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Religions - Page 41

  • Au cœur du fanatisme il y a une maladie de la religion elle-même

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    De Stéphane Seminckx sur didoc.be :

    Du fanatisme. Quand la religion est malade

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    Sous ce titre, Adrien Candiard a publié un petit essai intéressant et agréable à lire (90 pages). Il y défait l’un des clichés les plus courants sur le lien entre violence et religion.

    Pour le dominicain et islamologue français, au cœur du fanatisme, il n’y a pas une simple déformation mentale ou la rage de voir sa culture ou sa religion marginalisés. Il y a une maladie de la religion elle-même. Il l’illustre à partir d’une certaine théologie islamique, en vogue dans les milieux salafistes, qui justifie le terrorisme au nom de l’islam. Mais cette maladie de la religion ne se limite pas à l’islam.

    Au cœur du fanatisme, il y a une idolâtrie, une substitution — parfois grossière, souvent subtile — de Dieu par une idole, une image qui évoque Dieu mais n’est pas Dieu. Il n’y a pas un excès de religion mais un défaut, un manque de religion, le mot « religion » venant du latin « religio », dont la racine est « ligare », lier, attacher, qui a formé « religare », lier plus fortement. Le fanatique a perdu le lien personnel avec Dieu, qui est Amour et Vérité : « le fanatisme est un bannissement de Dieu, presque un athéisme, un pieux athéisme, un athéisme de religieux — un athéisme qui ne cesse de parler de Dieu, mais qui en réalité sait fort bien s’en passer » (p. 42). C’est tout le contraire de l’idée courante que l’on se fait du fanatisme, perçu comme une sorte « d’excès de Dieu ».

    Cette dérive surgit dans certaines formes violentes de l’islam, enracinées dans une vision théologique où Dieu est à ce point transcendant qu’« on ne sait pas qui est Dieu, mais on sait ce qu’il veut » (p. 32). Dans cette optique, le musulman fidèle n’est pas celui qui aime Dieu mais celui qui fait ce que Dieu commande et exige des autres — même par la contrainte et la violence — de faire la volonté de Dieu.

    Le christianisme n’échappe pas au risque de cette déformation. L’auteur relève que les guerres de religion ont suivi le développement, à la fin du moyen âge, d’une théologie d’un Dieu arbitraire, dont la liberté est déconnectée de la raison. Dans cette vision, la vie morale n’est plus une participation, par la raison humaine, de la raison divine, mais la soumission à des règles, dont l’arbitraire peut mener aux excès et à la violence. Le commandement de Dieu remplace le Dieu qui est Amour : on « veut ce que Dieu veut, que Dieu le veuille ou non », comme disait André Frossard.

    Mais il y d’autres formes de dérives fanatiques. Le fondamentalisme biblique remplace le Christ, qui est le Verbe, par un texte. L’intransigeance liturgique fait de l’Eucharistie, sacrement de l’unité, une source de divisions, en privilégiant la conformité au rite à l’adoration du Christ. Le prêtre qui, au lieu de guider les fidèles vers le Christ, les guide vers lui-même, peut aussi devenir une idole. Le catholique doctrinaire, disposé à brûler les autres sur le bûcher au nom de la pureté de la foi, est un autre genre de fanatique : il n’aime pas Dieu, ni son prochain, mais une doctrine (oubliant qu’au cœur de celle-ci, il y a l’amour de Dieu et de son semblable).

    La solution n’est pas dans l’athéisme, car il est un autre tenant de l’absence de Dieu. Il peut tout autant mener au fanatisme, car, en reniant Dieu, il idolâtre sa propre raison, faisant violence à la nature religieuse de la personne.

    Blaise Pascal avait déjà signalé le danger : « On se fait une idole de la vérité même, car la vérité hors de la charité n’est pas Dieu, et est son image et une idole qu’il ne faut point aimer ni adorer. Et encore moins faut-il aimer ou adorer son contraire, qui est le mensonge » (p. 59). Et Adrien Candiard rappelle que le démon lui-même connaît les vérités de la foi mieux que quiconque. Dans l’Evangile, un démon reconnaît le Christ comme « Saint de Dieu » (Mc 1, 24) bien avant que les disciples ne découvrent la condition divine de Jésus. Mais si les démons connaissent les vérités sur Dieu, ils ne connaissent pas Dieu, car ils refusent son amour.

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  • Port du voile : faut-il faire évoluer des valeurs fondamentales au nom de l’évolution démographique ?

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    Du site de 7 sur 7 :

    “Comment décline-t-on la séparation de l’Église et de l’État avec un changement démographique?”: la sortie d’Ihsane Haouach fait bondir le MR et DéFi

    Les propos d’Ihsane Haouach, commissaire du gouvernement auprès de l’Institut pour l’égalité des femmes et des hommes, tenus dans le journal Le Soir ce week-end, ne passent pas auprès du MR et de DéFi. Les deux partis, favorables à une neutralité exclusive, comptent interpeller la Secrétaire d’État à l’Égalité des chances Sarah Schlitz.

  • Inde : des familles chrétiennes expulsées de leurs villages par les castes hindoues en Odisha

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    Du site des Missions Etrangères de Paris :

    En Odisha, des familles chrétiennes expulsées de leurs villages par les castes hindoues

    29/06/2021

    Plusieurs agences et sites chrétiens d’information alertent sur des tensions ciblant la minorité chrétienne dans les villages aborigènes du district de Rayagada, dans l’État d’Odisha, dans l’est de l’Inde. Forcées de fuir leurs maisons sous les menaces et les attaques des villageois hindous, treize familles chrétiennes ont trouvé refuge dans la jungle avoisinante au cours de ces dernières semaines. Les photographies prises sur les lieux par des témoins montrent un campement de fortune et des abris sommaires, à la merci des pluies de mousson.

    En août 2017, des chrétiens du nord-est de l’Inde manifestent à New Delhi contre l’interdiction de l’enterrement d’une femme catholique à Manipur.

    Dans ce district de l’Odisha, les tensions auraient débuté en novembre dernier, lorsque deux familles chrétiennes du village de Chichinga ont été ostracisées par les hindous dominants en raison de leur religion et sommées de quitter leurs maisons. Plus récemment, six familles chrétiennes d’un autre village, Sikarpai, ont également été la cible d’attaques orchestrées par les habitants issus des hautes castes hindoues. Ces derniers se sont opposés au déroulement d’un mariage chrétien, puis ont prohibé l’accès du puits commun aux femmes chrétiennes et ont interdit à la minorité de pratiquer les rites chrétiens dans le village. « Malgré les menaces, ces chrétiens restent fermes dans leur foi qu’ils exercent depuis quatorze ans », a commenté le père Purushottam Nayak, de l’archidiocèse de Cuttack-Bhubaneswar, à l’agence catholique Ucanews. Fin mai, les six maisons des chrétiens de Sikarpai ont été vandalisées et endommagées, poussant les victimes à fuir et à trouver refuge dans la jungle. D’après le site d’information Morning Star News, qui alerte sur les atteintes aux droits de l’homme visant les chrétiens, ces familles ont été rejointes par cinq autres du village avoisinant de Kotlanga, où les chrétiens ont également été victimes, le 7 juin, de menaces proférées à leur encontre.

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  • Fin du sacré, fin de la civilisation ?

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    Un échange entre Michel Onfray et Patrick Buisson où il est question de la perte du sacré et de la spiritualité :

    Fin de civilisation ?  Sur le même sujet, un commentaire de Gérard Leclerc extrait du site web de "France Catholique" :

    "Le cardinal De Kesel, archevêque de Bruxelles-Malines, vient de publier un essai sur la situation des chrétiens dans une société qui n’est plus chrétienne (Foi & religion dans une société moderne, Salvator). Faute de l’avoir lu, je ne me permettrai pas d’interpréter sa pensée. Je m’interroge néanmoins sur l’analyse qu’il peut faire de cette société. S’il lui accorde des crédits, quels sont-ils ? Peut-être ses jugements sont-ils accordés à la complexité du monde actuel. Mais je me pose tout de même une question. Signale-t-il le basculement spirituel, moral, d’une civilisation qui, de chrétienne, est devenue a-chrétienne ? Un Chesterton, un Bernanos étaient particulièrement sensibles à un tel basculement, car pour eux, un monde qui avait perdu le sens de Dieu, était mûr pour les pires déviations.

    Athéisme et christianisme

    Ce qui me frappe, aujourd’hui, c’est que ce sont le plus souvent des non-chrétiens, ou des gens éloignés de la pratique religieuse, qui se montrent les plus attentifs au caractère judéo-chrétien de notre civilisation et à la perte irréparable que constitue le naufrage de cet héritage. Le cas de Michel Onfray est particulièrement significatif. Il a commencé sa carrière philosophique à l’enseigne d’un athéisme revendiqué et d’une déconstruction du christianisme. Et voilà qu’il déclare dans Le Figaro du 18 juin : « Je regrette le déclin de la civilisation judéo-chrétienne, je me bats pour elle.  » . De ce déclin, il nous offre une analyse qui fait plus que froid dans le dos et qui devrait singulièrement alerter tous ceux qui, du côté chrétien, chantent les louanges de notre bel aujourd’hui. Le mieux est de le citer longuement.

    «  La fin du sacré tuile avec la prochaine civilisation qui sera probablement post-humaniste. Rien ne pourra moralement interdire son avènement qui s’effectue avec d’actuelles transgressions qu’aucune éthique, aucune morale ne saurait arrêter. L’intelligence artificielle qui crée des chimères faites d’humain et d’animaux, la marchandisation du vivant, l’abolition de la nature naturelle au profit de l’artifice culturel, constituent une barbarie qui, un jour, sera nommée civilisation, car toute civilisation nouvelle est dite un jour barbare par les témoins de ceux qui voient la leur s’effondrer. Nous sommes dans le temps nihiliste du tuilage qui tuile la décomposition et le vivant (…). Eu égard à ce qui nous attend, et en regard de l’idéologie “woke“ qui travaille à l’avènement de ce nouveau paradigme civilisationnel, bien sûr que je regrette la civilisation judéo-chrétienne. Pour l’heure, je me bats pour elle.  »

    Le rôle des non-chrétiens

    Voilà qui contraste avec les complicités des chrétiens qui saluent sans regrets «  feu la chrétienté  ». Faut-il donc un non-chrétien pour mesurer les dégâts irréversibles d’une mutation de civilisation ? Peu importe que je sois en désaccord avec Michel Onfray sur la cause de ce décrochage. Cause qu’il attribue à une Renaissance qui annoncerait les Lumières. Érasme et Pic de la Mirandole sont des génies chrétiens qui attestent combien l’humanisme post-médiéval ne va pas sans un ressourcement aux origines chrétiennes. Fides et ratio marchent de concert. Mais le problème actuel n’est pas là. Il réside dans une déshumanisation consécutive à une déchristianisation. « Ôtez le surnaturel, écrivait Chesterton, et il ne reste plus que ce qui n’est pas naturel. »

    JPSC

  • Inde : des chrétiens chassés de leurs villages

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    De Vatican News :

    Orissa_fondamentalisti.jpgEn Inde, des extrémistes hindous chassent des chrétiens de leur village

    Dans un village de l'État de l'Odisha, à l'Est du pays, des nationalistes hindous ont expulsé des familles chrétiennes, les forçant à se réfugier dans la forêt voisine. Un nouvel épisode de violence anti-chrétienne qui se diffuse dans le pays.

    Le 8 juin dernier, à Sikapai, un village du district de Rayagada, situé dans l'État oriental de l'Odisha, un groupe de radicaux hindous a attaqué et détruit les maisons de chrétiens, les chassant du village et les forçant à se réfugier dans des maisons de fortune dans la forêt voisine. Une information rapportée à l'agence catholique UCA News par le père Purushottam Nayak, prêtre de l'archidiocèse de Cuttack-Bhubaneswar.

    «Les chrétiens ont déposé une plainte auprès du poste de police de Kalyansingpur et une enquête est en cours, a expliqué le père Nayak, précisant que «le village est dominé par 32 familles hindoues et qu'il n'y a que huit familles chrétiennes.». Le prêtre a ajouté que le groupe radical hindou ne pouvait tolérer la présence de familles chrétiennes à Sikapai, et que, jaloux de leurs progrès, il avait déjà commis des actes d'humiliation contre des femmes chrétiennes. Cependant, a t-il ajouté «malgré les menaces, les chrétiens restent ici fermes dans leur foi et pratiquent le christianisme depuis 14 ans.»

    Un nouveau creuset de la violence anti-chrétienne

    Sajan K. George, président du Conseil mondial des chrétiens indiens, a souligné à UCA News que le district de Rayagada est un nouveau creuset de la violence anti-chrétienne dans le pays, et que, malheureusement, cette violence n'est pas nouvelle dans l'État de l'Odisha.

    «Les cycles de violence et de haine à Rayagada sont des signes inquiétants de bigoterie» a déclaré le responsable laïc chrétien. Par conséquent, a-t-il conclu, «nous demandons instamment au premier ministre de l'Odisha de prendre des mesures visibles pour contenir les éléments les plus extrémistes dans notre société pour la sécurité de tous.»

  • Lever l'excommunication de Luther ?

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    Du site de l'Homme Nouveau :

    Faut-il lever l'excommunication de Luther ?
    L'analyse du Club des Hommes en Noir

    Faut-il lever l'excommunication de Luther ? <br>L'analyse du Club des Hommes en Noir

    Comme chaque vendredi, retrouvez Le Club des Hommes en Noir. Cette émission fondée en 2012, sur une radio bien connue, par Philippe Maxence, a un concept simple : l'actualité de l'Église décryptée par des prêtres et un laïc, sans langue de buis ! 

    Cette semaine, le Club des Hommes en Noir composé des abbés Barthe, Viot, du Père Thomas sj et de Jean-Pierre Maugendre, sous la direction de Philippe Maxence s'interroge sur la sortie d'un texte qui viendrait limiter le Motu Proprio Summorum Pontificum de 2007, rendant sa pleine légitimité à la forme extraordinaire du rit romain.

  • De l’Eglise utile à l’Eglise inutile

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    Lu sur le site web « Benoît et moi » :

    « L’Eglise, en niant le péché originel, suit le monde mais se condamne elle-même à l’insignifiance. Un monde sans péché originel est capable de se débrouiller tout seul, de se donner le salut à son propre niveau, il est autonome et n’a pas besoin de Dieu ou de l’Église. Et l’Eglise, qui était indispensable, devient simplement (éventuellement) utile. Mais « être ‘utile à …’ sans préciser à quoi, c’est laisser au monde le soin de clarifier, selon ses catégories à lui, ce à quoi elle peut et doit être utile », faisant ainsi d’elle une agence mondial(ist)e de plus. Très intéressante réflexion de la rédaction de la Bussola, dans sa rubrique « doctrine sociale de l’Eglise ».(www.lanuovabq.it/it/dalla-chiesa-utile-alla-chiesa-inutile) »

    Voici la traduction française de cet article publiée par les soins de « Benoît et moi » :

    « Quand l’Église se considère uniquement utile au monde, elle finit rapidement par se considérer comme inutile. Naturellement, à ce point, même sa Doctrine sociale est parvenue au terminus

    Dans l’encyclique Caritas in veritate, on lit que le christianisme est non seulement utile mais nécessaire au développement de l’homme (n. 4), car « sans Dieu, l’homme ne sait pas où aller et ne peut même pas comprendre qui il est » (n. 78). Nécessaire signifie qu’il ne peut pas être absent, utile signifie par contre une présence accidentelle qui, si elle est là, produit un certain effet positif mais non essentiel, et si elle n’est pas là, ne cause aucun dommage. Selon Augusto Del Noce (comme il le dit dans Il problema dell’ateismo), le mode de penser de la modernité a transformé le christianisme de nécessaire à utile parce qu’il a fait du péché un simple accident que la dialectique historique ou la praxis humaine sont capables de surmonter d’elles-mêmes. La sécularisation du péché et, surtout, la négation du péché originel, ont produit un christianisme utile mais pas indispensable.

    Un monde sans péché originel est capable de se débrouiller tout seul et de se donner le salut à son propre niveau, il est autonome et n’a pas besoin de Dieu ou de l’Église. Même un monde anéanti par le péché originel – comme c’est le cas dans la vision protestante – n’a pas besoin de Dieu et même dans ce cas, la religion et l’Église n’ont pas de fonction essentielle et irremplaçable. Dans le premier cas parce que le monde pense qu’il peut tout faire par lui-même, dans le second parce que le monde pense qu’il ne peut rien faire d’aucune manière, Dans les deux cas le monde est autonome, adulte, maître de lui-même.

    Dans l’Église catholique, nous assistons depuis quelque temps à son retrait du monde et en même temps à son immersion dans le monde. Le retrait concerne sa conviction de ne plus avoir quelque chose de décisif et d’indispensable à apporter au monde; l’immersion dans le monde découle de cette même conviction selon laquelle elle ne croit plus avoir de spécificité (ou de mission) par rapport au monde. L’Église se considère seulement utile, mais il y a beaucoup de choses utiles et le monde les utilise mais n’a réellement besoin d’aucune d’elles. L’Église devient l’un des nombreux organismes utiles mais aussi, pour cette raison même, inutile. Si sa présence dans le monde vient à faire défaut, personne ne le remarque, pas même les hommes d’Église.

    De cette conviction qu’elle n’est qu’utile, nous avons eu de nombreuses preuves, surtout ces dernières années et même ces derniers jours. L’Église qui ne défend plus la loi naturelle, qui ne défend plus sa propre doctrine sur les questions morales décisives, qui ne défend plus la vie, le mariage, la gestion correcte de la sexualité, qui accepte la fermeture des églises par décret gouvernemental, qui ne veut plus rien de « catholique » dans la société… est une Église qui, après s’être considérée comme utile, en vient à se considérer comme inutile.

    Aujourd’hui, l’Église veut être utile dans la défense de l’environnement en collaborant avec les agences internationales, elle veut travailler pour défendre la démocratie contre le danger du populisme, elle se veut très « constitutionnelle » dans la défense de la Constitution républicaine, elle pense être utile non pas en condamnant les lois injustes mais en travaillant pour les améliorer, Elle veut être utile en abattant les murs et en bénissant tout ce que la société exprime ; pour pouvoir être utile à l’accueil ou à la réconciliation, elle renonce à préciser sa propre doctrine ; face à chaque problème, elle ne se montre plus intéressée par le quoi mais par le comment, proposant seulement des voies utiles de dialogue, de confrontation et d’unité.

    Mais une Église utile ainsi est déjà inutile. Être « utile à … » sans préciser à quoi, c’est laisser au monde le soin de clarifier, selon ses propres catégories, ce à quoi elle peut et doit être utile. L’Église, pour être utile, a choisi de renoncer à avoir l’exclusivité des fins ultimes, qui donnent un sens à toutes les fins intermédiaires. Ce faisant, elle est devenue inutile. Une agence parmi d’autres dédiée au dialogue, à la fraternité, à l’accueil, à l’accompagnement, à la proximité, à la solidarité, à la tolérance, au « marcher » ensemble, à l’inclusion, à la durabilité. »

    Ref. De l’Eglise utile à l’Eglise inutile

    La tentation mondaine est vieille comme l’Eglise, et la carte de la (dé-) christianisation fluctue au gré des siècles. Reste l’ultime question posée par le Christ lui-même et à laquelle il n’a pas répondu car il en a confié le soin à notre liberté : quand le Fils de l’Homme reviendra sur la terre trouvera -t-il la foi ?

    JPSC

  • Belgique : l’option d’inscrire la laïcité dans la constitution accueillie timidement

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    Selon le quotidien Le Soir du 26 mai, en commission de la Chambre, la proposition portée par François De Smet (Defi) n’a pas suscité un fol enthousiasme. Le modèle belge de gestion du rapport Eglise-Etat ne semble donc pas devoir évoluer, même à la marge, dans un futur immédiat.

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    Le journaliste Mathieu Colinet ajoute: « Inscrire le principe de laïcité dans la Constitution, le président de Défi François De Smet l’espérait. Et ce notamment pour mettre fin à une forme de confusion entourant plusieurs décisions judiciaires contradictoires concernant le port de signes convictionnels (Stib, Ecole Francisco Ferrer…). Il devra toutefois vraisemblablement patienter dans le meilleur des cas. La question est venue mercredi après-midi comme dernier point de l’ordre du jour de la commission constitution et renouveau institutionnel de la Chambre. Le parlementaire a tenté de convaincre ses collègues d’aller plus en avant dans l’examen de sa proposition. Sans grand succès puisqu’il n’a, somme toute, récolté que des « non » polis, signes que les partis de la majorité ne partagent pas son urgence d’inscrire le principe de laïcité dans la Constitution. « Je n’abandonne pas tout à fait l’idée cependant », a commenté François De Smet ».

    Ref. Belgique : l’option d’inscrire la laïcité dans la constitution accueillie timidement

    Faut-il rappeler que le président de « Defi » ne fait pas partie de la majorité parlementaire ?

    JPSC

  • Le Liban peut-il se relever ?

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    Épuisé par ses divisions internes, la crise économique aggravée par la pandémie, la corruption endémique, le Liban, sans gouvernement, est à terre. Le cardinal Béchara Raï a proposé une solution. Une analyse d’Annie Laurent publiée sur le site web du mensuel « La Nef » :

    « Depuis l’été 2020, le pape François manifeste une vive préoccupation pour l’avenir du Liban. La crise existentielle dans laquelle s’enfonce le pays du Cèdre, déclenchée en octobre 2019 (1), ne cesse de s’aggraver, menaçant même la survie de ce petit État du Levant auquel le Saint-Siège a, dès 1946, trois ans après son indépendance, reconnu une vocation unique, ce qui inspirera à saint Jean-Paul II la formule de « pays-message » (2).

    Parmi les diverses interventions du Souverain Pontife, celle du 9 février dernier est significative par le choix de sa date et par son contenu. Publiée à l’occasion de la fête de saint Maron, patron de l’Église maronite, la plus nombreuse au sein de la chrétienté locale et la plus influente puisque c’est à l’un de ses patriarches, Élias Hoayek (1843-1931), dont le procès en béatification est en cours, que les Libanais doivent la création de leur État en 1920, raison pour laquelle le 9 février est une fête nationale chômée.

    Dans son message, le pape a insisté sur le rôle et la responsabilité des chrétiens. « Il est plus que jamais nécessaire que le pays garde son identité unique, pour assurer l’existence d’un Moyen-Orient pluriel, tolérant et divers, où la présence chrétienne peut offrir sa contribution et n’est pas réduite à une minorité qu’il faut protéger. » Affirmant que « les chrétiens constituent le tissu conjonctif historique et social du Liban et, à travers les multiples œuvres éducatives, sanitaires et caritatives, la possibilité de continuer à œuvrer pour le bien du pays, dont ils ont été les fondateurs, doit leur être assurée ». Or, a-t-il ajouté, « affaiblir la communauté chrétienne risque de détruire l’équilibre interne du Liban et la réalité libanaise elle-même » (3).

    Le Saint-Père a également demandé à ce que la présence des réfugiés, syriens et palestiniens, majoritairement musulmans, soit abordée dans cette optique. Les premiers, qui ont quitté leur pays en guerre depuis 2011, sont au nombre d’un million et demi ; les seconds, environ 400 000, sont les descendants de ceux qui avaient été chassés de Palestine lors de la création de l’État d’Israël en 1948. C’est donc une charge bien lourde que supportent les cinq millions de Libanais dont le territoire est à peine plus étendu que la Gironde. François a aussi émis la crainte qu’« en l’absence d’un processus urgent de reprise économique et de reconstruction, on risque la faillite du pays, avec la conséquence possible de dangereuses dérives fondamentalistes ». Appelant tous les responsables politiques et religieux libanais à renoncer à leurs intérêts particuliers, il les a engagés « à poursuivre la justice et à mettre en œuvre de vraies réformes pour le bien des citoyens, en agissant de manière transparente ». Il a enfin plaidé pour un engagement politique international aux côtés du Liban (4), pays où il se sait attendu et où il espère se rendre, comme il l’a confié début mars à son retour d’Irak.

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  • Le pape parle-t-il la langue des médias ?

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    D'Ingrid Riocreux sur le site de la Revue Conflits via le site "Pour une école libre au Québec" :

    Pape François et les médias — L’art de ne pas parler du génocide des chrétiens d’Irak

    Un texte d’Ingrid Riocreux, agrégée de lettres modernes et docteur de l’université Paris IV-Sorbonne, Ingrid Riocreux est spécialiste de grammaire, de stylistique et de rhétorique. Pour Riocreux, pape des médias, François l’est essentiellement parce que ses propos paraissent souvent comme calibrés afin de se couler dans le discours médiatique.

    Langue des médias

    La presse n’a rien à ôter ni à ajouter à ce qu’il dit. S’il plaît aux journalistes, c’est grâce à sa maîtrise de ce que, pour ma part, j’avais naguère proposé d’appeler « la langue des médias ». Nous l’avons encore constaté lors de son voyage en Irak. « Fléau du terrorisme », « conflits religieux souvent nourris par un fondamentalisme incapable d’accepter la coexistence pacifique des différents groupes ethniques et religieux » : ces expressions feutrées se signalent par un art d’éviter le mot juste. Elles pourraient être tout droit sorties de la bouche d’un journaliste, mais elles sont signées du pape François. « Le terrorisme » : on désigne la méthode pour ne pas cibler l’idéologie qui en use. « Un fondamentalisme », avec ce petit article indéfini qui donne envie de demander « lequel ? ». « Conflits religieux » : cette expression nous est malheureusement familière et sert à masquer des situations de persécutions sous l’image trompeuse d’une responsabilité partagée et d’une brutalité réciproque, selon la thèse qui voudrait que toutes les religions engendrent par nature la haine et la violence. De même, et de manière générale, alors que l’ONU avait alerté très tôt sur le caractère génocidaire des dispositions de l’État islamique à l’égard des chrétiens, les médias se sont employés, lors de cette visite papale en Irak, à effacer la différence entre agresseurs et agressés.

    « Nous ne pouvons pas nous taire lorsque le terrorisme abuse de la religion » dit encore le pape François. Cette affirmation pleine de bonne volonté laisse croire à une interchangeabilité, à une équivalence profonde entre les religions. L’hyperonyme « la religion » noie dans une catégorie commune toutes les croyances. Comme personne n’est dupe, on en vient à percevoir « la religion » comme une manière de désigner l’islam, à croire que celui-ci serait, pour ainsi dire, la religion par excellence. Dans un passé récent, je me suis intéressée aux expressions telles que « la religion s’invite au travail », souvent employées dans des titres de presse. Elles annoncent toujours un développement exclusivement consacré à l’islam ; « la religion » fait partie de ce sous-code commun que nous comprenons tous et que certains d’entre nous parlent même couramment. Cette expression permet de dire sans dire ; de renoncer au terme exact au profit d’une énonciation moins risquée de vérités qui auraient tôt fait, aux yeux de la nouvelle morale dominante, de verser dans la « stigmatisation ».

    Finalement, de la part du pape François, cette rhétorique de la périphrase, de l’allusif et de l’imprécis pourrait se comprendre comme une marque de prudence, visant à ne pas mettre en danger les catholiques encore présents sur place. Il cherche vraisemblablement à leur apporter son soutien sans pointer leurs persécuteurs afin de contribuer, autant qu’il est possible, à une forme d’apaisement. Mais nos médias ne devraient pas avoir ces scrupules. Pourquoi, lorsqu’on ne représente aucune des parties en présence, s’obstiner à ne pas dire ce qui fut ? Le pape François, indique Le Monde, est en visite « sur les terres meurtries par les djihadistes » : élégante et poétique métonymie qui permet de jouer sur deux aspects gênants de la réalité factuelle. D’abord, nier les victimes en ne les évoquant qu’à travers l’allusion à leurs terres ; ensuite, résumer la menace aux « djihadistes ». On pense au mythe de la Résistance construit par la propagande gaullienne, après la Libération : les Français unis dans le rejet collectif de l’occupant et l’Allemagne nazie seule porteuse de toutes fautes. Dans le cas de l’Irak, se focaliser sur les seuls « djihadistes » donne l’impression que le danger a déferlé, identifiable, limité, momentané, puis a été éliminé. Or, où le groupe terroriste a-t-il puisé sa force de nuisance sinon dans la bienveillance et l’approbation qu’il a rencontrées, s’assurant ainsi des complicités et une implantation locale qui ont consolidé ses prises ?

  • Les mesures sanitaires ont montré la place que tiennent désormais les cultes au sein de la société civile belge

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    De Bosco d'Otreppe dans la Libre de ce 12 mai (p. 11) :

    La fête de l’Ascension se vivra encore en petit comité

    (...) Comme depuis plus d’un an, les croyants se retrouveront en petit comité pour ces célébrations. À l’intérieur des lieux de cultes, le nombre maximum de fidèles sera encore fixé à 15 ce jeudi. Depuis ce 8 mai cependant, les célébrations peuvent être célébrées en extérieur, sous de strictes conditions, jusqu’à 50 personnes. Beaucoup de paroisses, ainsi que des mosquées, ont dès lors acheté ou loué des tentes. Ces dispositifs ne devraient servir que quelques jours. Dès le 9 juin en effet, si 80 % du public avec des comorbidités est vacciné, et si le seuil de 500 hospitalisations en soins intensifs n’est pas dépassé, les cultes pourront accueillir 100 personnes en intérieur (également pour les mariages et les enterrements), et 200 en extérieur. Dès le 1er juillet, ces jauges pourront être doublées. Et si tout va bien, plus aucune restriction ne sera d’application en septembre.

    Un confinement qui laissera des traces

    Bien que cet élargissement sera plus lent pour les cultes que pour la culture (qui pourra accueillir 200 personnes en intérieur dès le 9 juin), il constitue un premier soulagement, note Tommy Scholtès, porte-parole des évêques de Belgique. Ces longs mois de confinement laisseront cependant des traces. Non seulement parce qu’ils ont obligé les cultes à se réorganiser pour poursuivre leurs activités, mais aussi parce que beaucoup de croyants ne se sont pas sentis respectés et ont considéré que les mesures les touchant étaient disproportionnées. Ces mesures leur ont, en outre, montré la place que tiennent désormais les cultes au sein de la société civile belge. "Au premier confinement, les chrétiens ont accepté les mesures, mais après six mois nous sommes las, stressés et fatigués, jugeait encore cette semaine Mgr Kockerols, évêque auxiliaire de Malines-Bruxelles, dans le magazine français "Famille Chrétienne". Il faut calmer les gens. Mais je comprends le sentiment d’injustice qui les habite, alors qu’ils peuvent se rendre dans les grands magasins. J’ai moi-même failli placarder une affiche sur la façade de la cathédrale avec une marque de grand magasin… Nous devons bien constater une disparition du religieux dans le champ de vision des pouvoirs publics, ajoutait-il. Le ministre de la Justice reçoit les représentants des cultes au même titre que les coiffeurs, les cafetiers ou… les salons de toilettage pour chien." (...)

  • Ne pas confondre El-Azhar avec un "Vatican islamique"

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    El-Azhar, Vatican de l’islam?

    Petite Feuille Verte N°79

    Annie LAURENT (Déléguée générale de CLARIFIER)

    Une tendance fréquente en Europe consiste à appliquer à l’islam les principes qui régissent le christianisme. Cela se vérifie non seulement pour la doctrine mais aussi pour l’organisation de la religion. Le regard porté sur l’Université-Mosquée d’El-Azhar, située au Caire, en est une illustration particulièrement éloquente. Cette institution n’est-elle pas perçue par bien des Européens, chrétiens ou pas, comme l’équivalent du Vatican ?

    Il convient donc de clarifier ce qui apparaît comme une réelle confusion. Pour bien situer la question, nous commençons par une vue d’ensemble concernant la manière dont l’islam définit l’autorité magistérielle. Nous nous limitons ici à la version sunnite, en raison de sa primauté numérique au sein de l’Oumma (la communauté mondiale des musulmans), car c’est d’elle que relève El-Azhar. Le statut de cette dernière et son rôle dans le monde musulman d’aujourd’hui feront l’objet de la prochaine PFV.

    Lire la suite : https://associationclarifier.fr/pfv-n-79-el-azhar-vatican-de-lislam/