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ASIE/TURQUIE - Déferlement de discours haineux dans la presse turque, en particulier à l'encontre des grecs, des arméniens et des syriens
28 septembre 2020
Istanbul (Agence Fides) – En 2019 également, les moyens de communication turcs, sur papier et numériques, ont été porteurs d'un grand nombre de discours haineux – Hate Speech en anglais – à savoir d'interventions dénigrant et incitant au mépris de personnes ou groupes humains identifiés sur une base nationale, ethnique ou religieuse. C'est ce qui ressort du rapport produit annuellement à ce propos en Turquie par la Fondation Hrant Dink, ayant son siège à Istanbul.
La Fondation, qui porte le nom d'un journaliste turc d'origine arménienne assassiné en 2007, conduit depuis 2009 des enquêtes sur les expressions de haine religieuse et de racisme qui apparaissent dans les moyens de communication turcs. Selon le compte-rendu cité par Agos, revue bilingue turc-arménien publiée à Istanbul, le rapport de la Fondation Hrant Dink relatif à l'année 2019 et basé sur la surveillance de 500 titres nationaux, régionaux et numériques, a enregistré une moyenne de 19 articles par jour contenant des discours dénigrants envers des groupes ou des personnes. Les insultes et les incitations à la haine à base ethnique ou religieuse apparues dans la presse turque au cours de l'année 2019 ont pris pour cible 80 ethnies ou communautés religieuses différentes. Les expressions injurieuses diffusées par les moyens de communication turcs, selon ce que démontre le rapport de la Fondation Hrant Dink, ont concerné de manière particulièrement fréquente et avec un acharnement particulier les arméniens, les syriens et les grecs. (GV) (Agence Fides 28/09/2020)
L’armée de l’Azerbaïdjan et les défenseurs de l’Artsakh (alias le Haut-Karabagh) s’affrontent avec des armes lourdes dans cette région contestée entre l’Arménie chrétienne et l’Azerbaïdjan musulman. Ils mettent fin à un statu quo vieux de trente ans. Décryptage.
Lors de l’Angélus prononcé depuis le palais apostolique au Vatican le 27 septembre 2020, le pape François faisait part de son inquiétude : « Je demande aux parties en conflit d’accomplir des gestes concrets de fraternité et de bonne volonté qui permettent de résoudre les problèmes non pas avec la force et les armes mais à travers le dialogue la négociation. Prions en silence pour la paix dans le Caucase ! »
TIRS D’ARTILLERIE, TANKS ET DRONES
La veille, samedi 26 septembre, des échanges de tirs y compris d’armes lourdes ont eu lieu au Haut-Karabagh région autonome contestée entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan. Selon un bilan provisoire, au moins 24 personnes sont mortes, y compris des civils, et plus d’une centaine ont été blessées. Les belligérants sont d’une part l’Azerbaïdjan et de l’autre les défenseurs du Haut-Karabagh, appelé localement l’Artsakh. L’armée azérie a envoyé au combat des moyens lourds, tanks et artillerie, accompagnés de drones.
Devant l’ampleur de ces affrontements, tant les autorités arméniennes que la présidence de l’Artsakh ont décrété dimanche «la mobilisation générale » et la loi martiale. « J’exhorte tout le personnel à se présenter aux commissariats militaires », a déclaré sur Facebook le Premier ministre arménien Nikol Pachinian. Dans l’autre camp, le Président de l’Azerbaïdjan, Ilham Aliyev affirmait « Ceux qui tentent d’intimider l’Azerbaïdjan le regretteront ».
Universitaire américain aujourd’hui émérite, Michael D. Aeschliman part de l’essai de C. S. Lewis L’abolition de l’homme mais élargit très vite son propos en citant de très nombreux penseurs principalement anglo-saxons pour dénoncer le scientisme – cette croyance naïve selon laquelle la méthode scientifique moderne serait la seule voie d’accès à la connaissance. A ce réductionnisme qualifié de « religion des athées », l’auteur lui préfère la sapientia, la sagesse comme forme suprême du sens commun. De Swift (Les Voyages de Gulliver) et Chesterton jusqu’à Hans Jonas ou George Steiner, les bons esprits – écrivains, philosophes, savants… – n’ont pas manqué pour expliquer ce que le philosophe Ludwig Wittgenstein a résumé dans une sentence lapidaire : « Nous sentons que même si toutes les questions scientifiques possibles ont trouvé leur réponse, nos problèmes de vie n’ont pas même été effleurés. » Riche de références, l’essai de Michael D. Aeschliman est complété par des annexes intéressantes sur Aldous Huxley (Le Meilleur des mondes), Pierre Duhem, Sade et Tocqueville, et par un utile index biographique.
Petite Feuille Verte n°74 : L’islam est -il une religion?
29 septembre 2020
La question posée par le titre peut surprendre. Elle mérite pourtant d’être examinée de près, compte tenu des implications de plus en plus nombreuses et variées de l’islam dans des domaines qui sortent du cadre strictement religieux (sociaux, juridiques, militaires, politiques et géopolitiques). En fait, la dimension religieuse de l’islam est en principe inséparable de ses aspects temporels. C’est pourquoi, s’il est impossible de nier à l’islam la qualité de religion, il convient d’en préciser le sens et les spécificités afin de le situer dans le concert des religions du monde.
QU’EST-CE QU’UNE RELIGION ?
Le Petit Larousse propose deux définitions conjointes pour le mot « religion » : « Ensemble de croyances et de dogmes définissant le rapport de l’homme avec le sacré » ; « Ensemble de pratiques et de rites propres à chacune de ces croyances ». Dans la religion, il y a donc une « orthodoxie » (ce qu’il faut croire) et une « orthopraxie » (ce qu’il faut faire).
Pour Rémi Brague, le monde des religions se présente sous une forme plus complexe : « Le fait qu’on admette l’existence d’un principe suprême de l’Être, qu’il s’agisse d’un absolu abstrait ou d’un Dieu personnel, ne constitue pas encore une religion. Pour que celle-ci naisse, il faut aussi que l’on soit au clair sur la voie qui permet d’accéder à cet Absolu ou à un Dieu. Cet élément manque, par exemple, chez les philosophes grecs de la période classique. Aristote, qui admet l’existence d’un Premier Moteur immobile et l’appuie sur des démonstrations, allant jusqu’à lui donner le nom de “dieu ” (theos), ne conçoit pas ce dieucomme constituant l’objet d’une religion ». Aristote était donc l’adepte d’un « monothéismenon religieux » (Sur la religion, Flammarion, 2018, p. 18 et 48). Brague souligne aussi l’existence de religions inventées, de type monothéiste : le dieu des déistes des Lumières, l’Etre suprême de la Révolution française, etc. (Ibid.).
Alain Besançon s’intéresse lui aussi à la diversité religieuse dans le monde. « Beaucoup de religions païennes connaissent, au-dessus du peuple des dieux, un dieu supérieur qui tend à absorber en lui les divinités subordonnées […]. Le vieux dualisme de la religion perse se résout, dans la doctrine de Zoroastre, au monothéisme autour d’Ahoura Mazda. Les Sikhs croient en un seul Dieu, absolu, éternel, créateur, transcendant » (Problèmes religieux contemporains, Éd. de Fallois, 2015, p. 173).
Un autre prêtre torturé pour le forcer à rejoindre l'Eglise officielle
29/09/202
Don Liu Maochun, du diocèse de Mindong, refuse d'adhérer à l'Association patriotique catholique chinoise. Arrêté, il a été privé de sommeil pour tenter de plier sa volonté
Le 1er septembre, le père Liu Maochun du diocèse de Mindong, dans le sud-est de la province de Fujian, rendait visite à des patients dans un hôpital lorsque la police l'a emmené. Les agents l'ont interrogé dans un centre de détention de la ville ayant le statut du comté de Fu'an. Une source à l'intérieur du diocèse a dit à Bitter Winter que le père Liu Maochun avait été impitoyablement torturé. Les officiers jouaient un gong près de ses oreilles et pointaient une lumière vive vers ses yeux pendant plusieurs jours d'affilée, une méthode de torture connue sous le nom de "porter un aigle" lorsqu'une personne est privée de sommeil pendant une longue période.
"Le gouvernement prétend que Don Liu Maochun a désobéi à ses règles et est "idéologiquement radical", a expliqué la source.
Les tensions entre le régime et les prêtres du diocèse se sont accrues depuis la signature des accords entre la Chine et le Vatican en 2018. L'accord intérimaire n'a pas amélioré la condition du clergé dans ce qui est connu comme l'Eglise catholique clandestine chinoise, car le PCC exige l'adhésion à l'Association patriotique catholique chinoise (APCC), ignorant les directives du Vatican pour 2019, qui appellent au respect de ceux qui refusent de s'y joindre pour des raisons de conscience. Les prêtres qui refusent de contrôler le PCC sont gravement persécutés, notamment par la possibilité d'être arrêtés et de subir d'autres formes de mauvais traitements et d'intimidation.
Le père Liu Maochun, 46 ans, vit dans l'ancienne résidence de l'évêque à Luojiang, dans le sous-district de Fu'an, qu'il partage avec l'évêque auxiliaire du diocèse, Guo Xijin. Don Liu a été réprimandé à plusieurs reprises pour son refus de rejoindre l'APCC et le régime a également touché ses proches. L'agence de voyage de son neveu a été fermée l'année dernière et ses parents plus âgés ont subi des pressions pour rejoindre l'APCC.
"Don Liu Maochun est l'assistant de Monseigneur Guo. Le régime arrête et veut contrôler les prêtres proches de lui qui refusent de rejoindre l'APCC", explique la source. Il ajoute que le gouvernement a persécuté un diacre du diocèse, menaçant de démolir sa maison et de prendre ses enfants s'il soutenait encore le refus de Monseigneur Guo de rejoindre l'Église patriotique".
Une source interne au sein de l'administration Fu'an a rapporté à Bitter Winter que l'arrestation de Don Liu Maochun est liée aux enquêtes sur les fuites d'informations concernant la torture de Don Huang, un autre prêtre de Mindong qui refuse de rejoindre l'APCC. Le régime soupçonne que Don Liu Maochun pourrait être l'une des personnes qui ont divulgué des informations sur Don Huang à la presse étrangère.
Un catholique local a rapporté à Bitter Winter que Don Liu Maochun avait envoyé un message sur WeChat disant que s'il rejoignait l'APCC, ce serait à cause des méthodes sournoises et méprisables du régime et non de son propre gré.
Le lendemain de l'arrestation du père Liu, le bureau de la sécurité publique de Ningde a ordonné l'arrestation du père Zhu Rutuan, un autre prêtre du diocèse, pour le forcer à rejoindre l'APCC. Après avoir reçu un avertissement, le prêtre s'est caché et les fonctionnaires du Bureau emploient une surveillance de haute technologie pour le retrouver.
Une source interne à l'administration a rapporté à Bitter Winter que les autorités considèrent les prêtres qui refusent de rejoindre l'Eglise patriotique comme des "extrémistes religieux" parce qu'ils ne croient qu'en Dieu et rejettent l'autorité du PCC. "Il est prévu de détenir les "extrémistes religieux" ou ceux qui sont étiquetés xie jiao dans des cours d'endoctrinement spéciaux appelés "maisons de l'amour"", indique la source.
Entretien avec le géographe Jean-Robert Pitte, secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences morales et politiques
Dans son dernier ouvrage (La Planète catholique, Editions Tallandier, 2020), Jean-Robert Pitte, secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences morales et politiques, dresse une “géographie culturelle” du catholicisme. Bien sûr, il y rappelle comment se répartissent les catholiques à la surface du globe. Mais, de façon très sensible, vivante et accessible, il cartographie aussi des paysages intérieurs, expliquant combien les valeurs et les croyances catholiques ont façonné une manière singulière d’habiter le monde, de vivre, aimer, travailler, bâtir, manger, boire, dormir et bien sûr de mourir.
Résumé sur la page de l'éditeur (Tallandier) :
Plus d'un milliard d'hommes sont façonnés par une foi universelle, encadrés spirituellement par une hiérarchie sacerdotale, professant le même Credo, guidés par un pasteur unique, l'évêque de Rome. Cela leur confère d'évidentes particularités culturelles : ils ne répugnent pas à se laisser conduire et se méfient des excès du libre arbitre. Au sein même du christianisme, on n'entretient pas les mêmes relations entre hommes, femmes et enfants nés ou à naître, on ne dort pas tout à fait de la même façon, on ne regarde pas l'argent du même œil, on n'apprécie pas les mêmes vins, on ne bâtit pas les mêmes villes, on n'installe pas les mêmes cimetières, on n'a pas la même attitude face à la nature, selon que l'on est catholique ou protestant, etc.
L'ancrage de l'Occident méridional dans la foi et la culture catholiques a joué un rôle crucial dans l'organisation de l'espace, dans les paysages et l'architecture, dans les pratiques sociales, par exemple dans la conception de la sexualité ou de l'alimentation. Partout, les catholiques sont à la fois divers et semblables. Certains vivent en terre de vieille chrétienté, dans des régions évangélisées à l'époque moderne (Amérique latine, Philippines…) et d'autres encore appartiennent à des contrées qui étaient, il y a peu, des pays de mission (Afrique, Océanie…). Aujourd'hui, le catholicisme a beau reculer dans les cœurs et les intelligences des Européens, il marque toujours leurs mentalités et leurs habitudes.
Le grand spécialiste de géographie culturelle qu'est Jean-Robert Pitte nous montre et explique les manières dont se croisent, sur le terrain, cette foi universelle et les coutumes propres à tous les groupes humains. Il illustre son propos par une quarantaine de cartes et une vingtaine de reproductions d'œuvres d'art qui éclairent une démarche tout à fait nouvelle.
La gifle du pape au vieux cardinal Zen : à Rome pour le rencontrer, il ne l'a pas reçu
27 septembre 2020
La gifle du pape au vieux cardinal Zen : venu à Rome pour le rencontrer, il ne l'a pas reçu
Cité du Vatican - Il n'a réussi à remettre qu'une lettre adressée au pape François par l'intermédiaire de son secrétaire, le père Gonzalo, puis a attendu avec confiance pendant trois jours à l'hôtel. Finalement, le cardinal émérite de Hong Kong, Joseph Zen, 88 ans mais très lucide et déterminé, devant tant de silence, comprit l'antienne, fit sa valise et quitta Rome. Il ne s'attendait pas à un traitement aussi humiliant. Il aurait aimé rencontrer le Pontife pour lui parler de la situation chinoise et avoir la chance de lui montrer qu'il serait peut-être préférable de reporter le renouvellement de l'accord, mais il n'en a pas eu l'occasion.
PLUS DE DÉTAILS
Le pape François l'a en fait ignoré, probablement à cause des trop nombreux engagements concentrés à Santa Marta, entre les audiences et les tâches à accomplir. Avant de retourner à l'avion, Zen a expliqué à certaines personnes qu'il avait espéré jusqu'au dernier moment un appel téléphonique. Mais il n'y a rien à faire. Il se souciait de plaider la cause du nouvel évêque de Hong Kong.
Le poste est vacant depuis plus d'un an et demi, des noms ont été cités, dont celui d'un prêtre qui, à son avis, est très indiqué même si la possibilité de nommer un prêtre nommé Peter Choi, ouvertement pro-chinois et, bien sûr, très apprécié par le gouvernement de Pékin, a regagné du terrain. La nomination de l'évêque de Hong Kong est une véritable épine dans le pied du pape François.
Aujourd'hui, les nominations d'évêques en Chine (et aussi dans l'ancien protectorat anglais) dépendent en fait du choix commun d'une personnalité qui bien convenir à la fois pour Rome et pour le gouvernement communiste. Mais l'affaire devient plutôt compliquée. Le cardinal Zen a expliqué que le père Choi fracturerait la communauté catholique encore plus qu'elle ne l'est actuellement.
Face au dilemme de Hong Kong, le pape François continue de garder le silence, évitant de prendre position sur les violations des droits fondamentaux qui ont lieu maintenant après l'entrée en vigueur de la loi sur la sécurité, cause de tant de protestations. Lors de la dernière visite papale, interrogé par des journalistes, le pape a même comparé les mouvements de protestation de Hong Kong aux gilets jaunes français, faisant une comparaison indirecte entre la démocratie française mature et le gouvernement autoritaire de Pékin. "Répression ? Il y a aussi de la répression en France", a-t-il déclaré...
Un grand entretien avec Joseph Bottum publié dans Le Figaro. Professeur à l’université du Dakota du Sud, Joseph Bottum est essayiste et spécialiste du phénomène religieux en politique. Dans son livre « An Anxious Rage, the Post-Protestant Ethic and the Spirit of America », écrit il y a six ans, il explique qu’on ne peut comprendre la fureur idéologique qui s’est emparée de l’Amérique, si l'on ne s’intéresse pas à la centralité du fait religieux et à l’effondrement du protestantisme, « ce Mississippi » qui a arrosé et façonné si longtemps la culture américaine et ses mœurs. Bottum décrit la marque laissée par le protestantisme à travers l’émergence de ce qu’il appelle les « post-protestants », ces nouveaux puritains sans Dieu qui pratiquent la religion de la culture « woke » et de la justice sociale, et rejettent le projet américain dans son intégralité. Il voit à l’œuvre une entreprise de « destruction de la modernité » sur laquelle sont fondés les États-Unis. Son regard offre un éclairage saisissant sur les élections américaines, dont il craint qu’elles ne dégénèrent en guerre civile si Trump est réélu.
LE FIGARO. — Dans votre livre « An Anxious Age », vous revenez sur l’importance fondamentale du protestantisme pour comprendre les États-Unis et vous expliquez que son effondrement a été le fait sociologique central, mais sous-estimé, des 50 dernières années. Vous dites que ce déclin a débouché sur l’émergence d’un post-protestantisme qui est un nouveau puritanisme sans Dieu, qui explique la rage quasi religieuse qui s’exprime dans les rues du pays. De quoi s’agit-il ?
Joseph BOTTUM. — Quand j’ai écrit mon livre, je suis retourné à Max Weber et à Alexis de Tocqueville, car tous deux avaient identifié l’importance fondamentale de l’anxiété spirituelle que nous éprouvons tous. Il me semble qu’à la fin du XXe siècle et au début du XXIe siècle, nous avons oublié la centralité de cette anxiété, de ces démons ou anges spirituels qui nous habitent. Ils nous gouvernent de manière profondément dangereuse. Norman Mailer a dit un jour que toute la sociologie américaine avait été un effort désespéré pour essayer de dire quelque chose sur l’Amérique que Tocqueville n’avait pas dit ! C’est vrai ! Tocqueville avait saisi l’importance du fait religieux et de la panoplie des Églises protestantes qui ont défini la nation américaine. Il a montré que malgré leur nombre innombrable et leurs querelles, elles étaient parvenues à s’unir pour être ce qu’il appelait joliment « le courant central des manières et de la morale ». Quelles que soient les empoignades entre anglicans épiscopaliens et congrégationalistes, entre congrégationalistes et presbytériens, entre presbytériens et baptistes, les protestants se sont combinés pour donner une forme à nos vies : celle des mariages, des baptêmes et des funérailles ; des familles, et même de la politique, en cela même que le protestantisme ne cesse d’affirmer qu’il y a quelque chose de plus important que la politique. Ce modèle a perduré jusqu’au milieu des années 1960.
Equateur : le président rejette un projet de loi dépénalisant l’avortement
28 septembre 2020
En Equateur, le président Lenin Moreno a présenté son veto face à un projet de loi approuvé en août par le Parlement visant à dépénaliser l’avortement « dans toutes les situations d’urgence médicale ». Le texte prévoyait également d’interdire toute clause de conscience pour les médecins et établissement de santé, les contraignant à pratiquer des avortements.
« J’ai opposé mon veto au code de la santé biologique pour des raisons techniques et parce qu’il ne répond pas aux besoins actuels de la population », a publié le président équatorien sur Twitter. Toutefois, il ne s’opposera pas à un autre projet si celui-ci « répond aux exigences sanitaires »[1].
Actuellement, l’avortement est autorisé dans ce pays « lorsque la mère est en danger, avec vérification médicale, ou si la grossesse est le résultat du viol d’une personne handicapée mentale ». Dans les autres cas l’avortement est puni d’une peine allant de 6 mois à deux ans de prison.
[1] Après application du veto présidentiel, le projet de loi ne peut être réexaminer par le Parlement avant un an.
De Sandro Magister (Settimo Cielo) en traduction française sur Diakonos.be :
Tous les « non » du Pape François aux progressistes. Le dernier, très ferme, est sur la fin de vie
En dépit du désintérêt général des médias dominants – pour lequel le « droit » à décider quand et comment mourir est désormais considéré comme inviolable – le Pape François a redit une fois pour toutes le « non » radical de l’Église catholique à l’euthanasie.
Il l’a répété dans la lettre « Samaritanus bonus » signée par le cardinal Luis F. Ladaria, Préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, qu’il a approuvée le 25 juin de cette année et qui a été rendue publique le 22 septembre.
En présentant la lettre, le cardinal Ladaria l’a motivée « en relation avec la situation actuelle, caractérisée par un contexte civil international toujours plus permissif ».
Mais dans la lettre, il est également précisé que sa publication a été jugée nécessaire « pour exclure une fois de plus toute ambiguïté quant à l’enseignement du Magistère [de l’Église] sur l’euthanasie et le suicide assisté ».
La lettre « Samaritanus bonus » constitue donc le dernier « non » en date que le Pape François prononce depuis quelques temps contre les fuites en avant des franges progressistes de l’Église, qui avaient beaucoup compté sur son soutien et qui, aujourd’hui, ne cachent plus leur mécontentement.
Voici donc, la séquence des « halte-là » ordonnés par Jorge Mario Bergoglio depuis deux ans à cette faction, même s’ils n’ont pas tous été couronnés de succès :
la lettre du 25 mai 2018 aux évêques d’Allemagne contre l’« intercommunion » eucharistique entre catholiques et protestants, une lettre elle aussi rédigée par le cardinal Ladaria et contresignée par le Pape ;
la lettre du 18 septembre 2020, toujours contre l’intercommunion et accompagnée d’une note doctrinale, par laquelle le cardinal Ladaria s’est à nouveau adressé aux évêques allemands, qui n’avaient de toute évidence pas tenu compte de l’avertissement précédent et qui étaient au contraire plus déterminés que jamais à avancer que jamais, sur la base d’un document d’accord avec les protestants daté de septembre 2019 ;
le silence imposé par le Pape au synode sur les jeunes d’octobre 2018 concernant le « changement de paradigme » pour juger les couples homosexuels, un silence observé aussi bien dans la discussion en séance que dans le document final et l’exhortation pontificale post-synodale « Christus vivit » ;
les lettres d’admonestation sévère envoyée à l’Église d’Allemagne par le Pape en personne ou en son nom par le cardinal Marc Ouellet, Préfet de la Congrégation pour les évêques, pour faire barrage à des décisions aux accents schismatiques en faveur des prêtres mariés, des femmes prêtres et d’une nouvelle morale sexuelle, qui figure toujours à l’agenda d’un synode national qui s’est ouvert le 1er décembre 2019 ;
le silence complet du Pape François, dans l’exhortation pontificale conclusive du synode sur l’Amazonie, rendue publique le 12 février 2020, concernant l’admission au sacerdoce de « viri probati » avec femme et enfants, qui avait pourtant été approuvée par une majorité au synode ;
François a tenu à justifier ce dernier silence dans une note écrite qu’il a fait publier dans « La Civiltà Cattolica » du 5 septembre dernier, l’attribuant au « mauvais esprit » de la discussion en séance synodale, divisée en « positions dialectiques et antagonistes » comme dans un parlement profane et, à son jugement, privée de « discernement ».
Jean-Philippe Lajambe, entrepreneur, propose une aperçu synthétique des différents types d’écologie existants et leurs potentiels écueils. Il le dit lui-même : c’est parfois un peu caricatural, mais ça permet d’avoir quelques repères forts pour bien comprendre les différentes tendances que l’on perçoit au quotidien dans les discours ambiants.
Jean-Philippe Lajambe : “On parle beaucoup d’écologie. Or, il y a beaucoup d’idées différentes qui apparaissent derrière ce mot d’écologie. L’idée est donc de définir les mouvements écologiques qui existent et les idées qui les sous-tendent.
L’écologie du bon sens
Cette écologie du bon sens, de la vie quotidienne, passe par plein de petites actions pour retrouver le sens de la consommation. Cela peut passer par le fait de refaire des gâteaux, des conserves, d’avoir un compost alimentaire, d’utiliser du vinaigre blanc et du bicarbonate pour faire son ménage… On vous dénigrera assez vite en vous disant “à quoi bon ?”. La réponse est simple ; elle réside dans l’importance du “faire sa part”, valorisé par le mouvement Colibri. Voilà comment devenir acteurs, assez simplement, pour injecter plus de cohérence à sa vie.
La deep ecology
La deep ecology ou écologie profonde met la Terre au centre de la vie, elle est déifiée, elle devient supérieure à l’homme. L’un des risques engendré est que l’homme finisse par n’être considéré que comme son prédateur, qu’il ne s’aime plus.
Ce mouvement est assez complexe. Il explique un certain nombre de choses de notre monde. Ainsi, beaucoup de couples occidentaux se posent aujourd’hui la question d’avoir des enfants : le fait de ne pas avoir d’enfant protègerait la planète. Cela pose donc une vraie bonne question : quelle est la place de l’homme sur notre planète ?
L’antispécisme
L’antispécisme est lié, notamment, à la reconnaissance des droits des animaux. On connait le succès des végétariens qui refusent la consommation de chair animale. C’est une sorte de revanche contre l’exploitation abusive des animaux par l’industrie agro-alimentaire (élevage et abattoirs intensifs, etc.). L’autre idée sous-jacente qui émerge de ce mouvement est que l’homme n’est pas censé avoir plus de droits, qu’il est un animal comme les autres. Il va être mis au même niveau que la loutre ou le cafard… Sans doute est-ce l’une des dérives de l’antispécisme.
Écologie et démographie
Certains expliquent que la surpopulation de la planète est la cause des dégâts environnementaux. La réponse pour préserver notre environnement serait donc une solution de malthusianisme : réduire le nombre d’habitants sur la planète. L’un des dangers de cette vision est d’avoir un droit de regard sur la vie et la mort d’un certain nombre de Terriens…
Le capitalisme vert
Le capitalisme a du mal à prendre la question écologique au cœur de son sujet et tombe parfois dans ce que l’on appelle le green washing. Je crois que la vraie question que l’entreprise doit se poser est la finalité de l’entreprise. Apporte-t-elle un projet autour de l’humain ? Ou a-t-elle comme unique finalité de faire de l’argent – et, par là-même, de piller les ressources dont elle a besoin ?
Quoi qu’il en soit, l’écologie prend bien en compte une critique du capitalisme tel qu’il est aujourd’hui.
L’écologie politique
Il est assez frappant de constater qu’en Europe, la plupart des partis politiques écologiques sont très présents sur les questions sociétales. Ce que l’on peut remarquer, c’est que l’on va prôner une vie plus simple, un respect des personnes, le principe de précaution, sur l’aspect environnemental. Et sur l’aspect humain, on va être sur une écologie totalement libertaire. Un bon exemple parmi d’autres : les OGM. On va refuser les OGM d’un côté mais tout ce qui est reproduction artificielle ou manipulation génétique va être accepté pour l’homme. Apparaît donc une contradiction, une ligne de fracture importante, entre l’écologie politique environnementale et l’écologie politique sociétale.
L’écologie humaine est un terme qui insiste sur l’intéraction entre l’homme et son environnement – naturel et social. Sa responsabilité est donc engagée : il doit prendre soin de sa planète et des autres. L’écologie humaine a donc pour objectif de remettre l’homme au coeur de la problématique écologique.
On peut voir, à travers cette énumération succincte, que l’écologie nous amène à reconnaître nos limites. Ces différents mouvements écologiques “jouent” avec elles : la limite entre l’homme et l’animal, entre l’homme et la technique, etc.
L’écologie est donc un terme très vague qui englobe énormément d’idéologies, énormément d’enjeux pour notre société.”
« L’Eglise et les chrétiens au temps du Coronavirus » : une enquête en ligne des évêques de Belgique
A partir de ce lundi 28 septembre, les chrétiens sont invités, par les évêques de Belgique, à répondre à une enquête en ligne sur l’impact du coronavirus dans leur vie.
La Covid-19 nous a tous pris par surprise. Le monde s’est trouvé et se trouve encore face à une crise jamais vue avec des conséquences énormes. « Où est l’Eglise catholique, où sont les chrétiens ? Où les voyons-nous à l’œuvre en ces temps si particuliers de Coronavirus ? » Ces questions ont été entendues et écrites maintes fois dans le pays.
Pourtant, bien des choses se sont faites, inspirées par l’Evangile. Que ce soit dans les structures d’Eglise ou en dehors de celles-ci, dans de grands groupes ou de plus petites entités, en paroisse ou dans les institutions chrétiennes de soins, dans les hôpitaux ou les maisons de repos, ou encore dans l’enseignement.
Beaucoup de chrétiens se sont aussi joints à des initiatives qui ne venaient pas nécessairement d’eux, sans ressentir le besoin de se profiler comme chrétiens tout en étant très motivés personnellement par le message de l’Evangile.
Une vision claire
Alors que la pandémie est toujours à l’œuvre, les évêques de Belgique souhaitent mettre en route une première évaluation afin d’obtenir une vision claire sur ce qui a été fait et établir les liens avec l’Evangile. Cela en vue d’en tirer des conclusions pour des orientations à prendre à l’avenir.
L’évêque de Liège, Mgr Jean-Pierre Delville, et l’évêque de Gand, Mgr Lode van Hecke, à l’initiative de l’enquête, écrivent : « Avec cette enquête nous voulons surtout tenter de mesurer quelles sont les initiatives qui se sont révélées positives et qui pourraient être reprises si nécessaires, et celles dans lesquelles il vaut mieux ne plus investir d’énergie. Mais aussi ce qui aurait pu être fait à la lumière de l’Evangile et qui ne l’a peut-être pas été. Nous demandons aussi quel profil d’Église nous voulons mettre en avant, et d’une manière plus fondamentale, quelle est l’espérance qui nous soutient fondamentalement. Des propositions à soumettre au monde politique pourront aussi être faites, en cas d’une nouvelle vague de la pandémie. Nous espérons en tous cas que beaucoup utiliseront ce questionnaire. Les résultats pourront contribuer à la prise de décisions ultérieures, pour nous-mêmes et nos confrères évêques ».
En pratique
Diffusé par différents canaux, le questionnaire sera accessible du 28 septembre au 31 octobre. Chacun pourra y répondre, personnellement ou en groupe.
Le Secrétariat de la Conférence des évêques traitera les réponses conformément aux dispositions RGDP.
Si vous souhaitez participer à cette enquête en répondant au questionnaire, rendez-vous à l’adresse : https://www.cathobel.be/?p=126685