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  • L'Eglise prise pour cible au Nicaragua

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    De Camille Meyer sur Radio Notre-Dame :

    Nicaragua : l’Eglise prise pour cible

    Le père Uriel Vallejos, curé de l’église de la Divine Miséricorde de Sébaco, dans le diocèse de Matagalpa, est la cible du gouvernement. Un mandat d'arrêt a été émis contre lui et sa fiche transmis à Interpol.

    Depuis le printemps 2018, l’Eglise est la cible du gouvernement nicaraguayen. Prêtres en fuite, évêque assigné à résidence, ambassadeurs expulsés, que se passe-t-il au Nicaragua ?

    Le 15 septembre dernier, le pape François insistait, lors d’une conférence de presse, sur la nécessité de « ne jamais arrêter le dialogue » avec le Nicaragua. Il faut dire que l’Eglise est la cible de Daniel Ortega, président du Nicaragua depuis mars 2018, et la répression sanglante de manifestations étudiantes. Ils réclamaient la démission du président. Ces exactions ont été dénoncées par les prêtres et les évêques du pays. Réélu en 2021, Daniel Ortega avait accusé, lors de sa campagne, l’Eglise catholique de préparer un coup d’état avec l’aide des Etats-Unis. Accusé par ses opposants d’autoritarisme et de népotisme, il a remporté un quatrième mandat consécutif lors d’un scrutin auquel étaient absents tous ses adversaires potentiels de poids, arrêtés ou contraints à l’exil.

    Une escalade récente ! 

    En mars 2022, Mgr Stanislaw Waldemar Sommertag, nonce apostolique est expulsé du pays. En août, Mgr Rolando Alvarez, évêque de Matagalpa au nord-est de Managua, est quant à lui assigné à résidence. Il a été inculpé ce mardi 13 décembre pour un prétendu « délits de conspiration visant à porter atteinte à l’intégrité nationale » et « propagation de fausses nouvelles (…) au détriment de l’Etat et de la société nicaraguayenne », selon les déclarations du Palais de Justice central de Managua dans un communiqué de presse et comparaîtra en janvier. Le gouvernement a mis la pression sur Mgr Alvarez depuis qu’il a dénoncé la fermeture par les autorités de cinq radios catholiques de son diocèse et exigé le « respect » de la liberté de culte ainsi que l’arrêt du « harcèlement » imposé à l’Eglise catholique.

    Le père Uriel Vallejos, curé de l’église de la Divine Miséricorde de Sébaco, dans le diocèse de Matagalpa, est également la cible du gouvernement. Un mandat d’arrêt a été émis contre lui. Le Palais de Justice central de Managua a indiqué avoir transmis sa fiche à Interpol. Ancien directeur de Caritas Nicaragua, il s’était opposé en août dernier, à la confiscation de matériel de radiodiffusion. La police avait alors assiégé son église trois jours durant avant de l’arrêter. Il a quitté le pays le 4 septembre.

    En plus des radios, les associations et ordres religieux sont également menacés. Selon l’Union européenne, il y a plus de 180 « prisonniers politiques » au Nicaragua et, pendant le premier semestre 2022, les autorités y ont fermé plus de 1.200 organisations de la société civile comme la congrégation des Missionnaires de la Charité. Daniel Ortega a, pour l’instant, rejeté la main tendue du pape François, qui appelait au dialogue. Un dialogue qui semble pour l’instant impossible.

  • En cas de problème de santé, le pape a déjà signé sa démission

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    D'Eduardo Berdejo sur Catholic News Agency :

    Le Pape François : démission déjà signée "en cas d'empêchement médical".
     
    17 décembre 2022

    Le pape François a déclaré qu'au cas où il ne pourrait pas continuer à gouverner l'Église catholique en raison d'un problème de santé, il a déjà signé sa démission et l'a remise à l'un des cardinaux du Vatican.

    Lors d'une interview accordée au journal espagnol ABC et publiée tôt dimanche matin en Espagne, le Saint-Père a répondu à la question de savoir ce qui se passerait "si un pontife était soudainement handicapé en raison de problèmes de santé ou d'un accident."

    "J'ai déjà signé ma démission", a répondu le pape François, ajoutant qu'il l'avait fait lorsque le secrétaire d'État du Vatican était le cardinal Tarcisio Bertone.

    "Je l'ai signé et je lui ai dit : 'En cas d'empêchement pour des raisons médicales ou autres, voici ma démission.' Ils l'ont déjà. Je ne sais pas à qui le cardinal Bertone l'a donnée, mais je la lui ai donnée quand il était secrétaire d'État", a-t-il déclaré.

    Le cardinal Bertone a été nommé secrétaire d'État par Benoît XVI en 2006 et est resté en fonction jusqu'au 31 août 2013, pendant le pontificat du pape François.

    Lorsqu'on lui a demandé s'il voulait que cela se sache, François a répondu "c'est pour cela que je le dis". 

    "Maintenant, quelqu'un ira le demander à Bertone : "Donnez-moi ce morceau de papier !"", a déclaré le pape en riant. "Il l'a probablement remis au cardinal Pietro Parolin, le nouveau secrétaire d'État. Je l'ai donné à Bertone alors qu'il était secrétaire d'État", a-t-il ajouté.

    Au cours de l'interview, François a déclaré qu'il ne s'est pas penché "du tout" sur un statut pour préciser la définition du pape émérite. 

    "Je n'ai même pas eu l'idée de le faire. Il faut croire que le Saint-Esprit n'a aucun intérêt à ce que je me préoccupe de ces choses-là", a-t-il déclaré.

    Cette histoire a d'abord été publiée par ACI Prensa, le partenaire d'information en langue espagnole de CNA. Il a été traduit et adapté par CNA.

    Eduardo Berdejo est diplômé en journalisme de l'Universidad Nacional Mayor de San Marcos (Pérou). Il est membre de l'équipe d'ACI Prensa depuis 2001. Il a couvert les visites du pape François à Cuba, au Mexique, en Colombie et au Pérou. Il est également titulaire d'un diplôme en littérature comparée de l'université de Piura (Pérou) et a suivi le cours complet de correction stylistique de l'école d'édition de Lima (Pérou).

  • Martyr des nazis, un couple marié avec 7 enfants sera béatifié

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    De Courtney Mares sur le National Catholic Register :

    Martyr des nazis, un couple marié avec 7 enfants sera béatifié

    Le pape François a signé un décret sur le martyre de Józef et Wiktoria Ulma, qui ont été exécutés avec tous leurs enfants en 1944 pour avoir caché une famille juive dans leur maison en Pologne.

    Wiktoria Ulma with six of her children
    Wiktoria Ulma avec six de ses enfants (photo : Musée de la famille Ulma sur les Polonais qui ont sauvé des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale / via CNA)

    17 décembre 2022

    Le pape François a reconnu le martyre d'un couple marié avec sept enfants qui a été tué par les nazis pour avoir caché une famille juive dans leur maison en Pologne.

    Le pape a signé le 17 décembre un décret sur le martyre de Józef et Wiktoria Ulma, qui ont été exécutés avec tous leurs enfants en 1944. 

    Le Centre mondial de la mémoire de l'Holocauste a honoré le couple comme Juste parmi les Nations pour le sacrifice de leur vie. Avec la reconnaissance de leur martyre par le pape, le couple polonais peut maintenant être béatifié avec les sept enfants du couple (dont un à naître).

    Tôt le 24 mars 1944, une patrouille nazie a encerclé la maison de Józef et Wiktoria Ulma à la périphérie du village de Markowa, dans le sud-est de la Pologne. Ils ont découvert huit personnes juives qui avaient trouvé refuge dans la ferme des Ulma et les ont exécutées.

    La police nazie a ensuite tué Wiktoria, qui était enceinte de sept mois, et Józef. Lorsque les enfants ont commencé à crier à la vue de leurs parents assassinés, les nazis les ont également abattus : Stanisława, 8 ans ; Barbara, 7 ans ; Władysław, 6 ans ; Franciszek, 4 ans ; Antoni, 3 ans ; et Maria, 2 ans.

    Le pape François a signé le décret sur leur martyre le jour de son 86e anniversaire, avançant 15 autres causes de canonisation, y compris la reconnaissance de la vertu héroïque de Matteo Ricci, un célèbre missionnaire jésuite du 17e siècle en Chine. 

    Le pape a également approuvé "l'offrande de la vie" de Franz de Castro Holzwarth, un avocat brésilien qui a été tué à l'âge de 38 ans en 1981 lorsqu'il a proposé de remplacer un otage lors d'une émeute dans une prison.

    Il a également reconnu un miracle attribué à l'intercession du vénérable Jacinto Vera, premier évêque de Montevideo, en Uruguay.

    Dans le décret, le pape François a confirmé la vertu héroïque de 13 serviteurs de Dieu. Les quatre prêtres catholiques suivants et un frère ont été reconnus comme "Vénérables" :

    - Le père Aleksander Woźny, un prêtre diocésain de Poznan, en Pologne, qui a survécu à l'emprisonnement dans les camps de concentration nazis de Buchenwald et de Dachau (1910-1983);
    - Le père Ignacy Posadzy, un prêtre qui a cofondé la Société du Christ pour servir les migrants polonais pendant la Seconde Guerre mondiale et sous le régime communiste (1898-1984);
    - Le père Martin Benedict, un frère franciscain conventuel de Roumanie (1931-1986);
    - le père Ugo de Blasi, un prêtre diocésain qui a servi à Lecce, en Italie (1918-1982);
    - le frère José Marcos Figueroa, un frère jésuite en Argentine (1865-1942).

    Et les six religieuses suivantes et une femme consacrée ont également été déclarées "Vénérables" :

    - Mère Miradio de la Providence de Saint Cajetan, fondatrice de la Congrégation des Filles Pauvres de Saint Antoine en Italie (1863-1926)
    - Mère Maria Ignazia Isacchi, fondatrice italienne de la Congrégation des Ursulines du Sacré-Cœur d'Asola (1857-1934)
    - Mère Margherita Crispi, fondatrice de la Congrégation des Sœurs Oblates du Divin Amour en Italie (1879-1974)
    - Sœur Margherita Maria Guaini, fondatrice italienne de la Congrégation des Sœurs Missionnaires de Jésus Prêtre Éternel (1902-1994)
    - Sœur Magdalena Aulina Saurina, fondatrice espagnole de l'Institut séculier des Señoritas Operarias Parroquiales (1897-1956)
    - Sœur Teresa Veronesi, religieuse professe de la Congrégation des Sœurs Minimes de Notre-Dame des Douleurs en Italie (1870-1950)
    - Luisa Guidotti Mistrali, une femme consacrée italienne active dans l'Association des missions médicales féminines, décédée lors d'un service au Zimbabwe (1932-1979).

  • Ave Maria : offertoire grégorien du 4e dimanche de l’Avent

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    « Ave Maria, gratia plena, Dominus tecum :

    * Benedicta tu in mulieribus, et benedictus fructus ventris tui.

    I) Quomodo in me fiet hoc, quae virum non cognosco ?

    Spiritus Domini superveniet in te et virtus Altissimi obumbrabit tibi.

    II) Ideoque, quod nascetur ex te Sanctum, vocabitur Filius Dei.

    * Benedicta tu in mulieribus, et benedictus fructus ventris tui.

     

    Salut Marie, comblée de grâce, le Seigneur est avec toi :

    Tu es bénie parmi toutes les femmes et le fruit de ton sein est béni.

    I) Comment cela se fera-t-il en moi qui ne connais point d’homme ?

    L’Esprit du Seigneur descendra sur toi et la puissance du Très-Haut te couvrira de son ombre.

    II) C'est pourquoi, celui qui naîtra de toi sera saint, il sera appelé Fils de Dieu.

     

    Tout commence par le mot de l'ange Gabriel : « Je te salue, Marie ». Au lieu que d'y trouver une expression assurée, – pensez : un ange est d'une nature bien supérieure à celle des hommes – le grégorien nous offre au contraire un Ave interminable, presque hésitant. Faut-il, comme Fabrice Hadjadj, voir dans cette guirlande mélodique le bégaiement d'un ange troublé ?

    Il y aurait de quoi car cette annonce constitue en vérité un tremblement, non de terre, mais de l'Univers tout entier. A quel autre moment de l'histoire de toute la création un ange est-il venu annoncer que Dieu en Personne allait se faire homme ? Et cet événement sans précédent était suspendu à la réponse d'une jeune fille d'Israël ! Dieu même a eu besoin du oui de Marie pour s'incarner, nous montrant par là quelle merveilleuse et redoutable prérogative est la liberté…

    Et si Marie avait refusé de prêter son sein virginal pour que le Fils de Dieu y prît chair, c'eût été comme si la création toute entière avait refusé d'accueillir son Dieu car, dans cette virginité de l'Immaculée, c'est toute créature qui est représentée. En Marie, c'est la capacité d'accueil elle-même qui trouve un visage. Dans le oui de Marie, tous les oui à Dieu de tous les temps trouvent leur justification et leur modèle. Ce oui de l'Immaculée a quelque chose d'éternel car il a une portée métaphysique. 

    Ainsi, telle une majestueuse icône sonore, l'Ave Maria grégorien nous entraîne vers le mystère de l'Immaculée Conception. La si surprenante hésitation de l'ange, qui résonne à travers les siècles, va finalement devenir la nôtre, face au mystère insondable. La question (Quomodo in me fiet hoc ? …) de Marie, ô combien touchante et délicate, est appelée à devenir elle aussi la question où chacun de nous se demande comment Dieu peut se faire si proche. Et le chant annonce ici que l'Esprit du Seigneur (Spiritus Domini), tel l'Esprit sur les eaux primordiales (Genèse I-2) viendra encore et encore donner forme divine à toute âme prête à le recevoir.

    Je te salue, ô Marie, pleine de grâce ! »

    JPSC

  • Joseph a-t-il douté de Marie? (une lecture de Mt. 1. 18-24 pour le 4e dimanche de l'Avent)

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    Annonciation Joseph

    En ce 4e dimanche de l’Avent, la liturgie nous donne d’entendre le récit de ce que l’on pourrait appeler l’Annonciation à Joseph : la péricope de l’Evangile selon Saint Matthieu au Chapitre 1er, versets 18 à 24. 

    Dans ce passage, l’évangéliste nous raconte les « origines » de Jésus-Christ. 

    Marie, la mère de Jésus, qui avait été accordée en mariage à Joseph, « fut enceinte par l’action de l’Esprit Saint », « avant qu’ils aient habité ensemble » précise Saint Matthieu – pour exprimer combien Joseph est étranger à cette naissance ; pour nous signifier qu’il n’est pas lui-même le géniteur de cet enfant. 

    Joseph, « qui était un homme juste » poursuit le texte, prit donc la décision de répudier Marie. 

    Quoi de plus « normal » jusque là ? Voici une fiancée promise à son époux – au point que dans le judaïsme de l’époque, on les considérait déjà comme mariés – qui tombe enceinte avant d’avoir commencé une vie commune avec son époux… La conclusion s’impose comme une douloureuse évidence : Marie a trompé son époux ; elle a commis un péché d’adultère – du moins Joseph le croit-il – et il paraît juste à l'humble charpentier de Nazareth de s’en séparer légalement par un acte de répudiation... jusqu'à ce que l'Ange du Seigneur intervienne pour lui faire comprendre sa méprise et lui révéler l'origine divine de l'enfant de Marie. 

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  • L'obéissance à Dieu, une urgence particulière (4ème dimanche de l'Avent)

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    L'homélie de l'abbé Christophe Cossement pour le 4ème dimanche de l'Avent (18 décembre 2022) :

    Parmi les thèmes qui traversent les lectures de ce jour, il y en a un qui m’a semblé d’une urgence particulière : celui de l’obéissance à Dieu. Acaz refuse la main tendue de Dieu. Le psaume chante l’homme qui ne livre pas son âme aux idoles. Paul veut amener toutes les nations à l’obéissance de la foi. C’est de cette obéissance de Marie et Joseph que dépend la venue de l’enfant qui s’appelle « le Seigneur sauve », Jésus. Je voudrais détailler cela avec vous.

    Le royaume de Juda est dans l’inquiétude. Ses deux voisins menacent de l’envahir s’il n’entre pas dans leur alliance politique. Dans l’épreuve, dans la crainte, le Seigneur veut donner un signe de sa protection, un signe de salut. Mais le roi Acaz veut s’en sortir tout seul, il ne veut pas demander ce signe. Il veut professer une « foi » adulte et autonome ; il est le prototype d’un monde qui ne veut pas compter sur Dieu, et même d’une Église qui veut se gérer elle-même à vues humaines, oubliant le pari de la foi et de l’obéissance à Dieu. Il y a en effet, dans le monde et dans l’Église, la possibilité de vivre sans Dieu même si on prétend le respecter. J’ai même entendu des gens dire que pour respecter la transcendance de Dieu, le fait qu’il est le Tout autre, il ne fallait pas même imaginer qu’il interviendrait dans nos vies. Allons bon ! Voilà de dignes descendants d’Acaz.

    Mais Dieu va quand même donner son signe, qu’on le veuille ou non. Par la bouche d’Isaïe il annonce cet enfant d’une jeune femme, qu’on appellera Emmanuel, c’est-à-dire « Dieu avec nous ». Un enfant pour l’immédiat, peut-être un héritier direct du trône. Mais vu l’immensité de l’annonce, dont nous avons entendu une description au tout début de l’Avent, rappelez-vous, ce descendant de David qui fera que l’enfant jouera sur le trou de la vipère… vu l’immensité de l’annonce, le peuple juif a rapidement compris qu’il devrait encore venir un fils bien plus grand que celui qu’on a connu, un fils qui serait, lui, fils d’une vierge. C’est ainsi que la traduction grecque de la Bible, faite 250 ans avant le Christ, traduit « voici que la jeune femme est enceinte » par « voici que la vierge est enceinte ». Et 250 ans plus tard, c’est ce qui arrive, et même Joseph en est étonné, au point qu’il faut l’intervention de l’ange du Seigneur pour le persuader.

    Et à l’époque de la naissance du Christ comme à l’époque du roi Acaz, Dieu ne demande pas l’avis ou la permission pour donner son signe, le signe de sa prévenance et de son amour. Il ne dit pas : si vous ne voulez pas, je vous laisse tranquilles. Non, il vient quand même, car il nous aime, car il ne veut pas nous abandonner à nos propres forces, il ne veut pas que nous soyons condamnés à nous fier à nos propres conceptions et qu’ainsi nous buttions sur nos impasses. Dieu ne demande pas la permission de donner son signe, et il ne demande pas davantage la permission de venir dans notre monde dès que la foi du peuple juif a suffisamment mûri. Il ne demande pas la permission, mais cela nécessite pourtant l’obéissance de la foi, d’abord pour Marie, pour Joseph, et finalement pour l’humanité à qui cette venue de Dieu sera annoncée.

    Quand saint Paul explique sa mission aux Romains, il dit qu’il est apôtre « pour amener à l’obéissance de la foi toutes les nations païennes » (Rm 1,5). Nous gagnons beaucoup à regarder le monde à travers les lunettes de la foi, pour y voir un monde visité par Dieu, plutôt que de vivre comme des orphelins, des gens qui ne peuvent compter que sur une vision humaine des choses et prendre leurs décisions en fonction de cela. Le monde qui refuse les lunettes de Dieu ne peut qu’être myope, se contenter de courte vue, et finalement il fait le malheur de ses enfants. Mais la foi n’est pas facile car elle est une obéissance, ce qui veut dire que notre intelligence et notre volonté doivent accepter de s’y soumettre, de renoncer à des idées plus confortables. Il faut choisir la lumière, il faut acquiescer à l’espérance. Elles sont venues dans le monde avant que nous y soyions, mais elles ne nous feront pas vivre de l’extérieur. Heureux celui qui accueille en lui cette visite de Dieu ! Il découvrira une vie nouvelle et forte, une paix profonde qui lui permettra, malgré ses blessures, de devenir une femme, un homme de paix. Plus jamais nous ne serons seuls. Nous nous attachons au Christ, Jésus dont le nom signifie « Dieu sauve », et qu’on appelle aussi Emmanuel, « Dieu avec nous ».

  • L'Union européenne agit-elle avec suffisamment de détermination comme acteur de la paix ?

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    De Monica Lugato, juriste, professeure ordinaire à l'Université LUMSA (Rome) sur Settimo Cielo :

    L'Europe et la guerre. De l'esprit d'Helsinki aux perspectives de paix

    1. L'Europe et la guerre

    L'agression de la Russie contre l'Ukraine a ramené la guerre en Europe. Ramenée parce que nous avons déjà eu une guerre en Europe, en 1999, lorsque l'OTAN a attaqué la Serbie. La guerre est une tragédie et nous devons faire au moins deux réflexions à mon avis.

    Le premier. Il y a seulement dix ans, en 2012, l'Union européenne, qui est la composante institutionnalisée de l'Europe, a reçu le prix Nobel de la paix, et la justification était qu'elle avait assuré pendant plus de six décennies la promotion de la paix, de la réconciliation, de la démocratie et des droits de l'homme en Europe.

    La deuxième considération. Il ne peut nous échapper que la valeur de la paix fait partie des valeurs fondamentales de la politique étrangère de l'UE. C'est écrit en toutes lettres dans les traités, et c'est la valeur qui devrait, voire doit, guider son action extérieure. Non seulement cela, mais l'Union européenne a l'obligation, en vertu des traités, de respecter strictement - je cite - le développement du droit international, les principes de la Charte des Nations unies, le multilatéralisme et, ce qui est peut-être encore plus intéressant ici, dans son action sur la scène internationale - disent encore les traités - elle est appelée à préserver la paix, à prévenir les conflits et à renforcer la sécurité internationale. Non seulement selon les principes de la Charte des Nations unies mais, comme cela est expressément mentionné, également selon les principes de l'Acte final d'Helsinki.

    Ainsi, ces deux constats minimaux m'amènent à poser une question : l'Union européenne agit-elle avec suffisamment de détermination comme acteur de la paix à ce stade précis ? Il est légitime de se poser cette question. Et il est légitime de poser cette question parce que si, d'une part, en tant que sujet de droit international, elle a condamné à juste titre et fermement l'agression de la Russie contre l'Ukraine, elle a également pris une série d'initiatives qui vont dans le sens absolument opposé à celui de la promotion de la paix, et je fais référence en particulier au sentiment qu'elle n'est pas loin de contribuer à "l'escalade", ne serait-ce que verbalement, et ensuite à deux initiatives récentes : la proposition de créer un tribunal pour les crimes commis par la Russie et encore la désignation de la Russie comme État terroriste. Or, il est douteux qu'à un moment comme aujourd'hui, ces initiatives soient conformes à son rôle d'acteur de la paix.

    2. L'esprit d'Helsinki

    Nous avons entendu des paroles importantes sur les conditions, l'histoire, dans lesquelles l'esprit d'Helsinki a mûri. Il me semble que je dois souligner, également d'un point de vue internationaliste, qu'un facteur qui me semble extrêmement pertinent à saisir pour aujourd'hui également, dans le style d'Helsinki, est la détermination qui a caractérisé cette conférence, son activation et ensuite son travail, la détermination avec laquelle on a voulu créer, recréer un climat de coopération entre les États européens sur la base d'un équilibre des forces, c'est-à-dire sur la base d'une hypothèse réaliste que c'était le facteur inévitable, qu'il était inutile de proposer de le surmonter : qu'il fallait accepter l'équilibre des forces sur le terrain, puis travailler avec l'équilibre de ces forces. Et cette coopération accrue pour coopérer même entre des États dissemblables, entre des États qui s'opposaient sur presque tous les fronts, a nécessairement entraîné comme condition de ce travail la tolérance pour les différences de chacun et la mise de côté de la moralisation idéologique autoréférentielle qui caractérise normalement les relations entre antagonistes.

    Helsinki, c'est aussi un style de relations, marqué par le respect mutuel de la souveraineté de l'autre. Chacun a eu le droit de s'exprimer, chacun a été respecté en tant qu'entité souveraine, ce qui est tout à fait conforme au principe fondamental du droit international, qui est celui de l'égalité souveraine. Et aussi la reconnaissance, peut-être à contrecœur pour certains, du droit de chacun des États participant à la conférence d'Helsinki, aussi différents, aussi désagréables que soient leurs systèmes, de développer librement leur propre système politique, leur propre système économique, social et culturel, et de le faire avec la large liberté de déterminer leurs propres lois et règlements, de décider de conclure ou non des accords internationaux, de faire partie ou non d'alliances, de rester neutre ou non. La méthode était très coopérative, malgré, je le répète, les différences. Cela me semble extrêmement significatif pour aujourd'hui. Coopérative et égale, marquée justement par le respect de la souveraineté de chacun des Etats participants, qu'ils soient amis ou non.

    Or, à la lumière de cela, ce que l'esprit d'Helsinki suggère pour aujourd'hui, c'est qu'il faut avoir une attitude de réalisme conscient pour entamer un dialogue entre différents, entre antagonistes, entre pays qui sont certes antagonistes, différents, divisés, mais qui sont proches, qui sont contigus. Et donc qu'il est tout à fait inéluctable de rétablir les conditions de la solution de problèmes très graves qui concernent tout le monde.

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  • Soutenir l'Institut Européen de Bioéthique

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    Nous relayons bien volontier cet appel de l'IEB :

    Chers lecteurs,

    Vous avez conscience de l’importance des enjeux qui nous mobilisent depuis vingt ans.

    Pour contribuer à une bioéthique fondée sur le respect de la personne humaine, dans toutes ses fragilités, vous pouvez compter sur le travail de l’Institut Européen de Bioéthique, apprécié pour sa rigueur et son indépendance.

    Aujourd’hui, nous vous lançons cet appel.

    Nos objectifs pour les mois à venir ? 

    Nous souhaitons nous concentrer sur notre nouveau Manuel de Bioéthique, sa traduction en plusieurs langues (néerlandais, anglais, espagnol, italien, ...) sa réimpression et bien entendu sa diffusion. 

    Nous continuerons à mettre à jour tous nos 50 dossiers déjà parus afin que vous ayez toujours à portée de main une information fiable et précise. 

    Nous ne vous le disons pas assez mais chaque année, nous sommes touchés par la générosité surprenante de certains, et par les versements réguliers de nos donateurs fidèles. Merci infiniment !

    Notre action dépend de votre soutien ! Pouvons-nous compter sur vous ?

    Nous vous souhaitons une belle fête de Noël,

    Dr. Philippe Ballaux

    Président de l’Institut Européen de Bioéthique

    accompagné de toute l'équipe de l'IEB  

    Je soutiens l'IEB

  • Mgr Paglia devrait-il démissionner ?

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    De Francis X. Maier sur The Catholic Thing :

    16 décembre 2022

    Le 14 décembre, Le Pillar rapportait ce qui suit : l'archevêque Vincenzo Paglia a détourné des centaines de milliers d'euros alloués au soutien d'œuvres missionnaires et caritatives alors qu'il était président du Conseil pontifical pour la famille. Paglia a utilisé une grande partie de l'argent pour financer des projets de construction à Rome, y compris la rénovation de son appartement personnel. Selon de multiples sources indépendantes ayant connaissance des événements, Mgr Paglia a confirmé dans un mémo de 2015 aux responsables financiers du Saint-Siège que des centaines de milliers d'euros avaient été versés à un entrepreneur de construction italien au lieu d'être affectés à des projets missionnaires et caritatifs visant à soutenir les familles pauvres et les orphelins. Si Paglia a affirmé avoir remboursé une partie de l'argent détourné des fonds caritatifs, des sources affirment qu'il l'a fait avec d'autres dons au conseil pontifical, et non avec de l'argent spécifiquement prévu pour la restitution.

    On pourrait raisonnablement être surpris par une telle nouvelle ; mais non.  Et voici pourquoi.

    J'ai été l'assistant principal et l'assistant spécial de l'archevêque Charles Chaput pendant vingt-trois ans, d'abord à Denver, puis à Philadelphie.  Je mentionne ceci comme contexte pour ce qui suit.

    Au début de 2012, le pape Benoît XVI a contacté l'archevêque pour lui demander si l'Église de Philadelphie serait disposée à accueillir la huitième rencontre mondiale des familles, prévue pour 2015.  Mgr Chaput était arrivé comme archevêque de Philadelphie quelques mois auparavant.  Il y avait été envoyé pour faire face à des problèmes juridiques et financiers paralysants, à l'hostilité du public à l'égard de l'archidiocèse et à la baisse du moral des prêtres résultant, en partie, de multiples affaires historiques d'abus sexuels.

    Chaput a néanmoins dit "oui" à Benoît XVI.  Avec l'aide des chefs d'entreprise et des dirigeants civiques de Philadelphie, ainsi que de grands donateurs, il a entrepris de réunir quelque 50 millions de dollars pour financer la Rencontre mondiale des familles, qui incluait une visite papale du successeur de Benoît XVI, le pape François.  Lorsque la poussière est retombée en septembre 2015, que les 800 000 personnes qui s'étaient massées dans les rues de Philadelphie sont rentrées chez elles et que François a repris son avion pour retourner au Vatican, l'événement a affiché un résultat net positif soigneusement vérifié de plusieurs dizaines de milliers de dollars.  Ces "bénéfices" sans but lucratif ont ensuite été distribués à divers ministères sociaux liés à la famille.

    En bref, la huitième rencontre mondiale des familles a été un succès remarquable.  Son seul problème chronique, aux yeux de l'équipe de Philadelphie chargée du travail, avait un nom : l'archevêque Vincenzo Paglia.

    Paglia était impliqué car, à l'époque, il dirigeait l'organisation qui accueillait officiellement la Rencontre mondiale des familles, le Conseil pontifical pour la famille.  La liaison Philadelphie-Rome n'a jamais été un mariage facile.  Dans les mois qui ont précédé la rencontre de Philadelphie, les procureurs italiens ont enquêté sur Paglia sur des allégations de détournement de fonds et de fixation des prix, d'association de malfaiteurs et de fraude, pour des actions survenues lors de son service antérieur en tant qu'évêque du diocèse de Terni.

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  • Encore un nouvel entretien du pape avec la presse...

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    De Vatican News (it) (Julián Quirós. Directeur d'ABC - Javier Martínez-Brocal. Correspondant d'ABC au Vatican) :

    Le pape : "Certains sortent mes paroles de leur contexte pour m'emmener là où ils veulent aller".

    Un aperçu de l'entretien de François avec le quotidien espagnol ABC, qui sera publié dans son intégralité demain 18 décembre.

    Dans le quotidien espagnol ABC, l'anticipation de l'interview qui sera publiée dans son intégralité dans l'édition de demain, 18 décembre, signée par le réalisateur Julian Quiros et le vaticaniste Javier Martinez Brocal : "Parfois ils m'utilisent. Mais nous utilisons Dieu bien plus, alors je me tais et je passe à autre chose". Voici le texte de l'anticipation :

    Comment va le genou ?

    Je marche déjà, la décision de ne pas opérer s'est avérée être la bonne.

    C'est très bon...

    (Rires) Oui, j'ai déjà atteint l'âge où l'on doit dire "Mais comme tu vas bien!".

    Quand je vous ai vu dans le fauteuil roulant, je pensais que votre emploi du temps diminuerait, au lieu de cela il a triplé.

    Vous gouvernez avec votre tête, pas avec votre genou.

    Le 13 mars, vous fêterez les dix ans de votre mandat de pape. Son élection nous a tous pris par surprise.

    Moi aussi. J'avais réservé mon billet de retour à Buenos Aires à temps pour le dimanche des Rameaux. J'étais très calme.

    Comment avez-vous appris à être Pape ?

    Je ne sais pas si j'ai appris ou pas.... L'histoire vous rattrape là où vous êtes.

    Qu'est-ce que vous trouvez le plus difficile dans le fait d'être Pape ?

    Ne pas pouvoir marcher dans les rues, ne pas pouvoir sortir. À Buenos Aires, j'étais très libre. J'ai utilisé les transports publics, j'aimais voir comment les gens se déplaçaient.

    Mais on voit toujours beaucoup de gens...

    Le contact avec les gens me recharge, c'est pourquoi je n'ai pas annulé une seule audience du mercredi. Mais cela me manque de sortir dans la rue parce que maintenant le contact est fonctionnel. Ils vont "voir le pape", cette fonction. Quand je sortais dans la rue, ils ne savaient même pas que j'étais le cardinal.

    Ici, à Santa Marta, on voit beaucoup de gens. Certains semblent en profiter et faire croire qu'ils sont des amis du Pape pour leurs propres intérêts. 

    Il y a six ou sept ans, un candidat argentin est venu à la messe. Ils ont pris une photo à l'extérieur de la sacristie et je lui ai dit : "S'il vous plaît, n'en faites pas un usage politique". "Vous pouvez être tranquille", a-t-il répondu. Une semaine plus tard, Buenos Aires était placardée de cette photo, trafiquée pour faire croire qu'il s'agissait d'une audience personnelle. Oui, parfois ils m'utilisent. Mais nous utilisons Dieu bien plus, alors je me tais et je passe à autre chose.

    Il doit également être difficile que chaque mot que vous prononcez soit calibré.

    Parfois, ils le font avec une herméneutique avant ce que j'ai dit, pour m'emmener là où ils veulent que j'aille. "Le pape a dit ça"... Oui, mais je l'ai dit dans un certain contexte. Si vous le sortez du contexte, cela signifie autre chose.

    Aucun pape n'a jamais donné de conférences de presse ou d'interviews en s'exprimant aussi librement.

    Les temps changent.

    Quel cadeau demanderiez-vous pour ce Noël ?

    La paix dans le monde. Combien de guerres il y a dans le monde ! Celui de l'Ukraine nous touche de plus près, mais pensons aussi au Myanmar, au Yémen, à la Syrie, où l'on se bat depuis treize ans...

    Un autre entretien sera également diffusé sur les ondes italiennes :

    Pape François, une interview exclusive sur Canale 5 : "Le Noël que je voudrais".
    Le dialogue entre le Souverain Pontife et le vaticaniste Fabio Marchese Ragona sera diffusé le dimanche 18 décembre à 20h35.

  • 140 autres laïcs et prêtres espagnols martyrisés pour leur foi candidats à la béatification

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    De Catholic News Agency :

    140 autres laïcs et prêtres espagnols martyrisés pour leur foi candidats à la béatification  
    Spanish martyrs
    Les visages de 140 prêtres et laïcs espagnols tués pendant la persécution religieuse en Espagne au 20e siècle. | Crédit : Archevêché de Madrid

    16 décembre 2022

    La phase diocésaine des procès en béatification de 140 prêtres et laïcs assassinés en Espagne pendant la persécution religieuse des années 30 s'est achevée aujourd'hui. Parmi les candidats figure le prêtre qui a caché le corps de saint Isidore pour qu'il ne soit pas profané.

    Les causes de béatification sont au nombre de trois : l'une concerne 61 prêtres diocésains de Madrid, une autre 71 laïcs et une troisième huit membres de l'Association catholique des propagandistes, tous assassinés durant le génocide religieux déclenché pendant la Seconde République espagnole et la guerre civile.

    Ces causes sont défendues par l'archidiocèse de Madrid, le diocèse de Getafe, l'Association catholique des propagandistes (ACdP), l'Action catholique de Madrid et l'Action catholique de Getafe.

    La persécution religieuse de ces années-là "a été la plus sanglante subie par l'Église dans notre pays, sans être la plus grande de l'histoire ; oui, peut-être la plus intense", selon un évêque auxiliaire de Madrid, Juan Antonio Martínez Camino. 

    Rien que dans les cinq derniers mois de 1936, lorsque la guerre a commencé, plus de 7 500 prêtres ont été martyrisés. Le prélat a toutefois précisé qu'"il ne s'agit pas vraiment des "martyrs de la guerre", comme on le dit parfois. Il s'agit plutôt des martyrs de la persécution révolutionnaire" avant et après la guerre.

    Parmi les candidats à la bénédiction dont la phase diocésaine s'est clôturée aujourd'hui à Madrid, les exemples de persécution sanglante abondent.

    Beaucoup ont été traqués et tués en quelques heures. Quelques-uns ont fini dans les massacres de Paracuellos de Jarama. D'autres ont été humiliés. Tous ont abordé la mort comme une victoire pour Dieu.

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  • Conflit entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan : Michel Petrossian dénonce le bal des tartuffes

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    Une "opinion" de Michel Petrossian publiée sur le site de la Libre (après avoir été publiée vendredi sur le site du Figaro) :

    Conflit entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan : le bal des tartuffes

    Depuis plusieurs jours, le haut-Karabakh est en mode étouffoir : pas de gaz, pas d’approvisionnement par voie terrestre ou aérienne. 120 000 Arméniens dont 30 000 enfants sont pris entre le marteau et l’enclume, comme des brebis que l’on mène à l’abattoir.

     
    Une opinion de Michel Petrossian, compositeur français d’origine arménienne. Il a remporté le Grand prix au Concours international de composition Reine Élisabeth en 2012

    Les couverts sont dressés, le minuteur est parti – tout est prêt pour que le funèbre festin d’un Noël inversé commence. Il célébrera la mort et non la vie, et pourra débuter par un dessert étrange – la bûche glacée. Certains l’aiment chaude, et l’Azerbaïdjan a tout pour vous servir – du gaz local (il en reste un peu), comme du gaz russe (on en revend beaucoup). Mais pour sa propre consommation, l’Azerbaïdjan préfère la bûche glacée, bien que saignante. La bûche à l’Arménien.

    Depuis plusieurs jours, l’Artsakh (Haut-Karabakh) est en mode étouffoir – pas de gaz, pas d’approvisionnement par voie terrestre ou aérienne. 120 000 Arméniens dont 30 000 enfants pris entre le marteau et l’enclume, comme des brebis que l’on mène à l’abattoir. Les obus en moins (pour le moment), la Deuxième Guerre a laissé un souvenir semblable : le siège de Léningrad par la Wehrmacht qui a valu 1 800 000 morts – et la symphonie n°7 Léningrad de Chostakovitch.

    Je songe à une œuvre symphonique qui serait l’équivalent contemporain, et j’ai déjà le titre – “Le bal des Tartuffes”.

    J’essaie d’imaginer le son des yeux qui se ferment – par le terrible froid qui nous guette, et qui va jusqu’à pénétrer l’âme, cela ne devrait pas être difficile. Des centaines, des milliers, des millions d’yeux qui se ferment en rythme. Les yeux de certains chefs d’État. Des hauts et des bas responsables. Des dirigeants de grandes institutions. Des investisseurs. Cling-cling – mouvement des yeux coordonnés.

    De nombreux Azéris venus en cars ont barré la route du couloir de Latchin, fragile cordon ombilical qui relie l’Artsakh à l’Arménie. Ils se présentent comme des “militants écologistes” et prétextent “l’écoterrorisme” des Arméniens pour justifier leur action. Mais c’est le salut néofasciste des Loups Gris qu’ils brandissent face aux militaires russes, force d’interposition qui doit assurer la “paix” signée au grand désavantage des Arméniens le 9 novembre 2020. Le compte à rebours est lancé, car ils donnent 24 heures aux Russes pour quitter le territoire. Et la mission d’observation de l’Union européenne se termine le 19 décembre. Josep Borrell, le vice-président de la Commission européenne, a précisé que ce délai ne sera pas prolongé. À vos montres, le festin va commencer bientôt !

    Avant la bûche, un permis de chasse donc… Qui sera opulente, car il y a tous les moyens pour la mener comme il faut. L’Union européenne a d’ailleurs accordé, il y a quelques jours, 2 milliards d’euros à l’Azerbaïdjan. Curieusement, c’est le groupe “Socialistes et Démocrates” (S&D) du Parlement européen qui a eu quelques scrupules à octroyer ce montant sans conditions, introduisant une motion qui proposait de subordonner strictement ce très généreux package “à l’engagement international de l’Azerbaïdjan au respect des droits de l’homme, y compris la préservation et la protection de l’héritage culturel et historique sur les territoires sous son contrôle”. Proposition rejetée !

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