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Culture - Page 232

  • En Flandre : un éloignement de plus en plus prononcé à l'égard de l'église

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    Ainsi, d'après Het Belang van Limburg, "de plus en plus de familles choisissent des funérailles en dehors de l'église".

    Les funérailles ont de plus en plus lieu à l'extérieur de l'église, notamment dans les espaces privés des funerariums. En Flandre, plus de la moitié des funérailles se tiennent dans des salles de ce type et cette tendance va en augmentant, d'après Johan Dexters, président de Funebra, l'association royale pour les directeurs d'entreprises de pompes funèbres. Il y a une tendance flamande à choisir le plus souvent un lieu de célébration privé pour organiser des funérailles plus intimes. Il y aurait plusieurs raisons à cela : la fermeture d'églises de plus en plus nombreuses, et en lien avec cela moins de services offerts par l'Eglise. Il faut aussi prendre en compte le fait que l'on fait de plus en plus appel à des laïcs et aux diacres pour la prise en charge des funérailles; les gens en concluent rapidement qu'il y a peu de différence entre une célébration à l'église ou en privé. De plus, les prêtres apparaissent souvent comme moins indulgents et moins disposés à accepter des présentations PowerPoint et autres. Et surtout, les pasteurs âgés restent fermement attachés aux règles liturgiques de base.

  • A propos de la Liturgie : s’agenouiller a-t-il encore un sens ?

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    procession Benoit XVI.jpgDans les liturgies réformées, ce geste a pratiquement disparu. A la consécration,  même le fait de se lever se raréfie, et ceux qui prennent au moins la peine de s’incliner à la communion, reçue debout, ne sont sûrement pas les plus nombreux. Mais pourquoi? Prostration, agenouillement, inclination : ces trois attitudes liturgiques apparentées ont cependant des racines profondes dans toute l’histoire de nos rites religieux. Lu sur le site de la revue « Item » :

    Benoît XVI , dans son livre  « l’esprit de la liturgie »,  parue aux éditions « ad solem »,  parle dans le chapitre 2 du livre 4 de la « gestuelle » liturgique. Il parle de la « participation active » ; du « signe de la croix » ; de « l’agenouillement et de l’inclination » ; puis de la station debout et assise » ; puis il revient sur « l’inclination » dans son § 5 consacré à certains « gestes » liturgiques ; enfin il parle des paroles et du silence liturgique. Son exposé théologique et liturgique est fort intéressant. J’extrais, pour votre lecture de vacances, ce qu’il écrit sur « l’agenouillement et l’inclination ». Je crois que l’on peut difficilement faire une meilleure présentation de ces gestes liturgiques :

    ΩΩ

    On voudrait aujourd’hui nous détourner de l’agenouillement. Ce geste ne serait plus adapté, paraît-il, à notre culture, il ne conviendrait plus au chrétien adulte qui doit faire face à Dieu, debout ; ou encore il ne s’accorderait pas avec le statut de l’homme sauvé, car l’homme libéré par le Christ n’aurait plus à s’agenouiller. Les historiens nous rapportent que les Grecs et Romains considéraient l’agenouillement comme indigne de l’homme libre. Envers les dieux partiaux et querelleurs que nous décrivent les mythes, cette attitude se justifiait sans doute : à l’évidence ces dieux n’était pas « Dieu » même si l’on dépendait de leur pouvoir capricieux et qu’il importait de s’assurer leur faveur. Pour Plutarque et Théophraste l’agenouillement était le fait du superstitieux ; quant à Aristote, il qualifiait les prosternements de pratiques barbares (Rhétorique 1361, a, 36). Dans une certaine mesure, saint Augustin leur donne raison : ces faux dieux n’étaient que les masques des démons enfermant l’homme dans l’amour de l’argent, la servilité intéressée, l’égoïsme et la superstition. Seule l’humilité du Christ, nous dit-il, son amour jusqu’à la Croix, ont pu nous libérer de ces puissances. C’est précisément devant cette humilité que nous nous agenouillons. En effet l’agenouillement des chrétiens n’est pas une forme d’assimilations des mœurs ambiantes, c’est au contraire l’expression de la culture chrétienne qui à son tour transforme la culture existante à partir d’une connaissance et d’une expérience de Dieu nouvelles et plus profondes.

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  • La révolution de l'écologie humaine selon Tugdual Derville

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    De Frédéric Aimard, directeur de l’hebdomadaire France Catholique sur zenit.org :

    « Le temps de l’homme », un livre sur la révolution de l’écologie humaine

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    La disparition du marxisme de l’horizon de la pensée n’a pas fait disparaître le temps des systèmes de pensée totalitaires qui prétendent inventer un « homme nouveau ». Ces idéologies sont même devenues plus dangereuses au fur et à mesure des progrès techniques et scientifiques. Ce qui n’était que vue de l’esprit, ou scénario de science-fiction, est désormais à portée de main : un surhomme, trié sur le volet avant de naître, débarrassé des tares et faiblesses physiques de ses ancêtres, augmenté de capacités artificielles transmissibles à sa descendance… est techniquement possible, voire inéluctable. L’idéologie du temps le voudrait « non-genré », c’est-à-dire libre de choisir son sexe et cela de manière réversible, au non du « droit à la différence ». Un zeste de charlatanisme, mêlant appât du gain sur fond de volonté de puissance, nous le promet bientôt immortel.

    À quel prix ? On devine que de tels progrès ne seront pas « pour tous » quoi qu’en dise la propagande scientiste. Les plus faibles, les blessés de la vie, les pauvres risquent de connaître le sort que la doctrine de l’eugénisme, un temps disqualifiée par sa récupération par le régime nazi, mais redevenue florissante et arrogante, réserve à tous ceux qui ne sont pas conformes à ses critères « moraux ».

    L’élimination des embryons féminins dans les sociétés asiatiques ou l’exploitation des mères porteuses, validée par la jurisprudence européenne, préfigurent une société qui deviendra totalement invivable si l’on ne réussit pas à mettre un frein à tous les possibles individuels qui ne sont pas tous souhaitables pour la collectivité.

    Mais sur ces thèmes a priori évidents, il est facile, avec les meilleurs sentiments du monde, de pontifier, de prophétiser, de déraper, d’être ridicule ou odieux. C’est le miracle permanent du militant associatif Tugdual Derville (délégué général d’Alliance Vita) de savoir échapper à tous ces pièges. Une longue pratique du débat contradictoire et des conférences tout public, la pratique des scientifiques et des intellectuels comme des hommes politiques, lui ont donné ce savoir-faire pédagogique. Ce programme de politique naturelle comporte son lot de métaphores prises dans la nature comme celle du mycélium, image douce d’un mouvement social que personne ne voit venir sauf quand il donne ses fruits prouvant une vitalité incomparable et indéracinable. L’on sait aussi Tugdual Derville passionné d’entomologie (Cf Les Animaux dans l’évangiles http://www.france-catholique.fr/ANIMAUX-DANS-L-EVANGILE,5839.html), ce qui lui permet d’imager un discours qui fuit les mots compliqués. Cet essai arrive à point nommé pour donner à ceux qui ont une ambition politique une connaissance apaisée des dossiers de bioéthique et de bonnes raisons de les remettre au centre de la campagne présidentielle.

    Ce livre est suffisamment imposant pour ne pas être pris à la légère : 320 pages dûment appareillées de notes renvoyant souvent à des données accessibles sur Internet et donc vérifiables, une bibliographie sérieuse et précieuse. Mais il ne doit pas intimider car ses trois parties sont en fait comme trois petits livres. Le premier donne des bases factuelles sur ce qui fait un homme digne de ce nom et comporte une très belle réflexion sur la maternité. Le second est un bilan épuré du grand mouvement social qui s’est révélé par les Manifs pour tous. Le troisième est un manuel d’anthropologie prospective, une base théorique à discuter et approfondir pour préparer la révolution de l’écologie humaine que Tugdual Derville appelle de ses vœux et à laquelle, malgré tous ses autres engagements, il a choisi de donner de son intelligence et de son action.

    Tugdual Derville, Le temps de l’homme – Pour une révolution de l’écologie humaine, Plon, 320 pages, 17,90 euros.

  • Pèlerinage jubilaire de la Miséricorde divine à Rome (4 - 7 octobre 2016)

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  • PokémonGo ? Non, JésusGo !

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    Du blog jeunes-cathos.fr :

    JésusGo !!

    Père François Triquet est prêtre du diocèse de Cambrai et auteur du «Journal d’un jeune prêtre » sur Jeunes Cathos blog. Il réagit aujourd’hui au phénomène PokémonGo.

    mont saint michel -

    Il y a quelques jours, je me promenais dans les rues du Mont Saint Michel, ce lieu rempli d’histoire et de spiritualité… Après quelques minutes de déambulation dans les petites rues du Mont, mon regard est attiré sur les personnes qui m’entourent : une majorité a les yeux scotchés sur l’écran de leur téléphone. Alors que nous sommes sur un site remarquable, que la beauté des maisons, de l’abbaye s’offre à nous, alors que la nature qui nous entoure nous fait le cadeau de couleurs magnifiques, bleu du ciel, bleu de la mer…, ces hommes et ces femmes, ces enfants, ces jeunes, ces adultes, ont les yeux collés sur leur téléphone… Que font ils ? Suivent-ils une visite commentée via une application pour mieux percer les mystères du Mont ? Filment-ils leur visite afin de partager avec leurs proche à leurs retours ? Je les observe. Rien de cela, ils recherchent des Pokémon ! Ils ont fait des kilomètres pour arriver sur ce lieu merveilleux rempli d’histoire et ils errent dans les rues à la recherche de bêtes virtuelles en oubliant le lieu où ils sont… Que retiendront ils de leur visite ? Le nombre de Pokémon attrapés ?

    Et je ne parle pas des personnes qui se rendent à l’ossuaire de Douaumont en quête de ces bêtes virtuels (comme l’a relaté la presse ce mois d’août) en oubliant la mémoire de ces hommes dont ils marchent aveuglement sur leurs tombes…

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  • Autriche : volte-face du cardinal Schönborn sur les migrants

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    Non, il ne s'agit pas d'une relecture de l'exhortation papale "Amoris laetitia" dont il serait l'exégète privilégié: l'archevêque de Vienne fait pour l'instant son autocritique sur l'accueil des réfugiés islamiques du Proche-Orient en Autriche. Lu sur le site "Aleteia":

    « Alors que l’Allemagne est à son tour prise pour cible par l’Etat islamique depuis l’attentat à la hache dans un train en Bavière, le cardinal et archevêque de Vienne s’est exprimé au sujet des problèmes posés par les politiques d’intégration des réfugiés en Autriche. 

    Une différence de culture

    Comme l’explique cet article du site katholisch.de, le cardinal Schönborn souhaite « se corriger quelque peu » concernant ses affirmations sur la politique d’asile. À de nombreuses reprises, il avait en effet comparé l’arrivée des réfugiés en Allemagne à l’accueil en d’autres époques, de populations immigrées venant de Hongrie ou de République Tchèque par l’Autriche. Il avait ainsi critiqué les restrictions récentes du droit d’asile mises en place dans son pays afin de lutter contre certains abus.

    « Mais il y a une différence » a expliqué ce dominicain, « ces réfugiés étaient tous européens, ils avaient à peu près la même culture, pour beaucoup la même religion. Même l’intégration des Bosniens, pour beaucoup des musulmans, est allée bien plus vite grâce à une grande proximité culturelle ». Or il s’agit aujourd’hui d’une immigration qui vient du Proche-Orient et « il y a là une différence culturelle et religieuse qui est un facteur de préoccupation ».

    La crainte du terrorisme  

    Le fait qu’une profonde volonté d’aider les migrants laisse place aujourd’hui en Autriche à un refus doublé de haine est expliqué par l’archevêque par les nombreuses craintes de ses habitants, tant par rapport à l’aspect social qu’à celui du terrorisme. L’Autriche est passée petit à petit d’une société prospère à une société dans laquelle tout devient de plus en plus difficile pour tout le monde. « J’ai grandi dans une société qui allait mieux d’année en année », affirme-t-il, alors que la génération actuelle « voit ses perspectives d’avenir se détériorer ».  Quant au potentiel d’actes violents commis au nom de la religion, le cardinal Schönborn réclame « un positionnement le plus clair possible des autorités musulmanes » puisque « que ce soit justifié ou non, la terreur a aujourd’hui une étiquette islamiste

    Ref. Autriche : volte-face du cardinal Schönborn sur les migrants

    JPSC

  • Quand on associe religions et violence, ce que l'on oublie de dire

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    Du père Laurent Stalla-Bourdillon, directeur du Service pastoral d'études politiques, sur le site de lavie.fr :

    Religions et violence : ce que l’on oublie de dire

    Pour pouvoir préciser les rapports que peuvent entretenir les religions et la violence, et pour dépasser les simplifications enfantines, il est nécessaire de bien voir d’abord ce qu’est l’être humain doué de foi et de raison. Alors seulement, devient-il possible de comprendre le mécanisme qui associe « la violence et le sacré » et d’y répondre de manière adulte. L'analyse du père Laurent Stalla-Bourdillon, recteur de la Basilique Sainte-Clotilde (Paris) et directeur du Service pastoral d’études politiques (SPEP).

    Les journaux n’ont pas manqué de relever et de commenter les propos du pape François de retour des JMJ de Cracovie, le 31 juillet 2016 : « Je n'aime pas parler de violence islamique, parce qu'en feuilletant les journaux je vois tous les jours que des violences, même en Italie, (...). Si je parle de violence islamique, je dois parler de violence catholique. Non, les musulmans ne sont pas tous violents, les catholiques ne sont pas tous violents. (…) Je crois que ce n'est pas juste d'identifier l'islam avec la violence, ce n'est pas juste et ce n'est pas vrai. » Nul ne connaît précisément son degré d’expertise en islamologie, et tant pis pour ceux qui s’imaginait que François serait le pourfendeur de l’Islam, de ses mœurs, de sa doctrine… François ne cède pas au relativisme, sa remarque porte tout simplement sur une autre réalité. 

    A lire aussi : Les propos complets du pape sur la violence et la religion 

    Si nous entendons correctement les propos du Pape, il ne serait pas juste d’identifier une religion – quelle qu’elle soit – avec la violence. François s’inscrit ici à rebours de ce que nous entendons souvent : « les religions sont intrinsèquement source de violence ». Naturellement des doctrines religieuses peuvent être attentatoires à la dignité humaine, elles ne sont probablement pas à mettre de facto sur le même plan, nous y reviendrons. Mais pour François, il est essentiel de comprendre que la violence est d’abord le fait de l’homme avant même toute adhésion à une doctrine religieuse.

    C’est toujours à partir de l’engagement d’une liberté humaine qu’une doctrine génère selon l’interprétation qu’on en fait, plus ou moins, peu ou pas de violence. Avant d’incriminer la doctrine religieuse, il faut regarder ce qu’il y a dans l’homme ! Si le Pape dit qu’il y a chez les catholiques aussi des fanatiques, c’est bien que – pour lui – la source de la violence n’est pas contenue dans le corpus de doctrines chrétiennes, mais dans l’homme lui-même. C’est d’abord le cœur de l’homme qui est malade, son intelligence blessée, et la religion peut devenir alors pour certains, le révélateur de cette violence déjà là. Le Pape a ainsi voulu dire qu’il sera toujours plus facile de défausser sa propre violence sur des doctrines religieuses, pour s’affranchir de la regarder au plus profond de soi-même.

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  • "Nous vivons dans un moment de destruction de l’homme en tant qu’image de Dieu"; le pape dénonce l'enseignement du genre

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    Lu sur lefigaro.fr :

    Le pape regrette l'enseignement du genre

    Le pape François déplore qu'"aujourd’hui, on apprenne à l’école à des enfants -à des enfants! - que tout le monde peut choisir son sexe", dit-il dans un compte-rendu d'une rencontre avec les évêques de Pologne publiée hier et relayée par Le Monde . Il s'agit d'un résumé d'une discussion tenue le 27 juillet dernier, au début de la visite du pape à Cracovie. "Nous vivons dans un moment de destruction de l’homme en tant qu’image de Dieu", estime-t-il.

    François a notamment critiqué les ouvrages de "personnes et des institutions qui donnent de l’argent", fruit d'une "colonisation idéologique" menée par des "pays très influents". Lors d'une tournée en Asie en 2015, il avait d'ores et déjà évoqué l'idée d'une "colonisation". Il s'est d'ailleurs souvent élevé contre la théorie du genre, l'assimilant à une "manipulation éducative".  

    Le pape a cité Benoît XVI, son prédécesseur, lors de cette discussion. " Il me disait: votre Sainteté, c’est l’époque du pêché contre Dieu le créateur. Il est intelligent. Dieu a créé l’homme et la femme. Dieu a créé le monde ainsi et nous faisons le contraire."

  • Notre jeunesse, ou quand l’heure est venue de retrouver la fierté de notre héritage

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    De Fabrice Hadjadj sur le site de la Revue Limite :

    Notre jeunesse

    Au lendemain des Journées Mondiales de la Jeunesse de Cracovie, la jeunesse est tout naturellement à l’honneur.

    Le jour de l’ouverture des Journées Mondiales de la Jeunesse à Cracovie aura été aussi celui d’une autre jeunesse, en France, à Saint-Étienne du Rouvray, dans la proche banlieue de Rouen. Car ce sont bien des jeunes qui ont égorgé le Père Jacques Hamel alors qu’il célébrait la messe de sainte Anne et saint Joachim, et que Jérémie, en première lecture, faisait entendre ces versets prophétiques : Si je sors dans la campagne, voici les victimes de l’épée […] Même le prophète, même le prêtre parcourent le pays sans comprendre. Et nous fûmes choqués par cette « horreur ». Et nous eûmes aussi honte d’être choqués, comme si ce qui venait d’arriver chez nous, en Europe, n’avait pas lieu presque tous les jours en Orient (oh ! nous étions au courant, les informations nous l’avaient bien dit, mais être informé n’est pas connaître). Et nous eûmes encore le vertige devant cette jeunesse qui croyait elle aussi servir Dieu.

    Adel Kermiche avait 19 ans. L’âge de Jeanne d’Arc quand elle fut brûlée à Rouen (tout près de chez lui). Un autre jeune de son quartier, Bodri, de quatre ans son aîné, le décrit comme un garçon gentil : « Il était stagiaire pour le BAFA [ce qui signifie, rappelons-le, Brevet d’Aptitude aux Fonctions d’Animateur], il était adorable avec les enfants, il se comportait bien. Il était polyvalent, s’occupait des ateliers manuels et de danse, et il était une force de proposition pour organiser des grands jeux. » Autant d’expressions qui se revêtent d’une ironie cruelle. On sait quel « grand jeu » Adel a fini par se proposer avec force. On sait ce que fut son dernier « atelier manuel » et sa dernière « danse » : il l’avait apprise, comme beaucoup d’autres, par une de ces vidéos que n’importe qui peut atteindre en deux clics, et, avec son camarade, et un portable, ils ont fait eux-mêmes la leur, de video, qui pourra aussi se rechercher sous le tag « égorgement rituel ».

    Il faut croire que l’« Aptitude aux Fonctions d’Animateur » n’a pas suffi à combler son existence. Il faut croire que l’ « Aptitude aux Fonctions d’Animateur en accueils collectifs de mineurs » – car telle est l’appellation complète de cette compétence brevetée par la Direction Départementale de la Jeunesse et des Sports – avait fini de le faire rêver… Je m’imagine Adel en train de s’occuper de jeunes adolescents (« Tu t’appelles Adèle, comme la chanteuse ? », devaient lui dire certains gamins en rigolant). Il les motive pour faire du foot, du hip hop, de la pâte à sel… Et puis voilà qu’il se demande, en face d’eux, en face de leur désir naturel de grandeur phagocyté par les envies artificielles de la consommation (une consommation qui est le vide et la frustration sans cesse recommencés, mais qui les fascine quand même et dont ils se sentent frustrés – frustrés de ne pas pouvoir entrer dans le cycle de cette frustration toujours innovante), voilà qu’Adel se demande quel est le sens de cette garderie pour rien, de cette jeunesse immolée d’avance à un système qui n’est que fuite devant l’angoisse de la mort…

    Certes, le BAFA n’était peut-être pour lui qu’une couverture, une manière de pratiquer la dissimulation, cette taqiya commandée par Mahomet. Mais, si tel était le cas, pas moindre ne serait la désespérance de ce jeune Français pour qui « Français », comme pour la plupart, ne voulait plus rien dire dans l’interchangeabilité mondiale des travailleurs-consommateurs. Aussi crut-il pouvoir dépasser son angoisse en essayant de rejoindre Daech en Syrie – confondant martyre et attentat-suicide, confondant le dépassement de la peur de la mort dans le témoignage pour la vie et la précipitation par laquelle la peur ne disparaît que parce qu’on s’identifie soi-même à la mort, parce qu’on devient soi-même mortifère…

    Ainsi ce jeune a-t-il perdu sa jeunesse. Ainsi s’est-il laissé marquer par la sénilité de la destruction. Sa jeunesse, pourtant, n’était pas loin. Il aurait pu la retrouver dans ce vieux prêtre de 86 ans, dans sa naïveté, dans sa fidélité au Dieu qui s’est fait enfant et qui est mort jeune, en portant les armes du désarmement, en se laissant porter par cette Croix qui est le vrai sceptre de la force, capable de dominer jusqu’au cœur de l’ennemi (Ps 109) – car pour dominer l’ennemi jusqu’au cœur, c’est-à-dire, ce qui est bien le plus fort, pour le changer en frère vivant et non en adversaire mort, il n’y a que la force de l’amour humilié.

    Dans sa Somme de Théologie, Thomas d’Aquin explique à la suite d’Aristote pourquoi la jeunesse est cause d’espoir : « D’abord, les jeunes ont beaucoup d’avenir et peu de passé. Et, parce que la mémoire porte sur le passé, tandis que l’espoir regarde l’avenir, ils ont peu de mémoire, mais beaucoup d’espoir. – De plus, les jeunes gens, à cause de leur chaleur naturelle, abondent en esprits vitaux, ce qui donne à leur cœur beaucoup d’ouverture. Or c’est la dilatation du cœur qui fait tendre aux choses difficiles. C’est pourquoi les jeunes sont entreprenants. » Qu’en est-il néanmoins quand un jeune a l’impression de ne plus avoir d’avenir ? En quoi sa chaleur naturelle va-t-elle tenter de trouver une issue ?

    Thomas parle ici de l’espoir comme passion sensible et non de l’espérance comme vertu théologale. De l’un à l’autre, c’est la même logique qui opère. L’espérance théologale est elle aussi causée par une jeunesse surnaturelle, qui est celle de Dieu (« Dieu est plus jeune que tout » dit saint Augustin dans son De Genesi). Par la promesse de la vie éternelle, même un vieux prêtre de 86 ans a toujours plus d’avenir que de passé – et d’attente que de mémoire… Il a aussi ce cœur dilaté, non par les « esprit vitaux », mais par cet Esprit Saint qui le pousse aux choses grandes et ardues comme Jésus au désert. Cette espérance, par qu’elle se fonde sur Dieu, et non sur le monde, peut ouvrir un chemin là même où il n’y a plus d’espoir. Et comme elle a l’éternité pour elle, elle a l’ardeur, mais aussi la patience, une « ardente patience » (qui n’a rien à voir avec l’impatiente froideur de nos égorgeurs en herbe).   

    Telle est notre jeunesse. Une jeunesse qui s’égare, toutefois, si on ne lui propose pas de grandes choses. Qui se dissipe dans les petitesses ou les fausses grandeurs. Or à quelles grandes choses appelle-t-on les chrétiens aujourd’hui ? Pourquoi leur a-t-on si souvent prêché une humilité à telle point séparée de la magnanimité qu’elle n’apparaît plus que comme une bassesse complaisante, très loin de l’héroïcité à laquelle aspire un jeune cœur ?

    Le temps de la charité réduite à une Aptitude aux Fonctions d’Animateur est fini. L’heure est venue de retrouver la fierté de notre héritage. L’heure est venue de recouvrer ton honneur, qui est de courir au combat pour la justice, la clémence et la vérité (Ps 44, 5)… Nous saurons nous battre comme il faut. Et nous aurons trop de gorges pour ne pas épuiser leurs couteaux.

    Photo du profil de Fabrice Hadjadj
    Philosophe. Directeur de l’Institut Philanthropos en Suisse.
    Conseiller éditorial de la revue Limite
  • Stage d’été de l’Académie de Chant grégorien : du dimanche 21 au dimanche 28 août 2016

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    Du dimanche 21 (17h00) au dimanche 28 août (14h00) 2016, stage d'été de l'Académie de Chant grégorien ouvert à tous (voir ici : http://www.gregorien.be/) au Monastère Notre-Dame à Ermeton-sur-Biert (province de Namur, Belgique)

    ermeton.jpg

    avec Paul Breisch, titulaire des orgues à la Cathédrale de Luxembourg
    et Sarah Pirrotte.

    Concert et messe à la Collégiale de Dinant
    le samedi 27 août et messe à Ermeton le dimanche 28 août

    Dépliant          Inscription en ligne 

     

    JPSC

  • Foi et indifférence religieuse. Comment croire dans une société sécularisée ?

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    Du Père Emmanuel Perrier, dominicain, cette conférence donnée il y a quelques années mais qui reste d'une parfaite actualité... (source)

    Foi et indifférence religieuse. Comment croire dans une société sécularisée ?

    Conférence donnée par le frère Emmanuel Perrier, o.p. de la Province de Toulouse

    L’atmosphère religieuse de notre époque peut aisément se ramener à deux mots : crise de la foi et sécularisation, qui sont comme les deux faces, religieuse et sociale, d’un même phénomène. Nous faisons en effet tous l’expérience, en tant que parents, catéchistes, prêcheurs, mais aussi par les discussions que nous pouvons avoir avec notre entourage de ce que parler de la foi, transmettre la foi est en notre temps une tâche ingrate. La réceptivité n’est pas là. On aimerait, et l’on pourrait attendre de la foi, qu’elle soit plus aisée à communiquer. Mais elle se heurte à un mur à la fois mou et apparemment inébranlable : l’indifférence. Ce qui devrait être important, ce qui est objectivement le plus essentiel à la vie humaine, n’est pas considéré comme tel. Ainsi de Pâques : s’il est vrai comme nous l’affirment des témoins, que Jésus-Christ est apparu vivant à ses disciples pendant quarante jours après avoir été supplicié jusqu’à la mort, s’il est vrai qu’ils ont touché et vu ce même corps qu’ils avaient déposé dans un tombeau, alors la simple annonce de cette résurrection devrait suffire à faire dresser l’oreille. Que des questions surgissent, que des doutes s’élèvent, que des demandes d’explication et de vérification s’expriment, rien de plus normal. Mais précisément, ce n’est pas là la réponse dominante aujourd’hui car la réponse dominante, c’est l’indifférence. L’annonce d’un remède à la mortalité humaine, qu’y a-t-il de plus important pour l’homme ? Elle ne suscite pourtant ni l’intérêt ni même la curiosité.

    S’interroger sur la foi dans un monde sécularisé revient donc principalement à s’interroger sur le phénomène de l’indifférence à la foi, de l’indifférence individuelle autant que collective. Il importe d’en comprendre mieux les raisons si l’on souhaite y apporter la bonne réponse. Qu’est-ce qui cloche dans notre vieille Europe pour qu’elle ait ainsi développé une attitude aussi massive et généralisée ?

    Cela dit, deux autres points sont directement liés à cette première question : en premier lieu, s’il y a certainement des causes à aller chercher du côté de nos sociétés, il ne faut pas oublier que l’indifférence à la foi est d’abord une maladie de la foi elle-même. À quel niveau la foi est-elle affectée ? Est-ce grave docteur ? De ce point de vue, l’indifférence actuelle nous conduit à réfléchir sur ce qu’est la foi et sur ce qui la contrarie.

    En second lieu, et cela se prête particulièrement à une réflexion de Carême, l’indifférence à la foi, croire dans un monde sécularisé, ce n’est pas seulement le problème des autres. Nous appartenons à ce monde sécularisé, nous en respirons l’air chaque jour, et nous serions bien inconscients si nous prétendions être immunisés contre le mal de notre époque. Lorsque survient à l’orée de l’hiver le virus de la grippe, chacun se protège avec tous les moyens à disposition. Par quels moyens pouvons-nous nous prémunir contre le virus de l’indifférence ?

    Trois parties dans cet exposé, donc. Nous commencerons par rappeler quelques éléments essentiels de la vie de la foi en tout homme (I). Puis nous verrons comment on peut caractériser l’indifférence de nos sociétés à la foi (II). Enfin, nous en tirerons quelques enseignements pour notre vie chrétienne (III).

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  • Voici ce que j'ai envie de dire quand je referme "La Libre"

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    « J’ai trop envie de dire certaines choses . En voici trois ».  Une chronique du P. Charles Delhez, dans « La Libre » d’hier, à propos de la canonisation du football, des Belges et de la religion et de l’idolâtre des Lumières : 

    «  [...]

    1. Les médias nous aident à célébrer la canonisation du football ! Mais a-t-on réfléchi à ce qu’est devenu ce sport ? J’énumère sans nuance : lieu d’un brassage financier gigantesque et pas toujours très transparent, jeu du cirque où les plus riches du pays se donnent en spectacle. Du pays ? En effet, Flamands et Wallons, pour des motifs différents, s’identifient aux Diables rouges. Mais ils ne sont en fait qu’une entreprise ultralibérale qui fait de l’argent, après un temps de grève contre un gouvernement libéral. Un lieu où il n’y a aucune mixité de genre (du moins sur le terrain), le lieu de l’hyperconsommation, de la violence, de l’hystérie collective et de la compétition. Quant à l’empreinte écologique de l’événement, il vaut mieux la passer sous silence. J’exagère peut-être. En ces temps de morosité, l’Euro est sans doute un temps de convivialité devant les écrans - et je m’en réjouis -, mais aussi une vitrine des dérapages de notre société que l’on ne veut pas voir. J’ai donc décidé, cette année, de ne pas le suivre (même si j’ai écouté les résultats) !
    1. La religion revient, révèle une étude récente de l’ULB. L’être humain ne se résout donc pas si facilement à abandonner le sacré. Chacun garde un vague espoir que tout ne soit pas insensé et absurde, qu’un Dieu existe et qu’il y a bien quelque chose après la mort. Si la dernière enquête sur les valeurs européennes de 2008 parlait de 50 % de Belges se déclarant catholiques dans notre pays, on en dénombrerait maintenant 63 %. Une réaction identitaire face à l’islam radical, sans doute. Le 21e siècle sera furieusement religieux, a prédit l’américain Peter Berger. Ce n’est donc pas de sécularisation qu’il s’agit dans notre pays, mais de déchristianisation. En effet, même si on se déclare catholique, c’est la référence au Christ, à sa manière si originale de parler de Dieu et si exigeante d’inviter à l’amour qui disparaît. Aujourd’hui, il règne un vague déisme. Or, le Christ a une conception bien particulière du sacré. Je peux en faire l’expérience dans la rencontre de cet ennemi qu’il faut aimer, du pauvre qu’il faut secourir, dans l’intériorité à cultiver, dans la communauté à bâtir avec d’autres. Sans doute notre société s’est-elle en partie approprié les "valeurs chrétiennes" - et c’est heureux -, mais en les lénifiant. Or, quand on lit l’Evangile, c’est toujours "un peu plus qu’il n’en faut". Le christianisme se reconnaît à ce surplus. Faut-il pardonner jusqu’à 7 fois ?, demande Pierre à Jésus. Et lui de répondre : jusqu’à 70 fois 7 fois.
    1. Et enfin, parlons du siècle des Lumières. "Va-t-on retourner dans les siècles noirs d’avant les Lumières ?", se demande Patrick Dewael, comme si depuis lors, on était vraiment entré dans la lumière totale. Rappelons-nous l’obscur 20e siècle : deux guerres mondiales et la bombe atomique, la Shoah, la spoliation des colonies, le découpage du Moyen-Orient, l’industrialisation/consommation/pollution à outrance sans esprit prospectif à long terme. Aucune époque n’a été parfaite, ni avant ni après les Lumières. Chacune a cherché son équilibre comme elle a pu, avec sa hiérarchie de valeurs (qui n’est plus la nôtre sans doute, mais qui la vaut peut-être bien). Cela lui a permis de vivre, malgré l’ivraie qui poussait aussi. Ne jugeons pas les époques précédentes à l’aune de la nôtre, car elles ne sont plus là pour nous juger. Ne soyons pas ingrats non plus, car nous en sommes les héritiers. Quand le texte biblique dit que Dieu vit que cela était très bon, il se projette à la fin des temps, quand Dieu pourra dire : "Je ne regrette pas, l’aventure en valait la peine." En attendant, nous sommes dans une période de gestation. Que chacun fasse ce qu’il peut pour transmettre à ses enfants un monde meilleur que celui qu’il a reçu. »

    Ref. Voici ce que j'ai envie de dire quand je referme "La Libre"

    JPSC