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Spiritualité - Page 76

  • « La promotion des vocations au sacerdoce est ma priorité absolue » (L'évêque de Clifton)

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    De kath.net/news :

    « La promotion des vocations au sacerdoce est ma priorité absolue »

    13 avril 2024

    Nommé évêque MacDonald/Clifton (Royaume-Uni) : « La vie et la mission de l'Église dépendent de la présence de pasteurs fidèles pour mener à bien ce ministère unique de consécration et d'absolution. »

    Clifton (kath.net/pl) « La promotion des vocations au sacerdoce est de la plus haute importance car nous avons un besoin urgent d'un ministère sacerdotal, en particulier compte tenu de l'absence d'Église et de l'indifférence généralisée de nombreuses personnes. Le peuple de Dieu tout entier est responsable de la vocation sacerdotale et nous pouvons tous offrir notre soutien par une prière humble et persistante. » C'est ce que dit l'évêque de Clifton, Bosco MacDonald, (Grande-Bretagne) à la fin de son entretien détaillé avec le « Catholic Herald ». Il a également abordé d'autres questions fondamentales, comme les familles catholiques, les écoles catholiques, son propre cheminement vers le sacerdoce, mais aussi le déclin du nombre de fidèles.

    Au sujet des appels, il explique plus loin : Pour ceux qui envisagent le sacerdoce, la chose la plus importante est d'être ouvert et réceptif à l'appel de Dieu. La vocation au sacerdoce est un don de Dieu et non quelque chose que l'on décide de manière isolée. Le seul désir de devenir prêtre ne suffit pas – vous devez discerner si vous avez vraiment un appel de Dieu et si vous avez les qualités nécessaires pour servir l’Église.

    Il conseille de « prier d’abord à ce sujet. Si vous ne savez pas comment faire ou quoi dire, cela n'a pas d'importance : Dieu vous aidera à trouver les mots justes. Ils doivent également rechercher la direction et l’accompagnement de l’Église, car il est de la responsabilité de l’Église de reconnaître l’aptitude de ceux qui souhaitent entrer au séminaire et de les appeler à l’ordination s’ils possèdent les qualités nécessaires.

    L’évêque nommé déclare expressément : « La promotion des vocations au sacerdoce est ma plus haute priorité, car la vie et la mission de l’Église dépendent de la présence de pasteurs fidèles qui exercent ce ministère unique d’ordination et d’absolution. C’est pourquoi je ferai de mon mieux pour promouvoir la prière pour les vocations, présenter personnellement l’appel au sacerdoce et essayer de témoigner de la joie et de la sainteté de la vie sacerdotale.

    La réponse du futur évêque à la question de savoir quel est le meilleur outil dont dispose l'Église pour la conversion des âmes est également particulièrement instructive. Il dit : « En un mot : Jésus. C'est Lui qui nous appelle à sortir des ténèbres et à devenir ce que nous sommes vraiment. Il est Celui qui nous soutient et est la source de toute notre espérance. Et l'Église administre le sacrement de son corps. En matière de conversion, rien d’autre ne s’en rapproche.

    La Sainte Eucharistie est magnifiquement décrite comme la source et le sommet de la vie chrétienne, toute la richesse spirituelle de l'Église et le plus grand don du Christ à l'Église. Comme sacrement qui représente le sacrifice du Christ pour notre salut. Par conséquent, Jésus dans le Saint Sacrement de l’Autel – l’Eucharistie – est le plus grand atout de l’Église.

    Lien vers l’interview complète dans le « Catholic Herald » :L'évêque élu de Clifton parle du mariage, de la parentalité dans un monde laïc, des pressions auxquelles sont confrontés les prêtres et bien plus encore, y compris du plus grand atout de l'Église

  • La liturgie romaine; Histoire et repères pour aujourd’hui : un livre de Denis Crouan

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    La liturgie romaine

    La liturgie romaine
    Histoire et repères pour aujourd’hui
    DENIS CROUAN

    L’auteur constate un grand écart entre la liturgie telle qu’elle est prévue par l’Église et sa mise en œuvre dans les paroisses. Et pourtant l’authentique façon de célébrer l’Eucharistie fait l’unité et l’universalité de l’Église et porte des fruits de foi.

    La liturgie eucharistique, couramment appelée « messe », est un sujet que bien peu connaissent. Le présent ouvrage entend retracer la grande histoire de la liturgie et apporter quelques réponses aux questions de la pastorale contemporaine afin que puisse être engagée une « réforme de la réforme » liturgique conciliaire, autrement dit que soient « extirpés les abus » qui ont été introduits dans le culte et corrigées certaines habitudes qui privent les fidèles des fruits de l’authentique façon de célébrer l’Eucharistie.

    La liturgie que nous appelons « romaine » obéit à des normes objectives précisées dans le missel romain élaboré à partir de la Tradition authentifiée par l’Église. Aucune communauté se disant catholique ne peut fabriquer « sa » liturgie.

    L’auteur rappelle que, par ce respect humble du sacré (à travers gestes, chants, habits etc..), c’est toute la foi qui se transmet : par la liturgie, c’est toute l'Église qui prie, exprimant ainsi, son unité spirituelle et son universalité dans ce sacrement.

    Théologien, DENIS CROUAN a été professeur de Lettres et d’Histoire. Organiste, il a, entre autres, bénéficié d’une formation à la liturgie et au chant grégorien à Solesmes. Il a aussi été chargé d'entrer dans l'équipe qui s'occupe de la cause de béatification de Don Guéranger, l'Abbé de Solesmes qui a restauré la liturgie en France et en Belgique au XIX° s

    La vie de Dom Prosper Guéranger, restaurateur de la vie monastique à Solesmes (1805-1875) (52 mn) (30 janvier)

    https://youtu.be/FL2fHH0Ufqw

    Thèmes abordés : La révolution française et la destruction de l’Eglise ; La restauration de la vie monastique bénédictine par Dom Guéranger ;

    Dom Prosper Guéranger, restaurateur de la vie monastique à l’abbaye de Solesmes après la Révolution est né le 4 avril 1805. D’abord prêtre séculier, il rachète une ancienne abbaye en ruine à Sablé-sur-Sarthe et il restaure le monachisme Bénédictin. Il donne au monastère de Solesmes une solide base qui lui permettra de passer toutes les épreuves du 20e et du 21e siècle, stable dans sa fidélité à la règle de Saint-Benoît et dans son respect de la liturgie.  

  • La force d'âme selon François

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    AUDIENCE GÉNÉRALE

    Place Saint-Pierre - Mercredi 10 avril 2024

    Catéchèse - Les vices et les vertus - 14. La force d’âme

    Chers frères et sœurs, bonjour !

    La catéchèse d'aujourd'hui est consacrée à la troisième des vertus cardinales, à savoir la force d'âme. Commençons par la description qu'en donne le Catéchisme de l'Église Catholique : "La force est la vertu morale qui assure dans les difficultés la fermeté et la constance dans la poursuite du bien. Elle affermit la résolution de résister aux tentations et de surmonter les obstacles dans la vie morale. La vertu de force rend capable de vaincre la peur, même de la mort, d’affronter l’épreuve et les persécutions." (n. 1808). Ainsi déclare le Catéchisme de l'Église Catholique à propos de la vertu de la force d'âme.

    Voici donc la plus "combative" des vertus. Alors que la première des vertus cardinales, la prudence, est d'abord associée à la raison de l'homme, et que la justice trouve sa place dans la volonté, cette troisième vertu, la force d'âme, est souvent rattachée par les auteurs scolastiques à ce que les anciens nommaient "l'appétit irascible". La pensée antique n'imaginait pas un homme sans passions : ce serait une pierre. Et les passions ne sont pas nécessairement le résidu d'un péché, mais elles doivent être éduquées, elles doivent être dirigées, elles doivent être purifiées par l'eau du baptême, ou mieux par le feu de l'Esprit Saint. Un chrétien sans courage, qui ne plie pas ses propres forces au bien, qui ne dérange personne, est un chrétien inutile. Pensons-y ! Jésus n'est pas un Dieu diaphane et aseptisé, qui ne connaît pas les émotions humaines. Au contraire, face à la mort de son ami Lazare, il fond en larmes. Devant la mort de son ami Lazare, il fond en larmes ; et dans certaines expressions transparaît son âme passionnée, comme lorsqu'il dit : "Je suis venu apporter un feu sur la terre, et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé !" (Lc 12,49) ; et face au commerce dans le temple, il réagit vivement (cf. Mt 21,12-13). Jésus avait de la passion.

    Mais cherchons maintenant une description existentielle de cette vertu très importante qui nous aide à porter du fruit dans la vie. Les anciens - tant les philosophes grecs que les théologiens chrétiens - reconnaissaient dans la vertu de force d'âme un double mouvement, un passif e un autre actif.

    Le premier est orienté vers l'intérieur de nous-mêmes. Il y a des ennemis intérieurs que nous devons vaincre, qui ont pour nom anxiété, angoisse, peur, culpabilité : autant de forces qui s'agitent au plus profond de nous-mêmes et qui, dans certaines situations, nous paralysent. Combien de combattants succombent avant même d'avoir commencé le défi ! Pourquoi ne se rendent-ils pas compte de ces ennemis internes. La force d'âme est avant tout une victoire contre nous-mêmes. La plupart des peurs qui surgissent en nous sont irréalistes et ne se réalisent pas du tout. Mieux vaut alors invoquer l'Esprit Saint et tout affronter avec une patiente force d'âme : un problème à la fois, comme nous le pouvons, mais pas seuls ! Le Seigneur est avec nous, si nous lui faisons confiance et cherchons sincèrement le bien. Alors, dans chaque situation, nous pouvons compter sur la providence de Dieu qui nous sert de bouclier et d'armure. 

    Et puis le second mouvement de la vertu de force d'âme, de nature plus active cette fois. Aux épreuves intérieures s'ajoutent les ennemis extérieurs, que sont les épreuves de la vie, les persécutions, les difficultés auxquelles on ne s'attendait pas et qui nous surprennent. En effet, nous pouvons essayer de prévoir ce qui va nous arriver, mais la réalité est en grande partie faite d'événements impondérables, et dans cette mer, notre bateau est parfois ballotté par les vagues. La force d'âme fait alors de nous des marins résistants, qui ne s'effraient pas et ne se découragent pas.

    La force d'âme est une vertu fondamentale parce qu'elle prend au sérieux le défi du mal dans le monde. Certains prétendent qu'il n'existe pas, que tout va bien, que la volonté humaine n'est pas parfois aveugle, que dans l'histoire il n’existe pas des forces obscures porteuses de mort. Mais il suffit de feuilleter un livre d'histoire, ou malheureusement même les journaux, pour découvrir les actes néfastes dont nous sommes en partie victimes et en partie protagonistes : guerres, violences, esclavage, oppression des pauvres, des blessures jamais guéries et qui saignent encore. La vertu de force nous fait réagir et crier un "non", un "non" catégorique à tout cela. Dans notre Occident confortable, qui a quelque peu édulcoré les choses, qui a transformé le chemin de la perfection en un simple développement organique, qui n'a pas besoin de lutter parce que tout lui semble identique, nous ressentons parfois une saine nostalgie des prophètes. Mais elles sont très rares les personnes inconfortables et visionnaires. Il faut que quelqu'un nous sorte de la mollesse dans laquelle nous nous sommes installés et nous fasse répéter résolument notre "non" au mal et à tout ce qui conduit à l'indifférence. "Non" au mal et "non" à l'indifférence ; "oui" au cheminement, au cheminement qui nous fait avancer, et pour cela nous devons lutter.

    Redécouvrons donc dans l'Évangile la force d'âme de Jésus et apprenons-la du témoignage des saints et des saintes. Merci !

  • Pourquoi il faudra reconsidérer le type de célébrations qu'on nous impose

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    De David Engels sur le Tagespost :

    Quand les miracles de Pâques font défaut

    Il ne faut plus attendre de l'Eglise, dans sa configuration actuelle, des miracles comme ceux du temps de Jésus. Un récit d'expérience et de souffrance en Belgique.

    Rien de nouveau : cette année encore, il n'y a pas eu de miracle pascal, du moins dans l'ensemble de la société. Comme à chaque fois, les médias de qualité ont été dominés par les thèmes habituels - "S'ouvre-t-on suffisamment au ramadan?", "L'interdiction de danser le Vendredi saint est-elle toujours d'actualité ?", "Jésus a-t-il jamais vécu ?", "Pâques est-elle une coutume païenne ?", "Les feux de Pâques sont-ils mauvais pour le climat ?" - et cette fois encore, les médias sociaux ont été inondés des habituels messages christianophobes de nos concitoyens libertaires.

    Malheureusement, la visite d'une messe de Pâques belge (Novus Ordo) cette année n'a pas apporté de véritable contre-programme - au contraire : Le Samedi saint, un concert haut en couleurs d'un ensemble sud-américain dans une église joyeusement décorée, sans aucune croix voilée et avec des fleurs partout ; puis, le dimanche de Pâques, une messe quasiment quintessenciée climato-socio-pastorale avec de la harpe en boîte, une profession de foi inventée par les participants eux-mêmes et un sermon comparant la résurrection du Seigneur aux difficultés matinales des enfants endormis pour se lever et culminant avec des réflexions sur Gaza et l'Ukraine, le tout abondamment entrecoupé de chants de Taizé et d'une présentation Powerpoint avec des images de fleurs et de galets ronds tombées dans le domaine public. Le public : presque exclusivement des têtes grisonnantes.

    Trahison de la transcendance

    Une chose semble en tout cas claire : Cette forme de christianisme est condamnée à disparaître, tant sur le plan démographique que sur celui du contenu. La trahison de la transcendance au profit de l'immanence, la soumission à l'opinion publique, l'incompréhension totale du fait que le "jeunisme" recherché, surtout lorsqu'il est décalé de deux générations, n'est qu'embarrassant, voire repoussant, la haine de toute forme rituelle, car elle oblige autant à une attention extrême qu'à un retrait ascétique de soi-même - tout cela pouvait paraître il y a quelques années comme le destin ultime de l'Eglise (ou des Eglises), mais est désormais (presque) révolu : Il n'est donc pas étonnant que les messes charismatiques et tridentines dans les catacombes débordent déjà de jeunes.

    Et c'est là que réside la clé de la question de la rechristianisation de ces "nouveaux païens" dont la compréhension naïve et falsifiée du christianisme révèle non seulement le succès de l'éviction de notre foi de l'espace public, mais aussi l'échec fondamental de générations de professeurs de religion et de prêtres. L'Eglise post-vaticane a tenté (maladroitement) de se mettre au goût du jour stylistique, mais a confondu les véritables questions spirituelles de l'époque avec l'opinion journalistique majoritaire. Celle qui succédera devra faire exactement l'inverse : Exiger avec rigueur le respect de son propre langage formel, tout en développant une écoute sans préjugés pour les préoccupations identitaires et ontologiques de la jeunesse et, pour ce faire, se détacher enfin du paradigme aussi anachronique que confortable des années 1970 - même et surtout si cela signifie risquer héroïquement le conflit avec "l'opinion publique" et les élites politiques.

  • Solennité de l'Annonciation du Seigneur à la Vierge Marie (cette année le 8 avril)

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    180033.jpgHomélie du pape Benoît XVI pour l'Annonciation (à Cuba, le 26 mars 2012) :

    (...) l’Église universelle célèbre aujourd’hui l’Annonciation du Seigneur à la Vierge Marie. En effet, l’incarnation du Fils de Dieu est le mystère central de la foi chrétienne, et en lui, Marie occupe un rôle de premier ordre. Mais, que veut dire ce mystère ? et quelle importance a-t-il pour nos vies concrètes ?

    Voyons avant tout ce que signifie l’Incarnation. Dans l’évangile de saint Luc, nous avons écouté les paroles de l’ange à Marie : « L’Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très Haut te prendra sous son ombre. C'est pourquoi celui qui va naître sera saint, et il sera appelé Fils de Dieu » (Lc 1, 35). En Marie, le Fils de Dieu se fait homme, accomplissant ainsi la prophétie d’Isaïe : « Voici, la jeune fille deviendra enceinte, elle enfantera un fils, et elle lui donnera le nom d'Emmanuel, qui signifie ‘Dieu-avec-nous’ » (Is 7, 14). Oui, Jésus, le Verbe fait chair, est le Dieu-avec-nous, qui est venu habiter parmi nous et partager notre condition humaine elle-même. L’apôtre saint Jean l’exprime de la manière suivante : « Et le Verbe s’est fait chair, et il a habité parmi nous » (Jn 1, 14). L’expression « s’est fait chair » souligne la réalité humaine la plus concrète et la plus tangible. Dans le Christ, Dieu est venu réellement au monde, il est entré dans notre histoire, il a installé sa demeure parmi nous, accomplissant ainsi l’intime aspiration de l’être humain que le monde soit réellement un foyer pour l’homme. En revanche, quand Dieu est jeté dehors, le monde se transforme en un lieu inhospitalier pour l’homme, décevant en même temps la vraie vocation de la création d’être un espace pour l’alliance, pour le « oui » de l’amour entre Dieu et l’humanité qui lui répond. C’est ce que fit Marie, étant la prémisse des croyants par son « oui » sans réserve au Seigneur.

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  • Solennité de l'Annonciation du Seigneur

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    angelico_l.annonciation.jpg

    L'annonciation par Fra Angelico

    Quand le Verbe se fait chair dans le sein virginal de Marie commence cet extraordinaire évènement d'un Dieu qui vient se dire aux hommes et leur proposer cet admirable échange par lequel Dieu se fait homme pour que l'homme participe à sa divinité.

    Le Verbe s'est abaissé à n'être qu'un tout petit d'homme blotti dans le sein d'une femme mais la grandeur de Dieu l'habitait déjà...

    Aujourd'hui,

    nous fêtons le Père qui "renouvelle la Création de façon bien plus admirable encore",

    nous fêtons le Fils qui prend part à notre humanité,

    nous fêtons l'Esprit par lequel ce dessein mystérieux se réalise,

    nous fêtons Marie dont le oui permet à la Lumière de visiter nos ténèbres...

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  • Quand l'Esprit Saint descend sur la Vierge Marie pour qu'elle devienne la Mère de Dieu

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    image.jpgHomélie du Père Simon Noël pour la fête de l'Annonciation

    Cette homélie est censée être prononcée dans une église byzantine. Cela explique les remarques faites au début, face à un public qui a sous les yeux les fresques traditionnelles de ce type d'église. 

    Cette fête que nous célébrons aujourd’hui ne constitue pas le commencement de l'année liturgique, comme le fait la fête de la nativité de la Mère de Dieu, le 8 septembre. Du moins est-ce quand même la première des fêtes qui a son origine dans l’Évangile. C'est le commencement de l’Évangile. Juste au-dessus de l'iconostase, sur le mur de l’abside centrale, nous avons à gauche l'archange Gabriel et à droite la Vierge de Nazareth. Puis en tournant le long des murs de la nef dans le sens des aiguilles d'une montre, nous avons le déploiement de toute l'année liturgique : l'enfance du Christ, son baptême, sa transfiguration, sa passion et sa résurrection. Et dans le sanctuaire, l'ascension et finalement la pentecôte. Tout commence et finit dans le Saint-Esprit. A l'annonciation, il descend sur Marie pour qu'elle devienne la Mère de Dieu. A la Pentecôte il descend sur les apôtres et sur le cosmos tout entier.

    Le récit évangélique de l'annonciation nous rapporte avec une simplicité admirable le fait le plus étonnant des relations de Dieu avec l'humanité. L'ange de l'incarnation, Gabriel, vient dans la maison de Marie, fiancée à Joseph, mais ne vivant pas encore avec lui, et la salue : Réjouis-toi. C'est ce que dit le texte grec. Probablement il dut lui dire en araméen : paix à toi. Le fameux shalom des juifs. Les grecs disaient eux : réjouis-toi, chaïré. Les Romains préféraient dire : salve, porte-toi bien, ou tout simplement avé, salut. La paix, la joie ou la santé : trois nuances d'un même salut, liées aux différentes cultures. Ensuite l'archange dit à Marie qu'elle est celle qui a reçu la grâce de Dieu avec une particulière abondance. Puis il dit : le Seigneur est avec toi. C'est une constatation, non un souhait. Le Seigneur était donc avec Marie d'une façon exceptionnelle, même avant la conception du Verbe. Tout cet éloge provoqua dans l'âme de Marie un grand trouble. Car Marie est la plus humble des créatures.

    Dans un premier temps, elle se demanda quel était le sens des paroles angéliques. Selon certains interprètes, elle se posa peut-être la question d'une ruse du démon. Eve avait en effet elle aussi entendu une parole angélique, mais dans ce cas il s'agissait de l'ange déchu. Gabriel ce mit alors à rassurer doucement Marie, en lui certifiant qu'elle était, de la part de Dieu, l'objet d'une prédilection spéciale. Le prophète Isaïe avait prédit depuis longtemps que le messie naîtrait d'une vierge. Gabriel annonce à Marie qu'elle est celle en qui cette prophétie va se réaliser. Elle est celle qui a été choisie pour être cette mère virginale du messie. Ensuite l'archange lui révèle le nom du messie : Jésus, ce qui signifie qu'il est Dieu et Sauveur. Il donne ensuite quelques détails sur le grand rôle destiné au Fils de Marie. Il sera Fils de Dieu, héritier de David, roi perpétuel du monde entier. Toutes les prophéties de l'ancien testament vont se réaliser. Les juifs devaient être les premiers sujets de ce roi, mais son royaume devait devenir peu à peu universel. Et son royaume devait même devenir éternel. Tout ce langage devait être très clair pour Marie, puisqu'il ne faisait que résumer les principaux oracles de l'ancien testament relatifs au messie.

    Alors Marie interroge Gabriel : comment cela se fera-t-il ? Cette question ne contient pas l'expression d'un doute, mais celle de l'étonnement, de l'admiration. Certaine du fait, Marie désire être instruite du mode. L'archange lui répond alors : c'est d'une manière toute divine qu'elle enfantera. C'est l'Esprit-Saint, la force du Très-Haut, qui opérera ce miracle inouï dans l'histoire du monde. L'ombre de Dieu va couvrir la Vierge, comme autrefois la nuée mystérieuse reposait sur le tabernacle, la tente où Moïse rencontrait Dieu, symbolisant la présence de Dieu parmi son peuple. L'incarnation du Verbe, seconde personne de la Trinité, est une œuvre d'amour par excellence, de la part de Dieu, et l'Esprit-Saint est précisément l'amour substantiel et personnel du Père et du Fils. C'est pourquoi le Fils de Marie sera parfaitement saint et il sera reconnu par les croyants comme Fils de Dieu. Il s'ensuit que Marie va devenir Mère de Dieu au sens strict. Enfin l'archange donne un signe à Marie. Sa vieille cousine Élisabeth a conçu un fils. Le Seigneur, de même qu'il a pu faire enfanter une femme stérile, peut aussi donner un fils à une vierge. Rien n'est impossible à Dieu.

    L'évangile nous rapporte alors l'humble et docile acceptation de la Vierge : un délicieux mélange de profonde humilité et de parfaite obéissance. C'est sans doute au moment où Marie prononça son fiat que le Fils de Dieu s'incarna dans son sein.

    De nombreux dogmes de notre foi sont au cœur de cette fête : la sainte Trinité, la divinité de Jésus-Christ, son incarnation pour le salut de l'humanité, la maternité de Marie et sa virginité perpétuelle. Rendons grâce à Dieu d'avoir la foi et de connaître ces mystères. N'oublions pas non plus le mystère de l'eucharistie que nous sommes en train de célébrer. De même que Jésus a été réellement présent dans le sein de Marie, par le mystère de l'incarnation, il sera réellement présent dans notre cœur, par la communion, pour nous donner la vie et la sainteté. Puissions-nous, comme la Vierge de Nazareth, lui dire nous aussi notre fiat, nous mettre au service de sa divine volonté, pour le salut du monde entier.

  • Introit grégorien pour la fête de l'Annonciation

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    Ant. ad Introitum. Ps. 44,13,15 et 16. Introït
    Vultum tuum deprecabúntur omnes dívites plebis : adducéntur Regi Vírgines post eam : próximæ eius adducéntur tibi in lætítia et exsultatióne. (T.P. Allelúia, allelúia.) Tous les riches d’entre le peuple vous offriront leurs humbles prières. Des Vierges seront amenées au roi après vous, vos compagnes seront présentées au milieu de la joie et de l’allégresse. (T.P. Alléluia, alléluia.)
    Ps. Ibid., 2.  
    Eructávit cor meum verbum bonum : dico ego ópera mea Regi. De mon cœur a jailli une excellente parole ; c’est que j’adresse mes œuvres à un roi.
    V/.Glória Patri.
  • Homélie pour la fête de l'Annonciation du Seigneur (25 mars)

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    Fra_Filippo_Lippi_-_Annunciation_-_WGA13231.jpgEvangile selon saint Luc, chapitre 1, vv. 26-38 :

    Au sixième mois d’Élisabeth, l’ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée, appelée Nazareth, à une jeune fille, une vierge, accordée en mariage à un homme de la maison de David, appelé Joseph ; et le nom de la jeune fille était Marie. 
    L’ange entra chez elle et dit : « Je te salue, Comblée-de-grâce, le Seigneur est avec toi. » A cette parole, elle fut toute bouleversée, et elle se demandait ce que pouvait signifier cette salutation. L’ange lui dit alors : « Sois sans crainte, Marie, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu. Voici que tu vas concevoir et enfanter un fils ; tu lui donneras le nom de Jésus. Il sera grand, il sera appelé Fils du Très-Haut ; le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père ; il régnera pour toujours sur la maison de Jacob, et son règne n’aura pas de fin. » 
    Marie dit à l’ange : « Comment cela va-t-il se faire, puisque je suis vierge ? » L’ange lui répondit : « L’Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre ; c’est pourquoi celui qui va naître sera saint, et il sera appelé Fils de Dieu. Et voici qu’Élisabeth, ta cousine, a conçu, elle aussi, un fils dans sa vieillesse et elle en est à son sixième mois, alors qu’on l’appelait : ‘la femme stérile’. Car rien n’est impossible à Dieu. » Marie dit alors : « Voici la servante du Seigneur ; que tout se passe pour moi selon ta parole. »
    Alors l’ange la quitta.

    Homélie du Père Joseph-Marie Verlinde (fsJ) (homelies.fr - Archive 2004)

    Le narrateur de ce récit hors du commun prend soin de commencer par présenter les acteurs. A tout Seigneur tout honneur : l’attention se porte d’abord sur l’ « Ange Gabriel », être de lumière qui contemple Dieu face à face dans une adoration incessante. La désignation « Ange » précise son ministère : messager du Très-Haut. C’est probablement pour accréditer cette mission tout à fait extraordinaire que l’évangéliste introduit une redondance en précisant que « l’Ange fut envoyé par Dieu ».
    On s’attend à découvrir immédiatement l’identité de l’interlocuteur de l’Ange, le bénéficiaire de sa visite ; mais il n’en est rien : le narrateur indique d’abord la région dans laquelle il se rend puis, opérant un zoom supplémentaire, la localité où il a rendez-vous. Cette insistance ne saurait être fortuite : il n’est pas indifférent que le choix de Dieu se soit porté sur cette province à la limite de la Terre Sainte, ouverte sur le monde païen, et jouxtant avec la Samarie. L’accumulation de détails géographiques nous fait comprendre que malgré son aspect insolite, le récit qui nous est proposé n’a rien de mythique. De plus, la rencontre bien réelle entre ciel et terre se tient au carrefour des nations, annonçant déjà le caractère universel de l’événement .

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  • Dimanche in albis ou de Quasimodo

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    Selon une tradition ancienne, ce dimanche, le premier après celui de Pâques, s'appelle dimanche in albis. En ce jour, les néophytes de la veillée pascale revêtaient une fois encore leur vêtement blanc, symbole de la lumière que le Seigneur leur avait donnée au baptême. Ils déposaient ensuite ce vêtement blanc, mais la luminosité nouvelle qui leur avait été communiquée, ils devaient la faire entrer dans leur vie quotidienne. La flamme délicate de la vérité et du bien que le Seigneur avait allumée en eux, il devaient la conserver avec diligence pour apporter ainsi à notre monde quelque chose de la luminosité et de la bonté de Dieu. On l’appelle également dimanche de « Quasimodo », du premier mot de chant de l’introït de la messe de ce jour.

    1 Petr.,2, 2 « Quasimodo geniti infantes, alleluia : rationabile, sine dolo lac concupiscite, alleluia, alleluia » : Comme des enfants nouveau-nés, alleluia, ayez soif d’un lait spirituel très pur, alleluia, alleluia. Ps. 80, 2 « Exultate Deo adjutori nostro : jubilate Deo Jacob » : Exultez en Dieu notre secours, acclamez le Dieu de Jacob.

    JPSC

  • L'homélie de Jean-Paul II pour le dimanche de la Miséricorde (2001)

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    CÉLÉBRATION EUCHARISTIQUE
    DU DIMANCHE DE LA DIVINE MISÉRICORDE

    HOMÉLIE DE JEAN PAUL II (source)

    Dimanche 22 avril 2001

    1. "Ne crains pas, je suis le Premier et le Dernier, le Vivant; je fus mort, et me voici vivant pour les siècles des siècles" (Ap 1, 17-18).

    Dans la seconde lecture, tirée du livre de l'Apocalypse, nous avons écouté ces paroles réconfortantes. Elles nous invitent à tourner le regard vers le Christ, pour faire l'expérience de sa présence rassurante. A chacun, quelle que soit la condition dans laquelle il se trouve, même la plus complexe et dramatique, le Ressuscité répète:  "Ne crains pas!"; je suis mort sur la croix, mais à présent "me voici vivant pour les siècles des siècles", "Je suis le Premier et le Dernier, le Vivant".

    "Le Premier", c'est-à-dire la source de chaque être et prémisse de la nouvelle création; "le Dernier", le terme définitif de l'histoire; "le Vivant", la source intarissable de la Vie qui a vaincu la mort pour toujours. Dans le Messie crucifié et ressuscité nous reconnaissons les traits de l'Agneau immolé sur le Golgotha, qui implore le pardon pour ses bourreaux et qui ouvre les portes du ciel pour les pécheurs repentis; nous entrevoyons le visage du Roi immortel qui détient désormais "la clef de la Mort et de l'Hadès" (Ap 1, 18).

    2. "Rendez grâce à Yahvé, car il est bon, car éternel est son amour!" (Ps 117, 1).

    Nous faisons nôtre l'exclamation du Psalmiste, que nous avons chantée dans le Psaume responsorial:  la miséricorde du Seigneur est éternelle! Pour comprendre jusqu'au bout la vérité de ces paroles, laissons-nous conduire par la liturgie au coeur de l'événement de salut, qui unit la mort et la résurrection du Christ à notre existence et à l'histoire du monde. Ce prodige de miséricorde a radicalement changé le destin de l'humanité. C'est un prodige dans lequel apparaît en plénitude l'amour  du  Père  qui,  pour notre rédemption, ne recule pas même devant le sacrifice de son Fils unique.

    Dans le Christ humilié et qui souffre, les croyants et les non-croyants peuvent admirer une solidarité surprenante, qui l'unit à notre condition humaine au-delà de toute mesure imaginable. La Croix, également après la résurrection du Fils de Dieu, "parle et ne cesse jamais de parler de Dieu-le-Père, qui est toujours fidèle à son amour éternel envers l'homme [...] Croire en un tel amour signifie croire dans la miséricorde" (Dives in misericordia, n. 7).

    Nous voulons rendre grâce au Seigneur pour son amour, qui est plus fort que la mort et que le péché. Il se révèle et se réalise comme miséricorde dans notre existence quotidienne et il invite chaque homme à avoir, à son tour, "miséricorde" à l'égard du Crucifié. Le programme de vie de chaque baptisé et de l'Eglise tout entière n'est-il pas précisément d'aimer Dieu et d'aimer son prochain et même ses "ennemis", en suivant l'exemple de Jésus?

    3. Avec ces sentiments, nous célébrons le deuxième Dimanche de Pâques, qui depuis l'année dernière, année du grand Jubilé, est également appelé "Dimanche de la Miséricorde divine". C'est pour moi une grande joie de pouvoir me joindre à vous tous, chers pèlerins et fidèles venus de divers pays pour commémorer, après un an, la canonisation de soeur Faustyna Kowalska, témoin et messagère de l'amour miséricordieux du Seigneur. L'élévation aux honneurs des autels de cette humble religieuse, fille de ma terre, ne représente pas seulement un don pour la Pologne, mais aussi pour toute l'humanité. Le message dont elle a été la détentrice constitue la réponse adéquate et incisive que Dieu a voulu offrir aux hommes de notre temps, marqué par d'immenses tragédies. Jésus dit un jour à soeur Faustyna:  "L'humanité ne trouvera pas la paix, tant qu'elle ne s'adressera pas avec confiance à la Miséricorde divine" (Petit journal, p. 132). La Miséricorde divine! Voilà le don pascal que l'Eglise reçoit du Christ ressuscité et qu'il offre à l'humanité, à l'aube du troisième millénaire.

    4. L'Evangile, qui vient d'être proclamé, nous aide à saisir pleinement le sens et la valeur de ce don. L'évangéliste Jean nous fait en quelque sorte partager l'émotion éprouvée par les Apôtres lors de la rencontre avec le Christ, après sa résurrection. Notre attention s'arrête  sur  le  geste  du  Maître,  qui transmet aux disciples craintifs et stupéfaits la mission d'être ministres de la Miséricorde divine. Il leur montre ses mains et son côté qui portent les signes de la passion et leur dit:  "Comme le Père m'a envoyé, moi aussi je vous envoie" (Jn 20, 21). Ayant dit cela "il souffla sur eux et leur dit:  Recevez l'Esprit Saint. Ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis; ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus" (Jn 20, 22-23). Jésus leur confie le don de "remettre les péchés", un don qui naît des blessures de ses mains, de ses pieds et surtout de son côté transpercé. C'est de là qu'une vague de miséricorde se déverse sur l'humanité tout entière.

    Nous revivons ce moment avec une grande intensité spirituelle. Aujourd'hui, le Seigneur nous montre à nous aussi ses plaies glorieuses et son coeur, fontaine intarissable de lumière et de vérité, d'amour et de pardon.

    5. Le Coeur du Christ! Son "Sacré Coeur" a tout donné aux hommes:  la rédemption, le salut, la sanctification. De ce coeur surabondant de tendresse sainte Faustyna Kowalska vit se libérer deux rayons de lumière qui illuminaient le monde. "Les deux rayons - selon ce que Jésus lui-même lui confia - représentent le sang et l'eau (Petit journal, p. 132). Le sang rappelle le sacrifice du Golgotha et le mystère de l'Eucharistie; l'eau, selon le riche symbolisme de l'évangliste Jean, fait penser au baptême et au don de l'Esprit Saint (cf. Jn 3, 5; 4, 14).

    A travers le mystère de ce coeur blessé, le flux restaurateur de l'amour miséricordieux de Dieu ne cesse de se répandre également sur les hommes et sur les femmes de notre temps. Ce n'est que là que celui qui aspire au bonheur authentique et durable peut en trouver le secret.

    6. "Jésus, j'ai confiance en Toi". Cette prière, chère à tant de fidèles, exprime bien l'attitude avec laquelle nous voulons nous aussi nous abandonner avec confiance entre tes mains, ô Seigneur, notre unique Sauveur.

    Tu brûles du désir d'être aimé, et celui qui se met en harmonie avec les sentiments de ton coeur apprend à être le constructeur de la nouvelle civilisation de l'amour. Un simple acte de confiance suffit à briser la barrière de l'obscurité et de la tristesse, du doute et du désespoir. Les rayons de ta miséricorde divine redonnent l'espérance de façon particulière à celui qui se sent écrasé par le poids du péché.

    Marie, Mère de la Miséricorde, fais en sorte que nous conservions toujours vivante cette confiance dans ton Fils, notre Rédempteur. Assiste-nous, toi aussi, sainte Faustyna, que nous rappelons aujourd'hui avec une affection particulière. Avec toi nous voulons répéter, en fixant notre humble regard sur le visage du divin Sauveur:  "Jésus, j'ai confiance en Toi". Aujourd'hui et à jamais. Amen.

    Lire également : Jean-Paul II avait laissé un dernier manuscrit sur la Miséricorde divine

  • Homélie pour le Dimanche de la Miséricorde

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    Du Père Simon Noël osb sur son blog :

    Homélie pour le Dimanche de la Miséricorde

    On sait que la miséricorde tient une grande place dans la vie spirituelle du pape, comme elle était aussi au cœur de la vie de saint Jean-Paul II. Le pape François a confié un jour comment était née sa vocation. Alors qu'il était un jeune lycéen, un 21 septembre, fête de saint Matthieu, il entra dans une église de Buenos Aires, pour se confesser. A cette occasion, il fit une expérience intérieure de la divine miséricorde, qui fut si profonde, qu'il sentit qu'il valait la peine désormais d'y consacrer sa vie. Telle fut l'origine de son appel à se donner totalement à Dieu.

    L'évangile que nous avons entendu nous parle justement de ce mystère. Jésus envoie ses disciples, en leur donnant le Saint-Esprit, afin qu'ils aillent dans le monde, vers les hommes, leur apporter le pardon des péchés. C'est donc le soir de la résurrection que Jésus a institué le sacrement de la réconciliation, le sacrement du pardon et de la miséricorde.

    Le soir de Pâques, au cénacle, à ses apôtres, et huit jours après, à saint Thomas, Jésus montre ses plaies glorieuses, les plaies de sa passion, celle du cœur transpercé tout particulièrement, plaies qui furent sanglantes le vendredi saint, mais qui désormais sont transfigurées par la résurrection. Les âmes mystiques se sont toujours plu à voir dans ses plaies les sources de cette divine miséricorde, qui se répand dans le monde, sur les âmes et les corps.

    En hébreu, le mot qui désigne la miséricorde divine est le même mot que celui qui désigne les entrailles maternelles : rahamîm.

    L'amour de Dieu s'est incarné dans le Christ, venu sur terre pour qu'aucun des enfants du Père ne soit perdu, mais ait la vie. Tous les actes de Jésus sont le fruit de la miséricorde. Cette miséricorde est manifestée à l'heure de la croix. Jésus, chargé de nos péchés et de nos souffrances, nous a rendus libres et capables de dire à Dieu : Abba, Père.

    Écoutons ce que les docteurs de l’Église ont pu dire sur ce thème. D'abord saint Éphrem, un père syriaque du 4e siècle, dans son homélie sur la femme pécheresse : Je sais que j'ai péché au-delà de toute mesure, et je ne puis dire tout ce qu'il y a en moi d'impureté et de débauche. Cependant, comparé à l'abondance de sa miséricorde, aux trésors de sa pitié, mes péchés, quelque nombreux qu'ils soient, ne sont qu'une goutte d'eau, et j'ai la conviction que, si j'ai seulement le bonheur de m'approcher de lui, je serai purifié de toutes mes fautes et de toutes mes iniquités, parce qu'il fera sortir de moi tout ce qu'il y a de dérèglements et d'injustices, tant sont grandes sa divinité, sa sainteté et son innocence.

    Saint Augustin, dans la Cité de Dieu : Le péché seul, en effet, sépare les hommes d'avec Dieu, et s'ils peuvent être purifiés en cette vie, ce n'est point par la vertu, mais bien par la miséricorde divine.

    Saint Bonaventure, dans l'Aiguillon de l'amour divin : Oui, la miséricorde de notre Dieu est immense. Quand même se trouveraient en vous tous les péchés qui ont jamais été, tous les crimes qui seront commis à l'avenir, la miséricorde du Seigneur l'emporterait encore infiniment sur tout cela.

    Le saint curé d'Ars dans l'un de ses sermons : Ce n'est pas le pécheur qui revient à Dieu pour lui demander pardon, mais c'est Dieu qui court après le pécheur et qui le fait revenir à lui. Il y en a qui disent : « J'ai fait trop de mal, le Bon Dieu ne peut pas me pardonner ». C'est un gros blasphème. C'est mettre une borne à la miséricorde de Dieu et elle n'en a point : elle est infinie.

    On connaît la célèbre déclaration de sainte Thérèse de l'enfant Jésus : Oui, je le sens, quand même j'aurais sur la conscience tous les péchés qui se peuvent commettre, j'irais, le cœur brisé de repentir, me jeter dans les bras de Jésus car je sais combien il chérit l'enfant prodigue qui revient à lui.

    Dans une lettre d'août 1954, Marthe Robin écrivait : Plongez-vous dans l'amour du Bon Dieu, quelles que soient les fautes que vous pourriez avoir commises ; parce qu'une âme n'est pas agréable à Dieu parce qu'elle est sans péché, mais parce qu'elle croit en sa miséricorde, et qu'en toute confiance elle s'abandonne en son amour.

    Et concluons par une phrase de saint Jean-Paul II, dans une homélie qu'il fit en 2002 à Cracovie : Dans la miséricorde de Dieu, le monde trouvera la paix et l'homme trouvera le bonheur.