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Patrimoine religieux - Page 4
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24 septembre : 29e pèlerinage familial de tradition à Foy-Notre-Dame
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Da pacem Domine (introit du 24ème dimanche du T.O.)
Introitus
Da pacem, Domine, sustinentibus te,
ut prophetae tui fideles inveniantur:
exaudi preces servi tui,
et plebis tuae Israel.Donnez la paix, Seigneur, à ceux qui s’en tiennent à vous,
que vos prophètes soient trouvés fidèles;
exaucez les prières de votre serviteur,
et de votre peuple, Israël.Ps. 1Laetatus sum in his quae dicta sunt mihi:
in domum Domini ibimus.Je me suis réjoui de ces paroles qui m’ont été dites:
Nous irons dans la maison du Seigneur. -
La Nativité de la Vierge Marie; historique de la fête
la Naissance de la Vierge - Giotto (XIVe s.) Padoue
Historique de la fête de la Nativité de Marie (missel.free.fr)
Il faut assurément chercher l'origine de la fête de la Nativité de la sainte Vierge en Orient où le synaxaire de Constantinople la marquait déjà au 8 septembre1, selon ce qu’avait décrété l’empereur Maurice (582 + 602). Il est probable que l’Eglise de Jérusalem fut la première à honorer le souvenir de la Nativité de Notre-Dame qu’elle célébrait dans une basilique proche de la piscine probatique, sur l’emplacement de la maison où, suivant la tradition, serait née la sainte Vierge.
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Affligem : l'espoir renaît
Lu sur Het Nieuwsblad (5 septembre 2023, p. 5) :
Affligem : Après dix-sept ans, enfin un nouveau moine à l'abbaye
Johannes (32 ans) veut se débarrasser des clichés sur la "vie abbatiale ennuyeuse"
Dix-sept ans se sont écoulés depuis qu'un moine a prononcé ses vœux solennels à l'abbaye d'Affligem, et encore, il s'agit d'un jeune trentenaire. Samedi dernier, Dom Johannes De Cubber, 32 ans, a prononcé ses vœux perpétuels. Dom Johannes est entré à l'abbaye il y a cinq ans. "Il y a une différence entre une entrée et un engagement définitif", se dit-il. "Il y a eu des entrées ces dernières années, mais la dernière fois que quelqu'un a prononcé des vœux solennels ou une profession, c'était en 2006. ... Dom Johannes fait désormais officiellement partie de la communauté de l'abbaye d'Affligem, ce qui porte le nombre de moines à trois. "Samedi, c'était la célébration de l'espoir. Dom Franco et l'abbé John ont prouvé que leur âge n'est qu'un chiffre et que l'ouverture et la vitalité restent la marque de fabrique de l'abbaye. Ils auraient parfaitement pu refuser mon entrée. Mais en m'acceptant dans la communauté samedi, ils veulent montrer qu'il y a encore un avenir pour l'abbaye", dit Dom Johannes. ... ... Bien que Dom Johannes se rende compte que tôt ou tard, il sera seul. "Nous ne sommes pas naïfs, bien sûr. Mais nous voulons perpétuer l'avenir de l'abbaye. Il est gratifiant de constater que tant de jeunes étaient présents samedi. Et le 11 août, nous avons pu accueillir encore 70 jeunes pour le culte, une initiative de leur part qui consiste à se réunir dans l'église.
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Les tâches du prochain pape selon l'archevêque émérite de La Plata (Argentine)
De Mgr Héctor Agüer, archevêque émérite de La Plata (Argentine) sur Rorate Caeli :
"Le nouveau pape" : Quelles seront les tâches du prochain pape ?
24 août 2023
Le Collège des Cardinaux a acquis une ampleur inhabituelle. Que de chemin parcouru depuis quelques élections pontificales, décidées par une poignée de membres de ce traditionnel protagoniste du temps fort de la vie ecclésiale ! L'histoire est plus qu'éloquente. Il n'est pas possible de s'attarder sur la recherche de modèles. Un seul exemple : au conclave de 1458, Enea Silvio Piccolomini, expert en vers latins, déjoua les plans d'un Français ambitieux et, sans le vouloir ni le chercher, fut lui-même élu : Pie II ; il y avait 18 cardinaux. Aujourd'hui, le nombre exorbitant de barrettes rouges ne permet pas de prévoir un nom comme futur successeur de Pierre. Plusieurs amis me demandent d'esquisser ce que devrait être le pontificat qui succèdera au languissant François, en tenant compte de la situation très grave de l'Église, maquillée par la propagande vaticane.
Voici cette tentative.
Tout d'abord, il est nécessaire d'assurer la Vérité de l'authentique doctrine catholique, de surmonter les mythes progressistes qui la minent et que l'actuel Pontife élève au rang d'agenda. La lumière vient du Nouveau Testament, qui témoigne de l'œuvre apostolique que les Douze - et surtout saint Paul - ont transmise comme mandat à leurs successeurs immédiats, et qui conçoit l'organisation de l'Église, source du christianisme naissant.
L'apôtre Paul recommande à son disciple Timothée : "Je te charge (diamartyromai) devant Dieu et devant le Christ Jésus, qui doit venir juger les vivants et les morts, par son épiphanie et par son Royaume : prêche la Parole de Dieu, exhorte avec ou sans occasion, discute, réprimande, exhorte, avec une patience inlassable et un enseignement plein de zèle. Car il viendra un temps où les hommes ne supporteront plus un sain enseignement, mais où, selon leur désir, ils se chercheront des maîtres pour flatter leurs oreilles, détourneront leur attention de la vérité et se convertiront aux mythes" (2 Tm 4,1-4). Saint Paul poursuit en exhortant, comme le fera l'Église tout au long des siècles : " Soyez vigilants en tout " ; c'est ce que faisait l'Inquisition face aux hérésies et aux schismes. Cette tâche alourdit le travail d'évangélisation, d'accomplissement du ministère (diakonia) à la perfection. L'un des arguments progressistes consiste à disqualifier cette entreprise comme si elle était contraire au christianisme. C'est la confrontation du Nouveau Testament avec la conception mondaine de l'Église, jusqu'à l'égarement de l'actuel Pontificat. Ce que le penseur danois Soren Kierkegaard écrivait dans son Journal en 1848 s'applique à ce cas : "Aujourd'hui, alors qu'il est question de réorganiser l'Église, on voit bien le peu de christianisme qu'il y a en elle". Le même auteur qualifie cette situation de "malheureuse illusion".
Le nouveau pape devra orienter l'Église dans la direction indiquée par l'exhortation paulinienne ; c'est ce qu'a fait l'Épouse mystique du Christ dans ses meilleurs moments. Il est essentiel de défendre la Vérité de la doctrine, qui a été minée et négligée par le relativisme. Les approches progressistes ont laissé l'Église enfermée dans l'enceinte de la Raison pratique, dont le moralisme a remplacé la dimension contemplative propre à la Foi et à la proposition de la plénitude à laquelle tous les fidèles sont appelés, selon la vocation à la sainteté qui jaillit du Baptême.
En même temps que la récupération doctrinale, il faut rechercher la restauration de la Liturgie qui, selon sa nature, doit être exacte, solennelle et belle. Cette devise se réfère particulièrement au rite romain, qui a été ruiné par l'improvisation qui abomine le caractère rituel du mystère liturgique. Le motu proprio Traditiones custodes de François impose arbitrairement le contraire de ce que Benoît XVI avait réorienté, et de l'esprit de liberté retrouvé selon le motu proprio Summorum Pontificum ; la récupération des dimensions mystiques et esthétiques du caractère sacramentel de la Liturgie est souhaitée. Les Rites orientaux sont également appelés à renforcer leurs traditions respectives, en surmontant la contagion de la désacralisation qui affecte directement le Rite romain.
Les tâches susmentionnées ne peuvent être accomplies que grâce au zèle éclairé d'évêques et de prêtres dignement formés dans l'esprit de la grande Tradition catholique, que l'on trouve encore dans les décrets Christus Dominus et Presbyterorum Ordinis, du Concile Vatican II. L'histoire récente montre que l'imposition mondiale du progressisme a eu pour germe la corruption du séminaire traditionnel, rendu banal par une théologie déficiente, et une "ouverture" sous le charme d'un prétendu "aggiornamento". Le malentendu a pris forme sous le prétexte de l'évangélisation : au lieu de convertir le monde à la Vérité et à la Grâce du Christ, l'Église s'est convertie au monde, perdant ainsi son identité essentielle. C'est avec ces critères erronés que se sont formées plusieurs générations de prêtres. Ce processus de décadence doit être inversé. L'institution du Séminaire est encore valable ; à l'époque, des alternatives ont été essayées mais n'ont pas obtenu la solution attendue. La récupération du Séminaire n'implique pas une copie de ce qu'il était avant le bouleversement général. L'institution peut s'adapter, puisqu'elle n'est pas mauvaise en soi, à la nouvelle situation et aux nouveaux besoins. Ceux-ci doivent être reconnus avec sobriété et discrétion, en évitant une exposition qui permettrait à l'administration progressiste - qui ne disparaîtra pas immédiatement - d'activer ses ressources de proscription, jusqu'à ce que le nouveau pontificat soit pleinement établi. L'évêque doit être directement responsable du Séminaire, tout en s'assurant la collaboration de prêtres bien formés et prêts à assumer sincèrement l'orientation que l'évêque souhaite mettre en oeuvre dans le diocèse.
Saint Jean-Paul II a légué à l'Église un vaste magistère sur la famille. Lorsqu'il a été prononcé et - en bonne partie - écrit, la "perspective de genre" n'avait pas encore atteint la proéminence culturelle qu'elle a acquise peu de temps après. Le pape Wojtyla présente la constitution naturelle et chrétienne de la réalité homme-femme, les enfants comme la chose la plus naturelle au monde, ce qui est et doit donc continuer à être. Benoît XVI ajoute une réflexion sur le concept métaphysique de la nature. Ce magistère abondant et profond doit être repris et projeté sur les nouveaux problèmes sociaux et culturels : la Famille fondée sur le mariage a été remplacée par le "couple", qui n'est nullement indissoluble et peut donc être modifié successivement. J'omets maintenant de parler de ce qu'on appelle à tort le "mariage homosexuel". Le mariage en tant que réalité de valeur civile a disparu ; le mariage sacramentel n'implique aucune fatigue pour ceux qui doivent le bénir, comme c'est leur devoir. Je ne crois pas que les fiancés catholiques soient conscients qu'ils sont appelés à être les ministres d'un sacrement qu'ils se donnent l'un à l'autre.
La valeur de la vie humaine est étroitement liée à la question de la famille ; il s'agit d'un chapitre très important de la morale chrétienne. Le prochain pontificat devra faire face à une tâche plus que nécessaire : surmonter l'héritage négatif de l'"aggiornamento", couronné par le progressisme actuel. Il devra sauver la théologie morale du relativisme qui la tient en otage ; dans cette entreprise, il devra résoudre le drame d'Humanae Vitae. Cette encyclique, publiée le 25 juillet 1968, ne fut pas acceptée par de vastes secteurs de l'Église : plusieurs Conférences épiscopales se prononcèrent contre elle ; elles furent encouragées par l'unanimité du journalisme, qui incarnait "l'opinion publique". Une grande confusion est née parmi les fidèles, de sorte que beaucoup d'entre eux ont justifié la pratique de l'utilisation des moyens que l'encyclique de Paul VI déclarait objectivement immoraux. Rome devra reprendre les arguments de ce texte pour en démontrer la vérité, en tenant compte de l'accomplissement des dispositions d'Humanae vitae. La crise déclenchée par cette encyclique s'est prolongée dans le nouveau millénaire. Le malentendu a produit une situation analogue aux crises déclenchées par les questions dogmatiques au début du christianisme. Le prochain pontificat devra dénouer ce nœud. Le recours à l'intercession de la dénoueuse de nœuds est inévitable. Marie est en effet celle qui "défait les nœuds". Il y a quelque chose d'apocalyptique dans le drame d'Humane vitae.
Le problème que je viens de traiter est un chapitre d'une question plus vaste : le rapport de l'Église avec le soi-disant "monde moderne", qui n'a pas été résolu par le Concile Vatican II, mais au contraire aggravé par lui, victime des illusions qui dissimulaient la diffusion d'une nouvelle gnose. Les doctrines de Karl Rahner et de Pierre Teilhard de Chardin ont monopolisé l'attention de la théologie catholique : la théorie rahnerienne du "chrétien anonyme" et l'évolutionnisme teilhardien, qui était lui-même une religion, ont eu une influence indéniable sur la pensée chrétienne du XXe siècle.
En ce qui concerne la question des relations de l'Église avec le monde contemporain, il est opportun de rappeler que lors de la préparation de Vatican II, le "schéma 13" a pris de l'importance et a suscité des attentes, un antécédent qui allait devenir la constitution pastorale Gaudium et spes, un texte qui, avec la constitution dogmatique Lumen Gentium sur l'Église, a été le document le plus important du Concile. Un événement explique le ton avec lequel la question des relations entre l'Église et le monde a été conçue. Jean XXIII souhaitait la participation de représentants de l'Église orthodoxe russe en tant qu'observateurs des débats du Concile. Le cardinal Eugène Tisserant est chargé des négociations nécessaires pour assurer cette participation ; l'accord suivant est conclu : les orthodoxes seront présents à condition que le Concile s'abstienne de condamner le communisme. Deux prélats orthodoxes russes (probablement des espions du Kremlin) y participèrent effectivement. Cet épisode est éloquent pour montrer l'esprit dans lequel Vatican II a abordé les relations entre l'Église et le monde. Il faut y ajouter un optimisme naïf, inspiré dès le début par le pape Roncalli qui, dans son discours d'ouverture, a sévèrement fustigé les "prophètes de malheur". Bien sûr, c'était le "bon pape".
Dans cette note, j'ai rassemblé quelques-uns des problèmes qui constituent des marécages dans lesquels l'Église s'enlise. Ce ne sont pas les seuls, mais ceux que je considère comme des priorités que la réalité actuelle imposera aux efforts du prochain Pontife. En bref, libérer l'Église de la peste mortelle du progressisme.
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Saint Gilles (1er septembre)
Saint Gilles est à l'honneur dans nos régions. Voici la légende de saint Gilles (par Jacques de Voragine) (source) :
Aegidius vient de e, sans, geos, terre, et dyan, illustre ou divin. II fut sans terre en méprisant les choses terrestres, illustre par l’éclat de sa science, divin par l’amour qui assimile l’amant avec l’objet aimé.
(Aegidius), Gilles, né à Athènes, de lignée royale, fut, n'es son enfance, instruit dans les belles lettres. Un jour qu'il se rendait à l’église, il donna sa tunique à un malade gisant sur la place et demandant l’aumône : le malade s'en revêtit et fut aussitôt guéri. Après quoi, son père et sa mère étant morts dans le Seigneur, il fit J.-C. héritier de son patrimoine. Une fois, en revenant de l’église, il rencontra un homme qui avait été mordu par un serpent. Saint Gilles alla au-devant de lui, fit une prière et expulsa le venin. Il y avait dans (église un démoniaque qui troublait les fidèles par ses clameurs, saint Gilles chassa le démon et rendit cet homme à la santé. Or, comme le saint redoutait le danger de la faveur humaine, il s'en alla en cachette sur le rivage de la mer, où ayant vu des matelots luttant contre la tempête, il fit une prière et calma les flots. Les matelots abordèrent et ayant appris que Gilles allait à Rome, ils le remercièrent de sa bienfaisance et lui promirent de le transporter sans frais.
Après être arrivé à Arles, où il resta deux ans avec saint Césaire, évêque de cette ville, il y guérit un homme attaqué de la fièvre depuis trois ans mais conservant toujours le goût du désert, il s'en alla secrètement et demeura longtemps avec un ermite d'une sainteté remarquable, appelé Vérédôme : et il mérita de faire cesser la stérilité de la terre.
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Le pape ne devrait pas citer saint Vincent de Lérins à tort et à travers
Lors de son entretien avec les jésuites portugais à Lisbonne, le pape a, une nouvelle fois, invoqué l'autorité de saint Vincent de Lérins pour justifier sa conception évolutive de la doctrine. Mais l'enseignement de Vincent de Lérins va-t-il vraiment dans ce sens ?
De Thomas G. Guarino sur First Things :
LE PAPE FRANCOIS ET SAINT VINCENT DE LÉRINS
16 août 2022
Le pape François s'est souvent tourné vers saint Vincent de Lérins pour obtenir des éclaircissements théologiques. Plus récemment, lors d'un vol le 29 juillet 2022, François a déclaré que Vincent fournissait une règle "très claire et éclairante" pour un développement doctrinal approprié.
La carrière théologique de saint Vincent a été quelque peu mouvementée. Alors que son œuvre maîtresse, le Commonitorium, était populaire lorsqu'elle a été redécouverte au XVIe siècle (après avoir été perdue pendant un millénaire) et qu'elle est restée populaire pendant plusieurs siècles par la suite, elle est progressivement tombée en disgrâce. Sur la base d'une phrase célèbre - "Nous tenons cette foi qui a été crue partout, toujours et par tous" (ubique, semper, et ab omnibus) - Vincent en est venu à être considéré comme un conservateur rigide, peu sensible à l'histoire.
Il s'agit là d'une lecture erronée de l'œuvre fondatrice de Vincent. Il est donc réconfortant de voir que le pape François ne s'est pas laissé piéger par l'interprétation erronée et largement répandue du Lérinien. Au contraire, le pape souligne précisément les aspects du raisonnement théologique de Vincent qui font de lui un auteur prémonitoire. En effet, le théologien de Lérins est l'un des rares auteurs chrétiens anciens à aborder la question de l'évolution doctrinale dans le temps, et il le fait de manière frontale.
Lorsque saint Vincent a rédigé le Commonitorium en 434, certains penseurs chrétiens de l'époque s'opposaient à l'utilisation par l'Église de termes tels que homoousios (consubstantiel) et Theotokos (Marie porteuse de Dieu) qui ne se trouvaient pas dans la Bible. Ils s'opposaient expressément à ces nouveaux termes qu'ils considéraient comme illégitimes. Mais Vincent a soutenu que les nouveaux termes étaient corrects parce que la doctrine chrétienne se développe nécessairement avec le temps, tout comme une graine devient une plante et un enfant devient un adulte. De la même manière, ces nouveaux mots aident à développer et à clarifier le sens de l'Ecriture. Vincent reconnaît que tout ce qui est nécessaire à la foi chrétienne peut être trouvé in nuce dans les Saintes Ecritures. Mais il insiste aussi sur une croissance graduelle et homogène dans le temps.
Notant que certains demanderont : " N'y a-t-il pas de progrès de la religion dans l'Église du Christ ? ", Vincent répond : " Il y a un très grand progrès ! ". Ce progrès, cependant, doit toujours être une avancée de la foi et non une déformation de celle-ci. La doctrine se développe de manière analogue à l'être humain. Bien qu'une personne subisse de nombreux changements de la jeunesse à la vieillesse, elle reste la même personne, la même nature. Il y a une croissance organique, architectonique, au fil du temps - tant chez les êtres humains que dans la doctrine chrétienne.
Mais ce progrès, affirme Vincent, doit être d'un certain type et d'une certaine forme, protégeant toujours les acquis doctrinaux antérieurs de la foi chrétienne. Un changement ne peut pas créer un sens différent. Au contraire, les formulations ultérieures doivent être "selon la même doctrine, le même sens et le même jugement" que les précédentes.
Plus loin dans le Commonitorium, Vincent fait valoir un point fréquemment cité par le pape François : "La doctrine chrétienne suit également cette loi du progrès. Elle se consolide au fil des années, se développe avec le temps, s'affine avec l'âge". Depuis son élection en 2013, le pape François a cité son passage préféré de saint Vincent à de nombreuses reprises, notamment dans l'encyclique Laudato Si'. C'est peut-être dans un discours de 2017 sur le catéchisme qu'il a fait les remarques les plus expansives. Le pape y affirme avec audace que la peine de mort est "en soi contraire à l'Évangile". Il cite saint Vincent pour défendre cette position, qui implique, selon le pape, de reconnaître l'engagement de l'Église en faveur de la dignité humaine inviolable. Il s'agit d'un "développement harmonieux de la doctrine".
Le Pape François poursuit en parlant de la tradition d'une manière que le Lérinien approuverait, décrivant la tradition comme une "réalité vivante". Il invoque à nouveau l'"heureuse formulation" de Vincent selon laquelle la doctrine chrétienne est "consolidée par les années, élargie par le temps, [et] affinée par l'âge". Le pape a certainement raison de dire qu'il s'agit d'une phrase cruciale. Mais si je devais conseiller le pape, je l'encouragerais à tenir compte de l'ensemble du Commonitorium de saint Vincent, et pas seulement de la sélection qu'il cite à plusieurs reprises.
Notez que Saint-Vincent ne parle jamais positivement des renversements. Pour Vincent, un revirement n'est pas un progrès dans la compréhension de la vérité par l'Église ; ce n'est pas un exemple d'un enseignement " élargi par le temps ". Au contraire, les revirements sont la marque des hérétiques. Les revirements indiqueraient que le monde entier incorporé au Christ Tête "aurait erré, aurait blasphémé, n'aurait pas su ce qu'il fallait croire". Lorsqu'il condamne les revirements, Vincent parle toujours de la tentative de renverser ou d'altérer les enseignements solennels des conciles œcuméniques. Le Lérinien est particulièrement hanté par les tentatives de renverser l'enseignement de Nicée, comme cela s'est produit au Concile d'Ariminum (Rimini, a.d. 359), qui, dans sa proposition de credo, a supprimé le mot crucial, homoousios.
J'invite également le Pape François à invoquer les garde-fous salutaires que Vincent érige pour assurer un développement adéquat. Si le pape François est séduit par l'expression de Vincent "dilatetur tempore" ("élargi par le temps"), le Lérinien utilise également l'expression suggestive "res amplificetur in se" ("la chose grandit en elle-même"). Selon le Lerinien, il existe deux types de changement : Un changement légitime, un profectus, est un progrès - une croissance homogène dans le temps - tel qu'un enfant devenant adulte. Un changement inapproprié est une déformation pernicieuse, appelée permutatio. Il s'agit d'un changement dans l'essence même de quelqu'un ou de quelque chose, comme un rosier qui se transforme en épines et en chardons.
Se référer à cette distinction pourrait aider le pape François à montrer comment un enseignement particulier représente un véritable profectus fidei.
Un autre garde-fou est l'affirmation vincentienne selon laquelle la croissance et le changement doivent se faire in eodem sensu eademque sententia, c'est-à-dire selon le même sens et le même jugement. Pour le moine de Lérins, toute croissance ou développement dans le temps doit préserver le sens substantiel des enseignements antérieurs. Par exemple, l'Église peut certainement évoluer dans sa compréhension de l'humanité et de la divinité de Jésus-Christ, mais elle ne peut jamais revenir sur la définition de Nicée. L'idem sensus ou "même sens" doit toujours être maintenu dans tout développement futur. Le pape François cite rarement, voire jamais, cette importante phrase vincentienne - mais tout appel au changement doit être démontré comme n'étant pas simplement une altération, ou même un renversement de l'enseignement antérieur, mais en fait in eodem sensu avec ce qui l'a précédé.
Je conseillerais également au pape d'éviter de citer saint Vincent pour soutenir des revirements, comme dans le cas de son enseignement selon lequel la peine de mort est "en soi contraire à l'Évangile". La compréhension organique et linéaire du développement de Vincent n'inclut pas les renversements de positions antérieures. Saint Vincent place sa plus grande confiance dans le corps uni des évêques qui, ensemble, témoignent de la foi chrétienne dans le monde entier. Le théologien de Lérins soutiendrait probablement que les revirements, en particulier ceux qui concernent des positions de longue date, sont mieux sanctionnés par un concile œcuménique ou au moins par l'accord général de tout l'épiscopat - bien que le pape soit au premier plan, étant donné l'autorité de son Siège.
Tout au long de son œuvre, Vincent s'écrie avec saint Paul : "O Timothée, garde le dépôt, en évitant les nouveautés profanes" (1 Tim. 6:20). Dans son discours de 2017, le pape François affirme que le dépôt de la foi n'est pas "quelque chose de statique". Vincent conviendrait que le depositum est vivant et en croissance - mais il insisterait simultanément sur le fait que cette croissance doit être profondément liée à la tradition dogmatique antérieure de l'Église et en continuité avec elle.
Mgr Thomas G. Guarino est professeur émérite de théologie systématique à l'université de Seton Hall et l'auteur de Vincent de Lérins et le développement de la doctrine chrétienne.
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Les interviews du Pape : slogans figés et confusion assurée
De Stefano Fontana sur la Nuova Bussola Quotidiana :
Les interviews du Pape : slogans figés, confusion assurée
Indietrisme*, cléricalisme et ambiguïtés persistantes sur l'inclusion des homosexuels et des transsexuels : c'est le scénario habituel mis en scène également dans l'interview de François avec les jésuites portugais.
29_08_2023
Lors de son voyage à Lisbonne pour les Journées Mondiales de la Jeunesse, François a également rencontré, comme il en a l'habitude, ses confrères jésuites, répondant à leurs questions. Le texte de cet entretien est maintenant publié par La Civiltà Cattolica.
On espère toujours qu'un enseignement important et clair ressortira de ces rencontres, même si le langage utilisé est plutôt informel, comme dans un dialogue entre amis. Mais ce n'est souvent pas le cas pour deux raisons principales. La première est que François poursuit sa propre ligne de pensée et ne se laisse pas le moins du monde interpeller par les questions soulevées. Non pas que ses frères jésuites, en tant que jésuites, posent des questions embarrassantes, mais ils soulèvent des problèmes qui sont immédiatement traités selon les schémas de pensée habituels et avec l'abus des mêmes mots : indiétrisme, cléricalisme, etc.
La deuxième raison est que François émet des jugements généraux sur des situations très complexes. On comprend qu'on ne peut pas écrire des romans dans une brève interview, mais c'est précisément pour cette raison qu'il faut faire preuve d'une certaine prudence. Par exemple, le Pape exprime ici un jugement très dur et absolument schématique sur le clergé et les catholiques américains, les accusant sommairement d'indiétrisme idéologique : "il y a une attitude réactionnaire très forte, organisée, qui structure une appartenance également affective. Je veux rappeler à ces gens que l'indiétrisme ne sert à rien".
On a l'impression que dans chaque entretien avec ses frères jésuites, mais on pourrait aussi dire dans chaque entretien tout court, les réponses de François sont standardisées, qu'elles appartiennent à un répertoire conceptuel et linguistique fixe et qu'elles ne connaissent pas d'évolution réelle. Cette fois encore, comme par le passé, François cite Vincent de Lérins à propos de l'évolution du dogme, mais il le cite à demi-mot, citant les mots qui indiquent un progrès mais jamais ceux qui indiquent une continuité parfaite, à savoir "par tous, toujours et partout". Bien que de nombreux experts le lui aient fait remarquer, par exemple le père Nicola Bux, il ne se laisse pas décourager.
Cette approximation, qui anime les jugements hâtifs et injustes, s'est également manifestée dans ce dialogue avec ses frères jésuites du Portugal sur un sujet concernant la Doctrine sociale de l'Église. Répondant à une question sur l'inclusion des homosexuels et des transsexuels dans l'Église (pouvait-elle manquer ?...), François a fait cette remarque : "Mais ce que je n'aime pas du tout, en général, c'est qu'on regarde à la loupe ce qu'on appelle le "péché de la chair", comme on l'a fait pendant si longtemps à propos du sixième commandement. Si vous exploitez des travailleurs, si vous mentez ou trichez, cela n'a pas d'importance, et ce sont les péchés au-dessous de la ceinture qui comptent".
Cette affirmation est lacunaire à bien des égards. Tout d'abord, elle exprime un jugement en trois mots et le résultat d'une impression personnelle sur une question très importante et complexe. Elle juge des époques entières de l'histoire, de nombreux prêtres dans les confessionnaux, des éducateurs et des parents par le biais d'un jugement tranchant et peu attrayant. Deuxièmement, il s'agit sans aucun doute d'un jugement erroné, car il ne tient pas compte de la grande attention que la Doctrine sociale de l'Église, la morale catholique et les manuels pour les confesseurs ont accordée à ce que l'on appelle les "péchés sociaux".
Le catéchisme cite l'escroquerie au juste salaire comme une action qui appelle la vengeance de Dieu. Dans Rerum novarum, Léon XIII a placé au centre de l'action de l'Église ceux qui sont "seuls et sans défense, à la merci de la cupidité des maîtres et d'une concurrence effrénée". Ce jugement de François ne tient pas compte de "ce grand mouvement de défense de la personne humaine", mentionné dans le Centesimus annus (n° 3) de Jean-Paul II, qui a œuvré pour une société plus juste.
Certes, dans le passé, l'attention portée aux péchés "de chair" était beaucoup plus vive qu'aujourd'hui, où - comme le révèlent de nombreux confesseurs - plus personne ne se confesse pour des actes contraires au sixième commandement. Mais il ne manquait certainement pas d'examens de conscience pour les actes d'injustice sociale et d'exploitation, ni d'actes de réparation pour ces péchés, ni d'interventions publiques de charité, comme l'attestent les saints sociaux et leurs œuvres de charité. En effet, Rerum novarum se terminait par un hymne à la charité. Et combien de générations de prêtres et de laïcs cette encyclique a-t-elle inspirées et guidées ?
Après tout, si aujourd'hui plus personne ne se confesse pour le sixième commandement, peut-être que tout le monde se confesse pour le septième ? Cette étrange intervention de François semble oublier qu'il n'y a finalement qu'une seule vertu, et que le respect de la dignité de son propre corps et de celui d'autrui permet également de respecter le travailleur ou le pauvre. Le sixième commandement n'est pas quelque chose de privé, mais a de larges répercussions sur la vie sociale et politique, car c'est de la culture des passions débridées que naissent tous les maux de la société. Lors du colloque de Lisbonne, François a beaucoup parlé de l'inclusion des homosexuels et des transsexuels. Nous ne voudrions pas qu'il ait manqué ce lien entre le respect du corps et la justice, entre le sixième et le septième commandement.
* L'indiétrisme consisterait à vouloir revenir en arrière.
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Le combat chrétien selon saint Augustin, père de l'Eglise (28 août)
A consulter : http://peresdeleglise.free.fr/Augustin/augustin.htm
La couronne de la victoire n'est promise qu'à ceux qui combattent. Dans les divines écritures, nous trouvons continuellement que la couronne nous est promise si nous sommes vainqueurs. Mais pour ne pas abuser des citations, on lit en toutes lettres dans l'apôtre Paul : « J'ai parfait mon oeuvre, j'ai achevé ma course, j'ai conservé la foi, je n'ai plus à attendre que la couronne de justice. »
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Inclina, Domine, aurem tuam ad me et exaudi me (Introït du 21ème Dimanche du Temps ordinaire)
Incline, Seigneur, ton oreille vers moi et écoute-moi ;
sauve ton serviteur, ô mon Dieu : il espère en toi !
aie pitié de moi, Seigneur, car je crie vers toi tout le jour.
V/ Réjouis l’âme de ton serviteur, car vers toi, Seigneur, j’élève mon âme.
Inclina, Domine, aurem tuam ad me et exaudi me ;
salvum fac servum tuum Deus meus, sperantem in te
miserere mihi Domine quoniam ad te clamavi tota die.
V/ Laetifica animam servi tui : quoniam ad te, Domine, animam levavi.
(Ps 85, 1-4)
Introït du 21ème Dimanche du Temps ordinaire.
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Pause spirituelle : le Tantum Ergo d'Anton Bruckner
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Le "synode sur la synodalité" ne ressemble pas aux synodes des Eglises d'Orient
D'Edward Pentin sur le National Catholic Register :
Un évêque grec catholique : le synode sur la synodalité ne ressemble pas aux synodes orientaux
L'évêque grec catholique byzantin Manuel Nin souligne que le synode signifie avant tout un cheminement avec le Christ et met en garde contre le "parlementarisme chrétien".
24 août 2023
Malgré les affirmations contraires, le prochain synode sur la synodalité ne ressemble à aucun synode des Églises orientales - il ressemble à un processus parlementaire et manque d'un objectif clair et cohérent, a déclaré un évêque grec catholique qui participera à la réunion.
Dans un commentaire publié le 3 août sur le site web de l'Exarchat catholique grec, Mgr Manuel Nin, exarque apostolique de l'Église catholique byzantine grecque en Grèce, a exprimé plusieurs préoccupations concernant l'assemblée générale du synode, dont la première session aura lieu du 4 au 29 octobre et la seconde en octobre 2024. La réunion à venir marque une rupture significative avec les assemblées synodales précédentes dans la mesure où un groupe sélectionné de participants laïcs sera désormais autorisé à voter.
L'évêque Manuel a reconnu que cet exercice de l'autorité a une "dimension synodale" dans la mesure où les décisions prises à un "niveau pleinement collectif appartiennent aux évêques du synode", mais il a souligné que si l'Occident comprend la synodalité comme le fait que "tous, laïcs et clercs, agissent ensemble pour parvenir à une décision ecclésiastique, doctrinale, canonique, disciplinaire, quelle qu'elle soit, il devient clair qu'une telle synodalité n'existe pas en Orient".
La synodalité dans toutes les Églises chrétiennes, tant à l'Est qu'à l'Ouest, ne peut être une sorte de reflet du monde moderne par lequel l'Église devient comme une "démocratie occidentale moderne, éventuellement parlementaire, où tout le monde peut tout dire", a-t-il averti. La vie de l'Église, a-t-il dit, "n'a jamais été une forme de démocratie dans laquelle tout le monde décide de tout selon les règles de la majorité".
Un tel "parlementarisme chrétien", a-t-il poursuivi, peut aboutir à la construction d'une "ecclésiologie pyramidale" qui, parce qu'elle a invité tant de laïcs et de non-clercs à participer avec droit de vote, marginalise ou oublie la collégialité épiscopale dans les questions d'administration et de vie de l'Église.
Il a également noté "l'absence de clarification limpide" sur le sens de la synodalité, et a observé que l'ensemble du processus, qui a commencé au niveau national et continental en 2021-22, est un lieu "où tout le monde peut s'exprimer sur n'importe quoi, même proposer des questions et des opinions qui sont habituellement laissées au droit exclusif de l'évêque de Rome".
Il a déclaré qu'en tant qu'évêque catholique oriental, ce qui l'a particulièrement troublé, ce sont les affirmations de "nombreuses" personnes, "même d'une autorité connue", qui ont dit : "Vous, en Orient, avez toujours eu la synodalité", contrairement à l'Église occidentale.
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