David Engels, Titulaire de la chaire d'histoire du monde romain, directeur et rédacteur en chef de la revue LATOMUS et auteur aux éditions du Toucan de l'essai remarqué "Le Déclin, la crise de l'Union européenne et la chute de la république romaine, analogies historiques" donnait une conférence à l'Académie Royale de Belgique que le thème : L’Europe en 2050 ou la République restituée.
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L'Europe en 2050 selon David Engels
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Castel Gandolfo, addio...
C’est le quotidien favori du pape François qui l’annonce : selon « La Reppublica » du 14 octobre (traduction du site « Benoît et moi ») « François surprend encore. Trois ans et demi après la décision de renoncer à vivre dans l'appartement papal au troisième étage du palais apostolique, il ferme un autre Appartement. Celui de Castel Gandolfo, ultime refuge de Papa Ratzinger quand le 28 Février 2013, il quitta le Vatican en hélicoptère en attendant l'élection d'un successeur. A partir du 21 Octobre, en effet, l'appartement des Castelli, toujours disponible pour les papes depuis qu'au début du XVIIe Urbain VIII en fit sa résidence d'été, devient un musée. Le Vatican l'annexera aux autres pièces du bâtiment qui, depuis plus d'un an peuvent être visitées par les fidèles et les touristes.
François n'y a jamais séjourné. Les quelques jours de repos estival, il reste à Santa Marta.
Le mot-clé de son pontificat est: partage.
C'est ce qui se passe pour les salles des Castelli; inutilisées depuis qu'il siège sur le trône de Pierre, elles doivent être ouvertes aux fidèles. Et c'est justement pour partager que le 21 Octobre l'inauguration du musée verra la représentation d'un chœur de musique folklorique chinoise. "La beauté nous unit" est le titre d'un spectacle qui s'insère dans la volonté du pape de construire des ponts, y compris culturels, avec la Chine, un pays de plus en plus au centre de l'attention de la diplomatie pontificale.
Nombreux sont les lieux privés de la résidence que François ouvre au public. Tout d'abord, la chambre à coucher. Une très belle chambre, avec des fenêtres tournées vers la mer [le lac? je ne sais pas si l'on a une vue jusqu'à la mer...], sans aucun doute l'endroit le plus privé de tout le palais.
Après le débarquement américain à Anzio en Janvier 44, les environs de Castel Gandolfo furent transformés en l'un des plus sanglants théâtres de bataille de la Seconde Guerre mondiale. La Chambre, comme d'autres salles du palais, fut réservée aux femmes enceintes, tant et si bien que sur le propre lit du Pontife sont nés durant ces mois quelque quarante enfants, qui furent ensuite appelés "enfants du pape". Juste à côté de la Chambre, il y a une petite chapelle privée où les papes ont pu se rendre pour prier dans la solitude. Ici, entre autre, se sont aussi agenouillés Benoît et François quelques jours après l'élection de ce dernier.
Un peu plus loin il y a la bibliothèque du Saint-Père et le Studiolo (cabinet de travail) où les papes se sont consacrés à l'écriture d'encycliques et à la préparation d'homélies. Deux salles réservées au secrétaire personnel et au secrétaire adjoint. Puis la salle des Suisses, ainsi nommée parce que c'est ici que montait le corps de garde armé qui, depuis 1506 prête service au pape. Il y a aussi une Salle du Consistoire, qui a rarement vu la présence de laïcs, car elle a généralement été utilisée pour les tâches qui lui donnent son nom, c'est-à-dire la réunion officielle du Collège des cardinaux en présence du pape.
A partir du 21 Octobre tout cela ne sera plus qu'un lointain souvenir. Au moins tant que François sera assis sur le trône pontifical.
Il est pas du tout évident, en tout cas, qu'on puisse revoir l'époque de Jean XXIII, qui aimait la résidence d'été parce que de là il pouvait parfois sortir sans rien dire à personne. On le retrouvait à pied dans les villages voisins, les collines ou la mer, mêlé aux gens. Ou celle de Jean-Paul II qui aimait à jouer à cache-cache avec les enfants des employés du Palais. Benoît XVI aussi aimait beaucoup le Castello: le soir, en été, on pouvait entendre les notes de son piano, notamment ses compositeurs préférés, Bach, Mozart, Beethoven. Tout comme Pie XI qui créa dans les Villas une ferme avec des cultures, un poulailler et des vaches laitières, qui encore aujourd'hui approvisionne quotidiennement de ses produits la Cité du Vatican ».
Après le « palais » d’hiver, le « palais » d’été : viva La Revolución !
JPSC
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Jean Sévillia : libérer l’histoire du carcan idéologique de la « pensée unique »
De Philippe Oswald sur aleteia.org :
Les médias nous manipulent-ils ?
Rien de tels que les essais de Jean Sévillia pour libérer l’histoire du carcan idéologique de la « pensée unique »… C’est décapant, passionnant, revigorant.
Depuis une quinzaine d’années, les essais de Jean Sévillia ont fortement contribué à débarbouiller l’histoire de l’épaisse couche idéologique qui l’a défigurée. Voici réunis en un volume ses trois principaux essais historiques dont le succès en France et à l’étranger a nourri les débats contemporains en contestant les dictats décrétés au nom d’un prétendu « sens de l’histoire » : Le Terrorisme intellectuel (2000), Historiquement correct (2003, Grand Prix catholique de littérature) et Moralement correct (2007). Du Moyen Age à nos jours, des croisades à la guerre d’Algérie en passant par les guerres de religion, la Révolution française, la défaite de 1940 et Mai 68, ou s’agissant de l’instauration contemporaine d’idéologies mortifères -théorie du genre, hédonisme, eugénisme glaçant-, Jean Sévillia démonte les clichés propagés par la doxa marxisante ou libertaire (elles font bon ménage) dans l’enseignement et dans les grands médias.
L’histoire comme une sève
Comme Simone Weil, Jean Sévillia estime que l’histoire est « la sève » qui nourrit la civilisation et éclaire l’action politique. Encore faut-il qu’elle ne soit pas manipulée et asservie par une idéologie quasi officielle mais reste une quête permanente de la vérité des faits et des mentalités. Voilà pourquoi ses essais ne sont pas seulement des écrits « historiques » mais aussi de « combat ». Sur ce front, Jean Sévillia fut un précurseur. Mais comme lui-même le constate dans la préface générale qu’il a donnée à ce recueil, il se sent de moins en moins isolé dans cette entreprise de réappropriation de l’histoire et de sa vulgarisation au meilleur sens du terme : des essayistes, journalistes, écrivains¸ philosophes, venus d’horizon divers, ont conquis depuis le début de ce siècle une audience qui semblait inimaginable dans les dernières décennies du XXe siècle en raison du verrouillage des médias.
On compte parmi ces penseurs non conformistes et rebelles à la « pensée unique » qui ont aujourd’hui accès aux grands médias, des « anciens » tels Marcel Gauchet, Régis Debray, Alain Finkielkraut, Philippe Muray, Philippe de Villiers, Eric Zemmour, et des « jeunes » qui assurent la relève, tels François Xavier Bellamy, Fabrice Hadjadj, Gabrielle Cluzel, Eugénie Bastié, Natacha Polony… (pardon pour ceux qu’on oublie !). Ils sont en outre efficacement relayés par les réseaux sociaux qui ne sont pas pour rien dans la conversion plus ou moins sincère des médias grand public à un peu plus de liberté intellectuelle. Néanmoins, remarque Jean Sévillia, ces éclaireurs restent minoritaires face à un système médiatique et à un enseignement qui peinent à sortir du moule post-soixante-huitard et qui restent contrôlés par la bien-pensance adossée à la puissance publique -l’annonce faite ces jours-ci par Laurence Rossignol d’un « délit d’entrave numérique à l’IVG » est une nouvelle illustration de la pente liberticide du « camp du Bien » (Philippe Muray) encore installé au pouvoir.
Les idoles contemporaines sont ébranlées
Pour le meilleur ou pour le pire, les idées mènent le monde. Si le communisme, grande idole politique de la deuxième moitié du XXe siècle, est tombé de son piédestal, le matérialisme totalitaire est loin d’être mort. Le terrorisme intellectuel inculqué à des générations par la pensée marxiste sert aujourd’hui un individualisme libertaire, un « tout à l’ego » (Régis Debray) badigeonné d’un vernis humanitaire « droit-de-l’hommisme » qui associe, gauche et droite confondues, le « droit de jouir sans entraves » et le « il est interdit d’interdire » de mai 68 à une laïcité sectaire et à un multiculturalisme européiste ou mondialiste dont on commence à mesurer les ravages sous les coups de boutoir de la crise économique et du terrorisme islamique.
Peut-être sommes-nous en train d’assister à la chute de ces idoles de la « postmodernité »… en tout cas à leur ébranlement. Sans rien concéder aux approximations et aux facilités de la polémique, les essais de Jean Sévillia auront contribué à libérer les esprits de la camisole que leur imposaient un enseignement officiel et des medias au garde à vous devant le « politiquement et le moralement correct ». On est heureux de disposer désormais en un seul tome du fruit de ce vaste et courageux travail qui allie l’honnêteté et la rigueur intellectuelles de l’historien à la fluidité stylistique de l’écrivain.
@ PERRIN Écrits historiques de combat, Jean Sévillia, Perrin, 840 pages, 25 euros.
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Pourquoi il nous est très difficile de penser l'islam sans plaquer sur lui des idées d'origine chrétienne
Du Figaro Vox (Alexandre Devecchio) - lefigaro.fr - :
Rémi Brague : « Nous sommes tombés dans une marmite chrétienne quand nous étions petits »
FIGAROVOX/GRAND ENTRETIEN - Rémi Brague a accordé un entretien fleuve au FigaroVox. Revenant sur les obsèques du père Hamel qui ont pris la forme d'un appel à la paix, le philosophe décrypte les ressorts du pardon chrétien.
Rémi Brague est un philosophe français, spécialiste de la philosophie médiévale arabe et juive. Membre de l'Institut de France, il est professeur émérite de l'Université Panthéon-Sorbonne. Auteur de nombreux ouvrages, notamment Europe, la voie romaine (éd. Criterion, 1992, rééd. NRF, 1999), il a dernièrement publié Le Règne de l'homme: Genèse et échec du projet moderne(éd. Gallimard, 2015) et Où va l'histoire? Entretiens avec Giulio Brotti (éd. Salvator, 2016).
FIGAROVOX. - Les obsèques du père Hamel ont pris la forme d'un appel à la paix, au pardon, à la prière pour les assassins. Que cela vous inspire-t-il?
Qu'aurait-on pu faire d'autre? Appeler à la vengeance? Montrer la chemise ensanglantée, comme dans Colomba? Promener le cercueil en hurlant qu'on allait rendre au centuple? Ce n'est pas vraiment le genre des obsèques chrétiennes.
Prier pour les assassins ne veut pas dire qu'on souhaite que d'autres fassent de même, ni qu'on les soustrait à la justice des hommes. Cela veut dire qu'on croit qu'ils ont, ou auraient eu, la possibilité de changer.
Il en est ici un peu comme du sacrement de la confession ou pénitence, que l'on appelle maintenant «réconciliation». Recevoir l'absolution pour les péchés que j'ai avoués à un prêtre ne me dispense en rien de demander pardon à ceux à qui j'ai fait tort, de réparer ce qui peut l'être, et éventuellement de purger la peine que les tribunaux humains m'infligeront. Le prêtre qui recueillerait la confession d'un criminel aurait même le devoir, non certes de le dénoncer, mais de l'encourager à se constituer prisonnier s'il a échappé à la justice.
Ce pardon peut-il être accordé par quelqu'un d'autre que le père Hamel ou Dieu lui-même?
La difficulté du pardon est que l'on ne peut pas l'accorder à qui ne le demande pas, voire à qui se vante d'avoir agi comme il l'a fait. On peut certes dire à l'autre qu'on est prêt à lui pardonner, s'il le demande. Cette demande n'est pas un signe d'humiliation, elle montre simplement que l'on est prêt à accepter d'être pardonné. Ce n'est donc pas une condition, encore moins un «donnant, donnant». Mais c'est toujours un risque à prendre. Car qui sait s'il acceptera de me pardonner?
Demander pardon n'est de toute façon jamais commode, et en un premier temps c'est même très désagréable. Surmonter ce désagrément initial demande une éducation que tous n'ont pas eu la chance de recevoir. Je n'ai pas à me prononcer sur les autres traditions culturelles, mais je constate, pour rester entre des gens dont la famille est française depuis longtemps, que, là où le christianisme s'est effacé, on a du mal à dépasser le niveau du: «c'est sa faute, c'est lui qui a commencé, moi je n'ai rien fait…»
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Le drame de notre époque : la négation du religieux
Du Figaro Vox (Alexis Feertchak) - lefigaro.fr - :
Jean-Pierre Dupuy : « Le drame de notre époque, c'est que nous nions le religieux »
FIGAROVOX/GRAND ENTRETIEN - Auteur d'un essai publié juste après le 11 septembre 2001 sur la question du mal, le philosophe Jean-Pierre Dupuy a accordé un entretien fleuve au FigaroVox. Il y explore notamment l'incompréhension occidentale face au djihadisme.
Jean-Pierre Dupuy est un philosophe français, connu pour sa théorie du «catastrophisme éclairé». Ancien élève et professeur émérite de Philosophie sociale et politique à l'École Polytechnique, il est aujourd'hui professeur à l'Université Stanford en Californie. Membre de l'Académie des Technologies, il est président de la Commission d'Éthique et de Déontologie de l'Institut français de Radioprotection et de Sécurité Nucléaire. Il a notamment publié: Pour un catastrophisme éclairé(Seuil, 2002); Avions-nous oublié le mal? Penser la politique après le 11 septembre (Bayard, 2002); La Marque du sacré (Carnets Nord, 2009; Flammarion, coll. Champs, 2010; prix Roger Caillois de l'essai) ; L'Avenir de l'économie. Sortir de l'économystification (Flammarion, 2012) et dernièrement La Jalousie. Une géométrie du désir (Seuil, 2016).
FIGAROVOX. - Scientifique à l'origine, passé par l'économie, vous vous êtes tourné progressivement vers la philosophie. Depuis une vingtaine d'années, vous analysez les grandes «catastrophes» du monde contemporain. En 2002, vous publiiez un an après les attentats du World Trade Center un livre intitulé Avions-nous oublié le mal? Penser la politique après le 11 septembre. Vous y émettez notamment une critique du rationalisme occidental en expliquant que l'on confond «cause» et «raison». Qu'entendez-vous par là? Avons-nous encore et toujours oublié le mal?
Le mal que nous avons oublié n'est pas celui du jugement moral, mais le mal comme principe d'explication des phénomènes. Le premier prolifère et il est le principal ingrédient de ce que le grand François Tricaud, traducteur de Hobbes et auteur d'un livre magistral, appelait l'«agression éthique» (1). Souvenons-nous de Saddam Hussein et de George W. Bush se vouant mutuellement aux gémonies.
Le modèle individualiste et rationaliste qui domine aujourd'hui les sciences humaines et, au-delà, le sens commun, nous pousse à rendre raison des actions d'autrui mais aussi de nos propres actions, en en cherchant les causes et en tenant ces causes pour des raisons. Si Jean a fait x, c'est qu'il désirait obtenir y et qu'il croyait qu'il obtiendrait y en faisant x. Toute action, même la plus apparemment insensée, apparaît dotée d'une rationalité minimale si on la conçoit comme mue par des désirs et des croyances. Il suffit de trouver les bons désirs et les bonnes croyances, celles qui permettent de reconstituer le puzzle. Et l'on a vu des hommes raisonnables prêter à d'autres êtres humains les croyances les plus invraisemblables (des croyances qu'eux-mêmes seraient incapables de former), faisant mine de croire en leur réalité en les affublant du label de «religieux»! Pour sauvegarder le schéma explicatif qui assimile les raisons et les causes de l'action, ces rationalistes vont, dans le cas d'une action insensée, croire que les acteurs croient de façon insensée. Quelle pauvreté d'analyse et quel manque d'imagination! Comme si des croyances religieuses pouvaient avoir la force suffisante pour causer de tels actes! Souvenons-nous des analyses brillantes de Sartre dans le chapitre de L'Être et le néant consacré à la «mauvaise foi». On y lit: «La croyance est un être qui se met en question dans son propre être, qui ne peut se réaliser que dans sa destruction, qui ne peut se manifester à soi qu'en se niant: c'est un être pour qui être, c'est paraître, et paraître, c'est se nier. Croire, c'est ne pas croire». Ou encore: «Croire, c'est savoir qu'on croit et savoir qu'on croit, c'est ne plus croire. Ainsi croire c'est ne plus croire, parce que cela n'est que croire» (2).
S'il y a de l'horreur ou de la démence dans un acte, toute la détestation qu'il inspire se portera sur les croyances et les désirs qu'on lui impute comme causes, mais l'acte lui-même se trouvera justifié par ces mêmes causes devenues raisons. L'universalité du jugement pratique se paie de l'attribution à autrui d'attitudes ou d'états mentaux qui n'appartiennent qu'à lui et dont la singularité et le caractère privé vont dans certains cas jusqu'à faire de lui l'étranger absolu.
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La pub au secours des églises ?
Lu sur lefigaro.fr (Claire Bommelaer) :
Les bâches publicitaires au bon secours des églises
Trois églises emblématiques de Paris vont financer leurs travaux grâce à la publicité. C'est une première.
L'église Saint-Augustin, dans le VIIIe arrondissement de Paris, a été la première à sauter le pas. Afin de financer sa restauration, elle a accepté d'apposer une immense bâche publicitaire sur sa façade. En lieu et place de son entrée, imaginée par le célèbre architecte Baltard, s'étale désormais un immense Samsung Galaxy 7. Choc des mondes et des esthétiques!
La bâche, qui devrait rester plus d'un an en place, devrait rapporter gros: 1,37 million d'euros, alors que le coût des travaux est estimé à 4,2 millions. Selon la réglementation en vigueur, elle est recouverte pour moitié par la publicité, pour moitié par un trompe l'œil reconstituant la façade.
Suivront, fin novembre et pour un an, l'église de la Madeleine (VIIIe). Trois millions d'euros de travaux sont prévus pour la partie située cotée boulevard de la Madeleine et la publicité devrait rapporter 780.000 €.
Un peu loin au bord des Halles, Saint-Eustache (Ier) devrait aussi pavoiser aux couleurs publicitaires: «La bâche va recouvrir en partie la façade sud, qui est très dégradée«explique le curé de Saint Eustache, George Nicholson, et c'est une excellente chose». Saint Eustache doit faire face à 2,4 millions d'euros de travaux et escompte 750.000 € de recette de publicité en dix-huit mois.
Évidemment, les messages publicitaires portés sur ces toiles, ainsi que le type d'annonceurs, sont strictement contrôlés. Toutes les entités concernées- le Diocèse, l'église, l'État, la mairie de Paris et la mairie d'arrondissement- sont consultées, au fur à et mesure des propositions faites par l'afficheur JCDecaux. Le Diocèse, très en faveur de cette solution, se dit prêt à accepter tout ce qui n'est pas dégradant pour l'image d'une église.
Pollution visuelle
Ce qui laisse de la marge en termes de marque: l'Église Saint Eustache a failli être partiellement recouverte d'une publicité pour une des séries télévisées de Netflix. «Les dates entre les travaux et la diffusion de la série ne collaient pas, et cela ne s'est pas fait» poursuit le curé de l'église «mais nous trouverons autre chose, car c'est dans l'intérêt de tout le monde que cela fonctionne».
Ce système de bâches publicitaires géantes a ses opposants à Paris. En juillet, lors du vote en conseil de Paris les écologistes et du Parti de Gauche s'étaient opposés à l'apposition de publicités sur ces édifices. De nombreuses associations de défense du patrimoine estiment que les bâches créent une pollution visuelle. Pour l'instant et sur ces cas précis, elles ne sont pas sorties du bois. «Nous sommes tous unis par le même objectif de valorisation de notre patrimoine exceptionnel» estime Bruno Julliard, adjoint à la Culture à la mairie de Paris.
La ville est propriétaire de 85 églises. Elle a lancé pour la période 2015-2020 un «plan églises» de 80 millions d'euros, l'État apportant 10 millions. Les fonds privés s'ajoutent à ces sommes, considérées comme insuffisantes pour couvrir les besoins.
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Un quart des élèves d’une génération arrive dans le secondaire sans maîtriser de manière satisfaisante la lecture
De Laurent Joffrin sur le site de Libération (liberation.fr) :
Pourquoi nos enfants ne savent plus lire
La journaliste Carole Barjon dresse un diagnostic effrayant de l’enseignement du français à l’école. En cause le rejet de la méthode syllabique.
Comment les militants du bien peuvent-ils faire le mal ? Cette question qui taraude la gauche depuis toujours se pose en termes crus dans un domaine essentiel pour elle, celui de l’éducation. Dans les années 60 et 70, un courant de pensée progressiste s’est mis en tête de réformer l’apprentissage de la lecture. Les méthodes traditionnelles, disaient-ils, sont trop arides, trop mécaniques, elles assomment les élèves et participent à la sélection sociale qui frappe les enfants des classes populaires. Elles doivent être mises au rencart au profit de pédagogies plus modernes. Bientôt dominant dans l’appareil de l’Education nationale, ce courant bien intentionné a inspiré les changements qui ont affecté l’enseignement du français dans les classes élémentaires.
Contrairement à ce que disent parfois les adversaires de ces réformes (souvent engagés à droite, mais pas toujours), il ne s’agissait pas d’imposer la «méthode globale», inventée par un pédagogue du début du XXe siècle, Ovide Decroly, pour les élèves affectés de handicaps (la surdité, par exemple), et qui fut fort peu enseignée, mais de rejeter l’antique méthode syllabique (b.a.- ba) au profit de pédagogies plus ou moins influencées par la «méthode globale» sans en imiter le systématisme (méthodes semi-globales, idéo-visuelle, etc.), qui partent non des syllabes qu’on répète mécaniquement mais des mots complets dont l’enfant appréhende directement le sens, dans le but de l’éduquer à la découverte personnelle du savoir.
En faisant foin de la grammaire traditionnelle et des pédagogies répétitives, ce courant a produit des méthodes et des explications techniques qui inquiètent souvent les parents d’élèves, troublés par ce qui leur paraît un abandon des exigences habituelles en matière d’orthographe et de grammaire, le tout accompagné d’une rhétorique obscure et jargonnante à souhait.
Journaliste politique à l’Obs, Carole Barjon est de ceux-là. Entendant les professeurs de ses enfants faire peu de cas des dictées et relativiser d’un ton condescendant la maîtrise de l’orthographe, qui lui paraissait néanmoins utile aux élèves, notamment pour se mettre plus tard à la recherche d’un emploi, elle a décidé de se renseigner par elle-même, à l’aide d’une enquête journalistique sérieuse, sur l’état de l’enseignement du français dans l’Education nationale. Compulsant les études nombreuses réalisées sur la question, consultant les programmes, les instructions et les circulaires émises par le ministère, interrogeant directement les anciens ministres, retrouvant les pédagogues, les sociologues ou les professeurs qui furent à l’origine des réformes, elle livre un diagnostic vivant et précis de l’apprentissage de la langue française par les élèves de la République. Le résultat est effrayant.
Précaution immédiate ! En lisant cette conclusion lapidaire, le lecteur averti se dira : encore un de ces pamphlets sommaires qui encombrent les étals des libraires et qui nous expliquent que tout était mieux avant, qu’il ne fallait surtout pas tenter de démocratiser l’éducation nationale, que Jules Ferry a été trahi et que la gauche enseignante à détruit la bonne vieille école républicaine. Erreur : outre qu’il s’appuie sur des chiffres difficiles à contester, le diagnostic de la journaliste est très souvent dressé par des spécialistes engagés à gauche. Cité par Carole Barjon, le livre le plus critique sur la question émane par exemple de deux spécialistes, Sandrine Garcia et Anne-Claudine Ollier, qui se réclament de Pierre Bourdieu.
Qu’il s’agisse des études internationales Pisa, des rapports internes du ministère ou des travaux sociologiques les plus divers, les analyses concordent : un quart des élèves d’une génération arrive dans le secondaire sans maîtriser de manière satisfaisante la lecture. Et comme souvent, ce sont les élèves issus des milieux les plus modestes qui font les frais de cette dégradation, dans la mesure où les parents plus diplômés peuvent plus facilement corriger à la maison des déficiences de l’école publique.
La raison en est simple, a découvert Carole Barjon : en réduisant le temps de répétition, d’entraînement, d’apprentissage des automatismes de lecture, le rejet de la méthode syllabique a rendu l’apprentissage du français plus lent, plus incertain, alors même que le temps dévolu à la lecture se réduisait progressivement. Les enfants de profs et ceux des classes supérieures ont compensé le handicap, les enfants des classes populaires se sont retrouvés démunis : l’école qu’on voulait rendre plus juste est devenue plus injuste. Le plus cruel dans cette enquête, c’est que les promoteurs des réformes, interrogés vingt ou trente ans après, admettent d’un ton primesautier leur échec historique et accusent de manière confuse un «on» mystérieux («on» n’a pas fait ce qu’il fallait), ou bien nient que la méthode globale ait jamais été appliquée (ce qui est un faux-fuyant, puisque l’on a avant tout rejeté la méthode syllabique au profit d’une pléiade de méthodes différentes). Aimable irresponsabilité des gourous de l’éducation. La logique voudrait qu’on reconnaisse l’échec et qu’on redresse la barre. C’est l’appel lancé par Carole Barjon en conclusion. Peut-être est-il temps de l’entendre…
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La mort de Pierre Deuse
Nous apprenons la mort du grand artiste que fut Pierre Deuse dont l'oeuvre fut si profondément spirituelle et auquel André Gence rendit ce bel hommage :
Pour lui, il n'y a pas de beau catalogué et hiérarchisé. Il le découvre partout. Il n'est pas quelque chose qui surgit de l'extérieur, c'est une réalité qui tient de lui et qui nous révèle ce que nous pourrions être.
Il nous donne toujours une possibilité. Il nous l'offre et il nous donne le soin d'en faire un chemin de transfiguration.
Il y a beaucoup d'amour dans sa peinture. Il fait ce qu'il aime, parce qu'il aime et qu'il nous aime. "Il n'y a rien de plus artistique que d'aimer les gens", écrivait Van Gogh à son frère Théo.
C'est le premier pas dans le vécu de l'Amour, premier pas vers le bonheur.
I'Etre humain est fondamentalement appelé à créer ce qu'il est. C'est la fonction de l'art, celle que Pierre Deuse fait découvrir à ses élèves.
A partir du moment où on fait la connexion entre le corps, le cœur et l'esprit ; il y a en nous un appel à naître, à renaître et reconnaître ce qu'on est appelé par l'acte créateur.
Pierre Deuse nous rappelle par son enseignement. et son œuvre que la peinture en est un merveilleux moyen. Par elle, nos rêves commencent à se réaliser en ouvrant le temps et l'espace.
Sur la verticale et sur l'horizontale, l'Art nous rappelle que dans tout ce qui vit, il y a les opposés. Il est une sorte de crucifixion qui devient signe de résurrection.
Une fleur qui pousse c'est un miracle. La peinture tient souvent du miracle elle aussi.
Le devenir d'un être vivant ce n'est pas un fait, c'est une réalité dans laquelle nous sommes impliqués.
Etre soi par la beauté, c'est l'Art.
La création artistique ne peut naître que de la liberté.
La liberté ne dépend de rien. Elle est ce "rien". C'est parce qu'elle n'est rien qu'elle peut tout. Elle vient du dedans, c'est-à-dire de nulle part, si ce n'est du fond du cœur.
André Gence, Février 1999.
Un site est consacré à ce maître dont "l'art est un chemin vers Dieu" : http://www.galloy.be/pierredeuse/index.htm
L'illustration ci-dessus : Pierre Deuse, "par le Fils", BASA 2009, Lyon, St Polycarpe (source)
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La basilique Notre-Dame de Bon-Secours à Péruwelz reprise au patrimoine exceptionnel de Wallonie
De lavenir.net :
La basilique Notre-Dame de Bon-Secours, désormais « patrimoine exceptionnel »
Quel est le point commun entre le château de Belœil, la Tour Henri VIII de Tournai, l’orgue de l’église Saint-Martin d’Enghien et la basilique Notre-Dame de Bon-Secours? Ils font tous partie du patrimoine exceptionnel de Wallonie…
Le Gouvernement wallon a arrêté la nouvelle liste des biens classés considérés comme «patrimoine exceptionnel de Wallonie». Cette liste intègre aujourd’hui quatre nouveaux témoins majeurs du XIXe ou du début du XXe siècle, portant ainsi le nombre de biens classés repris sur cette liste à 218.
La Wallonie compte plus de 4.000 monuments, sites et ensemble architecturaux classés. Une partie d’entre eux sont considérés comme éléments majeurs du patrimoine wallon et estampillés «Patrimoine exceptionnel de Wallonie» en raison de leurs qualités patrimoniales mais aussi de leur potentiel en tant moteur de développement culturel et touristique.
Ce statut permet notamment aux propriétaires publics ou privés de monuments classés de bénéficier d’un soutien plus important de la Wallonie pour le financement des travaux de restauration. La subvention peut ainsi se situer entre 55% et 85%, en fonction de différents critères.
Tous les trois ans, la liste reprenant les biens inscrits est actualisée.
Et la basilique Notre-Dame de Bon-Secours (à Péruwelz), œuvre totale de style néogothique et lieu de pèlerinage actif à la frontière franco-belge, est désormais considérée comme «patrimoine exceptionnel de Wallonie».
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Le genre en images. Quelle société voulons-nous pour nos enfants ?
Le livret de Vigi Gender est accessible en cliquant sur le lien suivant : http://www.vigi-gender.fr/wp-content/uploads/2016/06/Livret-genre-%C3%A9dition-2-site-1.pdf
"Ce livret, après une brève présentation du concept de genre, donne des illustrations concrètes réelles de sa diffusion à l’école et dans la société. Il veut aider chacun à prendre conscience de l’existence de ce concept idéologique, afin, s’il le souhaite, d’être en mesure d’agir pour stopper sa diffusion."
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Comment la France - mais pas seulement elle - a saboté son école
De Gaspard Koenig, philosophe et president du Think Tank Generation Libre, sur le site des echos.fr :
Comment la France a saboté son école
Un pays démontre de manière exemplaire et documentée l'échec des méthodes progressistes : la France. E. D. Hirsch consacre un chapitre entier aux réformes de l'éducation dans notre pays, éloquemment intitulé « La débâcle française ». Le constat est douloureux : avec l'entrée en vigueur de la loi Jospin en 1989, qui met en place avec les meilleures intentions du monde la « différenciation pédagogique » (l'idée d'adapter l'enseignement à la diversité des élèves), la France a sacrifié une éducation réputée et un ascenseur social relativement efficace pour devenir en moins de trente ans le pays le plus inégalitaire de l'OCDE, selon le récent rapport du Cnesco. En bon chercheur, E. D. Hirsch cite ses sources, et félicite au passage l'administration française d'avoir tenu un compte si méthodique de ses propres erreurs. On peut voir ainsi comment, de 1987 à 2007, toutes les mesures d'évaluation à l'entrée au collège montrent un fort déclin du niveau moyen, plus marqué encore s'agissant des ouvriers et des chômeurs. Le psychodrame récurrent du classement Pisa, dont la prochaine édition est attendue en 2017, a le mérite de montrer de manière assez irréfutable l'étendue de la « débâcle ».
E. D. Hirsch retrace les origines de ce changement de paradigme. Il insiste sur l'oeuvre dévastatrice de Pierre Bourdieu, en contestant la méthodologie de son opus majeur « Les Héritiers » ( « ahurissant de superficialité »), et en critiquant les conclusions du rapport Bourdieu-Gros qui inspira les réformes radicales du gouvernement Rocard. « L'école nouvelle » dont Bourdieu s'était fait le chantre a ainsi importé le pire de la conception... américaine : naturalisme de l'apprentissage (d'où la méthode de lecture globale par exemple), refus d'une transmission culturelle jugée trop homogène, victoire de la « logique » formelle sur « l'encyclopédisme » des connaissances réelles, le tout emballé dans un verbiage conceptuel que E. D. Hirsch baptise « individualisme providentiel » - soit l'idée, rousseauiste au fond, que le développement individuel devrait s'opérer de manière spontanée, sous le regard bienveillant d'un maître devenu simple guide. Là comme ailleurs, la France ensorcelée par ses intellectuels a saboté son legs révolutionnaire : le système scolaire hérité de Condorcet n'avait-il pas permis à Bourdieu, fils de paysans béarnais, d'intégrer les meilleures écoles du pays ?
Les lanceurs d'alerte sont légion. E. D. Hirsch les cite avec l'admiration qu'on réserve aux vrais rebelles, du mathématicien de renommée mondiale Laurent Lafforgue au jeune philosophe François-Xavier Bellamy. Il est temps de les prendre au sérieux. La contre-réforme autour du « socle de connaissances » est encore trop timide.
Promouvoir une forme d'éducation conservatrice n'est pas un projet réactionnaire. E. D. Hirsch, qui s'est toujours revendiqué de la gauche démocrate, n'a pas de mots assez durs contre les progressistes qui, en rejetant la culture hors de l'école, ont laissé la reproduction sociale atteindre des niveaux insoutenables. Ce n'est pas non plus un projet autoritaire. Le libéralisme commence à dix-huit ans. Avant, il n'est que licence. Pour pouvoir briser le statu quo, il faut avoir assimilé la tradition. Pour penser librement, il faut partager un terreau culturel que E. D. Hirsch appelle, dans un autre livre, « l'oxygène des relations sociales ». De l'air !
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Théorie du genre : le Pape a raison de dire que l'endoctrinement se fait sournoisement
Lu sur lefigaro.fr (Figaro Vox - Alexis Feertchak) :
Bérénice Levet : «Le système scolaire tout entier est imprégné des fondements de la théorie du genre
FIGAROVOX/ENTRETIEN - Le pape François a dénoncé la présence de la théorie du genre dans les manuels scolaires, ce qui a provoqué la «colère» de Najat Vallaud-Belkacem. Pour la philosophe Bérénice Levet, cette idéologie est bien présente à l'école.
Bérénice Levet est docteur en philosophie et professeur de philosophie au Centre Sèvres. Son dernier livre La théorie du genre ou le monde rêvé des anges, publié chez Grasset en novembre 2014, vient de sortir dans une version «Poche» chez Hachette avec une préface inédite de Michel Onfray.
FIGAROVOX. - Dimanche 2 octobre, le pape s'en est pris «au sournois endoctrinement de la théorie du genre» que propageraient les manuels scolaires. La théorie du genre existe-t-elle en tant qu'idéologie?
Bérénice Levet. - La théorie du genre? Ça n'existe pas, nous tympanise-t-on, à commencer par Najat Vallaud-Belkacem. La seule expression légitime serait «études de genre» qui aurait pour avantage de respecter la pluralité des travaux. Mais pour qu'il y ait des études de genre, encore faut-il que ce petit vocable de genre ait été conceptualisé, théorisé. Or, lorsque nous parlons de théorie du genre, nous n'affirmons rien d'autre. Judith Butler se définit elle-même comme théoricienne du genre. Il a été forgé afin d'affranchir l'identité sexuelle du sexe biologique. Au commencement est la neutralité, en quelque sorte, et seule la machine sociale vous «assigne» à une identité - ce que l'on retrouve dans les manuels.
Il faut bien comprendre que le vocable de «genre» ne sert pas simplement à distinguer le donné naturel et les constructions culturelles, mais à les dissocier. Simone de Beauvoir est restée, aux yeux des promoteurs du genre, comme en retrait par rapport à sa propre intuition. Lorsqu'elle dit «On ne naît pas femme, on le devient», le Genre lui réplique, puisqu'on ne naît pas femme, pourquoi le deviendrait-on? En l'absence de tout étayage dans la nature, on doit se jouer de toutes les identités sexuées et sexuelles. «Le travesti est notre vérité à tous», dit Judith Butler. Ce petit vocable de genre soutient en outre - et c'est là qu'il est instrument de lutte - que les différences sexuelles sont construites mais construites par des mâles blancs hétérosexuels donc selon un ordre exclusivement inégalitaire.
Voilà le message qui est délivré à la jeunesse. «Le sexe biologique nous identifie mâle ou femelle, ce n'est pas pour autant que nous pouvons nous qualifier de masculin ou de féminin»,apprennent les lycéens dans le manuel Hachette. Pour aiguiser leur rage, les convertir à la cause de la déconstruction, il convient de les convaincre que ces représentations inégalitaires.
On raille le Pape, parce qu'il ne suffirait pas d'apprendre ces axiomes pour ipso facto aspirer à changer de sexe. Sans doute et la différence des sexes ayant un fondement dans la nature, contrairement à ce que soutient le Genre, tout comme l'hétérosexualité, quand même on cherche à les chasser, elles reviennent au galop, mais l'enfant ou l'adolescent est un être fragile, si on le persuade que tout est construit, alors la tentation est grande de s'essayer à toutes les identités et toutes les sexualités. La question dans les cours de lycées est désormais: «Alors, tu es bi, hétéro, homo?». Je rapporte dans mon livre des paroles d'adolescents qui nourrissent un véritable sentiment d'infériorité de se sentir «désespérément» hétérosexuels.
Le Pape a raison de dire que l'endoctrinement se fait sournoisement, car le Genre avance toujours masqué: c'est au nom de l'égalité, du respect des différences, que s'opère la déconstruction du masculin et du féminin. C'est au chapitre «l'égalité homme-femme», ou plutôt selon l'injonction de Najat Vallaud-Belkacem, «l'égalité femme-homme» , que l'élève apprend que le masculin et le féminin sont de pures conventions, et qu'il lui appartient de s'en délier. Le Genre se veut notre nouvel Évangile, il vient nous annoncer la bonne nouvelle que les identités sexuées et sexuelles n'étant que des constructions, elles peuvent être déconstruites. L'enseigner dans les établissements scolaires, c'est fabriquer une armée de soldats de la déconstruction.
Les propos du pape François sont forts. Il parle notamment de «guerre mondiale pour détruire le mariage» et de «colonisation idéologique» destinée à «changer les mentalités». Comprenez-vous ces mots historiquement lourds de sens?
Ils ont une vérité. Le projet de «changer les mentalités» définit le programme des progressistes depuis la décennie soixante-dix.
Le Genre travaille à disqualifier les représentations du masculin et du féminin qui sont des significations partagées, héritées, et qui cimentent une société. Le Genre est le dernier avatar de cette grande offensive menée contre la civilisation occidentale depuis les années soixante par le structuraliste Michel Foucault ou Jacques Derrida. La filiation est d'ailleurs revendiquée par les adeptes du Genre.
Les formulations du Pape sont sans doute excessives mais là encore il y a une certaine vérité. Le genre est un militantisme, et la gauche y est acquise ainsi qu'une bonne partie de la droite. En étendant le mariage à des couples de même sexe, la loi Taubira en destituait le sens, qui n'est pas de consacrer l'amour mais la procréation et la filiation. Et dessinait le cadre pour une reconnaissance de la «filiation»aux homosexuels.
Quant à la colonisation idéologique, les promoteurs du Genre entendent bien investir les esprits à travers le monde, semer le trouble dans le Genre, c'est-à-dire dans les identités sexuées, et défaire le Genre - pour reprendre les titres programmatiques de deux ouvrages de Judith Butler - et bon nombre de pays d'Amérique du Sud se laisse séduire.
Le souverain Pontife a également déclaré: «La théorie du genre continue à être enseignée, alors que c'est contre les choses naturelles». Cette évocation d'une nature humaine est-elle devenue un tabou aujourd'hui?
En effet. La rébellion contre le donné naturel et le consentement comme fondement de la légitimité définissent le projet moderne. L'homme doit «se rendre comme maître et possesseur de la nature» et les seuls liens légitimes sont ceux que le sujet contracte volontairement. Or, l'identité sexuelle n'est pas choisie par le sujet, elle est donc perçue comme oppressive. Naître, c'est recevoir, recevoir un corps, une histoire, un passé hypertrophie de la volonté. Nous sommes endettés par nature, dit magnifiquement l'anthropologue Marcel Hénaff.
Cette récusation de toute forme de donné naturel nous voue à une abstraction dont Merleau-Ponty nous invitait à méditer les conséquences pour la condition humaine: «Une ontologie qui passe sous silence la Nature s'enferme dans l'incorporel et donne, pour cette raison même, une image fantastique de l'homme, de l'esprit et de l'histoire».
La nature ne décide pas de tout cependant. «On naît femme et on le devient».
Najat Vallaud-Belkacem a réagi au micro de France Inter. Elle s'est dite «peinée» et «très en colère» par ces paroles «légères et infondées». Elle a précisé qu'il n'y avait pas de «théorie du genre - qui d'ailleurs n'existe pas - dans ces livres». Que pensez-vous de la réaction du ministre de l'Éducation nationale?
Comme toujours avec Najat Vallaud-Belkacem, justifiant par là même le surnom de Pimprenelle que lui a donné François Hollande, elle croit endormir les consciences en pratiquant la dénégation systématique.
Elle sait parfaitement que les postulats du Genre sont enseignés dans les établissements scolaires. Elle aurait même pu se défausser en incriminant un de ses prédécesseurs, Luc Chatel. C'est en effet sous la présidence de Nicolas Sarkozy, en 2011, que l'enseignement du Genre a été introduit dans les manuels de «Sciences de la Vie et de la Terre» des classes de Premières.
Les spécialistes du déni nous objectent que le Genre n'est pas enseigné à l'école primaire, au collège puisque le mot ne figure nulle part. Peut-être, mais là n'est pas la question, ce qui est bel et bien diffusé, ce sont les postulats du Genre, et pas seulement dans et par les manuels. Les livres lus dès le Primaire, dont les élèves doivent rédiger une fiche de lecture, en sont les émissaires. C'est d'ailleurs, ce qui m'avait conduite à me pencher sur cette question du Genre, lorsqu'en 2012, mon neveu qui était alors en classe de CM1, est rentré de l'école avec pour devoir la rédaction d'une fiche de lecture consacrée à un ouvrage de David Wallians, Le Jour où je me suis déguisé en fille. Cet ouvrage d'une indigence littéraire qui aurait dû suffire à l'écarter d'une institution censée transmettre la langue et l'art d'écrire - mais les lectures scolaires n'ont plus d'autres finalités que de former des indignés et surtout pas des héritiers -, véhiculait un des axiomes majeurs du Genre: l'identité sexuée, le masculin et le féminin ne sont que des conventions, des normes imposées, travaillant précisément à «normaliser» les individus. Le Genre et la gauche s'emploient ainsi à déconstruire, à défaire les représentations, les significations qui cimentent une société. Sans doute le masculin et le féminin sont-ils, en partie, dans la continuité du donné naturel cependant, construits - chaque civilisation compose sa propre partition sur cet invariant - mais ces représentations constituent un lieu commun au sens littéral, les membres d'une même société s'y retrouvent, elles tissent un lien. Observons que cette même gauche n'a qu'un mot à la bouche «créer du lien social».
Najat Vallaud-Belkacem invite le Pape à consulter les manuels scolaires, non seulement il vérifiera que l'idéologie du Genre imprègne bien les chapitres consacrés à l'égalité des sexes, mais surtout, lorsqu'il parle de manuels, il entend assurément les programmes scolaires dans leur entier. Bon nombre de professeurs n'ont guère besoin de directives ministérielles pour inscrire à leur programme des ouvrages qui sont les vecteurs de cette idéologie. Les spectacles destinés aux écoles sont également édifiants.
Najat Vallaud-Belkacem a rappelé qu'elle avait déjà rencontré le pape et qu'elle était pleine de «respect» à son endroit. Comment comprenez-vous cette ambivalence de la gauche qui admire le pape François sur les sujets sociaux, économiques, migratoires et écologiques, mais le condamne sur les questions sociétales?
Ambivalence du Pape non moins, si vous me le permettez. Le Genre et l'idéologie sans-frontiériste, à laquelle le Pape demande aux nations européennes de se convertir en matière d'immigration, relèvent de la même logique: le combat contre le principe de limite, de frontière - frontière entre les nations comme entre les sexes, refus des limites que nous fixe la nature.
Toutefois, les déclarations du Pape contre le Grand Capital séduisent assurément la gauche mais l'accord se fait sur l'écume, non sur les fondements. L'anthropologie chrétienne est une anthropologie de la finitude. L'homme est créature de Dieu, pour le chrétien, il n'est pas, comme le sujet moderne, au fondement de lui-même. L'individu comme absolu est étranger à la philosophie vaticane.
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