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Actualité - Page 195

  • RDC à deux mois et demi des élections présidentielles : Denis Mukwege revient sur les raisons de sa candidature :

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    Interview à Paris par Christophe Rigaud (site web Afrikarabia) et Olivier Delafoy (Mining & Business) :

    Mukwege maxresdefault (5).jpgAfrikarabia : Vous avez beaucoup attendu avant d’annoncer votre candidature, qu’est-ce qui vous a décidé à vous lancer dans la course à la présidentielle ?

    Denis Mukwege : Cela fait bientôt trois décennies que nous subissons une guerre qui a tout déstructurée à l’Est du Congo. Il n’y a plus d’économie, le tissu social est complètement détruit. Cette partie du Congo est en danger. Du côté médical, nous avons essayé de faire ce que nous pouvions. Sur le plan international, nous avons pu obtenir une loi de l’Union européenne sur les minerais des conflits. Malheureusement, cette loi a été contournée par les présidents Tshisekedi et Kagame qui ont décidé que ces minerais seraient traités au Rwanda. Nous avons également plaidé auprès des Nations unies sur la question des violences sexuelles. Nous avons l’impression d’avoir fait le maximum pour défendre la cause du Congo. Malheureusement, force est de constater un manque de volonté criant des autorités congolaises pour faire avancer la paix à l’Est du Congo. Que ce soit de la part du régime de Joseph Kabila ou de celui de Félix Tshisekedi,

    Afrikarabia : Vous avez plaidé votre cause auprès du président Tshisekedi ?

    Denis Mukwege : Oui, ma dernière demande à Félix Tshisekedi concernait la mise en place d’une justice transitionnelle, pour engager des poursuites contre les auteurs de crimes, demander des réparations et prévenir ainsi de nouvelles violences. Il avait promis de le faire, mais cela n’a pas été fait. Ce qui est terrible, c’est que les solutions existent, mais s’il n’y a personne pour les mettre en pratique, on risque d’attendre encore trois décennies pour que la population vive en paix. Nous avons donc décidé de ne plus demander, mais de s’engager pour faire.

    Afrikarabia : Il n’y a que le politique pour faire bouger les lignes ?

    Denis Mukwege : En tant que membre de la société civile, j’ai été partout dans le monde, j’ai vu toutes les instances internationales où des décisions importantes pouvaient se prendre, mais ce n’est plus suffisant.

    Afrikarabia : Dans cette course à la présidentielle, les autres candidats de l’opposition dressent les mêmes constats. En quoi votre candidature est elle différente ?

    Denis Mukwege : Je suis avant tout un défenseur des droits humains. Nous partons d’une base qui est tout à fait différente. Toutes mes actions seront centrées sur l’Homme. Cela fait une très grande différence. Je souhaite mettre l’Homme au centre de mes préoccupations.

    Afrikarabia : Dans un scrutin à un seul tour, une alliance de l’opposition n’est-elle pas indispensable pour battre Félix Tshisekedi ?

    Denis Mukwege : Le fait qu’une grande partie de nos politiciens ont décidé de rejoindre l’Union sacrée de Félix Tshisekedi va nous faciliter la chose. Je pense que l’idéal serait de pouvoir trouver un candidat commun pour créer enfin une réelle alternance démocratique. Au vu de la situation désastreuse dans laquelle se trouve le pays aujourd’hui, c’est une lourde responsabilité de vouloir jouer la carte individuelle en espérant pouvoir y arriver seul. Je pense que ceux qui partagent les mêmes valeurs doivent mettre en commun leurs efforts.

    Afrikarabia : Etes-vous compatible avec les autres candidats, comme Martin Fayulu, Moïse Katumbi, Matata Ponyo… ?

    Denis Mukwege : Je n’exclus personne. Le plus important est d’obtenir l’alternance.

    Afrikarabia : Etes-vous prêt à nouer des alliances ou à proposer un « ticket » avec un autre candidat ?

    Denis Mukwege : Oui. Il faut que ceux qui sont dans l’opposition comprennent que dans la situation du pays, on ne peut pas jouer individuel. Il faut jouer collectif. Je suis très ouvert par rapport à cela.

    Afrikarabia : Nous sommes à deux mois et demi du scrutin, vous ne vous êtes pas lancé un peu trop tardivement ?

    Denis Mukwege : En deux mois et demi, nous pouvons faire beaucoup de choses.

    Afrikarabia : Que faut-il retenir du bilan de Félix Tshisekedi ?

    Denis Mukwege : Félix Tshisekedi avait déclaré au début de son mandat que s’il n’arrive pas à ramener la paix à l’Est du Congo, il considérera qu’il a échoué. C’est à lui d’en tirer les conclusions.

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  • Hamas-Israël : ne confondons pas guerre et terrorisme

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    De Maxime Tandonnet sur son blog :

    Hamas-Israël, confondre guerre et terrorisme

  • Quand le pape François apparaît sans masque en imposant ses idées et sa vision de l'Eglise

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    D'Andrea Gagliarducci sur le Monday Vatican

    Le pape François et le changement de paradigme du pontificat

    9 octobre 2023

    Le début du Synode des évêques, la semaine dernière, a coïncidé avec un changement de paradigme définitif dans le pontificat du pape François. Après dix ans, ayant presque achevé la transition générationnelle au sein du Collège des cardinaux et de la Curie romaine, le pape François est apparu sans masque, projetant ses idées et sa mentalité. Il n'a plus besoin de faire des compromis ou de trouver un équilibre. Il dit et fait ce qu'il pense être juste sans se soucier des conséquences.

    Les signes de ce changement de paradigme étaient déjà devenus évidents avec les Traditiones Custodes, puis les réponses aux dubia sur Amoris Laetitia. Dans ce cas, le pape François n'a pas eu peur de rompre radicalement avec ce qui avait été fait précédemment et avec le passé, imposant presque sa vision de l'Église même à des réalités qui portaient peut-être beaucoup de fruits. Ensuite, il y a eu la décision de réformer l'Opus Dei, qui a effectivement aboli l'institution des prélatures personnelles telles que Jean-Paul II les avait envisagées et qui a radicalement changé la structure de l'Opus Dei. Et même avant cela, il convient de rappeler que le Praedicate Evangelium, la constitution réformant la Curie, avait été publié soudainement, sans avertissement, sans traductions, et avec une conférence de presse qui n'en a expliqué la portée que plus tard.

    La semaine dernière, cependant, le changement de paradigme est devenu complet, comme le démontrent trois développements qui semblent distincts mais qui sont au contraire intimement liés :

    • La réponse aux dubia de cinq cardinaux, représentant les cinq continents, sur certaines questions doctrinales récemment soulevées ;
    • La réponse au dubia soulevé par le cardinal Dominik Duka, archevêque émérite de Prague, sur l'application de l'exhortation Amoris Laetitia ;
    • La publication de l'exhortation Laudate Deum, qui est une mise à jour de Laudato Si.

    Les réponses aux dubia ont été rédigées par le cardinal Victor Manuel Fernandez, préfet du Dicastère pour la doctrine de la foi, et soumises au pape. Le Laudate Deum est un texte entièrement rédigé par le pape François, à tel point que l'original est en espagnol et qu'il n'existe même pas, du moins pour l'instant, d'édition typique en latin.

    Ces trois développements montrent que le pape n'a plus peur de se montrer au grand jour et qu'il a l'intention de dire précisément ce qu'il pense. En fin de compte, la décision d'appeler son ami Fernandez à Rome est également née du besoin d'aide pour faire avancer son programme de renouveau de l'Église.

    Le pape François n'avait jamais voulu répondre aux questions qui lui étaient posées sur des sujets doctrinaux, évitant de susciter la polémique.

    Les dubia de quatre cardinaux présentés en 2016, qui se plaignaient d'une application générique, vague et non unitaire d'Amoris Laetitia, étaient restés sans réponse, suspendus alors que les interprétations de l'exhortation se multipliaient. Mais le pape lui-même a dit comment interpréter l'exhortation, répondant aux directives des prêtres de la région de Buenos Aires en disant que c'était "la seule interprétation possible" et en demandant d'insérer la lettre du pape et les directives qui lui ont été envoyées dans les Acta Apostolicae Sedis, les documents officiels du Saint-Siège.

    Le pape François n'évite plus astucieusement de répondre directement en envoyant des signaux. Contrairement aux textes (parfois très vagues, voire idéologiques) du nouveau préfet du Dicastère pour la doctrine de la foi, le pape François affirme une position claire, montre sa conception de l'évolution de la doctrine, écarte toute interprétation différente de la sienne et réaffirme effectivement l'indépendance des évêques dans la gestion de certaines situations.

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  • L'Esprit Saint ne peut se contredire

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    De Luisella Scrosati sur la Nuova Bussola Quotidiana :

    Burke et Müller : " L'Esprit Saint ne peut se contredire ".

    Les deux cardinaux répondent "présent" aux tentatives de déformation de la doctrine de l'Eglise et renvoient les accusations d'atteinte à l'unité : ce qui unit, c'est l'enseignement et la réaffirmation de la vérité.

    7_10_2023

    Les cardinaux Raymond L. Burke et Gerhard Müller ont répondu "présent" aux nouveaux assauts contre la doctrine et la discipline de l'Église catholique. Les deux cardinaux ont pris la parole lors de l'émission The World Over, diffusée le jeudi 5 octobre par la chaîne catholique américaine EWTN, pour réaffirmer fermement la doctrine de la foi et exhorter tous les catholiques à rester fermes et à demeurer dans l'unique Église du Christ.

    Les deux premiers actes du nouveau préfet du Dicastère pour la doctrine de la foi, à savoir la publication de la lettre du pape François à la première version des dubia de cinq cardinaux et la réponse aux questions du cardinal Dominik Duka sur Amoris Lætitia, contredisent l'enseignement constant de l'Église sur au moins un point capital : le mal intrinsèque de la sexualité exercée en dehors du mariage légitime. Ces actes portent la signature ex audientia de François, mais la formule habituelle n'y figure pas : "Le Souverain Pontife N.N., le ..., a approuvé cette Lettre (ou Instruction/Décret/Note, etc.) et en a ordonné la publication". Le détail est notable et confié à la réflexion des canonistes.

    En effet, le Pape François contredit tout d'abord le Responsum du 22 février 2021, dont il avait lui-même autorisé la publication, en confiant à la "prudence pastorale" des ministres le soin de "discerner de manière adéquate s'il existe des formes de bénédiction, demandées par une ou plusieurs personnes, qui ne véhiculent pas une conception erronée du mariage". Ainsi, selon lui, il serait possible de bénir des unions non maritales, hétéro ou homo, à condition qu'il n'y ait pas de confusion entre ces unions et le mariage. Il est clair qu'il ne s'agit pas ici de bénir des personnes individuelles, mais des relations, des unions ou des pseudo-mariages, peu importe.

    Exactement le même jour, le 2 octobre, Fernandez a également publié sa réponse à certaines des questions du cardinal Duka, affirmant explicitement ce qui avait été confié à une note dans Amoris Lætitia : François "permet dans certains cas, après un discernement adéquat, l'administration du sacrement de la Réconciliation même lorsque l'on ne peut pas être fidèle à la continence proposée par l'Église".  Et un peu plus loin, il a répété qu'"Amoris Lætitia ouvre la possibilité d'accéder aux sacrements de la Réconciliation et de l'Eucharistie lorsque, dans un cas particulier, il y a des limitations qui atténuent la responsabilité et la culpabilité".

    Le cardinal Burke, au micro d'EWTN, a d'abord expliqué la raison de ces nouveaux dubia : "Nous avons soumis ces questions parce qu'il s'agit de points fondamentaux de l'enseignement et de la discipline de l'Église (...) qui ont été remis en question par les documents synodaux eux-mêmes, mais aussi par ceux qui conduisent le processus synodal". Leur deuxième version a été déterminée par le fait que le Pape "n'avait pas répondu à nos questions". Les dubia sont une demande au successeur de Pierre de "nous confirmer dans la foi catholique". Ils ne constituent pas une attaque contre le pape, mais "une aide pour lui permettre d'exercer sa grave fonction dans un moment de grande difficulté".

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  • Le président de la Conférence épiscopale polonaise a critiqué le Synode pour l'utilisation du "langage idéologique des Nations unies" et la promotion du "relativisme moral"

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    Un tweet du Père Yves-Marie Couët :

    Le président de la Conférence épiscopale polonaise a critiqué le #Synode pour l'utilisation du "langage idéologique des Nations unies" et la promotion du "relativisme moral". Alors que "La véritable réforme vient d'une abondance de foi et de fidélité" #Synode2023

    L'archevêque Stanisław Gądecki de l'archidiocèse de Poznań a commenté le synode du Vatican dans un entretien avec le journal catholique allemand Le Tagespost. Gądecki a déclaré que lorsqu'il a lu le rapport hétérodoxe du synode Instrumentum Laboris (texte qui sert de base aux discussions), il a remarqué que ce document utilise des termes tels que "l'inclusion, telle que définie par l'ONU", qui "se réfère exclusivement à l'inclusion des personnes non binaires dans la société et à la reconnaissance de la nature humaine en tant que non binaire (c’est-à-dire ni hommes et ni femmes)". Dans un sens, le terme "inclusion" remplace la notion de péché et de conversion dans le texte de l’Instrumentum Laboris et fait donc partie de l'idéologie du relativisme moral", a-t-il déclaré.

    "Cela soulève la question suivante : est-il approprié que l'Église, à la recherche d'un nouveau langage pour communiquer avec les gens aujourd'hui, adopte des termes du langage politique de l'ONU, derrière lequel se cache souvent une idéologie ? L'archevêque polonais a fait remarquer qu'il y a d’autres termes idéologisés dans le document d'orientation du synode. (Instrumentum Laboris )

    Mgr Gądecki a déclaré que "la dynamique et la manière" dont les discussions sont organisées lors des synodes de François "rappellent parfois davantage les Nations unies que l'Église catholique". Le prélat polonais a abordé la philosophie erronée qui est au cœur de la demande d'ordinations féminines. "Cela est dû à la conviction erronée que seul ce qui provient du sacrement de l'ordre est digne et valable dans l'Église ; que les laïcs ne sont valables que s'ils ont accès aux mêmes prérogatives que les prêtres et les évêques", a expliqué Mgr Gądecki. "L'accent mis sur le pouvoir et la fonction plutôt que sur le caractère serviteur du sacerdoce peut conduire non seulement au cléricalisme mais aussi à la cléricalisation des laïcs sous prétexte de promouvoir les laïcs".

    L'évêque a expliqué les deux façons d'aborder les questions sociétales : "La première part de la théologie pour y chercher la bonne réponse aux questions posées par les sciences sociales. La seconde part des sciences sociales et est donc confrontée à la tentation d'adapter la théologie aux besoins de la sociologie".

    Le prélat polonais a déclaré qu'il "craint qu'aujourd'hui nous ayons trop de réformateurs qui partent de la sociologie" au lieu de prendre les vérités théologiques comme base de leurs "réformes". "La véritable réforme ne vient pas d'un manque de foi, mais d'une abondance de foi et de fidélité", a déclaré Mgr Gądecki. Il a averti "qu'il y aura des tentatives au synode pour remettre en question l'enseignement catholique sur la contraception, même si cette question n'est pas directement abordée dans l'Instrumentum Laboris".

    La voie synodale allemande pourrait conduire au schisme : Interrogé sur la voie synodale hérétique allemande, Mgr Gądecki a déclaré : "Aujourd'hui, malheureusement, il semble qu'il y ait en Allemagne la crise de l’Eglise plus importante depuis la Réforme. Le danger est grand qu'une réforme mal comprise du christianisme conduise une fois de plus à un schisme de l'Église qui s'étendra aux pays voisins." Gądecki a émis sa "correction fraternelle" en février 2022 dans une lettre adressée au président de la conférence épiscopale allemande, Mgr Georg Bätzing, dans laquelle Gądecki critiquait la Voie synodale et invitait les évêques allemands à maintenir l'enseignement immuable de l'Église sur la sexualité. "Il est important de bien comprendre le sens de la correction fraternelle", a-t-il poursuivi. "Certains peuvent l'associer à l'exaltation de l'un par rapport à l'autre, mais nous le faisons avec des larmes. Le Christ a pleuré sur Jérusalem, accompagné de paroles sur l'incapacité à discerner correctement les signes des temps".

    Cf die-tagespost.de/kirche/aktuell et lifesitenews.com/news/head-of-p

  • “Laudate Deum” : le travestissement de notre foi

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    De Jeanne Smits sur Réinformation.TV :

    Le pape François publie “Laudate Deum”, ou le travestissement de notre foi

    François Laudate Deum foi

    Sans doute les commentaires au sujet de l’exhortation apostolique Laudate Deum se focaliseront-ils sur les recommandations du pape François pour la sauvegarde de la « Maison Commune » – expression forgée par Gorbatchev au temps de la chute de l’Union soviétique – dans la suite qu’il a voulu donner à l’encyclique « écologique » Laudato si’. Mais quoi que l’on pense de cette ingérence du pape dans un domaine qui ne relève pas de son devoir de conforter ses frères dans la foi, il y a bien plus grave, précisément au sujet de la foi. Et c’est cela qui devrait être l’objet de nous inquiétudes et de nos supplications à Dieu pour mettre fin à une crise qui semble atteindre ces jours-ci dans l’Eglise un point climatérique.

    Après de multiples considérations sur la « crise climatique », le pape François ajoute un petit chapitre sur les « motivations spirituelles » de son engagement au côté de la planète, c’est au paragraphe 61 :

    « Je ne veux pas manquer de rappeler aux fidèles catholiques les motivations qui naissent de leur foi. J’encourage les frères et sœurs des autres religions à faire de même, car nous savons que la foi authentique donne non seulement des forces au cœur humain, mais qu’elle transforme toute la vie, transfigure les objectifs personnels, éclaire la relation avec les autres et les liens avec toute la création. »

    La « foi authentique », pas moins ! Analysons les propos du pape : il attribue spécifiquement aux « frères et sœurs des autres religions » une « foi authentique », une vraie foi donc. Or cela est absurde. La foi ne peut être authentique et vraie que si son objet est vrai. Il ne peut en toute logique y avoir qu’une seule foi « authentique », car il ne s’agit pas d’un vague sentiment de l’homme mais d’une adéquation au réel, à la réalité divine.

    Laudate Deum travestit la foi, vertu surnaturelle

    Ce propos du pape révèle une ignorance abyssale, voire un travestissement volontaire, de ce qu’est la foi.

    Il y a ici une confusion entre le plan naturel et le plan surnaturel. La foi, la foi authentique, la vraie foi, est une vertu théologale, une vertu surnaturelle, infuse, qui nous est donnée, avec l’espérance et la charité, par le baptême. Elle consiste à croire en la Révélation donnée par Dieu et Dieu seul, en toutes ces vérités que l’homme ne peut connaître par la force de sa seule raison.

    La foi ne se confond pas avec la religion, vertu naturelle par laquelle l’homme, grâce à la raison, peut et doit même connaître l’existence de Dieu qui le transcende, et à qui il doit adoration et reconnaissance. La religion peut être vraie ou fausse en fonction de son objet, de l’être qu’elle adore.

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  • Pour Amin Maalouf, nous marchons comme des somnambules vers un affrontement planétaire

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    D'Alexandre Devecchio sur le site du Figaro via artofuss.blog :

    Amin Maalouf: «Nous marchons comme des somnambules vers un affrontement planétaire»

    4 octobre 2023

    EXCLUSIF – Dans son dernier livre, Le Labyrinthe des égarés (Grasset), dont Le Figaro publie en exclusivité les bonnes feuilles, le nouveau secrétaire perpétuel de l’Académie française livre une méditation puissante et angoissée sur le devenir du monde en même temps qu’une magistrale leçon d’histoire.

    La guerre entre la Russie et l’Ukraine témoigne du déclin relatif de l’Occident et n’est peut-être que le premier chapitre d’un affrontemententre les États-Unis et la Chine , analyse Amin Maalouf. L’écrivain remonte aux sources de ce nouveau conflit en retraçant l’histoire de trois pays qui ont chacun tenté de remettre en cause la suprématie globale de l’Occident: le Japon impérial, la Russie soviétique et enfin la Chine qui constitue aujourd’hui le principal «challenger» de la superpuissance planétaire américaine. En revisitant ces deux derniers siècles, Maalouf met en lumière les causes profondes des conflits en cours et alerte quant au risque d’une troisième guerre mondiale potentiellement beaucoup plus dévastatrice que les deux précédentes. Il appelle l’Europe et les États-Unis à construire enfin un système international dans lequel l’humanité entière pourrait se reconnaître.


    Le déclin de l’Occident ?

    Est-ce vraiment le déclin de l’Occident que nous avons aujourd’hui sous les yeux ? Cette interrogation n’est évidemment pas neuve, elle revient de façon récurrente depuis la Première Guerre mondiale ; le plus souvent, d’ailleurs, sous la plume des Européens eux-mêmes. Ce qui n’a rien de surprenant, puisque les puissances du Vieux Continent ont effectivement connu un « déclassement » par rapport au rang qu’elles tenaient dans le monde au temps des grands empires coloniaux. Cependant, une bonne partie de leur prépondérance perdue a été « récupérée » par cette autre puissance occidentale que sont les États-Unis d’Amérique.

    La grande nation d’outre-Atlantique s’est hissée à la première place il y a plus de cent ans ; c’est elle qui s’est chargée de barrer la route à tous les ennemis de son camp ; et à l’heure où j’écris ces lignes, elle conserve sa primauté – par sa puissance militaire, par ses capacités scientifiques et industrielles, comme par son influence politique, culturelle et médiatique dans l’ensemble de la planète. Serait-elle aujourd’hui sur le point de tomber, elle aussi, de son piédestal ? Serions-nous en train d’assister au déclassement de l’Occident tout entier, et à l’émergence d’autres civilisations, d’autres puissances dominantes ? À ces questions, qui reviendront forcément hanter nos congénères tout au long de ce siècle, j’apporterai, pour ma part, une réponse nuancée : oui, le déclin est réel, et il prend parfois les allures d’une véritable faillite politique et morale ; mais tous ceux qui combattent l’Occident et contestent sa suprématie, pour de bonnes ou de mauvaises raisons, connaissent une faillite encore plus grave que la sienne.

    Si aucune nation, aucune communauté humaine, aucune aire de civilisation ne possède toutes les vertus ni ne détient toutes les réponses ; si aucune n’a la capacité ni le droit d’exercer sa domination sur les autres […] ne devrions-nous pas repenser en profondeur la manière dont notre monde est gouverné, afin de préparer, pour les générations futures, un avenir plus sereinAmin Maalouf

    Ma conviction, en la matière, c’est que ni les Occidentaux, ni leurs nombreux adversaires ne sont aujourd’hui capables de conduire l’humanité hors du labyrinthe où elle s’est fourvoyée. On ne peut que s’angoisser de cet égarement généralisé, de cet épuisement du monde, de cette incapacité de nos différentes civilisations à résoudre les problèmes si épineux auxquels notre planète doit faire face. J’aime à croire, néanmoins, que cette appréhension que j’éprouve, et que beaucoup d’autres ressentent, sous tous les cieux, finira par susciter une prise de conscience salutaire. Si aucune nation, aucune communauté humaine, aucune aire de civilisation ne possède toutes les vertus ni ne détient toutes les réponses ; si aucune n’a la capacité ni le droit d’exercer sa domination sur les autres, et qu’aucune, non plus, ne veut être soumise, rabaissée ni marginalisée ; ne devrions-nous pas repenser en profondeur la manière dont notre monde est gouverné, afin de préparer, pour les générations futures, un avenir plus serein, qui ne soit pas fait de guerres froides ou chaudes, ni de luttes interminables pour la suprématie ?

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  • Le Parlement européen reconnaît la GPA comme une forme de traite des êtres humains

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    De gènéthique.org :

    Le Parlement européen reconnaît la GPA comme une forme de traite des êtres humains

    5 octobre 2023

    La commission des droits des femmes et de l’égalité des genres et la commission des libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures du Parlement européen ont voté un « projet de position sur des règles révisées pour lutter contre la traite des êtres humains et aider les victimes »[1]. Le texte a été adopté par 69 voix pour. Aucun député n’a voté contre, 22 se sont abstenus. Cette directive qui reconnaît que la GPA peut être associée à l’exploitation des femmes est désormais soumise au trilogue sans passer par un vote en séance plénière (cf. Parlement européen : la GPA en débat ?).

    « Les nouvelles propositions donneraient aux services répressifs de l’UE de nouveaux outils pour démanteler les organisations criminelles en ajoutant de nouvelles catégories de crimes, y compris le mariage forcé et l’adoption illégale », indique le communiqué du Parlement. Les députés ont souhaité « inclure dans le champ d’application de la loi la gestation pour autrui à des fins d’exploitation reproductive ».

    Alors que la maternité de substitution reste interdite dans plusieurs pays de l’UE, les différentes législations des autres nations de l’Union créent une incohérence réglementaire sur cette question. L’année dernière, une proposition de règlement de la Commission européenne visait à « la reconnaissance de la parentalité entre Etats membres dans les situations familières transfrontalières ». Ce qui obligerait les Etats interdisant la gestation par autrui à s’adapter à ceux qui l’autorisent (cf. GPA : le Sénat s’oppose à la Commission européenne). Entre traite des êtres humains et généralisation de la GPA, quelle est la position de l’Union ?

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    [1] La proposition vise à modifier la directive 2011/36/UE concernant la prévention de la traite des êtres humains et la lutte contre ce phénomène, ainsi que la protection des victimes (2022/0426(COD))

  • Nicaragua : la chasse aux chrétiens continue

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    De Jean-Baptiste Noé sur aleteia.org :

    La chasse aux chrétiens se poursuit au Nicaragua

    5/10/23

    L’arrestation et la condamnation en février 2023 de l’évêque Rolando Alvarez témoignent de la lutte antireligieuse du régime de Daniel Ortega. Bien décidé à éradiquer le christianisme, le dictateur sandiniste accroît la répression contre les catholiques.

    Pays de 6,8 millions d’habitants, le Nicaragua est l’un de ces pays d’Amérique centrale qui ne cesse d’osciller entre différents régimes autoritaires. Menant la lutte contre le dictateur Somoza, Daniel Ortega et les sandinistes sont parvenus à la direction du pays en 1979. Daniel Ortega est resté président jusqu’en 1990, avant de perdre les élections présidentielles. N’ayant jamais abandonné la politique, il revient au pouvoir en 2007 puis fait modifier la Constitution pour abroger la limite des mandats.

    Homme fort du Nicaragua depuis plus de 15 ans, il a fait élire son épouse à la vice-présidence et installé des membres de sa famille aux postes clefs du pays. Organisant une répression sans faille des opposants politiques, il a notamment fait arrêter l’évêque de Matagalpa, Mgr Rolando Alvarez, qui a été condamné en février 2023 à 26 ans de prison, ayant été déclaré « traître à la patrie » lors d’un procès truqué. Ce dernier a refusé de s’exiler aux États-Unis, préférant rester dans son pays, quitte à passer de longues années en prison. 

    Un régime solidement ancré

    Rien n’a pu renverser le régime du président Ortega, dont la pensée et la pratique ont été forgées dans les luttes sandinistes des années 1970. L’homme est l’une de ces survivances des révolutions marxistes qui, comme à Cuba, sont parvenues à prendre et à conserver le pouvoir, sans que les États-Unis ne puissent rien y faire. Si beaucoup de fantasmes sont accolés à la puissance tentaculaire de la CIA et de Washington, force est de constater l’impuissance du géant américain pour renverser un régime qui lui est hostile. 

    Emprisonné dans un lieu tenu secret, nul ne sait ce qui est arrivé à Mgr Alvarez, des rumeurs l’annonçant même comme mort. 

    S’appuyant sur les puissants cartels de la drogue, Daniel Ortega finance ses vassaux et ses affiliés pour tenir le pays, n’hésitant pas à réprimer lourdement les manifestations, comme celles de 2018 qui ont abouti à de nombreux morts et arrestations, sans parvenir à faire vaciller un régime solidement ancré. Emprisonné dans un lieu tenu secret, nul ne sait ce qui est arrivé à Mgr Alvarez, des rumeurs l’annonçant même comme mort. 

    Répression contre les catholiques 

    La répression ne se limite pas à l’arrestation de l’évêque de Matagalpa. En mai 2023, plusieurs prêtres du pays ont vu leur compte bancaire gelé. Une mesure identique fut appliquée à des écoles catholiques et des paroisses. Un rapport, orchestré par le régime, a présenté l’Église comme menant des actions de blanchiment d’argent et se livrant à des actes de terrorisme. Des accusations qui sont lancées à l’égard de tous ceux qui s’opposent au régime.

    En août, plusieurs prêtres qui s’étaient rendus à Lisbonne pour les JMJ se sont vus refusés le retour sur le sol du Nicaragua. Le même mois, le gouvernement a saisi l’université gérée par les jésuites, les biens de l’ordre et a prononcé sa dissolution. Là aussi, sous le motif de « terrorisme ». Un motif bien commode pour museler les oppositions. Le gouvernement a également expulsé le nonce apostolique, privant le Saint-Siège de relais et d’informations sur le pays. 

    L’argent de la drogue 

    Une répression qui n’est toutefois pas nouvelle. Lors de sa visite en 1983, Jean Paul II avait affronté l’un des déplacements les plus difficiles de son pontificat. Micros coupés pour que sa voix ne porte pas, soldats sandinistes placés au pied de l’estrade pour crier et l’insulter, le pape polonais ne s’était pas démonté et avait tenu son voyage jusqu’au bout. Un voyage marqué notamment par l’admonestation contre le père Ernesto Cardenal, alors ministre de la Culture du gouvernement de Daniel Ortega. 

    Aucune voie de sortie n’est pour l’instant visible. Le président Ortega est solidement ancré, il tient les rouages clefs de l’armée et de la police, arrose ses soutiens avec l’argent de la drogue. Le Nicaragua désespère les États-Unis, qui n’ont jamais réussi à déloger les sandinistes. Comme au Venezuela, comme à Cuba, ces dictatures enracinées dans une histoire profonde sont solidement amarrées à leur pays. 

  • Le texte intégral de la lettre pré-synodale du cardinal Zen

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    Du blog de Sandro Magister "Settimo Cielo" :

    Documents. Le texte intégral de la lettre pré-synodale du cardinal Zen

    Zen

    *

    (s.m.) Largement citée par le site américain « The Pillar », la lettre adressée fin septembre par le cardinal Giuseppe Zen-Zekiun à différents cardinaux et évêques sur les questions ouvertes par la convocation du Synode en cours depuis le 4 octobre, a désormais été publiée. Elle est sortie des limites du « confidentiel » et il vaut mieux qu’elle soit lue dans son intégralité.

    C'est Zen lui-même qui prévoit cette issue, quand vers la fin de la lettre il écrit : « Je la considère comme confidentielle, mais il sera difficile qu'elle ne parvienne pas aux médias. Aussi vieux que je sois, je n'ai rien à gagner, rien à perdre. Je serai heureux d'avoir fait ce que je pensais que j'étais censé faire."

    Du haut de ses 91 ans, mais surtout d'une vie passée à la défense héroïque des « libertas ecclesiae » dans une terre hostile comme la Chine, ancien évêque de Hong Kong et récemment condamné pour avoir soutenu la résistance de la ville aux brimades du régime contre Pékin, Zen se révèle également dans cette lettre comme un combattant passionné et franc pour préserver le Synode et l'Église de ce qu'il considère comme une dérive désastreuse.

    Voici donc la lettre rédigée par le cardinal Zen lui-même.

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    Chère Éminence, Chère Excellence,

    Je suis votre frère Giuseppe Zen, originaire de l'île lointaine de Hong Kong, un homme infirme de 91 ans, ordonné évêque il y a plus de 26 ans. J'écris cette lettre parce que, conscient d'être encore en possession de mes facultés mentales, je ressens le devoir de sauvegarder, en tant que membre du Collège des Successeurs des Apôtres, la sacro-sainte tradition de la foi catholique.

    J'adresse cette lettre à vous, membres du prochain Synode sur la Synodalité, parce que je suppose que vous êtes préoccupés, comme moi, par le déroulement du Synode susmentionné.

    La synodalité est un mot plutôt nouveau, dont l'étymologie nous permet de comprendre qu'il s'agit d'un projet de « parler ensemble et marcher ensemble » ; pour l'Église catholique, cela signifiera « communion et participation de tous les membres de l'Église à la mission évangélisatrice ». Ainsi compris, le thème de ce Synode semble utile et toujours actuel, et sera une occasion opportune pour clarifier comment cette synodalité doit être vécue dans l’Église.

    Il existe maintenant un document très récent « La synodalité dans la vie et la mission de l'Église », résultat du travail (dans les années 2014-2017) d'une sous-commission de la Commission théologique internationale, dont le président d'office est le Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi. La sous-commission a conclu ses travaux en 2017, le texte a été approuvé par les membres de la Commission lors de la séance plénière de cette année-là, et finalement approuvé par le Préfet de la Congrégation en 2018, après avoir reçu l'avis favorable du Pape François.

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  • Synode : pourquoi les critiques des cinq cardinaux ont du poids

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    De Jean-Marie Guénois sur le site du Figaro via Il Sismografo :

    Synode: ces critiques qui soufflent sur l’assemblée qui entend réformer l’Église

     

    RÉCIT - Un cardinal très respecté dénonce la «manipulation» de ce synode.  -- François ne sait pas cacher son humeur. Et, ce mercredi matin, sur la place Saint-Pierre de Rome, il avait le visage des mauvais jours. Il célébrait pourtant la messe d’ouverture de ce synode sur l’avenir de l’Église qu’il a tellement désiré… La raison de cette moue, il l’a lui-même donnée dans son homélie, où il a déploré le manque d’unité de l’Église face à ce projet synodal: «Nous sommes à l’ouverture de l’assemblée synodale. Nous n’avons pas besoin de regards immanents faits de stratégies humaines, de calculs politiques ou de batailles idéologiques. Nous ne sommes pas ici pour une réunion parlementaire ou pour un plan de réforme. Non, nous sommes ici pour marcher ensemble sous le regard de Jésus qui accueille tous ceux qui sont fatigués et opprimés.»

    Il a alors redit le sens de ce synode qui rassemble au Vatican près de 400 délégués, évêques et laïcs, venus du monde entier pour réfléchir, pendant deux mois - en octobre 2023 et en octobre 2024 -, à une gouvernance de l’Église plus démocratique et plus décentralisée. «La tâche première du synode est de recentrer notre regard sur Dieu, pour être une Église qui regarde l’humanité avec miséricorde, a-t-il martelé. Une Église unie et fraternelle qui écoute et dialogue, une Église qui a Dieu en son centre et qui par conséquent ne se divise pas à l’intérieur et n’est jamais dure à l’extérieur.» À cet instant, le pape lève les yeux de son texte et, l’air dépité, rectifie: «Une Église qui, au moins, cherche à être unie et fraternelle…» De fait, elle ne l’est pas. Cet été, cinq cardinaux ont fait part à François de leurs «doutes» profonds sur l’autorité même du synode.

    Un organe consultatif qui, selon eux, ne se fonde sur aucun texte juridique et n’a donc pas vocation à décider quoi que ce soit dans l’Église. Ils l’ont aussi questionné sur la bénédiction des couples homosexuels et sur l’ordination des femmes, deux points qui sont au programme des débats synodaux. Contre toute attente, le pape leur a répondu, lundi soir, sans fermer aucune porte sur ces possibles évolutions. Une réponse écrite officielle, car il ne pouvait plus cacher ces dissonances qui avaient été révélées le matin même sur le site italien diakonos.be, redoutablement bien informé.

    «Plan de manipulation»

    Ces cinq cardinaux, âgés, ont beau être minoritaires, sur les 242, ils ont du poids. Ainsi du cardinal Zen, ancien archevêque de Hongkong. Un résistant dans l’âme qui a tenu tête au régime de Pékin et qui a été condamné récemment - sans que le pape lève jamais le petit doigt pour le soutenir - parce qu’il avait fortement soutenu les manifestations de 2019 et 2020 contre l’emprisonnement du territoire de Hongkong par la Chine. Un site américain, The Pillar, vient de révéler que le cardinal Zen avait écrit à tous les évêques et cardinaux de ce synode pour dénoncer ce qu’il appelle «un plan de manipulation». Sa lettre est authentique. Il affirme que «les organisateurs du synode disent ne pas avoir d’agenda (c’est-à-dire de plan préconçu et d’objectifs à atteindre, NDLR), mais c’est vraiment une offense à notre intelligence. Chacun peut voir les conclusions qu’ils veulent atteindre.» Il cite alors en exemple la question de la bénédiction des couples homosexuels.

    «On nous dit qu’il faut nous écouter les uns les autres, mais, petit à petit, on nous fait comprendre que, puisqu’il faut s’écouter, il y a des gens qui sont exclus», c’est-à-dire «des gens qui optent pour une morale sexuelle différente de la tradition catholique», écrit-il. Il critique également ces deux sessions d’octobre en 2023 et en 2024: «Les organisateurs ont choisi d’avoir plus de temps pour mieux manœuvrer.» Et fustige la méthode de travail adoptée: la «conversation dans l’Esprit», qui ressemble à une «formule magique» pour couvrir des «surprises» de l’Esprit. Un langage synodal que l’on entend partout à Rome ces jours-ci et qu’il dénonce, car, selon lui, «c’est une manière de couvrir des résultats prédéterminés», les «organisateurs étant déjà très informés des “surprises” qu’ils attendent».

    Sur la méthode, toujours, il regrette que la forte réduction des débats en assemblée générale, au profit de travaux en petits groupes, soit «un stratagème pour éviter des débats ouverts et contradictoires». Qui, eux, étaient la marque de tous les synodes précédents, sous Paul VI, Jean-Paul II, Benoît XVI et même François au début de son pontificat.

    Lettre confidentielle

    Ce cardinal de bientôt 92 ans va jusqu’à accuser le secrétariat général du synode d’être «efficace dans l’art de la manipulation». Il demande aux participants «de ne pas obéir quand on leur demande de prier car il est ridicule de penser que l’Esprit saint attend ces prières offertes au dernier moment». Dans la tradition catholique, l’Esprit saint, l’Esprit de Dieu, est censé éclairer la conscience de celui qui prie. Enfin, le cardinal Zen critique le fait que des laïcs aient obtenu le droit de vote dans cette assemblée synodale. Ce qui, à ses yeux, «sape le synode des évêques» puisqu’ils n’ont «même pas été élus par le peuple chrétien», mais désignés.

    Ce qui «change radicalement la nature du synode que Paul VI avait voulu comme un instrument de la collégialité épiscopale, dans la suite du concile Vatican II». Aussi suggère-t-il que les votes des laïcs et des évêques soient «séparés». Il demande aux évêques et cardinaux participants de prendre leur responsabilité car «accepter des procédures irraisonnables conduira à l’échec du synode». À la fin d’une telle charge, le cardinal Zen demande que sa lettre reste strictement confidentielle. Mais, conscient du risque de fuite, il conclut: «Vieux comme je suis, je n’ai rien à perdre ni à gagner. Je serai heureux d’avoir fait ce que je considère comme un devoir.»

    «Rejeter l’esprit de division et de conflit»

    Dès lors, on peut comprendre le dépit du pape mercredi, même si l’opposition à ce synode est le fait d’une minorité jusque-là silencieuse. Reste que jamais un cardinal ou un évêque n’avait osé critiquer publiquement cette démarche synodale. Il n’est ainsi pas surprenant que François ait conclu son homélie de lancement du synode en appelant à «rejeter l’esprit de division et de conflit». Car, a-t-il insisté, «le Seigneur ne se décourage pas au milieu des vagues parfois agitées de notre temps, il ne cherche pas d’échappatoires idéologiques, ne se barricade pas derrière des convictions acquises, ne cède pas aux solutions faciles, ne se laisse pas dicter son agenda par le monde».

    Aussi, de relancer ce qu’il attend de l’Église dans une «époque complexe»: «Jésus nous invite à être une Église hospitalière, qui n’impose pas de fardeaux». Et de mettre en garde contre les «tentations dangereuses »:«être une Église rigide, qui s’arme contre le monde et regarde en arrière, être une Église tiède qui se soumet aux modes du monde, être une Église fatiguée, repliée sur elle-même». Une nouvelle fois, il a martelé que «le synode n’est pas un rassemblement politique mais une convocation dans l’Esprit, non pas un Parlement polarisé mais un lieu de grâce et de communion», loin de «nos négativités». Dans l’adversité, a conclu le pape, le Christ «ne se laisse pas abattre par la tristesse», pourtant visible sur le visage du pontife romain. «Il n’est pas amer», il ne se laisse pas «emprisonner par la déception», «il est capable de voir au-delà, il reste serein dans la tempête». Elle pourrait pourtant souffler fort.