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  • Accord entre la Chine et le Vatican : un évêque chinois préfère démissionner

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    De Claire Lesegretain sur le site du journal La Croix :

    Un évêque chinois démissionne, doutant de l’accord entre Pékin et le Saint-Siège

    Dans un discours prononcé dimanche 4 octobre, Mgr Vincent Guo Xijin, évêque de Mindong depuis 2016, mais non reconnu par le gouvernement chinois jusqu’en 2018, a annoncé sa démission de toute fonction publique et son retrait pour prier.

    06/10/2020

    « Je suis incompétent. Je n’ai pas de talent. Je ne suis plus capable de suivre cette époque très rapide. Je ne veux pas être un obstacle au progrès. » C’est en ces termes que Mgr Vincent Guo Xijin, 62 ans, lors de sa dernière messe publique dimanche 4 octobre, a expliqué sa décision de démissionner de toutes ses fonctions publiques et de se retirer pour se consacrer à la prière.

    Ordonné prêtre en 1984 pour le diocèse de Mindong (dans la province du Fujian, au sud-est de la Chine), qui compte environ 90 000 catholiques, très majoritairement dans les structures dites « clandestines » de l’Église chinoise, Mgr Guo a été consacré évêque coadjuteur de Mindong en décembre 2008, puis a succédé à Mgr Vincent Huang Shoucheng à la mort de celui-ci, en juillet 2016.

    Un diocèse test de la normalisation

    Mais s’il fut reconnu comme l’évêque légitime de Mindong par le pape, Mgr Guo Xijin ne le fut pas par les autorités communistes chinoises, qui préférèrent désigner Mgr Zhan Silu, ordonné en 2000 en dehors de la communion avec Rome.

    Après avoir dû assister à des « sessions d’études » durant une vingtaine de jours avant la Semaine sainte 2018, Mgr Guo semblait avoir accepté que les Églises clandestine et officielle du diocèse fusionnent. Et ce, afin de ne pas nuire à la signature de l’accord entre la Chine et le Saint-Siège, mettant fin à un schisme datant de 1957.

    La situation difficile et complexe de Mgr Guo fut ainsi au cœur des négociations entre le Vatican et la Chine en 2018 et de la reconduction de leur accord le mois dernier. Et le diocèse de Mindong a été perçu comme un « test » pour la normalisation des relations avec le gouvernement et la réconciliation des communautés catholiques officielles (dite aussi « patriotiques ») et clandestine.

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  • Fratelli tutti : le testament politique du pape François ?

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    Fratelli tutti" : la nouvelle encyclique du pape François sur la fraternité  et l'amitié sociale | Fondation Jean-Rodhain

    De Roberto de Mattei sur Corrispondenza Romana (traduction de Benoît et moi) :

    Fratelli tutti?

    La troisième encyclique du pape François, Fratelli tutti, signée le 3 octobre à Assise, semble presque être le document conclusif de son pontificat, une sorte de testament politique. Parce que l’encyclique est politique, comme tout le pontificat du pape François. L’un des plus fidèles collaborateurs du pape François, Andrea Tornielli, directeur des communications du Saint-Siège, présentant l’encyclique, n’utilise pas le terme « politique », mais « social », ce qui est en substance la même chose, et écrit :

    « La nouvelle encyclique Fratelli tutti, se présente comme une somme du magistère social de François, et rassemble de façon systématique les idées offertes par les déclarations, discours et interventions des sept premières années de son pontificat ».

    Une origine et une inspiration – dit Tornielli – est certainement représentée par le « Document sur la fraternité humaine pour la paix et la coexistence dans le monde », signé le 4 février 2019 à Abu Dhabi avec le Grand Imam d’Al-Azhar, Ahmad Al-Tayyib. Al-Tayyib est l’un des auteurs les plus cités dans l’encyclique et ce n’est pas une coïncidence si, dans le premier commentaire qu’il a fait sur Twitter, il a écrit que « c’est un message qui restitue à l’humanité sa conscience ». 

    Al-Tayyb et le pape François ont-ils la même conscience de l’humanité ? Mais dans quel sens ? Le pape Bergoglio l’explique : « Nous rêvons comme une seule humanité », « chacun avec la richesse de sa foi ou de ses convictions, chacun avec sa propre voix, tous frères! »(n. 8).

    La vérité absolue n’est pas Jésus-Christ, au nom duquel et dans le baptême duquel les chrétiens sont frères. La fraternité est une valeur supérieure au Christ lui-même, car elle serait capable, selon le pape François, de mettre d’accord les catholiques, les musulmans, les bouddhistes et les athées eux-mêmes, qui ont aussi leur propre foi et conviction.

    Au début de l’encyclique, le pape François rappelle la visite de saint François d’Assise au sultan Malik-al-Kamil en Égypte, la présentant comme une recherche de dialogue, alors que toutes les sources de l’époque nous disent que saint François voulait convertir le sultan et appuyait les croisés qui combattaient en Terre Sainte. Mais la rencontre entre saint François et le sultan a échoué et le pape Bergoglio semble vouloir montrer qu’il est plus capable que saint François de réaliser le projet, à partir du document d’Abu Dhabi.

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  • Cette Église est-elle encore celle du Christ ?

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    De Martin Steffens sur "Le Verbe" :

    Une Église qui n’est plus celle du pauvre

    « Pouvais-je faire pour ma vigne plus que je n’ai fait ? […] J’en ferai une pente désolée ; elle ne sera ni taillée ni sarclée, il y poussera des épines et des ronces ; j’interdirai aux nuages d’y faire tomber la pluie. »

    Is 5, 4-6

    Par deux fois en trois semaines, je me suis vu, faute de préinscription ou à cause d’une erreur de code, refuser l’entrée d’une église. Cette fois, j’en ai pleuré. Certes ce phénomène, parmi d’autres, raconte ce que devient une société quand elle a peur. Mais l’Église peut-elle se contenter de répéter la société ? Réfugié dans un café, plein de chaleur et d’humanité, j’ai, pour me consoler un peu, rédigé ces lignes.

    Cette Église est-elle encore celle du Christ ?

    Cette Église qui flèche le mouvement du corps alors qu’elle devait être le lieu où le corps fatigué, ployant sous le joug, peut se reposer, peut se déposer.

    Cette Église qui troque l’eau bénite contre du gel hydroalcoolique.

    Cette Église qui parle une langue qui n’est pas la sienne, une langue de pureté, de microbes, de contagion possible.

    Qui supprime ce qu’elle a introduit dans le monde : le baiser de paix.

    Et qui le supprime, si l’on est franc, non par amour des plus fragiles. Mais parce qu’il le faut, « sinon… ».

    Elle n’est pas celle du Christ.

    Un nouveau gnosticisme

    D’ailleurs elle se vide, comme on se vide de son sang, parce que son sang, c’est le sang des pauvres. Mais les pauvres ne vont pas dans les endroits compliqués, dans les lieux dont l’accès suppose un QR-Code (NB. contexte français). Les pauvres ont un sensus fidei qui les mène au Christ. Ils vont encore dans les cafés, tant que les cafés sont ouverts. Ils ne viennent pas dans des messes pour initiés.

    Car une messe à laquelle on se préinscrit est à l’usage des gens connectés et organisés. Elle est pour les initiés. Les initiés ? Nous vivons une forme de gnosticisme.

    De deux choses l’une.

    Ou bien l’Église consent à résister un peu aux consignes de l’État. Non pas frontalement, par provocation, par bravoure. Déjà en refusant tout zèle. En ignorant un peu ce prêche de la distance sociale. En l’ignorant beaucoup s’il s’agit d’accueillir un pauvre : vous et moi qui n’y sommes préinscrits, cet étranger qui ne savait pas et cette mère qui n’ose plus venir avec son grand fils handicapé qui ne supporte pas le masque. En l’ignorant passionnément, au sens de la Passion, s’il nous faut, parce que l’État surveille, payer cher son accueil.

    Les voûtes d’une église sont assez larges, ses fidèles assez disciplinés pour que nul n’attrape ce virus qui, c’est vrai, nous tue sûrement, et non pas à hauteur d’un dixième de pour cent comme la Covid-19, mais totalement, radicalement, parce qu’il a fait de nous des esclaves de la peur tandis que l’Esprit, nous dit saint Paul, nous rend capables, ayant peur, d’appeler Dieu « Abba-père » (Rm 8, 15).

    Ou bien…

    Ou bien Mais quel est l’autre « Ou bien… » ? On le sait, on le voit. Il n’y a actuellement plus rien, que des rites grommelant derrière des consignes sanitaires. Nous avons oublié que Jésus n’était pas moins qu’un homme parce qu’il était Dieu. Il était d’abord un homme au sens où une femme espère d’être protégée par le sien. Jésus connaissait la peur, mais lui refusait de s’installer. C’était là la condition, non seulement de son sacrifice, mais de sa prudence. Car la peur nous inspire, non la prudence, mais seulement la panique.

    Aussi, de nos jours, ne sommes-nous pas même prudents. Est prudent le médecin qui, ayant pris ses précautions, se risque au contact de ses malades – et non celui qui, pour ne pas tomber malade, ne vient plus travailler. En filtrant l’entrée de nos églises, en bariolant ces lieux symboliques de consignes sanitaires infantilisantes et de sens interdits, nous nous renonçons.

    Nos églises sont devenues des maisons témoins où s’expose notre bonne conduite. Au Québec comme en France, jamais on n’a si bien senti que l’État possède les églises. Ainsi l’Église se retrouve aujourd’hui comme au commencement, quand Joseph et Marie n’avaient nulle part où aller.

    Que les chrétiens sortent donc et distribuent leurs biens, leur pauvreté, leur sourire. Que les prêtres se rendent visibles et offrent Dieu en pleine rue. Exclue de chez elle, que l’Église aille à la périphérie d’elle-même. Non pour sauver une face qui ne lui appartient pas.

    Mais pour que Dieu, dans le cœur de nos contemporains, ne meure pas trop de désespoir.

  • "Tout enseignant dans nos écoles devra être catholique"

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    De Congo Forum :

    Mgr. Fridolin Ambongo : « Tout enseignant dans nos écoles devra être catholique » (CongoForum)

    Dans son homélie le cardinal a invité les curés et coordonnateurs des écoles conventionnées catholiques de la RDC au strict respect des valeurs catholiques, relate le quotidien congolais Le Potentiel. Mgr. Ambongo insiste à avoir des enseignants catholiques dans les écoles conventionnées pour favoriser la foi catholique et protéger l’image de marque des écoles catholiques.

    « A l’école primaire, tout enseignant doit être un catholique pratiquant, car la catéchèse figure dans le programme scolaire dans toutes nos écoles. On ne peut pas accepter qu’un enseignant non-catholique vienne dispenser la catéchèse aux élèves, d’autant plus qu’il n’a aucune notion sur les valeurs de l’Eglise », a dit le cardinal.

    Fridolin Ambongo promet des sanctions sévères aux curés et coordonnateurs qui n’appliqueront pas ces nouvelles dispositions. «Je ne m’en prendrai pas à l’enseignant. On ne badine pas avec les valeurs catholiques ».

    Le cardinal s’est exprimé aussi sur la situation politique en RDC. Il constate que le Congo est toujours dirigé par « des hommes qui ne comprennent pas que gérer c’est servir ». « La nation congolaise est mal gérée. Ceux qui prétendent nous diriger se servent de nous pour leurs intérêts égoïstes et mesquins. Le peuple est sacrifié, abandonné et tué du jour au jour ».

  • 11 octobre : consécration de la Belgique au Cœur Sacré de Jésus et au Cœur Immaculé de Marie

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    Nous sommes heureux de vous annoncer le renouvellement de la consécration de la Belgique au Cœur Sacré de Jésus et au Cœur Immaculé de Marie dans les trois langues nationales au cours d'une eucharistie bilingue qui sera célébrée le dimanche 11 octobre prochain à 15 heures au sanctuaire Notre-Dame de Lourdes à Jette.

    Cette eucharistie sera précédée de la prière du chapelet en Français et en Néerlandais à 14h 15, et immédiatement suivie d'un temps d'adoration du Saint Sacrement (d'environ 20 min.).

    Nous vous invitons à participer à cet événement important de l'une des manières suivantes :

    • en participant à l'eucharistie, et, si vous le souhaitez, au chapelet et à l'adoration eucharistique;
    • en priant la prière de consécration chez vous au même moment, ou du moins au cours du weekend du 10-11 octobre, individuellement ou en groupe (le texte de la prière de consécration vous sera envoyé prochainement).
    Le nombre de places dans l'église du sanctuaire est limité. Si vous souhaitez participer à l'eucharistie, il convient de réserver votre place en nous envoyant un email à toewijding.consecration@gmail.com avant le 5 octobre en précisant le nombre de personnes qui seront présentes.

    L'eucharistie sera diffusée en livestream. Si vous désirez la suivre sur votre ordinateur, tablette ou smartphone, il vous suffira de cliquer le 11 octobre à partir de 14 h 15 sur le lien suivant : 

    Il n’est pas nécessaire d’avoir un compte Facebook pour y accéder !

    Si vous pensez faire la prière de consécration en groupe dans votre paroisse, groupe de prière ou communauté, nous vous serions reconnaissants de nous en informer en nous envoyant un mail (toewijding.consecration@gmail.com), afin que nous puissions nous savoir en communion de prière les uns avec les autres.

    Portons déjà dans la prière cet événement important pour notre pays et son avenir.

    N'hésitez pas à diffuser ce message le plus largement possible autour de vous afin que, dans toutes les parties de la Belgique, nous soyons très, très nombreux à nous tourner vers notre Seigneur et Marie, sa Sainte Mère et notre Mère, le 11 octobre prochain.

    En communion de prière et de louange,

    Au nom de l'équipe porteuse,

    Vincent Piessevaux

    Sanctuaire Notre-Dame de Lourde à Jette : Rue Léopold Ier, 296, 1090 Bruxelles  

    Accessible en transports en commun :
    • Métro ligne 6 - station Pannenhuis
    • Bus STIB : 53 et 88 (arrêt Loyauté);
    • Tram STIB : 51 (arrêt Woeste);
    • Train : gare de Jette + bus 51 ou 88 ou gare Bockstael + bus  53 et 88.
  • Québec : 26 lieux de culte "requalifiés"

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    De François Gloutnay sur Présence (site canadien d'information religieuse) :

    Des églises bientôt converties en musées, salles de concert et centre des congrès

    Le Conseil du patrimoine religieux du Québec vient de dévoiler la carte interactive des 26 lieux de culte qui recevront cette année une subvention du nouveau programme qu'il gère et qui vise la requalification des lieux de culte patrimoniaux excédentaires. 

    2020-10-06

    Si les résultats des études de faisabilité commandées sont positifs, une vingtaine d'églises du Québec pourraient devenir, dans les prochains mois, sinon les prochaines années, des centres multifonctionnels, un lieu de mise en valeur de la villégiature et de la pêche au saumon, un atelier communautaire artistique, une salle de concert, un musée d'art social et même un centre régional des congrès.

    Le Conseil du patrimoine religieux du Québec vient de dévoiler la carte interactive des 26 lieux de culte qui recevront cette année une subvention du nouveau programme qu'il gère et qui vise la requalification des lieux de culte patrimoniaux excédentaires.

    C'est la ministre de la Culture et des Communications Nathalie Roy qui a annoncé, le jeudi 3 septembre 2020, l'octroi d'une somme de 5 M$ à ce programme afin de «donner une seconde vie à d'anciens lieux de culte et [de] redonner leur accès aux citoyens».

    Les propriétaires de quatre lieux de culte ont ce jour-là appris qu'ils se partageront la moitié de cette somme afin de mener à terme leur projet. Les municipalités de Saint-Ubalde, de Saint-Vallier et de Saint-Mathieu pourront ainsi transformer leur église locale en centre multifonctionnel grâce à des subventions respectives de 540 000 $, 680 000 $ et 561 465 $. De son côté, la Corporation d'innovation et de développement économique des Îles-de-la-Madeleine pourra convertir l'église Saint-André de Cap-aux-Meules en un incubateur d'entreprises grâce à un octroi de 626 812 $.

    Les projets de requalification de vingt-deux lieux de culte ont aussi obtenu des subventions plus modestes (une moyenne de 24 000 $). Les promoteurs de ces projets pourront réaliser des études techniques et se doter d'un plan d’affaires avant d'entreprendre la transformation des lieux de culte qu'ils convoitent.

    La municipalité de Saint-André-d'Argenteuil souhaite, par exemple, transformer l'église anglicane Christ Church en musée. Le Domaine Forget de Charlevoix voudrait de son côté convertir l'église Saint-Irénée en lieu de diffusion et d'enseignement de la musique et de la danse. Quant au Centre d'action bénévole de Port-Cartier, il entend établir ses nouveaux bureaux dans l'église Saint-Alexandre.

    Plusieurs municipalités québécoises ont aussi entrepris des études afin de vérifier combien il leur en coûterait pour transformer l'église locale en bibliothèque ou en salle de spectacle.

    À Percé, les élus municipaux rêvent plutôt d’édifier un Centre des congrès à l’intérieur de l'église Saint-Michel. À Saint-Hyacinthe, le conseil municipal réfléchit à la faisabilité d'un musée d'art social à l'intérieur de l'église Notre-Dame-du-Rosaire. La Corporation du patrimoine religieux de Rivière-du-Loup veut, de son côté, entreprendre des démarches afin de trouver une nouvelle vocation à l'église Saint-François-Xavier, fermée au culte depuis janvier 2020 en raison de problèmes structurels.

  • Haut-Karabakh : les Arméniens se battent pour leur survie mais l'Union Européenne regarde ailleurs

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    De Philippe Oswald sur La Sélection du Jour :

    6 octobre 2020

    Les Arméniens du Haut-Karabakh se battent pour leur survie mais l’UE regarde ailleurs

    C’est un conflit aux racines historiques profondes. Il oppose les Arméniens chrétiens aux musulmans de l’ancien Empire turc que veut aujourd’hui ressusciter le « calife » Erdogan. À mi-chemin entre le génocide des Arméniens en 1915 et notre époque, un autre dictateur, un des pires que la Terre ait jamais portés, a semé les graines de la zizanie qui ressurgit aujourd’hui : Staline. C’est lui qui a machiavéliquement rattaché le Haut-Karabakh (ou Nagorny Karabakh, le « Haut-Jardin noir ») très majoritairement chrétien à la « République socialiste d’Azerbaïdjan » musulmane, pour mieux soumettre les Arméniens après les avoir géographiquement séparés (relevons au passage que les totalitarismes communistes et nazis ont l’un et l’autre privilégié leurs rapports avec des musulmans pour les utiliser contre les chrétiens). Alors que se disloquait l’Union soviétique, les Arméniens ont conquis de haute lutte leur liberté, y compris ceux du Haut-Karabakh qui ont fait sécession de l’Azerbaïdjan au terme d’une guerre de cinq ans (1988-1994) entre Azéris et Arméniens – ceux-ci soutenant leurs compatriotes séparatistes – qui avait fait 30 000 morts entre 1988 à 1994. Des flambées de violence se déclencheront sporadiquement après le cessez-le-feu intervenu en 1994. En 2016, les Azéris avaient tenté de reprendre le Haut-Karabakh dans une « guerre de quatre jours » qui avait encore causé une centaine de victimes, de part et d’autre.

    Le 12 juillet dernier et pendant plusieurs jours, l’armée azerbaïdjanaise avait de nouveau attaqué – sans succès – l’Arménie, dont les frontières sont pourtant unanimement reconnues par la communauté internationale. Puis, le 27 septembre au matin, l’Azerbaïdjan a relancé les hostilités contre les Arméniens « séparatistes » du Haut-Karabakh (dont l’indépendance n’est pas reconnue par la communauté internationale). Militairement, le rapport de forces semble aujourd’hui disproportionné. L’Azerbaïdjan dispose d’une manne pétro-gazière qui lui a permis d’acquérir des drones d’attaque produits en Israël et en Turquie. Les Arméniens affirment que des avions F-16 turcs sont intervenus pour frapper des positions arméniennes non seulement au Haut-Karabakh, mais aussi en Arménie. Selon Erevan (capitale de l’Arménie) un de ses avions SU-25 a été abattu par un F-16, le 29 septembre. En outre, Bakou (capitale de l'Azerbaïdjan) utiliserait contre les civils arméniens des armes à sous munitions proscrites par le droit international.

    Après dix jours de conflit, les victimes ne se comptent plus seulement parmi les combattants des deux camps mais dans la population civile. En particulier à Stepanakert, la capitale du Haut-Karabakh (50 000 habitants environ), frappée depuis le week-end dernier par des bombardements de plus en plus intenses, notamment par des drones dont le maniement implique vraisemblablement le concours de militaires turcs. Le 24 septembre, soit trois jours avant la nouvelle agression azerbaïdjanaise, l’Observatoire syrien des droits de l’homme dénonçait l’envoi par la Turquie en Azerbaïdjan de djihadistes qui ont sévi contre les populations kurdes et chrétiennes en Syrie. La France a pointé la responsabilité de la Turquie dans cette présence de djihadistes au Haut-Karabakh, « un fait très grave, nouveau, qui change aussi la donne », a réagi Emmanuel Macron, le 1er octobre. Vladimir Poutine, sans accuser directement la Turquie, a exprimé sa « profonde préoccupation », lors d'un entretien avec le Premier ministre arménien. L’Azerbaïdjan est ouvertement soutenu par Erdogan qui multiplie les déclarations belliqueuses, tandis que l’Arménie espère la médiation du groupe de Minsk, coprésidé par la France, les États-Unis et la Russie sous l’égide de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), pour établir un cessez-le-feu.

    Et pendant ce temps, que fait l’Union Européenne ? Elle déplore, exhorte à la fin des combats, mais ne sanctionne toujours pas la Turquie. « Face à la Grèce et à Chypre, au Proche-Orient hier, aujourd'hui contre l'Arménie, la Turquie menace tout ce à quoi nous tenons. Mais les chefs d'État et de gouvernement d'Europe n'ont même pas osé parler de sanctions... Comment consentir encore à cette incroyable lâcheté ? » demande le député européen François-Xavier Bellamy, ce 6 octobre, dans une vibrante intervention faisant suite aux tièdes conclusions du Conseil européen (en lien ci-dessous).

  • Chanoine de Beukelaer : Que penser du port du voile, moi qui porte publiquement un signe vestimentaire religieux, soit le clergyman ?

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    Habillement clergé : la simple élégance du clergyman

    Une fois établi que le voile est un marqueur religieux, comment répondre à la question de son port - ou non - dans l’espace public ? Une contribution externe du chanoine Eric de Beukelaer dans « La Libre Belgique » de ce jour :

    « Alors que la pandémie charrie de nombreuses polémiques sur le port du masque, voici que le port du voile est débattu dans diverses communes de la périphérie bruxelloise. Face à cet enjeu, la plupart de nos formations politiques sont mal à l’aise. La question est, en effet, délicate. De surcroît, elle divise les politiciens progressistes entre une tendance universaliste et une aile particulariste. La première est plutôt hostile au port de signes religieux au nom de l’égalité et de la laïcité, alors que la seconde défend le port du voile, en ce compris derrière un guichet d’administration, afin d’encourager la représentation sociale d’une communauté économiquement précarisée.

    Poser le débat

    Pour prendre part au débat, il s’agit de d’abord en poser les termes. Je sais bien que nos grands-mères se couvraient la tête jusque dans les églises, mais il ne s’agit pas de cela. Le voile est aujourd’hui devenu un marqueur d’identité religieuse pour nombre de femmes musulmanes. Argumenter qu’il n’est qu’une banale coiffe en tissu est donc inadéquat. Si demain, je m’essuie les pieds en public sur le drapeau belge, en arguant qu’il ne s’agit somme toute, que d’un bout d’étoffe, personne ne me prendra au sérieux. Tout drapeau est un symbole et mon acte sera lourd de sens. Il en va de même pour le voile, la kippa ou l’habit ecclésiastique. Ce ne sont pas de simples pièces de vêtements, mais des marqueurs symboliques. Ne pas le reconnaître est fausser le débat.

    Une fois établi que le voile est un marqueur religieux, comment répondre à la question de son port - ou non - dans l’espace public ? Quand une question ne me concerne pas personnellement (car c’est un fait établi : je ne suis pas une femme musulmane), je tâche d’y répondre en me l’appliquant à moi-même. Ceci est d’autant plus aisé que j’ai fait le choix, en tant que prêtre catholique, d’également porter publiquement un signe vestimentaire religieux, soit le clergyman. Je juge, en effet, qu’il est enrichissant pour notre société que la dimension spirituelle dont témoigne le prêtre, puisse s’exprimer sans honte et ce, jusque dans l’espace public. De manière similaire, je n’ai donc rien à redire quand une femme musulmane, ou un juif observant, porte paisiblement en rue le signe de son appartenance religieuse. Imaginons cependant que dans un pays où il n’y a pas de financement des cultes, je devienne fonctionnaire pour gagner ma vie… Admettrait-on que je porte le clergyman durant mes heures de travail ? Et si - fort de ma formation en droit - je suis nommé magistrat, accepterait-on de me voir siéger, habillé en ecclésiastique ? S’il n’y a rien à redire quant au port d’un signe religieux dans l’espace public, il existe selon moi des endroits où la neutralité de l’État enjoint la retenue. Celui qui y exerce une fonction doit s’abstenir d’y afficher ses convictions.

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  • Dans l'ombre de Trump : Mike Pence, le "bon soldat"

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    De Nicolas Bérubé sur le site de La Presse (Canada) :

    Mike Pence, le bon soldat dans l’ombre de Trump

    Le vice-président doit se tenir prêt à prendre la tête du pays

    Responsable du groupe de travail de la Maison-Blanche sur le nouveau coronavirus, le vice-président Mike Pence pourrait devoir assumer les fonctions de la présidence, si la santé de Donald Trump devait se détériorer davantage.

    Dans le livre A Soldier of the Great War, l’auteur Mark Helprin raconte l’histoire d’un jeune soldat de la Première Guerre mondiale qui devient un héros à un moment-clé de l’histoire de l’Europe.

    Mike Pence, qui a déjà affirmé qu’A Soldier of the Great War était son roman favori, pourrait à sa façon devoir devenir un héros dans l’histoire surréelle d’octobre 2020 aux États-Unis.

    Le vice-président de 61 ans devrait assumer les fonctions de la présidence, si la maladie de Donald Trump venait à l’empêcher de gouverner. Le test de COVID-19 subi par Mike Pence s’est avéré négatif vendredi.

    « Trump est vivant et est toujours le porte-étendard, alors Mike Pence serait loyal s’il devait remplacer Trump pendant quelques semaines, ou quelques mois », explique en entrevue téléphonique Jaime A. Regalado, analyste politique et professeur émérite de sciences politiques à la California State University.

    Pratiquement tous les politiciens républicains ont peur de prendre des décisions qui iront à l’encontre de ce que Trump veut, dit-il.

    Avec Pence, on se retrouverait avec un adulte dans la pièce, si vous voulez, mais il devrait aussi faire attention de ne pas décevoir la base qui appuie Trump.

    Jaime A. Regalado, analyste politique

    Michael LaBossiere, auteur et spécialiste des théories du savoir à la Florida A&M University, note que le style de gouvernance risque de changer.

    « Pence ne déclenchera pas des tempêtes sur Twitter, sa rhétorique sera plus cohérente et moins extrême, dit-il. Pence semble aussi à l’aise de ne pas être tout le temps sous les projecteurs. En bref, les choses seront très calmes. »

    Mais les différences entre les politiques implantées par Pence seront « minimes », dit-il.

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  • Chine : l’accord du 22 septembre 2018 n’a produit aucun effet positif, que du contraire

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    De Sandro Magister (Settimo Cielo) en traduction française sur diakonos.be :

    Loin dans le rouge.  Le bilan décevant de deux années d’accord avec la Chine

    L’accord provisoire et secret signé il y a deux ans avec la Chine est arrivé à échéance le 22 septembre et le Saint-Siège voudrait le renouveler pour au moins deux années supplémentaires.

    Les signaux qui arrivent de Chine sont discordants.  Mais paradoxalement, l’attaque frontale menée contre l’accord par le Secrétaire d’État Mike Pompeo, d’abord dans un texte publié sur « First Things » et ensuite pendant sa visite à Rome le 1er octobre, pourrait jouer en faveur d’une entente, étant donné que Pékin – fait remarquer Gianni Cardinale, l’expert de l’Église en Chine, dans le journal « Avvenire » – « est disposée à faire davantage de concessions envers des interlocuteurs critiqués plutôt que loués par Washington ».

    À en juger par ce qu’il reste de liberté de religion en Chine, l’accord du 22 septembre 2018 n’a produit aucun effet positif.  C’est plutôt tout le contraire, si l’on s’en tient à des sources d’information telles qu’Asia News, UCA News et Bitter Winter.

    Mais l’accord portait sur une question bien circonscrite : la nomination des évêques catholiques en Chine.  Et même en n’évaluant que ce seul point, le bilan est décevant.

    *

    Tout d’abord, il faut tenir compte du fait qu’il y a 135 diocèses et préfectures apostoliques en Chine et qu’au moment de la signature de l’accord, seules 73 d’entre eux étaient dirigées par un évêque.  Aujourd’hui, ceux qui ont un évêque à leur tête sont au nombre de 74, à peine une unité de plus.  Il y a donc pratiquement autant de diocèses qui continuent à rester vacants, malgré que l’objectif du Saint-Siège, avec la signature de cet accord, était justement de combler ces vides.

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  • Fratelli tutti : une encyclique très politique du pape François sur la fraternité universelle

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    fratelli-tutti.jpgEn la fête du « Poverello » d’Assise, le pape François publie ce dimanche 4 octobre une très longue (270 pages!) encyclique intitulée «Tous frères». Première réaction à chaud de Jean-Marie Guénois sur le site web du « Figaro » :

    « C’est le texte le plus politique du pape François: une lettre encyclique intitulée «Fratelli tutti», «Tous frères» avec ce sous-titre «Sur la fraternité et l’amitié sociale», publiée le 4 octobre, où il pourfend «le racisme», un «virus qui mute», certaines «formes de nationalisme» fondées sur «le repli sur soi (...), des attitudes xénophobes, le mépris», le «populisme malsain» qui «cache le mépris des autres» et les «visions libérales individualistes» et leurs «intérêts économiques effrénés» fondé sur «le dogme de foi néolibéral», alors que «la grande question, c’est le travail» pour tous.

    Il s’agit, au contraire, de construire une  «autre logique» par une «bonne politique» non guidée par la seule économie. Une politique «noble» dont «l’âme serait la charité sociale» ou «l’amour social», en vue d’une «société fraternelle» où les «migrants» notamment et les plus pauvres doivent avoir leur «droits» où qu’ils soient.

    Une société où « les mouvements populaires rassemblant des chômeurs, des travailleurs précaires» doivent donc avoir leur «place» pour une «économie populaire et de production communautaire». Ce sont en effet des «poètes sociaux» qui doivent édifier une «politique sociale» non pas «vers les pauvres» mais «avec les pauvres».

    S’appuyant sur la parabole du Bon Samaritain, le pape estime par conséquent «inacceptable» que des chrétiens fassent «prévaloir certaines préférences politiques» qui n’iraient pas dans ce sens car «la dignité inaliénable de chaque personne» surpasse «son origine, sa couleur, sa religion» et institue «la loi suprême de l’amour fraternelle». Le pape parle même de «mystique de la fraternité» qui a pour finalité la «fête de la fraternité universelle».

    François insiste en particulier - et de façon nouvelle - sur trois points précis:

    Sur les frontières tout d’abord. Les «limites et les frontières des Etats ne peuvent pas s’opposer» à l’arrivée d’un migrant car il n’est pas un «usurpateur». Ainsi «personne ne peut être exclu, peu importe où il soit né» puisque «chaque pays est également celui de l’étranger». Il est donc «important d’appliquer aux migrants arrivés depuis quelque temps et intégrés à la société le concept de ‘citoyenneté’» et «renoncer à l’usage discriminatoire du terme ‘minorités’». En effet, «les migrants, si on les aide à s’intégrer, sont une bénédiction, une richesse, un don qui invitent une société à grandir».

    Sur la «propriété privée» ensuite, François rappelle qu’elle n’est pas exclusive mais elle est «secondaire» et donc relative à sa «fonction sociale» d’aider les plus pauvres. Il y a une «subordination de toute propriété privée à la destination universelle des biens de la terre et par conséquent, le droit de tous à leur utilisation».

    Troisième nouveauté, déjà évoquée dans des discours mais confirmée dans cette encyclique, la notion de «guerre juste». Elle n’est plus pensable et François demande de transformer les budgets d’armement, en un «fond mondial» de lutte contre la faim. «Nous ne pouvons plus penser à la guerre comme une solution, du fait que les risques seront probablement toujours plus grands que l’utilité hypothétique qu’on lui attribue. Face à cette réalité, il est très difficile aujourd’hui de défendre les critères rationnels, mûris en d’autres temps, pour parler d’une possible guerre juste. Jamais plus la guerre». Ce qui suppose «l’impératif» de «l’élimination totale des armes nucléaires» au titre d’un «objectif ultime».

    Une encyclique inspirée par le grand imam du Caire

    Autre originalité de cette encyclique - dans la tradition catholique, une encyclique synthétise l’enseignement d’un pape sur une question précise, ici le social et le politique - elle a été inspirée par la pandémie mondiale du Covid-19 mais aussi, révèle François, par le grand imam du Caire, Ahmad Al-Tayyeb, cité à cinq reprises au fil des 270 pages. Ils avaient rédigé ensemble un appel commun, à Abou Dhabi (Emirats Arabes Unis) en février 2019 qui est reproduit à la fin du texte. Dans ce cadre, le pape remet d’ailleurs en cause la «violence fondamentaliste» dans «l’une ou l’autre religion» sans accuser l’islamisme.

    C’est sur le tombeau de Saint François, à Assise, apôtre de la pauvreté sous lequel François a placé son pontificat lors de son élection le 13 mars 2013, que le pape a signé symboliquement cette troisième encyclique, samedi 3 octobre dans l’après-midi. La précédente encyclique de François, «Laudato Si» a été publiée il y a cinq ans, elle portait sur l’écologie. »

    Ref. L’encyclique très politique du Pape sur la «fraternité»

    JPSC

  • Fratelli Tutti : la nouvelle encyclique du pape François est publiée

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    Lecture brève sur "Chrétiens dans la Cité" (blog de la lettre d'information de Denis Sureau)

    Du site du Vatican :

    LETTRE ENCYCLIQUE
    FRATELLI TUTTI
    DU SAINT-PÈRE
    FRANÇOIS
    SUR LA FRATERNITÉ ET L'AMITIÉ SOCIALE

    1. « Fratelli tutti »,[1] écrivait saint François d’Assise, en s’adressant à tous ses frères et sœurs, pour leur proposer un mode de vie au goût de l’Évangile. Parmi ses conseils, je voudrais en souligner un par lequel il invite à un amour qui surmonte les barrières de la géographie et de l’espace. Il déclare heureux celui qui aime l’autre « autant lorsqu’il serait loin de lui comme quand il serait avec lui ».[2] En quelques mots simples, il exprime l’essentiel d’une fraternité ouverte qui permet de reconnaître, de valoriser et d’aimer chaque personne indépendamment de la proximité physique, peu importe où elle est née ou habite.

    2. Ce Saint de l’amour fraternel, de la simplicité et de la joie, qui m’a inspiré l’écriture de l’encyclique Laudato si´, me pousse cette fois-ci à consacrer la présente nouvelle encyclique à la fraternité et à l’amitié sociale. En effet, saint François, qui se sentait frère du soleil, de la mer et du vent, se savait encore davantage uni à ceux qui étaient de sa propre chair. Il a semé la paix partout et côtoyé les pauvres, les abandonnés, les malades, les marginalisés, les derniers.

    Sans frontières

    3. Il y a un épisode de sa vie qui nous révèle son cœur sans limites, capable de franchir les distances liées à l’origine, à la nationalité, à la couleur ou à la religion. C’est sa visite au Sultan Malik-el-Kamil, en Égypte, visite qui lui a coûté de gros efforts du fait de sa pauvreté, de ses ressources maigres, de la distance et des différences de langue, de culture et de religion. Ce voyage, en ce moment historique marqué par les croisades, révélait encore davantage la grandeur de l’amour qu’il voulait témoigner, désireux d’étreindre tous les hommes. La fidélité à son Seigneur était proportionnelle à son amour pour ses frères et sœurs. Bien que conscient des difficultés et des dangers, saint François est allé à la rencontre du Sultan en adoptant la même attitude qu’il demandait à ses disciples, à savoir, sans nier leur identité, quand ils sont « parmi les sarrasins et autres infidèles … de ne faire ni disputes ni querelles, mais d’être soumis à toute créature humaine à cause de Dieu ».[3] Dans ce contexte, c’était une recommandation extraordinaire. Nous sommes impressionnés, huit-cents ans après, que François invite à éviter toute forme d’agression ou de conflit et également à vivre une ‘‘soumission’’ humble et fraternelle, y compris vis-à-vis de ceux qui ne partagent pas sa foi.

    4. Il ne faisait pas de guerre dialectique en imposant des doctrines, mais il communiquait l’amour de Dieu. Il avait compris que « Dieu est Amour [et que] celui qui demeure dans l’amour demeure en Dieu » (1Jn 4, 16). Ainsi, il a été un père fécond qui a réveillé le rêve d’une société fraternelle, car « seul l’homme qui accepte de rejoindre d’autres êtres dans leur mouvement propre, non pour les retenir à soi, mais pour les aider à devenir un peu plus eux-mêmes, devient réellement père ».[4] Dans ce monde parsemé de tours de guet et de murs de protection, les villes étaient déchirées par des guerres sanglantes entre de puissants clans, alors que s’agrandissaient les zones misérables des périphéries marginalisées. Là, François a reçu la vraie paix intérieure, s’est libéré de tout désir de suprématie sur les autres, s’est fait l’un des derniers et a cherché à vivre en harmonie avec tout le monde. C’est lui qui a inspiré ces pages.

    5. Les questions liées à la fraternité et à l’amitié sociale ont toujours été parmi mes préoccupations. Ces dernières années, je les ai évoquées à plusieurs reprises et en divers endroits. J’ai voulu recueillir dans cette encyclique beaucoup de ces interventions en les situant dans le contexte d’une réflexion plus large. En outre, si pour la rédaction de Laudato si´ j’ai trouvé une source d’inspiration chez mon frère Bartholomée, Patriarche orthodoxe qui a promu avec beaucoup de vigueur la sauvegarde de la création, dans ce cas-ci, je me suis particulièrement senti encouragé par le Grand Iman Ahmad Al-Tayyeb que j’ai rencontré à Abou Dhabi pour rappeler que Dieu « a créé tous les êtres humains égaux en droits, en devoirs et en dignité, et les a appelés à coexister comme des frères entre eux ».[5] Ce n’était pas un simple acte diplomatique, mais une réflexion faite dans le dialogue et fondée sur un engagement commun. Cette encyclique rassemble et développe des thèmes importants abordés dans ce document que nous avons signé ensemble. J’ai également pris en compte ici, dans mon langage personnel, de nombreuses lettres et documents contenant des réflexions, que j’ai reçus de beaucoup de personnes et de groupes à travers le monde.

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