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  • France : le Pass sanitaire, "une remise en cause profonde et inédite de notre modèle de société"

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    De François-Xavier Bellamy sur son blog :

    Pass sanitaire : une remise en cause profonde et inédite de notre modèle de société

    François-Xavier Bellamy - pass sanitaire

    Tribune publiée dans Le Figaro du 15 juillet 2021 avec Loïc Hervé, sénateur de la Haute-Savoie et vice-président du parti Les Centristes. Photo : François BOUCHON/Le Figaro

    Les libertés fondamentales, l’égalité des droits, l’amitié civique, ne sont pas des privilèges pour temps calmes : c’est un héritage qui nous oblige.

    Depuis l’apparition du coronavirus, nous sommes passés par bien des expériences inédites, et nous avons vu vaciller, de confinements en couvre-feu, la rassurante et illusoire évidence de nos libertés publiques. Mais il ne faut pas se méprendre : la vraie rupture historique pour notre modèle de société date de lundi dernier, avec les mesures annoncées par le président de la République. Si nous nous sommes opposés, il y a plusieurs mois déjà, à la création du « pass sanitaire » par le Parlement européen et le Parlement français, c’est parce que nous refusons absolument le monde qui se dessine sous nos yeux.

    S’opposer au pass sanitaire n’est pas être « anti-vaccin ».

    Une précision d’abord, dans la confusion et les caricatures du moment : s’opposer au pass sanitaire n’est pas être « anti-vaccin ». La vaccination est un progrès scientifique prodigieux, et l’une des plus belles pages de l’histoire de notre pays est sans doute d’y avoir largement contribué à travers l’œuvre de Pasteur. Mais comment comprendre que cette tradition scientifique aboutisse à la déraison que nous constatons aujourd’hui ? Avec dix-huit mois de recul, nous connaissons désormais le coronavirus : nous savons chez quels sujets il provoque des formes graves, et lesquels il laisse indemne. 93% des victimes du coronavirus en France avaient plus de 65 ans ; 65% avaient un facteur de comorbidité. En-dessous de 40 ans, sans facteur de comorbidité, le risque de mourir du coronavirus est quasi inexistant. Pourquoi alors ne pas adopter la même stratégie de vaccination que celle qui a lieu chaque année face à la grippe saisonnière ? Rappelons que, sans susciter aucune opposition, plus de 10 millions de vaccins ont été administrés l’an dernier contre cette épidémie, majoritairement pour les personnes vulnérables, âgées ou présentant une fragilité particulière. Le nombre de morts est ainsi contenu chaque année, sans qu’il soit jamais question de vacciner toute la population tous les ans au motif qu’il faudrait éviter la circulation du virus. On ne traite pas les plus jeunes d’irresponsables égoïstes parce qu’ils ne se font pas vacciner contre la grippe ! Ce débat doit être mené sans simplisme et sans leçons de morale : oui, on peut être favorable aux vaccins, y compris à une campagne très large pour vacciner les personnes vulnérables face à cette épidémie, et affirmer que la stratégie de masse actuellement choisie semble hors de toute mesure : pourquoi faudrait-il vacciner un adolescent, qui ne risque absolument rien du coronavirus, au motif qu’il faut protéger les personnes âgées, si celles-ci sont vaccinées ? C’est faire complètement l’impasse sur le nécessaire arbitrage entre bénéfice et risque, y compris du point de vue collectif.

    Mais là n’est même pas le problème essentiel, en un sens. Ce que nous n’accepterons jamais, c’est la transformation de nos vies quotidiennes, de nos relations humaines, de notre modèle de société, qui s’accomplira de manière certaine et probablement irréversible par la mise en œuvre du « pass sanitaire ». Pour la première fois dans notre histoire, il faudra présenter un document de santé pour effectuer les actes les plus simples du quotidien – prendre un train, entrer dans un magasin, aller au théâtre… L’accès à un espace public sera différencié selon vos données de santé. Comment une telle révolution peut-elle s’opérer avec une justification si faible , sans débats approfondis, en caricaturant tous ceux qui osent s’en inquiéter ? Rappelons pourtant combien ces contraintes inédites paraissaient inimaginables il y a encore quelques mois : lorsque certains s’inquiétaient que le vaccin puisse devenir le critère d’une existence à deux vitesses, on les traitait de complotistes. Lorsque le pass sanitaire a été créé, le gouvernement jurait que jamais, jamais il ne conditionnerait l’accès à des actes quotidiens – seulement à des événements exceptionnels réunissant des milliers de personnes. C’est d’ailleurs à cette condition explicite qu’un tel dispositif avait été accepté par les autorités administratives compétentes pour la protection des libertés ou des données privées. Le fait que l’État méprise à ce point la parole donnée, sur des sujets aussi graves et en un temps aussi court, a de quoi inquiéter n’importe quel Français sur l’avenir de la liberté.

    Le fait que l’État méprise à ce point la parole donnée, sur des sujets aussi graves et en un temps aussi court, a de quoi inquiéter n’importe quel Français sur l’avenir de la liberté.

    Car c’est bien tout notre modèle de société qui est aujourd’hui menacé. Si le gouvernement a la certitude que la vaccination générale est absolument indispensable, alors il devrait en tirer toutes les conséquences, et la rendre obligatoire. Nous ne pensons pas cela ; mais ce serait au moins, du point de vue démocratique, une décision plus loyale que l’hypocrisie de cette contrainte déguisée. Ce serait surtout éviter de basculer dans ce nouveau monde où l’État contraindra chaque citoyen à contrôler son prochain pour savoir s’il faut l’exclure. Le serveur d’un bistrot sera sommé de vérifier la vaccination et la pièce d’identité d’un client pour pouvoir servir un café ; les mariés devront demander un QR code à leurs invités avant de les laisser entrer ; le patron licenciera un employé s’il n’a pas de pass sanitaire. Et la police viendra sanctionner ceux qui n’auront pas participé efficacement à ce contrôle permanent. Qui peut prétendre qu’un tel dispositif permet de « retrouver la liberté » ? Ne pensez pas que, parce que vous êtes vacciné, vous aurez « une vie normale » : quand on doit présenter dix fois par jour son carnet de santé et sa carte d’identité, pour acheter une baguette ou faire du sport, on n’a pas retrouvé la liberté. Quand chacun doit devenir le surveillant de tous les autres, on n’a pas « une vie normale ».

    Quand chacun doit devenir le surveillant de tous les autres, on n’a pas « une vie normale »

    On nous dira qu’il faut choisir entre le pass sanitaire et le confinement généralisé : ce chantage est absurde. Dès lors que les plus vulnérables sont vaccinés, il n’y a aucune raison de revenir au confinement, aucune raison en particulier de fermer les amphis et d’enfermer les adolescents. Nous n’avons pas à choisir entre deux manières inutiles d’abandonner la liberté. Ce combat n’est pas individualiste, au contraire : c’est se sentir vraiment responsables d’un bien commun essentiel que de défendre cette liberté aujourd’hui gravement menacée. Il y a là un défi de civilisation : face aux modèles autoritaires qui triomphent ailleurs dans le monde, l’Europe et la France doivent montrer qu’une action publique efficace, même en temps de crise, n’impliquera jamais d’abandonner nos principes. Les libertés fondamentales, l’égalité des droits, l’amitié civique, ne sont pas des privilèges pour temps calmes : c’est un héritage qui nous oblige.


  • Discours de Sa Majesté le Roi à l’occasion de la Fête Nationale

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    Discours de Sa Majesté le Roi à l’occasion de la Fête Nationale

    20 juillet 2021

    Mesdames et Messieurs,

    Une catastrophe naturelle sans précédent a frappé une grande partie de notre pays. Nos pensées sont auprès des familles et des proches des victimes et de tous ceux qui sont dans la détresse. Le bilan humain est très douloureux.

    Les inondations ont provoqué d’énormes dégâts dans nos villes et nos villages. Beaucoup ont tout perdu. Souvent le travail de toute une vie, balayé en quelques heures. La Reine et moi n’oublierons jamais nos échanges avec les habitants de Pepinster, de Chaudfontaine, de Rochefort et d’autres communes lourdement touchées.

    Mais dans l’adversité, notre population fait preuve d’une immense solidarité. De tout le pays abonde une aide spontanée aux sinistrés, et d’innombrables volontaires se dévouent sans compter. Je veux leur dire notre gratitude, tout comme à nos partenaires européens venus en soutien.

    Je remercie également toutes les autorités sur le terrain ainsi que les services de secours, les pompiers et l’armée qui ont œuvré sans relâche. Je sais que tous les moyens seront mis en œuvre pour la reconstruction.

    Mesdames et Messieurs,

    Cette tragédie s’ajoute à la longue période de pandémie.

    Ces derniers dix-huit mois, notre pays a traversé une rude épreuve. Nous avons payé un lourd tribut. Nombre d’entre nous ont vécu un drame familial ou professionnel. Nos conditions de vie bouleversées ont eu des conséquences sur la santé mentale de la population, surtout des jeunes. Beaucoup ont souffert de solitude et d’isolement.

    Nous avons dû abandonner nos certitudes, et nous avons dû parfois nous satisfaire de solutions imparfaites. Mais nous avons montré que nous disposons d’une capacité d’adaptation insoupçonnée. 

    La Reine et moi avons été témoins de magnifiques exemples de résilience. Ils méritent toute notre reconnaissance.

    Je salue ici spécialement le personnel soignant qui s’est surpassé durant trois vagues successives de la pandémie – et qui retrouve maintenant toutes les charges accumulées reportées dans l’urgence.

    Mesdames et Messieurs,

    Notre modèle de société, construit sur le socle de la démocratie, s’est révélé être solide et fertile en projets créatifs.

    Nous avons pris conscience de la nécessité de collaborer davantage à tous les niveaux. Car seul, aucun individu, aucun niveau de pouvoir, aucune institution ne peut faire face et s’adapter aux grands changements qui nous attendent.

    Nous avons aussi redécouvert le rôle indispensable de l’Etat et de la fonction publique. Leur étroite collaboration avec les entreprises et la société civile est une des clés du succès de la gestion de la crise sanitaire actuelle.

    Je pense ici plus particulièrement à la production et à la distribution des vaccins.

    Et, grâce aux efforts coordonnés avec tous ces remarquables bénévoles, notre programme de vaccination est une vraie réussite.

    Mesdames et Messieurs,

    Pour construire notre avenir, nous avons nos savoir-faire et notre créativité. Nous avons aussi des valeurs humaines faites de solidarité, de générosité, d’empathie et de courage, toutes ces si belles qualités que nous avons montrées ces derniers mois, ces derniers jours, ces dernières heures.

    J’ai confiance en cette capacité que nous avons de rebondir. Si nous avons pu tenir tout au long des difficultés, c’est grâce à un sursaut d’humanité. C’est là un acquis précieux, à préserver. Il nous permettra d’affronter les défis. Pour notre société. Pour notre planète. C’est cette conviction que je vous partage à l’occasion de la fête nationale.

  • Dans quelle mesure sommes-nous prêts à défendre les victimes de persécutions religieuses dans le monde ?

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    D'Andrea Picciotti-Bayer sur le National Catholic Register

    Dans quelle mesure sommes-nous prêts à défendre les victimes de persécutions religieuses dans le monde ?

    COMMENTAIRE : Il est temps de nous rappeler que la cause de la liberté religieuse internationale est une priorité en matière de politique étrangère.

    20 juillet 2021

    "Si vous étiez jugé à cause de votre foi, y aurait-il suffisamment de preuves pour vous condamner ?". C'est une question que toute personne de foi devrait se poser. Pour un nombre croissant de personnes, la première partie de la question n'est plus hypothétique. La persécution religieuse se répand dans le monde entier. Dans quelle mesure sommes-nous prêts - en tant que personnes de foi et en tant que pays - à défendre ses victimes ? 

    Au milieu du mois de juillet, des centaines de personnes se sont réunies à Washington, et beaucoup d'autres étaient connectées virtuellement, pour discuter de la liberté religieuse. Le sommet international sur la liberté de religion n'était pas partisan : ses organisateurs représentaient un groupe bipartite de dirigeants et de politiciens américains. Les participants venaient de diverses traditions religieuses. Il ne s'agissait pas d'un rassemblement d'initiés de Washington. Les personnes persécutées étaient également invitées.  

    L'un des orateurs du sommet était Asia Bibi, une Pakistanaise catholique, mère de cinq enfants, qui a été emprisonnée pendant des années pour blasphème. Elle a été élevée dans un village du Pakistan. Sa famille catholique, les seuls chrétiens du village, subissait une pression constante pour se convertir à l'islam. Un jour, alors qu'elle récoltait des baies, Bibi est allée chercher de l'eau à un puits. Un autre ouvrier agricole l'a vue boire dans un gobelet que ses collègues avaient utilisé. On a dit à Bibi que les chrétiens - même ceux qui travaillent sur la même parcelle de terre que les musulmans - ne doivent pas utiliser la même tasse que les musulmans. Bibi a pris la parole pour défendre ses convictions et sa propre dignité. Bibi a été condamnée pour blasphème à la suite de la dispute qui a eu lieu dans le champ ce jour-là. Au Pakistan, le crime de blasphème est passible de la peine de mort obligatoire, et Bibi a été condamnée à la mort par pendaison.

    Après plus de huit ans de dépérissement en quasi-réclusion, la condamnation de Bibi a été annulée par la haute cour du pays fin 2018. Elle a depuis quitté le Pakistan et vit désormais au Canada. Bibi a déclaré aux participants du sommet qu'elle "veut être une voix pour les chrétiens, les chrétiens en prison et en difficulté." 

    Bien que le gouvernement pakistanais n'ait jamais exécuté une personne en vertu de la loi sur le blasphème, la plupart des Pakistanais accusés de blasphème ne vivent pas longtemps : La règle de la foule exécute un supposé blasphémateur bien avant que le gouvernement n'ait l'occasion de le faire. Un récent rapport politique publié par le Religious Freedom Institute souligne les effets destructeurs des lois sur le blasphème dans les pays à majorité musulmane que sont l'Égypte, l'Indonésie, la Turquie et le Pakistan de Bibi. Les auteurs exhortent les décideurs politiques à "éviter d'adopter des lois sur le blasphème, à suspendre l'application des lois existantes et à abroger les lois existantes". Ils encouragent également les représentants du gouvernement américain œuvrant pour la liberté religieuse à "convaincre les gouvernements et les organisations internationales de favoriser un engagement international en faveur de la liberté religieuse institutionnelle en tant que valeur universelle et de faire comprendre au monde entier que les lois sur le blasphème vont à l'encontre de cette valeur universelle." Un événement parallèle au sommet de l'IRF a mis en lumière les conclusions du rapport ainsi que son important appel à l'action.      

    Tursunay Ziyawudun, une femme ouïghoure, s'est également adressée aux participants du sommet. Tursunay Ziyawudun est l'une des rares musulmanes ouïghoures à avoir réussi à sortir de l'un des camps d'internement notoires de la Chine. Elle a enduré des mois d'interrogatoires. Ses cheveux longs ont été coupés, elle a été forcée de regarder des heures de propagande d'État, et chacun de ses mouvements était filmé par des caméras de sécurité. "J'ai été enfermée dans des camps à deux reprises. La deuxième fois était encore plus inhumaine que la première, et mes expériences dans ces camps chinois ont laissé des cicatrices indélébiles dans mon cœur", a-t-elle déclaré. "Dans le camp, nous passions les journées dans la peur, en écoutant les sons des voix qui crient et qui pleurent, en nous demandant si ce qui leur arrivait allait nous arriver aussi." Ziyawudun, comme d'autres femmes ouïghoures détenues, a été violée par des fonctionnaires du camp. Après près de 10 mois sans jamais être accusée d'un crime, Ziyawudun a été libérée en décembre 2018. Elle est l'une des rares chanceuses à avoir quitté les camps en vie. "J'en suis venue à considérer qu'il est de mon devoir d'être la voix de ces personnes qui se trouvent dans les camps, de celles qui sont mortes sous mes yeux, et de celles qui sont injustement détenues en prison", a déclaré Ziyawudun à l'audience du sommet.

    La Chine a incarcéré plus d'un million de Ouïgours, de Kazakhs et d'autres minorités musulmanes dans des centaines de camps d'internement situés dans sa région du Xinjiang, à l'extrême ouest du pays. Beaucoup y sont stérilisés et soumis au travail forcé. Le secrétaire d'État Mike Pompeo, lors de son tout dernier jour de travail, a officiellement déclaré que la politique de la Chine à l'égard des musulmans et des minorités ethniques de la région occidentale du Xinjiang constituait un "génocide". Le secrétaire d'État du président Joe Biden, Antony Blinken, a approuvé l'évaluation de Pompeo. 

    Les horribles persécutions auxquelles Bibi a été confrontée au Pakistan et Ziyawudun en Chine sont les conséquences cruelles de l'absence d'une véritable liberté religieuse. Ces femmes continuent de faire preuve d'un courage incroyable en se manifestant. Elles espèrent mettre fin au cycle des persécutions religieuses dans leur pays et dans le monde entier. Mais elles ne peuvent pas le faire seules. 

    Au cours des étés 2018 et 2019, Pompeo et Sam Brownback, ambassadeur itinérant pour la liberté religieuse internationale, ont accueilli deux réunions ministérielles sur la liberté religieuse internationale, réunissant des dirigeants du monde entier. Leur tâche était de "discuter des défis auxquels est confrontée la liberté religieuse, d'identifier les moyens de lutter contre la persécution et la discrimination religieuses dans le monde, et de promouvoir un plus grand respect et la préservation de la liberté religieuse pour tous." L'année dernière, la Pologne a accueilli la troisième réunion ministérielle annuelle. Aucun pays n'a assumé cette responsabilité cette année. C'est peut-être pour cette raison que M. Brownback a décidé d'organiser le sommet de l'IRF de juillet. 

    Il est temps de nous rappeler que la cause de la liberté religieuse internationale est une priorité de politique étrangère pour les États-Unis, grâce à l'adoption à l'unanimité de l'International Religious Freedom Act (IRFA) en 1998. Signée par le président Bill Clinton, l'IRFA a créé le Bureau de la liberté religieuse internationale au sein du département d'État, dirigé par un ambassadeur itinérant de l'IRF. En 2016, la loi Frank Wolf sur la liberté religieuse internationale a modifié la loi de 1998 pour exiger que l'ambassadeur de l'IRF rende compte directement au secrétaire d'État. 

    Le secrétaire d'État Blinken a déclaré aux participants du sommet de l'IRF que le président Biden annoncerait bientôt son candidat pour remplacer Brownback. Il s'agit d'une priorité urgente, qui transcende l'idéologie. Pour un monde dans lequel des femmes comme Asia Bibi et Tursunay Ziyawudun peuvent vivre en toute tranquillité, le président doit choisir, et le Sénat doit confirmer, une personne ayant le zèle de Brownback pour faire avancer la cause de "la liberté religieuse pour tous, partout et tout le temps". De nouvelles atrocités sont commises chaque jour ; il n'y a pas de temps à perdre. 

  • Quand le vent se lève à Cuba

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    De Ludovic Lavaucelle sur La Sélection du Jour :

    Le vent se lève à Cuba

    La junte au pouvoir a été prise de court. Pour la première fois depuis que Fidel Castro a installé une dictature communiste en 1959, des milliers de Cubains sont descendus dans la rue. « Liberté ! » « A bas la dictature communiste ! » ont crié et chanté les manifestants d’un bout à l’autre de l’île. Avant que le régime ne ferme tout accès à internet, on a entendu sur les réseaux sociaux un cri de défiance encore plus inquiétant pour les dirigeants. « Nous n’avons pas peur ! » s’époumonent de jeunes Cubains…

    Le feu couvait depuis longtemps mais cette soudaine éruption de colère est causée par une série de calamités, explique Carlos Eire, Américain d’origine cubaine, et professeur d’Histoire et de Religions à l’Université de Yale (voir article joint pour le média en ligne américain First Things). Chacune de ces calamités, liées entre elles comme les maillons d’une chaîne, a révélé les fondations pourries par le mensonge de la « révolution ». Jamais la vie n’a été aussi insupportable pour le peuple cubain. Il y a d’abord l’assèchement de l’aide vénézuélienne qui met à nu une économie en lambeaux et une dette publique abyssale. Une récolte de sucre désastreuse et une inflation galopante ont fait plonger le pouvoir d’achat déjà misérable des Cubains. Le système de santé, dont la gauche s’émerveillait en Occident, est en ruines. Tout manque à Cuba : les médicaments comme la nourriture. L’eau potable et l’électricité subissent des coupures quotidiennes. La répression, elle, est redevenue féroce.

    Le pouvoir et de nombreux médias internationaux prétendent que le blocus américain, combiné avec l’épidémie du COVID-19, sont responsables de la crise actuelle. Mais les manifestants qui chantent et prient, qui crient et meurent dans les rues cubaines, savent bien, eux, que les coupables sont l’idéologie communiste et les criminels incompétents qui les gouvernent.

    Ceux qui n’ont que leurs bras et leurs voix à opposer aux matraques et aux balles ont conscience que le régime ne tolère aucune dissension. Ils ont eu de courageux prédécesseurs, tous battus, emprisonnés ou torturés… On citera les « dames en blanc » qui, à partir de 2003, marchaient dans les rues en silence après la messe du dimanche, des fleurs à la main. Elles demandaient des nouvelles des disparus dans les geôles castristes. Depuis la visite du Président Obama en 2016, et malgré le Prix Sakharov de la Liberté de Pensée qui leur a été décerné en 2005, elles n’arpentent plus les rues … Ceux qui protestent aujourd’hui se souviennent peut-être de la manifestation du 5 août 1994 sur le Malecon, la longue corniche qui borde la mer à la Havane. Ils n’étaient pas nombreux mais, pour la première fois, des Cubains osaient défier le régime pour dénoncer la misère alors que Fidel Castro ne pouvait plus compter sur les subventions soviétiques…

    Il est impossible de prédire la suite des événements. La police, parfaitement équipée, n’a pas hésité à tabasser, ni même à tirer pour tuer, mais la détermination du peuple cubain à se libérer n’a jamais semblé aussi forte. La liste des disparus s’allonge et l’internet reste coupé partout à Cuba. Le Vice-Ministre de l’Intérieur a soudainement démissionné pour « raisons de santé ». Rien ne permet à ce stade d’espérer une chute du régime honni. L’exemple du Venezuela ne prête pas à l’optimisme. Les dictateurs Hugo Chavez et Nicolas Maduro ont gardé les rênes du pouvoir grâce à la violence et l’aide de conseillers cubains, et ce malgré une très forte mobilisation populaire.

    Carlos Eire a vécu dans le Cuba communiste avant de s’évader vers les États-Unis, comme tant d’autres… Il a lu alors « 1984 » de George Orwell. Il fut sidéré par cette dystopie qui décrivait si fidèlement, une douzaine d’années avant la prise de pouvoir de Fidel Castro, ce que serait le régime cubain. Orwell a prévenu par la voix d’un personnage du roman : un régime totalitaire peut durer aussi longtemps que sa classe dirigeante reste déterminée à garder le pouvoir par la répression.

    Peut-on espérer que ces foules désarmées arriveront à faire tomber la clique criminelle qui les opprime ? La pression des démocraties est capitale. Or, les médias d’Europe occidentale, si prompts à donner des leçons à nos voisins d’Europe Centrale et Orientale, sont peu diserts sur Cuba. Ceux-là même qui embrassaient ou caressaient de la plume, le tortionnaire de La Havane, mettent les émeutes sur le compte du blocus américain et du COVID-19.

    Les Cubains qui risquent leur vie en ce moment ne demandent pas de respirateurs ni même de vaccins. Ils hurlent pour vivre libres ! Ils donnent à la vieille Europe, recroquevillée sur son nombril sanitaire, une sacrée leçon de courage.

  • «Traditionis custodes » : Pourquoi le pape François veut-il l’extinction de la messe en latin ?

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    Lu sur le site web de « L’Incorrect »:

    Dickès x1080.jpg« Publié ce vendredi 16 juillet, le motu proprio « Traditionis custodes » du pape François restreint la célébration des messes en forme extraordinaire. Historien du catholicisme, spécialiste du Saint-Siège et auteur de Vatican, vérités et légendes (Perrin), Christophe Dickès considère ce texte comme injustifié, et y voit la main d'une minorité proche de François et très active depuis le début du pontificat. Tribune :

    « Amertume, incompréhension, désarroi voire colère… Depuis la sortie du motu proprio Traditionis custodes sur l’abrogation progressive de la forme extraordinaire du rite romain, les réactions se multiplient et vont dans le même sens. Elles révèlent le côté surprenant pour ne pas dire inopportun d’un texte, dont on se demande s’il reflète vraiment la réalité du terrain.

    Comment ne pas même voir de l’idéologie dans les exigences démesurées à l’égard du monde traditionnaliste quand, de l’autre côté du Rhin, les évêques allemands sont littéralement en roue libre sur de nombreux aspects du dogme et défient ouvertement Rome depuis plusieurs années ? Comment ceux qui travaillent en grande majorité à l’unité depuis quinze ans, portent des vocations sacerdotales, font vivre leur foi à des familles entières, comment donc, ces catholiques peuvent être au centre d’une telle défiance au point de ne pas susciter un seul mot pastoral de la part du pape lui-même, ni dans le motu proprio, ni dans la lettre aux évêques accompagnant le texte ? Pourquoi l’œuvre pacificatrice du motu proprio Summorum Pontificum de Benoît XVI visant à libéraliser l’ancien rite est-elle effacée d’un trait de plume ? Comment, selon les propres termes de Benoît XVI, « ce qui était sacré pour les générations précédentes [et qui] reste grand et sacré pour nous » pourra se retrouver à terme interdit ? Pourquoi finalement programmer l’extinction de la forme extraordinaire du rite romain ?

    Lire aussi : Reportage : Catholiques en Tunisie, une minorité qui attend son Pape

    Avant de publier le motu proprio Traditionis custodes, la Congrégation pour la doctrine de la Foi a réalisé une enquête auprès des évêques du monde entier afin de les sonder sur le sujet. La chose est habituelle, surtout dans la perspective de la synodalité qui vise à faire participer le pouvoir épiscopal aux grandes décisions du pontificat. Or, dans la lettre du pape aux évêques qui accompagne le motu proprio, on peut notamment lire : « Les réponses parvenues ont révélé une situation douloureuse qui m’inquiète, me confirmant la nécessité d’intervenir. »  Mais est-ce vraiment le cas ? Dit autrement : est-ce qu’aujourd’hui une majorité d’évêques se plaignent du comportement de ceux qui sont attachés à l’ancien rite ?

    À la lecture du cas français, on peut sérieusement en douter. Certes le document de la Conférence des évêques de France (CEF, avril 2020) souligne des aspects négatifs de l’application du motu proprio de Benoît XVI, mais la synthèse de chaque question posée par la Congrégation révèle malgré tout le chemin de pacification entrepris : « Dans la plupart des cas, la situation semble apaisée. On perçoit, dans les réponses, le désir des évêques d’associer le plus possible des prêtres diocésains aux célébrations de forme extraordinaire, mais cela s’avère difficile en raison du faible nombre de prêtres » (question 1). La question 2 souligne « le souci de communion où l’évêque agit par délicatesse pastorale ». La question 3 sur les aspects positifs et négatifs révèle qu’à l’exception de deux évêques, « tous s’accordent sur l’apaisement qui résulte de l’application du motu proprio ».

    En arrivant au pouvoir porté par une minorité active décidée à mettre fin à l’héritage de Jean-Paul II et de Benoît XVI, le pape François s’est entouré d’une véritable cour voulant imposer sa propre feuille de route à l’ensemble de l’Église catholique

    Naturellement, des interrogations demeurent, des points de friction aussi : les aspects négatifs de la forme extraordinaire sont plus nombreux que les aspects positifs. Il n’empêche, se dégage une forme de neutralité dans ce document et une double attitude des évêques : celle d’être des artisans de paix (Matthieu 5, 9), réalisant un « inlassable travail d’unité ». De fait, même si le besoin d’approfondir le dialogue est prégnant dans ce document, même s’il demande que les fidèles de la forme extraordinaire participent davantage à la vie diocésaine, nous sommes bien loin de la guerre des années 1970 et 1980 ! La note de la CEF nous dit à cet égard que seule « une petite minorité » a été confortée dans ses travers et la culture de leurs particularismes en réclamant davantage de droits. Dont acte.

    Alors, d’où vient le problème ? Certains évoquent le fait que le motu proprio ait été traduit en anglais (et non en français) afin précisément de marquer sa cible : les néo-conservateurs américains qui, depuis l’élection du pape François, ne cessent de le critiquer. Dans ce dernier cas, pourquoi sanctionner l’ensemble d’une communauté ? Dans les faits, il est difficile de répondre à cette question sans un accès à l’ensemble des études. Or, si l’on en croit la vaticaniste Diane Montagna, 30% des évêques dans le monde ont répondu à l’enquête du Vatican sur le rite extraordinaire. Sur ces 30%, la moitié s’est révélé « neutre et favorable » à la forme extraordinaire du rite. La question est donc : est-ce que 15% d’évêques mécontents peuvent justifier l’abrogation d’une pratique ? Peut-on aussi considérer une minorité de pratiquants comme un réel danger pour l’unité, quand une écrasante majorité des évêques dans le monde n’a strictement aucun avis sur la question ?

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  • Carton rouge pour l'Ancien Rite, et le jeu devient méchant

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    De Sandro Magister sur Settimo Cielo :

    Carton rouge pour l'Ancien Rite, et le jeu devient méchant

    Quelques jours après sa publication, il est encore trop tôt pour mesurer les effets du motu proprio " Traditionis Custodes " par lequel le pape François a pratiquement interdit la messe en ancien rite : à savoir si les nouvelles dispositions contribueront à rendre l'Église plus unie, ou au contraire à la diviser encore davantage.

    Au vu des réactions, l'hypothèse la plus probable est la seconde, comme le suggère également le professeur Pietro De Marco dans son commentaire cinglant déjà publié sur Settimo Cielo.

    L'unité de l'Église était également l'objectif du précédent motu proprio de 2007, le "Summorum Pontificum" de Benoît XVI, qui avait libéralisé la célébration de la Messe dans l'ancien rite, en la considérant comme la seconde forme "du seul et même rite romain", qui pouvait en fait être célébré à la fois de la manière "ordinaire" générée par le Concile Vatican II, et de la manière "extraordinaire" du missel jamais abrogé de 1962.

    Maintenant, cependant, le pape François a établi que le rite romain a une "expression unique", celle qui suit Vatican II. La Messe dans l'ancien rite n'a pas été interdite, mais mise sur la voie de l'extinction. Ceux qui la célèbrent actuellement ne peuvent continuer à le faire qu'avec l'autorisation préalable de leur évêque et avec beaucoup plus de contraintes. Quant aux nouveaux prêtres qui souhaiteraient le célébrer, ils devront aller jusqu'à obtenir l'autorisation du Saint-Siège. Quant aux groupes de fidèles amoureux de l'ancien rite, il ne sera plus permis d'en former de nouveaux.

    Ce qui a le plus troublé Benoît XVI, c'est de voir que "dans de nombreux endroits, les célébrations n'étaient pas fidèles aux prescriptions du nouveau missel, mais ce dernier était en fait compris comme autorisant ou même exigeant la créativité, ce qui conduisait fréquemment à des déformations de la liturgie difficilement supportables."

    Pour François, cependant, ce qui l'"attriste" le plus, c'est que "l'utilisation instrumentale du "Missale Romanum" de 1962 est souvent caractérisée par un rejet non seulement de la réforme liturgique, mais du Concile Vatican II lui-même, en affirmant, avec des affirmations sans fondement et insoutenables, qu'il a trahi la Tradition et la "vraie Église"."

    En fait, la controverse actuelle sur le rite est analogue à la controverse sur l'interprétation de Vatican II. Ceux qui interprètent ce concile comme une rupture inacceptable de la tradition catholique rejettent également le renouvellement de la liturgie généré par le concile lui-même. Alors qu'au contraire Benoît XVI a écrit, dans la lettre d'accompagnement de "Summorum Pontificum" : "Dans l'histoire de la liturgie, il y a une croissance et un progrès, mais pas de rupture. Ce que les générations précédentes considéraient comme sacré, reste sacré et grand pour nous aussi, et il ne peut pas être tout à coup entièrement interdit ou même considéré comme nuisible."

    Pour le pape Joseph Ratzinger, "les deux formes d'usage du rite romain" ne sont ni alternatives ni opposées. Au contraire, elles pouvaient et devaient "s'enrichir mutuellement". Comme il l'a lui-même constamment montré au monde dans l'acte de célébrer.

    Il convient toutefois de garder à l'esprit qu'en réalité, la grande majorité des fidèles catholiques ne se sentent pas concernés par cette controverse. Pour eux, la "vieille" messe dont ils entendent parler est en fait la messe en latin, la langue que le Concile Vatican II n'a nullement abolie, mais qu'il a décidé de conserver comme langue propre de la liturgie, même si elle a été tempérée par l'utilisation des langues nationales, notamment dans les lectures.

    Puis, en réalité, les langues nationales ont pris le dessus et le latin a pratiquement disparu de la liturgie, après en être devenu la langue sacrée pendant des siècles.

    Les appels lancés à Rome, en 1966 et 1971, pour sauver le latin dans la liturgie, par des personnalités comme Jacques Maritain, Jorge Luis Borges, Giorgio De Chirico, Eugenio Montale, François Mauriac, Gabriel Marcel, Harold Acton, Graham Greene, Agatha Christie et bien d'autres, n'ont rien donné.

    Pour beaucoup, il s'agissait d'un changement purement linguistique. Mais ce n'est pas le cas, comme le montre le cardinal Walter Brandmüller, 92 ans, ancien président du comité pontifical pour les sciences historiques, dans la réflexion suivante, tirée d'un article qu'il a publié en 2002 dans la revue allemande "Die Neue Ordnung", intitulé "Nationalisme liturgique ou universalisme ?"

    *

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  • Le Père Abbé de Fontgombault : "Il faut sortir de ce combat liturgique qui épuise l'Eglise"

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    De Samuel Pruvot sur le site de Famille Chrétienne :

    Dom Pateau : « Il faut sortir de ce combat liturgique qui épuise l’Église »

    Conscient du choc qu’a provoqué le motu proprio Traditionis custodes, le père-abbé de l’abbaye de Fontgombault Jean Pateau appelle à ne pas rejeter le texte du pape François et à « construire des ponts entre les deux formes du rite romain ».

    <p>Dom Jean Pateau, bénédictin et abbé de l'abbaye Notre-Dame de Fontgombault.</p>

    Dom Jean Pateau, bénédictin et abbé de l'abbaye Notre-Dame de Fontgombault.

    19/07/2021

    Comprenez-vous la tristesse et le choc de beaucoup de fidèles attachés à la forme extraordinaire ? Que dire à tous ceux qui se sentent victimes d'une injustice profonde ?

    Oui, je les comprends et je les rejoins. Depuis la parution du Motu Proprio Traditionis custodes, beaucoup se tournent vers les monastères en attendant une parole d’apaisement. Je dois même avouer que la tristesse ne touche pas que les fidèles attachés à la forme extraordinaire. Beaucoup dans l’Église manifestent une réelle tristesse et incompréhension devant un texte rude et sévère. Que faire ? Notre devoir est d’appeler à la confiance, confiance en Dieu, confiance en l’Église, confiance envers le Saint-Père.

    En quoi le pape François change-t-il l'esprit du motu proprio de Benoît XVI ?

    Le Motu Proprio Summorum Pontificum de Benoît XVI a été un texte d’ouverture, de réconciliation, répondant à la légitime souffrance de fidèles qui n’avaient pas trouvé chez leurs pasteurs l’oreille attentive, bienveillante et généreuse, qu’ils étaient en droit d’attendre en particulier dans le prolongement des invitations du Pape Jean-Paul II. Il est juste de ne pas l’oublier. Par ce texte, le Pape Benoît demandait de répondre à l’attente d’un groupe stable de fidèles. Il rappelait aussi que tout prêtre pouvait user du Missel romain promulgué par Jean XXIII en 1962, forme dite extraordinaire de l’unique Missel Romain. Le Pape Benoît formait en outre le vœu d’un mutuel enrichissement des deux formes ; souhait qui n’a guère reçu d’attention, quand il n’a pas été repoussé tant d’un côté que de l’autre, et ce dès la parution du document. À la lumière de ce texte, les pasteurs ont fait du chemin et, dans la grande majorité des cas, l’ouverture de lieux de célébration en forme extraordinaire s’est faite avec leur accord et pour le bien de tous.

    Le pape François restreint fortement l'usage de la messe tridentine. De façon positive, le texte du Pape François souligne le rôle de l’évêque comme « modérateur, promoteur et gardien de toute la vie liturgique de l'Église particulière qui lui est confiée. » Il les invite aussi à nommer dans les lieux de célébration en forme extraordinaire des prêtres qui aient à cœur « non seulement la célébration correcte de la liturgie, mais aussi le soin pastoral et spirituel des fidèles », à veiller à ce que « les paroisses érigées canoniquement au profit de ces fidèles soient effectives pour leur croissance spirituelle. » En sens contraire, le Motu Proprio du Pape François tient les fidèles éloignés des églises paroissiales, refuse l’érection de nouvelles paroisses personnelles, et la constitution de nouveaux groupes. Faudra-t-il donc construire des églises particulières pour la célébration de la forme extraordinaire ? Comment un évêque pourra-t-il répondre à la demande croissante des fidèles ? Celle-ci est un fait en particulier depuis le début de la pandémie. Le texte du Pape laisse à penser que tout doit être fait pour que le mode de célébration en forme extraordinaire disparaisse au plus vite. Ceci inquiète à juste titre les fidèles attachés à cette forme.

    Comprenez-vous "l'angoisse" du pape après la réception de l'enquête sur l'usage de la forme extraordinaire dans tous les diocèses du monde, une angoisse qui serait liée au rejet - par certains - du Concile ?

    L’état d’angoisse, de souffrance du Pape François a été partagé par beaucoup d’évêques, de prêtres et de fidèles attachés tant à la forme ordinaire qu’à la forme extraordinaire et ce depuis longtemps. Angoisse devant le fait que le sacrement de l’Eucharistie, sacrement de l’Amour par excellence devienne comme le sacrement de la division, tant entre les deux formes qu’au sein même de l’une ou l’autre forme. Angoisse devant le rejet par certains fidèles de la réforme liturgique ou du Concile Vatican II. Angoisse devant le refus de certains prêtres de concélébrer avec leur évêque, pour la Messe chrismale en particulier. Angoisse devant le refus de communier de certains fidèles au cours d’une Messe en forme ordinaire. Angoisse aussi devant le mépris exprimé par de nombreux liturgistes envers la forme extraordinaire ou ceux qui la célèbrent. L’Église ne peut s’enorgueillir de cela. Les responsabilités sont largement partagées tant de la part de ceux qui ne veulent pas entendre l’appel des fidèles, que de ceux qui manquent à leur devoir d’enseigner leur troupeau ; de ceux aussi qui s’approprient le droit de dire et de faire n’importe quoi sans ouvrir leur cœur aux demandes légitimes de leurs pasteurs. L'unité du corps ecclésial a été blessée et ce dès les premiers temps de la réforme liturgique. Les légitimes et diverses sensibilités liturgiques n’ont pas été suffisamment écoutées et ont été exploitées « pour creuser des écarts, renforcer les divergences et encourager les désaccords qui nuisent à l'Église, lui barrent la route et l'exposent au péril de la division. » Si ce constat est vrai, il n’appelle cependant pas une réponse sans distinction. Les fidèles proches de la Fraternité Saint-Pie X parlent de « vraie Église », de « vraie Messe ». Ce n’est pas le cas dans d’autres lieux de célébration de la forme extraordinaire. Si le Motu proprio invite les évêques a un discernement, et c’est heureux, beaucoup ne se retrouvent pas dans les reproches du Saint-Père et les ressentent comme injustifiés. On doit les comprendre.

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  • Comment comprendre le Motu proprio Traditionis Custodes ?

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    De KTO :

    Comment comprendre le Motu proprio Traditionis Custodes ?

    Edition Spéciale - Traditionis Custodes

    18/07/2021

    Le pape François a signé un Motu Proprio intitulé "Traditionis Custodes" (Gardiens de la tradition) qui détermine les nouvelles modalités pour célébrer la liturgie romaine selon le missel de 1962. Pourquoi ces dispositions ? Quel rôle central dévolu aux évêques ? Comment réagissent ceux qui célèbrent selon la forme extraordinaire du rite romain ? La rédaction de KTO vous propose une édition spéciale ce dimanche 18 juillet à 20h15. Enjeux, débat et perspectives avec Mgr Olivier Leborgne, évêque d’Arras et vice-président de la Conférence des évêques de France (CEF), Christophe Geffroy, directeur du magazine La Nef et l’abbé Alexis Garnier, prêtre de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pierre. Animée par Philippine de Saint Pierre.

  • Quand le berger, au lieu de prendre l'odeur de ses moutons, les frappe durement avec son bâton

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    De kath.net :

    "Au lieu de prendre l'odeur des moutons, le berger les frappe durement avec son bâton."


    Sur le Motu proprio Traditionis custodes. Un commentaire du cardinal Gerhard Ludwig Müller

    L'intention de ce motu proprio est d'assurer ou de restaurer l'unité de l'Église. Le moyen d'y parvenir est l'unification totale du Rite Romanus sous la forme du Missel de Paul VI (y compris ses variations antérieures). C'est pourquoi la célébration de la messe dans la forme extraordinaire du rite romain, telle qu'introduite par le pape Benoît XVI avec Summorum pontificum (2007) sur la base du Missel de Pie V (1570) à Jean XXIII (1962), est drastiquement restreinte. L'intention perceptible est de les condamner à l'extinction à long terme.

    Dans la "Lettre aux évêques du monde entier", le pape François tente d'expliquer les motifs qui l'ont poussé, en tant que détenteur de l'autorité suprême de l'Église, à supprimer la liturgie du rite extraordinaire. Au-delà de la présentation d'impulsions subjectives, une argumentation théologique rigoureuse et logiquement compréhensible aurait toutefois été appropriée. En effet, l'autorité papale ne consiste pas superficiellement à exiger des fidèles une obéissance de soumission formelle de la volonté, mais bien plus essentiellement à leur permettre de donner également un assentiment convaincu de l'intellect. Déjà, Paul était si courtois avec ses Corinthiens souvent récalcitrants qu'il disait. "Mais devant l'église, je préfère dire cinq mots avec mon intelligence pour instruire les autres que dix mille mots en langues." (1 Co 14, 19). Cette dichotomie entre bonne intention et mauvaise exécution se produit toujours lorsque les objections de collègues compétents sont perçues comme faisant obstacle aux intentions de leur supérieur et sont donc sagement omises. Aussi réjouissante que soit cette fois l'invocation de Vatican II, il faut veiller à utiliser ses déclarations avec précision et dans leur contexte. La citation de Saint Augustin, attribuée à tort à Lumen Gentium 21, sur l'appartenance de l'Église "selon le corps" et "selon le cœur" (Lumen Gentium 14) se réfère à la pleine appartenance à l'Église du catholique. Elle consiste en une incorporation visible au corps du Christ (profession de foi, communion sacramentelle et ecclésiastique-hiérarchique) et en une appartenance selon le cœur, c'est-à-dire dans l'Esprit Saint. Il ne s'agit cependant pas de l'obéissance au pape et aux évêques dans la discipline sacramentelle, mais de la grâce sanctifiante, qui nous incorpore pleinement à l'Église invisible en tant que communauté de vie avec le Dieu trinitaire.

    En effet, l'unité dans la confession de la foi révélée et la célébration des mystères de la grâce dans les sept sacrements n'exigent nullement une uniformité stérile dans la forme liturgique extérieure, à l'image des succursales identiques des chaînes hôtelières internationales. L'unité des fidèles entre eux est enracinée dans l'unité en Dieu en vertu de la foi, de l'espérance et de l'amour et n'a rien à voir avec l'uniformité de l'apparence, l'uniformité d'une formation militaire et l'uniformité de la pensée à l'ère de la grande technologie.

    Même après le Concile de Trente, il y a toujours eu une certaine diversité (musicale, cérémoniale, régionale) dans l'organisation liturgique des célébrations de la messe. L'intention du pape Pie V n'était pas de supprimer la diversité des rites, mais les abus qui avaient conduit à une incompréhension dévastatrice de la substance du Sacrifice de la Messe (caractère sacrificiel et Présence réelle) chez les réformateurs protestants. Dans le Missel de Paul VI, l'homogénéisation rituelle (rubriques) est rompue, précisément pour dépasser une performance mécanique en faveur d'une participation active intérieure et extérieure de tous les fidèles, chacun dans sa langue et sa culture. Cependant, l'unité du rite latin doit être préservée par la même forme liturgique de base et l'orientation précise des traductions par rapport à l'original latin. Il s'agit donc d'une responsabilité pour l'unité du culte que l'Église romaine ne doit pas transmettre aux conférences épiscopales. Une traduction des textes normatifs du Missel de Paul VI ou même des textes bibliques qui obscurcit le contenu de la foi ou même présume améliorer la verba Domini (par exemple "pro multis" dans la consécration, le "et ne nos inducas in tentationem" dans le Pater noster) contredit la vérité de la foi et l'unité de l'Eglise plus que la célébration de la Messe selon le Missel de Jean XXIII.

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  • En Belgique, les paroisses traditionalistes pourront continuer à célébrer la messe en latin

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    De Bruno d’Otreppe sur le site de « La Libre Belgique » ce 19 juillet 2021 :

    Motu proprio HE6K76NLXNHGXH5XMLKXMP6IVI.jpg« Un motu proprio du pape François, publié le vendredi 16 juillet, restreint la possibilité de célébrer des messes "en latin".

    Vendredi, le pape François a annoncé vouloir encadrer de manière plus stricte la possibilité de célébrer la messe "en latin", à savoir la messe dite selon la liturgie qui avait cours dans l'Église avant le Concile Vatican II. Ce faisant, François est revenu sur un décret de 2007 de son prédécesseur Benoît XVI qui avait largement permis que cette messe soit de nouveau célébrée.

    L'Argentin Jorge Bergoglio estime en effet, dans une lettre explicative, que les concessions accordées par Benoît XVI aux traditionalistes, dans un souci d'unité de l'Eglise, ont été utilisées de manière abusive en méprisant les réformes liturgiques issues du Concile Vatican II. En bref, que le fait d'avoir largement permis que cette messe puisse être dite a renforcé "les différences" et "les oppositions" au sein de l'Église.

    Dans son nouveau "motu proprio" (décret) de ce vendredi, le pape François précise que les évêques des diocèses auront désormais la compétence exclusive d'autoriser les messes des traditionalistes, en déterminant l'église et les jours de célébration. L'évêque devra en outre veiller à ce que ces groupes "n'excluent pas la validité et la légitimité de la réforme liturgique, des écrits du Concile Vatican II et du magistère pontifical". Les lectures faites au cours de la messe devront en outre se faire "en langue vernaculaire" (locale), selon des traductions approuvées. Un célébrant, délégué par l'évêque, sera même chargé de vérifier l'opportunité de maintenir de telles célébrations selon l'ancien missel dans son diocèse. En outre, selon le décret publié vendredi, l'évêque "veillera à ne pas autoriser la création de nouveaux groupes" souhaitant célébrer des messes d'avant le Concile Vatican II.

    Contacté par La Libre, Tommy Scholtès, porte-parole des évêques de Belgique, a précisé que les rares paroisses qui célèbrent la messe en latin en Belgique pourraient continuer à le faire, celles-ci ne posant pas de problèmes tels que ceux évoqués par le pape François. »

    En Belgique, les paroisses traditionalistes pourront continuer à célébrer la messe en latin

    JPSC

  • Michel Onfray: «La messe en latin, un patrimoine liturgique»

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    L’écrivain et philosophe Michel Onfray, bien qu’athée, voit dans l’Église catholique et ses rites le pouls de notre civilisation. Sur le site web « Figarovox », il explique pourquoi la décision du pape François de restreindre la messe en latin le consterne :

    Onfray XVM758ecdae-e7dc-11eb-b533-6f01ee28fb44.jpg« Je suis athée, on le sait, mais la vie de l’Église catholique m’intéresse parce qu’elle donne le pouls de notre civilisation judéo-chrétienne bien mal en point. Car si Dieu n’est pas de mon monde, mon monde est celui qu’a rendu possible le Dieu des chrétiens. Quoi qu’en disent ceux qui pensent que la France commence avec la Déclaration des droits de l’homme, ce qui est aussi stupide que de croire que la Russie est née en octobre 1917, le christianisme a façonné une civilisation qui est la mienne et dont j’estime que je peux l’aimer et la défendre sans battre ma coulpe, sans avoir à demander pardon pour ses fautes, sans attendre une rédemption après confession, contrition et agenouillement. C’est fou comme ceux qui répugnent au christianisme en disant qu’il n’a pas eu lieu s’en trouvent imprégnés comme de rhum le baba que l’on sait!

    Benoît XVI fut un pape philosophe formé à l’herméneutique et à la phénoménologie allemande. Il a également lu les auteurs catholiques français dans le texte. Son Jésus de Nazareth (2012) s’inscrit dans l’histoire de l’idéalisme allemand, notamment de l’hégélianisme qu’on dit de droite pour le distinguer de celui qui, dit de gauche, conduit au jeune Marx.

    Le pape François n’est pas de ce niveau théologique, loin s’en faut. Mais il ne manque pas de la rouerie jésuitique qui fait que, venant de la Compagnie de Jésus, il choisit pour nom de souverain pontife celui qui se trouve le plus à l’opposé des intrigues et des antichambres du pouvoir où les jésuites aiment à se trouver, à savoir celui de François d’Assise. Jorge Mario Bergoglio, chimiste de formation, vient du péronisme ; Joseph Ratzinger, théologien de formation, de l’antinazisme.

    À mes yeux, l’acte majeur du pape Benoît XVI a été le discours de Ratisbonne où, le 12 septembre 2006, dans l’université allemande où il a été professeur, il a fait son travail de pape en estimant que le christianisme et l’islam entretiennent par les textes une relation antinomique, notamment sur l’articulation entre foi et raison, mais également sur la question de la violence en général et sur celle du djihad en particulier. Je dis par les textes car c’était ici son souci, il présentait en effet l’exégèse personnelle d’un dialogue situé au début du XV siècle entre l’empereur Byzantin Manuel II Paléologue et un érudit persan. L’invitation à réfléchir sur cette question fut prise pour une insulte planétaire faite à l’islam…

    L’acte majeur du pape François est, toujours selon moi, de s’être fait photographier devant un crucifix sur lequel Jésus porte le gilet de sauvetage orange des migrants. C’est ici l’icône triomphante de Vatican II qui congédie tout sacré et toute transcendance au profit d’une moraline tartinée de façon planétaire comme une gourmandise de scout.

    C’est selon cette logique qu’il faut comprendre la décision du pape François d’abroger, disons-le dans un terme profane, la décision prise par Benoit XVI de permettre la messe en latin, dite messe Tridentine, pour ceux qui le souhaitent. Dans Summorum pontificum, Benoît XVI libéralisait la messe dite de Pie V. Dans Traditionis custodes, François efface cette libéralité. Benoît XVI voulait dépasser le schisme avec les traditionalistes, François va le restaurer en prétextant bien sûr, jésuite un jour, jésuite toujours, qu’il entend de cette façon réunir ce qu’il sépare. Les vocations chutent avec Vatican II. Mais les religieux qui conservent le rite latin ne connaissent pas la désaffection,mieux, ils remplissent les séminaires. Le pape François préfère les églises vides avec ses thèses que pleines avec celles de Benoît XVI.

    Séparer n’est-ce pas la fonction dévolue… au diable? L’étymologie témoigne. Si j’avais la foi catholique, je ne pourrais m’empêcher de penser à l’Épître de Jean qui dit: «Tout esprit qui divise Jésus-Christ n’est point de Dieu ; et c’est là l’Antéchrist, dont vous avez entendu dire qu’il doit venir ; et il est déjà maintenant dans le monde.» (I.4:3).

    Ce qui se joue dans cette affaire, c’est la suite de Vatican II, autrement dit l’abolition du sacré et de la transcendance. La laïcisation du rite réduit à une liturgie dont La vie est un long fleuve tranquille a montré toute la puissance avec son curé cool qui joue de la guitare et chante bêtassement «Jésus, Jé-é-é-é-sus, reviens». On peut préférer le chant grégorien sans être pour autant un nostalgique de Vichy…

    Or le génie du christianisme, les différents conciles sur la possibilité ou non de figurer le christ témoignent, a été de rendre possible une civilisation de l’allégorie, de la symbolique,de la métaphore. Le génie juif se trouve dans l’herméneutique,celui du christianisme dans l’explication des paraboles. Les juifs inventent l’herméneutique pour les plus savants, les rabbins lecteurs de la kabbale ;les chrétiens élaborent l’herméneutique populaire, pour les fidèles à qui l’on raconte des histoires à déchiffrer avec l’histoire sainte. Notre civilisation de l’image, de la raison explicative, de la philosophie séparée de la théologie, procède de ce monde-là.

    La messe en latin est le patrimoine du temps généalogique de notre civilisation. Elle hérite historiquement et spirituellement d’un long lignage sacré de rituels, de célébrations, de prières, le tout cristallisé dans une forme qui offre un spectacle total - un Gesamtkunstwerk,pour utiliser un mot qui relève de l’esthétique romantique allemande.

    Pour ceux qui croient en Dieu, la messe en latin est à la messe du Long fleuve tranquille, celle que semble affectionner le pape François, ce qu’est la basilique romaine contemporaine de saint Augustin à une salle polyvalente dans une barre d’immeubles à Aubervilliers: on y chercherait en vain le sacré et la transcendance. Quelle spiritualité dans ces cas-là?

    Disons-le de façon énigmatique, le pape François fait bien ce pour quoi il est là où il se trouve… Ajoutons d’une façon tout aussi énigmatique, mais pas tant que ça, qu’on se demande pourquoi nous vivons dans une époque avec deux papes. »

    Ref.Michel Onfray: «La messe en latin, un patrimoine liturgique»

     Pas si énigmatique que cela, lorsqu'on repense aux « prophéties » sociologiques du philosophe Auguste Comte…

    JPSC

  • Un motu proprio inutile et source de division

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    De Peter M.J. Stravinskas sur le Catholic World Report :

    Un motu proprio inutile et source de division

    La lettre du pape François aux évêques apparaît comme un jugement et une mesquinerie, empestant une herméneutique du soupçon.

    17 juillet 2021

    Le vendredi 16 juillet, nous nous sommes tous réveillés avec un nouvel exemple de la lourdeur du Pape Bergoglio, avec la promulgation de son dernier motu proprio, Traditionis Custodes, qui annule la législation de ses prédécesseurs, Saint Jean-Paul II (1984 et 1988) et Benoît XVI (2007), sur l'utilisation du Missel du Pape Saint Pie V, appelé "forme extraordinaire" du Rite Romain par Benoît XVI (1).

    Dans l'intérêt d'une divulgation complète, permettez-moi de dire d'emblée que je n'ai pas vraiment de cheval dans cette course. Bien que je célèbre la Messe de la "forme extraordinaire" (FE) quand on me le demande, ma préférence personnelle va à la "forme ordinaire" (FO) en latin, tournée vers l'Est. Cela dit, comme les lecteurs réguliers de CWR le savent grâce aux homélies publiées ici, j'aide fréquemment la paroisse Holy Innocents à Midtown Manhattan et j'y célèbre la Messe dans les deux formes. En fait, j'ai aidé cette paroisse pendant plus de vingt-six ans. Avant l'introduction de la messe tridentine (ou FE - Forme Extraordinaire -) en 2008, j'offrais la FO - Forme Ordinaire - en latin.

    Dans la "lettre de présentation" de François à l'épiscopat mondial, il dit :

    "Après 13 ans de pratique, j'ai chargé la Congrégation pour la Doctrine de la Foi de faire circuler un questionnaire aux évêques concernant la mise en œuvre du Motu proprio Summorum Pontificum.

    Les réponses révèlent une situation qui me préoccupe et m'attriste, et me persuade de la nécessité d'intervenir.

    Malheureusement, l'objectif pastoral de mes Prédécesseurs, qui avaient l'intention de "tout faire pour que tous ceux qui ont vraiment le désir de l'unité trouvent la possibilité de rester dans cette unité ou de la redécouvrir", a souvent été gravement négligé.

    L'opportunité offerte par saint Jean-Paul II et, avec encore plus de magnanimité, par Benoît XVI, destinée à retrouver l'unité d'un corps ecclésial aux sensibilités liturgiques diverses, a été exploitée pour élargir les fossés, renforcer les divergences et encourager les désaccords qui blessent l'Église, bloquent son chemin et l'exposent au péril de la division."

    En d'autres termes, sa principale motivation pour restreindre l'"ancienne" messe est la crainte qu'elle ait favorisé la désunion. C'est ici que j'ai un "cheval dans la course". Dans ma prédication et mon enseignement liturgique (par le biais d'un programme d'éducation théologique permanent, étendu et régulier) à Holy Innocents, je cite régulièrement le Catéchisme actuel de l'Église catholique et les documents de Vatican II et, lorsque cela est approprié, j'explique les différences entre la FO et la FE, ainsi que leurs calendriers respectifs. Je n'ai jamais perçu le moindre signe d'opposition. En outre, Holy Innocents offre cinq messes quotidiennes pendant la semaine de travail, la messe du soir étant célébrée en FE. Une fois de plus, je dois dire que je n'ai jamais rencontré de division entre les participants réguliers à l'une ou l'autre forme ; encore une fois, il faut observer que pas mal de personnes qui assistent aux célébrations dominicales en FE et qui ne travaillent pas dans la région de Holy Innocents assistent à la messe quotidienne en FO. Nous reviendrons sur cette évaluation en temps voulu.

    La lettre de François aux évêques apparaît comme un jugement et une mesquinerie, empestant une herméneutique du soupçon. Il est très ironique que le Pape, décidé à faire preuve de "miséricorde" envers les militants homosexuels et les adultères (c'est-à-dire les divorcés et les remariés), ne fasse pas preuve d'une once de sollicitude pastorale envers les catholiques fidèles. Si la situation désastreuse de désunion qu'il évoque existe quelque part, n'incombe-t-il pas à l'évêque diocésain de s'en occuper ? Quelqu'un qui souffre d'un ongle incarné ne mérite pas l'amputation de son doigt ou de sa main. En réalité, il est perversement amusant que le Pape s'engage dans la même conduite que certains traditionalistes radicaux lorsqu'ils découvrent un abus liturgique dans l'Eglise "traditionnelle" et accusent ainsi la FO du problème.

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