De Samuel Pruvot sur le site de Famille Chrétienne :
Exclusif : l’état d’esprit du cardinal Barbarin à la veille de son procès
26/11/2019
À la veille de son procès, nous avons rencontré le cardinal Barbarin
Le cardinal Barbarin a déjà été condamné, le 7 mars 2019, à six mois de prison avec sursis pour non-dénonciation d’agressions pédophiles. A la veille de son procès en appel qui va s’ouvrir le 28 novembre prochain il se confie à Famille Chrétienne.
C’est dans un contexte lourd, parfois irrationnel et chargé de douleur, que nous avons pu rencontrer le cardinal. Sans évoquer avec lui le fond du procès, il est revenu sur cette longue période de retrait et aussi sur son état d’esprit en une heure si grave.
Manifestement, le cardinal veut croire en la justice : celle des hommes et celle de Dieu. Mais il a bien noté que le climat était rude. Les attaques du Nouvel Obs ont donné le ton et les proches du cardinal s’attendent à tout.
« Je remercie le bon Dieu parce qu’il m’a gardé en paix dans cette tempête » confie à Famille Chrétienne le cardinal Barbarin. Comment a-t-il réagi en découvrant l’enquête à charge parue le 20 novembre dans L’Obs ? Sans doute fut-il d’abord abasourdi par le nombre des attaques ad hominem contre lui. Frédéric Martel, l’auteur du livre Sodoma, jette en effet le soupçon partout à défaut d’apporter des preuves : « attrait pour le pouvoir », « immaturité affective », proximité avec le « le pénisme, la Franc-maçonnerie », « homosexualité refoulée », « amour de l’argent. » Mais l’avalanche ne s’arrête pas là. Frédéric Martel donne aussi la parole à un ancien séminariste du diocèse de Lyon, aujourd’hui marié, qui accuse le cardinal de « harcèlement moral et sexuel. » N’en jetez-plus… Les avocats du cardinal ont jugé la parution « abracadabrantesque » : « Nous regrettons la parution d’une “enquête”, ou se voulant telle (…) à quelques jours de l’audience d’appel devant la cour de Lyon » qui aura lieu le 28 novembre. Les plaignants eux-mêmes ont douté de la qualité de cet article à charge.
Le cardinal a changé de vie depuis sa condamnation le 7 mars 2019 à six mois de prison avec sursis dans l’affaire Preynat. Il est désormais en retrait. « J’ai énormément de choses à ranger, explique-t-il, et je suis loin d’avoir terminé. Ces derniers temps, j’ai classé et organisé plusieurs milliers de livres pour les envoyer à Madagascar. » Une île de l’océan indien où il a laissé une partie de son cœur après y avoir passé quatre années comme prêtre fidei donum.
Cet homme avide de contacts n’a pas renoncé pour autant à la vie sociale ou plus exactement à son ministère sacerdotal : « J’ai du temps pour recevoir et pour faire de l’accompagnement spirituel. Je peux aller voir des gens qui souffrent, des pauvres, des gens abimés par l’alcool ou la drogue, des victimes de pédocriminalités. » A propos justement des victimes du père Preynat, il aime à répéter « Je suis plus sensible à leurs souffrances qu'à la mienne ». Il n’a donc pas varié de sentiment depuis son interview au journal Le Monde (12 août 2017) : « Pour elles, la souffrance est aussi brûlante qu'il y a trente ans, au premier jour, explique-t-il, pour elles, il est révoltant et inadmissible que le père Preynat ait pu continuer à être prêtre ».