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Politique - Page 140

  • La Marche pour la Vie et le défi des soins palliatifs

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    De Vatican News :

    22 avril 2022

    Marche pour la vie en Belgique, le défi des soins palliatifs

    La treizième Marche pour la vie se tiendra ce dimanche 24 avril à Bruxelles alors qu’il y a vingt ans était légalisée l’euthanasie dans le royaume. Depuis, la possibilité d’avoir recours à l’euthanasie a été élargie et pourrait l’être encore. L’Église catholique rappelle dans ce contexte la nécessité de promouvoir les soins palliatifs et de choisir un modèle de civilisation basé sur la dignité de la personne humaine.

    Entretien réalisé par Xavier Sartre - Cité du Vatican

    Jamais l’euthanasie n’avait été aussi pratiquée en Belgique qu’en 2021. Selon la Commission fédérale de contrôle et d’évaluation de l’euthanasie, dans un rapport publié le 31 mars dernier, 2699 euthanasies ont été déclarées officiellement. Un record depuis le vote de la loi légalisant cette pratique. Près d’un tiers des personnes décédées ainsi étaient âgées de moins de 60 ans.

    Si les législateurs avaient prévu au départ de répondre ainsi à la demande de malades en phase terminale ou de personnes souffrant de douleurs physiques insupportables, ils ont ensuite élargi la loi aux mineurs ou aux personnes en situation de souffrance psychique inapaisable. Certaines voix évoquent l’élargissement de la possibilité d’euthanasie quelqu’un aux personnes démentes. Ce que refuse l’Église catholique mais aussi nombre de médecins, croyants ou non. C’est ce que tient à souligner le cardinal Jozef De Kesel, archevêque de Malines-Bruxelles.

    Un choix de civilisation

    «La dignité de la personne humaine ne dépend pas du fait qu’il est oui ou non conscient» rappelle le primat de Belgique. D’où «l’importance des soins palliatifs» pour «rester toujours proche du patient quand il souffre» explique-t-il, rejetant les critiques adressées à l’Église sur son soi-disant manque de «compassion»«Il faut tout faire pour adoucir les souffrances car ce n’est pas la vocation de la médecine de donner la mort, et l’euthanasie n’a pas le droit de citer dans le monde psychiatrique, car à ce moment-là, on change vraiment la vocation de la psychiatrie».

    «C’est un débat de société : qu’est-ce qui nous rend humain, qu’est-ce qui rend une société humaine», «or nous portons atteinte au fondement même de notre civilisation», insiste le cardinal De Kesel qui souhaite une alliance entre les chrétiens et toutes les personnes de bonne volonté pour promouvoir la vie.

    Entretien avec le cardinal De Kesel, archevêque de Malines-Bruxelles
  • Le pape ne rencontrera pas le patriarche Kirill

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    De Vatican News :

    La rencontre entre le Pape et Kirill en juin annulée

    Dans une interview au quotidien argentin La Nación, publiée jeudi 21 avril, le Pape François a déclaré mettre tout en œuvre pour que cesse la guerre en Ukraine, et a annoncé l’annulation de la rencontre prévue en juin à Jérusalem avec le patriarche de Moscou.

    Au quotidien argentin La Nación, François a confirmé qu'il y a «toujours» des efforts pour parvenir à la paix : «Le Vatican ne se repose jamais. Je ne peux pas vous donner les détails car il ne s'agirait plus d'efforts diplomatiques. Mais les tentatives ne cesseront jamais».

    François a également évoqué les «très bonnes» relations et une éventuelle rencontre avec le patriarche de Moscou, Kirill. «Je suis désolé que le Vatican ait dû annuler une deuxième rencontre avec le patriarche Kirill, que nous avions prévue en juin à Jérusalem. Mais notre diplomatie a estimé qu'une rencontre entre nous en ce moment pourrait conduire à une grande confusion. J'ai toujours encouragé le dialogue interreligieux. Lorsque j'étais archevêque de Buenos Aires, j'ai réuni chrétiens, juifs et musulmans dans un dialogue fructueux. C'est l'une des initiatives dont je suis le plus fier. C'est la même politique que je promeus au Vatican. Comme vous m'avez peut-être entendu le dire à plusieurs reprises, pour moi, l'accord est supérieur au conflit.»

    Interrogé sur sa visite, le 25 février au matin, à l'ambassade de la Fédération de Russie auprès du Saint-Siège, Via della Conciliazione, le Pape a déclaré : «J'y suis allé seul. Je ne voulais pas que quelqu'un m'accompagne. C'était ma responsabilité personnelle. C'est une décision que j'ai prise lors d'une nuit de veille en pensant à l'Ukraine. Il est clair pour ceux qui veulent voir les choses telles qu'elles sont que j'indiquais au gouvernement qu'il pouvait mettre fin à la guerre immédiatement. Pour être honnête, je voulais faire quelque chose pour qu'il n'y ait plus un seul mort en Ukraine. Pas même un de plus. Et je suis prêt à tout faire.»

    Mentionner Vladimir Poutine

    «Pourquoi ne mentionne-t-il jamais Vladimir Poutine ou la Russie ?» À cette question du journaliste, François a répondu : «Un pape ne nomme jamais un chef d'État, et encore moins un pays, qui est supérieur à son chef d'État.»

    Quant aux motivations qui ont déclenché la guerre, le Souverain pontife a déclaré : «Toute guerre est anachronique dans ce monde et à ce niveau de civilisation. C'est pourquoi j'ai embrassé publiquement le drapeau de l'Ukraine. C'était un geste de solidarité avec ses morts, ses familles et ceux qui ont été forcés d'émigrer».

    Par ailleurs, sur l'éventualité de son voyage à Kiev, le Souverain pontife a expliqué : «Je ne peux rien faire qui mette en danger les objectifs supérieurs, qui sont la fin de la guerre, une trêve, ou au moins un corridor humanitaire. Quel serait l'intérêt pour le Pape d'aller à Kiev si la guerre continuait le lendemain ?».

  • Comment être « aussi chrétien que possible » devant le problème de la guerre et de la paix ?

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    De Dominique Greiner sur le site du journal La Croix :

    « Pax Nostra », les chrétiens face à la guerre 

    Pour définir l’attitude à adopter devant l’actualité sociale et historique, le philosophe et théologien jésuite Gaston Fessard met en œuvre une méthode de discernement. Un livre de 1936 qui résonne avec notre époque.,

    20/04/2022

    Pax Nostra, examen de conscience international

    de Gaston Fessard

    Nouvelle édition présentée et augmentée par Giulio de Ligio et Frédéric Louzeau

    Cerf, 540 p., 39 €

    Le 16 mars 1935, Hitler annonce officiellement la reconstitution de l’armée allemande, bafouant les termes du traité de Versailles. Une décision « acclamée par un peuple fier sans doute d’avoir retrouvé le sentiment de son indépendance, mais aussi, pour une part fanatisé », alors que, à Paris, « le seul fait de maintenir six mois de plus une classe sous les drapeaux soulevait une vague d’impopularité et fournissait un regain d’énergie à l’activité pacifiste », relève le jésuite Gaston Fessard dans l’introduction de cet ouvrage paru en 1936, où l’inquiétude pointe : « La guerre vient : elle est à nos portes. »

    Que faire dans un tel contexte ? Comment être « aussi chrétien que possible » devant le problème de la guerre et de la paix ? « Quelle attitude adopter à l’intime de l’âme et dans la vie quotidienne ? », s’interroge le jésuite, qui perçoit les impasses sur lesquelles débouche la lutte acharnée entre des visions complètement opposées sur l’attitude à adopter devant le réarmement de l’Allemagne.

    Pacifisme et nationalisme

    « À voir parfois la violence des oppositions qui, à l’intérieur même d’un pays, mettent aux prises des gens que tout par ailleurs devrait rapprocher, on pourrait se demander si la coupure ici n’est pas plus radicale que celle qui sépare deux nations ennemies », écrit le théologien et philosophe. Chez les uns et les autres, il y a « un même élan vers le bien et le bonheur, un même désir d’y faire participer le monde entier. Osons le dire : leur âme est une identique charité. » Mais, poursuit-il, si l’on examine de près le pacifisme et le nationalisme, non sous l’angle des principes mais au regard de leurs conséquences, il apparaît que le premier peut se transformer en « ennemi de la paix » et le second en « ennemi de la nation ». Ainsi le désir de paix, mû au départ par un mouvement de vraie charité, peut tomber dans l’illusion et manquer de charité à l’égard du prochain, victime de l’agression d’un autre pays.

    « L’amour de la paix, élan généreux, se corrompt : l’attitude pacifique se change en Pacifisme, et ce n’est plus à un Idéal que je me sacrifie, c’est à une Idole que je commence par sacrifier mon prochain », écrit le jésuite, qui voit dans cette attitude un manque de réalisme moral, mais aussi social et politique.

    Les exigences de la charité

    Le nationalisme ne résiste pas mieux à la critique : « Il n’est pas très difficile d’accaparer le drapeau national, et la vénération naturelle qu’il inspire est un voile assez favorable aux égoïsmes. » D’où l’urgence «de hâter la maturation des consciences qui devront réaliser la synthèse des opposés », de « développer les facteurs affectifs qui concourent à unir les hommes », de penser en même temps le désir de paix intérieure et la paix entre les nations.

    C’est à cette tâche que se consacre l’auteur en opérant un travail de discernement qui comporte sept étapes. Un des enjeux est de penser la signification de la charité chrétienne pour les relations internationales, sachant que la complexité du réel ne permet pas d’en transposer directement les exigences du plan individuel au plan collectif. Un livre dense, qui résonne fortement avec l’actualité présente. À lire et à relire pour se donner les moyens d’opérer « l’examen de conscience international » dont le monde de 2022 a grandement besoin.

  • L'Église est en pleine crise, mais elle peut se relever même dans ses heures les plus sombres. La leçon de l'histoire

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    De Sandro Magister sur Settimo Cielo (traduction de Diakonos.be):

    L'Église est en pleine crise, mais elle peut se relever même dans ses heures les plus sombres. La leçon de l'histoire

    Pascal

    Dans la réflexion en vue d’un futur conclave – un raisonnement qui va crescendo parmi les cardinaux, comme Settimo Cielo est en train de le relayer – l’urgence de remettre au centre les questions capitales sur Dieu et sur l’homme se fait de plus en plus pressante, ces questions sur lesquelles l’Église tient ou tombe, pas pour seulement ralentir la décadence de l’Église actuelle, qui s’étale sous les yeux de tous, mais au contraire pour avoir confiance en une renaissance de vitalité chrétienne, même dans un monde largement indifférent et hostile.

    L’Église a déjà, par le passé, connu des périodes de décadence. La déchristianisation actuelle en fait partie. Mais rien ne dit que celle-ci doive être irréversible ni inéluctable, comme aucune des décadences précédentes ne l’a d’ailleurs été.

    Parce que dans l’histoire de l’Église, il y a eu aussi des saisons de renaissance religieuse. Qui n’ont d’ailleurs pas toujours été à l’initiative ni sous la conduite de la hiérarchie catholique. Au contraire, il n’est pas rare que celles-ci aient été animées de manière autonomie par des hommes cultivés, des intellectuels chrétiens cependant capables d’interpréter et d’inspirer même des mouvements de masse importants.

    Pour celui qui s’interroge sur l’Église d’aujourd’hui, il est donc plus instructif que jamais de retracer le déroulement de ces saisons. Et c’est ce que fait Roberto Pertici, professeur d’histoire contemporaine à l’Université de Bergame, dans cet essai qu’il a rédigé pour Settimo Cielo.

    Le professeur Pertici identifie au moins trois renaissances religieuses dans les cinq cents dernières années. La première est encouragée par le concile de Trente mais plonge ses racines dans le quinzième siècle et prend corps surtout dans le dix-septième siècle en France, le siècle de Pascal (portrait) et de « Port-Royal », pour ensuite décliner avec l’avènement des Lumières.

    La seconde fleurit après la Révolution française et Napoléon, dans le climat du romantisme et des nouvelles libertés. Elle est à la fois culturelle et politique, elle va de Chateaubriand à Rosmini, du « Génie du Christianisme » aux « Cinq plaies de la sainte Église ». Elle s’éteint après le raidissement anti-libéral de la hiérarchie ecclésiastique et l’émergence du positivisme scientifique.

    On retrouve la troisième à la croisée du dix-huitième et du vingtième siècle, il s’agit de celle du « Renouveau catholique », des grands convertis, de Bernanos à Eliot en passant par Chesterton, Papini avec son « Histoire du Christ ». Elle s’éteint à la moitié du siècle dernier avec le déclin du paradigme conservateur comme l’a analysé le professeur Pertici sur Settimo Cielo le 31 août 2020.

    Et la quatrième ? Le concile Vatican II a essayé de la lancer, celle fois sous l’impulsion des autorités de l’Église elles-mêmes. Mais sans y parvenir, par les raisons que Pertici a examinées dans un autre article de Settimo Cielo du 14 septembre 2020.

    L’Église d’aujourd’hui se trouve à ce croisement, entre une renaissance religieuse inachevée et l’avancée inexorable de la déchristianisation, face à un futur dans lequel tout peut encore arriver.

    Voici ci-dessous la première partie de l’essai de Pertici. La seconde partie et la conclusion suivront dans quelques jours.

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  • Ce dimanche 24 avril : la Marche pour la Vie

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    Ce dimanche a lieu la Marche pour la Vie

    Est-ce qu'on se verra aussi dimanche?

    C'est comme si nos politiciens le faisaient exprès; justement cette semaine, un parti politique a (encore) présenté la proposition d'autoriser l'euthanasie pour les personnes atteintes de démence... ! La pente glissante n'a pas de fin. Nous devons montrer en masse que nous ne voulons pas d'une société avec une vision aussi négative de l'humanité et, une vision aussi négative de la dignité des autres êtres humains dont la qualité de vie ne correspondraient plus à une vision de la vie "parfaite". Il faut défendre les soignants et les médecins qui voient l'acte de provoquer intentionnellement la mort, s'imposer de plus en plus comme "un acte médical ordinaire", contre leur gré, dans les responsabilités du beau métier qu'ils ont choisi.

    La Marche pour la Vie ne souhaite aucun compromis à cet égard. Nous demandons que de tels plans soient arrêtés immédiatement, tout autre choix est inhumain et constitue un pas de plus sur la pente glissante... Nous demandons également une réforme totale de la commission euthanasie, qui travaille de manière médiocre et ne contrôle pas effectivement si les conditions d'euthanasie ont été bien respectées. Une émission "Pano" (VRT) l'a récemment mis en lumière : la commission lui-même se prend pour le juge, n'est pas transparent et ignore les médecins qui enfreignent la loi.

    "La commission lui-même se prend pour le juge. Elle ne contrôle pas le respect de la loi, elle l'enfreint... Les membres de la commission savent qu'ils peuvent toujours se protéger les uns des autres, cette impunité est effrayante.”

    L'ancien membre de la commission, Ludo Vanopdenbosch, a rompu l'omerta avec sa lettre de démission de la commission d'euthanasie.

    Cet événement parlera également de la déclaration du président français Emmanuel Macron, qui a déclaré en janvier vouloir inscrire le "droit à l'avortement" dans la Charte des droits fondamentaux de l'Union européenne...

    Il est très important que vous soyez là le dimanche. Soutenez-nous et soyez au rendez-vous ce dimanche au Mont des Arts à Bruxelles (près de la Gare Centrale), à ​​14h !

    Vous pouvez également soutenir la Marche en nous aidant à payer les frais. D'après notre budget et nos calculs actuels, nous avons un manque de 4.000 euros ! Chaque contribution est la bienvenue ; Si vous pensez pouvoir nous aider, nous serions très heureux de recevoir votre soutien via l'un des canaux suivants :

    J'espère vous voir alors dimanche !

    Wouter Suenens
    Président

    Je veux participer aux frais

    20 années d'euthanasie en Belgique

    Non à un « droit fondamental à l'avortement » !

  • "Une image unilatérale de l'homme dans les organisations internationales"

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    De kath.net/news :

    Vatican : Image unilatérale de l'homme dans les organisations internationales

    20 avril 2022

    Dans une interview, le cardinal secrétaire d'État Parolin s'inquiète de la conception de plus en plus individualiste des droits à la liberté - à long terme, il existe un risque de destruction de la "dignité et de la substance" des êtres humains

    Cité du Vatican/Rome (kath.net/KAP) Une conception de plus en plus individualiste des libertés civiles et une image unilatérale de l'homme inquiètent la diplomatie vaticane. Cela est particulièrement vrai en ce qui concerne les organisations internationales, a déclaré le cardinal secrétaire d'État Pietro Parolin (photo d'archive) dans une interview accordée au réseau de médias catholiques privés ACI Stampa/EWTN publiée mardi. Ce sont des tendances que le pape François qualifie de « colonisation idéologique ».

    "Nous sommes très préoccupés par ces nouveaux droits", a déclaré Parolin, "car ils apportent avec eux une nouvelle vision anthropologique qui diffère de manière significative, sinon substantielle, de la vision de la proposition chrétienne". Cette nouvelle vision prive les gens de leurs relations tridimensionnelles : à eux-mêmes, à Dieu et aux autres. À long terme, cela menaçait de détruire « la dignité et la substance » de l'humanité.

    Selon le "numéro deux" du Vatican, l'Eglise ne comprend pas sa préoccupation comme une "lutte idéologique". Dans certaines tendances de la soi-disant politique de genre, en particulier, il y a une "perspective anthropologique" en arrière-plan "qui se concentre exclusivement sur les désirs personnels", a déclaré Parolin. Malheureusement, de telles critiques du Vatican n'ont jusqu'à présent rencontré que peu de réponses.

    Cardinal Parolin Discusses the Future of Vatican Diplomacy

  • "Moscou utilise toute la violence qui couve dans la société russe"

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    De Stefano Montefiori sur le site du Cooriere della Sera :

    Giuliano da Empoli : "Moscou utilise toute la violence qui couve dans la société russe".

    L'écrivain raconte dans un roman politico-fictionnel la vie et les actes de Vladislav Surkov, le "magicien du Kremlin" qui a aidé Poutine à transformer le pays en dystopie.

    desc imgL'écrivain Giuliano Da Empoli. A côté de son premier roman en français : Le magicien du Kremlin. Tous les hommes de Poutine (à paraître le 14 avril chez Gallimard)

    Vladislav Surkov était le conseiller officiel de Poutine sur l'Ukraine, mais avant cela, il était l'homme qui a aidé à porter le nouveau Tsar au pouvoir. Il y a un an, Surkov a pris du recul, mais il est le seul à mériter l'expression sinistre de "Sorcier du Kremlin", titre du roman passionnant que Giuliano da Empoli vient de lui consacrer. Dans le livre, qui paraîtra chez Gallimard le 14 avril, Vladislav Sourkov devient Vadim Baranov car "les faits sont réels, les dialogues et la vie privée imaginés", explique da Empoli dans un café parisien. "L'idée, sur laquelle j'ai commencé à travailler il y a sept ou huit ans, était d'entrer dans la tête de ces personnages et la fiction, paradoxalement, est le seul moyen d'arriver à une forme de vérité".

    Le mage du Kremlin parle de théâtre d'avant-garde et de dictature, de spin doctors et de violence - le cœur du régime Poutine depuis le début -, des lumières tamisées de la bourgeoisie occidentale et de la dureté implacable des lustres de Moscou ou de Saint-Pétersbourg, et de la réalité parallèle qui a toujours été propagée aux Russes, bien avant les mensonges sur le massacre de Buca. Achevé il y a un an, ce livre est un aperçu de l'abîme de ces heures.

    Pourquoi la phrase d'ouverture est-elle une citation d'Alexandre Kojève, "La vie est une comédie qu'il faut jouer sérieusement" ?

    "Dans un monde gris d'anciens fonctionnaires et hommes d'affaires du KGB, Surkov est diplômé de l'Académie d'art dramatique de Moscou, écrit des romans sous un pseudonyme et des paroles pour un groupe de rock gothique, a des posters du rappeur américain Tupac Shakur à la maison, et prend son travail de spin doctor comme une performance artistique.

    Combien cela pèse-t-il dans la construction du régime de Poutine et aussi dans la tragédie de ces jours-ci ?

    "C'est fondamental, car Surkov importe dans la propagande politique l'approche du théâtre d'avant-garde : il ne communique pas la réalité, il la crée. Une réalité qui, au moins au début, prévoit le pouvoir absolu de Poutine mais aussi le faux contre-pouvoir des partis d'opposition qui sont en fait totalement contrôlés et même encouragés par Surkov. Une réalité qui ressemble beaucoup à l'extraordinaire roman dystopique Noi d'Evgenij Zamjatin, qui a prédit en 1920 la société de contrôle omniprésent qui domine aujourd'hui en Russie et qui se ressent également en Occident avec les médias sociaux, de Tinder à Facebook."

    De Surkov à Poutine, la valeur fondamentale semble être le cynisme.

    "Cynisme et ironie. Ils sont très présents, non seulement chez les dirigeants, mais dans l'ensemble de la société russe. Lorsque vous passez par trois systèmes de valeurs en l'espace de quelques décennies, chaque fois interprétés de manière absolue et excessive - le communisme, puis le capitalisme sauvage, puis le nationalisme actuel enveloppé de valeurs orthodoxes sacrées - le résultat est que personne ne croit plus en rien.

    Beaucoup ont affirmé que le Poutine sanguinaire de ces dernières semaines est un homme différent de ce qu'il était auparavant. Il l'est ?

    "Je ne dirais pas ça. La violence que nous voyons se dérouler ces semaines-ci est à l'origine de la domination de la société russe par Poutine".

    Le livre rappelle le terrible moment du "11 septembre russe", les attentats qui, en 1999, ont dévasté deux immeubles dans la banlieue de Moscou et qui ont déclenché les atrocités de la deuxième guerre en Tchétchénie. Est-ce que cela a été un tournant ?

    "Poutine était déjà au pouvoir à l'époque, mais pas très populaire : il ne dépassait pas les 3% dans les sondages. Ces mystérieux attentats, dont les auteurs n'ont jamais été identifiés mais qui ont été attribués aux Tchétchènes, ont permis à Poutine de se présenter comme le sauveur de la patrie menacée. Grozny a été rasée ou presque, et cette violence a permis à Poutine d'imposer non seulement son pouvoir mais aussi sa popularité".

    La guerre en Ukraine répond-elle au même besoin ?

    "Régulièrement, Poutine a besoin de se défouler à l'extérieur de la violence qui couve dans la société russe et sur laquelle il a construit son régime. Dans mon livre, j'imagine un dialogue nocturne au cours duquel Poutine réfléchit à la popularité durable de Staline parmi les Russes. Les Occidentaux pensent que c'est parce que les Russes ont oublié les purges, dit-il, mais c'est le contraire. Staline reste populaire précisément à cause des massacres : il savait comment traiter les ennemis du peuple.

    Si la vie est une grande pièce de théâtre à jouer sérieusement, cela explique aussi les contre-vérités russes sur le massacre de Buca et d'autres atrocités.

    "L'extraordinaire inversion est qu'aujourd'hui les fake news sont déguisées en vérification des faits en Ukraine. Les corps laissés dans la rue ? Selon les Russes, ce sont des acteurs."

    Comment peuvent-ils penser qu'ils sont pris au sérieux ?

    "C'est de la propagande à usage interne, avant tout, mais il y a des gens en Occident qui y croient. La réalité ne compte pas pour beaucoup dans le théâtre d'avant-garde. Peu importe que la version officielle soit crédible et bien faite. Au contraire, il est préférable de donner deux, trois, voire cinq explications différentes, et si elles sont farfelues, tant pis. Le but n'est pas de convaincre, de donner des certitudes, mais de détruire toute certitude."

    Pourquoi Surkov a-t-il quitté le Kremlin ?

    "Ceux comme lui, les manipulateurs subtils, à ce stade, ont perdu. Face à la violence nue, il y a peu de place pour eux. Mais l'héritage de Vladislav Surkov demeure. Si vous n'avez pas la force d'imposer votre ordre, optez pour le chaos. Je crains que ce soit la stratégie que Poutine adoptera en Ukraine."

  • RDC : Tristes fêtes de Pâques au Nord Kivu

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    Tristes Pâques au pied de la chaîne des Virunga et ailleurs. Lu sur le site de la Libre Afrique :

    « Quand le pape viendra, nous lui dirons nos douleurs et nos misères… » En ce week-end de Pâques, dans un site de déplacés de Rutshuru, dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), Stéphanie Aziza, 25 ans, n’a pas le coeur à la fête. Depuis les récents combats entre l’armée et les rebelles du Mouvement du 23 mai (M23) dans la province du Nord-Kivu, elle est sans nouvelles d’un de ses trois enfants, perdu dans le chaos de la fuite.

    Comment célébrer Pâques, « quand en plus on n’a pas à manger? », ajoute tristement la mère de famille, un petit enfant à la main, dans la cour de l’école Rugabo, où sont réfugiés plusieurs centaines de villageois.

    Non loin de là, une autre famille trie des haricots, pour le repas du dimanche de Pâques.

    L’est de la RDC est en proie depuis plus d’un quart de siècle aux violences de multiples groupes armés. La venue du pape François début juillet à Goma, le chef-lieu du Nord-Kivu, est présentée par l’Eglise catholique comme « un signe de réconfort et de paix ».

    « C’est la première fois qu’il foule notre terre, c’est une bénédiction divine », veut croire Heri Byiringiro, un autre déplacé.

    Fin mars, dans la région de Rutshuru, le « Mouvement du 23 mars », une ancienne rébellion tutsi réapparue en fin d’année dernière, s’est emparé de plusieurs collines, dont les habitants se sont enfuis vers l’Ouganda tout proche et vers le centre du chef-lieu du territoire.

    Les combats violents ont duré deux jours, se sont arrêtés une semaine et ont repris. Depuis quelques jours, c’est de nouveau l’accalmie, mais la tension est palpable, les militaires sont sur les dents.

    Samedi, à environ 6 km de Rutshuru-centre, quelques fidèles catholiques ont fêté Pâques dans la chapelle du village de Rangira, assistant à la seule messe pascale organisée dans toute la paroisse de Jomba, très affectée par les combats.

    Près du bâtiment de briques, un camp militaire a été installé, pour contrer l’avancée rebelle. Des camions remplis de soldats passent sur la route, des jeeps sont en patrouille.

    « Nous remercions le Seigneur qui vient de permettre l’arrivée de notre curé. Nous pensions qu’il était mort », déclare Dusera Nyirangorengore, tout juste revenue de Rutshuru où elle s’était enfuie.

    « Nous avons vécu le pire. Je priais, avec mon chapelet, pour que les bombes ne nous tombent pas dessus en brousse », raconte-t-elle.

    Leur curé, l’abbé Juvénal Ndimubanzi, pris dans les affrontements entre l’armée et le M23, a eu la vie sauve lorsque la force de l’ONU en RDC, la Monusco, l’a évacué, le 28 mars. Sa paroisse de Jomba est encore sous le contrôle du M23, inaccessible.

    « Prions pour les régions du monde qui souffrent de la guerre; et que la paix revienne ici chez nous, afin que les déplacés regagnent leurs villages! », déclare à l’assistance un servant, debout près de l’abbé.

    A l’heure à laquelle se déroule généralement le Chemin de Croix, une grand-messe a eu lieu vendredi à Rutshuru-centre dans l’église Saint-Aloys, à laquelle ont assisté des centaines de fidèles, recueillis et silencieux.

    Ailleurs dans le territoire, les célébrations ont été réduites. Les fidèles ont dû renoncer aux traditionnelles veillées du samedi soir, à cause de l’insécurité et de l’état de siège en vigueur depuis près d’un an dans le Nord-Kivu et la province voisine d’Ituri, qui a instauré un couvre-feu.

    Dans la modeste chapelle de Rangira, Jean-Pierre Sebaganzi, un fidèle de 45 ans, se réjouit tout de même d’avoir pu fêter Pâques, « malgré la peur »

    Ref. RDC: tristes fêtes de Pâques pour les déplacés du conflit avec le M23

    Que pensez-vous de cet article et que fait entretemps l’ancienne métropole tutélaire ?

  • Floride : une loi interdit l’avortement après 15 semaines de grossesse

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    Une synthèse de presse de gènéthique.org :

    La Floride interdit les avortements après 15 semaines de grossesse

    19 avril 2022

    Jeudi 14 avril, le gouverneur de Floride, Ron DeSantis, a signé une loi interdisant l’avortement après 15 semaines de grossesse (cf. Floride, Arizona, Virginie occidentale : vers un délai maximal de 15 semaines pour avorter). La loi n’envisage pas d’exception en cas de viol ou d’inceste. Le texte prévoit un financement de 1,6 million de dollars [1] consacré à des programmes visant à réduire la mortalité et la morbidité infantiles. « La vie est un don sacré qui mérite notre protection », a déclaré le gouverneur, qui s’est dit « fier » de signer ce texte.

    La semaine dernière également, le Kentucky a adopté une loi similaire, passant outre le veto du gouverneur démocrate Andy Beshear, rejoignant ainsi le Mississippi et la Louisiane (cf. Avortement : le Kentucky pose de nouvelles limites). Le gouverneur de l’Oklahoma, Kevin Stitt, a quant à lui approuvé un projet de loi visant à interdire presque totalement l’avortement dans son Etat (cf. Etats-Unis : l’Oklahoma va interdire l’avortement).

    Jeudi 14 avril encore, la Chambre des représentants du Tennessee a adopté un projet de loi autorisant uniquement les médecins à fournir les produits utilisés pour les avortements médicamenteux [2]. Leur envoi par la poste est interdit. Les contrevenants s’exposent à des sanctions pénales. Les praticiens seront également tenus d’examiner la patiente en personne, et de prévoir deux visites de suivi.

    Plus de vingt Etats ont adopté des mesures restrictives en matière d’avortement depuis 2020, « allant de la limitation de la prise en charge à l’interdiction pure et simple ». Des « efforts » qui se sont « intensifiés » en prévision de la décision de la Cour suprême au sujet de l’arrêt Roe v. Wade. Si la juridiction annulait cet arrêt, la réglementation en matière d’avortement reviendrait aux Etats (cf. Etats-Unis : « L’annulation de « Roe » rendra la politique d’avortement au peuple »).

    [1] Financement récurrent

    [2] La House Bill 2416 a été adoptée par 68 voix contre 20

    Sources : Washington Times, Susan Ferrechio (14/04/2022) ; CNN, Veronica Stracqualursi (17/04/2022)

  • Dire la vérité sur la façon dont Pie XII et le diocèse d'Assise ont contribué à sauver des Juifs

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    De Sabrina Ferrisi sur le National Catholic Register :

    Dire la vérité sur la façon dont Pie XII et le diocèse d'Assise ont contribué à sauver des Juifs

    19 avil 2022

    Lors d'une récente manifestation organisée à New Rochelle par la fondation Pave the Way, des dirigeants juifs et ecclésiastiques bien informés ont raconté les efforts qui ont permis d'épargner la vie de tous les Juifs se trouvant dans les limites du diocèse pendant la Seconde Guerre mondiale.

    Jewish babies were born amid safe shelter during World War II. Above, Jewish refugees, including infants, were photographed in Castel Gandolfo.
    Des bébés juifs sont nés dans un abri sûr pendant la Seconde Guerre mondiale. Ci-dessus, des réfugiés juifs, dont des nourrissons, ont été photographiés à Castel Gandolfo. (photo : avec l'aimable autorisation de Gary Krupp)

    NEW ROCHELLE, N.Y. - Peu de gens savent à quel point l'Église catholique, sous les ordres du pape Pie XII, a œuvré pour sauver des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale.

    Afin de souligner ces actions héroïques, la fondation Pave the Way a organisé un événement au Temple Israël de New Rochelle le 5 avril pour présenter "Musée de la mémoire, Assise 1943-1944".

    L'événement avait pour but de présenter et de discuter de la manière dont le diocèse d'Assise a sauvé tous les Juifs se trouvant sur son territoire pendant la Seconde Guerre mondiale grâce à un réseau de clergé et de citoyens. Parmi les intervenants figuraient le rabbin Jay Rosenbaum du Temple d'Israël, l'archevêque d'Assise Domenico Sorrentino, Gary Krupp, président de la fondation Pave the Way, Johan Ickx, archiviste du Vatican de longue date et éminent spécialiste des archives du Vatican pendant la Première et la Seconde Guerre mondiale, Elizabeth Bettina, auteur de It Happened in Italy, et Stefania Proietti, maire d'Assise.

    Ce qui s'est passé à Assise

    En 1943, des milliers de réfugiés se réfugient à Assise, dont 300 Juifs. Immédiatement, l'évêque Giuseppe Nicolini d'Assise a formé un comité de travail pour sauvegarder les Juifs en les plaçant dans des couvents et des monastères. Tout a été fait pour les aider, y compris la fourniture de nourriture, de vêtements et la dissimulation d'objets religieux juifs. En fait, l'évêque Nicolini a placé ces objets sacrés dans le sous-sol de sa propre résidence et l'a muré de ses propres mains. 

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  • Un contre-point au dernier livre de Chantal Delsol sur "la fin de la chrétienté"

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    De Philippe de Labriolle sur le site de l'Homme Nouveau dans Tribune libre :

    Requiem pour une chrétienté défunte ? Contre-point au dernier livre de Chantal Delsol

    Requiem pour une chrétienté défunte ? Contre-point au dernier livre de Chantal Delsol

    Chantal Delsol, philosophe spécialiste de l’Antiquité gréco-romaine, élève de Julien Freund, a infléchi en cours de carrière sa passion spéculative vers l’étude de la pensée contemporaine. Professeur des Universités, désormais émérite, elle a publié de nombreux essais dont la tenue intellectuelle et la hauteur de vue lui ont valu d’être élue, en 2009, à l’Académie des sciences morales et politiques. Le dernier en date : La fin de la chrétienté, vient de paraître aux éditions du Cerf.

    Cette catholique, mère de six enfants (dont un adoptif), élevée dans un milieu favorisé du Lyonnais, n’a jamais caché son aversion pour le communisme, lequel était encore, durant ses études, l’opium des intellectuels, selon l’expression heureuse de Raymond Aron. Libérale-conservatrice, selon ses dires, soutien discret mais fidèle des choix de société cruciaux tels que le refus du mariage pour tous, ou la dénonciation de l’effondrement général du niveau scolaire, cette observatrice attentive de ses semblables jouit d’un crédit notable auprès des milieux catholiques soucieux de le rester.

    Un livre accessible et… décevant 

    Cette Fin de la Chrétienté méritait donc l’étude, en raison de l’excellente réception dont l’ouvrage a fait l’objet, d’une part, et de son contenu, provocateur plus encore que décevant, d’autre part. Son succès tient aussi à son accessibilité. En 170 pages lisibles par un presbyte assis sur ses lunettes, l’affaire est conclue. La Chrétienté n’est pas l’Eglise. « Il s’agit de la civilisation inspirée, ordonnée, guidée par l’Eglise ». Elle a duré 16 siècles, de l’Edit de Milan à la dépénalisation de l’IVG. Elle est désormais défunte. Elle a lassé les peuples qu’elle animait, et savez-vous de quelle façon ? « Nous avons profané l’idée de vérité, à force de vouloir à tout prix identifier la Foi à un savoir » (p.125). Cet abus aurait précipité sa fin. La croyez-vous inconsolable de ce désastre ? Que nenni : « Renoncer à la Chrétienté n’est pas un sacrifice douloureux. » (p.170). In cauda venenum.

    En clair, la Chrétienté serait morte de s’être prise au sérieux. L’harmonie entre l’Eglise et la cité chrétienne n’aurait pas survécu à la tyrannie de la vérité, aggravée du refus radical de la Modernité. Cette thèse choyée des novateurs, sans discontinuité depuis  les abbés démocrates du XIXe siècle et les modernistes de la Belle Epoque jusqu’à nos jours, pourrait suffire à remiser l’ouvrage, si n’était en question le sens de ce nouvel assaut de la part d’une érudite passant pour proche des milieux traditionnels. A vrai dire, si la thèse n’est pas neuve, et sauf à n’être pas comprise, il n’était pas d’usage, dans nos rangs, qu’elle soit applaudie !

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  • Ce que signifie l'Occident (en s'inspirant de la crise ukrainienne)

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    Du site de l'Observatoire International Cardinal Van Thuan sur la Doctrine Sociale de l'Eglise (traduction avec https://www.deepl.com/fr/translator):

    Sur la signification de l'Occident.
    S'inspirer de la crise ukrainienne
    Note de la carte de l'Observatoire Van Thuân
     
    À la lumière de la guerre qui se déroule actuellement en Ukraine, il est très important de clarifier la notion de "l'Occident", car une idée correcte de l'Occident peut être très utile pour poursuivre la cause de la paix. Avec cette Note, l'Observatoire n'a pas l'intention d'aborder en détail le conflit actuel, mais de proposer un horizon qui nous semble plus adéquat et approprié que d'autres qui prévalent aujourd'hui.  Concevoir le conflit actuel comme interne à l'Occident, presque une "guerre civile en Occident", ou le concevoir comme le choc entre l'Occident et quelque chose d'autre qui lui est opposé, sont deux visions très différentes. Nous pensons que la première - que nous entendons soutenir ici - est la plus correcte et, par conséquent, également la plus apte à contribuer à l'apaisement des tensions dans la mesure où elle indique une origine et une matrice communes.

    L'Occident ne peut certainement pas être compris uniquement en termes géographiques, non seulement parce que, étant donné la forme sphérique de la terre, personne ne se trouve en Occident sans être, à son tour, à l'Est d'un Occident, mais surtout parce que ce qui est considéré comme Occidental ne se limite pas à des critères géographiques : par exemple, l'Australie et la Nouvelle-Zélande sont considérées comme occidentales.

    On pourrait alors dire que l'Occident n'est rien d'autre que la Magna Europa, c'est-à-dire l'Europe et ses projections extra-européennes (les Amériques, l'Océanie, les Philippines et l'Afrique chrétienne). L'Europe, entendue comme l'Occident, est une civilisation et non un espace géographique. Géographiquement parlant, une partie de la Turquie, la République turque de Chypre du Nord, le Kosovo islamique, la Bosnie et l'Albanie musulmanes sont certainement l'Europe ; sont-ils aussi l'Europe au sens de la civilisation européenne ? Tout comme il existe une Europe comprise comme une civilisation en dehors de l'Europe géographique, il existe également des civilisations ou des aspects de la civilisation au sein de l'Europe géographique qui ne sont pas conformes à la civilisation européenne.

    L'Occident et l'Europe constituent donc une civilisation. C'est la civilisation née de la synthèse providentielle de la Révélation divine, de la philosophie grecque et du droit romain, c'est-à-dire la civilisation chrétienne. Le christianisme, l'Europe et l'Occident sont des concepts qui peuvent se recouper. Le sens essentiel et non géographique de l'Occident est la civilisation chrétienne née de la rencontre entre le classicisme gréco-romain et l'Évangile. Une rencontre favorisée de manière extraordinaire par le monachisme, qui a amené l'Évangile, la latinitas et la germanitas à une synthèse dans une seule réalité historique particulière. La civilisation qui est née de cette synthèse transcende les frontières géographiques, car son centre est divin (Jésus-Christ) et non géométrique. La distinction même, au sein du christianisme, entre le monachisme oriental et occidental est éphémère et insubstantielle : il s'agit d'un seul et même monachisme, différent des expressions du monachisme non chrétien et incarné dans de nombreuses traditions populaires. Cela fait de l'Occident (compris comme le christianisme) une civilisation essentiellement différente et autre que le monde islamique et les civilisations de l'Inde, de la Chine, du Japon, etc.

    Compris de cette manière, l'Occident sera certainement l'Europe et ses projections extra-européennes, mais il sera aussi compris comme inséparable de ces christianismes millénaires extérieurs à l'écoumène gréco-romain comme, par exemple, les christianismes éthiopien ou arménien. Un Occident ainsi compris considérera comme indissolublement unie à lui la civilisation chrétienne incarnée par les minorités des pays non chrétiens (par exemple les Coptes d'Egypte, les Syriaques et les Maronites d'Asie Mineure, les Chaldéens de Mésopotamie, les Chrétiens de Saint-Thomas en Inde, etc;), il entretiendra des relations étroites avec eux, défendra leurs droits et soutiendra leurs causes.

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