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« Les chrétiens cachés » du Japon : fidélité et courage d’un peuple martyr
Le pape souligne l’importance de préserver les sites des « chrétiens cachés »
2 décembre 2024
Samedi matin 30 novembre 2024, le pape François a reçu en audience une délégation de l’association « hidden christians research association », qui œuvre au Japon pour la protection des lieux où les chrétiens se sont cachés au 17e siècle, lors des persécutions contre l’Église catholique. Quelques décennies seulement après le passage au Japon du jésuite missionnaire saint François-Xavier, fêté ce 3 décembre, le christianisme a été interdit et les missionnaires ont été expulsés du pays. Les persécutions ont duré deux siècles et demi : tortures, massacres, conversions forcées au bouddhisme, interdiction de pratiquer sa foi chrétienne. Les baptisés ont dû apprendre à vivre et à transmettre leur foi de manière silencieuse et cachée, quasiment sans prêtres ni églises.
Le « trésor de la foi » transmis de génération en génération
Se situant dans la région de Nagasaki, les sites des « chrétiens cachés » sont inscrits depuis 2018 au patrimoine mondial de l’Unesco. « J’apprécie grandement vos efforts pour préserver ces sites en tant que témoins précieux d’un chapitre important mais caché de l’histoire de l’Église universelle et de celle de votre noble peuple », a confié le pape aux membres de l’association. « Je tiens à le souligner » a-t-il répété, « le peuple japonais est un peuple noble. J’espère que la reconnaissance de l’importance de ces sites, ainsi que leur préservation adéquate, serviront également de témoignage vivant de la fidélité de tant de chrétiens japonais qui ont transmis le précieux trésor de la foi comme un héritage de génération en génération. »
En rappelant l’héroïsme des premiers missionnaires et le courage des martyrs japonais, le pape a par ailleurs souhaité que ce souvenir puisse inciter le monde actuel à ne pas oublier les nombreux chrétiens persécutés de notre siècle : « Que votre travail d’éducation et de préservation fasse mieux connaître et apprécier ce chapitre éminent de l’histoire de l’évangélisation. Que la visite de ces lieux historiques serve aux disciples du Christ dans le Japon d’aujourd’hui. ».
« Foi et raison, reprenons la leçon de saint Jean-Paul II ».
« Jean-Paul II soutenait que la raison sans la foi risque de tomber dans le nihilisme. Tandis que la foi sans la raison peut glisser vers le fanatisme ». La Bussola s'entretient avec le professeur Mariusz Kuciński, directeur du Centre d'études Ratzinger. La recherche de la vérité. Et le nœud IA.
3_12_2024
Du 26 au 29 novembre, les Journées de saint Jean-Paul II se sont tenues à Rome, organisées conjointement par la Fondation Jean-Paul II, l'Université pontificale de Cracovie et l'église et l'hospice Saint-Stanislas dans la Ville éternelle, sous le patronage du Dicastère du Saint-Siège pour la culture et l'éducation. Il s'agissait d'un moment de réflexion précieux et très actuel sur la pensée théologique du pontife polonais. L'événement s'est inspiré des Journées Jean-Paul II à Cracovie, où des conférences consacrées au magistère du pape Wojtyła sont organisées chaque année depuis près de vingt ans.
Le thème de cette première édition « italienne » était : Foi et raison dans la pensée de saint Jean-Paul II. Quatre jours intenses de débats et de symposiums ont vu la participation de plusieurs universités pontificales telles que la Grégorienne, l'Angelicum (St. Thomas d'Aquin) et la Sainte-Croix. Parmi les intervenants figurait le professeur Don Mariusz Kuciński, directeur du Centre d'études Ratzinger et membre de l'Académie de Cuivie-Poméranie à Bydgoszcz. La Nouvelle Boussole l'a interviewé.
Professeur Kuciński, quel était le sens de la foi pour Saint Jean-Paul II ?
Saint Jean-Paul II considérait la foi comme le cœur battant de la vie humaine, non seulement comme un acte individuel de confiance en Dieu, mais aussi comme le fondement même de l'être humain. Dans son encyclique Fides et ratio, il souligne que la foi et la raison sont « les deux ailes avec lesquelles l'esprit humain s'élève à la contemplation de la vérité ». Cela montre à quel point la foi est profondément liée à la recherche humaine de la vérité. La foi est donc essentielle à l'épanouissement de l'homme.
Et si l'on parle de foi, on ne peut pas ne pas parler de théologie.
Oui, certainement. Pour Jean-Paul II, la théologie était étroitement liée à la pastorale et à l'évangélisation. Il voyait la théologie comme un instrument pour répondre aux questions profondes de l'homme contemporain. En lui, nous trouvons une théologie qui se devait d'être proche des gens. D'ailleurs, Jean-Paul II apportait le message théologique directement aux gens : on peut donc parler d'une théologie en action.
Le rôle de la culture était très important pour le pape Wojtyła. Pourquoi joue-t-elle un rôle aussi fondamental dans le dialogue entre la foi et la raison ?
La culture a été très importante dans le pontificat de Wojtyła : c'est en elle, selon Jean-Paul II, que l'homme peut exprimer son humanité et chercher le sens de la vie. Dans son magistère, nous avons la possibilité de comprendre comment la foi chrétienne peut enrichir chaque culture, et en même temps s'enrichir de la diversité culturelle. Jean-Paul II, dans Fides et ratio, un document magnifique et très actuel, a affirmé que la raison sans la foi risque de tomber dans le nihilisme. Tandis que la foi sans la raison peut glisser vers le fanatisme. Pour lui, la philosophie et la théologie doivent dialoguer pour répondre aux questions humaines fondamentales. En outre, il a abordé des questions morales complexes, telles que la bioéthique, la famille et la sexualité, en plaçant toujours la dignité de la personne au centre.
Qu'est-ce que Jean-Paul II a donné à l'Église de tous les temps, au monde ?
Jean-Paul II a offert au monde une vision profonde et multiforme de la relation entre la foi, la théologie et la culture. Il a beaucoup insisté sur la nécessité d'un dialogue sincère entre l'Église et le monde contemporain, afin de répondre aux défis de la modernité. Point central : la dignité humaine. Dans son magistère, nous trouvons un équilibre parfait entre la foi et la raison, entre la tradition et l'ouverture au dialogue, entre l'identité chrétienne et le respect des autres cultures et religions. Nous devons considérer tout cela comme une source d'inspiration pour les croyants et pour tous ceux qui cherchent des réponses aux grandes questions de l'existence humaine.
Nous vivons aujourd'hui une époque où divers aspects de la société semblent nier la vérité. Et nous savons combien Jean-Paul II a pris cette question à cœur. Comment l'encyclique Fides et ratio peut-elle nous aider dans ce moment historique ?
Nous vivons une époque où la société nie la vérité. Je pense en particulier au milieu universitaire. On dit : la vérité, même si elle est là, nous ne pouvons pas la connaître en tant qu'hommes, et donc il ne sert à rien de la chercher. Je parlerais d'une certaine méfiance : « ça ne m'intéresse pas », dit-on aujourd'hui. En ce moment de l'histoire, il semble vraiment que la science n'aide pas à la chercher : ces milieux ne veulent pas la chercher ! L'encyclique nous aide à voir que c'est Dieu qui fonde la dignité humaine, et pour cela nous avons besoin des deux ailes qui sont soulignées dans le document papal : la foi et la raison.
Dans le contexte actuel, un certain débat sur l'intelligence artificielle (IA) est désormais répandu dans la société et dans l'Église. Fides et ratio peut-elle nous aider à comprendre les potentialités et les risques de l'IA elle-même ?
Évidemment, l'encyclique n'a pas parlé de l'IA, mais elle parvient à nous donner une aide précieuse pour évoluer dans ce monde moderne qui apporte ces différentes possibilités de développement humain. Il existe un document sur les nouvelles technologies écrit par Jean-Paul II quelques mois avant sa mort, la lettre apostolique Le développement rapide (2005) : dans ce document, le pontife nous dit que les nouveaux médias sont des dons de Dieu. C'est vrai : ce sont des dons de Dieu. Le Seigneur nous donne la possibilité de vivre avec l'IA de différentes manières et cela peut, en principe, nous aider à mieux vivre. Mais pour pouvoir utiliser au mieux l'IA, il est important de connaître sa nature : nous devons apprendre à connaître ce don de Dieu que nous ne connaissons pas encore bien. Et il est nécessaire d'apprendre à utiliser l'IA de manière à ce qu'elle soit source de développement et non de destruction ou de préjudice, car elle pourrait en même temps comporter d'énormes risques. Fides et ratio nous donne la dignité humaine comme fondement : un moyen de développement technologique qui ne la reconnaît pas ne peut être que contre l'homme. Si nous avons une vision de l'homme comme un robot, alors nous enlevons la dignité humaine. Tout moyen qui enlève ou nie la nature humaine est un moyen qui va contre l'homme. Jean-Paul II nous a appris à toujours mettre l'homme au centre : il suffit donc d'être attentif aux développements de ce grand phénomène qu'est l'intelligence artificielle. L'Église peut et doit indiquer sa direction dans ce domaine. Et la direction est celle que Jean-Paul II nous a indiquée dans son Magistère pétrinien. L'œuvre de Jean-Paul II représente un trésor de sagesse et d'humanité, une invitation à ne pas craindre les défis du présent, mais à les affronter avec confiance, sachant que la foi éclaire la raison et que la culture enrichit l'expérience humaine de la recherche de Dieu.
Syrie : la vie et le temps suspendu des chrétiens d’Alep après l’offensive rebelle
Analyse
Depuis la prise de contrôle de la ville syrienne d’Alep par les groupes rebelles et djihadistes, samedi 30 novembre, la communauté chrétienne vit dans la peur. Traumatisée par les années de guerre, une partie de la communauté a pris la route, tandis que l’autre, attend, incertaine du sort qui lui sera réservé.
01/12/2024
Cela fait bientôt vingt-quatre heures que Carla, chrétienne syrienne de 34 ans, est enfermée chez elle, conformément au couvre-feu de vingt-quatre heures imposé par les djihadistes du Hayat Tahrir Al-Cham (HTS) et de leurs alliés, samedi 30 novembre, à 17 heures. Le groupe islamiste, dominé par la branche syrienne d’Al-Qaida, et joint par d’autres factions hostiles au régime de Bachar Al Assad, a annoncé le même jour avoir pris le contrôle de la majeure partie d’Alep, la seconde ville du pays.
« Les miliciens circulent pour distribuer du pain », décrit Carla, qui n’a que les réseaux sociaux pour s’informer. « Ils assurent la population qu’ils ne feront aucun usage de la violence, ni contre les civils, ni contre les bâtiments. » Les groupes armés, n’ont, en effet, « touché à rien », affirme également un religieux sur place, qui ne souhaite pas communiquer son nom. « Mais ce n’est que le début, se méfie-t-il. Nous n’avons aucune idée de ce qui peut se passer ensuite. Pour les chrétiens, le temps est suspendu. »
Des traumatismes réveillés
Beaucoup de familles n’ont pas attendu la suite des événements pour quitter la ville. « Depuis le début de la guerre, en 2011, nous avons accueilli beaucoup de familles chrétiennes chassées d’Idlib », explique Carla. Idlib et sa province, au nord-ouest de la Syrie, ont en outre été le théâtre d’exactions commises à l’encontre des communautés chrétiennes et druzes. Depuis le cessez-le-feu, conclu en 2020 avec le régime, la région est restée le bastion des rebelles et des djihadistes. « Ces familles ont essayé de reconstruire leurs vies à Alep. Mais les récents événements ont réveillé leurs traumatismes. Leur première réaction a donc été de partir », poursuit Carla.
L’autoroute principale M5 reliant Alep aux autres grandes villes étant fermée, des milliers de voitures se sont engouffrées sur une petite route traversant le désert, pour rejoindre Hama, ou la ville de Homs, plus au Sud. « Les routes ne sont pas sûres. Il y a plus de vingt-quatre heures de bouchons pour atteindre la prochaine ville, les nuits sont glaciales, et les frappes aériennes sont récurrentes », décrit Carla qui travaille avec l’ONG Hope Center en Syrie pour organiser l’accueil des personnes déplacées dans les paroisses syriennes. « Entre 500 et 1 000 chrétiens sont piégés sur les routes » estime-t-elle.
« C’est l’existence même de la minorité chrétienne qui est en jeu »
Pour cette minorité qui connaît une saignée continue depuis le début de la guerre, les chiffres ont leur importance. « En 2011, il y avait environ 150 000 chrétiens à Alep. Aujourd’hui il n’en reste qu’entre 20 000 et 25 000 », alerte Vincent Gelot, responsable des projets de l’Œuvre d’Orient au Liban et en Syrie.
Comme le reste de la population syrienne, les chrétiens ont souffert des bombardements, des pénuries, des sanctions, ou encore du tremblement de terre survenu en 2023. De nombreuses familles sont parties pour échapper à la misère. Pour les chrétiens restants, « on craint que la prise de la ville par les rebelles et les djihadistes soit “le coup de trop”, avance Vincent Gelot. C’est l’existence même de la minorité chrétienne qui est en jeu. »
La communauté est à nouveau plongée dans la peur et l’incertitude. « Il n’y a plus d’autorité civile pour nous offrir une quelconque assurance, ou quelques garanties de droits », explique Carla. « Comment va-t-on gouverner une ville de quatre millions d’habitants ? », s’interroge de son côté le religieux. « Sans eau, ni pain », il prépare malgré tout la célébration de la messe, décalée à 18 heures, « à la sortie du couvre-feu ».
Récemment, dans l’Office des lectures, un auteur anonyme du deuxième siècle exhortait ses lecteurs à « prendre courage ». Ce conseil m’a rappelé un événement de mon lointain passé qui résonne encore à l’aube de cette période de l’Avent.
J’étais sur le point de commencer mes études doctrinales au King’s College et il faisait déjà sombre quand je suis arrivé à notre couvent de capucins dans le quartier de Peckham, dans le sud-est de Londres. Lorsqu’on m’a montré ma chambre, j’ai immédiatement regardé par la fenêtre pour voir ce que je voyais au cours des trois années à venir. De l’autre côté de la rue, il y avait un pub. Au-dessus de sa porte, en grosses lettres de néon rouge, était inscrit le message suivant : « Prenez courage ».
L'un des frères m'a informé que ce pub vendait une bière appelée « Courage », d'où la devise de la brasserie : « Prends courage ». J'ai pris cela comme un signe providentiel alors que j'étais sur le point d'étudier pour mon doctorat. J'ai également, au fil des ans, bu une ou deux pintes de Courage, même si j'ai constaté que cela ne me rendait pas plus courageux.
L’expression « prenez courage » contient en elle l’avenir, mais pas seulement un avenir neutre, celui du « encore » à vivre. Elle évoque plutôt un avenir qui sera chargé de défis, de risques et même de dangers. Face à ces rencontres menaçantes à venir, il faut « prendre courage ». La brasserie Courage n’est pas la seule à exhorter à « prendre courage ». Dieu lui-même, tout au long de l’Ancien Testament, exhorte le peuple juif à « prendre courage ».
Bien que Moïse ne soit pas entré dans la Terre promise, une terre occupée par d’autres peuples, Dieu lui a dit : « Fortifie-toi et prends courage ; ne les crains pas et ne les effraie pas, car l’Éternel, ton Dieu, marche avec toi. » (Deutéronome 31:6) Même si l’avenir allait être rempli de nombreux dangers, Moïse devait prendre courage, car l’Éternel serait présent à tout moment.
Dieu promit également à Josué que, comme il était avec Moïse, il serait désormais avec lui : « Fortifie-toi et prends courage ; ne t'effraie pas et ne t'épouvante pas, car l'Éternel, ton Dieu, est avec toi dans tout ce que tu entreprendras. » (Josué 1:9)
Lorsque Salomon hérita du trône royal de David, Dieu dit qu’il lui donnerait « de la discrétion et de l’intelligence » et qu’il devait donc « être fort et avoir bon courage » (1 Chroniques 22:12-13).
Dans ces cas historiques, ces personnages importants ne devaient pas avoir peur de l’avenir, mais devaient prendre courage en toutes circonstances parce que Dieu serait avec eux à tout moment.
De plus, le psalmiste priait dans l’espoir de voir la bonté du Seigneur sur la terre des vivants. C’est pourquoi il s’affirmait en lui-même : « Espère en l’Éternel, fortifie-toi, et que ton cœur s’affermisse ; attends-toi en l’Éternel ! » (Psaume 27:13-14)
Messe inaugurale de Jean-Paul II, le 22 octobre 1978. « N’ayez pas peur. Ouvrez toutes grandes les portes au Christ. » [Image : Vatican News]
Le psalmiste a peut-être dû attendre l’avenir, mais il l’a fait avec courage, car il attendait avec la certitude de l’action salvatrice du Seigneur. De même, les saints devaient « aimer le Seigneur », car il préserve les fidèles. C’est pourquoi : « Fortifiez-vous et que votre cœur s’affermisse, vous tous qui espérez en l’Éternel ! » (Psaume 31:23-24)
Paul, dans ses épîtres, exhorte continuellement ses lecteurs à être fidèles à l’Évangile. Cette fidélité exige du courage au milieu des épreuves et des persécutions. C’est pourquoi il exhorte les Corinthiens : « Soyez vigilants, demeurez fermes dans la foi, soyez courageux, soyez forts. » (1 Corinthiens 16:13)
Le courage exige, entre autres, de rester vigilant, de peur de se décourager et d’abandonner la foi. Le courage est le fervent défenseur de la vie chrétienne.
Le courage des chrétiens se fonde sur Jésus. Par sa passion, Jésus a vaincu le péché et vaincu la mort, ce qui effraie le plus l’homme. Par la foi en Jésus, les chrétiens ont été sauvés du péché et donc de la malédiction de la mort. Par sa résurrection, les chrétiens obtiennent la vie éternelle.
Jésus peut donc vraiment proclamer à ses apôtres : « Dans le monde, vous aurez des tribulations ; mais prenez courage, j'ai vaincu le monde. » (Jean 16, 33) Quelles que soient les tribulations qui peuvent survenir au cours de la vie chrétienne, on peut prendre courage dans la mesure où Jésus les a vaincues, et donc prendre courage.
Aujourd’hui, les chrétiens vivent de plus en plus dans un monde qui est à l’opposé de ce qu’ils croient. C’est particulièrement vrai dans les pays occidentaux sécularisés où le christianisme est perçu comme hostile à l’esprit du temps . La France a récemment connu une vague de vandalisme contre des églises. Des incidents similaires se sont produits aux États-Unis et au Canada. Mais les chrétiens, et particulièrement les catholiques, doivent faire preuve de courage.
L’avenir ne nous promet rien de bon. Nous sommes peut-être raillés, méprisés et ostracisés parce que nous défendons et promouvons les normes morales chrétiennes concernant l’avortement, la sexualité, l’identité sexuelle et l’euthanasie. Mais avec courage, nous vivons dans la bonne espérance qu’en fin de compte, Jésus et son Évangile de vie triompheront. Nous devons nous attendre au Seigneur.
De même, au sein même de l’Église, les fidèles, clercs et laïcs, doivent faire preuve de courage. De nombreux théologiens, évêques, cardinaux, synodes et même des membres du Vatican au plus haut niveau mettent en avant un programme contraire à l’enseignement théologique et apostolique du magistère, comme l’approbation de la légitimité morale de l’adultère, de la fornication, des actes homosexuels, du transgenre et des femmes prêtres.
Une fois de plus, les fidèles catholiques, clercs et laïcs, doivent faire preuve de courage. Nous savons, dans la foi, que de tels enseignements hétérodoxes ne prévaudront pas. Ils n’ont pas d’avenir. L’avenir appartient à ceux qui s’accrochent courageusement à la foi.
Prendre courage, c'est espérer en l'avenir, et cet avenir est eschatologique. Lorsque Jésus reviendra dans la gloire à la fin des temps, le courage qu'il aura maintenu, le courage qu'il aura avancé, le courage qu'il aura défendu, le courage pour lequel il sera mort, remporteront la victoire. Ce faisant, ceux qui auront pris courage, boiront la récompense du courage : la vie éternelle.
Le pub qui se trouvait devant ma fenêtre annonçait quelque chose de plus que ce que le propriétaire avait imaginé. Courage !
Extraits de l’homélie de Dom Jean Pateau, Père abbé de l’abbaye de Fontgombault (photo) pour l’ouverture du temps de l’Avent (archive 1er décembre 2013) :
L'heure est venue de nous réveiller, notre salut est proche (cf. Rm 13, 11). Mettons-nous dès maintenant en chemin vers la crèche, ne différons pas. Le temps de l'Avent est un temps de préparation. Il s'achèvera quand au soir de Noël nous pousserons avec les bergers la porte de l'étable de Bethléem.
Deux éléments remarquables de la Messe de ce jour peuvent nous aider à discerner les dispositions que nous devons acquérir afin d'entrer dans la sainte étable : les ornements violets, signes d'un temps de pénitence, et le rite de bénédiction de l'eau et d'aspersion des lieux.
L'Église use des ornements violets principalement durant les temps de pénitence que sont l'Avent et le Carême. Mais pourquoi faut-il faire pénitence sur le chemin de la crèche ? L'homme n'aurait-il pas le droit d'entrer triomphant dans l'étable et de s'unir tout simplement aux chœurs angéliques pour chanter l'Enfant-Dieu ? Quelques raisons lui refuseraient-elles de franchir le seuil du petit paradis où Marie et Joseph veillent l'Enfant Jésus ? (…)
En entrouvrant la porte, l'homme ne peut qu'être inquiet. La crèche est un lieu d'intimité avec le Dieu qui se fait l'un des nôtres, Emmanuel, ''Dieu avec nous''. Ce désir de rencontrer Dieu, l'homme depuis toujours le possède en son cœur. Saint Augustin en résume la raison en quelques mots : « Vous nous avez faits pour vous, Seigneur, et notre cœur est sans repos jusqu'à ce qu'il se repose en vous. » (Confessions, I, 1)
L'hymne du « Rorate Cæli desuper » est par excellence le chant grégorien du Temps de l'Avent. Son refrain est tiré du Livre d'Isaïe (45, 8) : « Cieux, épanchez-vous là-haut, et que les nuages déversent la justice, que la terre s’ouvre et produise le salut ». Cette rosée qui tombe du ciel pour féconder la terre et faire descendre le Juste, c'est-à-dire Dieu Lui-même, c'est le Saint-Esprit, et la terre qui s'ouvre sous cette influence céleste et fait germer le Sauveur, c'est bien évidemment le sein très pur de la Vierge Marie.
Roráte caeli désuper, et nubes pluant iustum.
Cieux, répandez d'en haut votre rosée et que les nuées fassent descendre le Juste.
Ne irascáris, Dómine, ne ultra memíneris iniquitátis:
Ne te mets pas en colère, Seigneur, ne garde plus souvenir de l’injustice.
ecce cívitas Sancti tui facta est desérta:
Voici, la cité sainte est devenue déserte,
Sion desérta facta est : Ierúsalem desoláta est:
Sion a été désertée, Jérusalem est en désolation,
domus sanctificatiónis tuae et glóriae tuae, ubi laudáverunt te patres nostri
la maison de ta sanctification et de ta gloire, où nos pères avaient dit tes louanges.
Peccávimus, et facti sumus tamquam immúndus omnes nos,
Nous avons péché et sommes devenus impurs.
et cecídimus quasi fólium univérsi
Nous sommes tombés comme des feuilles mortes
et iniquitátes nostrae quasi ventus abstúlerunt nos :
et nos iniquités nous ont balayés comme le vent.
abscondísti fáciem tuam a nobis, et allilísti nos in manu iniquitátis nostrae.
Tu as détourné de nous ta face, et nous as brisés sous le poids de nos fautes.
Vide Dómine, afflictiónem pópuli tui
Vois, Seigneur, l’affliction de ton peuple,
et mitte quem missúrus es :
et envoie celui que tu dois envoyer :
emítte agnum dominatórem terrae, de petra desérti, ad montem fíliae Sion :
envoie l’Agneau, le maître de la terre, de Pétra dans le désert jusqu’à la montagne de ta fille Sion,
« Certaines plumes et certaines voix semblent en ce moment trouver un « identitaire » derrière chaque pierre. Les catholiques ne font pas exception, et les « catholiques identitaires » sont de plus en plus pointés du doigt. Or d’une part le recours excessif à cet épithète manifeste une paresse intellectuelle qui fait obstacle à l’exercice normal de la pensée et à la tenue honnête du débat politique. D’autre part, l’urgence devrait être à sauver cet adjectif plutôt qu’à le salir, et à redonner aux « identités » leur lettres de noblesse et leur rôle social.
Il en va des insultes comme des tables basses ou des chapeaux : elles sont sujettes à certains effets de mode, et il est plus ou moins plaisant de les regarder défiler. Nous sommes actuellement les témoins quelque peu désabusés de la percée opérée par un nouveau favori : « identitaire ». L’épithète peut être fier, il est devenu incontournable, et certains esprits peinent désormais à écrire plus de cinq lignes d’éditorial ou de chronique sans recourir à lui pour qualifier l’adversaire identifié. Certains catholiques se sont empressés de transposer cette invective dans leur champ propre, guettant partout les « catholiques identitaires ». Le couperet tombe vite, et chacun mettra le curseur où il le veut – c’est là un privilège des termes mal définis. Plus important, plus révélateur que le sens véritable du mot, est son usage. La magie du terme réside dans son double effet simultané. En reléguant un interlocuteur dans les ténèbres identitaires, vous faites d’une pierre deux coups : d’une part, vous le marquez d’un sceau d’infamie et le sortez du cercle de la raison et de la respectabilité, d’autre part, et c’est tout l’enjeu, vous vous mettez à distance de lui et envoyez un signal très clair, qui manifeste votre propre appartenance à l’honorabilité intellectuelle et politique. En un seul mot, vous compromettez votre adversaire tout en vous mettant à l’abri du soupçon. Notons que ce manège est rarement l’indice d’un esprit libre et courageux.
I Came To Cast Fire (Je suis venu jeter le feu) présente aux lecteurs l'œuvre unique de René Girard La race, l'ethnie, le sexe et le genre sont les catégories identitaires que l'Occident post-chrétien utilise pour déterminer qui est le plus digne de notre sympathie et de notre célébration, ce que le philosophe catholique français appelle un « masque séculier de l'amour chrétien ».
29 novembre 2024
Le catholicisme est-il encore acceptable pour les élites technocratiques de notre époque laïque et post-chrétienne ?
Certainement pas la prétention catholique de connaître et de sauvegarder de manière unique la vérité absolue sur la foi et la morale. Ni dans la répudiation par l'Église catholique de la revendication par la révolution sexuelle de « droits » universels à la liberté sexuelle, à la contraception ou à l'avortement. Non, la seule façon sûre de représenter sa foi catholique sur la place publique aujourd'hui est d'affirmer sa sympathie pour la victime : le pauvre, la veuve, le membre opprimé d'une classe minoritaire.
Si l'on met de côté l'incohérence flagrante de ce sentiment - pourquoi la vie intra-utérine n'est-elle pas une victime digne d'être protégée ? Tant que l'Église catholique organise des réunions d'alcooliques anonymes, parraine des collectes de nourriture et de vêtements ou apporte son aide aux victimes de catastrophes naturelles, elle peut être célébrée, même par les personnes sans religion.
Pourquoi en est-il ainsi ?
Une réponse convaincante réside dans la pensée du philosophe catholique français René Noël Théophile Girard. I Came to Cast Fire : Une introduction à René Girard, par le père Elias Carr, chanoine régulier de Saint-Augustin, offre une excellente introduction accessible à ce célèbre, bien que parfois énigmatique, anthropologue de renommée Johns Hopkins et Stanford.
La théorie de Girard, qui a influencé des personnalités aussi éminentes que J.D. Vance et Peter Thiel, propose une grande analyse de l'histoire humaine, de la préhistoire ancienne à nos jours, définie par trois étapes. La première d'entre elles est ce qu'il appelle la mimesis, dans laquelle les humains développent des désirs mimétiques, ou imitatifs des désirs des autres, un processus qui se produit par l'observation d'autres humains, ainsi que par des histoires partagées. Ces désirs mimétiques facilitent les rivalités, car les individus ne peuvent s'empêcher de rivaliser pour les objets de ces désirs : possessions, intérêts romantiques, gloire.
Au fur et à mesure que ces rivalités s'accumulent, elles s'intensifient et menacent de détruire la communauté de l'intérieur. C'est alors qu'intervient la deuxième étape du développement humain : le bouc émissaire, qui est tenu pour responsable de la crise à laquelle la société est confrontée. Le bouc émissaire, qu'il s'agisse d'un individu ou d'un groupe, est une minorité au sein de la communauté, une personne qui en vient à être considérée comme ne faisant pas vraiment partie de la communauté et qui peut donc être diabolisée, expulsée ou détruite. Selon Girard, les sociétés ne comprenaient pas ce phénomène, elles le pratiquaient simplement afin d'expérimenter une sorte de catharsis ; ou bien elles ne le pratiquaient pas et s'effondraient en raison de violences intestines.
Le pape François créera 21 nouveaux cardinaux lors du consistoire du Vatican qui se tiendra le 7 décembre prochain.
L'un d'eux, Mgr Angelo Acerbi, a 99 ans et sera donc dès le début membre sans droit de vote du Collège des cardinaux.
Les 20 restants seront à partir de ce jour éligibles pour voter lors d'un conclave papal — à moins qu'ils n'atteignent 80 ans avant le décès ou la démission du pape, ils seront parmi les hommes qui choisiront le prochain pape.
Qui sont-ils et que nous apprend l’évolution du profil du Collège des cardinaux sur l’Église d’aujourd’hui ?
Le Pillar regarde les chiffres.
Le droit canon prévoit que le nombre de cardinaux ayant le droit de vote devrait normalement être de 120, même si les papes sont libres d’en nommer davantage s’ils le souhaitent. Le matin du 7 décembre, avant que le consistoire ne nomme officiellement les nouveaux cardinaux, il y aura déjà exactement 120 cardinaux en âge de voter.
Alors pourquoi le pape François en ajoute-t-il 20 autres ?
Il s’avère que l’année à venir sera riche en 80 ans pour les membres du collège. Le cardinal Oswald Gracias de l’archidiocèse de Bombay fêtera ses 80 ans la veille de Noël, quelques semaines seulement après le consistoire. Treize autres cardinaux fêteront leur 80e anniversaire en 2025, dont des cardinaux bien connus comme le cardinal Christoph Schönborn, le 22 janvier, et le cardinal Robert Sarah, le 15 juin.
Le cardinal Philippe Ouédraogo, archevêque émérite de Ouagadougou, au Burkina Faso, termine l'année en ayant 80 ans le 31 décembre 2025.
Alors que le nombre de cardinaux en âge de voter atteindra brièvement 140, d'ici la fin de 2025, il reviendra à 126, car l'un des cardinaux que le pape François créera lors du prochain consistoire, le père Timothy Radcliffe, OP, aura également 80 ans en 2025.
Et si le pape François attend l’été 2026 pour organiser un autre consistoire, le collège sera alors réduit à 120 membres.
Ces chiffres indiquant un renouvellement générationnel parmi les votants du Collège des cardinaux, il n'est pas surprenant qu'après 11 ans de pontificat du pape François, ce corps soit de plus en plus marqué par ses choix.
A l'approche du consistoire du mois prochain, 76% des cardinaux en âge de voter sont des hommes élevés au rang de cardinal par le pape François. Les 20 cardinaux supplémentaires de décembre porteront cette proportion à 79%.
Il ne reste plus que six cardinaux choisis par Jean-Paul II qui ont encore l'âge de voter, soit environ 5% du collège. Deux d'entre eux, le cardinal Schonborn et le cardinal Vinko Puljic, auront 80 ans l'année prochaine, mais l'empreinte de Jean-Paul II sur le collège des cardinaux perdurera encore quelques années. Le plus jeune cardinal qu'il ait nommé est le cardinal Peter Erdo, qui a actuellement 72 ans et n'aura pas 80 ans avant juin 2032.
Après le consistoire de décembre, 16% des 140 cardinaux en âge de voter seront des hommes ajoutés au collège par Benoît XVI. Parmi ces 23 cardinaux, le plus jeune est le cardinal Baselios Thottunkal, 65 ans, archevêque majeur de l'Église catholique syro-malabare. Il n'atteindra pas 80 ans avant 15 ans, soit en juin 2039.
— L’un des aspects les plus souvent discutés du choix des cardinaux du pape François est son désir de nommer des cardinaux « des périphéries ». Six des 20 nouveaux cardinaux proviennent de sièges épiscopaux qui n’ont jamais eu de cardinal auparavant.
Trois d'entre eux sont des évêques latins provenant de pays qui ont déjà eu des cardinaux, mais venant de sièges qui n'en avaient pas eu auparavant : l'archidiocèse de Santiago del Estero en Argentine, l'archidiocèse de Guayaquil en Équateur et le diocèse de Kalookan aux Philippines.
Deux autres viennent de pays qui n’ont jamais eu de cardinal auparavant et qui ont une très faible population catholique.
L'archevêque Ladislav Nemet de Belgrade, en Serbie, dirige une église locale dont l'histoire remonte au IXe siècle. Cependant, la population serbe étant majoritairement orthodoxe, le diocèse catholique romain compte actuellement moins de 20 000 catholiques, soit moins de 1 % de la population du diocèse.
Mgr Dominique Mathieu, OFM Conv. de l'archidiocèse de Téhéran-Ispahan en Iran, dessert un pays qui n'a pas eu de population catholique significative ces dernières années. Le manuel statistique du Vatican de 2019 recensait 9 000 catholiques dans le diocèse sur une population de 83 millions de personnes sur le territoire diocésain .
Enfin, l'évêque Mykola Bychok du diocèse catholique ukrainien des Saints-Pierre-et-Paul de Melbourne, en Australie, sert dans une ville qui a déjà eu des cardinaux - bien que Bychock ne soit pas le chef du diocèse catholique latin de la ville, mais plutôt de la communauté catholique ukrainienne qui s'y trouve.
L'évêque Bychok est né en Ukraine, et son choix est perçu par certains comme un symbole du désir du Vatican de reconnaître la situation critique des catholiques ukrainiens en raison de la guerre en Ukraine - bien que d'autres y aient vu une question de symbolisme politique interecclésiastique.
Le Dieu assassiné et les églises vides, ou les signes d'une foi qui s'évapore. L'espoir
Una, Sancta, Catholica et Apostolica Ecclesia. Le message du pape Benoît XVI est clair : il n'y a aucune raison de se résigner. L'évaporation de la foi n'est pas une réalité inéluctable, mais un appel au renouveau.
29 novembre 2024
Rome (kath.net/as) Eh bien... L'archevêque émérite de Bamberg, Ludwig Schick, a appelé à plus de créativité dans la « réaffectation des églises », a rapporté l'agence de presse catholique « KNA » mercredi 27 novembre 2024. « Je ne refuserais pas non plus un restaurant, par exemple, bien qu'il y ait des différences entre un bar et un restaurant », a déclaré M. Schick au portail Internet « domradio.de » de Cologne. Selon lui, beaucoup de choses sont compatibles avec la raison d'être des bâtiments religieux. « La médecine, les cabinets psychothérapeutiques, les soins communautaires, la musique, le théâtre », a poursuivi Schick. Ce qui crée une communauté correspond au sens des églises. La « créativité » est avant tout de mise, mais la créativité « avec des limites » : « Il ne peut pas y avoir de sex-shop dans une église », a déclaré l'archevêque. Cela serait incompatible avec le sens du bâtiment. Après tout.
Mais la tragédie se dessine clairement. « Dieu est mort. Dieu reste mort. Et nous l'avons tué » - Avec cette phrase, Friedrich Nietzsche dressait déjà en 1882 dans sa “Science joyeuse” non seulement un diagnostic perspicace sur la modernité, mais révélait de manière prophétique une crise dont nous percevons aujourd'hui plus clairement que jamais la portée : L'aliénation de la société par rapport à Dieu et à la foi, une aliénation qui donne justement du fil à retordre au monde autrefois appelé occidental. Le fondement religieux, le fondement chrétien, qui portait autrefois la culture, la morale et la communauté de l'Europe, semble s'évaporer à vue d'œil - un processus lent, presque silencieux, qui se traduit par des églises vides, une diminution de la fréquentation des services religieux et un délabrement sacramentel.
Des lieux de culte aux temples de la consommation ?
Ce n'est un secret pour personne : le nombre de fidèles catholiques sous nos latitudes diminue rapidement. Année après année, des églises ferment leurs portes. Parfois, elles sont détruites, mais plus souvent, elles sont réaffectées. Là où l'autel s'élevait autrefois et où l'homme s'agenouillait devant ses marches avant de pouvoir s'en approcher, des rayons de supermarché invitent aujourd'hui à la consommation. Les tabernacles déjà jetés dans des pièces annexes font désormais définitivement place à des pistes de danse, et les clochers peuvent devenir des signatures d'hôtels modernes ou autres. Les espaces sacrés, qui étaient autrefois des lieux de prière et de transcendance sublime, de louange véritablement humble à Dieu et à sa présence mystique, se transforment en lieux de mondanité. S'agenouiller devant le Saint-Sacrement devient s'agenouiller devant les biens matériels dans tous les sens du terme. Autrefois, on entendait le « Te Deum laudamus », le « Symbolon », le « Credo in unum Deum, in “Unam, Sanctam, Catholicam et Apostolicam Ecclesiam”. Aujourd'hui, on ne joue que trop volontiers un Credo sur l'ordinateur enregistreur d'une caisse enregistreuse avec ses « Biep » et on présente une nouvelle « ecclésiologie » de l'espace ecclésial miséreux.
Ce changement est plus qu'une simple adaptation « économique » à la réalité d'un nombre de membres en baisse. Elle est le signe dramatique et tragique de la grande apostasie diagnostiquée par des papes tels que Pie X, Jean-Paul II et Benoît XVI, d'une apostasie et d'un déclin de la foi qui n'ont pas été soudains, mais insidieux. Les édifices religieux eux-mêmes deviennent les « monuments funéraires du Dieu mort », les témoins d'un désert spirituel qui s'étend parce que les piliers de la foi - l'Écriture, la Tradition, le magistère et donc Rome en tant qu'ancre universelle et « katéchon » - disparaissent de plus en plus de la conscience.
Un fort intéressant – et significatif – ouvrage collectif, Les sacrements en question. Qui peut les recevoir ? Pour quels fruits ?, sous la direction de Thibaud Guespereau, Henri Vallançon, prêtres, et Thibaud Collin, philosophe[1], fait état de la souffrance de prêtres « voyant comment les sacrements qu’ils donnent sont reçus. » Ainsi constatent-ils que des baptisés adultes en nombre ne retournent pas à la messe dès le dimanche qui suit leur baptême, que des mariés qu’ils ont préparés au sacrement se séparent un an plus tard. Ajoutons qu’ils voient l’ensemble des assistants de toutes les messes communier toujours, cependant qu’un nombre infime se rendent parfois au confessionnal. D’où l’éternelle question pastorale, mais qui se pose de manière brûlante au sein d’un monde catholique malade aux frontières très poreuses avec la société indifférente qui l’enserre : « [Un pasteur] doit-il discerner et refuser aux demandeurs qui n’ont pas la foi et/ou vivent de façon désordonnée ? Ne risque-t-il pas alors de créer une Église de purs ? Ou en sens inverse, s’il accepte trop largement ne risque-t-il pas d’offenser Dieu, et de porter préjudice à l’Église et aux demandeurs eux-mêmes ? »
On trouve dans ce livre des considérations tout à fait opportunes sur la crise de la prédication des fins dernières, l’altération de la notion de péché mortel dans la théologie contemporaine, et aussi l’exemple d’une paroisse du Midi où un sérieux discernement est appliqué aux demandes de sacrements. Appliqué aux demandes de mariage et de baptêmes pour soi-même ou pour un enfant : du moins, c’est ce que l’on suppose, car l’ouvrage reste souvent allusif. On comprend cependant la prudence nécessaire d’un ouvrage destiné au grand public. Tel quel, dans le monde catholique présent, il est une sorte de bombe, parce qu’il secoue le laisser faire, laisser passer pastoral. Mais il l’est surtout par ce que révèle ce fait massif : aucun évêque ne se trouve parmi les auteurs ou préfaciers de ce livre où l’on explique tout bonnement ce qu’est l’état de grâce et le péché mortel qui l’enlève.
Là est le point qui fait mal : entre les évêques et une bonne partie de ceux qui forment les jeunes générations de prêtres il y a un fossé d’incompréhension. Il est bien connu que les fidèles appartenant à ce qu’il est convenu d’appeler les « forces vives » qui subsistent encore ont le sentiment d’être des brebis sans pasteurs. Mais il faut savoir qu’un nombre non négligeable de prêtres diocésains sont dans une situation semblable. D’où le mal-être profond de ces clercs que l’on qualifie de « classiques » ou de « nouveaux prêtres » abandonnés ou même suspectés par leurs supérieurs.
Abbé Claude Barthe
[1] Auquel ont participé entre autres, le P. Pascal Ide, Mgr Christophe J. Kruijen, l’abbé Guillaume de Menthière, Gabrielle Vialla (Artège, 2024).