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Culture - Page 197

  • 9-10 juin : "Des mystères au Mystère, le chemin de Marie", concerts à Verviers et à Stavelot

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    Vaphis asbl est le partenaire de ces concerts de Verviers et de Stavelot 09 et 10 juin 2018.
  • Carême : le Christ au désert, homélie

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    Lu sur le site du Père Simon Noël, moine de l’abbaye de Chevetogne:

    ethiopie_2_web.jpgJésus après son baptême s'est rendu au désert. Dans le jeûne il s'est préparé à sa mission publique. Il a certainement longuement prié et vécu dans l'intimité de son Père. Il a aussi affronté Satan et a triomphé des tentations et des suggestions diaboliques. En ce carême, nous sommes invités à aller au désert en compagnie du Christ pour y rencontrer Dieu et vaincre les forces du mal.

    D'abord ce carême est un temps où nous devons revenir à Dieu de tout notre cœur. Le carême est le temps liturgique par excellence de la retraite de l’Église. Voici ce qu'on peut lire dans le prophète Osée : Maintenant je vais la séduire ; je la conduirai au désert et je parlerai à son cœur. Dieu ici parle à son peuple, personnifié par l'épouse infidèle. Le carême doit être pour chacun d'entre nous un temps de solitude et de silence. Nous devons passer ce temps dans la solitude de la prière, un cœur à cœur avec le Seigneur. Nous devons cultiver le silence intérieur afin d'entendre la voix de Dieu qui nous parle au plus intime de notre conscience. Le cardinal Sarah, venu visiter récemment notre pays, a écrit un livre intitulé La Force du silence. Si nous ne savons pas faire taire en nous toutes les voix du monde et de la chair, nous ne serons pas capables de communier avec Dieu dans l'écoute de sa Parole. Or c'est ce que Dieu veut pour nous, que nous puissions l'entendre nous dire l'essentiel, l'éternel. Cet essentiel est qu'il nous aime et veut nous donner le vrai bonheur, la vraie vie, la vie éternelle. Et qu'il attend de nous en retour notre amour et notre fidélité.

    Une chose particulièrement recommandée durant le carême, c'est de méditer et de contempler la Passion du Christ. Relisons les récits de la Passion dans les 4 évangiles. Prions et méditons. Accompagnons le Sauveur dans les différentes phases de ses souffrances, depuis son agonie à Gethsémani jusqu’à sa mise au tombeau. Prenons le temps de nous arrêter pour contempler l'amour que Jésus a eu pour nous en souffrant pour nous sauver et nous obtenir le salut et le bonheur éternel. Apprenons ainsi à haïr le péché qui a été la cause de tant de souffrances pour le Fils de Dieu.

    Mais dans ce temps de désert qu'est le carême, il est fort à parier que nous aussi nous rencontrerons la tentation. Si nous cherchons à nous rapprocher de Dieu, cela va exciter le diable contre nous. Jésus a été tenté juste après son baptême. Dans notre cas, le baptême ne nous préserve pas des tentations de la vie. Au contraire la vie du chrétien est une lutte permanente contre les convoitises de la chair et des séductions du monde. Voici selon l'épître aux Galates, une série de tentations qui menacent tout chrétien et ne croyons pas trop vite que cela ne nous concerne pas : Les œuvres de la chair sont bien connues : c'est l'impudicité, l'impureté, la débauche, l'idolâtrie, les maléfices, les haines, les discordes, l'envie, les emportements, les querelles, les divisions, les cabales, les jalousies, l'ivrognerie, les orgies et les choses semblables. Saint Paul ajoute ce grave avertissement : Je vous en avertis, ceux qui font pareille chose n'hériteront pas du Royaume de Dieu. Par contre voici comment le même saint Paul décrit la vie chrétienne : Quant au fruit de l'Esprit, c'est la charité, la joie, la paix, la longanimité, l'affabilité, la bonté, la fidélité, la douceur, la tempérance.

    Le carême est un temps de prière et de combat spirituel, afin de nous préparer à la fête de Pâques, en ressuscitant avec le Christ à une vie nouvelle, une vie selon l'Esprit et non selon la chair. C'est un temps favorable, un temps de grâce pour travailler à la rédemption de notre âme. Nous sommes nés dans le péché mais Dieu nous offre sa grâce pour nous racheter et nous amender. Puisque nous sommes encore au début de ce temps, si nous ne l'avons pas encore fait, examinons soigneusement où nous en sommes dans notre vie spirituelle, notre vie de relation avec Dieu, et quels sont les efforts précis que nous avons à faire pour vivre davantage notre vocation chrétienne. Prenons des résolutions bien pratiques et bien concrètes, en nous demandant en conscience ce que Dieu attend de nous, au point où nous en sommes dans notre vie. Que notre fervente prière nous obtienne la grâce de ne pas nous décourager et de persévérer tout au long du carême, pour que la fête de Pâques soit pour nous celle de la victoire et du triomphe ».

    Le plus long « trait » de l’année liturgique (psaume 90) se chante au 1er dimanche de carême (à écouter, demain 18 février 2018 à 10h.00, en l’église du Saint-Sacrement à Liège et interprété ci-dessous en "vieux romain"). Le trait se substitue à l’alléluia durant les temps de pénitence:

    Qui habitat in adjutorio Altissimi, in protectione Dei caeli commorabitur

    Celui qui se repose sur le secours du Très-Haut, sous la protection du Dieu du Ciel demeurera!

    Dicet Domino: susceptor meus es, et refugium meum, Deus meus: sperabo in eum.

    Il dira au Seigneur: "mon asile et mon refuge, c'est toi, mon Dieu": j'espérerai en lui.

    Quoniam ipse liberavit me de laqueo venantium et a verbo aspero.

    Car c'est lui qui m'a libéré du filet des chasseurs, et de la parole haineuse.

    Scapulis suis obumbrabit tibi, et sub pennis eius sperabis.

    De ses ailes, il te couvrira et sous ses plumes tu espéreras

    Scuto circumdabit te veritas eius: non timebis a timore nocturno,

    Sa fidélité t'entourera d'un bouclier: tu n'auras rien à craindre de la terreur de la nuit,

    a sagitta volante per diem, a negotio perambulante in tenebris, a ruina et daemonio meridiano

    de la flèche qui vole pendant le jour, du complot qui se trame dans les ténèbres, de l'assaut que livrera le démon du plein jour.

    Cadent a latere tuo mille et decem millia a dextris tuis: tibi autem non appropinquabit

     Il en tombera mille à ton côté, et dix mille à ta droite; mais l'ennemi ne gagnera rien sur toi.

    Quoniam angelis suis mandavit de te, ut custodiant te omnibus viis tuis.

    Car à ses anges il a recommandé pour toi qu'ils te gardent en toutes tes démarches.

    In manibus portabunt te, ne unquam offendas ad lapidem pedum tuum.

    Sur leurs mains ils te porteront, pour que jamais tu ne heurtes la pierre avec ton pied.

    Super aspidem et basiliscum ambulabis, et conculcabis leonem et draconem.

    Sur l'aspic et le basilic tu marcheras et tu fouleras aux pieds le lion et le dragon.

    Quoniam in me speravit, liberabo eum: protegam eum, quoniam cognovit nomen meum

    Parce qu'en moi il a mis son espérance, je le délivrerai: je le protégerai parce qu'il connaît mon Nom

    Invocabit me et ego exaudiam eum: cum ipso sum in tribulatione.

    Il m'invoquera et moi je l'exaucerai: je suis avec lui dans la tribulation.

    Eripiam eum et glorificabo eum: longitudine dierum adimplebo eum, et ostendam illi salutare meum.

     Je le délivrerai, je le glorifierai: d'une longue suite de jours, je l'assouvirai et je lui ferai voir mon salut.

     

    Ref. Carême : le Christ au désert, homélie

    JPSC

  • Samedi 24 mars 2018 à 17h00 : concert du chœur universitaire de Liège à la Cathédrale Saint-Paul

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    Ici, à titre d'illustration, un extrait des hymnes du couronnement (Coronation Anthems) composées par Georg Friedrich Haendel

    (interprétées par l’ Ensemble The Sixteen) :

  • Etre une minorité créative, à l'instar des chrétiens des trois premiers siècles

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    Comment être une “minorité créative” aujourd’hui. L’exemple des chrétiens des trois premiers siècles (source)

    Cher M. Magister,

    Votre article sur « le pari bénédictin » touche vraiment à une question centrale – « la » question centrale, dirais-je – du christianisme contemporain : comment vivre en chrétiens dans un monde qui ne l’est plus.

    Cela a également été le problème de l’Eglise des premiers siècles : comment vivre en chrétiens dans un monde qui ne l’est pas encore.

    Il est un facteur qui était très présent dans la conscience des chrétiens de l’époque et que l’on tend aujourd’hui à ne plus reconnaître alors qu’il est déterminant dans la façon de l’affronter : c’est celui de « krisis », c’est-à-dire du jugement qui est en mesure de « mettre en crise » la culture mondaine et de la « chrésis », c’est-à-dire la capacité d’« utiliser correctement » ce qu’une culture donnée possède mais ne sais plus utiliser correctement.

    Le soi-disant « pari bénédictin » dépasse le risque de devenir une auto-ghettoïsation si – comme je crois que l’auteur le pense – il s’arme d’une forte « capacité critique », qui est tout le contraire de la fermeture et qui constitue en fait la véritable forme de dialogue avec le monde que les chrétiens, explicitement appelés par le Christ à être le levain dans la pâte, le sel et la lumière du monde, peuvent et doivent mener.

    Je travaille sur ce thème de la « krisis / chresis » avec d’autres spécialistes des Pères de l’Eglise depuis plusieurs années.

    L’automne prochain, devrait sortir pour notre bonheur la traduction italienne de l’œuvre fondamentale de Christian Gnilka, « Chresis. Die Methode der Kirchenväter im Umgang mit der Antiken Kultur », Bâle, 2012, auquel nous consacrerons également un colloque au printemps 2019, probablement à Bologne.

    En outre, viennent de sortir aux éditions de l’Università della Santa Croce les actes de notre colloque de 2016 : A.M. Mazzanti-I. Vigorelli (dir.), « Krisis e cambiamento in età tardoantica. Riflessi contemporanei », Edusc, Rome, 2017. »

    On y trouve l’une de mes contributions qui s’intitule justement : « Cottidie obsidemur ». Vivre en chrétiens dans un monde non-chrétien : la proposition de Tertullien ».  Je pense que vous y trouverez quelque chose d’intéressant pour le débat en cours.

    Merci. Bien cordialement et avec toute mon estime,

    Leonardo Lugaresi

    *

    Cher professeur Lugaresi,

    C’est à moi de vous remercier et d’offrir aux lecteurs de Settimo Cielo l’extrait particulièrement éclairant suivant tiré de l’introduction de votre essai.

    Sandro Magister

    *

    Vivre en chrétiens dans un monde non-chrétien. La leçon des trois premiers siècles

    de Leonardo Lugaresi

    Le christianisme a été, à tout le moins pendant les trois premiers siècles de son histoire, ce qu’on peut en termes sociologiques qualifier de groupe minoritaire, même s’il était en forte croissance.

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  • Des films et téléfilms d'inspiration chrétienne sur les écrans belges ? C'est l'objectif de SAJE-Belgique

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    SAJE a pour ambition de rendre accessible au public francophone les films et téléfilms d’inspiration chrétienne, trésors d’hier, d’aujourd’hui et de demain.

    Comment ? En les distribuant en salle, en DVD/VOD, mais aussi, à l’avenir, en produisant ses propres scenarios.

    Il existe actuellement une offre sans précédent de films d’inspiration chrétienne, produits dans d’autres pays. Aux Etats-Unis, la plupart de ces films à très gros budget sortent sous le label des Majors parce que catholiques, protestants et évangéliques se sont mobilisés massivement pour faire le succès de films engagés comme Heaven is for real, Son of God ou God’s not dead.

    A nous maintenant de démontrer qu’il existe aussi un vrai marché chez nous pour ce qu’on appelle les « faith based movies » (Films basés sur la foi). Et c’est pour cela qu'on a besoin de vous !

    SAJE Belgique est lancée et vous êtes invités à y collaborer collaborer.

    Rejoignez notre groupe « je voudrais voir l’apparition… au cinéma » sur facebook

    Vous y découvrirez la bande annonce, des articles de presse, les séances etc.

    Lien : https://www.facebook.com/groups/376644716136854/

    Quatre raisons nous motivent au lancement de SAJE en Belgique, maintenant :

    unnamed.jpgPrimo. L’étoile de Noël

    Savez-vous que le film d'animation l' « Etoile de Noël » (nativité vue par les animaux de la crèche, très drôle) a réalisé 550.000 entrées en France en décembre 2017 et 0 en Belgique ?

    Pourquoi ? En Belgique, Sony n'a pas voulu le sortir, tandis qu'en France, nous avons développé un partenariat avec Sony pour promouvoir le film dans les réseaux chrétiens. Les résultats ont largement dépassé les attentes. Afin de vous en rendre compte, voici la bande annonce : https://www.youtube.com/watch?v=bWee4VQxjBg

     

    unnamed (1).jpgSecundoTout mais pas ça !

    En décembre 2017, l’excellente comédie italienne « Tout mais pas ça » que nous distribuons en France et en Belgique a remporté le Grand Prix du Festival International du Film de Comédie de Liège (www.fifcl.be ).

    C’est l’histoire d’un brillant chirurgien romain athée dont le fils annonce qu’il veut enter au séminaire. Tout en finesse, c’est une sorte de Don Camillo et Peppone d’aujourd’hui, sans parti pris, vous verrez.

    Fiche du film et bande annonce : https://www.sajedistribution.com/film/tout-mais-pas-%C3%A7a.html. Nous sommes en contact avec quelques salles pour sortir le film en Belgique.

    unnamed (2).jpgTertio. L’apparition

    Ce 14 février, nos amis de O’Brother, distributeur belge, sortent le film « l’Apparition », avec Vincent Lindon dans le rôle d’un journaliste-enquêteur intégré dans une commission d’enquête du Vatican pour faire la lumière sur des apparitions mariales à une jeune fille.

    Un film juste, interpellant et qui respecte le chemin de chacun. Bref, avec la reconnaissance du 70ème miracle de Lourdes ce 11 février, nous ne sommes pas insensibles au parallélisme avec les évènements de Beauraing en 1932 et Banneux en 1933. Nous avons décidé de soutenir la sortie de ce film en Belgique. La Libre du 14 février en a fait sa couverture et 3 pages intérieures. C’est avec ce film que nous allons lancer nos efforts. Voyez plus bas.

    Bande annonce : https://www.youtube.com/watch?v=UhI-EitMMfw

    unnamed (3).jpgQuatro. Jésus, l’enquête

    Fin février en France et peut-être en mars en Belgique, nous sortons le film « Jésus, l’enquête », de Jon Gunn. Un journaliste d'investigation au Chicago Tribune et athée revendiqué, Lee Strobel, est confronté à la soudaine conversion de son épouse au christianisme. Afin de sauver son couple, il se met à enquêter sur la figure du Christ, avec l'ambition de prouver que celui-ci n'est jamais ressuscité... D’après le best-seller mondial, tiré de l’histoire vraie de Lee Strobel. 

    Notre avant-première à Paris a rassemblé 730 personnes mais les salles belges n’osent pas encore prendre le risque de sortir ce filmBande annonce : https://www.youtube.com/watch?v=o4Jhq1wAC9o

    Si vous voulez, ensemble, nous allons y arriver !

    Prochaine étape, motivons nos amis de Sony Benelux pour qu’ils osent sortir leur prochain film sur l’apôtre Paul, dont la sortie mondiale a lieu à Pâques. Nous ne pouvons plus louper cela en Belgique, n’est-ce pas ?

    Comment collaborer ? Voici notre proposition.

    Notre but est de distribuer nos films mais aussi de promouvoir les autres bons films d’inspiration chrétienne en Belgique.

    Ce vendredi 14 février, grosse publicité dans les media pour la sortie du film l'Apparition, que nous soutenons. 

    Démontrons aux critiques de cinéma et aux exploitants de salles de cinéma belge qu’il y a en effet un public pour ce type de films de niche.

    Rappelons-nous des succès des films « des hommes et des dieux » ou « la passion du Christ » auxquels peu de professionnels croyaient.

    Le film l’apparition est sorti sur plus de 12 écrans, Liège, Bruxelles, Namur, LLN, etc, toute la liste est ici :  https://www.cinenews.be/fr/films/l-apparition/ 

    • Rejoignez notre groupe « je voudrais voir l’apparition… au cinéma » sur facebook

    Vous y découvrirez la bande annonce, des articles de presse, les séances etc.

    Lien : https://www.facebook.com/groups/376644716136854/

    Hubert de Torcy & Jacques Galloy

    SAJE Belgique

    www.sajedistribution.com

    4671 SAIVE, BELGIQUE

    belgique@sajeprod.com 

  • Eclipse de Dieu, éclipse de l'homme

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    Dans le cadre des conférences qu’ils organisent à l’Université de Liège, l’Union des étudiants catholiques liégeois et le groupe de réflexion sur l’éthique sociale avaient invité, voici quelque temps, le philosophe Rémi Brague, professeur ordinaire à l’Université de Paris I Panthéon-Sorbonne et à la Ludwig-Maximilian Universität de Munich. Membre de l’Institut, celui-ci a reçu le Prix 2012 de la Fondation Ratzinger-Benoît XVI. Voici une synthèse de son exposé, dont la transcription intégrale est disponible sur simple demande en s’adressant à notre rédaction.

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    Mort de Dieu, mort de l’homme

    Le titre de cette conférence est une métaphore empruntée à l’œuvre du philosophe juif Martin Buber (Vienne 1878-Jérusalem 1965) illustrant  le thème de la « mort » de Dieu que l’on rencontre aussi chez Max Weber (Le désenchantement du monde, 1917) et, bien sûr, Friedrich Nietzche (le Gai Savoir, 1882) : plus que de triomphe, c’est un cri d’inquiétude auquel répond celui de la mort de l’homme que l’on trouve chez Léon Bloy, Nicolas Berdiaev ou André Malraux: avec la disparition du prototype, la copie doit aussi s'effacer. L'argument a été repris et rendu célèbre par Michel Foucauld (Les mots et les choses, 1966) ramenant toutefois cette idée à une simple "mort de papier", une incohérence rationnelle plutôt  que la mort de l'homme concret. La thèse de Rémi Brague est moins innocente: selon lui, la disparition de Dieu à l’horizon de l’humanité pourrait entraîner celle de l’humanité elle-même, sinon physique en tout cas ontologique: la disparition de ce qui fait l’humanité de l’homme.

    Echec de l’athéisme ?

    Pour Rémi Brague, l’athéisme est un échec. Sa faveur croissante dans l’opinion publique n’est pas une objection relevante. Pour un philosophe, la quantité de gens qui défendent une opinion déterminée n’est pas un argument en soi : ni pour, ni contre. Mais d'autres succès spectaculaires sont à mettre à son crédit:

    Au niveau théorique d’abord, la science moderne de la nature n’a plus besoin d’une religion « bouche-trou » lorsqu’on cherche une explication du monde. Mais, on peut ici se demander si une religion a vraiment jamais prétendu expliquer comment le monde fonctionne. Quoi qu’il en soit, le Dieu horloger de Voltaire a vécu. Cette victoire théorique se complète d’une victoire dans la pratique politique, laquelle montre que les sociétés d’aujourd’hui peuvent s’organiser sans avoir besoin d’un principe supra humain de légitimité. Reste que toutes les religions ne cherchent pas à réglementer la société : on oublie trop à cet égard que le christianisme n’édicte pas de règles de conduite fondamentalement distinctes de celles que la raison naturelle a ou pourrait trouver par ses propres forces.  De fait, le Décalogue qui est ce qu’il a retenu de la Torah des juifs n’est jamais que le « kit » de survie de l’humanité : un minimum.

    Quoi qu’il en soit, les deux « victoires » de l’athéisme sont énormes dans l’histoire de l’humanité. Mais elles appellent tout de même deux observations :

    D’une part, l’athéisme n’est pas nécessairement l’affirmation militante de convictions agressives. Ce peut être d’abord un principe de méthode : une mise entre parenthèses du divin. C’est pourquoi on a inventé des termes comme « agnosticisme », « sécularisme » ou « humanisme » (un parti politique belge d’origine chrétienne a même adopté ce qualificatif). D’autre part, cet agnosticisme lui-même ne concerne pas que les questions religieuses : le positivisme philosophique se contente de connaissances « positives » sur le monde, sans chercher les causes dernières des phénomènes qu’il appréhende.

    Est-il légitime que l’homme existe ?

    Malgré tout cela, l’athéisme contient un défaut mortel, même sous sa forme atténuée de l’ agnosticisme. Il y a, en effet, une question sur laquelle l’athéisme n’a rien à dire dès lors que la racine de l’homme serait l’homme lui-même : s’il n’existe aucune instance supérieure à l’homme, comment celui-ci pourrait-il affirmer sa propre valeur?  Si c’est l’homme lui-même qui se juge, comme dirait Chesterton, c’est le signe du fou, dont l’histoire politique nous montre maints exemples.

    Au tournant des XVIIIe-XIXe siècles, Fichte, radicalisant la philosophie de Kant, croit avoir trouvé la solution : le divin est donné dans la loi morale qui est présente en nous et dont nous aurions tous conscience. Donc, il n’y a pas besoin de foi en Dieu mais, en revanche, il y a quelqu’un en qui nous avons besoin de croire : c’est l’homme.

    Croire en l’homme, malgré ce théâtre de grand guignol que représente l’histoire ? Nous avons eu, au XXe siècle, deux régimes explicitement athées : l’un anti-chrétien parce qu’anti-juif, l’autre anti-juif parce qu’anti-chrétien. « J’ai honte d’être un être humain » disait alors la philosophe allemande d’origine juive Hanna Arendt. Et aujourd’hui la question de la légitimité de l’être humain se fait encore plus concrète parce que nous avons, à grande échelle, les possibilités techniques d’en finir avec l’humanité. Or, comme disait Leibniz, les possibles ont une tendance à exister.  

    Mais, à supposer même que l’athéisme ne tue personne, est-il capable de donner des raisons de vivre ? L’homme n’est peut-être pas le gentil du film hollywoodien, c’est peut-être le méchant ou, comme disait le philosophe angliciste allemand Hartsman, la « sale bête » universellement prédatrice, universellement envahissante ne se contentant pas de sa niche écologique mais faisant irruption partout : si l’homme disparaissait, alors tout de même la nature serait libre.

    Que faire avec ce genre d’argument ?  Une réponse serait de dire qu’il y a un instinct de survie et que l’homme peut bien continuer à exister sans s’occuper de sa propre légitimité. Mais alors, le seul animal qui se pose la question des raisons de ce qu’il fait renoncerait à la raison à propos d’un problème qui met en jeu son existence.

    Cette impasse rationnelle n’appelle qu’une issue raisonnable : c’est de trouver un point de référence extérieur qui puisse dire qu’il est bon qu’il existe des hommes, un levier d’Archimède qui soit en droit de dire, justement parce qu’il n’est pas homme, que celui-ci, malgré tout, doit être sauvegardé et, conclut Rémi Brague, pour nommer ce point de référence extérieur, si vous trouvez un meilleur terme que Dieu, vous me faites signe.

    Dans son célèbre « Drame de l’humanisme athée » publié à la fin de la seconde guerre mondiale, le Père Henri de Lubac estimait que si l’on peut construire une société sans Dieu, elle serait inhumaine. Moins optimiste, Rémi Brague ajoute qu’une telle société serait séculaire au sens propre du terme, c’est-à-dire que raisonnablement, elle ne pourrait donner que la vie d’un individu humain en sa longévité maximale.

    JPSC

  • L'art moderne a-t-il perdu la tête ? Deux entretiens avec Jean Clair

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    Du site CanalAcadémie.com :

    La fabrique des monstres : l’art moderne a-t-il perdu la tête ?
    Entretien avec Jean Clair, de l’Académie française, sur son livre « Hubris". (1/2)

    De livres en livres, Jean Clair, de l’Académie française depuis 2008, s’en prend à l’actuelle décomposition de la culture visuelle – les anciens « beaux-arts ». Depuis Marcel Duchamp, et ceux qui lui emboitèrent le pas, une certaine conception classique a explosé. Nous avons quitté, dit Jean Clair, l’œuvre pour l’objet brut, le symbolique pour un réel écrasé sur lui-même, la re-présentation pour la platitude, le goût du monde pour la jouissance de l’im-monde, la peinture accrochée au mur pour les « installations » à même le sol. D’où vient ce processus barbare ? De l’extérieur ? Ce serait trop simple ! Il vient de l’intérieur, mis en œuvre par ceux-là même qui sont censés être les dépositaires d’un héritage artistique. En devenant contemporain, l’art n’a pas explosé, il a implosé sous l’effet de ces « barbares de la civilisation » - selon l’expression de Chateaubriand.

    Ecouter l'émission

     

    Les œuvres d’art peuvent-elles exister quand s’est perdu le sens du sacré et de la transcendance ?
    Entretien avec Jean Clair, de l’Académie française (2/2)

    Dans un premier entretien, Jean Clair, autour de son livre Hubris a dit l’importance du re-gard porté sur ce qui nous environne etles images formées par les artistes pour mieux comprendre la terre sur laquelle nous sommes. Garder, prendre avec. Les images sont là pour faire des hommes les gardiens du monde – pour éviter qu’il ne devienne im-monde, hostile à la présence des hommes. Dans ce second entretien, Jean Clair revient sur la dégradation de la Culture. La Culture est une « qualité qui unit et élève » alors que le culturel « disperse, éparpille, dégrade, disqualifie ». La culture en train de disparaître au profit du culturel – et des agents qui en font la promotion – suppose une con-templation des œuvres d’art – au sens d’un culte rendu au beau et d’un temple pour ceux qui s’introduisent dans ce culte.

     

    Ecouter l'émission

  • Pour un féminisme écologique

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    Du site de l'excellente revue "La Nef" :

    Un féminisme écologique

    Une récente tribune, publiée dans Le Monde, dénonce bruyamment le « puritanisme » dont ferait preuve une large partie des féministes actuelles. Accusant certaines militantes d’attiser la guerre des sexes et de priver les séducteurs du « droit d’importuner », ses signataires ont surtout relancé la guerre des féminismes. Or, pendant que les femmes se déchirent pour savoir jusqu’à quel point elles veulent bien être harcelées, c’est un puritanisme d’un tout autre genre qui gangrène le sexe « faible ». Si le tabou des violences sexuelles ordinaires est peu à peu levé, ce n’est que l’un des multiples corsets qui oppriment le corps féminin : dans les cabinets gynécologiques se construit une domination d’autant plus insidieuse qu’elle prend les couleurs de l’émancipation. S’il faut dénoncer avec force les attouchements, les remarques blessantes et les œillades humiliantes, qui souillent les jeux de séduction, il faut également lever l’omerta sur les palpations brutales, les paroles méprisantes et les regards chosifiants, qui abîment la relation de soin. Ces deux phénomènes quotidiens doivent être dénoncés comme des atteintes à la dignité humaine.

    Dans mon livre (1), j’explique comment, au nom de la santé reproductive des femmes, notre époque ferme les yeux sur une brutalisation quotidienne de leur corps, qu’on gave de médicaments, d’hormones, d’implants, de patchs, pour mieux contrôler sa fécondité et la faire disparaître de la sphère publique. Depuis leur puberté jusqu’à leur ménopause, en passant par leur grossesse et leur contraception, les femmes remettent leur corps au pouvoir médical, apprennent à le considérer comme potentiellement malade, dangereux, sale et encombrant. Au nom de l’hygiène et de la prévention, elles acceptent d’être auscultées, implantées, analysées, et délèguent peu à peu la connaissance et la maîtrise de leur corps à l’expertise de gynécologues souvent indélicats.

    Dès les premières règles, et pour tout rituel de passage à l’âge adulte, la jeune fille est conduite chez un docteur, allongée les fesses à l’air sur la table d’examen : exposition crue de son corps nubile, qu’aucun œil n’a encore désiré, palpation brutale de ses seins menus qu’aucune main n’a encore flattés, pénétration gantée de son sexe imberbe qui, souvent, n’a pas même été défloré. Comment s’étonner que les femmes peinent ensuite à défendre la dignité de leur corps ? Relégué dans le secret des cabinets médicaux, le vrai corps des femmes est l’objet d’un puritanisme d’un nouvel ordre : cachez ces glaires que je ne saurais voir ! Alors qu’elle ovule pour la première fois, on prescrit à l’adolescente des hormones de synthèse qui infligent à son corps une véritable castration chimique. Ignorante de son cycle et de sa fécondité, la jeune fille n’a pas le temps d’appréhender son nouveau corps de femme qu’elle est déjà placée sous contrôle médical. Désormais, son sexe ne lui appartient plus, mais dépend du laboratoire qui commercialise sa pilule et du docteur qui la prescrit.

    Mon livre veut montrer que ce n’est que le début d’une longue dépossession, qui confie aux médecins la gestion du corps féminin pour mieux l’occulter de la sphère publique. La fécondité féminine cesse alors d’être un enjeu politique et devient un problème technique. Il est tellement plus facile de mettre toutes les adolescentes sous pilule, plutôt que d’imaginer une sexualité juvénile respectueuse du corps féminin. Tellement plus aisé de médicaliser la grossesse et l’accouchement, plutôt que d’allonger le congé maternité et d’accompagner humainement la naissance. Tellement plus commode de proposer des congélations d’ovocytes et des PMA aux working-girls quadragénaires, plutôt que de repenser le monde du travail à l’aune des réalités familiales. Toujours la femme est sommée de gommer ses spécificités et de faire taire son corps pour s’adapter au monde tel qu’il va. Ce faisant, elle paye son émancipation sexuelle d’une soumission sans précédent à la technique et au marché. Car sa fécondité est un terrain d’investissement pour les laboratoires pharmaceutiques : de la contraception à la reproduction artificielle, le corps féminin est un morceau juteux et un secteur d’avenir.

    De toutes parts, la parole se libère. Des violences sexuelles aux violences gynécologiques, des viols collectifs aux humiliations quotidiennes, les femmes ne veulent plus subir en silence ce corps qui devrait au contraire être célébré. Comme beaucoup de femmes, j’ai vécu ces deux formes de violence ordinaire – le harcèlement professionnel et l’aliénation médicale –, je voudrais modestement témoigner qu’une autre voie est possible : un féminisme écologique, respectueux du corps féminin, favorisant une réelle autonomie conjugale, et une société plus humaine.

    Marianne Durano

    9782226396181.jpg(1) Marianne Durano, normalienne et agrégée de philosophie, est professeur en lycée et collabore à la revue Limite. Elle vient de publier Mon corps ne vous appartient pas. Contre la dictature de la médecine sur les femmes, Albin Michel, 2018, 286 pages, 19 €.

  • Andy Warhol au Vatican

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    De Christine Sourgins, sur son blog :

    Saint Warhol, priez pour nous !

    Koons est-il en difficulté à Paris ? Pas de problème, l’Art contemporain américain va redorer son blason avec une expo Warhol… au Vatican ! Oui, le sulfureux Andy avec ses barils Brillo, ses Marilyn sexy, ses Mao glamour… au Paradis. Le  musée Andy Warhol de Pittsburgh en Pennsylvanie prépare pour 2019 une grande exposition sur « le versant spirituel de son œuvre » qui voyagera à Rome, occupant les 1 000 m2 de l’aile Charlemagne, place Saint-Pierre.

    On savait Andy prophète de l’Art financier avec des aphorismes dont  les prédictions se sont réalisées : « tous les musées vont devenir de grands magasins et tous les grands magasins vont devenir des musées ». C’est sûr Andy avait compris que le cœur de la foi catholique est la transsubstantiation, autrement dit une transformation substantielle. Et que seul le Pape du Pop pouvait révéler le côté pop du Pape : Andy n’avait-il pas rencontré le pape Jean Paul II en 1980 ? Cette exposition devrait comprendre des œuvres inspirées de La Cène de Léonard de Vinci, des sérigraphies de Crânes, des films et des archives…. Y verra-t-on les « Guns, Knives and Crosses » (Armes à feux, couteaux et croix)  exposées en 1982 à Madrid ? Mystère.

    La canonisation du brave Andy est donc en route, on nous explique qu’il est né dans une famille pieuse d’immigrés slovaques uniates, qu’il a toujours conservé le livre de prière de sa mère, que ses iconiques Marylin ou Jacky témoignent d’un culte des images issu de sa tradition catholique orientale, qu’il allait à la messe en cachette et même s’occupait de nécessiteux. Cette ferveur ne fut révélée qu’en 1987, un mois après sa mort, lors d’une messe d’hommage à New York. Le journal de l’artiste confirma ce catholicisme caché qui, visiblement, impressionne Barbara Jatta, la directrice des musées du Vatican : "Explorer le côté spirituel de l'artiste nous intéresse beaucoup. Il est très, très important pour nous d'avoir un dialogue avec l'art contemporain. Nous vivons dans un monde d'images, et l'Église doit faire partie de cette conversation." 

    C’était prévisible. Depuis longtemps Warhol fait des miracles : ainsi ses simples « 200 billets de 1 dollar » œuvre 1962, se sont, en 2009, transsubstantiés chez Sotheby’s, en 43,7 million de dollars ! C’est sûr Warhol sanctifie les espèces…

    Fin stratège, l’AC a compris que Koons est en difficulté (en partie) pour avoir dit aux parisiens « payez pour nous » mais qu’il suffirait de dire  « Andy, priez pour nous » pour que Warhol devienne intouchable et avec lui tout le système d’Art financier qu’il en est venu à incarner.

    A Paris, la Fondation EDF accroche un Rembrandt plus vrai que vrai (1). On nous explique que cette gloire de l’art européen n’est pas inimitable puisque, à l’image des sérigraphies d’Andy, on peut maintenant dupliquer le maître hollandais à loisirs en imitant sa facture à s’y tromper. Rembrandt s’est transsubstantié en algorithmes et, par la grâce des imprimantes high-tech, fut inventé le Rembrandt qu’aurait dû peindre le maître, si la mort ne l’avait pas fauché. D’où son titre « The Next Rembrandt ». Continuer l’œuvre de Rembrandt sans Rembrandt, n’est-ce pas adorer le veau d’or de la technique ? Tiens, un sujet pour le Vatican …

    Dans quelques années imaginez, Next Rembrandt N°3000 : un tableau sombre qui montre, luisant faiblement dans la pénombre, quelques boîtes remisées, en s’approchant le spectateur incrédule déchiffrera sur celles-ci « Soup Campbell’s ». Le cartel expliquera que si Rembrandt avait pu vivre jusqu’au XXème siècle… il eut été Warhol !

    Christine Sourgins

    (1) « La belle vie numérique » jusqu’au 18 mars, 6 rue Récamier Paris 7ème.

  • Fusionner l'ULB avec l'UCL ?

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    Pour l'UCL, l'aboutissement d'un processus de sécularisation où elle aurait définitivement perdu son âme ? En tout cas, l'ULB crie victoire en constatant la laïcisation de fait de toutes les universités. Lu sur L’Echo du 3 février, p. 16 :

    Fusionner l'ULB et l'UCL : On manque de moyens, pas de taille critique... 

    L'idée: fusionner l'ULB avec l'UCL et créer l'European University of Brussels à rayonnement international, et créer l'University of Wallonia où chaque membre se focalise sur ses spécialités. Parole à Monsieur l'ambassadeur. Christian Homsy, patron de Ceylad, est convaincu que le monde universitaire doit dépasser les "professions de foi laïque ou catholique" pour se positionner comme "fer de lance de la réflexion d'avant-garde".  …

    Qu'en disent les principaux acteurs du monde universitaire? "C'est une excellente chose de pouvoir penser hors des cadres habituels, la proposition est intéressante, un peu décapante mais stimulante", confie Vincent Blondel, recteur de l'UCL. Avec son homologue de l'ULB, Yvon Englert, ils se réjouissent de constater que l'enjeu universitaire se retrouve au coeur de discussions relatives au développement de la Wallonie et de Bruxelles. … Mais ici s'arrête la diplomatie. "En matière d'enseignement et de recherche, la masse n'est une garantie ni de qualité ni de rayonnement international, précise Vincent Blondel. Les universités européennes les plus recherchées, Oxford ou Cambridge par exemple, présentent des tailles inférieures ou égales à celles de l'UCL et de l'ULB".  …

    La question des réseaux philosophiques n'est toutefois jamais évoquée spontanément par les recteurs que L'Echo a contactés. "Toutes les universités sont laïcisées, estime Yvon Englert. Ce combat-là, l'ULB peut estimer qu'elle l'a gagné. La concurrence entre les universités est le résultat d'une politique de marché plus qu'autre chose. Aujourd'hui, plus personne ne se retranche derrière le dogme pour affronter une question scientifique." Vincent Blondel ne perçoit pas non plus de "dynamique de pilier". "Nous n'avons pas attendu votre dossier pour organiser des collaborations avec l'ULB, précise le recteur de l'UCL. Les deux universités recrutent abondamment l'une chez l'autre et les chercheurs travaillent ensemble dans le cadre de copublications qui sont très nombreuses..." Le recteur estime que les "affinités de projets" ont largement pris le pas sur les considérations philosophiques même si chaque université conserve et son histoire et sa culture.

  • La violence de l'islamisme doit-elle conduire à jeter l'opprobre sur toutes les religions ?

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    Michel De Jaeghere : Quand Rémi Brague pulvérise les dogmes relativistes

    FIGAROVOX/CHRONIQUE - Rémi Brague explore le sophisme qui tend à confondre toutes les religions dans une même réprobation en projetant sur elles la violence de l'islamisme.

    Michel De Jaeghere est directeur du Figaro Histoire et du Figaro Hors-Série. Dans le Figaro Histoire de février-mars 2018, il signe sa chronique «À livre ouvert» sur le dernier essai de Rémi Brague, Sur la religion. À commander en ligne sur la boutique du Figaro.

    Rémi Brague n'a pas de chance, et il doit lui arriver de ressentir comme une fatalité sa situation. Philosophe, servi par une érudition immense, une acuité dans l'analyse que colore un regard d'une humanité profonde, il s'efforce depuis quarante ans d'affiner de manière toujours plus juste et plus subtile nos connaissances sur l'interaction de la métaphysique et de la culture, la place des traditions religieuses dans l'essor des civilisations, l'actualité de la pensée antique et médiévale, les dangers que représentent les ruptures de la modernité. Venu trop tard dans un monde trop vieux, il doit confronter sa pensée avec les slogans, les idées toutes faites que répandent à foison des leaders d'opinion peu curieux de ces subtilités.

    La nocivité générale du «fait religieux», sa propension à susciter intolérance, guerre et persécutions, à maintenir dans l'obscurantisme des peuples qui ne demanderaient, sans lui, qu'à s'épanouir au soleil de la raison pure et au paradis de la consommation de masse, fait partie de ces évidences indéfiniment ressassées. C'est à elle qu'il s'attaque dans Sur la religion , son dernier essai, en montrant qu'elle relève de la paresse intellectuelle ou de l'ignorance, quand elle ne sert pas de paravent à notre lâcheté: «Pour fuir la peur que [l'islam] suscite, remarque-t-il, une tactique commode, mais magique, consiste à ne pas le nommer, et à parler, au pluriel, des religions. C'est de la même façon que, il y a quelques dizaines d'années, on préférait, y compris dans le milieu clérical, évoquer les dangers que représentaient “les idéologies” pour ne pas avoir à nommer le marxisme-léninisme.»

    Que d'autres religions que l'islam aient été parfois associées à la violence, Rémi Brague se garde certes de le nier. Que le meurtre et la guerre soient les inévitables conséquences de la croyance en un Dieu créateur auquel on rende un culte et qu'on s'efforce de prier dans l'espérance d'un salut qui dépasse notre condition mortelle, voilà qui demande des distinctions plus exigeantes. Explorant les relations de ceux que l'on désigne, non sans ambiguïtés, comme les trois grands monothéismes - le judaïsme, le christianisme et l'islam - avec la raison, la violence et la liberté, scrutant les textes saints et les fondements du droit, évaluant les pratiques (le crime d'un adepte n'engage pas nécessairement sa croyance, s'il l'a commis pour d'autres motifs, ou des motifs mêlés, ou en violation manifeste de la morale qu'induit la religion injustement incriminée), il montre au prix de quels amalgames on est parvenu à jeter le discrédit sur une aspiration qui est au fond de l'âme humaine et dont on a le témoignage depuis quelque trois cent mille ans.

    Dans la multiplicité des pistes de réflexion ouvertes par ce livre provocateur - au meilleur sens du terme -, l'une des plus fécondes se trouve sans doute dans la comparaison qu'il risque, après Benoît XVI, des relations entre foi et raison dans le christianisme et l'islam. Le premier, souligne-t-il, admet avec Pascal que si la raison permet de pressentir l'existence d'un Dieu créateur, elle est, seule, incapable d'accéder à des vérités qui la dépassent. Il lui faut le secours de la grâce: ce qu'on appelle la foi. Mais le chrétien peut et doit ensuite faire usage de sa raison pour ce qui relève de son ordre: la connaissance des choses et le choix des actions conformes à la justice, à l'accomplissement de sa nature, sous le regard de sa conscience. Pour le musulman, nous dit-il, c'est l'inverse. L'existence de Dieu a le caractère d'une évidence, que la raison devrait suffire à attester: cela rend inexcusable l'incrédulité. La raison est en revanche impuissante à découvrir par elle-même les comportements que ce Dieu transcendant, muet, inatteignable attend de sa créature. Elle devra dès lors s'en remettre aveuglément à la loi qu'Il a lui-même dictée à son prophète dans le Livre où a été recueillie une parole incréée, irréformable, indiscutable. La première conception fonde le droit naturel, clé de voûte de notre liberté face à l'arbitraire, dans la mesure où il déduit, de notre condition de fils de Dieu, les droits et les devoirs qui s'attachent à la créature. La seconde justifie l'application - toujours et partout - de règles de comportement conçues pour des Bédouins illettrés dans l'Arabie du VIIe siècle: la charia.

    La facilité qui conduit trop souvent, sous couvert de neutralité, intellectuels et responsables à traiter des différentes religions comme d'un phénomène interchangeable et, après en avoir utilisé les dérives pour disqualifier le christianisme, à se les représenter avec ses catégories pour plaquer sur l'islam des caractères qui lui sont profondément étrangers ne se révèle plus seulement, à la lecture de ce livre, comme une manifestation de pusillanimité: bien plutôt comme une utopie mortifère.

     

    Sur la religion , de Rémi Brague, Flammarion, 256 pages, 19 €.

  • Valaam : un monastère russe qui fascine

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    La résurrection du christianisme en Russie après 70 ans de congélation soviétique devrait interpeller l’Occident apostat et l’Eglise romaine postconciliaire.

    JPSC