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BELGICATHO - Page 1324

  • Quand Benoît XVI magnifiait l’Assomption de Marie

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    Homélie de la messe du lundi 15 août 2005 prononcée par Benoît XVI dans l’église de la paroisse pontificale « San Tommaso da Villanova » de Castelgandolfo :

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    «  […]

    Marie a été élevée au ciel corps et âme:  même pour le corps, il y a une place en Dieu. Le ciel n'est plus pour nous un domaine très éloigné et inconnu. Dans le ciel, nous avons une mère. C'est la Mère de Dieu, la Mère du Fils de Dieu, c'est notre Mère. Lui-même l'a dit. Il en a fait notre Mère, lorsqu'il a dit au disciple et à nous tous:  "Voici ta Mère!". Dans le ciel, nous avons une Mère. Le ciel s'est ouvert, le ciel a un coeur.

    Dans l'Evangile, nous avons entendu le Magnificat, cette grande poésie qui s'est élevée des lèvres, et plus encore du coeur de Marie, inspirée par l'Esprit Saint. Dans ce chant merveilleux se reflète toute l'âme, toute la personnalité de Marie. Nous pouvons dire que son chant est un portrait, une véritable icône de Marie, dans laquelle nous pouvons la voir exactement telle qu'elle est. Je voudrais souligner uniquement deux points de ce grand chant. Celui-ci commence par la parole "Magnificat":  mon âme "magnifie" le Seigneur, c'est-à-dire "proclame la grandeur" du Seigneur. Marie désire que Dieu soit grand dans le monde, soit grand dans sa vie, soit présent parmi nous tous. Elle n'a pas peur que Dieu puisse être un "concurrent" dans notre vie, qu'il puisse ôter quelque chose de notre liberté, de notre espace vital, par sa grandeur. Elle sait que si Dieu est grand, nous aussi, nous sommes grands. Notre vie n'est pas opprimée, mais est élevée et élargie:  ce n'est qu'alors qu'elle devient grande dans la splendeur de Dieu.

    Le fait que nos ancêtres pensaient le contraire, constitua le noyau du péché originel. Ils craignaient que si Dieu avait été trop grand, il aurait ôté quelque chose à leur vie. Ils pensaient devoir mettre Dieu de côté pour avoir de la place pour eux-mêmes. Telle a été également la grande tentation de l'époque moderne, des trois ou quatre derniers  siècles.  On a toujours plus pensé et dit:  "Mais ce Dieu ne nous laisse pas notre liberté, il rend étroit l'espace de notre vie avec tous ses commandements. Dieu doit donc disparaître; nous voulons être autonomes, indépendants. Sans ce Dieu, nous serons nous-mêmes des dieux, et nous ferons ce que nous voulons". Telle était également la pensée du fils prodigue, qui ne comprit pas que, précisément en vertu du fait d'être dans la maison du père, il était "libre". Il partit dans des pays lointains et consuma la substance de sa vie. A la fin, il comprit que, précisément parce qu'il s'était éloigné du père, au lieu d'être libre, il était devenu esclave; il comprit que ce n'est qu'en retournant à la maison du Père qu'il pouvait être véritablement libre, dans toute la splendeur de la vie. Il en est de même à l'époque moderne. Avant, on pensait et on croyait que, ayant mis Dieu de côté et étant autonomes, en suivant uniquement nos idées, notre volonté, nous serions devenus réellement libres, nous aurions pu faire ce que nous voulions sans que personne ne nous donne aucun ordre. Mais là où Dieu disparaît, l'homme ne devient pas plus grand; il perd au contraire sa dignité divine, il perd la splendeur de Dieu sur son visage. A la fin, il n'apparaît plus que le produit d'une évolution aveugle, et, en tant que tel, il peut être usé et abusé. C'est précisément ce que l'expérience de notre époque a confirmé.

    Ce n'est que si Dieu est grand que l'homme est également grand. Avec Marie, nous devons commencer à comprendre cela. Nous ne devons pas nous éloigner de Dieu, mais rendre Dieu présent; faire en sorte qu'Il soit grand dans notre vie; ainsi, nous aussi, nous devenons divins; toute la splendeur de la dignité divine nous appartient alors. Appliquons cela à notre vie. Il est important que Dieu soit grand parmi nous, dans la vie publique et dans la vie privée. Dans la vie publique, il est important que Dieu soit présent, par exemple, à travers la Croix, dans les édifices publics, que Dieu soit présent dans notre vie commune, car ce n'est que si Dieu est présent que nous pouvons suivre une orientation, une route commune; autrement, les différences deviennent inconciliables, car il n'existe pas de reconnaissance de notre dignité commune. Rendons Dieu grand dans la vie publique et dans la vie privée. Cela veut dire laisser chaque jour un espace à Dieu dans notre vie, en commençant le matin par la prière, puis en réservant du temps à Dieu, en consacrant le dimanche à Dieu. Nous ne perdons pas notre temps libre si nous l'offrons à Dieu. Si Dieu entre dans notre temps, tout notre temps devient plus grand, plus ample, plus riche.

    Une seconde observation. Cette poésie de Marie - le Magnificat - est entièrement originale; toutefois, elle est, dans le même temps, un "tissu" composé à partir de "fils" de l'Ancien Testament, à partir de la Parole de Dieu. Et ainsi, nous voyons que Marie était, pour ainsi dire, "chez elle" dans la Parole de Dieu, elle vivait de la Parole de Dieu, elle était pénétrée de la Parole de Dieu. Dans la mesure où elle parlait avec les paroles de Dieu, elle pensait avec les paroles de Dieu, ses pensées étaient les pensées de Dieu. Ses paroles étaient les paroles de Dieu. Elle était pénétrée par la lumière divine et c'est la raison pour laquelle elle était aussi resplendissante,  aussi  bonne,  aussi rayonnante, d'amour et de bonté. Marie vit de la Parole de Dieu, elle est imprégnée de la Parole de Dieu. Et le fait d'être plongée dans la Parole de Dieu, le fait que la Parole de Dieu lui est totalement familière, lui confère également la lumière intérieure de la sagesse. Celui qui pense avec Dieu pense bien, et celui qui parle avec Dieu parle bien. Il possède des critères de jugement valables pour toutes les choses du monde. Il devient savant, sage, et, dans le même temps, bon; il devient également fort et courageux, grâce à la force de Dieu qui résiste au mal et promeut le bien dans le monde. 

    Et ainsi, Marie parle avec nous, elle nous parle, elle nous invite à connaître la Parole de Dieu, à aimer la Parole de Dieu à vivre avec la Parole de Dieu et à penser avec la Parole de Dieu. Et nous pouvons le faire de façons très diverses:  en lisant l'Ecriture Sainte, en particulier en participant à la Liturgie, dans laquelle, au cours de l'année, la Sainte Eglise nous présente tout le livre de l'Ecriture Sainte. Elle l'ouvre à notre vie et le rend présent dans notre vie. Mais je pense également au "Compendium du Catéchisme de l'Eglise catholique", que nous avons récemment publié, et dans lequel la Parole de Dieu est appliquée à notre vie, interprète la réalité de notre vie, nous aide à entrer dans le grand "temple" de la Parole de Dieu, à apprendre à l'aimer et à être, comme Marie, pénétrés par cette Parole. Ainsi la vie devient lumineuse et nous possédons un critère de base pour notre jugement, nous recevons en même temps la bonté et la force. 

    Marie est élevée corps et âme à la gloire du ciel et avec Dieu et en Dieu, elle est Reine du ciel et de la terre. Est-elle si éloignée de nous? Bien au contraire. Précisément parce qu'elle est avec Dieu et en Dieu, elle est très proche de chacun de nous. Lorsqu'elle était sur terre, elle ne pouvait être proche que de quelques personnes. Etant en Dieu, qui est proche de nous, qui est même "à l'intérieur" de nous tous, Marie participe à cette proximité de Dieu. Etant en Dieu et avec Dieu, elle est proche de chacun de nous, elle connaît notre coeur, elle peut entendre nos prières, elle peut nous aider par sa bonté maternelle et elle nous est donnée - comme le dit le Seigneur, - précisément comme "mère", à laquelle nous pouvons nous adresser à tout moment. Elle nous écoute toujours, elle est toujours proche de nous, et, étant la Mère du Fils, elle participe de la puissance du Fils, de sa bonté. Nous pouvons toujours confier toute notre vie à cette Mère, qui est proche de tous.

    Rendons grâce au Seigneur, en ce jour de fête, pour le don de la Mère et prions Marie, afin qu'elle nous aide à trouver le bon chemin chaque jour. Amen.

    ICI

    Voir aussi : Le 15 août 2016 à 10h: fête de l'assomption à l'église du Saint-Sacrement à Liège

    JPSC

  • Retour sur les propos controversés du pape sur le terrorisme, l’islam et la violence religieuse

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    De Philippe de Saint-Germain sur son blog Conscientia :

    Un anti-terrorisme chrétien : le pape François, la violence et la religion

    Retour sur les propos controversés du pape sur le terrorisme, l’islam et la violence religieuse. Des propos qui s’inscrivent dans la droite ligne de la pensée et de la diplomatie catholiques la plus récente, de Pie XII à Benoît XVI.

    PF-Krakow
    CE N’EST PAS LA PREMIERE FOIS qu’un pape provoque un tollé dans un avion. En parlant de la violence des catholiques à propos du terrorisme islamique, le pape François n’a pas fait dans la dentelle. Benoît XVI en route vers l’Afrique n’avait pas fait moins, en doutant des effets positifs du préservatif. Le monde entier avait crié au scandale. Ce qui est nouveau avec le pape François, c’est que de nombreux chrétiens ont joint leurs voix au concert des indignés.

    Penser le pape tel qu’il est

    Dans un contexte de guerre — c’est le pape qui le dit — et juste après une série d’attentats terroristes et l’assassinat odieux d’un prêtre sur son autel, les nerfs sont à vif, et il est difficile de prendre de la distance.On peut déplorer les propos abrupts du pape, leur trouver de la « confusion », un impact négatif. Mais si les catholiques ne font pas l’effort de comprendre et relayer sa démarche dans son intention profonde, qui le fera ? Ce pape a son style, sa méthode et il dérange. Ce qu’a dit Rémi Brague de l’islam — ne pas penser cette religion sur le modèle du christianisme — peut s’appliquer à François : ne pas le penser sur le modèle des autres papes. Ses prédécesseurs étaient des universitaires, pas lui. Il n’en est pas moins pape, chef de l’Église catholique élu par les cardinaux pour être lui-même, et non le clone d’un autre. Pour le comprendre, dût-on réfléchir, il faut l’entendre en catholique, c’est-à-dire à la lumière de la tradition et de l’enseignement de ses prédécesseurs. Par exemple Jean-Paul II à Casablanca (1985), Benoît XVI à Ratisbonne (2006). C’est une question de pure hygiène intellectuelle et spirituelle.Ensuite, il faut recevoir ses paroles comme pape, avec ses grâces d’état de pape, et non comme un chef politique ou un chef militaire. Et si un doute survient, s’appliquer à saisir ses paroles en lien avec ce qu’il a dit lui-même de la question en totalité, préférer se taire plutôt que de le critiquer publiquement, et toujours s’interroger sur ce qui est pertinent dans sa réaction pour l’Église et pour le monde.

    Qu’a voulu dire le pape François ?

    Interrogé sur les attentats commis au nom de l’islam, le pape François a donné deux réponses qui ont choqué : 1/ l’islam ne peut être identifié au terrorisme ; 2/ la violence est partout, y compris chez les catholiques. On a compris : le gendre catholique qui tue sa belle-mère par ressentiment est aussi salaud que l’assassin du père Hamel au nom de l’islam. Autrement dit, le terrorisme islamiste est relatif. Le mal moral du chrétien qui trahit l’Évangile est de même nature que le crime de celui qui tue au nom de la religion.Le pape n’a pas dit cela. L’universitaire Jean-Marie Salamito a fait remarquer qu’on avait mal traduit les propos du pape : violenza islamica ne signifie pas en italien violence islamique, mais violence des musulmans. Le pape ne fait donc pas un parallèle entre une violence qui serait issue d’une religion avec la violence issue d’une autre religion ; il rapproche simplement la violence des hommes, certains se recommandant certes d’une religion, et d’autres non, mais pour signifier que la violence est d’abord dans le cœur de tous les hommes. Son message principal est constant : ce n’est pas la religion qui tue. Et invoquer telle religion comme cause de la violence va contribuer à entretenir le mal, à jeter la suspicion sur une cause du mal qui va se retourner contre tout le monde (et donc au passage contre les chrétiens), et surtout à exacerber les tensions, notamment chez ceux-là mêmes qu’il s’agit d’apaiser.

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  • Erdogan, premier dictateur «national-islamiste» ?

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    Erdogan.jpgAdieu l’hypothèse d’un Etat passerelle entre deux mondes, l’Islam et l’Occident : la Turquie identitaire et autoritaire d’Erdogan jouera sa partie géopolitique comme successeur de l’ancien empire ottoman. Un entretien de FigaroVox avec Caroline Galacteros :

    FIGAROVOX/ENTRETIEN - C'est une foule gigantesque qui s'est rassemblée ce dimanche autour d'Erdogan. Pour Caroline Galactéros, l'Occident n'a pas voulu voir l'implantation d'un «national-islamisme» conquérant aux portes de l'Europe, qui montre aujourd'hui son vrai visage.

    Docteur en science politique et colonel au sein de la réserve opérationnelle des Armées, Caroline Galactéros dirige le cabinet d'intelligence stratégique «Planeting». Auteur du blog Bouger Les Lignes, elle a publié Manières du monde. Manières de guerre (Nuvis, 2013) et Guerre, Technologie et société (Nuvis, 2014).

    FIGAROVOX. - Une marée humaine de centaines de milliers de Turcs arborant des drapeaux rouges a déferlé sur la grande esplanade de Yenikapi à Istanbul pour célébrer la démocratie turque et ses martyrs morts lors du coup d'Etat manqué. Que vous inspirent ces images?

    Caroline GALACTEROS. - Une grande inquiétude. Sur le degré de claire conscience du peuple turc concernant les évènements depuis trois semaines, sur la facilité avec laquelle le président Erdogan a imposé une interprétation parfaitement fallacieuse des évènements, osant prétendre «sauver la démocratie» alors que sa purge méthodique est en train d'en extirper toutes les racines pour longtemps. Soit la population est tombée dans le piège des mots et de la démonstration de fermeté du pouvoir face à un putsch d'ailleurs fort mal monté et soigneusement éventé (via les Russes et peut-être même les Iraniens) ; soit - je penche plutôt pour cette seconde hypothèse -, en regardant ces images, nous prenons (bien trop tard) la mesure de la force de l'imprégnation islamiste de la société turque. L'AKP est au pouvoir depuis 2002. Il lui aura fallu moins de 15 ans pour transformer une société profondément laïque et tournée vers l'Occident (l'armée turque étant la garante sourcilleuse de cette laïcité!) et aspirant à un rapprochement avec l'Europe en un peuple fortement islamisé (surtout dans ses couches populaires mais aussi désormais dans une partie de ses élites) ; un peuple que sa «frustration européenne» a convaincu que l'avenir était pour lui à l'Est, vers l'Asie (notamment centrale), vers le Moyen-Orient et vers un islamisme assumé comme véhicule d'une stratégie d'influence régionale et globale offensive.

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  • Le cardinal Sarah rappelle ce qu'est la sainte liturgie

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    Lettre 554 du 10 Août 2016 de Paix Liturgique

    CARDINAL SARAH (1) : QU’EST-CE QUE LA SAINTE LITURGIE ?

    Le 5 juillet 2016, le cardinal Robert Sarah, Préfet de la Congrégation du Culte divin et de la Discipline des sacrements, a prononcé une allocution, qui était la conférence inaugurale des journées Sacra Liturgia 2016, organisées cette année à Londres, et présidées par Mgr Dominique Rey, évêque de Fréjus-Toulon.

    Cette allocution du plus haut intérêt, pourrait être qualifiée de ratzinguérienne et même de méta-ratzinguérienne, avec des inflexions personnelles importantes. Le cardinal Sarah y déploie un véritable programme pour reconsidérer la liturgie de Vatican II. Il s’y livre :
    - à une réflexion sur l’esprit de la liturgie ;
    - à une interprétation selon une herméneutique de continuité de la constitution conciliaire Sacrosanctum Concilium sur la liturgie ;
    - à une critique mesurée du travail de réforme qui a suivi et à une condamnation claire des abus qui se sont alors répandus ;
    - il pose ensuite les principes de restauration liturgique nécessaires à une mise en œuvre plus fidèle de Sacrosanctum Concilium dans le contexte actuel ;
    - enfin, il lance un appel à ses frères prêtres et évêques pour qu'ils orientent leur célébration des saints mystères vers le Seigneur.

    Cette invitation à célébrer versus Deum a fait l'effet d'une véritable bombe : non seulement elle concerne tous les prêtres et évêques mais, surtout, comporte surtout une échéance précise, celle du premier dimanche de l’Avent !

    De fait, cette conférence a déclenché des réactions ulcérées. À commencer par celle du cardinal Nichols, archevêque de Westminster, diocèse sur le territoire duquel se tenait la conférence, qui adressa aussitôt une lettre à ses prêtres pour les enjoindre à ne pas suivre l’invitation du cardinal Sarah (la majorité des participants à Sacra Liturgia 2016 étaient des prêtres diocésains). Reçu par le Pape François le 9 juillet, à son retour de Londres, le cardinal Sarah fut l'objet, le 11 juillet, d'un stupéfiant communiqué de la Salle de Presse vaticane spécifiant qu'il « n’est pas prévu de nouvelles directives liturgiques à partir du début de la prochaine année liturgique, comme certains l’ont improprement déduit des paroles du Cardinal Sarah ». Pourtant, le même jour, le cardinal Sarah, fort du mandat de « ministre de la liturgie » qu’il tient du Pape, maintenait son appel en publiant sur le site de Sacra Liturgia le « texte officiel » et intégral de son discours de Londres.

    Au-delà de cet appel, il n'est pas exagéré de dire que l’ensemble du texte du cardinal Sarah revêt une dimension historique dans le déroulement de l’après-Concile, se situant résolument dans la ligne de l’Entretien sur la foi donné par le cardinal Ratzinger à Vittorio Messori (Fayard, 1985) et de tout l’enseignement de Joseph Ratzinger, et ensuite du Pape Benoît XVI, sur la liturgie. Avec, chez le disciple, une détermination qu’on ne trouvait pas toujours chez le maître.

    Il nous a paru important de vous proposer, au cours de ce mois d’août, l’essentiel de ce texte dont l’intitulé – « Vers une authentique mise en œuvre de Sacrosanctum Concilium » – exprime bien l’idée maîtresse de ces journées liturgiques inaugurées par le cardinal Sarah. Nous le ferons en cinq livraisons correspondant aux grandes articulations de ce discours :

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  • PokémonGo ? Non, JésusGo !

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    Du blog jeunes-cathos.fr :

    JésusGo !!

    Père François Triquet est prêtre du diocèse de Cambrai et auteur du «Journal d’un jeune prêtre » sur Jeunes Cathos blog. Il réagit aujourd’hui au phénomène PokémonGo.

    mont saint michel -

    Il y a quelques jours, je me promenais dans les rues du Mont Saint Michel, ce lieu rempli d’histoire et de spiritualité… Après quelques minutes de déambulation dans les petites rues du Mont, mon regard est attiré sur les personnes qui m’entourent : une majorité a les yeux scotchés sur l’écran de leur téléphone. Alors que nous sommes sur un site remarquable, que la beauté des maisons, de l’abbaye s’offre à nous, alors que la nature qui nous entoure nous fait le cadeau de couleurs magnifiques, bleu du ciel, bleu de la mer…, ces hommes et ces femmes, ces enfants, ces jeunes, ces adultes, ont les yeux collés sur leur téléphone… Que font ils ? Suivent-ils une visite commentée via une application pour mieux percer les mystères du Mont ? Filment-ils leur visite afin de partager avec leurs proche à leurs retours ? Je les observe. Rien de cela, ils recherchent des Pokémon ! Ils ont fait des kilomètres pour arriver sur ce lieu merveilleux rempli d’histoire et ils errent dans les rues à la recherche de bêtes virtuelles en oubliant le lieu où ils sont… Que retiendront ils de leur visite ? Le nombre de Pokémon attrapés ?

    Et je ne parle pas des personnes qui se rendent à l’ossuaire de Douaumont en quête de ces bêtes virtuels (comme l’a relaté la presse ce mois d’août) en oubliant la mémoire de ces hommes dont ils marchent aveuglement sur leurs tombes…

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  • Autriche : volte-face du cardinal Schönborn sur les migrants

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    Non, il ne s'agit pas d'une relecture de l'exhortation papale "Amoris laetitia" dont il serait l'exégète privilégié: l'archevêque de Vienne fait pour l'instant son autocritique sur l'accueil des réfugiés islamiques du Proche-Orient en Autriche. Lu sur le site "Aleteia":

    « Alors que l’Allemagne est à son tour prise pour cible par l’Etat islamique depuis l’attentat à la hache dans un train en Bavière, le cardinal et archevêque de Vienne s’est exprimé au sujet des problèmes posés par les politiques d’intégration des réfugiés en Autriche. 

    Une différence de culture

    Comme l’explique cet article du site katholisch.de, le cardinal Schönborn souhaite « se corriger quelque peu » concernant ses affirmations sur la politique d’asile. À de nombreuses reprises, il avait en effet comparé l’arrivée des réfugiés en Allemagne à l’accueil en d’autres époques, de populations immigrées venant de Hongrie ou de République Tchèque par l’Autriche. Il avait ainsi critiqué les restrictions récentes du droit d’asile mises en place dans son pays afin de lutter contre certains abus.

    « Mais il y a une différence » a expliqué ce dominicain, « ces réfugiés étaient tous européens, ils avaient à peu près la même culture, pour beaucoup la même religion. Même l’intégration des Bosniens, pour beaucoup des musulmans, est allée bien plus vite grâce à une grande proximité culturelle ». Or il s’agit aujourd’hui d’une immigration qui vient du Proche-Orient et « il y a là une différence culturelle et religieuse qui est un facteur de préoccupation ».

    La crainte du terrorisme  

    Le fait qu’une profonde volonté d’aider les migrants laisse place aujourd’hui en Autriche à un refus doublé de haine est expliqué par l’archevêque par les nombreuses craintes de ses habitants, tant par rapport à l’aspect social qu’à celui du terrorisme. L’Autriche est passée petit à petit d’une société prospère à une société dans laquelle tout devient de plus en plus difficile pour tout le monde. « J’ai grandi dans une société qui allait mieux d’année en année », affirme-t-il, alors que la génération actuelle « voit ses perspectives d’avenir se détériorer ».  Quant au potentiel d’actes violents commis au nom de la religion, le cardinal Schönborn réclame « un positionnement le plus clair possible des autorités musulmanes » puisque « que ce soit justifié ou non, la terreur a aujourd’hui une étiquette islamiste

    Ref. Autriche : volte-face du cardinal Schönborn sur les migrants

    JPSC

  • L'héroïsme discret de la génération Vatican II

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    De Roland Hureaux sur Figaro Vox (lefigaro.fr) :

    Le père Jacques Hamel ou l'héroïsme discret de la génération Vatican II

    FIGAROVOX/ANALYSE - Cette semaine ont eu lieu les funérailles du père Jacques Hamel. Pour Roland Hureaux, son personnage était remarquable de simplicité, à l'image de cette génération de prêtres qui a traversé en toute discrétion un demi-siècle de déchristianisation du pays.


    Agrégé d'histoire, énarque et normalien, Roland Hureaux est haut-fonctionnaire et essayiste. Il a notamment publié La grande démolition, la France cassée par les réformes (Buchet-Chastel, 2012).


    Les Français n'ont pas été seulement émus par les atroces circonstances du meurtre du père Jacques Hamel dans son église de Saint-Etienne-du-Rouvray. Ils l'ont été aussi par le caractère de ce prêtre ou plutôt par son absence apparente de caractère distinctif, par sa simplicité au sens le plus ordinaire du terme.

    Meurtre atroce. Les chrétiens n'ont pas l'habitude de gémir sur les misères qu'on leur fait car ils ont la culture du martyre. Le Christ les a prévenus: «Vous serez haïs de tous à cause de mon nom» (Mt 10, 22), «Si le monde vous hait, sachez qu'il m'a haï avant vous (…)» (Jean 15, 18, 20). Et ils connaissent ce mot de Tertullien: «le sang des martyrs est la semence des chrétiens». En un sens, la mort du père Hamel est pour lui une apothéose: égorgé en pleine messe, dans son église, sur l'autel, comme l'Agneau de Dieu dont il célébrait le sacrifice, à 85 ans, après une vie de prêtre accomplie!

    Mais le plus émouvant est que, à ce que l'on sait, le père Hamel est un prêtre comme il y en a eu des centaines dans sa génération. Une génération qui a vu, sans doute avec douleur, la déchristianisation massive de la France, la raréfaction des vocations, des charges de plus en plus lourdes pour une population de plus en plus indifférente. Qui a vu aussi, à la suite du Concile Vatican II, la simplification du culte que certains tiennent pour un appauvrissement ou une banalisation. La paroisse de Saint-Etienne-du-Rouvray est assez emblématique de la déréliction d'une grande partie de cette France qui fut chrétienne. C'est une paroisse de banlieue ouvrière, déchristianisée, dominée d'abord par le parti communiste, puis par l'islam. Les catholiques n'y sont qu'une faible minorité.

    Le statut social des prêtres n'est plus ce qu'il était. La société leur demande de garder profil bas, de dire la messe «en faisant vite, en se cachant, pour ne pas déranger les gens», selon le mot de Georges Brassens, ce «bouffeur de curés» que le sort du père Hamel aurait sans doute ému. On demande seulement à ces prêtres d'être des braves gens, ce qu'ils sont, pas toujours reconnus à leur juste valeur. Le père Hamel disait une messe habituelle de semaine avec six fidèles dont trois bonnes sœurs, âgées elles aussi. Une messe en français, sans pompe, sans chants extraordinaires, sans extase pendant l'eucharistie comme on en a prêté auPadre Pio. Bref, selon l'expression consacrée, l' «ordinaire de la messe».

    De ce sacerdoce postconciliaire dépourvu d'éclat, le père Hamel ne se sera écarté que sur un point: il n'avait pas voulu prendre de retraite. Au motif que les prêtres seraient des «travailleurs comme les autres», les évêques de France ont pris l'habitude de les mettre à pied ou à en maison de retraite passé un certain âge. Comme si les règles syndicales s'appliquaient aussi aux hommes de Dieu. Le père Hamel, lui, a voulu servir jusqu'au bout, même dans un rôle subalterne: c'était sa gloire. Fort modeste au demeurant. Il n'oubliait sans doute pas que prêtre, presbyteros, signifie en grec l'«ancien».

    C'est un signe paradoxal de la Providence que le martyre soit tombé sur un prêtre aussi simple. On peut penser que du haut de sa toute puissance, Dieu a vu ce qu'avait eu d'héroïque cette génération postconciliaire que tant d'esprits forts prennent de haut. Une génération qui n'a sans doute pas fait d'éclat, qui n'a renversé aucune tendance de fond, mais qui a tenu le poste dans des temps qui furent peut-être parmi les plus difficiles de l'histoire de l'Eglise.

    Un signe pour les mauvais chrétiens que nous sommes, trop souvent portés à l'arrogance et au mépris devant la grisaille. Un signe aussi pour une population qui s'était habituée à ne pas remarquer ces curés devenus si discrets, les prenant au mieux pour les derniers des Mohicans.

    Or si le djihadistes se sont attaqués à un prêtre de ce profil, de cet âge et qui ne sera probablement pas remplacé, dans un quartier où l'Eglise catholique gardait profil bas, c'est que, malgré son absence d'éclat, ce mince filet d'une Eglise catholique en crise signifiait bien plus qu'elle ne le croyait elle-même. Les djihadistes ont vu, eux, qu'il y avait là une réalité métaphysique redoutable, un symbole pour eux insupportable. Malgré sa bénignité, le père Jacques Hamel faisait encore peur à certains.

    Or faire peur, c'est exister. N'en déplaise à Emmanuel Todd, l'Eglise n'est pas encore morte en France.

  • SOS Chrétiens d’Orient : Première messe au Krak des Chevaliers depuis 1271

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    Vu sur le site web de l’hebdomadaire « Famille chrétienne » :

    « Lors de la visite du Père Aubry, conseiller religieux de l'association SOS Chrétiens d'Orient, la mission en Syrie a eu la chance de redécouvrir les fondements du christianisme, et les volontaires ont terminé une semaine de pèlerinage plus forts que jamais dans leur foi et leurs convictions. Ce dimanche 31 juillet, pour la première fois depuis 1271, la messe a été célébrée au sein de la chapelle de la citadelle croisée en compagnie des Soeurs de Marmarita et de plus de 20 volontaires. Ensemble, prions pour nos martyrs morts pour avoir aimé le Christ.

    SOS Chrétiens d'Orient »

    Ref. Première messe au Krak des Chevaliers depuis 1271

    JPSC

  • Statut de l’Eglise catholique en Chine : accord final en vue entre le Saint-Siège et le régime communiste ?

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    Lu sur le blog « Salon beige » sous la signature de Michel Janva :

    Dans un long texte publié dans l’hebdomadaire diocésain de Hong Kong, le cardinal de Hong Kong Mgr John Tong revient sur l’accord concernant le processus de nomination des évêques en Chine signé entre la Chine et le Vatican.

    Intitulé « Communion de l’Église de Chine avec l’Église universelle ", ce texte indique qu'en février dernier un premier « accord de travail » prévoyait que le pape sélectionnerait lui-même un nom sur une liste de personnalités agréées proposée par la Chine. Plusieurs listes seraient déjà en attente sur le bureau du pape pour choisir un évêque dans plusieurs diocèses vacants. 

    On ne sait pas clairement quel pourra être le destin de certains évêques clandestins reconnus par Rome mais non par Pékin. À l’inverse, l’accord ne dit rien sur l’avenir des évêques illégitimes élus par Pékin et que Rome ne reconnaît pas. Enfin, on ne sait pas ce qu’il pourrait advenir si aucun des noms proposés par Pékin n’est acceptable pour le pape. 

    Le cardinal Joseph Zen, ancien évêque de Hong, Kong, s’est toujours montré très réservé sinon très critique à l’égard du moindre accord. À ses yeux, on ne peut pas faire confiance au régime communiste de Pékin et il redoute qu’une reprise des relations diplomatiques entre Rome et Pékin ne se fasse qu’en sacrifiant certains dogmes et les nombreux fidèles, prêtres et évêques de l’Église souterraine chinoise qui n’a jamais voulu faire le moindre compromis avec le régime. Les catholiques chinois « vivent dans la crainte (…) ; j’ai des contacts quotidiens avec eux et peux dire qu’ils ont peur d’un accord entre le Vatican et la Chine ». 

    « Je ne sais pas comment on peut être optimiste en ce moment ! Il n’y a aucune raison, c’est sans fondement » « Pour cela, il faudrait que les Chinois cèdent beaucoup de terrain. C’est impossible. Pourquoi cèderaient-ils après avoir tout conquis ? Ils veulent encore plus. Ils viennent parler pour obtenir davantage, pas pour céder. Penser qu’ils viennent vraiment pour négocier est irréaliste. » 

    En mai dernier, dans un entretien à Famille Chrétienne en partenariat avec Églises d’Asie, il avait réagi négativement aux propos « admiratifs » du Pape envers la Chine, dans une interview accordée au site Asia Times (Hong Kong), mais sans jamais aborder la situation des catholiques dans le pays et la question de la nomination des évêques par Rome :

    « Tout le monde admire les efforts déployés par le Pape. Il fait preuve de tant de bonne volonté. (…) Mais j’ai été déçu car la religion a été exclue du champ de l’interview : comment imaginer interviewer le Pape et ne pas parler de religion ? »

    Ref. Accord entre la Chine et le Saint-Siège

    Encore beaucoup d’interrogations sans réponses claires…

    JPSC

  • Le pape François aux évêques polonais réunis à Cracovie : “Nous vivons un analphabétisme religieux”

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    L’entretien du pape François avec les évêques polonais , le 27 juillet 2016 à Cracovie, s’est déroulé à huis-clos.Cet échange a néanmoins été publié ensuite  par la Salle de presse du Saint-Siège. Les questions ont porté sur la sécularisation du monde moderne, la miséricorde, l’annonce de l’Évangile dans un monde en mutation et l’accueil des réfugiés. Mais rien n’a filtré concernant l’exhortation apostolique « Amoris laetitia ». Un « verbatim » des réponses,  faites dans le  style prolixe et diffus qui caractérise l’auteur, a été reproduit par « La Croix », sous forme de longs extraits sélectionnés par les soins  du journal :

    Pape François

    Avant de commencer le dialogue, avec les questions que vous avez préparées, je voudrais accomplir une œuvre de miséricorde envers vous tous et en suggérer une autre. Je sais qu’en ces jours, avec les Journées de la Jeunesse, beaucoup d’entre vous ont été très pris et qu’ils n’ont pas pu aller aux obsèques du bien-aimé Mgr Zimowski. Enterrer les morts est une œuvre de charité, et je voudrais que tous ensemble, maintenant, nous fassions une prière pour Mgr Zygmund Zimowski et que cette prière soit une vraie manifestation de charité fraternelle, enterrer un frère qui est mort. Pater noster… Ave Maria… Gloria Patri… Requiem aeternam…

    Et puis, l’autre œuvre de miséricorde que je voudrais suggérer. Je sais que vous en êtes préoccupés : notre cher cardinal Macharski qui est très malade… Au moins s’approcher, parce que je crois qu’on ne pourra pas entrer là où il se trouve, dans le coma, mais au moins s’approcher de la clinique, de l’hôpital, et toucher le mur comme pour dire : “Frère, je te suis proche”. Visiter les malades est une autre œuvre de miséricorde. Moi aussi, j’irai. Merci !

    À présent, l’un d’entre vous a préparé les questions, au moins il les fait parvenir. Je suis à [votre] disposition.

    […]

    1. Sécularisation du monde moderne : déchristianisation, gnosticisme

    S.E. Mgr. Marek Jędraszewski

    Saint-Père, il semble que les fidèles de l’Église catholique, et en général tous les chrétiens en Europe occidentale, en viennent à se trouver toujours davantage en minorité dans le domaine d’une culture contemporaine athée-libérale. En Pologne, nous assistons à une confrontation profonde, à une lutte impressionnante entre la foi en Dieu d’une part, et d’autre part une pensée et des styles de vie tendant à faire croire que Dieu n’existait pas. À votre avis, Saint-Père, quel genre d’actions pastorales l’Église catholique devrait entreprendre dans notre pays, afin que le peuple polonais demeure fidèle à sa tradition chrétienne désormais plus que millénaire ? Merci !

    Pape François

    Excellence, vous êtes l’évêque de… ? 

    S.E. Mons. Marek Jędraszewski

    De Łodź, où le cheminement de sainte Faustine a commencé ; parce qu’elle a entendu, là-même, l’appel du Christ à aller à Varsovie et à devenir moniale, à Łodź même. L’histoire de sa vie a commencé dans ma ville. 

    Pape François

    Vous êtes un privilégié ! C’est vrai, la déchristianisation, la sécularisation du monde moderne est forte. Elle est très forte. Mais certains disent : Oui, elle est forte, néanmoins on voit des phénomènes de religiosité, comme si le sens religieux se réveillait. Et cela peut être aussi un danger. Je crois que, dans ce monde si sécularisé, il y a aussi l’autre danger, [celui] de la spiritualisation gnostique : cette sécularisation nous donne la possibilité de faire croître une vie spirituelle un peu gnostique. Souvenons-nous que ce fut la première hérésie de l’Église : l’apôtre Jean fustige les gnostiques – et avec quelle force ! –, qui ont une spiritualité subjective, sans le Christ. Le plus grave problème, selon moi, de cette sécularisation est la déchristianisation : enlever le Christ, enlever le Fils. Je prie, je sens… et rien de plus. C’est le gnosticisme. Il y a une autre hérésie également à la mode, en ce moment, mais je la laisse de côté parce que votre question, Excellence, va dans cette direction. Il y a aussi un pélagianisme, mais laissons cela de côté, pour en parler à un autre moment. Trouver Dieu sans le Christ : un Dieu sans le Christ, un peuple sans Église. Pourquoi ? Parce que l’Église est la Mère, celle qui te donne la vie, et le Christ est le Frère aîné, le Fils du Père, qui renvoie au Père, qui est celui qui te révèle le nom du Père. Une Église orpheline : le gnosticisme d’aujourd’hui, puisqu’il est précisément une déchristianisation, sans le Christ, nous porte à une Église, mieux, disons, à des chrétiens, à un peuple orphelin. Et nous avons besoin de faire sentir cela à notre peuple. 

    Qu’est-ce que je conseillerais ? Me vient à l’esprit – mais je crois que c’est la pratique de l’Évangile, où il y a l’enseignement même du Seigneur – la proximité. Aujourd’hui, nous, les serviteurs du Seigneur – évêques, prêtres, consacrés, laïcs convaincus –, nous devons être proches du peuple de Dieu. Sans proximité, il n’y a que parole sans chair. Pensons – j’aime penser à cela – aux deux piliers de l’Évangile. Quels sont les deux piliers de l’Évangile ? Les béatitudes, et puis Matthieu 25, le “protocole” selon lequel nous serons jugés. Être concret. Proximité. Toucher. Les œuvres de miséricorde, soit corporelles, soit spirituelles. “Mais vous dites ces choses parce que c’est à la mode de parler de la miséricorde cette année…”. Non, c’est l’Évangile ! L’Évangile, œuvres de miséricorde. Il y a cet hérétique ou mécréant samaritain qui s’émeut et qui fait ce qu’il doit faire, et il y investit même de l’argent ! Toucher. Il y a Jésus qui était toujours parmi les gens ou avec le Père. Ou en prière, seul à seul avec le Père, ou parmi les gens, là, avec les disciples. Proximité. Toucher. C’est la vie de Jésus… Quand il s’est ému, aux portes de la ville de Naïm (cf. Lc 7, 11-17), il s’est ému, il est allé et a touché le cercueil, en disant : “Ne pleure pas…”. Proximité. Et la proximité, c’est de toucher la chair souffrante du Christ. Et l’Église, la gloire de l’Église, ce sont les martyrs, certainement, mais ce sont aussi tant d’hommes et de femmes qui ont tout abandonné et qui ont passé leur vie dans les hôpitaux, dans les écoles, avec les enfants, avec les malades… Je me rappelle, en Centrafrique (1), une religieuse modeste, elle avait entre 83 et 84 ans, frêle, vaillante, avec une petite fille… Elle est venue me saluer : “Je ne suis pas d’ici, je suis de l’autre côté du fleuve, du Congo, mais chaque fois, une fois par semaine, je viens ici faire les emplettes parce que c’est plus avantageux”. Elle m’a dit son âge : entre 83 et 84 ans. “Depuis 23 ans, je suis ici : je suis infirmière obstétricienne, j’ai fait naître entre deux et trois mille enfants…”. – “Ah… et vous venez seule ?” – “Oui, oui, nous prenons un canoë…”. À 83 ans ! Elle faisait une heure de canoë et arrivait. Cette femme – tant d’autres comme elle ont abandonné leur pays – elle est italienne, de Brescia – elles ont laissé leur pays pour toucher la chair du Christ. Si nous allons dans ces pays de mission, dans l’Amazonie, en Amérique Latine, nous trouvons dans les cimetières les tombes de nombreux hommes et femmes religieux morts jeunes de maladies de ce pays, dont ils n’avaient pas les anticorps, et ils mouraient jeunes. Les œuvres de miséricorde : toucher, enseigner, consoler, “perdre du temps”. Perdre du temps. J’aime bien ceci : une fois, un homme est allé se confesser et il était dans une situation telle qu’il ne pouvait pas recevoir l’absolution. Il y est allé un peu craintif, parce qu’il avait parfois été renvoyé : “Non, non… va-t’en”. Le prêtre l’a écouté, lui a expliqué la situation, lui a dit : “Mais toi, tu pries. Dieu t’aime. Je te donnerai la bénédiction, mais reviens, me le promets-tu ?”. Et ce prêtre “perdait du temps” pour attirer cet homme vers les sacrements. Cela s’appelle proximité. Et en parlant de proximité aux évêques, je crois que je dois parler de la proximité la plus importante : celle avec les prêtres. L’évêque doit être disponible pour ses prêtres. Quand j’étais en Argentine, j’ai entendu de la part de prêtres… – tant, tant de fois, quand j’allais prêcher les Exercices spirituels, j’aimais prêcher les Exercices – je disais : “Parle de cela avec ton évêque…” – “Mais non, je l’ai appelé, la secrétaire me dit : Non, il est très, très pris, mais il te recevra dans trois mois”. Mais ce prêtre se sent orphelin, sans père, sans la proximité, et il commence à perdre courage. Un évêque qui voit sur la liste des appels, le soir, à son retour, l’appel d’un prêtre, il doit le rappeler immédiatement, soit ce soir-là même soit le lendemain. ‘‘Oui, je suis pris, mais est-ce urgent ?’’ – ‘‘Non, non, mais mettons-nous d’accord…’’. Que le prêtre sente qu’il a un père. Si nous privons les prêtres de paternité, nous ne pouvons pas leur demander d’être des pères. Et ainsi, le sens de la paternité de Dieu s’éloigne. L’œuvre du Fils, c’est de toucher les misères humaines : spirituelles et corporelles. La proximité. L’œuvre du Père : être père, évêque-père.

    Puis, les jeunes – parce qu’on doit parler des jeunes ces jours-ci. Les jeunes sont “ennuyeux” ! Parce qu’ils viennent toujours dire les mêmes choses, ou bien “je suis de tel avis” ou bien “l’Église devrait…”, et il faut de la patience avec les jeunes. Quand j’étais enfant, j’ai connu certains prêtres : c’est le temps où le confessionnal était plus fréquenté que maintenant, ils passaient des heures à écouter, ou bien ils recevaient dans le bureau de la paroisse, écoutant les mêmes choses… mais avec patience. Et puis, accompagner les jeunes en campagne, en montagne… Mais pensez à saint Jean-Paul II, que faisait-il avec les universitaires ? Oui, il enseignait, mais ensuite il allait avec eux en montagne ! Proximité. Il les écoutait. Il était avec les jeunes…

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  • Genre : quand le pape pourfend "la colonisation idéologique"

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    De Sandro Magister sur son blog chiesa.espresso :

    François le rebelle. Contre la "colonisation idéologique"

    Il s’agit, affirme le pape, de ceux qui enseignent que "chacun peut choisir son sexe". Dans le même temps, les évêques australiens démontrent que l'idéologie du "genre" est en progression partout dans le monde, au détriment des mariages homme-femme

    ROME, le 8 août 2016 – Mettant fin à la consigne de silence qui avait été donnée initialement, le Saint-Siège a rendu publique, il y a quelques jours, la transcription de l’entretien à huis clos que le pape François a eu à Cracovie avec les évêques de Pologne le 27 juillet, premier jour de sa visite dans ce pays  :

    > Rencontre avec les évêques polonais

    L’une des raisons de cette inhabituelle publication "a posteriori" a probablement été la volonté de couper court aux rumeurs concernant le contenu de cet entretien, en particulier à propos de l’accès des divorcés remariés à la communion, en raison de l’opposition massive des évêques polonais à quelque concession que ce soit dans ce domaine.

    En effet, lorsqu’on lit la transcription de ce long entretien, on n’y trouve aucune référence à l’exhortation apostolique "Amoris lætitia" ni aux controverses qu’elle a suscitées.

    En revanche on y découvre, vers la fin, une vibrante harangue du pape contre l'idéologie du "genre", qu’il qualifie de "véritable colonisation idéologique" à l’échelle mondiale.

    Voici, rapporté textuellement, ce qu’il a déclaré :

    "En Europe, en Amérique, en Amérique Latine, en Afrique, dans certains pays d’Asie, il y a de véritables colonisations idéologiques. Et l’une d’entre elles – je le dis clairement avec nom et prénom – c’est le 'genre'  ! Aujourd’hui, à l’école, aux enfants – aux enfants –   on enseigne ceci  : que chacun peut choisir son sexe. Et pourquoi enseigne-t-on cela  ? Parce que les livres sont ceux des personnes et des institutions qui te donnent l’argent. Ce sont les colonisations idéologiques, soutenues aussi par des pays très influents. Et ça, c’est terrible  ! Quand j’ai parlé avec le pape Benoît – qui va bien et qui a une pensée claire – il me disait  : 'Sainteté, c’est le temps du péché contre Dieu Créateur  !'. C’est intelligent  ! Dieu a créé l’homme et la femme  ; Dieu a créé le monde ainsi, ainsi, ainsi… et nous sommes en train de faire le contraire. Dieu nous a donné un état 'inculte', pour que nous le fassions devenir culture  ; mais ensuite, par cette culture, nous faisons des choses qui nous ramènent à l’état 'inculte'  ! Ce qu’a dit le pape Benoît, nous devons y penser  : 'C’est le temps du péché contre Dieu Créateur  !'".

    Le réseau des grands médias a pratiquement passé sous silence ces phrases de François qui, de plus, sont enrichies d’une citation lourde de sens du pape émérite. Il ne faut pas s’en étonner  : c’est ce qui se produit à chaque fois que François tient des propos qui ne sont pas en harmonie avec l’image dominante que les médias donnent de lui, celle d’un pape ouvert à la modernité.

    Mais ces choses-là, il les a bel et bien dites, comme il l’avait déjà fait en d’autres occasions dans le passé. Et on peut présumer qu’elles n’ont pas été bien accueillies par les gens qui, dans l’Église, militent pour une modernisation drastique de la doctrine catholique en ce qui concerne le "genre", l’homosexualité, le "mariage" de personnes du même sexe.

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  • Quand l'appel au meurtre des chrétiens retentit dans les rues de Verviers

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    Lu sur le site de lameuse.be :

    Un jeune appelle au meurtre des chrétiens dans les rues de Verviers (vidéo)

    La vidéo est glaçante. Le site Memri.fr publie ce dimanche la vidéo d’un jeune se baladant dans les rues du centre de Verviers. Il récite une sorte de prière en arabe, aux propos tout sauf équivoques: «Oh Allah, anéantis les chrétiens haïssables. Oh Allah, tue-les tous. N’en épargne pas un seul»…

    
Le jeune récitant sa prière contre les chrétiens dans les rues de Verviers.

    Capture d’écran de la vidéo publiée par le site Memri

    Le jeune récitant sa prière contre les chrétiens dans les rues de Verviers.

    Moins de deux semaines après qu’un prêtre a été égorgé en pleine messe en France, une vidéo appelant à l’anéantissement des chrétiens est apparue sur internet ce dimanche. C’est le site Memri.fr qui la publie. Il s’agit de l’observatoire du Moyen-Orient ou institut de recherche des médias du Moyen-Orient, un centre fondé à Washington qui a des bureaux un peu partout dans le monde.

    Cette courte vidéo (découvrez la ici, sur le site de Memri) d’un peu plus d’une minute montre un jeune homme d’une quinzaine d’années déambulant dans le centre-ville de Verviers. Dans les deux rues les plus commerçantes, l’arrière-plan de la vidéo le montre clairement. C’est la nuit et le jeune homme marche en récitant une sorte de prière en arabe, qui s’en prend notamment aux chrétiens. Memri l’a traduite, une traduction que nous avons fait confirmer par un arabophone.

    Il n’y a pas d’équivoque possible. «Ô Allah, anéantis les chrétiens haïssables. Ô Allah, tue-les tous. N’en épargne pas un seul» récite-t-il dans les premières phrases de cette «prière».

    Dans le contexte actuel, après le meurtre abject du prêtre français, il s’agit clairement d’un appel à la haine inacceptable. D’après le site qui révèle la vidéo, elle est apparue le mardi 2 août dernier, sur un compte Telegram djihadiste, une application de messagerie sécurisée qu’utilisent notamment les terroristes pour converser sans se faire repérer.