme son insensibilité à la catégorie du beau et son mépris de la doctrine et de l’institution.

    Il faut dire – et Borghesi le reconnaît – que Bergoglio n’a jamais étudié ni assimilé l’œuvre entière de ses maîtres et qu’il n’en a lu que quelques passages isolés, recueillant à sa façon quelques extraits ici et là.

    Cela explique le manque d’homogénéité de ses écrits, notamment magistériels, dans lesquels il assemble les éléments les plus divers.

    Mais cela explique encore davantage le gouffre abyssal qui sépare ses maîtres à penser et les personnages concrets sur lesquels François s’appuie en tant que confidents de rédacteurs anonymes : du jésuite Antonio Spadaro, un beau parleur affabulateur, à l’argentin Víctor Manuel Fernández, un théologien de réputation moins que médiocre qui s’est surtout fait connaître grâce à une œuvre au titre éloquent : « Sáname con tu boca. El arte de besar », ce qui n’a pas empêché son ami devenu pape de l’encourager à transposer dans « Amoris laetitia » des passages entiers d’articles confus qu’il avait rédigés une douzaine d’années auparavant sur la morale familiale.

    La « prédilection » que François réserve à deux théologiens qu’il affectionne tout particulièrement, de Lubac et de Certeau, constitue un autre signe de confusion et montre qu’il ignore que de Lubac avait rompu avec son ancien élève de Certeau et qu’il lui avait adressé des critiques très dures : il l’avait accusé d’être un « joachimite » exalté, à l’instar du frère visionnaire du Moyen Âge à l‘âge d’or présumé du pur esprit, détaché de tout lien d’institution ecclésiastique.

    En outre, la « biographie intellectuelle » de Bergoglio rédigée par Borghesi comporte quelques omissions notables. Silence total sur Walter Kasper, malgré que François ait déclaré qu’il figurait parmi ses lecteurs et admirateurs dès le premier « Angelus » après son élection pontificale et qu’il ait été intarissable en éloges sur lui, louant sa capacité à faire de la « théologie à genoux », en plus de l’avoir nommé théologien-guide des réformes en matière de mariage et de divorce et de primat des Eglises locales sur l’Eglise universelle.

    Pas un mot non plus sur Rodofo Kusch, l’anthropologue argentin auquel François a récemment déclaré avoir emprunté son concept de peuple. Et cela malgré qu’on trouve dans le livre de Borghesi de nombreuses pages sur le « populisme » de Bergoglio.

    Et naturellement, on ne peut qu’être frappé par l’absence dans les lectures de Bergoglio du théologien Joseph Ratzinger, même en tant qu’auteur des livres sur Jésus. Mais il s’agit là d’un vide qui nous aide à mieux comprendre.

    Un article de Sandro Magister, vaticaniste à L’Espresso.

    Ref. Tous les maîtres à penser de Bergoglio, qui pourtant n’en fait qu’à sa tête

    JPSC

  • Jean-Paul II et l'Islam

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    Jean-Paul II .jpgBelgicatho a relayé ici Quand Jean-Paul II prophétisait l'invasion de l'Europe par l'Islam une surprenante « prophétie » attribuée à saint Jean-Paul II. Quoi qu’il en soit de la véracité de cette confidence de style apocalyptique, elle ne peut contredire la parole publique que ce grand Pape a exprimée à maintes reprises sur l’attitude que nous devons avoir vis-à-vis de l’Islam. Le site « Benoît et moi » propose à ce sujet la traduction d' un commentaire bien venu d’Aldo Maria Valli, un journaliste italien, licencié en sciences politiques de l’université du Sacré-Cœur à Milan. 

     «Je vois l'Église affligée d'une plaie mortelle. Plus profonde, plus douloureuse que celles de ce millénaire, celles du communisme et du totalitarisme nazi. Elle se nomme l'islamisme. Ils envahiront l'Europe. J'ai vu les hordes venir de l'Occident vers l'Orient».

    Ces paroles de Jean-Paul II, citées par Monseigneur Mauro Longhi, ont fait grand bruit. Monseigneur Longhi, prêtre de l'Opus Dei, a dit (durant une rencontre publique à Bienno) que la vision lui fut décrite directement par Jean-Paul II en 1992.

    Longhi, qui a pu fréquenter le Pape Wojtyla pendant des années, a confirmé dans son récit que Jean-Paul II avait une vie mystique intense, incluant même des visions. L'une d'entre elles concernait l'islam: «l'Europe sera une cave, vieilles reliques, pénombre, toiles d'araignée. Souvenirs familiaux. Vous, Eglise du troisième millénaire, vous devrez contenir l'invasion. Mais pas avec des armes, les armes ne suffiront pas, avec votre foi vécue intégralement»

    On m'a demandé: mais selon toi, il est possible que Wojtyla ait parlé ainsi? Je n'ai pas de réponse. D'autre part, je n'ai aucune raison de douter de la correction de Monseigneur Longhi et de la véracité de l'histoire.

    Je crois que l'épisode narré est de toute façon utile pour une réflexion, aussi brève soit-elle, sur la manière dont Jean-Paul II s'est mis en relation avec le monde islamique.

    Comme nous le savons, au cours de son long pontificat, le pape Wojtyla a accordé une grande importance au dialogue avec l'islam, à tel point qu'il s'est rendu plusieurs fois dans des pays musulmans et est entré, premier pape de l'histoire, dans une mosquée de Damas en 2001.

    Il existe de nombreux textes dans lesquels Jean-Paul II réfléchit sur le rapport avec l'Islam.

    La base de toutes les interventions se trouve dans "Nostra aetate", le document du Concile Vatican II (28 octobre 1965) consacré au dialogue avec les religions non chrétiennes, dans lequel il est dit que «l'Église regarde avec estime les musulmans qui adorent le Dieu unique, vivant et subsistant, miséricordieux et tout-puissant, créateur du ciel et de la terre, qui a parlé aux hommes».

    Jean-Paul II a vraiment toujours fait preuve d'estime et de respect, mais nous ne pouvons pas ignorer les réflexions ultérieures qu'il a proposées. Des réflexions caractérisées par trois aspects: la loyauté dans la reconnaissance des différences, la nécessité de procéder toujours à la lumière de la vérité et la demande de garantir la réciprocité en matière de liberté religieuse

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