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Témoignages - Page 277

  • De retour d'Irak, la délégation de l'épiscopat français témoigne

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    Communiqué de presse

    Paris, le vendredi 1er août 2014

    Chrétiens d’Irak : retour de la délégation de la CEF

    Le Cardinal Barbarin, Mgr Dubost et Mgr Gollnisch sont de retour ce 1er août de leur voyage comme émissaires de l'Eglise catholique en France auprès des chrétiens d'Irak, accueillis par le Patriarche Chaldéen Louis-Raphaël Sako.

    Dans une interview, recueillie sur place par Natalia Trouiller, responsable de la communication du diocèse de Lyon, et publiée sur le site eglise.catholique.fr, ils reviennent sur ces nombreuses rencontres, qui les ont profondément marqués. (...)

    Ce qui a beaucoup frappé Mgr Michel Dubost, évêque d’Evry et Président du Conseil pour les relations interreligieuses de la CEF, « c’est de trouver des gens qui ont tout perdu en raison de leur foi : ils demandent justice, mais sans haine ni appel à la vengeance. L’immense solidarité du peuple irakien m’a aussi frappé : paroisses, écoles, salles communes, maisons, toutes les portes se sont ouvertes pour les déplacés ». (...)

    C’est bien pour être à l’écoute des chrétiens en Irak que cette délégation de l’Eglise en France a été organisée mais plus que jamais, tout est à poursuivre ! N’oublions pas les chrétiens d’Orient !

    Merci de relayer dans vos medias ces témoignages.

    Mgr Bernard Podvin - Porte-parole des évêques de France

    Interview des trois membres de la délégation de la CEF auprès des catholiques irakiens

    Que souhaitiez-vous faire par ce voyage auprès des communautés chrétiennes d’Irak ?

    Mgr Dubost : Personnellement, j’avais 4 buts : tout d’abord, porter à la connaissance des catholiques irakiens l’immense souci des catholiques français à leur égard. Ensuite, nous mettre à l’écoute de ce qu’ils ont vécu et de leurs besoins immédiats. Puis aider à la mobilisation de ce qui est à faire maintenant. Enfin, aider à une réflexion à long terme sur l’avenir de l’Irak multiculturel. (...)

    Considérez-vous que vous avez accompli votre mission ?

    Mgr Barbarin : Nos espérances ont été dépassées. Nous voulions écouter les gens, nous avons entendu des témoignages tous les jours, plusieurs fois par jour. Quantité d’histoires personnelles bien concrètes. Nous en avons plein les yeux, les oreilles et le coeur, à raconter !

    Ce qui me touche, ce que je garde de ce voyage, ce sont 2 remarques : une du patriarche, « De jour en jour, grâce à votre venue, on voyait leur espérance grandir » ; et une de Mgr Youssef Thomas, « Avant nous étions sans voix ; maintenant, enfin, nous avons une voix».

    Mgr Dubost : Ce qui m’a beaucoup frappé, c’est de trouver des gens qui ont tout perdu en raison de leur foi : ils demandent justice, mais sans haine ni appel à la vengeance. L’immense solidarité du peuple irakien m’a aussi frappé : paroisses, écoles, salles communes, maisons, toutes les portes se sont ouvertes pour les déplacés. « Ils me demandent même ce que je veux manger !» témoignait une femme reçue dans le village de Malabrwan. Cela apporte quelque chose de fondamental dans le témoignage de la foi.

    Mgr Gollnisch : Moi ce qui me frappe, ce sont ces gens qui ont accepté de tout perdre en raison de foi. Nous n’avons reçu aucun témoignage d’apostasie, pas même une rumeur. On sent aussi que beaucoup de musulmans sont choqués par ce qui se passe à Mossoul. L’un d’eux l’a même payé de sa vie : le professeur Mahmoud Al-Asali.

    Nous avons été aussi les témoins complices du ministère paternel du patriarche Sako, un homme exceptionnel. On sent force des liens qui l’unissent à son peuple.

    Mgr Dubost : …et la force et le courage de cet homme qui appelle sans cesse à se battre sans les armes de la violence, et qui se fait applaudir par ces gens qui ont tout perdu !

    Mgr Gollnisch : Ce voyage nous a permis aussi de percevoir à quel point ces gens sont très proches de nous. Il y a la barrière de la langue, mais on les sent dans une grande proximité avec nous, au niveau de la foi.

    Mgr Barbarin : On a entendu l’expression de vraies souffrances, de blessures profondes : « Pourquoi ils nous persécutent ? Pourquoi ils ne nous aiment pas ? » Mais pas de désir de vengeance. De la lassitude, oui : ils ont été chassés du Kurdistan, puis de Mossoul… certains ont vécu trois, quatre, cinq exils… Ils se demandent : « Jusqu’à quand ? »

    Mgr Dubost : Il y a un dilemme profond dans le coeur de beaucoup : partir ou rester ? Le patriarche Sako leur dit : « Vous êtes libres, mais c’est notre pays ». Les personnes que nous avons rencontrées ne veulent pas partir, elles subissent l’idée de devoir partir. Ce n’est pas du tout la même chose.

    Mgr Barbarin : Nous avons été touchés aussi par ces députés chiites, sunnites qui disent : « Vous devez rester, nous avons besoin des chrétiens pour reconstruire notre pays ».

    Mgr Dubost : Ils ont perdu papiers, travail, maison, argent, bijoux, souvenirs, logement, avec une question de survie immédiate : hier nous avons vu 24 personnes logées dans une salle de classe : où seront-elles dans un mois, quand l’école fera sa rentrée ?

    Mgr Gollnisch : Contrairement aux rumeurs qui ont pu circuler, les chrétiens n’ont pas été tués. Ils ont en revanche été profondément traumatisés, atteints dans leur dignité.

    Mgr Barbarin : Une coiffeuse, qui a sauvé ses bijoux en profitant de l’heure de la rupture du jeûne de Ramadan pour quitter Mossoul est aussi abîmée que ceux qui ont tout perdu. Mais toujours cette dignité : « je veux travailler, je ne veux pas l’aumône ».

    Mgr Dubost : Le souci des enfants. Je pense à cet homme à qui on a refusé de rendre son fils tant qu’il n’aurait pas retourné la moindre de ses poches. Il a dû arracher son enfant à ses bourreaux.

    Mgr Gollnisch : Ce voyage permet aussi de remettre les pendules à l’heure : non, ce n’est pas un combat des musulmans contre les chrétiens. C’est bien plus complexe. Le dernier attentat qui ait visé les chrétiens, avant la prise de Mossoul, c’est en 2010 dans la cathédrale de Bagdad : mais depuis, il n’y a pas eu d’attentat contre eux. En revanche, il y a une bombe par semaine dans les mosquées. Certains, chrétiens ou non, irakiens ou pas, appellent à créer des zones basées sur l’ethnie ou la religion : une région sunnite, une région chiite, une région kurde, une turkmène, et pourquoi pas une enclave chrétienne (bien qu’ils soient si peu nombreux que c’est impensable). Ce n’est pas la solution. Si l’on se met à créer des enclaves monoethniques ou monoreligieuses, forcément cela débouchera tôt ou tard sur la guerre. Regardez l’exemple de la Première guerre mondiale : en 1918, on dit « plus jamais ça », et on redessine l’Europe en mettant les Italiens avec les Italiens, les Allemands avec les Allemands, etc. Le résultat ? Moins de 30 ans plus tard, une nouvelle guerre terrible. C’est obligé : si une nation se base sur une culture rigoureusement unique, elle va forcément à un moment ou à un autre réclamer tel ou tel morceau de territoire qui lui a appartenu à un moment de son histoire.

    La beauté et la force des chrétiens d’Orient, c’est qu’ils permettent un dialogue.

    Maintenant que vous êtes rentrés, que va-t-il se passer ?

    Mgr Gollnisch : Il y a trois niveaux d’action. Le premier, c’est l’aide d’urgence : il faut appeler aux dons des fidèles en concertation avec la Congrégation pour les Eglises orientales. Il faut trouver des structures d’accueil d’ici l’hiver.  

    Ensuite, ce n’est pas à l’Eglise seule d’assumer des dizaines de milliers de personnes déplacées. Il faut mobiliser l’opinion et les structures internationales. Communiquer sur ce qui se passe.

    Enfin, on ne pourra pas faire l’économie d’un travail en profondeur qui est aussi un travail de mémoire. Il faut qu’ils écrivent ce qui s’est passé. On ne peut que remarquer que nous allons célébrer le centenaire du génocide arménien et que nous assistons à des attitudes qui s’apparentent à ce qui s’est passé. Cette fois il n’y a pas de morts, mais il y a bel et bien épuration. Ce travail de mémoire est essentiel car c’est lui qui nous aidera à ne pas considérer que la situation à Mossoul est définitive. Regardons les choses en face : Il n’y a aucun Etat islamique à Mossoul, il y a un Etat islamique autoproclamé. Ce sont des bandes qui se proclament propriétaires de Mossoul, ce sont des occupants sans titres, illégitimes. Il est hors de question de les reconnaître ni de sembler accréditer la thèse selon laquelle ils sont chez eux !

    Mgr Dubost : Cette actualité dramatique a révélé la capacité de prière des catholiques français. Il faut montrer que cette capacité est pérenne. Il faut aussi que nous réfléchissions au lien social dans notre propre pays. Si nous montrons que nous sommes capables de vivre ensemble, ce sera un témoignage pour eux. Enfin, je suis frappé par le nombre d’analyses basées sur du ressenti plus que sur des faits. Chacun utilise les chrétiens d’Orient contre quelque chose : contre les évêques, contre les musulmans, etc. Il nous faut nous former, et ne pas instrumentaliser. La situation à Mossoul est suffisamment tragique pour qu’on ne raconte pas n’importe quoi, par exemple que des chrétiens y ont été tués ! Nous devons éduquer à la paix en étant le plus vrai possible (...)

    Mgr Gollnisch : J’ai fait plus de 40 conférences sur les chrétiens d’Orient, et à chaque fois les églises étaient pleines. On sent bien que les catholiques français s’interrogent sur leur propre foi à la lumière du témoignage de nos frères irakiens. Comme l’a dit le patriarche Sako : « Vous les Français, soyez forts dans votre foi ! »

    En guise de conclusion, que diriez-vous ?

    Mgr Dubost : Soutenons l’OEuvre d’Orient. Nous avons vu l’immensité de leur travail, le réseau de liens tissés de longue haleine, l’estime dont ils jouissent sur place, l’intelligence des projets qu’ils portent. Il faut absolument les soutenir.

    Propos recueillis par Natalia Trouiller

  • L'été aux tristes nouvelles : Mgr Morerod exprime sa solidarité

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    Sur le site du « Suisse Romain », alias l’abbé Rimaz, nous lisons ce commentaire de Mgr Charles Morerod, évêque du diocèse de Lausanne-Genève et Fribourg, nommé par Benoît XVI en 2011 :

    22503.jpg"L’été nous apporte de tristes nouvelles, dont on parle plus ou moins : conflits en Israël Palestine, en Syrie, en Irak, en Ukraine, crashes, etc. Et il n’est pas rare, ces jours, qu’on me demande pourquoi on parle si peu – on en parle un peu, justement – du sort des chrétiens massacrés et expulsés de Mossoul. Et cela concerne plus largement le drame des chrétiens du Proche-Orient : il y a un siècle ils représentaient 10 à 20% de la population de plusieurs pays du Proche-Orient, maintenant leur nombre a fondu pour plusieurs raisons (notamment la « libération » de l’Irak par des « chrétiens » occidentaux…).

    Les chrétiens au Proche-Orient

    Malheureusement, les conflits engendrent des spirales dont il est très difficile de sortir, encourageant les extrémistes et mettant en danger une cohabitation qui a traversé les siècles. La perte d’une telle cohabitation serait une défaite pour toutes les parties concernées, mais on s’en rend compte d’abord pour les chrétiens : ces Eglises, dont certaines prient encore en araméen, sont pour nous un lien vivant avec Jésus…

    Des musulmans réagissent

    Certains musulmans réagissent. Pour ne prendre qu’un exemple, lorsque la présentatrice de téléjournal irakienne Dalia Al Aqidi porte une croix en signe de solidarité, bien que musulmane, elle accepte de donner sa vie pour les autres…

    La prière: Dieu agit

    Et nous, chrétiens d’Occident ? Si nous restons silencieux, la question n’aura guère d’incidence politique, et on pourra laisser faire ? Pour être honnête, il n’est pas facile de savoir que faire. Nous invitons à la prière, et cela suggère d’emblée une question : « Seulement la prière ? » Dans la prière, nous demandons à Dieu d’agir, et c’est la première chose à faire : il est plus capable que nous !

    Solidarité

    Mais ce que nous faisons nous-mêmes pour aider même matériellement est aussi une réponse à notre prière (Dieu nous envoie), et un signe que nous ne prions pas pour nous débarrasser avec bonne conscience de notre responsabilité. Chacun, à sa place, peut à la fois interpeller les autorités – en montrant que certains se préoccupent encore des chrétiens… - et témoigner de notre solidarité aux chrétiens orientaux que nous rencontrons aussi chez nous.

    + Charles Morerod »

    C’est extrait de la Feuille diocésaine LGF août 2013: le mot de l'évêque Mgr Charles Morerod

    JPSC 

  • Et pourquoi pas le pape François au milieu des réfugiés de Mossoul ?

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    PHO96d14fa4-1742-11e4-8a1a-97e7996d768f-805x453.jpgSi pas le pape, le Cardinal Barbarin  et des représentants de l’Eglise de France s’y trouvent encore ce jeudi. De Jean-Marie Guénois,  dans le « Figaro » ce reportage intitulé : « la colère, le dépit et la résistance des réfugiés chrétiens de Mossoul ":

    « Les chrétiens d'Orient ne sont pas des vestiges vivant à ciel ouvert. Ce sont des femmes et des hommes de sueur, de larmes et de sang. Mercredi, au troisième jour de sa visite dans le nord de l'Irak, la délégation d'évêques français conduite par le cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon, qui termine jeudi à Kirkouk son périple de soutien auxchrétiens chassés de Mossoul, en a fait l'expérience concrète.

    Dans la localité d'Alqosh, Mgr Barbarin, Mgr Michel Dubost, évêque d'Evry et Mgr Pascal Gollnisch, directeur de l'œuvre d'Orient qui a organisé ce voyage de solidarité, ont été témoins d'un dialogue plus que musclé entre ces réfugiés et le patriarche des chaldéens, sa Béatitude Mgr Louis Raphaël Sako. Encore en état de choc, ces gens sont totalement remontés après les humiliations qu'ils ont subies à Mossoul, de la part des islamistes.

    Il y a eu ce témoignage tellement troublant de Attimate, une femme courage, que le traducteur en perd ses moyens et fond d'émotion. Expulsée de sa maison qui appartient désormais au califat islamique, elle raconte comment elle a vu la lame d'un large couteau passer au ras du doigt de son mari pour lui ravir son alliance parce qu'il n'arrivait pas à la retirer… Il s'en est fallu de peu. Mais ce couple n'a plus rien. Sauf les seuls vêtements qu'ils portaient. Voiture, argent, effets personnels, passeports déchirés, ils ont été chassés, dépouillés - parce que chrétiens - par de jeunes loups djihadistes aux accents arabes, selon ces témoins, «parfois irakiens mais le plus souvent afghans, pakistanais, nord-africains».

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  • Le Liban pour les chrétiens d'Irak

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    topic (11).jpgLu sur le site « Aleteia » :

    Peu à peu, le symbole utilisé pour marquer les portes des maisons des chrétiens de Mossoul se répand à travers le monde...

    Nous sommes tous des Nazaréens ! Utilisé comme un message de haine et de mépris par les fanatiques islamistes de l'EEIL, la lettre nûn de l'alphabet arabe devient peu à peu un signe de reconnaissance, un symbole de la fierté d'être chrétien et de solidarité avec les chrétiens d'Irak de par le monde.

    C'est cette fois à la télévision libanaise que le symbole de la lettre nûn (lire notre article quant à sa signification) s'est invité, encore une fois mis en avant par une courageuse femme journaliste. Dima Sadeq, présentatrice vedette de la chaîne d'actualités LBCI, est apparue à l'écran portant un T-shirt frappé de la lettre nûn. "De Mossoul à Beyrouth, nous sommes tous nûn, a-t-ells déclaré juste avant de commenter le journal du soir. "Nous sommes tous des cibles avec un doigt ou une épée pointés sur nous parce que nous sommes différents, en termes de sexe, de religion ou de couleur de peau. Nous sommes tous la cible des meurtriers en ces temps de folie", a-t-elle déclaré devant ses téléspectateurs. Elle suit ainsi l'exemple de la célèbre journaliste irakienne et musulmane Dalia al-Aqidi, dont Aleteia vous parlait récemment (lire notre article Nous sommes tous chrétiens", ose dire à la télévision une célèbre journaliste irakienne musulmane)
     

    Ref. Liban : La présentatrice vedette Dima Sadeq arbore la lettre nûn sur son T-shirt

    JPSC

  • Irak : visite de Mgr Barbarin, Primat des Gaules

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    Le reportage d’Aleteia :

    13_card_fin_emsse (1).jpg« D'Erbil à Qarakosh, à seulement 30 km de Mossoul, Mgr Barbarin est allé à la rencontre des chrétiens d'Irak, et a proposé de jumeler les diocèses de Lyon et Mossoul.

    "Ce qui sert à vous discréditer, je le porte sur moi comme un honneur".Tout au long de ses trois jours sur place, en Irak, le cardinal-archevêque de Lyon n'a pas quitté le ن de "nazaréen" qu'il portait sur son cœur. Avec Mgr Michel Dubost, évêque d'Evry et membre du Conseil pontifical pour les relations inter-religieuses, et Mgr Pascal Gollnisch, directeur général de l'Oeuvre d'Orient, le primat des Gaules était venu apporter son soutien aux chrétiens d'Irak réfugiés, qui ont dû fuir Mossoul après l'ultimatum de l'auto-proclamé Etat Islamique.

    "L'objectif c'est de passer un moment avec des personnes expulsées de chez elles, a expliqué Mgr Barbarin au micro de Mathilde Dehimi, de France Inter. Maintenant je voudrais faire un jumelage entre le diocèse de Lyon et le diocèse de Mossoul. Cela fait 18 siècles qu'il y a des chrétiens à Mossoul ; c'est la première fois depuis 1800 ans qu'il n'y a pas de messe un dimanche à Mossoul, et ça c'est une profonde injustice."

    Venu à la rencontres des chrétiens réfugiés le lundi 28 juillet à Erbil, dans la région du Kurdistan irakien, le cardinal Barbarin avait bien sûr entendu parler de l'annonce faite par le Quai d'Orsay, par laquelle la France se disait prête à accueillir des réfugiés. "Hier, à la cathédrale d'Erbil, tout le monde en parlait. L'asile proposé par la France est beau, mais il va aggraver l'exode des chrétiens plutôt que de les aider à rester. Il vaut mieux partir que de se faire tuer, évidemment. Mais le but n'est pas que tout le monde parte. C'est que l'on arrive à rester et à continuer à vivre ensemble. " "Moi, ce que je demande au gouvernement ? J'aimerais bien que les décisions ne soient pas prises pour des questions de rapport de pouvoir, d'argent et de pétrole entre les grandes puissances, mais qu'elles soient faites en fonction des gens", a confié le cardinal-archevêque de Lyon à France Inter.

    "La dévotion à Notre Dame de Lourdes s'affiche partout, sur les mantilles, remarque Natalia Trouiller, qui a réalisé en temps réel sur les réseaux sociaux le compte-rendu du déplacement tout au long du séjour. Les gens montrent l'ultimatum des jihadistes à Mossoul. Dans cette école du diocèse chaldéen d'Erbil, se pressent tous les notables de Mossoul. Ils ont tout perdu."

    Mardi 30 juillet, protégé par une escorte militaire fortement armée, à seulement 30 km de Mossoul, le cardinal Barbarin a reçu un accueil triomphal dans la cathédrale de Qarakosh. "L'église Notre Dame de Qaraqosh déborde de gens. Youyous, applaudissements, acclamations. On se croirait avec le Christ le jour des rameau", partage sur Twitter la chargée de communication du diocèse de Lyon.L'arrivée à Qaraqosh est incroyable. Une foule innombrable nous attend, nous embrasse, nous acclame. Une vieille femme s'approche de moi, me prend dans ses bras, me bénit au nom de tous les chrétiens de France. Certains me demandent comme amie sur Facebook : prenez de nos nouvelles, ne nous oubliez pas ! Nous quittons Qaraqosh en y laissant notre cœur. Ces gens sont incroyables de beauté et de dignité."

    "Tous les catholiques de France sont ici dans la cathédrale de Qarakosh", a déclaré le cardinal Barbarin sous un tonnerre d'applaudissements de réfugiés. "Je vous fais une promesse : chaque jour, je dirai le "Notre Père" en araméen, jusqu'à ce que vous soyez rentrés à Mossoul", a ainsi déclaré le cardinal Barbarin. "Il faut que les chrétiens restent sur place, ils vivent avc les musulmans depuis des siècles, il ne faut pas perdre cela."

    Alors que les chrétiens d'Irak avaient "édifié, comme dans beaucoup d'autres pays de cette région, un art de vivre ensemble qui est aussi une grande richesse pour l'humanité",

    les familles chrétiennes ont été dépouillées, elles sont partis de Mossoul avec rien. "Cela fait trois fois depuis le début de la guerre que je fuis Mossoul, a confié un réfugié à Natalia Trouiller. Aujourd'hui je veux juste vivre en paix quelque part."

    Pour découvrir d'autres retours sur le voyage en Irak de la délégation de l'Eglise catholique :

    Les reportages de l'envoyé spécial de RCF - Radios Chrétiennes Francophones

    L'article de l'envoyé spécial du Journal La Croix

    - Le cardinal Barbarin sur RMC

    - Le cardinal Barbarin sur RTL

    - Un album photos de la première journée

    Ref. Cardinal Barbarin : "Tous les catholiques de France sont ici, dans la cathédrale de Qarakosh"

    JPSC

  • Les chrétiens d'Irak se sentent abandonnés de tous

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    D'itele

    Se convertir ou partir : l'ultimatum lancé par les djihadistes aux Chrétiens d'Irak a provoqué un exode de cette minorité vers le Sud. Depuis Mossoul, beaucoup ont pris la direction de la capitale espérant des lendemains meilleurs. Les islamistes de l'Etat Islamique en Irak et au Levant désormais aux portes de Bagdad, nombreux sont ceux qui ne savent désormais plus où fuir. La France réfléchit aux moyens d'accueillir des membres de cette communauté persécutée.

  • Ce dimanche 27 juillet à Notre-Dame de Paris : un rassemblement et une messe pour les chrétiens d'Irak

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    topic (7).jpgLu sur le site web « Aleteia » :

    Ce dimanche 27 juillet, la messe de 18h30 à Notre-Dame de Paris sera dédiée à la prière pour la paix. Elle sera précédée d'un rassemblement silencieux à 17 h sur le parvis de la cathédrale. Cette messe sera présidée par Mgr Renauld de Dinechin, évêque auxiliaire de Paris et concélébrée par le Père Sabri Anar, curé de la paroisse chaldéenne Saint-Thomas à Sarcelles (paroisse des chaldéens en Ile-de-France).

    L’Eglise catholique de Paris invite également tous ceux qui le souhaitent à se joindre auparavant à un rassemblement silencieux organisé par le Comité de soutien aux chrétiens d’Irak (CSCI) sur le parvis de Notre-Dame, à 17 h. Les participants sont invités à se munir d’une bougie et/ou d’une feuille de papier marquée de la lettre arabe ﻥ (noûn) en signe de solidarité avec les chrétiens d’Irak (lire notre articlie sur le sens de ce symbole). Lors de la messe à la cathédrale mais aussi dans toutes les paroisses de Paris, les catholiques prieront pour la paix et confieront à Dieu les chrétiens qui portent son Nom dans les pays du Proche et du Moyen-Orient. On lira notamment la prière universelle pour la paix proposée par la Conférence des évêques de France. (voir ici).

    A Lyon, une «messe pour la paix» sera également célébrée à la basilique de Fourvière par le cardinal Philippe Barbarin, qui se rendra le lendemain en Irak pour une visite de trois jours. (voir notre article). Une pétition, à laquelle se sont associées les éditions internationales d'Aleteia, rassemble pour l'instant 200 000 signatures à travers le monde (voir ici pour la signer) "La situation des chrétiens d’Irak s’aggrave de jour en jour, a souligné le Comité de soutien aux chrétiens d’Irak (CSCI) dans un communiqué. Peu de temps après le lancement de l’ultimatum par Abou Bakr Al-Baghdadi, le calife autoproclamé et le marquage de toutes les maisons chrétiennes de la lettre arabe ﻥ (N) qui ont provoqué la fuite des dernières familles chrétiennes, l’État islamique (anciennement EIIL), qui contrôle la ville de Mossoul et les trente églises qu’elle abrite (lire ici).  L’opinion publique française doit se mobiliser immédiatement pour venir en aide à cette population assyro-chaldéenne autochtone, fragilisée et affaiblie, victime, selon Ban Ki-moon, le secrétaire général des Nations unies, d’un véritable « crime contre l’humanité ». (lire notre article à ce sujet)

    « Les crimes haineux de l’État islamique ne sont pas juste commis à l’encontre des chrétiens, mais de toute l’humanité », a affirmé S. B. Raphaël Ier Louis Sako lors d’un office spécial dans l’est de Baghdad, en présence de 200 musulmans solidaires des chrétiens d’Orient. « Les familles chrétiennes ont été jetées hors de chez elles et dépouillées de leurs biens, leurs maisons et leurs propriétés expropriées au nom de l’État Islamique. Cela n’est jamais arrivé dans l’histoire des chrétiens ou de l’islam. Même Gengis Khan ou Hulagun n’ont pas fait cela », a souligné le patriarche catholique chaldéen (voir ici).

    Ref. Notre-Dame de Paris : un rassemblement et une messe dimanche pour les chrétiens d'Irak

    Souhaitons une fois encore que l’Eglise de Belgique sorte à son tour de sa torpeur, qui n’est peut-être pas seulement celle des vacances d’été…

    JPSC 

  • France : mobilisation tous azimuts pour les chrétiens d’Irak

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    noun-nazareen-irak_article.jpgEn ce moment à Mossoul, en Irak, les djihadistes marquent les portes des chrétiens de N à la peinture rouge pour désigner leurs maisons au pillage. N (en arabe « Noun ») comme Nazaréen. En France, le Père Vianney Jamin, prêtre du diocèse de Versailles, a lancé sur Facebook un appel à la prière et au jeûne pour les chrétiens d’Irak. Des manifestations sont également prévues ce week-end à Paris et à Lyon. De son côté, Faraj Benoît Camurat, président de l’association Fraternité en Irak, fait le point sur l’épuration religieuse en cours dans le nord de l’Irak.

    Dans l’hebdomadaire  « Famille Chrétienne » , Pauline Quillon interviewe le P. Vianney Jamin et Faraj Benoît  Camurat :

    Père Vianney Jamin, vous attendiez-vous à une telle mobilisation ?

    Absolument pas. En à peine deux jours, plus de 3 000 personnes ont répondu à l’appel : ils prieront et jeûneront ce vendredi 25 juillet, pour leurs frères persécutés en Irak.

    Ce qui se passe est extraordinaire. Tout est venu d’une suggestion d’une paroissienne dimanche dernier. Lundi, avec l’aide de deux amis, j’ai fait l’affiche et lancé l’événement qui a au moins le mérite de mettre un peu plus les gens au courant et de créer un élan de solidarité envers les chrétiens persécutés.

    Comment réagissent les Irakiens ?

    Ils sont horrifiés par le signe « Noun », que nous reprenons sur nos profils Facebook et Twitter, et qui est infâmant pour le Coran. Nous leur avons expliqué que nous l’arborons comme un signe de solidarité. Si l’étoile juive avait été portée par tous, pendant l’Occupation…

    Ils ont surtout entendu le cœur du message : « Nous prions pour vous ». Ils nous disent cependant que cela ne suffit pas. Qu’il faut soutenir l’Œuvre d’Orient, prier tous les jours, interpeller ceux qui ont du pouvoir.

    Prière, jeûne, manifestations, dons...soutenons les chrétiens d'Irak.

    « Les chrétiens nous demandent d’être vraiment leurs frères »

    Faraj Benoît Camurat, vous êtes président de l’association Fraternité en Irak, pouvez-vous nous donner des précisions sur l’exode des chrétiens hors de Mossoul ?

    Mossoul a fait l’objet d’une véritable épuration religieuse, une épuration planifiée par le califat, qui a d’abord convoqué les chrétiens, et comme ils ne venaient pas, a fait diffuser dans une lettre et par haut-parleurs l’ultimatum.

    Aux check points, les chrétiens ont été reçus par des hommes qui ont mis leur kalachnikov sur la tempe de certains d'entre eux, en ont battus à coups de crosses. Des femmes ont été prévues pour fouiller les femmes chrétiennes. On a arraché leurs boucles d’oreilles et brûlé leurs passeports. Les lieux de mémoire de la chrétienté ont été attaqués : l’archevêché de Mossoul a été incendié, le couvent Saint-Georges occupé. Ces actes symboliques les ont beaucoup ébranlés. Et pour le reste de la population chrétienne en Irak, il s’agit d’un traumatisme énorme.

    Quel sentiment domine aujourd’hui parmi ces chrétiens persécutés ?

    Une forme de désespoir. Beaucoup d’entre eux sont jeunes et n’ont jamais connu que la guerre, les guerres du Golfe, la guerre civile latente. Ils sont épuisés. Surtout depuis 2003, où s’accumulent les tragédies horribles, attentats, enlèvements, assassinats.

    Il y a cependant quelques signes d’espérance. Quand des musulmans se sont interposés contre l’incendie de l’archevêché de Mossoul, malgré la dangerosité des djihadistes. Quand, de façon presque spontanée, des musulmans ont manifesté à la sortie de la messe de Bagdad, dimanche dernier, pour exprimer leur soutien.

    En revanche, les chrétiens se sentent abandonnés par l’Occident. Ce week-end, un acte de purification religieuse a eu lieu et personne n’a osé prendre la parole, ou bien tardivement, pour condamner une violation aussi grave des droits de l’homme. L’Occident détourne le regard et tolère que s’installe un califat à la mode talibane à la porte de l’Europe. La France a une responsabilité, elle doit réagir. Si elle ne l’assume pas, elle en paiera elle-même les frais, plus tard.

    Comment aider les chrétiens d’Irak ?

    Les chrétiens nous demandent d’être vraiment leurs frères. Il est important de leur montrer qu’ils ne sont pas seuls. Je suis très concret. Il faut agir sur place. Fraternité en Irak a lancé une opération Urgence à Ninive, pour fournir en médicaments l’hôpital de Qaraqosh, seul hôpital de la région, et qui est déjà en rupture de stocks. Nous voulons aussi leur fournir des subsistances, et des matériels tout simples, de quoi construire des bâtiments. Que tous les gens qui se sentent concernés donnent, à Fraternité en Irak, ou encore à l’Aide à l’Église en détresse, ou à l’Œuvre d’Orient, qui sont présents sur place.

    Comment jugez-vous la façon dont les réseaux sociaux relayent une information ?

    La mobilisation est belle. Mais il faut prendre garde à ne pas noircir le trait. Certains postent des images de massacre ou de crucifixion. Attention. Ne cédons pas à l’émotion, de crainte de faire grimper la panique en Irak. Nous devons tous être responsables, et ne pas dramatiser une vérité déjà suffisamment horrible. »

    Ref. Mobilisation tous azimuts pour les chrétiens d’Irak

    Une nouvelle fois, les catholiques français montrent qu’ils savent se mobiliser. Et les Belges : aux abonnés absents, comme d’habitude ? JPSC

  • L’Eglise de France solidaire des chrétiens d’Irak

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    « Le cardinal Philippe Barbarin, Mgr Michel Dubost et Mgr Pascal Gollnisch (secrétaire de l’Oeuvre d’Orient)  se rendront du 28 juillet au 1er août prochain en Irak. Ils seront les émissaires de l’Eglise catholique en France auprès des chrétiens d’Orient. Ils seront accueillis par le patriarche chaldéen Mgr Louis-Raphaël Sako. Les trois devraient « signifier la lutte contre l’indifférence doit être permanente. Ils seront priants et acteurs auprès des communautés menacés. (…) Prions pour que cette délégation porte un peu de réconfort et de lumière dans la situation très grave que subissent nos frères en Orient », indique un communiqué de l’Eglise catholique en France.

    A Lyon, un rassemblement en soutien aux chrétiens d’Irak se tiendra samedi place Saint-Jean. Monseigneur Barbarin s’y rendra.

    Au nom des évêques de France, Mgr Pontier, Archevêque de Marseille et Président de la Conférence des évêques de France, appelle les paroisses à s’unir, tout spécialement lors de la prière universelle des messes célébrées les samedi 26 et dimanche 27 juillet, à partir d’une proposition commune. Pour Mgr Pontier,

    « Il s’agit de ne pas perdre cette communion spirituelle avec les communautés chrétiennes locales qui devaient nous accueillir, pour se retrouver ensemble dans la prière pour la paix et manifester la fraternité».

    En principe, Mgr Marc Stenger se rendra en Syrie au nom de la CEF, sur invitation du Patriarche Grégoire III, pour les 150 ans de la Cathédrale grecque-catholique. »

     Lu sur le site de « Riposte catholique », ici : Le cal Barbarin, Mgr Dubost et Mgr Gollnisch en Irak

     Et, pour leur emboîter le pas, qu’attendent NN. SS Guy Harpigny et Léon Lemmens, évêques belges « référendaires pour le dialogue interreligieux » ( voir Fin du ramadan : la lettre de deux évêques et d'un responsable protestant) ?

    JPSC 

    La classe politique française se mobilise également : mobilisation-de-la-classe-politique-pour-les-chretiens-d-irak

  • Le pape François et les Pentecôtistes

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    jpg_1350850.jpgA Caserte,  le 28 juillet prochain, le pape ne rencontrera pas le roi de Naples et des Deux-Siciles mais son ami le pasteur  Giovanni Traettino. Celui-ci  n’est pas catholique mais pentecôtiste. C’est-à-dire qu’il fait partie de l’une de ces communautés chrétiennes qui connaissent l’expansion la plus stupéfiante dans le monde. Le pape rencontre peu à peu leurs dirigeants. De rivaux qu’ils sont, il veut en faire des amis et, pour cela, il va jusqu’à leur demander pardon .

    De Sandro Magister sur son blog « Chiesa » (Extrait)

    «  (…) Cela fait plusieurs mois que Jorge Mario Bergoglio s’est fixé comme objectif de rencontrer cet ami. Déjà, le 15 janvier, il y avait fait allusion devant un groupe de fidèles venus de Caserte, après une audience générale sur la place Saint-Pierre. Il en avait à nouveau parlé le 19 juin, au cours d’une rencontre à Rome avec des pasteurs évangéliques, au nombre desquels se trouvait justement son ami de Caserte, Giovanni Traettino. Il a fait la connaissance de celui-ci en 2006, à l’occasion d’un débat organisé à Buenos Aires auquel lui-même participait en tant qu’archevêque de la capitale argentine.

    En réalité la rencontre à Caserte avec le pasteur Traettino n’est pas un événement isolé, mais elle fait partie d’un effort à plus grande échelle que le pape François fait dans le but de conquérir la sympathie des leaders mondiaux de ces mouvements "evangelical" et pentecôtistes qui, en Amérique latine principalement, sont les plus redoutables concurrents de l’Église catholique, à laquelle ils arrachent des quantités énormes de fidèles. (…)

    Le 4 juin, le pape a longuement rencontré, à la résidence Sainte-Marthe, plusieurs leaders "evangelical" venus des États-Unis, parmi lesquels le célèbre télévangéliste Joel Osteen, le pasteur californien Tim Timmons et le président de l'Evangelical Westmont College, Gayle D. Beebe. Le 24 juin, autre rencontre. Cette fois-là, c’était avec les télévangélistes texans James Robinson et Kenneth Copeland, avec l’évêque Anthony Palmer de la Communion of Evangelical Episcopal Churches, avec les époux John et Carol Arnott de Toronto, et avec d’autres leaders religieux de premier plan. Étaient également présents Geoff Tunnicliffe et Brian C. Stiller, respectivement secrétaire général et "ambassadeur" de la World Evangelical Alliance. La rencontre a duré trois heures et elle s’est poursuivie au cours du déjeuner, pris au réfectoire de la résidence Sainte-Marthe, où le pape, au milieu de grands éclats de rire, a frappé de sa paume celle du pasteur Robinson (voir photo). Copeland et Osteen sont partisans de la "théologie de la prospérité", qui affirme que plus la foi augmente, plus la richesse augmente. Ils sont eux-mêmes très riches et leur mode de vie est très dispendieux. Mais François leur a épargné une prédication sur le thème de la pauvreté.

    Au lieu de cela – d’après ce qu’a raconté l'"ambassadeur" Stiller – le pape leur a déclaré : "Je ne cherche pas à convertir les 'evangelical' au catholicisme. Sur beaucoup de points de doctrine nous ne sommes pas d’accord. Il nous suffit de montrer l'amour de Jésus".

    Toutefois il leur a également dit que son amitié pour le pasteur Traettino lui avait fait comprendre que l’Église catholique, du fait de son imposante présence, fait trop obstacle au développement et au témoignage de ces communautés. Et que c’est pour cette raison aussi qu’il avait eu l’idée de rendre visite à la communauté pentecôtiste de Caserte : "afin de s’excuser pour les difficultés suscitées à la communauté".


    Sous le pontificat de Jean-Paul II et plus encore sous celui de Benoît XVI, les "evangelical" américains, généralement plutôt conservateurs, avaient atténué leur traditionnel antipapisme et ils avaient trouvé des moments de rencontre avec l’Église catholique dans la bataille commune pour la défense de la liberté religieuse, de la vie et de la famille.

    Mais le pape François n’a pas évoqué ces questions dans les entretiens qu’il a eus au cours de ces dernières semaines… »

     Ref. L'ami secret de François à Caserte

     Vu d’Europe, ces grandes effusions paraissent étranges. C’est que François est un Argentin et les évangéliques constituent le segment religieux qui a le plus augmenté en Amérique du Sud. Ainsi, au Brésil, ils sont passés de 26,2 à 42,3 millions de personnes, Parallèlement, le nombre de catholiques n’a cessé de chuter, en particulier dans les grandes villes et dans les régions les plus pauvres, au bénéfice des évangéliques. Dialogue œcuménique oblige, c’est donc avec ces « evangelicals » qu’il faut dépasser les clivages.

     Après l’engouement pour la théologie de la libération, qui est aujourd’hui passée de mode,  le catholicisme post-conciliaire sud-américain s’est lancé dans la pastorale de style « pentecôtiste » Il en récolte maintenant les fruits amers : pourquoi en effet acheter la copie alors qu’on peut disposer de l’original ?  Et si l’on commençait par être soi-même. A cet égard, le catholicisme africain pourrait donner de bonnes leçons aux « maîtres à penser » de l’Eglise d’Amérique latine. JPSC.

  • Chrétiens d’Irak : la mélodie du silence

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    Les islamistes ont chassé les chaldéens de Mossoul. L'avenir des chrétiens d'Irak est plus incertain que jamais, s'inquiète Marc Fromager sur « Figarovox ». Marc Fromager est directeur de l'Aide à l'Eglise en Détresse, et rédacteur en chef de L'Eglise dans le Monde. Il est également l'auteur de Chrétiens en danger, vingt raisons d'espérer (EDB) 

    PHO662dfeda-10ec-11e4-b751-c20a30bf2938-805x453 (1).jpg« FigaroVox: Depuis la prise de Mossoul par les islamistes d'EEIL, comment a évolué la situation des chrétiens d'Irak?

    MARC FROMAGER: La communauté chrétienne d'Irak est purement et simplement menacée d'extinction. Depuis l'invasion américaine de 2003, la situation n'a cessé de se dégrader pour les chrétiens dans ce pays. Avec la prise deMossoul par les islamistes, le 10 juin, on a franchi une étape supplémentaire. La menace est devenue frontale pour les chaldéens, d'autant que de nombreux villages chrétiens se trouvent à proximité de Mossoul. Le 17 juin, l'EIIL a ordonné aux derniers chrétiens de la ville de devenir musulmans, ou bien d'accepter le statut de dhimmi, qui oblige au paiement d'un impôt de «protection» ou bien de quitter la ville avant le 19 juillet à midi. Leurs maisons ont été marquées de la lettre N -nazara en arabe qui désigne les chrétiens-, et confisquées. Les chrétiens de Mossoul contraints à l'exode ont dû abandonner tous leurs biens, confisqués par les islamistes. A Bagdad, il y a encore des chrétiens, mais la situation est devenue chaotique. Reste la partie kurde du pays où les chrétiens bénéficient, pour le moment, d'une sécurité relative.

    Mossoul était-elle une des plus anciennes villes chrétiennes du monde? Depuis quand les chrétiens sont-ils présents en Irak?

    Le christianisme s'est largement répandu au Moyen-Orient, où il est né. Il y a eu des chrétiens dans l'actuelle Irak très certainement dès les semaines qui ont suivi la Pentecôte, c'est-à-dire aux tout débuts du christianisme. L'apôtre Saint Thomas est passé là. Il y avait d'ailleurs une relique de lui à Mossoul, qui est l'ancienne Ninive de la Bible. Avec Antioche et Damas, Mossoul abritait probablement une des plus importantes communautés chrétiennes de l'époque. Un des titres de gloire de Mossoul pour les chrétiens, est d'avoir eu comme évêque Saint Isaac le Syrien -même s'il est né dans le territoire actuel du Qatar-, encore appelé Saint Isaac de Ninive.

    La communauté chrétienne d'Irak est purement et simplement menacée d'extinction. Face à la poussée de l'islamisme radical, peut-on craindre à long terme une disparition définitive des chrétiens d'Orient?

    Lorsque l'on évoque cette possibilité, on est en général taxé de dépressif ou de vautour. Les sceptiques sous-entendent que l'on brandit cette éventualité afin de susciter la générosité des donateurs ou encore pour jeter de l'huile sur le feu en illustrant l'apparente inutilité du dialogue interreligieux. Or, si l'on regarde les chiffres, la proportion des chrétiens au Moyen-Orient n'a cessé de baisser depuis l'arrivée de l'islam. Et cette diminution n'a fait que s'accélérer tout au long du XXème siècle, et en particulier ces vingt-cinq dernières années. Malgré les déclarations optimistes ou encourageantes des autorités ecclésiastiques locales - et on comprend qu'elles ne veuillent pas accroître la tentation déjà lancinante de l'exil-, l'éventualité d'une disparition totale des chrétiens au Moyen-Orient ne cesse de se renforcer. Certes, il reste encore des millions de chrétiens en Egypte et on les imagine difficilement disparaître dans un avenir proche. Mais il est vrai qu'en Irak et peut-être demain en Syrie, le scénario devient chaque jour plus probable. Parallèlement et de manière paradoxale, il y a de plus en plus de chrétiens étrangers -en général indiens ou philippins- au Moyen-Orient. On compte ainsi un million et demi de catholiques en Arabie Saoudite, alors que les chrétiens avaient disparu de ce pays pendant quatorze siècles. Mais ce sont des travailleurs venus d'Asie et non des chrétiens d'Orient. Ils ne resteront pas dans la région.

    Alors que le monde entier a les yeux rivés vers la Palestine, le sort des chrétiens d'Orient semble susciter moins de mobilisation dans l'opinion occidentale. Comment expliquer cette indifférence?Lorsqu'il s'agit de persécutions antichrétiennes, c'est la mélodie du silence ! Est-ce parce que le christianisme n'est plus censé faire partie de la sphère publique ? Faut-il y voir un lien avec le rejet de nos racines et de notre identité ?

    C'est un grand mystère! Il ne s'agit pas que des chrétiens d'Orient. D'une manière générale, le sort des chrétiens dans le monde n'intéresse personne. Lorsqu'il s'agit de persécutions antichrétiennes, c'est la mélodie du silence! Est-ce parce que le christianisme n'est plus censé faire partie de la sphère publique? Faut-il y voir un lien avec le rejet de nos racines et de notre identité? Les chrétiens ne font-ils pas le poids face à des intérêts supérieurs, en général énergétiques ou financiers? Le plus surprenant, c'est que même l'Eglise, hormis le Pape François qui en parle de plus en plus, semble anesthésiée sur cette question. Est-ce par considération mystique, l'Eglise étant appelée à suivre le Christ jusque dans sa passion? Est-ce par humilité (ne parlons pas de nous) ou une charité déplacée (ne parlons pas de persécution, cela signifierait qu'il y a des persécuteurs)? Ou considère-t-on simplement qu'il n'y a plus rien à faire pour les chrétiens dans le monde?

    Face à leur situation tragique, que peut faire l'Occident pour aider les chrétiens d'Orient?

    Il faut d'abord en parler. Même si on n'est pas chrétien, on ne devrait pas pouvoir rester insensible à ces menaces d'extermination. La seconde urgence est que les pouvoirs publics français et européens expriment de manière ferme et constante notre indignation extrême face à ce drame. Le message est simple: ces persécutions ne sont pas pas acceptables! Pour éviter de prêter le flanc à l'accusation de partir en croisade, on pourrait placer cette exhortation sur le plan de la liberté religieuse en la revendiquant pour tous. A Mossoul, les maisons des chiites aussi ont été marquées par les islamistes. C'est également intolérable. »

    JPSC

  • Signe d'espérance: une nouvelle église construite à Bagdad

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