D'Eléonore de Noüel sur le site Figaro Vox :
«En aidant les chrétiens à rester en Orient on consolide un front contre l'intégrisme»
FIGAROVOX/GRAND ENTRETIEN - Alors que les chrétiens d'Orient ont passé Noël sous la menace islamiste, le FIGAROVOX a interrogé des auteurs du livre collectif Chrétiens d'Orient mon amour. Pour Marie Thibaut de Maisières et Simon Najm, la chrétienté orientale doit survivre. Il en va de la préservation d'une culture millénaire qui participe à la diversité et à la beauté du monde tout entier.
● Éditrice, officière de réserve, Marie Thibaut de Maisières est aussi chroniqueuse sur Bel RTL et dans La Libre Belgique. Mère de quatre petits Arméniens, Marie est membre depuis 2015 du Comité de soutien aux chrétiens d'Orient et a, à ce titre, accompagné tous les voyages de presse en Syrie, en Irak, en Égypte et en Terre sainte.
● Médecin belgo-libanais, Simon Najm est le défenseur de la cause chrétienne libanaise depuis plus de quarante ans et aujourd'hui de celle des chrétiens d'Orient en danger. Soucieux de leur sort, il lance, fin 2013, avec des prêtres et des amis, le Comité de soutien aux chrétiens d'Orient (CSCO), une ASBL qui leur apporte soutien, défend leurs droits et consolide leur présence en Orient.
● «Chrétien d'Orient mon amour» est une déclaration d'amour à la culture des chrétiens d'Orient. Il réuni des experts et des passionnés, des Occidentaux et des Orientaux. L'achat de ce livre aide le Comité de Soutien aux Chrétiens d'Orient (CSCO) à préserver ou à reconstruire un Orient où les chrétiens peuvent vivre, mais aussi parce qu'en cherchant à mieux connaitre la chrétienté orientale, on l'empêchez de disparaître.
Les Chrétiens d'orient s'apprêtent à passer un nouveau Noël périlleux. La menace qui pèse sur eux est-elle toujours aussi forte?
Marie Thibaut de Maisieres: La situation est très différente en fonction des pays: une famille copte d'Égypte ne vivra pas le même Noël qu'un jeune couple chaldéen d'Irak ou une religieuse arménienne d'Alep. Et l'on ne peut pas non plus comparer, par exemple, les perspectives des chrétiens palestiniens et celle des maronites du Liban.
Cela dit, un point est commun à cette mosaïque de communautés: le danger de l'émigration. Si au début du XXe siècle un habitant du Moyen-Orient sur quatre était chrétien, ils ne représentent plus que 3%.
En Irak et en Syrie, l'émigration s'est accélérée massivement ces huit dernières années à cause de la guerre. On évalue à 70%, la part des chrétiens de ces deux pays qui ont du quitter leur région d'origine. La moitié de ceux-ci est partie loin, en Europe et en Amérique et ne reviendra probablement jamais. Et l'autre moitié s'est réfugiée dans d'autres régions ou dans les pays limitrophes. Maintenant que l'état islamique a été vaincu presque partout, le défi - et il est énorme, car les pays sont été terriblement détruits - est de retrouver une stabilité politique et un développement économique qui permettent aux chrétiens (et aux minorités en général) d'avoir envie de rester ou même de se réinstaller.