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Actualité - Page 50

  • Pologne, un autre coup d'État qui ne dit pas son nom pour éliminer les opposants

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    Pologne, un autre coup d'État qui ne dit pas son nom pour éliminer les opposants

    Un climat d’intimidation jamais vu depuis l’époque du communisme. Le gouvernement pro-européen de Tusk accroît la pression sur ses adversaires conservateurs, à l'approche des élections présidentielles de mai prochain. Les catholiques dans le collimateur.
     
    10_03_2025

    Les institutions européennes, dont la myopie devient légendaire, confirment leur peur absolue, leur paresse et leur complicité avec le gouvernement de Varsovie dirigé par le libéral et pseudo-chrétien-démocrate Donald Tusk et sa vengeance par des moyens légaux et en attaquant la majorité de l'opposition et les dirigeants du parti catholique et conservateur PiS, en vue des élections présidentielles du 18 mai (premier tour) et du 1er juin (second tour). 

    Que le gouvernement Tusk et sa coalition politique désorganisée qui s’est retranchée au pouvoir, comme nous l’avons décrit dans ces pages, malgré sa défaite aux élections parlementaires du 15 octobre 2023, avaient pour objectif principal d’éliminer l’opposition par tous les moyens et en particulier de détruire le parti PiS, d’affaiblir les centres de culture catholique et de persécuter les catholiques (peu enclins à servir de médiateur avec les lobbies woke, relativistes, pro-avortement et LGBT), était clair depuis le début du mandat. Après des mois terribles de répression injustifiée contre l' Église catholique , les dirigeants catholiques et les organisations religieuses , décrites à plusieurs reprises par La Bussola (...), la répression politique devient très semblable à celle du précédent régime communiste, avec l'approbation de l'Europe.

    C'est peut-être une coïncidence, mais depuis le 13 février, lorsque le plus grand syndicat polonais , « Solidarność », a officiellement soutenu Karol Nawrocki, le candidat soutenu par le parti d'opposition conservateur Droit et Justice (PiS), aux élections présidentielles de cette année, après que Nawrocki lui-même eut signé un engagement à soutenir la protection des travailleurs et des familles, à s'opposer aux politiques climatiques de l'UE et à respecter les valeurs chrétiennes, le gouvernement polonais a également déclaré une guerre totale à son propre pays et à ses racines civiles, sociales et politiques. L'Institut Hudson de Washington, qui fait autorité, a également critiqué le gouvernement Tusk, en publiant son propre rapport le 17 février, intitulé « Quand les démocrates gouvernent de manière non démocratique : le cas de la Pologne » . L'Hudson Institute est un groupe à tendance républicaine fondé en 1961, dont les experts incluent l'ancien ministre britannique Tom Tugendhat et l'ancienne ambassadrice des États-Unis à l'ONU Nikki Haley, candidate aux dernières primaires présidentielles républicaines.

    Le rapport accuse le gouvernement Tusk de ne pas respecter l'État de droit et l'UE d'être sélective dans ses accusations contre l'opposition conservatrice polonaise (PiS) alors qu'elle apparaît désormais complaisante même si, « depuis son arrivée au pouvoir, le gouvernement Tusk a pris des mesures douteuses sous prétexte de « restaurer la démocratie », dont beaucoup ressemblent beaucoup à celles dont il a accusé le gouvernement PiS ». Selon le think tank américain, en effet, « depuis son entrée en fonction en décembre 2023, le gouvernement Tusk s'est lancé dans une campagne de légalisation et de criminalisation des différences politiques, dont le but est de garantir que le PiS ne représente plus jamais un défi sérieux à son pouvoir », en réduisant le financement public du PiS, en purgeant les ambassadeurs et les procureurs nommés lors du gouvernement précédent. Le 27 février , le bureau du procureur général du gouvernement Tusk a ciblé l'ancien Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki (PiS/ECR), l'accusant d'avoir abusé de son autorité en organisant des « élections par correspondance » début 2020, au plus fort des premières interdictions de voyager dues à l'épidémie de coronavirus.

    Morawiecki, nommé président du Parti conservateur et réformiste européen (ECR) en janvier, a volontairement levé son immunité afin que les procureurs puissent le faire témoigner le plus rapidement possible. Les appels à la persécution politique des dirigeants de l’opposition semblent désormais inéluctables et le 6 mars, le Parlement polonais a approuvé la levée de l’immunité parlementaire du leader du PiS, Jarosław Kaczyński, et de l’ancien ministre de la Défense du gouvernement dirigé par le PiS, Mariusz Błaszczak, malgré des accusations ridicules.

    Le climat d’intimidation créé et soutenu par le gouvernement Tusk n’a pas été observé depuis l’époque du régime communiste. La situation ne peut qu'empirer, en vue des élections présidentielles de mai prochain, après que les sondages commencent à mettre en doute la victoire du candidat du parti du premier ministre et maire de Varsovie en exercice, l'avorteur pro-LGBT Rafał Trzaskowski, étant donné que les deux candidats conservateurs et catholiques Sławomir Mentzen (Konfederacja) et Karol Nawrocki (PiS) pourraient joindre leurs voix au second tour et dépasser facilement les 50% des voix. À condition que les deux candidats de l’opposition soient en mesure de poursuivre le défi électoral et ne le concluent pas prématurément en prison ou dans les tribunaux. Les institutions européennes continueront-elles à garder le silence face aux mesures inciviles, illégitimes et antidémocratiques prises par Donald Tusk, dont le PPE devrait avoir honte, ou Bruxelles interviendra-t-elle au contraire pour défendre la démocratie et l’État de droit ? Malheureusement, il y a lieu de craindre que la complaisance et le soutien déjà observés lors du coup d'État en cours à Bucarest, afin d'empêcher le vote démocratique de prévaloir sur les mécanismes du pouvoir, se répètent également à Varsovie. 

    Sans surprise, les désirs dépravés et l’objectif de déchristianisation sociale de la Pologne bruxelloise se réalisent : dans une décision historique pour les personnes trans en Pologne, la Cour suprême a publié une résolution le 4 mars déclarant que ceux qui souhaitent changer leur sexe officiellement reconnu n’ont plus besoin d’impliquer leurs parents dans le processus. Jusqu’à présent, les personnes qui souhaitaient changer de sexe devaient poursuivre leurs parents en justice, même s’ils étaient majeurs. Cette pratique a rendu le processus plus difficile pour les femmes concernées, puisque la première clinique privée d’avortement « Abotak » (mot-valise formé de « aborcja », qui signifie avortement, et de « tak », qui signifie oui) a ouvert ses portes à Varsovie le 8 mars. La clinique offre aux femmes un espace pour prendre des pilules abortives et des conseils sur la façon d’interrompre leur grossesse, et aide également à organiser et à financer des avortements chirurgicaux à l’étranger. Nous sommes pour l’Europe et contre cet européanisme oppressif et inhumain.

  • "Depuis une cinquantaine d'années, l'Eglise considère ce qu'elle a fait de mal dans son histoire, sans voir ce qu'elle a fait de bien"

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    Lu sur Atlantico :

    Christophe Dickès : « L’Eglise catholique ose-t-elle être ce qu’elle est ? »

    Christophe Dickès a publié "Pour l'Église" aux Éditions Perrin.

     

    Atlantico : Vous publiez un livre de défense de l'Eglise. Qui sont ses pires ennemis aujourd'hui ? Notre indifférence ou de vrais adversaires ?

    Christophe Dickès : Dans la perspective de mon livre, paradoxalement, le pire ennemi de l'Eglise, ce sont ces hommes d'Eglise eux-mêmes qui ne défendent pas ou trop peu ce qu'elle a été. De fait, vous ne pouvez pas défendre quelque-chose que vous ne connaissez pas. Certes, les hommes d'Eglise connaissent naturellement l'Evangile, la théologie mais ils ne connaissent pas ou peu l'histoire de l'Eglise et ses richesses. Plus précisément, c'est l'antiantellectualisme qui est, selon le mot de l'académicien Michel Zink, le plus grand danger dans l'Eglise. Ce contre quoi le grand historien René Rémond mettait déjà en garde dans son essai stimulant Le Christianisme en accusation paru il y a vingt-cinq ans! Il y expliquait par exemple que, dans la presse catholique, le témoignage et la surface des choses étaient favorisés au détriment de la réflexion et de l'étude. Un constat amer qu'il aurait pu faire aujourd'hui au regard de la quasi-absence de l'histoire dans les médias chrétiens. Après, il existe en dehors de l'Église des courants anticléricaux nombreux qui se sont systématisés, pour faire court, à partir du XVIe siècle, au moment de la Réforme protestante. L'anticléricalisme des XVIIIe, XIXe et du début du XXe siècle a produit de nombreux ouvrages et une critique dont s'est imprégnée, là aussi paradoxalement, l'Eglise. Tant et si bien que, depuis une cinquantaine d'années, l'Eglise considère ce qu'elle a fait de mal dans son histoire, sans voir ce qu'elle a fait de bien. Mon livre vise en quelque sorte à rééquilibrer cette balance. 

    Alors que le gouvernement envisage de lancer un grand débat sur « qu'est-ce qu'être Français ? », que répondriez-vous à la question miroir : « qu'est-ce qu'être catholique » ?

    Une phrase me hante depuis de nombreuses années. Elle est de Boileau qui disait "Rarement un esprit ose être ce qu'il est". L'Eglise souhaite-t-elle être ce qu'elle est, à savoir une force de contradiction dans un monde occidental qui la rejette ? Souhaite-t-elle aussi assumer son passé et rendre compte de la vitalité qui l'a habitée pendant des siècles? Voyez-vous, on ne peut aimer les autres, si on ne s'aime pas soi-même. Or, l'Eglise, empêtrée dans la crise des abus sexuels, semble paralysée et sans perspectives. Si elle connaissait son histoire, elle verrait non seulement que la question des abus n'est pas nouvelle mais elle pourrait par ailleurs trouver des clés afin de mieux répondre aux défis du temps présents et de son avenir. Ce que dit autrement l'historien Andrea Riccardi dans son livre L'Eglise brûle : « La culture ecclésiastique, celle des dirigeants de l’Église, est peu attentive à l’histoire et ne la considère pas utile pour comprendre d’où l’on vient et où l’on vit, ni pour gouverner l’Église alors qu’elle insiste fortement sur la philosophie […]. Le manque de culture historique dans l’évaluation des phénomènes a conduit à un appauvrissement de la compréhension du réel. C’est l’une des faiblesses de la culture et du gouvernement des ecclésiastiques de nos jours». Pour répondre à votre question donc, être catholique, c'est aussi être héritier ce qui suppose un minimum de connaissance de ce que nos ancêtres ont réalisé de bien, de beau et de bon. Ce n'est évidemment pas simplement cela mais c'est aussi cela. 

    Pour en revenir à l’identité française, qu’avons-nous perdu en perdant notre culture chrétienne ?

    Je crois que les années 1960 ont joué un rôle particulièrement critique pour la culture chrétienne. En effet, le progressisme a voulu effacer des siècles d'histoire dans une forme d'orgueil afin de renouveler l'image de l'Eglise. Or, ce progressisme a très vite montré ses limites tant et si bien que les pontificats de Jean-Paul II et Benoît XVI ont souhaité, assez schématiquement, réaffirmer l'identité de l'Eglise. D'où le mot du pape polonais "N'ayez pas peur!" qui était aussi une façon de dire "N'ayez pas peur d'être ce que vous êtes". Certes, en 2000, Jean-Paul II fait repentance pour les fautes des hommes d'Eglise dans l'histoire, mais il encourage par ailleurs la recherche historique afin de ne pas tomber dans des conceptions binaires et simplistes comme le fait aujourd'hui la cancel culture. Or, l'Eglise a uniquement considéré cette repentance en oubliant cette culture chrétienne qui, pendant des siècles, a fait la fierté de l'Eglise et lui a permis simplement de croire en elle et en ce qu'elle était. Le meilleur exemple est son rôle pendant la Deuxième Guerre mondiale. Alors que les études historiques montrent l'existence d'une résistance catholique bien plus importante qu'on ne le dit généralement, les évêques ont souhaité faire repentance pour leur liens avec Vichy. Ce qui était en soi très réducteur, voire complètement simpliste. Cela témoignait d'une méconnaissance réelle de la réalité historique.

    Vous dites que l'Etat, comme la laïcité, sont des concepts totalement chrétiens, pouvez-vous nous l’expliquer ?

    L'Etat n'est pas un concept chrétien en soi puisque le pouvoir politique possède une longue histoire depuis l'antiquité archaïque. En revanche, là aussi les recherches historiques ont montré comment l'Etat moderne tel qu'il apparaît à partir du XIVe siècle, trouve son inspiration dans les structures même de la papauté réformée du XIe siècle. Ce qu'on appelle communément la réforme grégorienne du nom du pape Grégoire VII. Quant à la laïcité, elle est un concept tout à fait chrétien. Il ne faut pas confondre laïcité et laïcisme. De fait, l'Occident de tradition chrétienne fait une distinction entre le pouvoir de l'Etat et le pouvoir de l'Eglise, le temporel et le spirituel. Or, cette distinction remonte au moins au pape Gélase Ier qui a régné à la fin du Ve siècle. Il définit les relations entre les deux entités et, en agissant de la sorte, il les distingue. Cette distinction est au fondement de notre civilisation. Elle permet à terme la séparation des Eglises et de l'Etat du début du XXe siècle en France. Cette distinction puis cette séparation n'existe pas dans d'autres civilisations comme la civilisation islamique où la charia mêle à la fois le politique et le religieux..  

    Alors que la santé du pape François décline et que la question du profil d'un éventuel successeur s'installe dans les esprits, quel avenir voyez-vous, à court et moyen terme pour l'Église, notamment au regard de la composition du collège de cardinaux majoritairement nommés par le pape actuel.

    Il est quasiment impossible de répondre à une telle question. Les Italiens disent Morto un papa, se ne fa un altro. C'est-à-dire "Quand un pape meurt, on en fait un autre". La centralisation pontificale et la médiatisation du pape constituent une caractéristique de notre société contemporaine, mais je suis persuadé que les renaissances de l'Eglise ne peuvent venir seulement de la tête de l'Eglise. Dans l'histoire, elles viennent du silence des monastères mais aussi d'un élan de foi des fidèles qui n'ont pas peur d'affirmer ce qu'ils sont. Je vois dans les sociétés occidentales un mouvement bien éloigné de la frilosité des années 1970 et 1980, surtout dans la jeunesse. Dans le monde individualiste du tout à l'ego, dans lequel nous vivons le christianisme peut constituer une alternative en proposant un récit en commun qui trouve ses racines dans l'Évangile. Est-ce à dire que ce mouvement va être suffisant pour sortir l'Église de la crise ? Seul l'avenir le dira.  

    La cathédrale Notre-Dame de Paris attire une foule de fidèles depuis sa réouverture et Donald Trump a récemment évoqué la qualité des travaux de rénovation et a salué les efforts d’Emmanuel Macron sur ce dossier. Que reste-t-il de spécifiquement chrétien dans l’icône qu’est devenue la cathédrale de Paris ?

    Les Français mais aussi le monde occidental ont considéré l'incendie de Notre-Dame comme un glaive planté dans le cœur même de ce que nous sommes : une civilisation aux fondements chrétiens. Notre-Dame s'inscrit à la fois au cœur de notre Histoire mais elle est aussi plus que cela. Plus qu'un édifice de pierre qui dit le génie du christianisme, elle est aussi l'âme de la France et du christianisme occidental. Je crois que Notre-Dame joue aussi le rôle que jouaient les reliques au Moyen Âge: à savoir qu'elle est une passerelle vers la transcendance. Elle nous permet de nous connecter à l'au-delà. Même si nous ne savons pas quelle est la part de Foi chez les visiteurs qui déambulent sous ses voûtes, je suis persuadé qu'il existe chez eux une part d'émerveillement qui conduit inconsciemment à cette transcendance.  N'est-ce pas Dostoïevski qui disait que c'est "la beauté qui sauvera le monde"? 

    Christophe Dickès a publié "Pour l'Église" aux Éditions Perrin.

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  • Syrie : des centaines d'alaouites et des chrétiens victimes de massacres ciblés

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    Lu ici :

    SYRIE. Ahmed al-Charaa ne voit pas les massacres ciblant les alaouites et les chrétiens

    8 mars 2025

    SYRIE – Alors que des gangs islamistes massacrent les Alaouites et les chrétiens sur les côtes syriennes depuis deux jours, Ahmed al-Charaa (alias Al-Jolani) (l'actuel dirigeant de la Syrie) est sorti de son silence, non pas pour condamner ces crimes de guerre, mais pour dire que « la Syrie poursuivra les restes du régime renversé de Bachar al-Assad et les traduira en justice ».

    Affiche d’une campagne de tweets demandant la fin des massacre d’Alaouites en Syrie avec les hashtagset

    Les villes et les zones rurales de la côte syrienne ont été le théâtre de crimes de guerre ciblant les populations alaouites, kurdes et chrétiennes lors d’opérations de ratissage menées par les forces sous commandement de l’autorité de Damas à la suite d’embuscades tendues à ses forces par des insurgés qui seraient des anciens soldats de Bachar al-Assad jeudi dernier.

    Al-Jolani a déclaré hier, vendredi, dans son premier commentaire après les violences côtières, que « la Syrie poursuivra les restes du régime renversé de Bachar al-Assad et les traduira en justice ».

    Il a ajouté : « Certains vestiges du régime déchu tentent de tester la nouvelle Syrie, qu’ils ignorent », et a poursuivi : « J’insiste auprès des forces de sécurité pour qu’elles ne permettent à personne d’outrepasser leurs limites ou de réagir de manière excessive. »

    Les observateurs, en réponse aux propos d’Abou Mohammad Al-Jolani après les événements sur les côtes syriennes, ont déclaré qu’il était « détaché de la réalité ».

    Les côtes syriennes sont le théâtre d’une importante tension suite à de violents affrontements entre groupes armés et forces des autorités de Damas depuis jeudi dernier, qui ont fait des centaines [certaines sources font états de milliers de morts] de morts, en majorité des civils, dont des enfants, des femmes, des étudiant-e-s…

    Et aussi, sur kath.net/news :

    Massacre en Syrie : l'appel dramatique des chefs religieux

    Les patriarches condamnent dans un communiqué les massacres de civils - Au moins 865 civils alaouites ont été assassinés samedi soir - La minorité chrétienne craint également pour sa vie.

    Dans la région côtière syrienne de Lattaquié et de Tartous, le massacre de la population civile alaouite continue sans relâche. Le nombre de civils tués s'élevait déjà à au moins 865 samedi soir, comme l'ont rapporté des informateurs locaux à Kathpress. Parmi les victimes figurent également de nombreuses femmes, des enfants et des personnes âgées. Le nombre réel de victimes est probablement bien plus élevé. Les pillages et les vols battent leur plein, dit-on. Les auteurs seraient principalement des djihadistes étrangers.

    Les dirigeants de l'Église syrienne ont publié samedi une déclaration condamnant fermement les massacres et appelant à la fin des violences. Les souffrances du peuple syrien doivent enfin prendre fin, a-t-on déclaré. La déclaration est signée par le patriarche grec-orthodoxe Jean X, le patriarche syrien-orthodoxe Aphrem II et le patriarche melkite Youssif Absi.

    Manuel Baghdi, conseiller pour le Moyen-Orient du cardinal Christoph Schönborn, a confirmé samedi soir à Kathpress le nombre élevé de victimes et a en même temps évoqué de grandes craintes parmi les minorités du pays. Les chrétiens et les Druzes vivent dans la peur d’être « les prochains sur la liste ». Selon les rapports, deux chrétiens arméniens ont été assassinés jusqu'à présent.

  • Le Pape encourage à promouvoir «la culture de la vie»

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    De Vatican News :

    Le Pape encourage à promouvoir «la culture de la vie»

    Dans un message du Pape, lu par le Secrétaire d’État Pietro Parolin, à l’occasion du 50ème anniversaire du Mouvement pour la vie, François exhorte à «continuer à miser sur les femmes, sur leur capacité d'accueil, de générosité et de courage». Il invite à poursuivre la protection sociale de la maternité et à opter pour l'acceptation de la vie humaine à tous les stades.

    Depuis l'hôpital Gemelli, où il est hospitalisé depuis le 14 février, le Pape François a envoyé un message aux pèlerins italiens du "Mouvement pour la Vie", à l’occasion du 50ème anniversaire de sa fondation. Le message, daté du 5 mars dernier, a été lu par le Secrétaire d'État du Saint-Siège, le cardinal Pietro Parolin, lors d’une messe célébrée dans la basilique Saint-Pierre à Rome. 

    Avant la lecture du message du Pape François, le cardinal Parolin a fait part de son regret «que vous ne puissiez pas rencontrer le Saint-Père François comme cela était prévu. Cependant, nous nous sentons profondément unis à lui et nous prions pour sa santé». Le Secrétaire d’État du Saint-Siège s’est ensuite attelé à transmettre le message du Saint-Père qui reconnaît «la valeur du service que vous rendez à l'Église et à la société». Avec la solidarité concrète, vécue dans le style de la proximité avec les mères en difficulté à cause d'une grossesse difficile ou inattendue, «vous promouvez la culture de la vie au sens large», avec «franchise, amour et ténacité, en gardant la vérité étroitement unie à la charité envers tous», souligne François.

    “Vous êtes guidés en cela par les exemples et les enseignements de Carlo Casini, qui a fait du service de la vie le centre de son apostolat laïc et de son engagement politique.”

    Au service de la vie humaine 

    L’évêque de Rome encourage le mouvement à poursuivre la protection sociale de la maternité et l'acceptation de la vie humaine à tous les stades. Au cours de ce demi-siècle, «alors que certains préjugés idéologiques ont diminué et que la sensibilité à la protection de la création s'est accrue chez les jeunes, la culture du rejet s'est malheureusement répandue». C'est pourquoi, poursuit le Pape dans son message, «on a toujours besoin, et plus que jamais, de personnes de tous âges qui se consacrent concrètement au service de la vie humaine, surtout lorsqu'elle est la plus fragile et la plus vulnérable, parce qu'elle est sacrée, créée par Dieu pour un destin grand et beau», et «qu'une société juste ne se construit pas en éliminant les enfants à naître non désirés, les personnes âgées qui ne sont plus autonomes, ou les malades incurables».

    Soutenir les femmes 

    Dans la société actuelle «structurée sur les catégories de la possession, de l'action, de la production et du paraître», «votre engagement, en harmonie avec celui de toute l'Église, indique une autre projection, qui place au centre la dignité de la personne et privilégie les plus faibles», rappelle-t-il. Le Pape invite à miser sur les femmes, sur leur capacité d'accueil, de générosité et de courage. «Les femmes doivent pouvoir compter sur le soutien de toute la communauté civile et ecclésiale, et les Centres d'aide à la vie peuvent devenir un point de référence pour tous».

    “Je vous remercie pour les pages d'espérance et de tendresse que vous contribuez à écrire dans le livre de l'histoire et qui restent indélébiles : elles portent et porteront beaucoup de fruits.”

    Le Souverain pontife conclu son message en confiant à «chacun de vous, vos groupes et votre engagement à l'intercession de Sainte Thérèse de Calcutta, présidente spirituelle des Mouvements pour la Vie dans le monde».

  • Journée de la femme : il serait grand temps de réconcilier l’égalité et la complémentarité

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    De Blanche Streb en tribune sur Aleteia.org :

    Journée de la femme : et si complémentarité et égalité se réconciliaient ? 

    (archive du 7/03/22)

    Le mardi 8 mars est célébré dans le monde entier la Journée internationale des femmes dont le thème est cette année "L’égalité aujourd’hui pour un avenir durable". L’essayiste Blanche Streb en profite pour rappeler que l’égalité entre les femmes et les hommes ne s’oppose pas à leur complémentarité.

    Chouette ! C’est la Journée internationale des femmes ! La date idéale pour mettre en avant de belles figures féminines, héroïnes de guerre ou du quotidien. Le jour parfait pour parler de la féminité, des talents particuliers et inhérents à la femme, de sa manière unique de comprendre, de vivre et d’habiter le monde et le temps. L’occasion rêvée de parler du « génie féminin » !

    Ou alors… l’occasion de ressortir les haches de guerre égalitaires, les maillots anti-mâles ou les banderoles vantant l’avortement ? En France, l’intitulé imposé dans les espaces politiques et médiatiques n’est pas celui officialisé par l’ONU en 1977, à savoir Journée internationale des femmes. Il s’est allongé pour le réduire aux seuls « droits », devenant ainsi : « Journée internationale des droits de la femme » voire même « Journée internationale de lutte des femmes pour leurs droits ». Cela en dit long.

    Une fausse opposition

    Il me semble qu’une forme d’affrontement permanent est à déplorer entre les tenants de l’égalité et ceux de la complémentarité. Pourtant, égalité et complémentarité ne s’opposent pas. Ce thème, et bien d’autres, est au cœur des préoccupations des Antigones. Depuis quelques années, ce mouvement de femmes participe activement au débat public en portant un regard, non seulement sur la féminité et sur les sujets qui s’y rattachent, mais également sur la société tout entière.

    Homme et femme nous partageons une même nature humaine, de laquelle on ne peut occulter l’importance de la sexuation.

    À contre-courant d’un féminisme bruyant et trop souvent agressif, elles ne revendiquent pas de nouveaux droits, mais se battent pour plus que cela : donner un autre sens à l’engagement des femmes dans la Cité, avec dignité et responsabilité. Avec elles, on réalise aussi que le monde ne se noie pas dans la culture ambiante de l’indifférenciation du genre. Dans un de leur Café des Antigones, les belles Anne Trewby et Iseul Turan, présidente et porte-parole, abordent « les différences sexuées au cœur de notre humanité » avec brio. Elles m’ont inspirée cette tribune.

    Sans préjugés

    Homme et femme nous partageons une même nature humaine, de laquelle on ne peut occulter l’importance de la sexuation — l’ensemble des phénomènes biologiques et symboliques qui caractérisent l’un et l’autre sexe — car la sexuation en est la dimension nécessaire et signifiante. Notre corps sexué influence notre regard sur le monde et implique des potentialités qui sont propres à chaque sexe et qui se révèleront différemment en chaque personne. C’est précisément là-dessus que peuvent se greffer des « stéréotypes » plus ou moins agaçants : les hommes sont ceci, les femmes sont cela, parfois sans nuance.

    En oubliant de contempler la part de féminin et de masculin présents en chacun et la complexité qui se manifeste en chaque personne, qui restera toujours unique au monde, dans toute sa singularité et sa beauté. C’est ce qu’oublie parfois le « camp de la complémentarité », campé sur ces préjugés. L’homme et la femme ne sont pas deux legos dont les failles de l’un comblent le trop-plein de l’autre. Ce raisonnement-là donne de l’eau au moulin des « tenants de l’égalité », enclins à balayer tout ça d’un revers de bras derrière la tentation de faire de la femme un homme comme un autre… ou même de nous faire quitter ce schéma manichéen pour glisser dans celui de la « fluidité » où nous ne serions qu’un sable mouvant de zones grises oscillant d’un côté ou de l’autre.

    Une commune dignité

    Il serait grand temps de réconcilier l’égalité et la complémentarité. Pour cela, il est nécessaire de les comprendre et de les aimer toutes deux. Au cœur de cela se joue la conviction et la protection sans relâche de la commune dignité de chaque personne, de l’homme et de la femme. « Le fait que la condition féminine soit insuffisamment prise en considération introduit des facteurs d’instabilité dans l’ordre social » écrivait Benoît XVI lors de la Journée mondiale de la paix en 2007. Avant d’ajouter :

    « Je pense à l’exploitation de femmes traitées comme des objets, poursuivait-il, et aux nombreuses formes de manque de respect pour leur dignité ; je pense également — dans un contexte différent — aux perspectives anthropologiques persistantes dans certaines cultures, qui réservent aux femmes une place encore fortement soumise à l’arbitraire de l’homme, avec des conséquences qui portent atteinte à leur dignité de personne et à l’exercice des libertés fondamentales elles-mêmes. […] La reconnaissance de l’égalité entre les personnes humaines […] constitue un élément de première importance pour l’édification de la paix. »

    Chercher l’égalité n’impose ni l’uniformité ni d’abolir la distinction entre les sexes. Au contraire. Une femme se doit d’être respectée en tant que femme. « Nous prônons la féminité pour les femmes : c’est notre nature cohérente et profonde. L’affirmer est le premier pas afin d’enrichir la société du meilleur de nous-mêmes » annoncent les Antigones. Quant à la complémentarité, essentielle, elle est un mode de compréhension des différences entre les hommes et les femmes, un système de compréhension du monde avant d’être un système d’organisation du monde, sur lequel devrait reposer une écologie politique en quête de justice, de fraternité et de paix. 

  • Conclave, démission papale et candidats possibles après François (Luis Badilla)

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    Du site "Messa in latino" (3 mars 2025) :

    Badilla. Conclave, démission papale et candidats possibles après François

    Merci à Luis Badilla pour cette analyse longue et approfondie d'un éventuel Conclave à venir et de la vieille question de la démission d'un pape.

    La démission du pape ? Card. Parolin : « spéculations inutiles »
    - Card. Fernández : « pressions insensées ».
    Malgré cela, il existe un climat de succession papale, de siège vacant.
    Certaines questions importantes se posent également. Et si le pape Bergoglio démissionnait ?

             Samedi 22 février, deux cardinaux de la Curie, Parolin, secrétaire d'État, et Fernández, préfet du Dicastère pour la doctrine de la foi, ont tenté simultanément de mettre un terme aux rumeurs sur la possible démission de François, parfois anticipée comme imminente. Vatican News, le site officiel du Vatican, présente les réactions comme suit : « Le cardinal secrétaire d'État, dans une interview au Corriere della Sera, déclare : « les seules choses qui comptent sont la santé du pape, sa guérison et son retour au Vatican. Et le cardinal Fernandez, préfet de la doctrine de la foi, répond à La Nación : la pression pour une démission n'a aucun sens. » ( Source )

    « Tout cela me semble être une spéculation inutile. Maintenant, nous pensons à la santé du Saint-Père, à son rétablissement, à son retour au Vatican : ce sont les seules choses qui comptent. Honnêtement, je dois dire que je ne sais pas s'il existe de telles manœuvres et, en tout cas, j'essaie de rester à l'écart. D’un autre côté, je pense qu’il est tout à fait normal que dans ces situations, des rumeurs incontrôlées puissent se propager ou que des commentaires inappropriés puissent être faits : ce n’est certainement pas la première fois que cela se produit. Je ne pense pas qu'il y ait de mouvement particulier, et jusqu'à présent je n'ai rien entendu de tel.

    Fernández. De son côté, le cardinal Víctor Manuel Fernández, interviewé par le journal argentin La Nación, affirme que « cela n’a aucun sens que certains groupes poussent à une démission ». Ils l'ont déjà fait à plusieurs reprises ces dernières années, et cela ne peut être qu'une décision entièrement libre du Saint-Père, pour être valable. Je ne vois pas de climat pré-conclave, je ne vois pas plus de discussions sur un éventuel successeur qu'il y a un an, c'est-à-dire rien de spécial."

    Il y a pourtant un climat de succession

    Malgré les propos de ces deux importants prélats, et de nombreux autres évêques à travers le monde, dans le monde des médias et dans les cercles de pouvoir principalement occidentaux, le climat de succession papale est clair et indéniable.

    Il n'y a qu'une seule raison : le pontife régnant, Jorge Mario Bergoglio, a 88 ans, souffre de plusieurs maladies chroniques et dégénératives et, dans cette quatrième hospitalisation, qui a été plutôt longue, comme l'ont dit ses médecins le 21 février dernier, la situation clinique est dangereuse et le sera toujours. Son chirurgien Sergio Alfieri a été limpide et honnête, peut-être brutal, mais c'est François lui-même qui a demandé à son médecin une transparence totale : le Pape est ici sous nos soins pour endiguer une crise aiguë et ensuite il reviendra à Santa Marta mais toujours avec ses pathologies chroniques ( et dégénératives ) .

    Dans ces quelques mots, il n’y a qu’une seule vérité possible sur l’état de santé du pape François : le pape Bergoglio est entré dans une phase terminale sous risque permanent. Rien de plus et rien de moins. Le reste – beaucoup ! - corbeaux, complots, fake news, manœuvres, dire-ne-pas-dire, révélations, indiscrétions, etc. ce sont des ingrédients pour assaisonner le plat médiatique ou peut-être pour tourner en dérision les circonstances actuelles, à savoir : le pape François est dans un état de santé terminal.

    Vers le 11e Conclave depuis 1900

    On a désormais le sentiment, une perception indiscutable, et pour la première fois depuis 12 ans, que le pontificat du pape Bergoglio est pour l'essentiel terminé, non pas nécessairement à cause de la mort, mais plutôt à cause d'un empêchement physiologique du pape. Il est très difficile d'imaginer, même un minimum, que le Saint-Père puisse revenir à Sainte-Marthe et reprendre sa vie pastorale comme si de rien n'était.

    Tout ce qui peut être vu et connu, même publiquement, sème de nombreux indices sur une configuration progressive d’un scénario spécial qui peut s’effondrer à tout moment en quelques secondes : le Pontife qui parvient à continuer avec sa mauvaise santé de fer, mais empêché d’exercer et de présider sa mission et son enseignement, est une possibilité très improbable.

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  • Face à l'augmentation des décès et des déplacements, les évêques appellent à une action rapide au Congo

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    De Ngala Killian Chimtom sur le CWR :

    Face à l'augmentation des décès et des déplacements, les évêques appellent à une action rapide au Congo

    Une récente recrudescence de la violence, en particulier l’avancée des rebelles du M23 soutenus par le Rwanda, a entraîné la mort de plus de 7 000 personnes et le déplacement d’environ 450 000 autres depuis le 25 janvier, aggravant une crise humanitaire déjà précaire.

    Les évêques catholiques d'Afrique centrale ont appelé les dirigeants régionaux à prendre des mesures rapides dans la mise en œuvre des résolutions de paix pour mettre fin au conflit dans l'est de la République démocratique du Congo.

    Décès et déplacement

    Des décennies de combats ont ravagé la région, fait des millions de morts et forcé des millions d'autres à quitter leur foyer.

    Une récente recrudescence de la violence, en particulier l’avancée des rebelles du M23 soutenus par le Rwanda, a entraîné la mort de plus de 7 000 personnes et le déplacement d’environ 450 000 autres depuis le 25 janvier, aggravant une crise humanitaire déjà précaire.

    Le père George Kalenga, un prêtre congolais, s’oppose vivement à l’influence néfaste des forces extérieures « qui participent à la perpétuation de la violence en RD Congo ».

    Il a cité le Rwanda comme offrant « des bases de secours aux groupes armés qui sèment la désolation de manière récurrente dans certaines zones de la RD Congo, de la province de l’Ituri à celle du Tanganyika, en passant par les provinces du Nord et du Sud-Kivu ».

    « Ces mêmes pays facilitent l’exploitation illégale des ressources naturelles de la RD Congo par des multinationales qui ont installé leur siège dans les pays voisins de la RD Congo », a déclaré Kalenga à CWR.

    Les agences humanitaires affirment que les hôpitaux sont submergés de blessés et de morts, et des rapports font état de violations flagrantes des droits de l’homme, notamment de viols.

    L'Association des conférences épiscopales d'Afrique centrale (ACEAC), qui regroupe les évêques de la RDC, du Burundi et du Rwanda, s'est réunie dans la capitale tanzanienne, Dar es Salaam, pour tracer la voie vers la paix.

    Dans un communiqué sanctionnant la fin de la réunion, les religieux ont condamné ce qu'ils ont appelé « la culture de mort » dans la région des Grands Lacs et se sont dits préoccupés par le fait que le conflit en RDC pourrait s'étendre pour engloutir les pays voisins.

    « Depuis plus de trois décennies, notre région est en proie à des ruptures de paix à plusieurs niveaux et entre plusieurs niveaux de nos sociétés, aboutissant à des conflits récurrents entre nos Etats. La sous-région est au bord de l’implosion, au risque de créer une flambée généralisée de violences meurtrières », ont déclaré les religieux.

    « Cette situation affecte des régions entières, avec une augmentation exponentielle des pertes en vies humaines : orphelins, veuves et veufs, personnes déplacées et réfugiés. Nous ne pouvons que condamner les événements qui sont à l’origine de ces atrocités et les idéologies qui les ouvrent. »

    Les religieux ont déclaré qu'ils étaient « profondément affectés et blessés » par la tournure que prenaient les conflits et ont exhorté les chefs d'État de la Communauté de l'Afrique de l'Est (CAE) et de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC) « à mettre en œuvre les résolutions de leur sommet conjoint à Dar es-Salaam ».

    Les propositions des chefs d’État de la CAE-SADC

    Le sommet conjoint EAC-SADC, tenu le 8 février 2025, a émis plusieurs directives visant à favoriser la paix et la sécurité dans la région.

    Les chefs de la défense des deux régions ont été chargés d’élaborer des stratégies pour un cessez-le-feu immédiat et inconditionnel, la cessation des hostilités et la fourniture d’une aide humanitaire.

    Il s’agit notamment de rapatrier les personnes décédées, d’évaluer les blessés et d’élaborer un plan de sécurisation pour Goma et ses environs.

    En outre, il leur a été demandé de rouvrir les principales routes d'approvisionnement telles que Goma-Sake-Bukavu, Goma-Kibumba-Rumangabo-Karengera-Rushuru-Bunagana et Goma-Kiwanja-Rwindi-Kanyabayonga-Lubero, ainsi que d'assurer la navigation sur le lac Kivu entre Goma et Bukavu et la réouverture immédiate de l'aéroport de Goma.

    Le sommet a également appelé à l’unification des processus de Nairobi et de Luanda en un cadre unique, appelé Processus Luanda-Nairobi, afin de renforcer et d’améliorer leur complémentarité.

    Elle a souligné la nécessité de reprendre les négociations directes et le dialogue avec tous les acteurs étatiques et non étatiques, y compris le M23, dans ce cadre unifié.

    Le sommet a également ordonné l’élaboration et la mise en œuvre de modalités de retrait des forces armées étrangères non invitées de la République démocratique du Congo (RDC). Il a réaffirmé son engagement à soutenir la RDC dans la sauvegarde de son indépendance, de sa souveraineté, de son intégrité territoriale et dans la réalisation d’une paix et d’une sécurité durables.

    L'ancien président du Kenya, Uhuru Kenyatta, l'ancien président du Nigéria Olusegun Obasanjo et l'ancien Premier ministre éthiopien Hailemariam Desalegn ont été nommés facilitateurs des processus de paix fusionnés de Nairobi et de Luanda, désormais connus sous le nom de processus Luanda-Nairobi.

    Ces dirigeants ont été nommés pour guider les efforts de paix en RDC, en mettant l’accent sur la résolution des conflits et la promotion de la stabilité dans la région.

    « Nous saluons avec foi et espérance la nomination des facilitateurs des processus de Nairobi et de Luanda, désormais fusionnés. Nous les assurons de notre disponibilité à apporter notre contribution à la construction de la paix, dont nous sommes les protagonistes en vertu de notre mission évangélique », ont déclaré les évêques.

    « Nous voulons que nos pays transforment les épées qui tuent en socs de charrue pour le développement de la sous-région », ont-ils déclaré.

    Les évêques de l'ACEAC ont déclaré qu'ils étaient heureux de l'engagement de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) et de l'Église du Christ du Congo (ECC) à mettre en œuvre le plan de paix de l'ACEAC contenu dans les directives de leur réunion à Dar es Salaam.

    « Nos pensées vont à la Conférence Episcopale Nationale du Congo (CENCO) et à l’Eglise du Christ du Congo (ECC) qui s’engagent à promouvoir le Pacte Social pour la Paix et le Bien Vivre en RD Congo et dans toute la sous-région, contribuant ainsi à la mise en œuvre du plan de paix de l’ACEAC », ont déclaré les religieux.

    Le « Pacte social pour la paix et le bien vivre » en République démocratique du Congo (RDC) est une initiative collaborative menée par l’Église catholique (CENCO) et l’Église du Christ au Congo (ECC). Il vise à répondre aux conflits et aux crises humanitaires en cours en RDC et dans la région des Grands Lacs en favorisant la paix, la réconciliation et la cohésion sociale.

    Ses principaux éléments comprennent l’encouragement des méthodes traditionnelles africaines de résolution des conflits, telles que le dialogue sous « l’arbre à palabres », pour rétablir la confiance et résoudre les différends ; la réponse aux besoins des populations déplacées et des victimes de violence, tout en favorisant une coexistence harmonieuse ; l’accent mis sur les principes de l’Ubuntu (Bumuntu), qui prônent l’unité, la collaboration et le respect mutuel ; la mobilisation des communautés, des chefs religieux et de la société civile pour travailler ensemble pour une paix durable ainsi que le renforcement des liens avec les pays voisins pour assurer la stabilité transfrontalière et la coexistence pacifique.

    Ne touchez pas au Congo

    Les évêques ont fait écho aux paroles du pape François lors de sa visite apostolique à Kinshasa en janvier-février 2023 : « Ne touchez pas au Congo, ne touchez pas à l'Afrique », avait alors déclaré le pontife, s'adressant évidemment aux sociétés multilatérales internationales qui exploitent depuis des décennies les vastes ressources minérales du pays.

    La valeur des richesses minérales du pays est estimée à environ 24 000 milliards de dollars. Le pays abrite certains des minéraux les plus essentiels à la transition énergétique mondiale. Par exemple, la RDC est le premier producteur mondial de cobalt, un composant essentiel des batteries pour véhicules électriques et appareils électroniques.

    Malgré son immense potentiel, le pays est confronté à des défis tels que l’instabilité politique, les déficits d’infrastructures et les préoccupations concernant les pratiques minières éthiques, notamment le travail des enfants et les impacts environnementaux.

    Quelque 120 groupes armés, dont certains sont financés par d’autres pays, ont transformé l’est de la RDC, où se trouve la plus grande concentration de minerais, en zone de guerre. Selon les experts, les combats constituent un prétexte pratique pour voler les minerais.

    « Les groupes armés qui sèment la mort abondent dans notre sous-région. Nous leur demandons de cesser de défendre leurs revendications avec des armes qui tuent leurs propres frères et sœurs. Nous demandons à chaque État de mettre en place un cadre efficace de dialogue et d’écoute », ont déclaré les évêques de l’ACEAC.

    Les évêques dénoncent ce qu’ils qualifient d’« idéologies meurtrières propagées ici et là et réclament des enquêtes approfondies pour vérifier les allégations de crimes de génocide, de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité qui ont déjà endeuillé notre sous-région et pour rétablir les droits et la dignité de toutes les victimes sans discrimination ».

    « Notre région doit cesser d’être un lieu de cupidité et d’intérêts mondiaux qui s’affrontent et appauvrissent nos peuples », ont-ils souligné.

    Johan Viljoen, directeur de l'Institut Denis Hurley pour la paix en RDC, a déclaré à CWR qu'une façon de garantir une paix durable est que « toutes les forces étrangères doivent se retirer du Congo, y compris le Rwanda », a-t-il déclaré.

    « Les populations vivant dans l’est de la RDC doivent déterminer leur avenir », a-t-il ajouté.

  • La Communauté de l’Emmanuel va recevoir une visite apostolique

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    Du site de la Communauté de l'Emmanuel :

    Une prochaine visite apostolique de la Communauté de l’Emmanuel

    Lettre adressée aux membres de la Communauté de l'Emmanuel

    6 mars 2025

    Chers frères et sœurs,

    Je tenais par ce message à vous communiquer personnellement une information importante concernant notre communauté.

    Comme vous le savez, les instances de gouvernement de la communauté ont travaillé sur le thème de la gouvernance lors du séminaire d’été de juillet 2024. Ce séminaire a permis de constater qu’il est devenu nécessaire de revisiter nos modes de fonctionnement. Il a mis en évidence des différences d’appréciation entre membres des conseils dans l’analyse et sur les améliorations qui pourraient être envisagées.

    Quatre groupes de travail ont été initiés (cf. communication du 15 août dernier) sur l’internationalité dans la communauté, sur la pastorale des jeunes, sur le rôle du modérateur et sur l’articulation des instances.

    Le conseil international et moi-même avons écrit au cardinal Jean-Marc Aveline, assistant ecclésiastique de la communauté, pour demander l’aide et le conseil de l’Église. Des rencontres ont eu lieu avec lui ainsi qu’avec le cardinal Kevin Farrell, préfet du dicastère pour les Laïcs, la Famille et la Vie, dont nous dépendons.

    Ce 25 février, le cardinal Aveline m’a informé que le cardinal Farrell, au vu des éléments présentés, a estimé qu’une visite apostolique constituait la voie la plus adaptée pour répondre à la demande d’aide extérieure formulée par le modérateur général et le conseil international.

    Cette visite est en cours de préparation et nous vous tiendrons informés de sa mise en œuvre.
    Je rends grâce à Dieu pour cette décision qui permettra un accompagnement soutenu de notre communauté dans cette étape importante pour son avenir.

    Que Notre Dame de l’Emmanuel veille sur nous et que Pierre Goursat intercède pour nous, pour toutes nos missions, pour l’Eglise, et spécialement en ce moment pour le Saint-Père. Catherine se joint à moi pour vous souhaiter un bon carême.

    Bien fraternellement,

    Michel-Bernard de Vregille
    Modérateur Général

    PS : pour approfondir, vous trouverez ci-dessous un questions-réponses.

    Questions-réponses au Modérateur Général

    à l’occasion de l’annonce d’une prochaine visite apostolique

    Michel-Bernard, la Communauté de l’Emmanuel va recevoir une visite apostolique. Qu’est-ce qu’une visite apostolique précisément ?

    Une visite apostolique est une mission confiée par le Pape, via un dicastère du Saint-Siège, à des personnes extérieures et qualifiées pour faire un état des lieux et auditer une communauté, ou évaluer une situation particulière en son sein. Des visiteurs apostoliques sont nommés et chargés de cette mission sur une durée qui va généralement de 3 mois à 1 an. La mission de ces visiteurs apostoliques consiste le plus souvent à observer et analyser la situation pastorale, administrative et financière, vérifier si la vie spirituelle, morale et communautaire est saine, écouter les responsables et des membres de la communauté mais aussi des personnes qui travaillent avec la communauté, notamment des évêques et des témoins extérieurs. A la fin, ils rédigent un rapport détaillé et confidentiel destiné au pape et au dicastère qui les a missionnés. Ce rapport contient des constats, des faits, des avis mais aussi des encouragements et des recommandations pour accompagner la communauté afin d’améliorer ou corriger certains points. Dans certains cas particuliers, les visiteurs peuvent recommander des sanctions si nécessaire. Ce mode d’accompagnement tend à se généraliser et à devenir plus fréquent.

    Il est sain d’accueillir un regard extérieur sur nos modes de fonctionnements internes. C’est dans cet état d’esprit que nous préparons celle-ci.

    Peux-tu nous préciser les raisons de cette visite apostolique ?

    Lors de mon précédent mandat, nous avions discerné en Conseil International qu’il nous semblait nécessaire de prévoir une visite de la Communauté lors du mandat suivant, par des membres de l’Église habilités, extérieurs à la Communauté, afin de faire un point sur la mise en œuvre de ses statuts, les fruits portés, les modes de fonctionnement de notre gouvernance et de nos organisations.

    Tous les ans depuis 2018, nos séminaires d’été qui réunissent les instances de gouvernance de la Communauté et de l’ACCE (Association Cléricale de la Communauté de l’Emmanuel), ont nourri ces réflexions.

    Avec près de 13 000 membres dans le monde entier, la Communauté de l’Emmanuel est devenue un gros bateau. Nous sommes confrontés à de nombreux enjeux internes : la croissance de la Communauté, les réalités internationales très différentes, la nécessité d’inculturation du charisme et la complexité de notre organisation. La Communauté doit absolument se préparer pour l’avenir à répondre en Église aux défis de notre temps.

    Le séminaire d’été de cette année, consacré au thème de la gouvernance, a permis de constater qu’il est devenu nécessaire de revisiter notre organisation et nos modes de fonctionnements.

    Cela a abouti au lancement de quatre groupes de travail sur les thèmes suivants (cf. mon intervention du 15 août dernier) :
    – La pastorale des jeunes
    – Internationalité & interculturalité
    – Le rôle du Modérateur Général
    – L’articulation entre nos différentes instances

    Avant et depuis ce séminaire d’été, nous avons vécu des tensions au sein du gouvernement de la Communauté autour de ces sujets et nous avons constaté que nous n’arriverions pas à avancer seuls.

    Le Conseil International et moi-même avons donc écrit au Cardinal Aveline, qui est notre assistant ecclésiastique, pour solliciter l’aide et le conseil de l’Église. Des rencontres ont eu lieu avec lui, ainsi qu’avec le Cardinal Farrell, préfet du dicastère pour les Laïcs, la Famille et la Vie, dont nous dépendons. J’ai envoyé début octobre au dicastère un rapport formel sur la communauté évoquant notre situation actuelle et les questions que nous nous posions.

    A la suite de toutes ces étapes, le Cardinal Aveline m’a informé qu’au vu des éléments présentés, le Cardinal Farrell estimait qu’une visite apostolique constituait la voie la plus adaptée pour répondre à notre demande.

    Comment va se dérouler cette visite pour la Communauté ?

    Je vais me rendre à Rome prochainement pour recevoir du cardinal Farrell les éléments utiles à sa préparation. Lorsque les visiteurs auront été nommés par le Cardinal Farrell, ceux-ci décideront les modalités précises de cette visite. Ils décideront en particulier librement des personnes qu’ils veulent rencontrer, en France et dans le monde entier. Toute personne pourra également demander à être entendue par les visiteurs.

    Comment devons-nous aborder ensemble cette perspective ?

    En premier lieu, je rends grâce à Dieu pour cette décision car je suis convaincu qu’il est bon de se laisser regarder par l’Église. Je pressens le travail très important que cela va demander. Je suis aussi conscient que cette visite va entrainer des questionnements et que nous devrons y répondre.

    Le monde change et, comme j’ai eu l’occasion de le dire lors de plusieurs interventions, la Communauté de l’Emmanuel est à une période importante de son histoire. Nous avons 50 ans d’existence. Les statuts canoniques de la Communauté de l’Emmanuel, en lien étroit avec les statuts de l’ACCE, sont reconnus par l’Église. Nous sommes dans une étape de passation entre les générations dans la Communauté. Nous avons d’ailleurs été très nourris lors des séminaires et des élections générales, notamment par les interventions du Cardinal Aveline ainsi que par les écrits et les enseignements de Luigino Bruni, un universitaire italien issu de la Communauté de Focolari qui a beaucoup travaillé sur les étapes de croissance dans les communautés.

    Aussi mon souhait le plus profond est que, lorsque nous aurons terminé ce travail avec l’Église, la Communauté accueille toujours davantage ce que l’Esprit Saint lui inspire pour être toujours plus au service du Christ, dans l’Église, et d’annoncer sa miséricorde. A ce titre, la sortie de l’encyclique du pape François sur le Cœur de Jésus a été un cadeau et un véritable encouragement. Il en est de même pour la reconnaissance de l’héroïcité des vertus de notre fondateur Pierre Goursat.

    Qu’est-ce que tu as envie de dire à tes frères et sœurs de communauté ?

    Chaque fois que je me déplace, y compris hors de France, je suis témoin de la générosité des frères, de leur dynamisme dans la mission, de leur attachement à l’Église. Je constate une belle vitalité de la Communauté et j’en rends grâce.

    C’est pourquoi, en nous appuyant sur le discernement de l’Église nous sommes confiants dans les fruits que va porter cette visite car, par elle, c’est Jésus qui nous accompagne.

    Oui, nous pouvons être dans l’action de grâces, parce que réellement, cette visite apostolique est un cadeau que nous fait l’Église pour nous accompagner. A travers elle, l’Esprit Saint va faire toujours toutes choses nouvelles.

    Je compte donc sur votre prière à chacun pour que cette visite soit pleinement féconde. Que Marie, Mère de l’Église et Mère de l’Emmanuel nous donne de la vivre comme une “Visitation” !

  • Nigéria : le père Sylvester Okechukwu a été tué le mercredi des Cendres, quelques heures après son enlèvement

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    Une dépêche de l'Agence Fides :

    AFRIQUE/NIGÉRIA - Le père Sylvester Okechukwu a été tué le mercredi des Cendres, quelques heures après son enlèvement

    6 mars 2025
     

    Abuja (Agence Fides) – Un prêtre catholique a été enlevé puis tué dans le nord du Nigeria. Il s'agit du Père Sylvester Okechukwu, Curé de la Paroisse Sainte Marie de Tachira, dans la zone de gouvernement local de Kaura, dans l'Etat de Kaduna.

    Selon les informations communiquées par le diocèse de Kafanchan, le père Okechukwu a été enlevé à son domicile de Tachira le 4 mars 2025, entre 21 h 15 et 21 h 40. Son corps a été retrouvé hier, le 5 mars.

    « Après avoir été enlevé par ses ravisseurs, père Sylvester a été cruellement assassiné aux premières heures du mercredi 5 mars, jour des Cendres. La raison de son assassinat reste encore à établir », affirme le communiqué signé par le père Jacob Shanet, chancelier du diocèse de Kafanchan.

    « Cette perte prématurée et brutale nous a laissé le cœur brisé et dévasté. Le père Sylvester était un serviteur dévoué de Dieu, qui a travaillé de manière désintéressée dans la vigne du Seigneur, répandant un message de paix, d'amour et d'espoir. Il était toujours disponible et chaleureux avec ses paroissiens. Sa mort prématurée a laissé un vide indélébile dans notre famille diocésaine et nous partageons la douleur de sa disparition avec sa famille, ses amis et tous ceux qui le connaissaient et l'aimaient », poursuit le communiqué.

    « Unissons-nous en prière comme une seule famille pour le repos de son âme. Nous invitons tous les prêtres, les religieux et les fidèles à offrir des messes, des rosaires et des prières pour le repos éternel du père Sylvester, qui a donné sa vie au service de Dieu et de l'humanité.

    Nous voulons inviter nos jeunes et les membres de la communauté à rester calmes et fermes dans la prière », conclut-il.

    L'enlèvement du père Okechukwu a eu lieu deux jours seulement après qu'un autre prêtre et un séminariste aient été enlevés dans l'État d'Edo au Nigeria (voir Fides 4/3/2025). (LM) (Agence Fides 6/3/2025)

  • « Critères » : une nouvelle collection de petits livres pour reconstruire sur du solide

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    De "Caelum et terra" (Philippe Maxence) :

    Il nous semble qu’il faut assurer les fondations intellectuelles et morales, transmettre les bons critères de discernement pour reconstruire sur du solide. "

    « Critères », c’est justement le nom d’une nouvelle collection de petits livres que nous venons de sortir. J’ai pensé qu’il ne serait pas inintéressant de découvrir ce petit arsenal de la reconquête à travers sa présentation par le directeur de la collection, le professeur Joël Hautebert

    Avant que vous découvriez son propos ci-dessous, je voudrais mettre en relief un aspect qui me semble important. 

    Cette collection n’est pas un acte isolé. Elle est l’œuvre commune d’un ensemble de personnalités, jeunes pour la plupart, engagées dans la vie professionnelle, à des postes importants et qui veulent mettre leur compétence, leur savoir et ceux de leurs réseaux au service du bien commun pour préparer l’avenir. 

    L’isolement est aujourd’hui l’un des facteurs les plus importants de la démission, du désintéressement, de la perte de confiance et d’espérance. 

    Le miracle, car c’en est un, c’est que les membres du comité scientifique, qui pilotent la collection « Critères » avec le professeur Hautebert, aient pu se connaître et se rencontrer alors qu’ils viennent d’horizon et de formation différents. Mais ils se sont retrouvés, non pour des aspects mondains, mais pour l’essentiel : assumer notre héritage, l’expliciter et le rendre vivant, le transmettre et préparer ainsi la reconstruction qui devient de plus en plus urgente. 

    Je laisse maintenant la parole à Joël Hautebert pour présenter plus précisément la collection « Critères ». Je ne peux évidemment que vous inviter à lui faire un excellent accueil.

    | Vous lancez avec les Éditions Hora Decima une nouvelle collection : « Critères ». Ce nom annonce-t-il un programme ?

    Joël Hautebert : Je ne pense pas qu’au sens le plus strict du terme le titre de la collection annonce un programme, mais il est vrai que nous visons des objectifs qui s’y apparentent. Les questions politiques et anthropologiques constituent l’axe central des publications que nous allons proposer au lecteur à partir de ce mois de mars. Puisque tout s’y rattache à divers degrés, une grande variété thématique est bien sûr envisageable.

    Cependant, notre objectif n’est pas de cumuler des publications, mais de les proposer au public de manière ordonnée, en établissant autant que possible des liens entre elles. Cela permettra de concevoir un ensemble homogène, intégrant des sujets en prise directe avec l’actualité. Alors, oui, il est possible de parler de programme.

    Quant au choix du mot « critères », il nous a semblé que l’idée sous-jacente de discernement inclut fermeté et souplesse. Nous devons tous rechercher un jugement juste et approprié sur ce qu’il faut faire, sur la finalité et les méthodes de nos engagements. Toute action étant guidée par une pensée, celle-ci doit toujours ramener à ce qui est, c’est-à-dire être en adéquation avec le réel et ordonnée, loin des idéologies qui dominent l’espace public.

    Il existe un grand nombre de termes avoisinants, souvent métaphoriques, qui suggèrent plus ou moins la même chose, renvoyant toujours à l’idée d’une épine dorsale, d’une colonne vertébrale, voire pourquoi pas d’un squelette, structurant un ensemble doctrinal. Or, dès qu’il est question de doctrine, il faut user de bien des précautions pour en cerner en même temps l’importance et les limites.

    Si je puis me permettre de poursuivre dans l’usage des métaphores, si un homme squelettique est décharné et sans énergie pour agir, un homme dépourvu de colonne vertébrale ne serait qu’une matière informe, sans élévation ni hauteur de vue. Par ailleurs, une pensée adossée à la philosophie réaliste qui rend compte de la complexité du réel ne doit pas être confondue avec un système mécanique.

    | Les trois premiers ouvrages s’intéresseront à Nietzsche, à la liberté de l’Église et à la cohérence de la déconstruction. Pourquoi commencer par-là ? Quel sera le fil conducteur de votre collection ?

    Puisque « Critères » renvoie au discernement, il faut aussi comprendre que celui-ci repose principalement sur les vérités qui permettent de tendre vers « la tranquillité dans l’ordre », suivant les mots de saint Augustin, qui implique aussi la liberté de l’Église nécessaire à l’accomplissement de sa mission. Voilà le fil conducteur, dont témoignent les trois premières publications.

    L’ouvrage Cohérence de la déconstruction (Joël Hautebert) est « programmatique », pour reprendre votre terminologie, dans la mesure où, à partir du désordre actuel, il donne les pistes qui seront ultérieurement explorées, tant au sujet des agents de la déconstruction en révolte depuis des siècles contre l’ordre des choses, qu’au sujet des fondements de ce dernier qui est, insistons sur ce point, tout sauf un système.

    Le livre Nietzsche ou l’exultation de la transgression (Jean-Marie Vernier) est une première illustration d’étude critique, en l’occurrence de la pensée d’un philosophe qui exerce aujourd’hui une influence dans des milieux dits « antimodernes » en raison de l’aspect réactionnaire de certains de ses propos, alors que les principes qui l’animent (définition de l’homme, origine de la morale…) vont à l’encontre de l’ordre des choses. Il y aura régulièrement des publications de ce type.

    L’Église hors-la-loi ? (Cyrille Dounot) traite des graves atteintes actuelles à la liberté de l’Église qui, comme l’indique le titre de l’ouvrage, tend à être jetée progressivement et contre son gré dans la situation d’un bandit, comme si l’enseignement de l’Église était un danger pour la société. Ce constat alarmant n’est pas un dérapage momentané mais bien le résultat d’un mouvement plus profond, auquel la collection espère apporter quelques éléments de réponse.

    | Pourquoi avoir choisi un format réduit ? Visez-vous un public précis ?

    Notre choix délibéré est de créer une collection de livres au format de poche, comprenant un nombre de pages sensiblement identique pour toutes les publications. Cela implique que tous les sujets abordés seront traités de manière synthétique.

    Cependant, ces sujets seront en général précis, puisque les multiples thèmes annexes du sujet traité feront également l’objet d’une publication. Il sera ainsi toujours possible d’accéder à une connaissance vaste et approfondie en lisant plusieurs ouvrages de la collection. Ce format réduit n’empêche nullement une grande rigueur intellectuelle, sans académisme, ce qui veut dire que la lecture doit être à la fois nourrissante et peu chronophage. Ces livres seront ainsi accessibles à un lectorat peu enclin à se tourner vers des ouvrages volumineux.

    | Cette collection est dirigée par un comité scientifique. De qui est-il composé et quel est son rôle ?

    Puisque la collection vise à proposer des ouvrages de manière ordonnée, le conseil scientifique a pour mission principale d’en choisir les thèmes et leurs auteurs. Il assure ainsi l’homogénéité de la collection. Cette tâche passe aussi par la relecture des manuscrits, comme dans toute bonne collection d’ailleurs.

    Pour l’instant, ce conseil est composé de six personnes. Jean-Marie Vernier (professeur de philosophie), Adrien Peneranda (maître de conférences en sciences de gestion), Nicolas Warembourg (professeur de droit), Laurent de Capellis (cofondateur des Éditions Hora Decima), Philippe Maxence (directeur de Hora Decima), Joël Hautebert (professeur de droit).

    Les auteurs sont et seront choisis en fonction de leurs compétences pour traiter les thèmes déterminés par le conseil scientifique, conformément à la ligne éditoriale de la collection dont j’ai parlé précédemment.

    | Pouvez-vous déjà nous annoncer d’autres titres pour l’année qui arrive ?

    Oui, bien sûr. Nous avons entamé ce travail éditorial depuis sept mois, ce qui nous permet d’annoncer qu’une quinzaine de livres sont déjà programmés entre ce mois-ci et la fin du printemps 2026, dont dix en 2025. À titre d’exemple, je vous donne quelques-uns des thèmes de ces prochaines publications : dans le domaine des principes du politique, l’homme animal politique (Guillaume Bergerot), l’amitié politique (Philippe Pichot), le bien commun (Sylvain Luquet), l’autorité (Guilhem Golfin) ; au sujet des pratiques et doctrines subversives, la société technicienne (Adrien Peneranda), le fascisme (Frédéric Le Moal).

    D’autres sont également prévus dans les mois à venir, y compris sur le thème de l’art et de la beauté. Les thèmes à aborder ne manquent pas et nous avançons déjà sur les publications ultérieures, tout en sachant que nous sommes aussi réactifs aux sujets qui peuvent surgir dans l’actualité et mériter une étude approfondie.

    Propos recueillis par Marguerite Aubry

  • PMA, GPA : un cas emblématique qui interroge

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    De gènéthique :

    PMA, GPA : Omerta sur le sort de l’enfant

    3 mars 2025

    Krystena Murray, une Américaine de 38 ans ayant eu recours à une fécondation in vitro, a donné naissance à un enfant noir alors que ni elle, ni le donneur de gamètes ne le sont. La clinique a reconnu son « erreur » : l’embryon d’un autre couple lui a été implanté (cf. « Mère porteuse contre son gré » : une Américaine perd la garde de l’enfant qu’elle a porté). Une histoire qui finalement met en avant la douleur de la femme qui s’est vue « transformée en mère porteuse contre son gré », là où nul n’évoque le drame subi par l’enfant dont la souffrance, l’intérêt supérieur, sont ignorés. Anne Schaub, psychothérapeute spécialisée depuis près de 25 ans dans l’analyse et le traitement des mémoires prénatales, analyse pour Gènéthique les enseignements de cette histoire. Décryptage.

    Ce qu’a vécu Krystena Murray est une véritable tragédie. On est bien entendu choqués face à l’histoire de cette mère trompée. Mais l’attention ne porte que sur elle. Qui, dans d’autres histoires, s’émeut de l’enfant que l’on trompe en l’implantant à dessein et sans rien lui demander dans le ventre d’une inconnue, pour ensuite, toujours sans son accord, le rendre, le vendre, aux parents commanditaires avec ou sans lien génétique, comme c’est le cas dans toute GPA ? Eu égard à ces enfants, qui ose parler d’« erreur »? Ces pratiques sont acceptées sans réflexion de fond. L’enfant est sans voix, sans parole pour contester. Il ne peut, comme cette mère le fait, réclamer justice.

    Une souffrance silencieuse

    Krystena Murray explique qu’elle ne pourra jamais se remettre de cet arrachement, et de toute évidence, on peut la comprendre. Que dire des enfants nés de GPA, comme Olivia Maurel qui, au prix de luttes psychiques obsédantes cherchent à s’en remettre ? (cf. Olivia Maurel née par GPA : « Il n’y a pas et il n’existera jamais de GPA dite “éthique” »)

    Les enjeux pour les enfants nés de PMA avec donneur, ne sont pas moindres (cf. « L’AMP avec tiers donneur n’est pas quelque chose d’anodin » ni pour les receveurs, ni pour le donneur). La vie qui commence en laboratoire, dans une boite de Petri, prive dès le départ l’enfant de l’enveloppe charnelle maternelle, riche d’une quantité de transmission d’affects. L’engendrement est une histoire souterraine, silencieuse, mais qui peut se révéler bruyante dans la vie. Combien souffrent en silence car embrigadés dans d’inextricables conflits de loyauté, doublés d’une dette d’existence ? (cf. PMA avec donneur : une « dette existentielle » ?). Olivia Maurel témoigne de la rencontre avec de nombreux enfants nés de GPA : ils se taisent en raison de la terreur qu’ils éprouvent à l’idée de perdre à nouveau leurs parents. Peu sont prêts à affronter une telle situation. Olivia Maurel l’a fait… elle endure la réaction de rupture avec ses parents. En dépit de cela, elle ne leur en veut pas, incriminant le système !

    Des pratiques contre-nature

    D’une part la société met en exergue la primauté du lien génétique, au point d’arracher un enfant à la mère qui l’a porté « par erreur » pour le rendre aux parents génétiques, mais trouve banal et consent, sans sourciller, aux procréations techniques avec donneurs.

    Le témoignage de Krystena Murray interpelle : bien qu’elle se rende compte que ce n’est pas son bébé génétiquement parlant, c’est la chair de sa chair qu’on lui arrache. Elle aurait voulu garder cet enfant.

    Cette mère, convaincue de porter son enfant, s’y est attachée. Est-ce à dire que tout dépendrait de la pensée ? Une mère porteuse, sachant que l’enfant porté n’est pas le sien, aurait-elle plus de facilités à ne pas s’attacher à l’enfant ? Notons que le « détachement » est l’injonction faite aux mères porteuses par les agences de GPA. Mais ces femmes se fourvoient elles-mêmes. Elles croient pouvoir le faire, sans réaliser que la nature humaine et ses principes fondateurs peuvent reprendre le dessus. La symphonie hormonale propre à toute grossesse met en effet tout en œuvre dans le corps de la mère pour que « ce » petit embryon devienne « son bébé », et s’y attache. Il serait d’ailleurs intéressant de mener des études relatives à la dépression du post-partum chez les mères porteuses. Qu’elle soit plus fréquente chez les mères porteuses étant donné ce facteur hormonal créant de facto biologiquement l’attachement réciproque, n’étonnerait personne. Quant au microchimérisme fœtal, il atteste de la conservation de cellules fœtales dans la moëlle sanguine des femmes jusqu’à 30 ans après chaque fœtus porté (cf. Microchimérisme : « Nous nous construisons d’emblée par et avec les autres »). Ainsi, il y a de fortes chances pour que l’enfant porté par une mère porteuse et dont elle s’est séparée, se rappelle à elle au long de sa vie.

    « Rien ne peut exprimer le choc et la violation que représente le fait d’apprendre que votre médecin a introduit dans votre corps l’embryon d’une inconnue », déclare Krystena Murray. Bien sûr ! La femme n’est pas faite pour porter l’embryon de quelqu’un d’autre. Aucun mammifère ne procède ainsi, contre-nature. Une femme qui accepte d’être mère porteuse s’oblige à éteindre certains « interrupteurs humains ». Elle s’oblige à un clivage, se coupant de son instinct de maternité afin de permettre un procédé parfaitement contre-nature, « anti-maternel ». Le monde s’affole au sujet de l’écologie de la nature, mais, qu’en est-il des folies réalisées dans le domaine de l’engendrement, témoignant d’une absence d’écologie de l’Homme à l’aube de la vie ? C’est l’objet de mon prochain livre.

    Une omerta sur le sort de l’enfant

    Induire une séparation psychique avec l’enfant porté, est un facteur traumatique qui s’inscrit dans les premiers plis de la vie de l’embryon. Le besoin primordial pour l’enfant étant précisément la qualité d’attachement maternel, source d’influence dans son devenir affectif et relationnel. Quoi qu’il se passe pour la femme enceinte, l’enfant, sous peine de se perdre, s’attachera.

    Cet enfant de cinq mois porté par Krystena Murray est arraché des bras de celle qui, pour lui, est bien sa mère, celle qui l’a bercé, nourri de son sang et à qui il est attaché de tous ses sens et de tout son être. C’est un drame innommable, une blessure d’abandon qui le marque à vie. Or on n’en parle pas. Si des voix s’élèvent, c’est essentiellement autour de la femme, les féministes s’opposant d’ailleurs – à juste titre – à l’utilisation de la femme, quasiment réduite en esclavage par la maternité de substitution. Mais qui se soucie du plus vulnérable, de celui qui n’a pas de voix : l’enfant ? Instrumentalisé, manipulé par la technique, il devient l’objet des désirs les plus fantasques, au détriment de sa dignité de sujet.

    Ce silence, cette omerta sur le sort de l’enfant interroge. Si l’infortune de cette mère scandalise, des choix adultes ont cependant été faits dès le départ. L’enfant quant à lui, n’a aucun choix, il ne peut que subir.

  • Euthanasies en hausse, augmentation des « polypathologies » : la Commission de contrôle belge rend son rapport bisannuel

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    Une synthèse de presse de gènéthique.org :

    Euthanasies en hausse, augmentation des « polypathologies » : la Commission de contrôle belge rend son rapport bisannuel

    25 février 2025

    Le 22 janvier dernier, la Commission fédérale de contrôle et d’évaluation de l’euthanasie a publié son rapport bisannuel. Une obligation qui lui est faite par la loi belge du 28 mai 2002. La Commission est en effet chargée de « vérifier, sur la base de documents d’enregistrement qui doivent lui être transmis, si l’euthanasie a été pratiquée conformément aux conditions et à la procédure prévus par la loi ». Ce onzième rapport traite des années 2022 et 2023.

    Les euthanasies toujours en hausse

    Les chiffres officiels recensent 33 615 euthanasies depuis 2002. Avec 3423 euthanasies pratiquées, l’année 2023 a enregistré une hausse de 15% par rapport à 2022.

    La Commission précise toutefois qu’elle « n’a pas la possibilité d’évaluer la proportion du nombre d’euthanasies déclarées par rapport au nombre d’euthanasies réellement pratiquées ». Un rappel qu’elle effectue dans tous ses rapports.

    L’augmentation des « polypathologies »

    Bien qu’une mineure ait été euthanasiée, 70,3% des personnes l’ayant été sur la période étaient âgés de plus de 70 ans. Plus de la moitié étaient atteintes de cancer. A la deuxième place viennent les polypathologies, « une combinaison de maladies évolutives, non améliorables et de plus en plus handicapantes ».

    Parmi ces 1375 personnes, 45% ont indiqué souffrir d’affection du système musculosquelettique, avec troubles articulaires, 27% de « troubles croissants de la vue ». Ainsi, la moitié des patients décédés après une euthanasie alors que leur mort n’était pas « attendue à brève échéance » souffrait de polypathologies (soit 611 personnes).

    En effet, comme le relève la Commission, « la polypathologie est associée au processus de vieillissement que subissent les patients ». Ce qui « revient à pathologiser la vieillesse pour justifier d’y mettre un terme prématurément via l’euthanasie », souligne l’Institut européen de bioéthique.

    Depuis la dépénalisation de l’euthanasie, la proportion des patients atteints de polypathologies est en « hausse constante ». Elle a atteint 23% en 2023.

    Des euthanasies de personnes autistes ou anorexiques

    Les troubles cognitifs [1] ont concerné 83 personnes euthanasiées en 2022-2023, les affections psychiatriques 74. Plus précisément, 36 personnes souffraient de troubles de l’humeur (dépression, bipolarité, …), 10 personnes de troubles de la personnalité et du comportement, 9 personnes de trouble de stress post-traumatique, de trouble dissociatif et de trouble anxieux, 6 personnes de schizophrénie et troubles schizo-affectif et de troubles délirants, 3 personnes de troubles mentaux organiques comme l’autisme, 3 personnes de syndromes comportementaux comme l’anorexie.

    En outre, 38 personnes ont été euthanasiées sur la base d’une déclaration anticipée. Des personnes dans un « état de coma jugé irréversible » au moment où le médecin a mis fin à leur vie. Actuellement, une proposition de loi visant à autoriser l’euthanasie de personnes incapables d’exprimer leur volonté au moment de l’acte, comme des patients atteints de la maladie d’Alzheimer, est en cours d’examen à la Chambre (cf. « Aide médicale à mourir » : le Québec autorise les demandes « anticipées »).

    Des décès précipités

    Dans 19% des cas répertoriés, le décès des patients n’était pas « attendu à brève échéance ». Un chiffre en augmentation. Pour la Commission, les euthanasies pratiquées sur la base d’une déclaration anticipée ne relèvent pas de cette catégorie. Une « interprétation unilatérale » de l’instance qui associe ainsi le fait d’être « irréversiblement inconscient » à un décès attendu à brève échéance.

    Des médecins militants ?

    La procédure prévoit que le médecin qui reçoit la demande doive consulter un autre médecin. Seuls 3% des médecins consultés étaient formés aux soins palliatifs. En tout état de cause, « un patient, en vertu de la loi sur les droits du patient, a la faculté de refuser un traitement palliatif ou un soin palliatif qui allègerait sa souffrance ».

    Un tiers des médecins « indépendants » consultés avaient à l’inverse suivi une formation dispensée en collaboration avec l’Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité [2]. Dans 1.9% des cas, les praticiens avaient reçu les deux formations.

    Des euthanasies pour donner ses organes ?

    Les médecins ne sont pas tenus de mentionner le don d’organes dans la déclaration qu’ils effectuent mais cela a été fait pour 12 patients. Pour 9 d’entre eux, le décès n’était pas attendu à brève échéance (cf. Belgique : les euthanasies en hausse, les prélèvements d’organes aussi).

    « La vérification de la qualité des organes implique en amont des analyses médicales sur le patient, ce qui tend à fragiliser son consentement libre à être euthanasié », pointe l’Institut européen de bioéthique. En outre, « la possibilité de donner ses organes après une euthanasie permettrait, chez certains patients, de donner du sens à la mort ». Une adolescente de 16 ans atteinte d’une tumeur au cerveau a choisi de le faire en 2023 (cf. Eva, 16 ans : une euthanasie et 5 organes prélevés).

    Un contrôle de façade ?

    La Commission « s’en tient aux déclarations qui lui sont remises par le médecin et n’a donc aucun moyen de vérifier la véracité de ces déclarations », rappelle l’Institut européen de bioéthique.

    Dans son rapport l’instance se plaint de son manque de moyens, financiers comme humains, « risquant à terme de fragiliser son fonctionnement ». (cf. Belgique : la Commission de contrôle de l’euthanasie est débordée). Elle appelle ainsi à « la création d’un département dédié à l’euthanasie, qui regrouperait l’ensemble des compétences administratives, scientifiques et communicationnelles nécessaires à une gestion modernisée ».

    Dans 24.8% des dossiers, la Commission a demandé de lever l’anonymat de la déclaration afin d’obtenir un « complément d’information » auprès du médecin déclarant. Il s’agissait d’« imperfections dans les réponses, d’erreurs d’interprétation concernant les procédures suivies, de plusieurs points insuffisamment/mal complétés ou non complétés, de points de procédure qui n’ont pas été suivis correctement, etc. ».

    La Commission veut toutefois rassurer sur le fait que « ces déclarations ne remettaient pas en cause les conditions légales ». Ce qu’interroge l’Institut européen de bioéthique. Selon lui, au fil des rapports bisannuels, la Commission fédérale « interprète très librement le texte de la loi jusqu’à réduire à néant le contrôle qu’elle doit exercer sur un certain nombre de conditions légales [3] ».

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    [1] démence

    [2] médecins LEIF/EOL (LevensEindeInformatieForum / Forum EndOfLife)

    [3] « subjectivité du caractère insupportable de la souffrance, gravité de l’état de santé du patient du fait d’une combinaison de pathologies qui ne sont pas graves en elles-mêmes, interprétation large du critère de décès prévu à brève échéance, distinction entre les conditions substantielles et non  substantielles, ces dernières ne justifiant pas un renvoi au procureur du Roi, … »

    Source : Institut européen de bioéthique, Analyse du onzième Rapport de la Commission Fédérale belge de Contrôle et d’Évaluation de l’Euthanasie aux Chambres Législatives (14/02/2025)