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Actualité - Page 415

  • Le synode sur la synodalité décolle avec du plomb dans l'aile...

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    Du Père Raymond J. de Souza sur le National Catholic Register :

    Le synode sur la synodalité est lancé, mais de nombreuses questions restent en suspens

    COMMENTAIRE : La journée d'ouverture du 9 octobre a laissé entrevoir des problèmes dans les premiers moments du processus planétaire : participation, processus et controverses antérieures.

    (L) Pope Francis takes part in a moment of reflection for the opening of the synodal path for the 2023 Synod on Synodality at the Vatican’s New Synod Hall Oct. 9. (R) Pope Francis celebrates Mass at St. Peter’s Basilica opening the worldwide synodal path, Oct. 10, 2021.

    (à gauche) Le Pape François participe à un moment de réflexion pour l'ouverture du parcours synodal pour le Synode 2023 sur la Synodalité dans la Nouvelle Salle du Synode du Vatican le 9 octobre. (à droite) Le pape François célèbre la messe à la basilique Saint-Pierre pour l'ouverture du chemin synodal mondial, le 10 octobre 2021. (photo : Screenshot / Youtube/Vatican News)

    11 octobre 2021

    Le pape François a utilisé quatre fois trois points pour lancer la première phase du synode sur la synodalité, des réunions locales préparant les réunions régionales, nationales, continentales et hémisphériques qui mèneront au synode des évêques en octobre 2023.

    Samedi, dans un discours prononcé lors de la réunion de lancement du processus synodal prolongé, il a évoqué trois thèmes (communion, mission et participation), trois risques (formalisme, intellectualisme, complaisance) et trois opportunités (changement structurel, écoute, proximité).

    Dans son homélie de dimanche, il a ajouté une quatrième formulation en trois points - rencontrer, écouter et discerner - pour inaugurer ce que le biographe papal Austen Ivereigh décrit comme "la plus grande consultation populaire de l'histoire humaine et un moment décisif pour l'Église catholique mondiale".

    Cela pourrait bien être le cas. Ou pas. 

    La mère de toutes les réunions "n'a jusqu'à présent rien enregistré de plus qu'un blip sur le radar catholique", a écrit Ivereigh lui-même le mois dernier. "Jusqu'à présent, le désengagement a été presque total".

    Sur deux ans, il y a largement le temps de développer les 12 idées papales introductives des événements de lancement, en complément des 10 sujets thématiques que le Vatican a publiés le mois dernier. Le processus planétaire lancé à Rome est destiné à se déployer au niveau local d'ici avril prochain. Chaque diocèse devant produire un rapport de 10 pages sur les consultations, il devrait y avoir, si tout se passe comme prévu, des volumes massifs de plusieurs dizaines de milliers de pages générés pour les phases nationales, continentales et hémisphériques du processus planétaire. Tout cela sera mis en forme pour le synode de 2023, lorsque les évêques se réuniront enfin.

    Ivereigh a raison. Jamais auparavant personne n'avait pensé à mener une consultation planétaire nécessitant des centaines de milliers d'heures, de personnes et de réunions. Reste à savoir si cette idée fera école. Rien, ces derniers jours, ne semble indiquer que le "désengagement total" que déplore Ivereigh ait changé. Il est fort possible que l'ensemble du processus ne décolle pas et que Rome impose simplement ses priorités à une consultation infertile.

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  • France : selon « Le Figaro », le Ministre Darmanin et Mgr de Moulins-Beaufort s'accordent sur le secret de la confession

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    Darmanin 82fd9e13c8b934ff20289bba0a7cf8f0bec9b847022e753d7e8ec561fcc63237.jpgMais quel accord exactement ? la CEF cherche à contenter deux maîtres à la fois… Un article de Jean-Marie Guénois publié par le « Figaro » :

    « Le président de la Conférence des évêques a rencontré le ministre de l'Intérieur pour clore la polémique.

    Entre l'Église et la République, l'incident est clos. Il était né des propos de Mgr Éric de Moulins-Beaufort, le président de la Conférence des évêques de France, sur France info le 5 octobre à propos du secret de la confession qui serait « plus fort que les lois de la République ». Cette phrase, qui a provoqué une polémique nationale, lui a valu d'être invité par le ministre de l'Intérieur et des Cultes, Gérald Darmanin, à s'expliquer, dans son bureau, place Beauvau, mardi 12 octobre. Et ce, à la demande expresse du président de la République.

    Dans un communiqué publié après cette rencontre, l'archevêque de Reims commence par «demander pardon» à tous ceux qui ont pu être choqués par ses paroles et par le fait que cette polémique «ait pris le pas» sur les propositions du rapport Sauvé. Devant le ministre, le prélat a d'ailleurs reconnu «la formulation maladroite» qu'il avait employée car si «la foi fait appel à la conscience de chacun» pour «chercher le bien sans relâche», cette démarche ne va pas «sans respecter les lois de son pays».

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    Polémique et entretien sur lesquels est aussitôt revenu publiquement le ministre de l'Intérieur. Il participait dans la foulée de ce rendez-vous épiscopal à la séance de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale. Saluant «le courage de l'Église de France» d'avoir commandé une telle étude, le ministre a précisé à propos de son échange avec Mgr Éric de Moulins-Beaufort : «Je me suis permis de le lui redire, comme je le dis à chacun des cultes, qu'il n'y a aucune loi qui soit supérieure aux lois de l'Assemblée nationale et du Sénat et qu'il n'y a aucune loi au-dessus de celles de la République.» Il a été très applaudi sur cette dernière partie de sa phrase.

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    « Échange fructueux »

    Remerciant publiquement le prélat pour « l'échange fructueux et long » qu'ils ont eu, Gérald Darmanin, a aussi abordé à l'Assemblée nationale la question du « secret de la confession », qui existe « depuis deux cents ans dans notre droit, reconnu comme un secret professionnel, au même titre que les médecins ou les avocats ». Il y a cependant une exception pour « les crimes commis sur des enfants de moins de 15 ans» : «Tout religieux ou toute personne qui a connaissance d'abus sexuels doit porter à la justice de notre pays pour la protection des enfants.»

    Sur ce même secret de la confession, Mgr Éric de Moulins-Beaufort a promis au ministre de l'Intérieur que l'Église allait lancer un «travail nécessaire» pour «concilier la nature de la confession et la nécessité de protéger les enfants». Réunis en assemblée plénière à Lourdes du 3 au 8 novembre, les évêques vont également décider d'autres «mesures et réformes à poursuivre et à entreprendre» contre ces abus.

    Plus globalement, le président de la Conférence des évêques de France, a redit au ministre «la détermination de tous les évêques et, avec eux, de tous les catholiques, à faire de la protection des enfants une priorité absolue, en étroite collaboration avec les autorités françaises». Il a cité, comme exemples, les protocoles qui existent entre 17 diocèses - sur 100 - et les parquets pour «faciliter et accélérer» le traitement des signalements «pour tout fait dénoncé».

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    Lundi prochain, Gérald Darmanin accompagnera Jean Castex à Rome. Le premier ministre sera reçu par le pape François dans le cadre du centenaire de la reprise des relations diplomatiques entre la France et le Saint-Siège. À côté des questions bilatérales, de l'écologie, des flux migratoires, il sera aussi question du rapport Sauvé sur les abus sexuels dans l'Église.

    Ce sujet est une préoccupation majeure du pape François. Lors d'un entretien privé avec Angela Merkel, le 7 octobre, venue lui dire au revoir après tous ses mandats politiques, le sujet des abus sexuels dans l'Église a été l'un des thèmes de conversation. La veille, lors de l'audience générale, le pape François avait exprimé à haute voix et par trois fois sa «honte» devant les chiffres révélés par le rapport Sauvé. La commission estime que 216.000 mineurs auraient été abusés par des religieux depuis 1950.

    VOIR AUSSI - Révélation des abus sexuels: que va faire l'Église de France ? »

    Ref. Darmanin et Mgr de Moulins-Beaufort s'accordent sur le secret de la confession 

    JPSC

  • Des extrémistes hindous s'en prennent à des religieuses et à des fidèles catholiques

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    Une dépêche de l'Agence Fides :

    ASIE/INDE - Des religieuses et des fidèles catholiques attaqués par des extrémistes hindous pour de prétendues "conversions forcées"

    12 octobre 2021

    Lucknow (Agence Fides) - Des religieuses et des fidèles catholiques ont été attaqués par un groupe d'extrémistes hindous dans l'État d'Uttar Pradesh, au nord de l'Inde. Comme l'a appris l'Agence Fides, les militants ont harcelé des religieuses et une cinquantaine de chrétiens pieux dans le district de Mau le 10 octobre. Des membres des groupes hindous radicaux "Bajrang Dal" et "Hindu Yuva Vahini" ont emmené de force sept fidèles chrétiens au poste de police voisin, où ils ont passé la nuit en détention. Parmi les sept personnes figurent trois femmes et le pasteur chrétien évangéliste Abraham Shakil, accusé d'avoir procédé à de prétendues " conversions religieuses forcées ", rapporte à Fides le père Anand Mathew, prêtre et promoteur des droits de l'homme, notant que " ces attaques sont basées sur des prétextes pour harceler et abuser des chrétiens ".

    Dans un autre incident, deux religieuses franciscaines ursulines ont été emmenées de force au poste de police et détenues pendant six heures. Les nonnes étaient au terminal de bus de la ville. Après l'intervention d'un officier de police de Lucknow, la capitale de l'État d'Uttar Pradesh, les religieuses ont été libérées. Les religieuses sont Sœur Gracy Monteiro et Sœur Roshni Minj. Elles se trouvaient à la gare routière car Sœur Minj devait prendre le bus pour rendre visite à son père malade dans l'État indien de Jharkhand. Lorsque Sœur Minj a simplement demandé l'horaire du bus, les deux personnes ont été arrêtées, agressées verbalement et emmenées de force au même poste de police où les chrétiens et le pasteur étaient détenus. "Nous avons été choqués lorsque nous avons été emmenés au poste de police sous prétexte que nous faisions partie d'une communauté chrétienne impliquée dans des conversions religieuses forcées. C'est complètement faux", a déclaré Sœur Monteiro.

    La plainte déposée par Radheshyam Singh, un hindou, affirme que les chrétiens "n'ont pas suivi les mesures sanitaires contre le Covid-19" et les accuse "d'être impliqués dans la conversion d'autres personnes au christianisme par des moyens illicites tels que la fourniture de main-d'œuvre et d'argent".

    "Ces accusations et ces incidents", note Patsy David, représentante de l'ONG ADF International, "font partie d'un plan organisé visant à opprimer les chrétiens de l'Uttar Pradesh. Selon l'ADF, 374 cas de violence contre les chrétiens ont été documentés dans l'Uttar Pradesh depuis 2017. Les agressions sont en augmentation depuis que le gouvernement de l'Uttar Pradesh a adopté la "loi anti-conversion" en septembre 2020. Dans la plupart des cas, les groupes extrémistes attaquent les salles de culte ou les maisons des chrétiens et interrompent leurs réunions, endommagent leurs biens, leur mobilier, leurs bibles et leurs publications, et les conduisent à la police. Après les attaques des extrémistes hindous et les arrestations, les fidèles sont confrontés à un intermède juridique tortueux, avec des demandes de libération sous caution auprès des tribunaux. En conséquence, de nombreux pasteurs et fidèles chrétiens sont remplis de crainte, même lorsqu'ils célèbrent un culte ou prient ensemble.

    L'Uttar Pradesh, un État à prédominance agricole de 230 millions d'habitants, est le plus grand État de l'Inde. Selon le recensement de 2011, les chrétiens sont une infime minorité, environ 350 000.

    (SD-PA) (Agence Fides 12/10/2021)

  • La douteuse aventure de la synodalité

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    De Denis Crouan sur Pro Liturgia :

    Lundi, 11 octobre 2021.

    C’est au moment où, en Allemagne, l’Église catholique perd toute crédibilité en s’empêtrant dans la « synodalité » que le pape François lance, à Rome, un synode qui devra traiter de... la synodalité dans toute l’Église.

    bergoglio168

    On peut s’attendre à la publications de documents que personne ne lira et qui iront rejoindre une quantité d’autres documents qui jaunissent depuis des années dans les caves des palais épiscopaux.
    Lancer l’Église sur les chemins de la « synodalité », c’est prendre le risque de voir un certain nombre de fidèles préférer s’engager sur des chemins de traverse au lieu de marcher sur la voie - certes étroite mais sûre - tracée par Jésus.

    Lancer les fidèles sur les chemins de la « synodalité », c’est aussi prendre le risque de leur présenter l’Église une, sainte, catholique et apostolique comme un corset, comme une vieille institution sclérosée et handicapante. C’est, d’une certaine façon, ne plus voir que seule l’Église est capable d’élargir l’horizon des personnes qui lui font confiance. Mettre sa confiance dans l’Église est une expérience qu’une institution « synodalisée » - autrement dit, éclatée en multiples réseaux - risque de rendre impossible à plus ou moins brève échéance.

    Une « Église synodale » (appelons-la comme on voudra) deviendra à coup sûr une Église de bureaucrates s’employant à parler savamment de diverses questions mais incapables de vivre de ce que propose l’Église depuis sa fondation, à savoir la vie sacramentelle.

    Quiconque serait conquis par l’ « Église synodale » souhaitée par le pape François finira inévitablement par souhaiter la disparition du sacerdoce ministériel, ou du moins par vouloir que les évêques et les prêtres soit choisis démocratiquement parmi les fidèles en phase avec les idées élaborées au sein des structures synodales. Où irait l’Église si les prêtres, les évêques - ou le pape lui-même - devaient soumettre leur ministère aux applaudissements des majorités ? Jésus a-t-il demandé aux Apôtres de donner leur avis au sujet du sacrifice de sa vie qu’il allait accomplir ? Non. Sans sondages d’opinions, Jésus seul a choisi la croix.

    C’est dans cette croix que se trouve le salut des hommes ; pas dans les synodes !

  • L'appel du muezzin retentira dans le ciel de Cologne

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    De Delphine Nerbollier sur le site du journal la Croix :

    La ville de Cologne autorise l’appel à la prière musulmane

    La cité rhénane lance un projet pilote de deux ans et suscite une vaste polémique.

    13/10/2021

    Les muezzins peuvent désormais appeler les fidèles à la prière du vendredi, la plus importante de la semaine pour les musulmans, dans un créneau prévu entre 12 heures et 15 heures, et sans dépasser la durée de cinq minutes.DORIS.H/

    L’appel à la prière pour les musulmans est officiellement autorisé à Cologne. Les autorités de la cité rhénane ont annoncé, le 6 octobre, la mise en place d’un projet pilote, en concertation avec les représentants des 35 mosquées de la ville. Les muezzins peuvent désormais appeler les fidèles à la prière du vendredi, la plus importante de la semaine pour les musulmans, dans un créneau prévu entre 12 heures et 15 heures, et sans dépasser la durée de cinq minutes.

    Chaque mosquée devra en faire la demande auprès des autorités, adapter le niveau sonore et informer au préalable les habitants du quartier. Autre condition : chaque communauté devra designer une personne chargée de répondre aux possibles plaintes. Dans deux ans, le projet devra être évalué pour être éventuellement prolongé.

    Valoriser la diversité religieuse

    Pour la maire de Cologne, Henriette Reker, sans étiquette politique, ce projet est un « signe d’acceptation mutuelle des religions ». « Nous prenons en compte les intérêts religieux légitimes des nombreux musulmans de notre ville cosmopolite », a déclaré cette élue, victime en 2015 d’une attaque au couteau de la part d’un extrémiste de droite. « Lorsque nous entendons l’appel du muezzin en plus des cloches des églises de notre ville, cela montre que la diversité est valorisée et vécue de manière concrète à Cologne », a-t-elle ajouté dans un communiqué. Connue pour son imposante cathédrale et comme le siège du plus grand évêché catholique d’Allemagne, la cité rhénane compte 120 000 musulmans, soit 12 % de sa population.

    Cette annonce a suscité la satisfaction des principales associations musulmanes, à commencer par l’Union des affaires turco-islamiques (Ditib) qui a financé la plus grande mosquée de la ville. « Cette mesure est l’expression de l’implantation des musulmans qui vivent depuis des générations en Allemagne », estime cette institution, bras droit en Allemagne du ministère turc des affaires religieuses. Bülent Ucar, directeur de l’institut de théologie islamique à l’université d’Osnabrück, juge cette décision « tardive » mais conseille de ne pas utiliser de haut-parleurs « afin de ne pas trop déranger le voisinage ».

    Un « acte symbolique naïf » pour des opposants

    Car le projet divise la société. Serap Güler, ministre régionale de l’intégration en Rhénanie-du-Nord-Westphalie, membre du parti conservateur CDU et d’origine turque, estime ne « pas avoir besoin de l’appel à la prière pour exercer son droit à la religion ». Sa collègue Lale Akgün, du parti social démocrate, y voit une manière pour l’association Ditib d’imposer ses vues sur les opposants au régime turc. « C’est un coup de poing dans le visage de tous les dissidents d’Erdogan », écrit-elle sur le réseau social Twitter. Quant au psychologue Ahmad Mansour, il estime que cet « acte symbolique naïf »«ne renforce pas l’acceptation envers les musulmans mais mène à plus de divisions au sein de la société ».« Dans une société laïque, il ne doit pas être question de présence de la religion dans la sphère publique mais de liberté de croyance » ajoute-t-il.

    L’extrême droite vent debout

    Sans surprise, le parti d’extrême droite, Alternative pour l’Allemagne (AfD) est vent debout. L’appel à la prière « est l’expression d’une revendication politique de pouvoir, de soumission et d’islamisation. L’AfD rejette cela », résume la députée Beatrix von Storch.

    Polémique, ce projet n'est toutefois pas une première outre Rhin. La région de la Hesse et d'autres villes de Rhénanie-du-Nord-Westphalie comme Munster autorisent déjà l'appel à la prière. Du ressort des autorités locales, aucune réglementation fédérale n’est à attendre sur ce sujet.

  • Tous les évêques de France devraient-ils démissionner collectivement ?

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    Oui, d'après trois personnalités connues pour leurs positions radicales; du site de la Voix du Nord :

    L’appel à la «démission collective des évêques» catholiques, après le rapport sur la pédophilie

    Il intervient six jours après la publication des travaux de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église (Ciase), qui a estimé à 216 000 le nombre de personnes victimes d’un prêtre ou d’un religieux en France depuis les années 1950, voire 330 000 si l’on ajoute les agresseurs laïcs en lien avec les institutions de l’Eglise.

    «Bien plus que des défaillances, le rapport de la Ciase met en lumière une véritable faillite», estiment Christine Pedotti, Anne Soupa et François Devaux. Selon eux, «n’importe quelle organisation, association, entreprise en tirerait les conséquences qui s’imposent : se défaire de ses dirigeants». «Nous demandons, comme un signe d’espoir et de renouveau, la démission collective de l’ensemble des évêques en exercice», lancent-ils.

    Selon eux, la démission «est le seul geste à la mesure de la catastrophe et de la perte de confiance dans laquelle nous sommes. C’est un premier acte de repentir concret, coûteux, à l’égard des victimes. C’est la seule attitude qui peut permettre de restaurer la maison Eglise».

    120 évêques en France

    «De plus, c’est la seule façon de rendre possible l’indemnisation des victimes car la faillite de l’institution est aussi matérielle. Les fidèles ne veulent pas contribuer pour des fautes qu’ils n’ont pas commises. Mais dans une Eglise restaurée dans laquelle tous et toutes seront représentés, cette solidarité et cette fraternité nouvelles permettront de trouver les ressources financières nécessaires», détaillent-ils.

    Tous trois font valoir que «dans l’Eglise catholique, des précédents existent : les évêques du Chili ont remis leur démission collective au pape François après qu’une gigantesque affaire de pédocriminalité a été dévoilée. En Allemagne, le cardinal Marx, archevêque de Munich, a lui aussi présenté sa démission au pape au nom de la responsabilité qu’il considérait porter au regard des abus sexuels, bien que lui-même n’ait pas failli».

    « Si tous ne sont pas coupables, tous sont responsables »

    Et de poursuivre: «sans doute, tous les évêques français n’ont-ils pas couvert des crimes, mais la structure même de la hiérarchie catholique suppose une continuité et une solidarité entre chaque évêque et son prédécesseur. À ce titre, si tous ne sont pas coupables, tous sont responsables».

    Enfin, ils suggèrent au pape François, de nommer comme «légat» (représentant officiel du pape) Véronique Margron, présidente de la Corref (instituts et congrégations religieux), en attendant de travailler à «l’Eglise d’après».

    En 2020, la théologienne Anne Soupa avait postulé à l’archevêché de Lyon pour succéder à Mgr Philippe Barbarin, afin de questionner la place des femmes dans la gouvernance de l’Eglise.

    La parole libérée, à l’origine des affaires Preynat et Barbarin, est aujourd’hui dissoute.

    La France compte un peu moins de 120 évêques.

  • Lever le secret de la confession ?

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    Du père Simon Noël osb (source) :

    Le secret de la confession

    12 Oct 2021


    Dans plusieurs pays, confrontés au problème des abus sexuels sur mineurs ou personnes vulnérables, certains veulent que le secret de la confession soit levé, dans ces cas, et que le confesseur dénonce le délinquant à la justice, sous peine d'être lui-même objet de poursuites judiciaires. Nous ne pouvons que dire non à de telles propositions.

    Faisons d'abord remarquer le manque total de réalisme sur la situation religieuse actuelle. Peu de gens se confessent encore dans nos pays. Et ces êtres totalement pervertis que sont les prêtres abuseurs se gardent bien d'aller reconnaître leurs forfaits au confessionnal et sans doute ne se confessent plus depuis très longtemps.

    Mais supposons quand même qu'un d'entre eux, touché par la grâce, aille se confesser, plein de repentir et de désir de changer complètement de conduite. Il ne pourra être absous, la miséricorde de Dieu étant infinie, que s'il revient de tout son cœur au Seigneur et à une vie de chasteté totale. 

    Le confesseur, pour tester sa sincérité, devra-t-il lui imposer de se dénoncer lui-même à la justice pour réparer ses torts? Il semble bien que non, car dans ce cas, à quoi servirait le secret de la confession? C'est en tout cas ce qu'enseigne la morale classique: "En présence de péchés, comprenant des cas de délits, il n'est jamais permis de mettre comme condition à l'absolution, l'obligation de se rendre à la justice civile, en vertu du principe naturel, accepté dans toutes les législations, selon lequel nemo tenetur se detegere" (Pénitencerie apostolique, 29 juin 2019). C'est à la justice à faire son travail. Si le prêtre coupable est ensuite mis en examen, qu'il l'accepte en signe de pénitence. Si, aucune plainte n'ayant été faite, il ne réponde jamais dans la suite de ses comportements criminels, c'est que la Providence l'a voulu ainsi et que le coupable redouble d'amour pour Dieu en se convertissant encore plus sérieusement. Tout ce qui nous arrive d'heureux ou de malheureux a été prévu par la Divine Providence, qui agit toujours pour notre bien et le salut de nos âmes.

    Par contre, le confesseur sera en droit d'imposer au coupable l'obligation de cesser toute espèce de ministère le mettant en contact avec des jeunes. Saint Alphonse dit qu'il est plus important de rompre avec l'occasion du péché que de rompre avec le péché. Souvent en effet les pénitents renoncent au péché mais pas à l'occasion du péché. Cela n'est pas réaliste et remet en cause la sincérité du repentir.

    Le secret de la confession est inviolable et absolu. C'est une institution divine et nul n'a le droit de la remettre en question. L'Eglise elle-même, le pape même, n'ont aucune autorité pour en dispenser.

    Bien plus, si le pénitent avait quelque crainte que le secret soit violé (un prêtre confesseur dont on redouterait qu'il ne parle, possibilité de micros mis par la police dans le confessionnal...), il peut omettre d'avouer ces péchés très graves et ne parler de rien. L'absolution qu'il recevra sera valide quoique indirecte, à condition que son repentir soit sincère et sa volonté de cesser d'offenser Dieu réelle et efficace. L'obligation de l'intégrité matérielle de la confession est alors en effet suspendue. Le pécheur devra cependant à une autre occasion avouer ses forfaits et recevoir une absolution directe, dès que ce sera possible et qu'il n'aura aucune crainte que le secret de la confession soit violé. C'est là ce qu'enseignent tous les manuels classiques de théologie morale. L'abbé Stock, ce prêtre allemand qui était sous l'occupation aumonier de la prison de Fresnes, ne craignait pas de dire aux résistants français prisonniers qu'il était prêt à les absoudre de tous leurs péchés sans qu'ils s'en confessent, dès qu'ils n'avaient pas confiance en lui et redoutaient qu'il soit un agent de la Gestapo.

  • Alarmant : le suicide constitue aujourd’hui la deuxième cause de mortalité chez les jeunes en Europe

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    Dans une opinion publiée sur le site de La Libre, Geert Cappelaere se fait l'écho d'un rapport publié par l'UNICEF sur la situation des enfants dans le monde

    "Le suicide constitue aujourd’hui la deuxième cause de mortalité chez les jeunes en Europe. Les garçons âgés de 10 à 19 ans se suicident deux fois plus que les filles. Seuls les accidents de la route sont plus meurtriers dans cette tranche d’âge.

    Bien qu’il soit difficile de comprendre ce qui se passe dans l’esprit d’un enfant qui prend la décision tragique de mettre fin à sa vie, les statistiques du rapport mettent en évidence un fait indiscutable : notre impuissance actuelle à venir à bout des problèmes de santé mentale des jeunes, avec les conséquences terribles que nous connaissons.

    Chaque jour, trois adolescents perdent la vie en Europe. Cette statistique préoccupante provient d’un rapport historique de l’Unicef, intitulé “La situation des enfants dans le monde 2021". Alors que les conséquences sociales et économiques de la Covid-19 se font encore sentir dans le monde entier, les données du rapport révèlent toute l’ampleur des défis qui se posent à nous au niveau de la santé mentale des adolescents en Europe.

    Le rapport révèle ainsi qu’en Europe, près de 20 % des garçons âgés entre 15 et 19 ans souffrent de troubles mentaux, contre plus de 16 % chez les filles du même âge. Neuf millions d’adolescents européens (âgés de 10 à 19 ans) vivent avec des troubles mentaux. Dans plus de la moitié des cas, il s’agit d’anxiété et de dépression. (...)

  • Une opération de Sant'Egidio en vue du prochain conclave

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    Un article de Sandro Magister, vaticaniste à L’Espresso, traduit sur Diakonos.be :

    11 octobre 2021

    Conclave en vue, opération Sant’Egidio

    Loin d’être un tabou, penser au futur conclave est quelque chose de typique de la physionomie de toutes les fins de pontificat. Cela a été le cas en 2002, lors du déclin physique de Jean-Paul II, quand ce blog avait découvert un « papabile » en bonne position, en celui qui était alors l’archevêque de Buenos Aires Jorge Mario Bergoglio, et qui a effectivement fini par monter sur la chaire de Pierre. C’est à nouveau le cas aujourd’hui, alors que les journaux démasquent chaque jour des prétendants à la succession d’un François toujours plus aux abois.

    Jeudi dernier, le 7 octobre, les médias du Vatican ont atteint un sommet des plus scénographiques à Rome, avec le Colisée en arrière-plan, dans un appel collectif pour la paix entre les peuples et les religions lancé par le Pape François et par les plus grands leaders religieux du monde, avec au premier rang le patriarche œcuménique de Constantinople Bartholomée Ier et le grand imam d’Al-Azhar Ahmed Al-Tayyeb, tous bras dessus, bras dessous, précisément le jour de l’anniversaire de la bataille de Lépante.

    On a pu assister à deux clous de la cérémonie : de la part d’Andrea Riccardi (photo), fondateur et monarque absolu de la communauté Sant-Egidio et, dans les faits, organisateur de l’événement, qui était comme chez lui, et de la chancelière allemande Angela Merkel en tant qu’invité d’honneur. Le 20 octobre 2020 déjà, lors de l’édition précédente des rencontres interreligieuses que la communauté organise chaque année dans la foulée de la première qui avait été convoquée en 1986 à Assise par Jean-Paul II, l’agenda avait assigné à Riccardi l’honneur de prononcer le discours d’ouverture, avec dans un second temps celui du Pape François.

    Mais en plus, cette année, le programme fourni de la journée – dans un forum qui s’est tenu dans le nouveau et futuriste palais des Congrès de Rome appelé « La Nuvola » où défileront des intervenants célèbres tels que le grand rabbin Juif David Rosen et le Conseiller spécial des Nations Unies Jeffrey Sachs, un économiste malthusien qui fait désormais partie des meubles au Vatican -, il y avait également un cardinal, le seul cardinal avoir été invité à prendre la parole au cours de l’événement, l’archevêque de Bologne Matteo Zuppi (photo), celui-là même que Settimo Cielo pointait, dans une analyse du  le 13 juillet dernier, comme étant la tête de liste des prétendants actuels à la papauté.

    Le jeu d’équipe est aussi raffiné que découvert. Le cardinal Zuppi est en en effet lui aussi, à l’ombre de Riccardi, l’un des fondateurs de la Communauté de Saint’Egidio, qui est indiscutablement le lobby catholique le plus puissant de ces dernières décennies au niveau mondial. Il sera d’autant plus influent, dans un futur conclave, que le collège des cardinaux électeurs – après les mauvais traitements subis de la part du Pape François aussi bien dans les nominations que dans l’absence de convocations des consistoires – est en désordre, que les sentiments sont incertains et qu’il sera donc d’autant plus sensible aux influences des pressions aussi bien internes qu’externes.

    Zuppi est l’un des rares cardinaux à être connu non seulement de ses confrères à travers le monde – c’est le seul italien élu au Conseil intercontinental du synode des évêques – mais également au-delà des frontières de l’Église. Et ceci parce que, déjà à l’époque où il était assistant ecclésiastique général de la communauté de Sant’Egidio et curé jusqu’en 2010 de la basilique romaine de Santa Marie in Trastevere, en plus d’être depuis cette année évêque auxiliaire de Rome, il a toujours été tiré les fils d’un réseau de personnes et d’événements, aussi bien religieux que géopolitiques, à l’échelle planétaire. Des accords de paix au Mozambique au début des années quatre-vingt-dix au soutien actuel de l’accord secret entre le Saint-Siège et la Chine, en passant par les rencontres interreligieuses dans le sillage d’Assise et les « couloirs humanitaires » en Europe pour les migrants en provenance d’Afrique et d’Asie.

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  • Avortements forcés : la CEDH reconnaitra-t-elle une violation du droit à la vie ?

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    Du site de l'European Centre for Law & Justice (ECLJ) :

    Avortement forcé : la CEDH reconnaitra-t-elle une violation du droit à la vie ?

    11 octobre 2021

    Une affaire dramatique a été communiquée par la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH). Il s’agit de femmes handicapées devenues stériles par suite d’avortements forcés en Moldavie. L’ECLJ a été autorisé par la Cour à remettre des observations écrites venant au soutien de ces femmes.

    Six ans après avoir été saisie par trois femmes avortées de force, la CEDH a enfin communiqué une terrible requête au Gouvernement moldave pour qu’il se justifie devant la Cour. La demande de la Cour est clairement formulée : l’avortement forcé subi par ces trois requérantes et la stérilisation qui en a découlée ont-ils porté atteinte à la vie privée et constitué des traitements inhumains et dégradants ?

    Ce qu’ont subi ces femmes est particulièrement terrible. D’abord, les trois femmes requérantes étaient placées en institution psychiatrique pour cause de retard mental, sans que ce handicap ne soit suffisamment grave pour les priver de leur capacité juridique. Deux d’entre elles furent violées par le médecin en chef de l’institut psychiatrique dans lequel elles étaient placées. La troisième tomba également enceinte et toutes, violées ou non, souhaitèrent garder leur enfant à naître.

    Mais le scandale ne s’arrête pas là. Une commission médicale de l’institution se réunit pour décider à leur place des suites de leurs grossesses. Une commission dans laquelle le médecin violeur de deux de ces femmes siégea et qui décida de les avorter de force, malgré leur refus explicite. Les médecins passèrent outre les refus de ces femmes, aucun tiers ne fut consulté et ils avortèrent de force ces femmes.

    Ce n’est pas tout. Après l’avortement forcé, un stérilet fut placé dans le corps d’une des femmes afin de prévenir toute grossesse future, là encore contre sa volonté. Il s’avéra que cette contraception forcée fut inutile : à la suite des procédures médicales d’avortement forcé, les trois femmes devinrent stériles.

    La violation des droits de ces femmes est si manifeste qu’on voit mal comment la Cour pourrait conclure qu’aucun de leurs droits n’a été enfreint. Cependant, toute la question est de savoir quels droits exactement ont été violés. Pour y répondre, plusieurs commentaires peuvent être faits.

    Le premier est que, oui, même si l’avortement est réalisé dans un espace médicalisé par des professionnels, c’est une opération médicale qui comporte des risques ; et parmi ces risques, il y a celui de la stérilité. C’est une réalité occultée par les promoteurs de l’avortement, mais la stérilité découlant de complications lors d’un avortement peut survenir, certes rarement, mais cette affaire est une preuve de son occurrence ponctuelle.

    Le deuxième fait saillant de cette affaire est que des femmes violées ont malgré cela souhaité garder leur enfant à naître et accoucher de celui-ci, bien qu’il fût le fruit d’un viol. Là aussi, les promoteurs de l’avortement affirment sans conteste que l’avortement en cas de viol est un droit évident et que toute femme violée voudrait toujours ipso facto y recourir. Ces requérantes montrent qu’ajouter du mal au mal n’est pas le souhait de toutes. Bien que conçus dans un acte terrible et pénalement réprimé, les deux femmes violées voulaient porter à terme ces deux enfants à naître.

    Quand bien même on supposerait qu’il existe un « droit à l’avortement » en droit international, ce qui n’est pas le cas, un avortement contre la volonté de la femme enceinte, ainsi qu’une contraception forcée et une stérilisation forcée sont évidemment des atteintes à l’intégrité corporelle et des traitements dégradants.

    Comme le montre l’ECLJ dans ses observations écrites soumises à la Cour, il y a un véritable consensus en droit international, à la fois dans les traités et à travers les interprétations d’experts, pour considérer que les opérations médicales préjudiciables à une personne sans son consentement constituent des traitements inhumains et dégradants. Il est presque certain que, dans sa décision, la Cour s’alignera sur ces textes et opinions et affirmera que l’avortement et la stérilisation forcés constituent une violation de l’article 3 de la Convention interdisant la torture et les traitements inhumains ou dégradants.

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  • Le bras de fer entre la Pologne et l’Union Européenne est crucial pour tous les États-membres

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    De Philippe Oswald sur La Sélection du Jour :

    Le bras de fer entre la Pologne et l’UE est crucial pour tous les États-membres

    Ça sent le roussi au sein de l’Union Européenne ! Le 7 octobre, le Tribunal constitutionnel de Varsovie a affirmé la primauté du droit national polonais sur le droit communautaire. En réplique, la Commission européenne a soutenu que le droit de l'Union européenne primait non seulement sur les lois mais sur les Constitutions des États-membres. Ce conflit majeur ébranle l’UE déjà fort mal en point depuis le Brexit.

    Selon le Tribunal constitutionnel polonais, plusieurs dispositions des traités européens sont contraires à la loi fondamentale polonaise, s’agissant notamment du rôle de la Cour de justice de l’UE (CJUE). « La tentative d’ingérence de la CJUE dans le système judiciaire polonais remet en cause les principes de l’État de droit, de la primauté de la Constitution polonaise ainsi que le principe de sauvegarde de la souveraineté dans le processus d’intégration européenne », a expliqué Julia Przylelska, la présidente du Tribunal constitutionnel polonais. La réplique n’a pas tardé : dès le lendemain, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, est montée au créneau en promettant d’utiliser contre la Pologne « tous les pouvoirs » prévus dans les traités : « Nous ferons respecter les principes fondateurs de l’ordre juridique de notre Union », a-t-elle assuré. Une menace qui ne sera pas facile à exécuter sans faire exploser l’UE.

    Pour Varsovie, l’enjeu est clair : s’affranchir de la justice de l’UE car « un État souverain et démocratique » doit préserver sa « souveraineté juridique ». Depuis plus de quatre ans, la Pologne fait l’objet de condamnations de la CJUE à propos de sa réforme judiciaire. Rappelons qu’en 2016, les Polonais ont élu un gouvernement de droite nationaliste et conservatrice, dominé par le parti Droit et justice (PiS). Celui-ci a entrepris de réformer le système judiciaire pour écarter des juges qu’il estime « corrompus ». Mais ces réformes sont dénoncées par la CJUE qui accuse le PiS de mettre à mal l'indépendance de la justice. La CJUE multiplie les arrêts défavorables à Varsovie, arrêts auxquels se réfèrent les magistrats polonais hostiles aux réformes du PiS. Excédé, le premier ministre polonais, Mateusz Morawiecki, a saisi le Tribunal constitutionnel de son pays en mars dernier. Celui-ci vient donc de trancher : selon le Tribunal, certaines dispositions du traité sur l’Union européenne sont incompatibles avec la Constitution polonaise.

    « C’est le pas le plus avancé vers une sortie juridique de l’UE jamais franchi par un tribunal national », estime René Repasi, professeur de droit international et européen à l’université Erasmus de Rotterdam, interrogé par Le Figaro (8 octobre). La plupart des capitales européennes ont fait chorus contre Varsovie, Berlin et Paris en tête. « C’est gravissime. Ce n’est pas un sujet technique ou un sujet juridique. C’est un sujet éminemment politique qui s’inscrit d’ailleurs dans une longue liste de provocations à l’égard de l’UE », a déclaré notamment le ministre français en charge des Affaires européennes, Clément Beaune. À Bruxelles, on brandit la menace de rétorsions financières, alors que la Commission européenne était sur le point de valider, sous conditions strictes, le plan de relance polonais de 57 milliards d’euros (dont 23 milliards de subventions).

    Le sujet est en effet éminemment politique : il s’agit de savoir si « le droit de l'Union prime le droit national, y compris les dispositions constitutionnelles », comme l’a affirmé la Présidente de la Commission européenne dans son communiqué du 8 octobre. Le fait est que des lois particulières des États-membres sont actuellement soumises au droit européen. Par exemple, l'article 55 de la Constitution française dispose que « les traités ou accord régulièrement ratifiés (...) ont une autorité supérieure à celle des lois » (françaises). C’est bien la Constitution qui autorise cette soumission : la France comme chaque État-membre, conserve donc sa Constitution, une loi fondamentale, hiérarchiquement supérieure aux lois particulières. « Par définition, aucun texte n'est supérieur à une constitution. Si le droit européen s'impose sur le droit national, c'est parce que les constitutions nationales le permettent, ou plutôt ne s'y opposent pas explicitement » explique David Cayla, coauteur de « La fin de l'Union européenne », dans l’hebdomadaire Marianne (en lien ci-dessous). Une Constitution, c’est pour ainsi dire l’âme d’une nation : il ne faut y toucher qu’avec des gants de velours et en tremblant. Si Éric Zemmour veut modifier certains articles de la Constitution française, c’est précisément pour affranchir le pays d’un « État de droit » supranational qu’il juge antidémocratique. En revanche, soumettre la Constitution d’un pays aux instances de l’Union européenne, comme prétend le faire Ursula von der Leyen, revient à nier la souveraineté des États-nations. Pouvoir supranational contre souveraineté nationale, deux conceptions de l’UE et de la démocratie s’affrontent !

    Pour aller plus loin :

    • Le stupéfiant coup de menton de la Commission européenne contre la Pologne

    >>> Lire l'article sur : Marianne

  • Abus sexuels et secret de la confession : un faux problème

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    De Massimo Introvigne sur Bitter Winter :

    Les abus sexuels et le secret de la confession : Un faux problème ?

    10/11/2021

    Le rapport français soulève une question : les prêtres doivent-ils dénoncer les abus sexuels dont ils ont eu connaissance en confession ? Ils ne le peuvent pas. Mais cela n'arrive presque jamais.

    Comme si la tragédie des abus sexuels dans l'Église catholique française ne suffisait pas, l'irrépressible ministre déléguée chargée de la citoyenneté au ministère de l'Intérieur, Marlène Schiappa, bien connue pour ses campagnes contre les "sectes", a commencé à agiter le gouvernement au sujet du secret de la confession.

    Ce qui s'est passé, c'est que la commission indépendante qui a publié la semaine dernière un rapport alarmant sur les abus sexuels perpétrés par le clergé et les travailleurs laïcs catholiques en France a notamment recommandé que les prêtres qui apprennent l'existence d'abus sexuels sur des mineurs en confession ignorent les dispositions du droit canonique et signalent les abus à la police. Sans surprise, Mgr Éric de Moulins-Beaufort, président de la Conférence des évêques de France, a immédiatement répondu que cette recommandation ne peut même pas être envisagée, car le secret de la confession est inviolable et les prêtres qui le rompent pour quelque raison que ce soit sont excommuniés. Schiappa rétorque que l'Église catholique ne peut être privilégiée en France par rapport aux autres religions.

    Schiappa a peut-être raison, mais le fait est que les juridictions nationales et internationales ont reconnu que le secret de la confession est inviolable non seulement dans l'Église catholique, mais aussi dans toutes les religions qui ont des pratiques confessionnelles similaires. Les abus sexuels perpétrés par des prêtres catholiques sont une tragédie que personne ne peut nier, y compris l'Église française - qui est si préoccupée qu'elle a commandé le rapport indépendant et l'a payé (une circonstance qui n'est pas toujours mise en lumière dans les commentaires internationaux). Ce n'est pas un problème français. C'est, comme l'a dit le pape François, c'est une honte mondiale qui menace l'avenir même de l'Église catholique et soulève des questions inéluctables sur le fonctionnement des séminaires et la formation des futurs prêtres.

    Or, utiliser cette tragédie comme une arme pour briser le secret de la confession, pour toutes les églises, menace gravement la liberté religieuse. En 2011, j'ai occupé le poste de représentant de l'OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe) pour la lutte contre le racisme, la xénophobie, l'intolérance et la discrimination à l'égard des chrétiens et des membres d'autres religions. J'ai acquis une certaine célébrité (ou notoriété, selon le point de vue) en me querellant avec l'Irlande, un pays qui s'inquiétait (à juste titre) de l'implication du clergé catholique dans les abus sexuels et qui a tenté (à tort) d'utiliser cette préoccupation pour légiférer contre le secret de la confession. J'ai également fait partie de plusieurs commissions laïques et catholiques qui ont enquêté sur les horreurs des abus sexuels commis par des clercs, et j'ai étudié ces problèmes pendant des décennies.

    La controverse sur la confession présente deux aspects. Premièrement, le secret de la confession fait partie de l'essence même de l'Église catholique. C'est l'une de ses institutions et l'un de ses principes les plus sacrés, et il existe des secrets similaires dans d'autres religions. L'idée que les religions ne devraient pas avoir de secrets, ou que les États ont le droit de les connaître tous, méconnaît le lien millénaire entre sacré et secret.

    Le 20 mars 1393, le roi de Bohême Wenceslaus IV a fait arrêter, torturer et jeter du pont Charles à Prague dans la rivière Vitava un prêtre catholique appelé Jean Népomucène, où il est mort. Le crime de Jean était d'avoir refusé de discuter avec le roi de ce qu'il avait appris en confession de sa femme, la reine Sofia. Jean a ensuite été canonisé par l'Église catholique en tant que martyr du secret de la confession et incarnation du principe selon lequel les prêtres catholiques doivent mourir plutôt que de briser le sceau de la confession. Le droit canonique réaffirme ce point. Les prêtres qui violent le secret de la confession, même pour obéir à des lois séculaires ou pour sauver leur propre liberté et leur vie, sont excommuniés.

    Le deuxième aspect de la controverse est qu'il s'agit en grande partie d'un drapeau levé pour des questions de principe. Dans ma propre étude des abus sexuels au sein de l'Église catholique, qui date de dix ans, je n'ai jamais rencontré de prêtre qui ait été confronté au dilemme de révéler ce qu'il avait appris en confession ou de laisser un agresseur sexuel en liberté. Les criminels qui abusent des mineurs ne vont pas déverser leurs secrets en confession. La jurisprudence canonique connaît de rares cas (survenus pour la plupart dans les siècles passés) de prêtres immoraux s'absolvant mutuellement en confession. S'ils étaient pris, ils étaient excommuniés, mais comme ils faisaient tous partie des mêmes réseaux criminels, ils n'auraient pas dénoncé les autres, et eux-mêmes, à la police.

    Les mineurs abusés par des prêtres peuvent le dire à d'autres prêtres, mais pourquoi devraient-ils le faire dans le contexte rituel de la confession ? Sans compter que le pourcentage de catholiques en général qui se confessent a dramatiquement diminué, et qu'il existe des paroisses, certainement en France, où seule une poignée de vieux fidèles irait se confesser. Et que ceux qui ont commis des actes honteux ou illégaux en général ne les confesseraient pas s'ils n'étaient pas sûrs que le sceau du confessionnal garantit que ce qu'ils disent au prêtre ne sera rapporté à personne d'autre.

    Dans le cas improbable où une victime parlerait de l'abus en confession, le prêtre peut toujours lui demander de répéter l'histoire une fois que le rituel de la confession a été clôturé par la formule sacramentelle de l'absolution. Bien entendu, les révélations à un prêtre en dehors de la confession ne sont pas couvertes par le sceau du confessionnal.

    Tous les ministres Schiappa de ce monde ne semblent pas comprendre comment les confessions fonctionnent réellement au 21e siècle. Ils ne se soucient pas non plus profondément de la liberté religieuse, qui est un problème non moins grave que les crimes commis par les abuseurs cléricaux.