Le Christ en croix (détail) par Fra Angelico (San Marco, Florence)
En ce jour est suspendu à la Croix
Celui qui suspendit la terre sur les eaux.
D'une couronne d'épines le Roi des anges est couronné,
d'une pourpre dérisoire il est revêtu,
lui qui revêt le ciel de nuées.
Celui qui dans le Jourdain a libéré Adam
accepte les coups et les soufflets.
L'Epoux de l'Eglise est percé de clous,
d'une lance le Fils de la Vierge est transpercé.
Devant ta Passion nous nous prosternons, ô Christ!
Devant ta Passion nous nous prosternons, ô Christ!
Devant ta Passion nous nous prosternons, ô Christ!
Montre-nous ta sainte Résurrection!(rite byzantin, antienne XV des matines du Vendredi Saint)
Spiritualité - Page 78
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L'Epoux de l'Eglise, percé de clous
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Vendredi Saint : Venez et vous verrez
Homélie du Père Joseph-Marie Verlinde (homelies.fr - Archive 2009)
« Venez et vous verrez » (Jn 1, 39) : cette invitation adressée par Notre-Seigneur à ses premiers disciples, prend ici tout son sens. Pour découvrir qui est Jésus, il faut oser nous mettre à sa suite sur les chemins de sa Pâque, et contempler avec les yeux de la foi, la gloire du Fils de Dieu qui resplendit au cœur même de la déréliction de sa Passion d’amour. -
« Je n’ai pas protégé mon visage des outrages et des crachats. » Livre d’Isaïe, chapitre 50, verset 6
Du Frère Laurent Lemoine (Couvent St Jacques, Paris) :
Le Vendredi Saint, la Sainte-Face de Jésus est défigurée : il a soumis son visage aux crachats, accomplissant ainsi la parole du prophète Isaïe. Durant ce carême, et plus encore, peut-être, les jours de la Passion, nous pouvons, non seulement nous unir, mais surtout nous faire proches de ceux dont la face est défigurée. Le mal que l’on commet, le mal que l’on subit, les défigurations infligées par le temps, les soucis, les mécomptes, les « baffes » - si j’ose dire - de l’existence, achèvent de nous associer, tantôt d’encore assez loin, tantôt de très près, à la Face outragée de Jésus. Face outragée et pourtant « Face adorable ».
Sur le Mont Thabor, Jésus annonce qu’il doit passer par la Croix pour ressusciter : chaque Vendredi Saint, nous nous arrêtons à cet aspect souffrant de nos vies qui nous fixe avec Jésus sur la Croix.
La souffrance ne sauve pas en elle-même. C’est un abus, ou un raccourci de langage que de le prétendre. C’est lorsqu’elle est traversée, portée, motivée par l’amour, comme Jésus donnant sa vie sur la Croix, qu’elle peut déboucher sur une vie nouvelle, qui reste encore à inventer, mais dont on ne veut pas renoncer à la possibilité réelle : c’est cela la foi ! Nous croyons en la vie éternelle, ce qui n’est pas exactement la même chose que de savoir qu’il y a une vie éternelle. La foi est un saut, comme le dit Benoit XVI, elle est un seuil que le don gratuit de Dieu nous permet de franchir, même au plus obscur de nos vies.
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Stabat Mater (Pergolesi)
Pergolesi - Stabat Mater
STABAT Mater dolorósa iuxta
Crucem lacrimósa,
Dum pendébat Fílius.Elle était debout, la Mère, malgré sa douleur,
En larmes, près de la croix ,
Où son Fils était suspendu.Cuius ánimam geméntem
Contristátam et doléntem,
Pertransívit gládius.Son âme gémissante,
Contristée et dolente,
Un glaive la transperça.O quam tristis et afflícta
Fuit illa benedícta
Mater Unigéniti !Qu'elle était triste, anéantie,
La femme entre toutes bénie,
La Mère du Fils de Dieu !Quae maerébat, et dolébat,
Pia Mater, dum vidébat
Nati poenas íncliti.Dans le chagrin qui la poignait,
Cette tendre Mère pleurait
Son Fils mourant sous ses yeux.Quis est homo, qui non fleret,
Matrem Christi si vidéret
In tanto supplício ?Quel homme sans verser de pleurs
Verrait la Mère du Seigneur
Endurer si grand supplice ?Quis non posset contristári,
Christi Matrem contemplári
Doléntem cum Fílio ?Qui pourrait dans l'indifférence
Contempler en cette souffrance
La Mère auprès de son Fils ?Pro peccátis suae gentis
Vidit Iesum in torméntis,
Et flagéllis súbditum.Pour toutes les fautes humaines,
Elle vit Jésus dans la peine
Et sous les fouets meurtri.Vidit suum dulcem natum
Moriéndo desolátum,
Dum emísit spíritum.Elle vit l'Enfant bien-aimé
Mourant seul, abandonné,
Et soudain rendre l'esprit.Eia Mater, fons amóris,
Me sentíre vim dolóris
Fac, ut tecum lúgeam.Ô Mère, source de tendresse,
Faites-moi sentir grande tristesse
Pour que je pleure avec toi.Fac, ut árdeat cor meum
In amándo Christum Deum,
Ut sibi compláceam.Faites que mon âme soit de feu
Dans l'amour du Seigneur mon Dieu :
Que je Lui plaise avec vous.Sancta Mater, istud agas,
Crucifíxi fige plagas
Cordi meo válide.Mère sainte, daignez imprimer
Les plaies de Jésus crucifié
En mon cœur très fortement.Tui nati vulneráti,
Tam dignáti pro me pati,
Poenas mecum dívide.Pour moi, votre Fils voulut mourir,
Aussi donnez-moi de souffrir
Une part de Ses tourments.Fac me tecum pie flere,
Crucifíxo condolére,
Donec ego víxero.Donnez-moi de pleurer en toute vérité,
Comme vous près du Crucifié,
Tant que je vivrai !Iuxta Crucem tecum stare,
Et me tibi sociáre
In planctu desídero.Je désire auprès de la croix
Me tenir, debout avec vous,
Dans votre plainte et votre souffrance.Virgo vírginum praeclára,
Mihi iam non sis amára:
Fac me tecum plángere.Vierge des vierges, toute pure,
Ne soyez pas envers moi trop dure,
Fais que je pleure avec vous.Fac, ut portem Christi mortem,
Passiónis fac consórtem,
Et plagas recólere.Du Christ faites-moi porter la mort,
Revivre le douloureux sort
Et les plaies, au fond de moi.Fac me plagis vulnerári,
Fac me Cruce inebriári,
Et cruóre Fílii.Faites que Ses propres plaies me blessent,
Que la croix me donne l'ivresse
Du Sang versé par votre Fils.Flammis ne urar succénsus,
Per te, Virgo, sim defénsus
In die iudícii.Je crains les flammes éternelles;
Ô Vierge, assurez ma tutelle
À l'heure de la justice.Christe, cum sit hinc exíre,
Da per Matrem me veníre
Ad palmam victóriae.Ô Christ, à l'heure de partir,
Puisse Ta Mère me conduire
À la palme des vainqueurs.Quando corpus moriétur,
Fac, ut ánimae donétur
Paradísi glória.À l'heure où mon corps va mourir,
À mon âme, fais obtenir
La gloire du paradis.Amen. Amen. Giovanni Battista Pergolesi: Stabat Mater / Nathalie Stutzmann, conductor · Philippe Jaroussky, countertenor / Emöke Barath, soprano / Orfeo 55 /
Recorded at the Château de Fontainebleau, France, April 2014.
Video by Ozango / ARTE France.
Website of Nathalie Stutzmann: http://www.nathaliestutzmann.com
Facebook page of Nathalie Stutzmann: https://www.facebook.com/Nathalie.Stu...
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Jeudi Saint : tout donner et se donner soi-même
Evangile du jour : Jean, chapitre 13, vv. 1-15
Avant la fête de la Pâque, sachant que l'heure était venue pour lui de passer de ce monde à son Père, Jésus, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu'au bout. Au cours du repas, alors que le démon a déjà inspiré à Judas Iscariote, fils de Simon, l'intention de le livrer, Jésus, sachant que le Père a tout remis entre ses mains, qu'il est venu de Dieu et qu'il retourne à Dieu, se lève de table, quitte son vêtement, et prend un linge qu'il se noue à la ceinture ; puis il verse de l'eau dans un bassin, il se met à laver les pieds des disciples et à les essuyer avec le linge qu'il avait à la ceinture.
Il arrive ainsi devant Simon-Pierre. Et Pierre lui dit : « Toi, Seigneur, tu veux me laver les pieds ! » Jésus lui déclara : « Ce que je veux faire, tu ne le sais pas maintenant ; plus tard tu comprendras. » Pierre lui dit : « Tu ne me laveras pas les pieds ; non, jamais ! » Jésus lui répondit : « Si je ne te lave pas, tu n'auras point de part avec moi. » Simon-Pierre lui dit : « Alors, Seigneur, pas seulement les pieds, mais aussi les mains et la tête ! » Jésus lui dit : « Quand on vient de prendre un bain, on n'a pas besoin de se laver : on est pur tout entier. Vous-mêmes, vous êtes purs, ... mais non pas tous. » Il savait bien qui allait le livrer ; et c'est pourquoi il disait : « Vous n'êtes pas tous purs. »
Après leur avoir lavé les pieds, il reprit son vêtement et se remit à table. Il leur dit alors : « Comprenez-vous ce que je viens de faire ? Vous m'appelez 'Maître' et 'Seigneur', et vous avez raison, car vraiment je le suis. Si donc moi, le Seigneur et le Maître, je vous ai lavé les pieds, vous aussi vous devez vous laver les pieds les uns aux autres. C'est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez, vous aussi, comme j'ai fait pour vous. »Homélie (homelies.fr - Archive 2009)
« Avant la fête de la Pâque, sachant que l’heure était venu pour lui de passer de ce monde à son Père, Jésus ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’au bout. »
Jésus sait que l’heure de sa Passion est là et il veut maintenant en révéler tout le sens aux apôtres réunis autour de lui pour le repas pascal. Jésus va effectuer sa Pâque, il va effectuer son passage vers le Père, il va souffrir sa Passion par amour pour nous afin de nous réconcilier avec le Père. Cet amour il va le vivre « jusqu’au bout » c’est-à-dire jusqu’à la mort et jusqu’à l’extrémité de l’amour. Sa passion et sa mort constitueront ainsi le service d'amour fondamental grâce auquel il libèrera l'humanité du péché.Lien permanent Catégories : Au rythme de l'année liturgique, Eglise, Foi, Spiritualité 0 commentaire -
La vertu de patience selon François
PAPE FRANCOIS - AUDIENCE GÉNÉRALE -
Salle Paul VI - Mercredi 27 mars 2024
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Catéchèse. Vices et vertus. 13. Patience
Chers frères et sœurs, bonjour !
Dimanche dernier, nous avons entendu le récit de la Passion du Seigneur. Aux souffrances qu'il endure, Jésus répond par une vertu qui, bien que ne figurant pas parmi les vertus traditionnelles, est si importante : la vertu de patience. Elle concerne l'endurance de ce que l'on souffre : ce n'est pas un hasard si la patience a la même racine que la passion. Et c'est précisément dans la Passion qu'apparaît la patience du Christ, qui accepte avec douceur et mansuétude d'être arrêté, giflé et injustement condamné ; devant Pilate, il ne récrimine pas ; il supporte les insultes, les crachats et les flagellations des soldats ; il supporte le poids de la croix ; il pardonne à ceux qui le clouent au bois et, sur la croix, il ne répond pas aux provocations, mais offre la miséricorde. Telle est la patience de Jésus. Tout cela nous dit que la patience de Jésus ne consiste pas en une résistance stoïque à la souffrance, mais qu'elle est le fruit d'un amour plus grand.
L'apôtre Paul, dans l'"Hymne à la charité" (cf. 1 Co 13, 4-7), associe étroitement l'amour et la patience. En effet, pour décrire la première qualité de la charité, il utilise un mot qui se traduit par "magnanime", "patient". La charité est magnanime, elle est patiente. Elle exprime un concept étonnant, qui revient souvent dans la Bible : Dieu, face à notre infidélité, se montre "lent à la colère" (cf. Ex 34,6 ; cf. Nm 14,18) : au lieu de se dégoûter du mal et du péché de l'homme, il se révèle plus grand, prêt à recommencer à chaque fois avec une patience infinie. Pour Paul, c'est là le premier trait de l'amour de Dieu qui, face au péché, propose le pardon. Mais pas seulement : c'est le premier trait de tout grand amour, qui sait répondre au mal par le bien, qui ne se ferme pas dans la colère et le découragement, mais qui persévère et se relance. La patience qui recommence. Ainsi, à la racine de la patience se trouve l'amour, comme le dit saint Augustin : "On est d'autant plus fort pour supporter n'importe quel mal que l'amour de Dieu est plus grand en soi" (De patientia, XVII).
On pourrait alors dire qu'il n'y a pas de meilleur témoignage de l'amour de Jésus que de rencontrer un chrétien patient. Mais pensons aussi à tous ces pères et mères de famille, ouvriers, médecins et infirmières, malades, qui chaque jour, dans la clandestinité, font grâce au monde d'une sainte patience ! Comme le dit l'Écriture, "la patience vaut mieux que la force d'un héros" (Pr 16,32). Mais soyons honnêtes : nous manquons souvent de patience. Dans notre vie quotidienne, nous sommes tous impatients. Nous en avons besoin comme d'une "vitamine essentielle" pour tenir le coup, mais nous nous impatientons instinctivement et nous répondons au mal par le mal : il est difficile de rester calme, de contrôler nos instincts, de retenir les mauvaises réactions, de désamorcer les querelles et les conflits dans la famille, au travail ou dans la communauté chrétienne. Dès que la réponse arrive, nous sommes incapables d'être patients.
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Mercredi saint : l'hymne de Cassienne de Constantinople
Lire ici la notice consacrée à Cassienne de Constantinople
Percevant Ta divinité, ô Seigneur, une femme aux nombreux péchés,
décida de devenir porteuse de myrrhe ;
en larmes elle T'apporta les huiles parfumées
anticipant ta sépulture. Criant :
"Malheur à moi ! car la nuit est pour moi une frénésie de luxure,
un amour sombre et sans lune de péché.
Reçois le flot de mes larmes,
Toi qui rassembles les eaux des océans dans les nuages.
Penche-Toi sur les soupirs de mon cœur,
Toi qui courbes les cieux dans Ton ineffable incarnation.
J'embrasserai Tes pieds immaculés
et les essuierai avec les cheveux de ma tête ;
ces pieds dont Ève entendit le son au crépuscule au paradis
et qui se cacha par crainte.
Qui peut compter la multitude de mes péchés,
et les abîmes de Ton jugement, ô Sauveur de mon âme ?
N'ignore pas Ta servante,
ô Toi dont la miséricorde est infinie."
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Homélie pour le Mercredi Saint
Du Père Joseph-Marie Verlinde fsJ (homelies.fr) (archive : 12 avril 2006) :
« La Parole me réveille chaque matin, chaque matin elle me réveille pour que j’écoute comme celui qui se laisse instruire » : ce verset qui parle du Messie, a une portée universelle et décrit l’attitude propre au disciple. Seule la Parole de Jésus peut nous arracher à l’absurdité d’un monde qui a perdu sa boussole, pour nous réorienter vers notre finalité en Dieu. Où trouverions-nous le courage de persévérer lorsque « nous n’en pouvons plus », si ce n’est dans le message d’espérance qu’il nous offre jour après jour ? Qu’avons-nous d’autre à transmettre à notre tour « pour réconforter celui qui n’en peut plus », si ce n’est cette Parole de vérité et de vie, qui ouvre un chemin à travers la mort du péché et l’aveuglement d’une vie sans Dieu ? Encore faut-il que nous acceptions de nous laisser « ouvrir l’oreille », que nous « écoutions comme celui qui se laisse instruire ». Sans quoi, comment ne nous « révolterions-nous » pas contre une existence aussi absurde ? Comment ne nous « déroberions-nous » pas à notre semblable si l’horizon commun à tous est la descente sans espoir dans la fosse ?Nous venons sans doute de cerner le drame qui a conduit Judas à sa perte. Certes, comme tous les autres disciples, il avait ses idées sur ce que Jésus allait faire - ou plutôt sur ce qu’il devrait faire ; mais là où les apôtres ont humblement soumis leurs vues personnelles à l’initiative déconcertante de leur Maître, Judas a préféré sa logique à lui, et a même voulu l’imposer. Nous n’avons aucune certitude sur son conflit intérieur, mais il est probable que ce compagnon de la première heure, ait été déçu de la tournure prise par les événements. Sans doute avait-il suivi le Maître dans l’espoir de participer à sa gloire toute terrestre, lorsqu’il serait intronisé Roi après avoir chassé l’occupant romain. Les évangiles nous laissent d’ailleurs transparaître à plusieurs reprises qu’il n’était pas le seul parmi les apôtres à nourrir de telles ambitions. Ses contacts avec le milieu des scribes et des pharisiens dont il était probablement issu, lui ont-ils permis de deviner le complot qui se tramait contre Jésus ? Etait-il dès lors saisi d’angoisse à la pensée des représailles qui ne manqueraient pas d’atteindre les disciples après l’élimination du Maître ? On peut supposer qu’il ne voyait plus d’autre solution pour échapper à l’issue fatale, que de changer de camp avant qu’il ne fût trop tard.
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Mardi Saint : Jean, Pierre et Judas
Evangile du jour : Jean, chapitre 13, vv. 21-33.36-38
A l'heure où Jésus passait de ce monde à son Père, au cours du repas qu'il prenait avec ses disciples, il fut bouleversé au plus profond de lui-même, et il attesta : « Amen, amen, je vous le dis : l'un de vous me livrera. »Les disciples se regardaient les uns les autres, sans parvenir à comprendre de qui Jésus parlait. Comme il y avait à table, tout contre Jésus, l'un de ses disciples, celui que Jésus aimait, Simon-Pierre lui fait signe de demander à Jésus de qui il veut parler. Le disciple se penche donc sur la poitrine de Jésus et lui dit : « Seigneur, qui est-ce ? » Jésus lui répond : « C'est celui à qui j'offrirai la bouchée que je vais tremper dans le plat. » Il trempe la bouchée, et la donne à Judas, fils de Simon l'Iscariote. Et, quand Judas eut pris la bouchée, Satan entra en lui.Jésus lui dit alors :« Ce que tu fais, fais-le vite. » Mais aucun des convives ne comprit le sens de cette parole. Comme Judas tenait la bourse commune, certains pensèrent que Jésus voulait lui dire d'acheter ce qu'il fallait pour la fête, ou de donner quelque chose aux pauvres. Quand Judas eut pris la bouchée, il sortit aussitôt ; il faisait nuit. Quand il fut sorti, Jésus déclara : « Maintenant le Fils de l'homme est glorifié, et Dieu est glorifié en lui. Si Dieu est glorifié en lui, Dieu en retour lui donnera sa propre gloire ; et il la lui donnera bientôt. Mes petits enfants, je suis encore avec vous, mais pour peu de temps, et vous me chercherez. J'ai dit aux Juifs : Là où je m'en vais, vous ne pouvez pas y aller. Je vous le dis maintenant à vous aussi. »Simon-Pierre lui dit : « Seigneur, où vas-tu ? » Jésus lui répondit : « Là où je m'en vais, tu ne peux pas me suivre pour l'instant ; tu me suivras plus tard. » Pierre lui dit : « Seigneur, pourquoi ne puis-je pas te suivre maintenant ? Je donnerai ma vie pour toi ! » Jésus réplique : « Tu donneras ta vie pour moi ? Amen, amen, je te le dis : le coq ne chantera pas avant que tu ne m'aies renié trois fois.
Homélie (homelies.fr) (Archive 2007)
Par le lavement des pieds et l’institution de l’Eucharistie, Jésus vient de manifester l’extrême de l’amour qui motive le don de sa vie comme Serviteur pour le salut des hommes. Face à cela, les personnages du « disciple bien-aimé » et de Judas représentent deux attitudes possibles.
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Mardi Saint : Il faisait nuit...
De l'abbé Jean Gottigny sur evangeli.net :
Aujourd'hui mardi saint, la liturgie met l'accent sur le drame qui se prépare et qui débouchera sur la croix du vendredi saint. «Quand Judas eut pris la bouchée, il sortit aussitôt; il faisait nuit» (Jn 13,30). Il fait toujours nuit quand on s'éloigne de celui qui est «lumière, née de la lumière, vrai Dieu, né du vrai Dieu» (Symbole de Nicée-Constantinople).
Le pécheur est celui qui tourne le dos au Seigneur pour graviter autour des choses créées, sans les référer au Créateur. Saint Augustin décrit le péché comme «l'amour de soi jusqu'au mépris de Dieu». Une trahison, en somme. Une forfaiture, fruit de «l'arrogance avec laquelle nous voulons nous émanciper de Dieu et n'être rien d'autre que nous-mêmes, l'arrogance avec laquelle nous croyons ne pas avoir besoin de l'amour éternel, mais avec laquelle nous voulons maîtriser notre vie tout seuls» (Benoît XVI). On comprend que Jésus, ce soir-là, ait été «bouleversé au plus profond de lui-même» (Jn 13,21).Heureusement, le péché n'est pas le dernier mot. Le dernier mot, c'est la miséricorde de Dieu. Mais celle-ci suppose de notre part un “retournement”. Un renversement de situation qui consiste à se détacher des créatures pour s'attacher à Dieu et retrouver ainsi la liberté authentique. N'attendons cependant pas pour retourner à Dieu d'être écœurés des fausses libertés que nous avons prises. Selon le mot de Bourdaloue, «nous voulons nous convertir quand nous serons rebutés du monde ou plutôt quand le monde sera rebuté de nous». Soyons plus avisés. Décidons-nous maintenant. La semaine sainte est l'occasion propice. Sur la croix, le Christ tend les bras à tous. Nul n'est exclu. Tout larron repentant a sa place au paradis. À condition de changer de vie et de réparer, comme celui de l'Évangile: «Pour nous, c'est justice, nous payons nos actes; mais lui n'a rien fait de mal» (Lc 23,41).
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Les souffrances morales de Notre-Seigneur dans sa Passion (Newman)
Du site "Centre International des Amis de Newman" :
Les souffrances morales de Notre-Seigneur dans sa Passion
Il n’est pas un passage dans l’histoire de Notre Seigneur et Sauveur qui ne soit d’une profondeur insondable et qui ne propose une matière inépuisable à la méditation. Tout ce qui Le concerne est infini, et ce que nous discernons d’abord n’est que la surface de ce qui commence et s’achève dans l’éternité. Il serait présomptueux, à quiconque n’est ni un saint ni un docteur, de chercher à commenter Ses paroles et Ses actes autrement que par voie de méditation; mais la méditation et la prière mentale sont si clairement un devoir pour tous ceux qu’anime le désir de nourrir envers Lui une foi et un amour véritables, qu’il nous sera sans doute permis, mes frères, d’arrêter notre attention et de nous étendre, en prenant pour guides les saints hommes qui nous ont précédés dans cette voie, sur des objets qui demanderaient à être adorés plutôt qu’examinés. Il est certains temps de l’année – et celui-ci (la Semaine Sainte) tout particulièrement – qui nous invitent à étudier aussi minutieusement, d’aussi près que possible, jusqu’aux passages lès plus sacrés de l’histoire évangélique. J’aime mieux voir qualifier d’insuffisante ou d’officieuse ma manière de les traiter que de manquer aux sollicitations de cette saison. C’est pourquoi je vais aujourd’hui diriger vos pensées, selon l’usage religieux de l’Eglise, sur un sujet qui pourrait faire reculer bien des prédicateurs, mais qui convient particulièrement à ce temps, et auquel un grand nombre d’entre nous, peut-être, ne pensent guère: les souffrances que Notre-Seigneur endura dans Son âme innocente et sans tache.
Vous savez, mes frères, que Notre-Seigneur et Sauveur, bien qu’il fût Dieu, était aussi parfaitement homme; qu’il avait en conséquence non seulement un corps mais aussi une âme pareille à la nôtre, quoique pure de toute souillure. Il ne revêtit pas un corps sans âme, Dieu merci ! Car ce n’eût pas été là devenir homme. Comment aurait-Il sanctifié notre nature s’il avait assumé une nature qui n’était pas la nôtre ? L’homme sans âme est au niveau de l’animal des champs; mais Notre-Seigneur venait sauver une race capable de lui rendre gloire et lui obéir, possédant l’immortalité, quoique dépossédée de l’espoir d’une immortalité de béatitude. L’homme a été créé à l’image de Dieu, et cette image est dans son âme; lors donc que son Créateur, par une condescendance inexprimable, revêtit sa nature. Il prit une âme afin de prendre un corps; Il prit une âme comme le moyen de s’unir à un corps; Il prit d’abord l’âme, puis le corps d’un homme, Il les prit tous deux ensemble, mais cependant dans cet ordre: l’âme, puis le corps, Il créa Lui-même l’âme qu’il prit, et tira Son corps de la chair de la Sainte Vierge, Sa Mère. Ainsi II devint parfaitement homme avec un corps et une âme; et comme II prit un corps de chair et de nerfs qui était sujet aux blessures et à la mort et capable dé souffrir, de même II prit une âme susceptible de ressentir cette souffrance physique, mais aussi les chagrins et les peines qui sont le propre de l’âme humaine; et Sa passion expiatoire ne fut pas seulement soufferte dans Son corps, elle fut aussi soufferte dans son âme.
Pendant les jours solennels qui vont suivre, nous serons appelés tout spécialement, mes frères, à considérer Ses souffrances corporelles, Son arrestation. Son renvoi d’un lieu à l’autre, Ses coups et Ses blessures, Sa flagellation, la couronne d’épines, les clous, la Croix. Toutes ces choses sont résumées à nos yeux dans le Crucifix ; toutes ces choses sont représentées à la fois sur Sa chair sacrée qui pend devant nous, – et leur méditation est rendue aisée par ce spectacle. Il n’en est pas de même des souffrances de Son âme, elles ne sauraient être peintes à nos yeux, elles ne sauraient même être dûment sondées: elles dépassent à la fois les sens et la pensée, bien qu’elles aient précédé Ses souffrances corporelles. L’agonie, souffrance de l’âme et non du corps, fut le premier acte de Son terrible sacrifice. « Mon âme est triste jusqu’à la mort » dit-il. Oui, s’il souffrit alors en Son corps. Il souffrit réellement en Son âme, car le corps ne faisait que transmettre la souffrance au véritable récipient et siège de l’angoisse. Il est fort à propos d’insister sur ce point ; je dis que ce n’était pas le corps qui souffrait, mais l’âme dans le corps; c’est l’âme et non le corps qui était le siège des souffrances du Verbe Eternel. Considérez qu’il ne saurait y avoir douleur réelle, même s’il y a souffrance apparente, quand il n’y a aucune sensibilité interne, aucun esprit pour en être le siège. Un arbre, par exemple, est doué de vie, il a des organes, il croît et dépérit; il peut être blessé et mis à mal; il s’affaisse et meurt; mais il ne souffre point; parce qu’il n’a point d’esprit ni de principe, sensible. Au contraire, partout où l’on peut reconnaître ce principe immatériel, la douleur est possible, et elle sera d’autant plus grande selon la qualité de ce principe. Si nous n’avions point d’esprit, nous serions aussi insensibles que les arbres; si nous n’avions pas d’âme, nous ne ressentirions pas la douleur plus vivement que la brute; mais, étant hommes, nous ressentons la douleur d’une manière qui est le privilège de ceux-là seuls qui ont une âme.
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Marie Noël : Le don de Dieu au péril des abandons (6e conférence de Carême de N-D de Paris 2024)
De KTO télévision :
Conférence de Carême de N-D de Paris 2024 (6/6) - Marie Noël : Le don de Dieu au péril des abandons
24/03/2024
« Marie Noël : Le don de Dieu au péril des abandons », sixième conférence de Carême de Notre-Dame de Paris du cycle 2024 « La mystérieuse musique des sacrements - Littérature et spiritualité », par Arnaud Montoux, professeur de théologie et d’histoire de l’art médiéval à l’Institut catholique de Paris et auteur de « Regards croisés sur la petite voie de poésie de Marie Noël ».