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Patrimoine religieux - Page 4

  • Plus de 45 000 personnes à Bruges pour la Procession du Saint-Sang

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    De Thomas Philipp Reiter sur KN.NL :

    Bruges honore une relique vieille de plusieurs siècles avec une impressionnante procession du Saint-Sang

    2 juin 2025

    Des milliers de croyants et de visiteurs ont défilé dans le centre-ville de Bruges le jour de l'Ascension pour la procession annuelle du Saint-Sang. Cette procession historique se déroule depuis 1304 en l'honneur d'une relique datant de l'époque des Croisades.

    Plus de 45 000 personnes ont rempli les rues de Bruges jeudi et ont participé à la Procession du Saint-Sang, qui a lieu chaque année le jour de l'Ascension depuis le 3 mai 1304. La procession tourne autour d'une relique du Saint-Sang du Christ qui a été apportée dans la ville flamande occidentale après les croisades.

    Scènes bibliques et historiques

    L'organisation est assurée par la « Confrérie du Saint-Sang » et, cette année, quelque 1 800 participants ont assisté au spectacle. Ils ont représenté 53 scènes bibliques et historiques.

    Le cortège traverse le centre-ville médiéval de Bruges, déclaré site du patrimoine mondial de l'UNESCO en 2000.

    Participant bien connu

    Outre l'évêque brugeois Lode Aerts, l'un des participants les plus marquants de cette année était le cardinal Dominique Mathieu. Ce clerc belge a été nommé archevêque de Téhéran-Ispahan par le pape François en 2021 et admis au Collège des cardinaux en décembre 2024.

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     Photo : CNA - Thomas Philipp Reiter

    Mathieu parle six langues, dont l'arabe, et est membre de l'Ordre des Frères Mineurs Franciscains. Né dans la province belge du Luxembourg, il a grandi à Damme, près de Bruges.

    Reconnaissance mondiale

    En 2009, la Procession du Saint-Sang a été inscrite sur la liste du patrimoine immatériel de l'humanité de l'UNESCO. Cette reconnaissance mondiale intervient exactement 700 ans après que le pape Clément V eut officiellement autorisé la vénération du Saint-Sang à Bruges en 1310, par la bulle papale Licet .

    Selon la tradition, lors d'une croisade en 1150, Thierry d'Alsace, comte de Flandre, rapporta quelques gouttes du sang du Christ de Jérusalem. Depuis, la relique est conservée dans la chapelle du Saint-Sang de Bruges, qui attire chaque jour pèlerins et touristes du monde entier.

  • Pour ou contre le Pape François ? Léon XIV sait comment agir, il a été à l’école des Pères de l’Église

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    De Settimo Cielo (en français sur diakonos.be) :

    Pour ou contre le Pape François ? Léon XIV sait comment agir, il a été à l’école des Pères de l’Église

    Le professeur Lugaresi, qui est l’auteur de l’article publié sur cette page, est un grand spécialiste des Pères de l’Église.

    Tout comme le Pape Léon XIV, qui par ses citations fréquentes des Pères de l’Église, à commencer par « son » Augustin, montre qu’il en comprend la pensée avec une rare profondeur.

    C’est justement cette familiarité du nouveau pape avec la grande « tradition » chrétienne qui est une clé décisive – selon le professeur Lugaresi – pour comprendre comment il entend remplir son rôle de successeur de Pierre, dans le sillage non seulement de ses derniers prédécesseurs mais de toute l’histoire de l’Église, reconduisant ainsi « toute chose à la vérité originelle ».

    L’article qui va suivre est extrait d’un texte plus long, que l’on pourra lire dans son intégralité sur le blog « Vanitas ludus omnis » du professeur Lugaresi.

    L’illustration représente la chaire de Saint Pierre flanquée des Pères de l’Église Ambroise, Augustin, Athanase et Jean Chrysostome, dans l’abside de la basilique Saint-Pierre, réalisée par le Bernin.

    *

    Du bon usage de la tradition. Une note sur le « style » de Léon XIV

    de Leonardo Lugaresi

    Dans la plupart des analyses de nombreux observateurs sur les premiers pas du pontificat de Léon XIV, l’usage des catégories de continuité et de discontinuité me semble prévaloir jusqu’ici, appliqué en comparaison avec le pontificat précédent.

    Cependant, ce critère me semble largement inadéquat pour comprendre le sens de ce qui est en train de se passer dans l’Église, et il n’aide pas particulièrement à comprendre l’un des aspects du style de pensée et de gouvernement du Pape Léon XIV, qui semble pourtant déjà se dessiner avec netteté, surtout sur le plan de la méthode.

    Dans toutes les premières interventions du nouveau pape, on est frappé par le naturel avec lequel il se fait constamment référence à la tradition de l’Église à travers de grands auteurs qui en sont témoins : d’Ignace d’Antioche à Éphrem le Syrien, Isaac de Ninive, Syméon le Nouveau Théologien, Benoît de Nursie, Léon le Grand, en passant à plusieurs reprises par « son » Augustin. Des références brèves, mais qui ne sont pas de pure forme, au contraire, elles sont toutes pertinentes pour les thèmes abordés par le pape. Ces références patristiques s’accompagnent constamment de renvois au magistère des papes modernes, en particulier de Léon XIII et de François.

    Et c’est justement sur ce dernier élément que je voudrais attirer l’attention. On pourrait facilement l’interpréter soit comme une preuve de continuité substantielle du nouveau pape avec son prédécesseur, duquel il ne se distinguerait qu’en surface par des différences de tempérament évidentes et manifestes ; soit, au contraire, comme une posture purement tactique et instrumentale visant à prévenir ou à désamorcer des réactions potentiellement hostiles envers une papauté qui ferait mine d’amorcer une rupture substantielle avec cette soi-disant « Église de François ».

    Je crois que ces deux approches sont erronées l’une comme l’autre. Ce que le Pape Léon a exprimé, dans chacun de ses actes et dans chacune de ses déclarations pendant ses premières semaines de pontificat n’est rien d’autre que la conception authentiquement catholique de tradition.

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  • Le Pape encourage discrètement les Français amoureux de la Tradition

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    De Nico Spuntoni sur la NBQ :

    Le Pape « caresse » les Français amoureux de la Tradition

    Avec sa lettre aux évêques français pour le centenaire des canonisations, Léon XIV place saint Jean Eudes, saint Jean-Marie Vianney et sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus comme le fondement de l'éveil missionnaire et de la renaissance des vocations, thèmes tabous dans le pontificat précédent.

    2 juin 2025

    Le catholicisme français connaît actuellement une vitalité inattendue, parfaitement captée par les données sur les baptêmes d'adultes à Pâques : en 2023, on en comptait 5 463, un an plus tard pas moins de 7 135 avec une augmentation de 30 %. Récemment, le cardinal néerlandais Willem Jacobus Eijk n'a pas hésité non plus à parler d'une « renaissance » de la foi en cours. Elle est principalement portée par les fidèles et les communautés de sensibilité traditionnelle, ceux que l’on qualifie de manière simpliste de « traditionalistes ».

    Durant les années de François, cette situation fut vue avec suspicion et conduisit à placer des institutions religieuses sous administration spéciale ou à mettre à la retraite des évêques jugés trop favorables à ces réalités. Léon XIV, en revanche, semble vouloir adopter une approche différente à l’égard du noyau dur du catholicisme transalpin.

    C'est ce que l'on peut comprendre à la lecture du ton et du contenu de la lettre envoyée hier aux évêques français à l'occasion du 100e anniversaire des canonisations de saint Jean Eudes, de saint Jean-Marie Vianney et de sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus. Cette dernière, d'ailleurs, est une sainte très chère aux fidèles d'orientation traditionnelle qui n'oublient pas comment c'est le pape du serment antimoderniste saint Pie X qui l'a définie comme « la plus grande sainte des temps modernes ».

    Léon XIV écrivit aux évêques pour exprimer son souhait  que « ces célébrations ne se limitent pas à évoquer avec nostalgie un passé qui pourrait sembler révolu, mais qu'elles ravivent l'espérance et inspirent un nouvel élan missionnaire. Dieu peut, avec l'aide des saints qu'il vous a donnés et que vous célébrez, renouveler les merveilles qu'il a accomplies dans le passé. »
    Des mots qui dénotent l'équilibre de pensée et d'action du nouveau pape, non idéologiquement hostile à ceux que son prédécesseur qualifiait de « penseurs rétrogrades ».

    Prévost écrit également que les trois saints pourront « parler à la conscience de nombreux jeunes de la beauté, de la grandeur et de la fécondité du sacerdoce, susciter un désir enthousiaste pour celui-ci et leur donner le courage de répondre généreusement à l'appel, alors que le manque de vocations se fait cruellement sentir dans vos diocèses et que les prêtres sont de plus en plus mis à l'épreuve ».

    Des paroles qui ont été accueillies avec beaucoup d’enthousiasme par les communautés traditionnelles qui se remettaient des durs traitements du dernier pontificat. Ces dernières années, les instituts et les diocèses qui accueillent un nombre de vocations allant à contre-courant de la tendance du reste du pays ont souvent connu des visites apostoliques qui recommandaient même « un meilleur discernement et une certaine prudence dans l'entrée en formation ».
    Traduit : portes fermées aux séminaristes qui montraient une sensibilité liturgique et ecclésiale liée à la Tradition et qui étaient souvent les seuls dans plusieurs diocèses.

    En vantant les mérites et non les défauts du sacerdoce, Léon XIV a caressé les soi-disant « traditionalistes » qui sont de plus en plus nombreux en France. Et c'est la deuxième fois, après la nomination de "leur" cardinal de référence, le Guinéen francophone Robert Sarah, comme son envoyé spécial pour les célébrations liturgiques au sanctuaire de Sainte-Anne-d'Auray à l'occasion du 400e anniversaire des apparitions de sainte Anne au paysan breton Yvon Nicolazic.

  • Les pièces grégoriennes du dimanche après l'Ascension

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    Du site d'Una Voce :

    Dimanche après l’Ascension – Argentan (1975)

  • Castel Gandolfo : "le pape est de retour"

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    De Benedetta Calvi sur La MIlano :

    Castel Gandolfo, surprise et émotion pour la visite du Pape Léon XIV : « Le Pape est de retour ».

    Le Pontife rouvre symboliquement la résidence d'été historique des Papes avec une visite privée au Borgo Laudato Si'. Parmi la foule en fête, l'espoir d'un retour stable et le souvenir d'un lien indéfectible avec la ville des Castelli Romani.

    Castel Gandolfo - «Le Pape est à Castel Gandolfo!» La nouvelle a commencé à se répandre vers onze heures du matin, rapidement, spontanément, pleine d’émotion. Et il n'a pas fallu longtemps pour que la place principale de la ville, Piazza della Libertà, se remplisse de résidents, de commerçants, de badauds et de touristes. Tout le monde le nez en l'air, devant le Palais Apostolique, dans l'espoir d'apercevoir ne serait-ce qu'un instant le visage souriant du pape Léon XIV.

    Une visite privée, oui. Mais capable de réveiller l’âme la plus profonde de la ville, qui a toujours été étroitement liée à la présence des Papes. Le pape est arrivé à Castel Gandolfo avec la camionnette bleu foncé habituelle, visité le Village Laudato Si' — le projet ambitieux d’écologie intégrale souhaité par François en 2023 — et puis il s'est arrêté aux lieux symboliques des Villas Pontificales : le Jardin de la Vierge Marie, les Jardins du Belvédère, le Cryptoportique, jusqu'au Palais des Papes et l'historique Villa Barberini.

    Le retour du pape dans les lieux chers à ses prédécesseurs

    Pour les habitants de Castellana, c'était comme un retour aux sources. Un barman se souvient avec émotion de Paul VI, qui s'arrêtait ici chaque été et dont la mémoire est célébrée aujourd'hui. Un jeune homme au comptoir ne peut contenir son enthousiasme : « J'aurais aimé lui dire bonjour, mais le simple fait de savoir qu'il est là est une immense émotion. » Aldo, un habitant du Corso della Repubblica, est sorti se promener et a été submergé par l'émotion : « On aurait dit des vacances ». Naoual, un musulman, s'est également rendu sur la place. « Il est le Pape de tous », dit-il.

    Le curé de la paroisse pontificale s'est fait l'écho des sentiments de la communauté : Don Tadeusz Rozmus : « Lorsque la nouvelle s'est répandue, une vague d'enthousiasme a explosé. Pour nous, ce sera un jour inoubliable..

    Borgo Laudato Si' : un héritage écologique et social

    La raison officielle de la visite était une inspection à la Village Laudato Si', centre international de formation sur l'écologie intégrale souhaité par le pape François. L'initiative, qui a transformé les anciennes zones agricoles et les jardins de la résidence en un laboratoire vivant de durabilité, vise à combiner l'environnement et la dignité humaine. Avec une attention particulière aux plus vulnérables : migrants, réfugiés, chômeurs, femmes victimes de violences, ex-détenus.

    Pour accueillir Léon XIV, le Cardinal Fabio Baggio, directeur de projet et figure centrale dans la promotion de la « conversion écologique » prônée par le Laudato Si ' . Le pape s'est également attardé sur la Cryptoportique, où il a rappelé le geste héroïque de Pie XII, qui en 1944 a offert refuge à plus de 12.000 personnes lors du bombardement des Castelli Romani.

    L’espoir d’un retour : « Nous voulons redevenir citoyens du Pape »

    La visite, bien que brève et sans événements publics officiels, a un espoir a été ravivé : que Léon XIV choisisse Castel Gandolfo comme résidence d'été. Un geste qui marquerait un retour à tradition interrompue par le pape François, qui a décidé en 2016 de transformer le Palais en musée et a renoncé au séjour estival pour être cohérent avec son choix de sobriété.

    « Nous l’attendons et espérons l’accueillir à nouveau bientôt », déclare le Le maire Alberto De Angelis. « Notre communauté veut continuer à être citoyenne du Pape ».

    Un souhait partagé par beaucoup. Dans les rues parcourues par le fourgon papal, des centaines de personnes ont applaudi, salué, tenté de prendre un selfie. Le pape, assis à côté du chauffeur, a souri par la fenêtre, a répondu aux salutations et a serré quelques mains. Parmi eux, un marié très excité, attendant la cérémonie dans l'église de San Tommaso da Villanova : « Une bénédiction inattendue, juste le jour de mon mariage ».

    En début d'après-midi, Léon XIV quitte Castel Gandolfo, sous les applaudissements. Mais pour les habitants de Castellana, cette brève visite est bien plus qu’un simple passage. C'est un signal. Peut-être le début d'un nouveau chapitre dans l'histoire d'amour entre le Pape et sa résidence de montagne.

  • Le séjour du pape à Santa Marta a coûté 200.000 euros par mois !

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    De Francesco Capozza sur Il Tempo :

    Vatican, Sainte-Marthe c'est trop cher. Le pape Léon revient au palais apostolique

    Les premiers pas de Léon XIV à la tête de l'Église répondent largement aux attentes des cardinaux qui l'ont élu. Les éminents cherchaient certes un bon pasteur, mais ils étaient encore plus confiants que le nouveau pontife pourrait rééquilibrer cette forme de gouvernement qui, sous le pontificat de Bergoglio, avait pris des tendances autoritaires et déstabilisé le clergé et les fidèles par de nombreuses actions considérées comme beaucoup trop audacieuses. Léon a d'abord rétabli - avec bienveillance mais fermeté - la dignité propre au Souverain Pontife par des gestes petits mais significatifs. Le nouveau pape accepte volontiers le baiser de la main comme une forme de respect et de révérence, mais malheur à celui qui lui demande un selfie, symbole d'une décadence pop à laquelle Bergoglio s'était largement habitué. Même son apparence extérieure est revenue à celle qui convient au successeur de Pierre, avec des vêtements plus appropriés et plus formels : le pape porte la robe de chœur (rochet et mozette rouge sur la soutane) lors des occasions formelles et porte tous les jours l'anneau du pêcheur qu'il a reçu dimanche dernier. De plus, depuis le soir de son élection, Léon XIV n'a pas dormi à Santa Marta, préférant séjourner temporairement dans l'appartement habitée par le cardinal au Palais du Saint Office.

    Le pape a brisé les scellés de l'appartement pontifical au troisième étage du Palais apostolique pour visiter les pièces où tous ses prédécesseurs ont vécu de 1870 à 2013 et où il compte s'installer dès que les rénovations nécessaires auront été effectuées. Durant ses douze années à Santa Marta, François a tout d'abord provoqué plusieurs problèmes d'ordre public et de sécurité mais aussi économiques. Les fameux « cinquante mètres carrés » dans lesquels Bergoglio séjournait dans l'hôtel destiné aux cardinaux pendant le Conclave devinrent peu à peu de nombreuses pièces jusqu'à occuper tout le deuxième étage. Une cuisine, une salle de réception, une chapelle privée et plusieurs pièces pour les collaborateurs les plus proches ont été préparées ces dernières années, rendant les espaces de Santa Marta utilisés par le pontife beaucoup plus grands que l'appartement papal historique. Tout cela a impliqué de nombreux travaux mais surtout d'entretien, sans parler du doublement de la sécurité qui doit être garantie au Palais Apostolique, rendant nécessaire l'embauche de nouveaux agents de gendarmerie et l'enrôlement de gardes suisses beaucoup plus nombreux que par le passé. Les coûts de l'opération, qui n'ont rien de paupériste, ont augmenté au fil des ans, atteignant le chiffre hyperbolique de près de deux cent mille euros par mois pour la gestion de Santa Marta dans la dernière période du règne de François. Léon a donc décidé d'exercer sa fonction avec dignité et sagesse : il vivra là où les Papes ont toujours séjourné et Sainte-Marthe retrouvera son usage ordinaire.

  • En Caroline du Nord, il y a un évêque qui a peur du latin

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    De Stefano Chiappalone sur la NBQ :

    En Caroline du Nord, il y a un évêque qui a peur du latin

    Il n'y a pas que des restrictions sur l'ancien rite : l'évêque de Charlotte prépare aussi des directives sur le nouveau rite, déclarant la guerre aux bancs de communion, aux chasubles et à la langue latine, source de possibles « contagions » traditionnelles. Un document qui a été reporté pour l'instant, mais qui est révélateur d'une idéologie cléricale très répandue.
    30/05/2025

    Dans le diocèse de Charlotte, en Caroline du Nord, un nouveau chapitre de la guerre liturgique s’ouvre. Mais cette fois-ci, il ne s’agit pas d’une simple restriction supplémentaire à la liturgie traditionnelle, décrétée par l’évêque Michael Martin dans le sillage de Traditionis Custodes. La lutte s'étend également à la liturgie post-conciliaire, dont Mgr. Martin voudrait bannir toute « contamination » traditionnelle.

    Sur le front du rite ancien, des mesures draconiennes sont véhiculées par la plus douce Complétez la mise en œuvre de Traditionis Custodes, qui donne son titre à la lettre de Mgr. Martin daté du 23 mai. Un choix linguistique judicieux, adopté également dans d'autres diocèses, à l'école du  cardinal Roche : après tout, "mettre en œuvre Traditionis Custodes " fait moins peur que "supprimer le rite antique", même si l'objectif est le même. Installé il y a un an, l'évêque de Charlotte a avancé l'expiration de la prolongation accordée par Rome à son prédécesseur pour pouvoir continuer la célébration more antiquo dans les églises paroissiales (expire en octobre, comme le rapporte  The Pillar ) et a ordonné qu'à partir du 8 juillet aucune d'entre elles ne pourra l'accueillir. A partir de cette date, les lieux où il sera possible de célébrer selon le Missel de 1962 passeront donc de quatre à un seul dans tout le diocèse : « La chapelle désignée à cet effet est située au 757 Oakridge Farm Hwy., Mooresville, Caroline du Nord 28115. Le nom de la chapelle reste à déterminer », peut-on lire dans le document. La chapelle sans nom semble être l'image la plus éloquente du traitement réservé dans l'Église aux fidèles du rite antique, qui depuis 2021 ne savent plus à quel saint se tourner.

    Mais à Charlotte, la tradition doit aussi disparaître des messes dans le « nouveau » rite, selon des normes non encore promulguées mais exclusivement anticipées par Rorate Caeli. Des règles détaillées d’où émerge une peur presque maniaque que la mentalité traditionnelle abhorrée puisse réapparaître ne serait-ce qu’à travers un simple vêtement ou un candélabre. La publication du document a été temporairement reportée après que certains prêtres ont recommandé de reformuler au moins les points les plus extrêmes et ceux en conflit avec l'Instruction générale du Missel romain lui-même, mais il vaut la peine de relire le projet car il est révélateur d'une mentalité et d'une bataille idéologique que l'évêque semble déterminé à mener en avant. Tous sous la noble bannière de l'unité (confondue cependant avec l'uniformité, comme c'est le cas dans Traditionis Custodes)) qui ne peuvent être compromises par des « préférences personnelles ». Il est toutefois dommage que dans ce cas il ne s’agisse pas d’un caprice mais d’un rite séculaire et que Mgr Martin tolère de nombreuses autres « préférences personnelles », sans parler des excentricités. J'aime son idée de faire porter sa mitre épiscopale par une fille lors de la messe du 29 août 2024 à la Charlotte Catholic High School, peut-être pour tenter de rendre son homélie moins ennuyeuse. « Heureusement que l'évêque de Charlotte se préoccupe de la rectitude liturgique », commente sarcastiquement Rorate Caeli, en publiant la photo sur X.

    Le premier ennemi de Mgr. Martin est le latin. Ce qui l'inquiète, c'est « l'usage fréquent et répandu de la langue latine dans nos liturgies paroissiales » et pour conjurer le danger, il s'aventure dans un funambulisme herméneutique pour neutraliser la recommandation de Vatican II de préserver la langue latine dans les rites latins, tout en permettant l'usage des langues nationales. Selon l'évêque, il faudrait cependant le conserver, oui, mais au grenier et il trouve même son utilisation par les prêtres « dérangeante », car elle ferait fuir les gens. Et qu’en est-il des croyants qui sont attirés par cela ? « Une minorité bruyante. » On se demande si le problème principal vient des fidèles qui ne comprennent pas le latin ou des évêques qui ne comprennent pas les fidèles.

    Mais ce n’est pas la seule source de préoccupation, c’est même la source des inquiétudes de Mgr. Martin : « Quand le latin est utilisé dans nos paroisses, d'autres éléments du Missel de 1962 sont toujours entrelacés », apportant avec eux d'autres éléments qui pour lui sont inacceptables, et donc devraient être interdits ou découragés : les cierges et la croix sur l'autel (qui pour lui ne devraient être placés qu'à côté et à côté) ou la prière finale à Saint Michel Archange, ainsi que (mais c'était facilement deviné) l'autel orienté ad orientem. Précisons qu’aucun de ces aspects n’est interdit par aucune norme du Novus Ordo Missae mais seulement par la « tradiphobie » qui ressort de ce document qui heureusement n’a pas encore été promulgué.

    Pour prévenir toute « infiltration » possible, on ose même réglementer le style des vêtements : sont fortement déconseillées les « chasubles avec une coupe communément appelée « violon » (c'est-à-dire les chasubles, qui n'ont d'ailleurs jamais été abolies par personne), car elles seraient « un signe clair que le célébrant préfère la vie liturgique (et peut-être théologique) de l'Église avant le Concile Vatican II ». Encore moins – horreur ! – si l’on ose réciter les prières classiques qui étaient autrefois prescrites lors de la mise en place des vêtements sacerdotaux. On soupçonne également de préconciliarisme, et donc d'interdiction, la cloche avec laquelle on signale aux fidèles le début de la célébration. « Un accueil verbal du lecteur (ou d’un autre ministre approprié) suivi de l’indication de l’hymne à chanter et d’une invitation à se lever est plus approprié et devrait être la norme dans toutes les messes ». Comme si dans la pratique liturgique actuelle, le rite n'était pas déjà enterré par trop de bavardages et d'admonitions...

    Nous nous arrêtons ici car la quantité et la minutie des détails soulèvent le doute que ceux qui sont attachés aux formes extérieures ne sont pas les fidèles liés à l'ancien rite , mais plutôt les clercs qui s'y opposent. En même temps, nous devons reconnaître que leur aversion n’est pas une question de personnalisation, mais d’idéologie. Et d’un traumatisme qui n’a pas encore été surmonté par une certaine hiérarchie dont le cœur de métier semble être la haine de (son propre) passé plutôt que la proclamation du Christ, craignant de ne pas être suffisamment à la mode pour être acceptée par le monde. Une fracture au sein du monde catholique qui, après la pacification promue par Benoît XVI, a de nouveau explosé avec le motu proprio Traditionis Custodes, déclenchant « une nouvelle guerre contre la messe traditionnelle, source de divisions et d'amertume », comme l'a déclaré récemment l'archevêque de San Francisco, Mgr Salvatore Cordileone, dans une interview, espérant que l'élection de Léon XIV puisse relancer un travail de réparation et de réconciliation sur ce front également : « Il veut être un bâtisseur de ponts : cela a été très clair dès qu'il a posé le pied sur la loggia de la basilique Saint-Pierre. Je crois qu'il peut mettre fin aux guerres liturgiques. » A vrai dire, il y avait déjà beaucoup de ponts avant, mais les seuls destinés à ceux qui suivaient l'ancien rite ou à ceux qui souffraient du manque de sacralité du nouveau étaient des ponts-levis.

  • Les chrétiens européens ont perdu le dynamisme de la mission chrétienne, du témoignage, de la Foi (cardinal Sako)

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    De France Catholique (extraits) :

    « Les chrétiens européens sont timides » estime le cardinal Sako

    Le patriarche de l’Église catholique chaldéenne, le cardinal Louis Raphaël Sako est venu célébrer la messe annuelle de l’œuvre d’Orient, à Notre-Dame de Paris, le 25 mai. Il a salué la restauration de cette « perle française », tout en regrettant la déchristianisation de l’Europe.

    28 mai 2025

    Messe annuelle de l’Œuvre d’Orient, le 25 mai à Notre-Dame de Paris. À droite, le cardinal Sako. © Marie-Christine Bertin - Diocèse de Paris

    Éminence, quel est pour vous le sens de cette journée et de la consécration d’une chapelle dédiée aux chrétiens d’Orient, à Notre-Dame ?

    Cardinal Louis Raphaël Sako : Pour moi, cette cérémonie a été comme une Pâque : devant ces fidèles qui priaient de tout cœur, et qui s’unissaient à cette liturgie orientale, j’ai senti que l’Église était unie et ressuscitée. Nous avons célébré cette liturgie avec beaucoup de joie et beaucoup d’espoir.

    Quelle est la particularité de l’Église chaldéenne, et quelle est sa situation aujourd’hui ?

    Nous sommes l’une des plus anciennes Églises du monde. Notre Église a donné beaucoup de martyrs et en donne encore aujourd’hui. Nous avons une liturgie particulière et un patrimoine très riche. Aujourd’hui, en Irak, nous sommes en proie au sectarisme, à la violence et à la persécution. Nous avons eu beaucoup de difficultés avec Daesh. Un million de chrétiens ont quitté le pays, mais il y en a qui restent, entre 400 000 et 500 000 chrétiens sont encore là. Mais le mal n’a pas d’avenir. Le Salut semble loin, mais il viendra.

    Quel rôle les chrétiens vivant en Irak ont-ils à jouer dans ce pays ?

    Les chrétiens d’Irak sont des citoyens irakiens ! Avant l’arrivée des musulmans, au VIIe siècle, ils étaient majoritaires, et ils ont beaucoup donné à leur pays. Et, malgré toutes les épreuves que nous traversons, nous avons là-bas une vocation, nous sommes des missionnaires. Les musulmans attendent de nous un témoignage différent du leur. Les jeunes chrétiens irakiens sont d’ailleurs très engagés dans les paroisses et se mettent au service des autres.

    Vous avez participé à l’élection du pape Léon XIV, qu’espérez-vous de ce nouveau pontificat ?

    J’ai participé au conclave. J’étais à côté du cardinal Prevost lors des votes. Je lui ai parlé des Églises orientales, de leurs défis et de leurs difficultés. Je lui ai dit : « Il faut prendre cette cause à cœur, et manifester votre soutien et votre proximité. » Il a acquiescé et il a fait un bon discours quand il nous a accueillis à Rome, pour le Jubilé des Églises orientales.

    Vous avez donc l’espoir qu’il prendra soin des chrétiens d’Orient ?

    Bien sûr ! Il est père de tous. Il n’est pas le Pape seulement des catholiques romains, il est aussi le pape des Églises orientales.

    Qu’attendez-vous des chrétiens français et européens, et de tous ceux qui se recueilleront dans cette chapelle dédiée aux chrétiens d’Orient ?

    J’ai étudié ici en Europe [à Rome, N.D.L.R.] et j’y reviens régulièrement. Je trouve que les chrétiens en Europe sont timides : ils ont perdu le dynamisme de la mission chrétienne, du témoignage, de la Foi. Ce sont les chrétiens de l’Occident qui ont prêché l’Évangile en Afrique, en Asie… Où sont-ils aujourd’hui ? Autrefois, l’Orient était la racine du christianisme et l’Occident, avec ses missionnaires, en était le cœur. Aujourd’hui, tout est changé ! Il y a une grande indifférence et cela nous choque en Orient. Mais cela choque aussi les musulmans. Ils ont une religion différente, certes, mais ils ont une grande foi et ils y tiennent. Alors qu’ici, non…

    Paradoxalement, ce sont peut-être les difficultés et les persécutions qui renforcent votre foi, en Orient ?

    Ce qui nous donne la Foi, surtout, c’est Jésus-Christ. Tout est fondé sur le Christ. C’est cette relation d’amour qui nous donne la force de résister dans les épreuves. C’est le Christ, c’est tout.

    Les chrétiens d’Orient parviennent donc à garder l’espérance ?

    Oui, bien sûr. Puisqu’ils ont la Foi, ils ont l’espérance qui est ancrée dans la Foi. C’est ce rapport personnel à l’Église et au Christ qui change tout. 

  • La prière de Jeanne à Domrémy (Péguy)

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    jeanne_d_arc.jpgAujourd'hui, nous célébrons la fête de Jeanne d'Arc qui appartient à l'Eglise universelle et non seulement à la France. Qui a mieux célébré Jeanne que Charles Péguy? C'est l'occasion, en ces temps de détresse où la grande pitié de l'Eglise nous accable et où le mal semble partout triompher de méditer cette prière de Jeanne à Domrémy (Le Mystère de la Charité de Jeanne d'Arc) :

    Ô mon Dieu si on voyait seulement le commencement de votre règne. Si on voyait seulement se lever le soleil de votre règne. Mais rien, jamais rien. Vous nous avez envoyé votre Fils, que vous aimiez tant, votre fils est venu, qui a tant souffert, et il est mort, et rien, jamais rien. Si on voyait poindre seulement le jour de votre règne. Et vous avez envoyé vos saints, vous les avez appelés chacun par leur nom, vos autres fils les saints, et vos filles les saintes, et vos saints sont venus, et vos saintes sont venues, et rien, jamais rien.

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  • Viri Galilaei : introit du jour de l'Ascension

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    Introit de la fête de l'Ascension :

    Viri galilaei, qui admiramini aspicientes in caelum ? Alléluia : Quemádmodum vidístis eum ascendéntem in cælum, ita véniet, alléluia, alléluia, alléluia.

    Hommes de Galilée, pourquoi restez-vous là dans l’étonnement à regarder le ciel ? Alléluia. Comme vous l’avez vu monter au ciel, ainsi il reviendra. Alléluia, Alléluia, Alléluia.

    Pour écouter le chant de l’Alleluia qui précède la proclamation de l’Evangile du jour, cliquer ici ; pour écouter le chant de communion, cliquer ici.

  • Liturgie : des paroles du pape feutrées mais sans équivoque : retrouvons le sacré, le mystérieux et le beau

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    De Tom Colsy sur le Catholic Herald :

    La critique feutrée du pape Léon XIV à l'égard de la liturgie occidentale contemporaine est un signal d'alarme essentiel

    Le 26 mai 2025 à 9h00

    Trop souvent, la messe catholique dans le rite romain moderne ressemble à une réunion. Une réunion bien intentionnée, peut-être, mais horizontale, plate et alarmante par son manque de mystère. On se serre la main. Des plaisanteries populaires depuis l'autel. De la musique qui sonne comme un reliquat d'une retraite de guitaristes des années 1970. C'est censé être « engageant ». Cela finit par être banal.

    Et les gens s'en vont. Pas seulement des bancs, mais du sentiment que ce qui se passe à la messe est sacré - quelque chose de transcendant, quelque chose de beau, quelque chose de terrifiant dans le meilleur sens du terme. Environ un tiers des catholiques qui assistent régulièrement à la messe ne croient pas en la présence réelle de Jésus-Christ dans l'Eucharistie - la « source et le sommet » de la vie de l'Église - sans parler des majorités de catholiques dans la plupart des pays qui n'assistent même pas à la messe.

    Le pape Léon XIV l'a remarqué.

    Son discours jubilaire du 14 mai aux églises catholiques orientales est une rare intervention sur ce point précis. À l'écouter attentivement, cela devient évident : tout en louant « la primauté de Dieu » et la profondeur spirituelle des rites orientaux, le pape adresse également un doux avertissement à l'Occident. Les réformes des années 1960 et leurs conséquences nous ont éloignés du mystère sacré qui devrait définir la liturgie.

    « L'Église a besoin de vous », a-t-il lancé à son auditoire. « La contribution que l'Orient chrétien peut nous offrir aujourd'hui est immense ! Nous avons grand besoin de retrouver le sens du mystère qui reste vivant dans vos liturgies, des liturgies qui engagent la personne humaine dans son intégralité, qui chantent la beauté du salut et évoquent un sentiment d'émerveillement devant la façon dont la majesté de Dieu embrasse notre fragilité humaine !

    L'utilisation du mot « récupérer » en dit long sur son point de vue. Nous y reviendrons plus tard. Cependant, dans sa déclaration suivante, Léon a rendu les choses encore moins subtiles :

    « Il est également important de redécouvrir, surtout dans l'Occident chrétien, le sens de la primauté de Dieu, l'importance de la mystagogie et les valeurs si typiques de la spiritualité orientale : l'intercession constante, la pénitence, le jeûne et les pleurs pour ses propres péchés et pour ceux de toute l'humanité (penthos) ! »

    Le pape a continué à faire l'éloge des « traditions spirituelles authentiques » qui ont été préservées en Orient sans être « corrompues par la mentalité du consumérisme et de l'utilitarisme ». Il a parlé des liturgies orientales comme incarnant une profonde richesse spirituelle, une révérence qui invite les fidèles à entrer dans les mystères sacrés avec un sentiment d'émerveillement et d'adoration profonde.

    Léon a ensuite mis en garde les dirigeants catholiques orientaux : « Il est donc vital que vous préserviez vos traditions sans les atténuer, peut-être pour des raisons pratiques ou de commodité ».

    Il semble qu'il critiquait ainsi la tendance occidentale, depuis les réformes, à simplifier, moderniser et rendre la messe plus accessible - parfois au détriment du mystère et de la révérence.

    Car si l'Occident doit « retrouver “ le sens du mystère, le sous-texte est qu'il a été perdu ; dire que l'Occident doit ” redécouvrir » la primauté de Dieu, c'est dénoncer son anthropocentrisme.

    Cela ne devrait pas passer inaperçu pour les catholiques. Le pape sous-entend ici que l'Occident connaissait autrefois ces choses. Au sein d'une Église toujours en guerre au sujet d'une réforme liturgique mise en œuvre il y a près de 60 ans, ses paroles ont des ramifications évidentes.

    Les mots du Pape pourraient facilement passer inaperçus dans un discours beaucoup plus long et plus complet, mais ils ne devraient pas être ignorés - il suggère que la liturgie et la spiritualité contemporaines sont devenues trop mondaines et centrées sur l'homme. La messe tridentine, que Léon XIV, en tant que cardinal Prevost, aurait célébrée, est pour beaucoup d'observateurs exempte de telles critiques.

    Pour comprendre toute la profondeur de la remarque du Pape, il faut garder à l'esprit deux anciennes approches théologiques qui façonnent la spiritualité et la liturgie catholiques : la théologie cataphatique et la théologie apophatique. Il ne s'agit pas d'abstractions théologiques, mais de courants vivants au sein de la tradition de prière de l'Église.

    La théologie cataphatique est la Via Affirmativa ou voie « positive ». Elle utilise des symboles, des images, des sons et des gestes pour nous aider à approcher le divin. Elle utilise le monde sensoriel - l'odeur de l'encens qui monte dans le sanctuaire et se répand dans la cathédrale, le son du chant solennel qui se répercute dans l'espace, la splendeur visuelle des fresques peintes et des statues, les gestes significatifs de la génuflexion et de l'inclinaison révérencieuses - tous ces éléments sont utilisés pour nous orienter vers le divin. Ce sont également des éléments cataphatiques - des signes qui parlent de la gloire, de la beauté et de la majesté de Dieu. Ils ne capturent pas Dieu entièrement, mais ils peuvent offrir un aperçu - un bref reflet de la lumière divine, comme le scintillement momentané d'une icône dorée sous les rayons pénétrants du soleil.

    La théologie apophatique, en revanche, est la Via Negativa, ou approche « négative ». Elle parle de Dieu en disant ce que Dieu n'est pas - au-delà de tout mot, le silence, le mystère, l'inconnaissable. Elle nous invite à la révérence et à la crainte, reconnaissant que Dieu transcende l'entendement humain. Dans la liturgie, c'est le calme, l'immobilité sacrée, les espaces entre les mots et les gestes où le mystère respire. Cette tradition, essentielle pour des mystiques comme saint Jean de la Croix et Thérèse d'Ávila, enseigne que la plus haute rencontre avec Dieu se situe au-delà des mots, de la compréhension et des signes visibles. Elle met l'accent sur le silence, la crainte et la révérence, reconnaissant que le mystère divin ne peut être contenu par le langage humain.

    Cela dit, les mots justes ne sont pas obsolètes dans nos efforts pour décrire notre Dieu, car les mots peuvent être utilisés soit pour nous rapprocher, soit pour nous éloigner de Lui, mais en fin de compte, ils sont insuffisants. Cette vérité paradoxale doit être conservée dans le culte de l'Église.

    La liturgie, bien comprise, vit dans la tension entre ces deux approches. Elle doit à la fois révéler et cacher le mystère divin. Les pratiques apophatiques cherchent à purifier l'esprit et la conscience des choses qui ne font que nous distraire ou nous éloigner de Dieu - pour aider à vider notre âme de ces choses dans lesquelles la présence sacrée (la vérité, la bonté, la beauté, la majesté, la pureté, l'humilité de Dieu) n'est pas facilement ressentie. Pendant ce temps, ses éléments cataphatiques remplissent la conscience et l'âme de ces choses dans lesquelles la nature mystérieuse, puissante et troublante de Dieu est plus facilement présente - pour les sens intérieurs et extérieurs.

    Malheureusement, la liturgie occidentale a trop souvent commencé à inverser ce processus, avec des gestes et des mots qui remplissent l'attention de l'esprit et nos sens avec ce qui est plus terre à terre, tout en négligeant de s'appuyer sur ces rubriques qui invitent au silence nécessaire, à l'obscurité ou à la contemplation et qui nous éloignent de la mondanité et du profane.

    Le pape Léon XIV affirme que les liturgies orientales ont conservé cet équilibre profond. Leurs chants anciens, l'encens, les mouvements rituels et le silence profond invitent les fidèles à entrer dans un mystère sacré qui est à la fois ressenti et transcendé.

    Depuis son entrée en fonction comme successeur de saint Pierre, le pape Léon a continué là où le cardinal Robert Prevost s'était arrêté : en diplomate avisé et prudent. En tant que tel, nous ne pouvons que déduire et reconstituer ses opinions les plus controversées et les plus larges à partir des quelques déclarations qu'il a permises de suggérer.

    Toutefois, ses récents commentaires rejoignent les propos qu'il a tenus lors d'une interview en 2012.

    Il avait alors déclaré : « Nous ne devrions pas essayer de créer une image de marque : « Nous ne devrions pas essayer de créer du spectacle, du théâtre, juste pour que les gens se sentent intéressés par quelque chose qui, en fin de compte, est très superficiel et pas profond.

    Au contraire, a-t-il soutenu, « la liturgie devrait être l'expérience d'entrer en contact avec [le] mystère » du « Dieu qui est amour, Dieu qui habite en nous, Dieu qui est effectivement présent dans l'humanité et qui s'est révélé à travers Jésus-Christ ».

    « La façon de découvrir Dieu n'est pas vraiment à travers le spectacle », a-t-il poursuivi. « Et je pense que bien souvent les gens ont été trompés, les gens sont partis à la recherche de Dieu par des moyens qui, en fin de compte, se sont avérés être des détours et ne sont pas vraiment essentiels en termes de découverte du mystère ».

    Combiné à son discours aux catholiques orientaux, il s'agit d'une mise en garde contre les distractions sensorielles visant à bavarder ou à maintenir la congrégation « éveillée » ou « impliquée ». La véritable liturgie doit être une rencontre avec Dieu.

    Léon a cité « l'image éloquente » de Saint Syméon, le Nouveau Théologien, pour illustrer les dangers d'introduire trop d'éléments mondains dans la liturgie : « De même que celui qui jette de la poussière sur la flamme d'une fournaise l'éteint, de même les soucis de cette vie et toute forme d'attachement à des choses insignifiantes et sans valeur détruisent la chaleur du cœur qui s'était d'abord allumée ».

    Voici le point essentiel de la réprimande discrète du pape : il existe un risque que certaines réformes postconciliaires - une insistance excessive sur le psaume responsorial en tant qu'outil d'engagement, l'utilisation de la liturgie en langue vernaculaire, une position versus populum qui semble accorder de l'importance aux laïcs présents plutôt qu'à l'autel et au Saint-Sacrement, des gestes informels fréquents pendant la messe, ou des tentatives excessives de rendre la liturgie « accessible » - puissent éclipser les éléments qui élèvent l'adoration à une rencontre sacrée.

    Les mots de Léon suggèrent plutôt une récupération de la dimension apophatique. La liturgie doit conserver le silence, la révérence et le mystère. En même temps, elle requiert des éléments cataphatiques - le chant, l'encens, les gestes sacrés, les postures significatives telles que les génuflexions et la direction peut-être aussi symbolique du regard vers l'Est - qui servent de signes tangibles nous orientant non seulement vers les êtres humains (aussi important que soit l'amour et le soin des autres, nous sommes distraits par leurs affaires et leurs préoccupations tout au long de la semaine) mais aussi, au moins pour un moment, au-delà de nous-mêmes, vers la sainteté de Dieu.

    Les Églises orientales ont préservé cette ancienne synthèse d'une manière que la pratique occidentale ne fait souvent plus. Le discours jubilaire du Pape Léon XIV n'est pas un rejet des appels à une « participation pleine et effective ». Il s'agit plutôt d'une invitation à les considérer plus profondément - à comprendre la participation non pas comme une simple activité, mais comme une entrée dans le mystère sacré avec le corps et l'âme.

    Cette vision nuancée invite l'Église à résister au « consumérisme et à l'utilitarisme » dans le culte, qui traitent la liturgie comme un produit à commercialiser et à adapter aux goûts populaires. Au contraire, la liturgie doit rester un espace où le Dieu transcendant fait irruption dans le temps, exigeant notre silence, notre admiration et notre abandon.

    Dans un autre passage de son discours, Léon a exprimé les choses avec justesse. La liturgie et la spiritualité véritables doivent contenir des traditions qui restent « anciennes mais toujours nouvelles » et « médicinales ». Le culte de l'Église devrait s'inspirer de la manière dont, dans la liturgie orientale, « le drame de la misère humaine est associé à l'émerveillement devant la miséricorde de Dieu, de sorte que notre péché ne nous conduise pas au désespoir, mais nous ouvre à l'acceptation du don gracieux de devenir des créatures qui sont guéries, divinisées et élevées jusqu'aux hauteurs du ciel ».

    Au cours de la liturgie, les personnes présentes devraient pouvoir s'identifier facilement aux sentiments que le pape Léon cite de saint Ephrem le Syrien : « Gloire à toi qui as jeté ta croix comme un pont sur la mort... Gloire à toi qui t'es revêtu du corps de l'homme mortel et en as fait la source de vie de tous les mortels ».

    Si l'Église poursuit sur la voie du spectacle et du sentimentalisme, elle risque d'aggraver l'hémorragie des fidèles des bancs de la messe et de perdre encore plus la foi en son mystère le plus fondamental parmi ceux qui y assistent.

    Mais il y a de l'espoir. La voie à suivre ne réside pas dans l'innovation pour elle-même, mais dans la récupération de ce que l'Orient n'a jamais oublié : le culte est un mystère trop vaste pour être exprimé, mais qui nous invite toujours à nous en approcher.

    Les paroles du pape sont feutrées mais sans équivoque : retrouvons le sacré, le mystérieux et le beau. Rétablissons l'équilibre entre la richesse cataphatique et le silence apophatique afin que la liturgie cesse d'être un simple rassemblement et redevienne ce qu'elle a toujours été censée être : une sainte rencontre avec Dieu.

  • Un entretien avec le Père abbé de l'abbaye de Lagrasse

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    Du site de La Nef (des propos recueillis par Christophe et Élisabeth Geffroy) :

    Abbaye de Lagrasse : entretien avec le Père abbé

    Lagrasse est l’une des abbayes les plus rayonnantes et fameuses de notre pays, une oasis en ces rudes temps, et nous sommes heureux de vous offrir cet entretien avec son Père Abbé, homme à la parole rare et profonde.

    21 mai 2025

    La Nef – Vous êtes des chanoines réguliers. Quelle est votre spécificité ? Quelle est l’origine du mouvement canonial auquel vous appartenez ?
    RP Emmanuel-Marie – C’est en saint Augustin que le mouvement canonial reconnaît son fondateur. Dès qu’il devient évêque d’Hippone, un peu avant les années 400, il veut rassembler les prêtres et les clercs de son diocèse pour mener avec eux une vie commune, rythmée par la prière liturgique, dans la pauvreté, la chasteté et l’obéissance. Il tient à retrouver avec son clergé la vie des apôtres après la Pentecôte, dont le Nouveau Testament nous dit qu’ils avaient « un seul cœur et une seule âme et que tout était commun entre eux » (cf. Ac 4, 32).
    Tout au long de l’histoire de l’Église, cette forme de vie a perduré. C’était une intuition prophétique. En effet, il existe un lien entre la vie commune, la consécration dans une vie selon les conseils évangéliques et la vie sacerdotale. Au Moyen Âge, la réforme grégorienne a institutionnalisé cette forme de vie, en créant des ordres religieux de chanoines réguliers.
    La vie de ces religieux repose alors sur trois piliers : la vie commune, la vie contemplative – en particulier par la liturgie – et la vie d’apostolat, le tout dans l’esprit de la règle de saint Augustin : « D’abord puisque c’est pour cela que vous êtes réunis en communauté, habitez unanimes dans la maison, et ayez un seul cœur et une seule âme tendus vers Dieu. »

    En quoi saint Augustin est-il si actuel ?
    Saint Augustin a vécu l’effondrement de l’Empire romain, l’invasion des barbares, la fin d’une civilisation, un pullulement d’hérésies et de schismes. Son enseignement est donc particulièrement adapté à notre temps ! Et pourtant il nous prêche l’espérance.
    Dans une société composée en partie de païens, il avertit : « Séparé d’esprit, ne crains pas d’être de corps parmi eux. » Augustin n’est pas né avec une auréole et sa conversion si lente – 14 années ! – parle à tous. Il propose toujours un retour à l’essentiel, une conversion à ce Dieu qui habite les cœurs. Benoît XVI avouait qu’il considérait Augustin comme « un ami, un contemporain qui me parle avec sa foi fraîche et actuelle ». Sa doctrine mariale, extrêmement ecclésiale, a beaucoup inspiré la constitution de Vatican II sur l’Église.

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