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Débats - Page 183

  • KTO : Traditionis Custodes, dialogue sans langue de buis

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    Le motu proprio Traditionis custodes du pape François et les responsa du Vatican publiées en décembre restreignent de manière importante l’usage du missel de 1962, d’avant le Concile Vatican II. Les réactions du monde tradi sont extrêmement vives : colère, incompréhension, douleur, incertitudes. Comment comprendre cette décision du pape ? Quel impact pour les catholiques attachés à ce qu’on appelait depuis 2007 la forme extraordinaire du rite romain ? Qu’implique la fidélité au successeur de Pierre ? Quel chemin possible ? Nous en parlerons sans langue de buis avec l’abbé Guillaume de Tanouärn, de l’Institut du Bon pasteur, Christophe Geffroy, directeur de La Nef, Mgr Dominique Lebrun, co-responsable de l’instance de dialogue établie par la Conférence des évêques de France et le Frère dominicain Henry Donneaud. Vous aussi, vous pouvez nourrir ce débat par vos questions. Par mail à sanslanguedebuis@ktotv.com Traditionis custodes sans langue de buis, c’est ce vendredi en direct à 20h40 sur KTO et ktotv.com :

     

  • Cour Européenne des Droits de l'Homme : le lobby mondial de l’avortement s’acharne sur la Pologne

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    De gènéthique.org :

    CEDH : le lobby de l’avortement s’acharne sur la Pologne

    Publié le 20 Jan, 2022

    Durant les derniers mois, la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a accepté de juger plus de 15 requêtes introduites contre la Pologne par ou avec le soutien du lobby de l’avortement, donnant lieu à une nouvelle instrumentalisation politique de la CEDH (cf. Avortement : la CEDH notifie à la Pologne 12 requêtes). Le lobby mondial de l’avortement est mobilisé sans précédent, alors même que ces requêtes devraient pour la plupart être jugées irrecevables. Plus encore, ces requêtes constituent une offense aux personnes handicapées, car 14 d’entre elles se plaignent de l’impossibilité de supprimer les enfants handicapés avant leur naissance. Ces requêtes mettent aussi en question l’impartialité de la Cour et du greffe dès lors que plusieurs d’entre eux ont travaillé pour des organisations parties prenantes, ou ont milité publiquement en faveur de la libéralisation de l’avortement en Pologne.

    Supprimer un enfant à naître parce qu’il est handicapé est-il un droit de l’homme ?

    C’est ce que soutient une coalition d’organisations devant la Cour européenne des droits de l’homme. Elle conteste la décision du Tribunal constitutionnel polonais d’abolir l’avortement eugénique par respect pour la dignité humaine, adoptée par un jugement du 22 octobre 2020 dans l’affaire K 1/20. Ce jugement a eu pour effet de protéger la vie de plus d’un millier d’enfant handicapés – la plupart trisomiques – avortés chaque année jusqu’alors. L’ECLJ était intervenu en défense de la vie humaine (voir ici nos observations). Le lobby mondial de l’avortement s’est alors mobilisé de façon inédite pour remettre en cause ce jugement devant la CEDH, et imposer la pratique de l’avortement eugénique en Pologne.

    Pour rappel, l’avortement a été légalisé en Pologne pour la première fois par l’occupant nazi – comme arme démographique – avant d’être étendu et promu par l’occupant soviétique. En 1993, après la chute du régime communiste, une nouvelle loi limite la possibilité d’avorter aux cas de grossesses résultant d’un acte illégal (viol, inceste, etc.), d’une malformation grave du fœtus, ou de risque pour la vie ou la santé de la femme enceinte. Le nombre d’avortements annuel fut ramené de plus de 100.000 à un millier.

    Cette affaire est cruciale : au plan politique, elle montre comment la CEDH peut être instrumentalisée par des « ONG », au risque de mettre en cause son impartialité ; au plan juridique, elle pose une nouvelle fois la question du « droit à l’eugénisme ».

    Une nouvelle instrumentalisation de la Cour

    Le 2 novembre 2020, la Fondation Helsinki de Varsovie a invité les femmes désireuses de contester la décision du Tribunal constitutionnel à se manifester auprès d’elle pour obtenir de l’aide afin de déposer des requêtes auprès de la CEDH[1]. De même, le 1er avril 2021, la Federation for Women and Family Planning (FEDERA) de Pologne a invité les femmes de Pologne à saisir en nombre la CEDH pour contester le jugement du 22 octobre 2020, fournissant pour cela un formulaire de requête prérempli[2].

    Le 1er juillet 2021, donnant suite de façon exceptionnellement rapide à ces requêtes, la CEDH a informé le gouvernement polonais de sa décision de juger une série de 12 affaires (K.B. c. Pologne, K.C. c. Pologne et A.L. – B. et autres c. Pologne)[3]. Celles-ci ont été introduites par des femmes polonaises âgées de 27 et 40 ans qui prétendent que l’idée de porter un enfant handicapé sans pouvoir avorter leur causerait un « stress » assimilable à une torture mentale et violerait le droit au respect de leur vie privée, en violation des articles 3 et 8 de la Convention. Il s’agit de l’argumentaire fourni par FEDERA et la Fédération Helsinki, sous la supervision des avocats Agata Bzdyń, Kamila Ferenc et Monika Gąsiorowska.

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  • Sommes-nous encore libres de protéger la vie ? Lettre ouverte au Président français Emmanuel Macron

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    FAFCE Logo
    Lettre ouverte au Président français Emmanuel Macron

    Sommes-nous encore libres de protéger la vie ? 
    Bruxelles, le 20 janvier 2022
     
    Le Président de la FAFCE, Vincenzo Bassi, et le Président d'honneur, Antoine Renard, ont adressé aujourd'hui une lettre ouverte à l'attention du Président de la République française Emmanuel Macron, réagissant à son discours au Parlement européen marquant le début de la présidence française du Conseil de l’Union européenne. Le Président français a affirmé vouloir actualiser la Charte des droits fondamentaux, en y consacrant un pretendu droit à l'avortement.
     
    Le Président et le Président d'honneur de la FAFCE ont souligné les contradictions intrinsèques au sein des propos du Président français :
     
    « Si d’un côté vous parlez d'un « Etat de droit qui est existentiel de notre Europe », vous proposez d’un autre côté d'inscrire dans la Charte des droits fondamentaux une pratique qui est illégale dans certains États membres de l’Union Européenne.

    De même, vous soulignez, à juste titre, que cette Charte a consacré « l'abolition de la peine de mort partout dans l'Union », mais vous souhaitez néanmoins reconnaître comme droit fondamental une pratique considérée par de nombreux concitoyens comme une violence fatale faite à nos membres les plus vulnérables.

    La reconnaissance d'un prétendu droit à l'avortement serait de surcroît en contradiction flagrante avec la Charte elle-même, qui consacre dès ses deux premiers articles l'inviolabilité de la dignité humaine et le droit à la vie ».


    Ils ont également fait part de leurs inquiétudes « face au rétrécissement des espaces de liberté pour tous ceux qui, en accord avec la science, croient que la vie humaine commence dès la conception ». C'est à se demander, selon eux, si nous devrions « craindre que des limites seront posées à la liberté de prendre nos responsabilités par rapport à une vie naissante, en accompagnant les mères et des familles en difficulté ».
     
    La FAFCE invite le Président français à ne pas instrumentaliser ce semestre européen « à des fins politiques et idéologiques ». « Nous vous invitons à travailler pour le bien commun de nos peuples, de nos familles et de nos enfants, qui sont l’avenir de l'Europe. Notre Fédération, avec toutes les personnes de bonne volonté, se met au service des institutions pour travailler ensemble de manière constructive, dans le respect des principes de subsidiarité et de proportionnalité. Si ces bases communes manquent, les mots valeurs et démocratie qui vous sont chers seront vidés de leur sens ».
     
    La FAFCE avait déjà regretté début janvier l'absence de la famille au sein des priorités de la présidence française de l'UE. Cette prise de position du Président français ne fait que le confirmer. 
     
    Vous pouvez lire l'integralité de la lettre ouverte sur le site web de la FAFCE. 

  • Abus : Ratzinger contre-attaque

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    Le 11 janvier dernier, nous avons relayé sur belgicatho un article de Nico Spuntoni qui annonçait une énième attaque contre le pape émérite. Les distraits n'ont pas prêté attention à cette information; la déferlante d'hier leur a donné tort, tous les médias s'étant donné le mot pour relayer les accusations contre celui qui était alors l'archevêque de Munich. Nico Spuntoni consacre  aujourd'hui une note à la contre-attaque de Benoît XVI (traduction de "Benoît et moi") :

    Abus, Ratzinger à la contre-attaque : « Sur moi, de la propagande ».

    Les résultats de l’enquête menée par le cabinet d’avocats Westpfahl Spilker Wastl sur le traitement des cas d’abus dans l’archidiocèse de Munich et Freising ont été présentés. Comme prévu, sont attribués au pape Benoît XVI, cinq cas, dans lesquels le comportement de l’archevêque de l’époque serait à blâmer. Mais dans deux cas, il n’y a aucune confirmation de son implication. Tandis que dans les autres cas, le pape émérite s’en prend au « degré considérable de partialité » des travaux et accuse les experts de « propagande et de pure spéculation ». Le cabinet d’avocats est le même que celui qui était dans l’œil du cyclone dans l’affaire Woelki.

    Hier ont été présentés les résultats de l’enquête menée par le cabinet d’avocats Westpfahl Spilker Wastl sur le traitement des cas d’abus dans l’archidiocèse de Munich et Freising entre 1945 et 2019. Dans le box des accusés, comme on s’y attendait, se trouve le nom le plus connu de l’affaire : Joseph Ratzinger, qui a été archevêque de 1977 à 1982. Selon l’équipe juridique, le comportement de l’archevêque de l’époque est criticable en cinq occasions.

    Cinq cas dont, précisent les avocats, « deux cas concernent des crimes commis pendant son mandat (…) et trois cas concernent des crimes commis avant son mandat et en partie en dehors du territoire de l’archevêché ». L’un de ces cas, cependant, concernait une suspicion des avocats qui n’a pas été confirmée, tandis qu’un autre n’a trouvé qu’une confirmation partielle.

    « PARTIALITÉ CONSIDÉRABLE »

    Il est intéressant d’analyser le dossier dans la partie relative au cas non confirmé : un rapport d’expertise préliminaire a avancé le soupçon que Ratzinger avait eu connaissance de la condamnation pour abus prononcée par un tribunal régional à l’encontre d’un prêtre à une époque antérieure à son mandat d’archevêque. Selon les experts, ce soupçon était fondé sur le fait que Ratzinger passait « au moins une partie de ses vacances (…) sur l’ancien lieu de travail du prêtre ».

    Le pape émérite s’est vigoureusement défendu dans une déclaration de 82 pages jointe au rapport, dans laquelle il s’en prend à la méthode de travail, affirmant que l’évaluation préliminaire témoigne d’un « degré notable de partialité » et accusant les experts d’avoir abandonné « leur rôle de neutralité et d’objectivité » en tombant dans « l’évaluation subjective, voire la propagande pure et simple et la spéculation ».

    Dans les résultats finaux, l’équipe a dû admettre qu’il n’existe pas de « base fiable pour continuer (…) à évaluer de manière critique le travail de l’archevêque de l’époque, le cardinal Ratzinger, dans cette affaire ». Le pape émérite avait donc plus d’une raison de répondre avec force aux soupçons avancés dans le rapport d’expertise de cette affaire.

    LE CAS X

    Lors de la conférence de presse d’hier, les représentants de Westpfahl Spilker Wastl ont surtout fait référence à ce qu’on appelle le cas X. Il s’agit du cas déjà connu du Père Peter Hullermann, sur lequel La Nuova Bussola Quotidiana a déjà tenté de faire la lumière après que l’hebdomadaire allemand Die Zeit ait fait état ces dernières semaines d’une indiscrétion selon laquelle le rapport faisait apparaître l’omission de Ratzinger du temps de son mandat à Munich. Le contenu du rapport publié hier confirme l’information de Die Zeit: l’affaire Hullermann est l’une des responsabilités attribuées au pape émérite. Cette circonstance pourrait faire penser à la plainte pour « lacunes méthodologiques » mise en évidence par le cardinal Rainer Maria Woelki, archevêque de Cologne, concernant un travail similaire initialement commandé au même cabinet d’avocats et ensuite bloqué. Dans le cas de Cologne, en outre, des indiscrétions avaient filtré dans les journaux sur certains contenus du rapport qui restaient inconnus.

    Dans son mémoire de défense de 82 pages, le pape émérite consacre une large place au cas du père H. afin de contester et de réfuter les accusations portées contre lui dans l’enquête. Ratzinger, qui a eu accès aux dossiers consultés par le cabinet d’avocats, a relevé plusieurs erreurs : il conteste en effet la partie rapportant que le psychothérapeute du diocèse d’Essen – dans lequel Hullermann avait contraint à un acte sexuel un mineur, qui ensuite rapporta l’incident à l’évêque, mais sans le dénoncer – « transféra » le prêtre à l’archidiocèse de Munich et Freising. Ratzinger explique que « le psychothérapeute (…) avait demandé de l’aide et (…) des conseils pour la suite du traitement à un collègue pratiquant à Munich » mais « ni moi ni les membres de l’assemblée de l’ordinariat n’étions au courant du compte-rendu de la conversation ou des activités du [psychothérapeute qui avait évalué le père X. dans son diocèse d’origine] (les deux n’ont été portés à la connaissance de l’ordinariat archidiocésain de Munich qu’en mars ou juin 2010) ».

    Bref, selon le pape émérite, les autorités de l’archevêché savaient que Hullermann – qui avait écrit pour demander un logement à Munich – devait suivre une thérapie psychothérapeutique, mais ils en ignoraient les raisons. L’équipe juridique n’a apporté aucune preuve pour démentir Benoît XVI, mais a fait valoir – également lors de la conférence d’hier – que sa défense « n’est pas crédible ». Le rapport présenté et publié hier, en tout cas, ne concerne pas seulement le mandat de Ratzinger mais aussi ses prédécesseurs et successeurs à la tête de l’archidiocèse de Munich et Freising.

    Dans la soirée, une réaction est parvenue du monastère Mater Ecclesiæ par la bouche du secrétaire personnel du pape émérite, Mgr Georg Gänswein, qui a expliqué que jusqu’à cet après-midi Benoît XVI n’avait pas encore lu le rapport et que « dans les prochains jours, il examinera le texte avec toute l’attention nécessaire », exprimant en tout cas « son trouble et sa honte face aux abus sur mineurs commis par des clercs » et manifestant « sa proximité personnelle et ses prières pour toutes les victimes, dont certaines qu’il a rencontrées à l’occasion de ses voyages apostoliques ».

  • Rod Dreher: «Le projet Monasphère permettra aux chrétiens de vivre leur foi et d'en témoigner»

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    En ces temps d’apostasie du monde occidental, sur quels « traditionis custodes » mise votre pari chrétien? Ne pas confondre une réserve d’indiens avec un monastère médiéval...

    Un entretien d’Aziliz Le Corre avec le journaliste américain Rod Dreher, publié sur le site "Figarovox"  :

    " L'église Saint-Gilles de L'Île-Bouchard est devenue un sanctuaire à la suite de témoignages attestations d'une apparition de la Vierge Marie devant des enfants. Wikimedia Commons - CC

    FIGAROVOX/ENTRETIEN - L'entreprise Monasphère a présenté un projet de lotissement destiné aux familles souhaitant retourner vivre à la campagne, à proximité de sanctuaires chrétiens. Le journaliste et essayiste américain se réjouit de voir émerger ce type de communautés dans un monde qui n'est plus chrétien.

    Rod Dreher est un journaliste et écrivain américain, éditorialiste à The American Conservative. Il a publié Comment être chrétien dans un monde qui ne l'est plus: le pari bénédictin (traduit en français aux éd. Artège, 2017) et dernièrement Résister au mensonge, vivre en chrétien dissident (trad. Artège, avril 2021).

    FIGAROVOX. – Un projet lotissement d'inspiration chrétienne, Monasphère, promet de « contribuer au développement et au déploiement des écosystèmes chrétiens au XXIe siècle ». Cela semble rejoindre votre « pari bénédictin »... Que vous inspire-t-il ?

    Rod DREHER. - Nous vivons actuellement un fait indéniable : l'effondrement de la civilisation chrétienne, un effondrement aussi profond que l'effondrement de l'Empire romain au Vsiècle. Jusqu'alors, la plupart des chrétiens ont été complaisants face à ce désastre. Peut-être ne comprenaient-ils pas ce qu'il se passait ?

    Dans mon livre Le pari bénédictin, je prends l'exemple des premiers moines bénédictins, qui ont conçu une stratégie pour vivre fidèlement et avec résilience au milieu du chaos de l'Europe post-romaine. Que nous conseillerait un saint Benoît du XXIe siècle ? Comment pouvons-nous, chrétiens laïcs - et pas seulement catholiques - créer un habitus dans lequel nous pouvons vivre en chrétiens fidèles, en approfondissant notre propre conversion, en transmettant la foi à nos enfants et en nous rendant assez forts pour témoigner du Christ dans un monde qui lui est hostile ? Il n'y a pas qu'une seule réponse, mais celle des chrétiens et de l'Église catholique depuis 60 ans n'est pas la bonne.

    Quels peuvent être les fruits d'un tel projet, selon vous ?

    L'équipe de Monasphère essaie de permettre aux familles catholiques de vivre concrètement l'option bénédictine. Personnellement, je suis doué pour comprendre les idées, y adhérer, mais moins pour les mettre en œuvre. Si le projet Monasphère fonctionne, alors les familles catholiques trouveront des moyens de vivre leur foi en communauté, tout en étant ancrées dans le monde. Le projet Monasphère n'entend pas faire de nous des moines. Il veut permettre à des familles de transmettre leur foi à leurs enfants, tout en étant une lumière dans ce monde sombre et froid.

    Certains ont accusé le projet de participer à la partition du territoire français. Comprenez-vous cette inquiétude ?

    Oui, je comprends cette inquiétude, qui est propre à la culture républicaine française. Mais cette façon appartient à une époque révolue. Dans notre monde post-chrétien, les croyants ont besoin de communautés fortes de fidèles, pour ne pas subir la culture matérialiste et laïque. Aux États-Unis, nous subissons le même processus de sécularisation que l'Europe a emprunté depuis plusieurs générations déjà. Les chrétiens eux-mêmes ne connaissent pas grand-chose à leur foi. Savez-vous qu'aux États-Unis, une majorité de catholiques ne croient pas en la présence réelle du Christ dans l'Eucharistie ? C'est un scandale total. L'Église post-Vatican II - à la fois l'institution et les familles catholiques - a lamentablement échoué à transmettre la foi aux jeunes. En Amérique, nous acceptons que des citoyens fassent le choix de vivre au sein de communautés particulières fortes, tout en participant à la vie de la Cité. Je ne comprends pas pourquoi certains Français - en particulier les Français catholiques - ont si peur des chrétiens qui veulent simplement vivre ensemble en tant que chrétiens.

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  • Fin de vie : le plaidoyer contre l’euthanasie d'Erwan Le Morhedec (Koztoujours)

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    cliquer sur l'image pour accéder à la video en ligne sur le site du Figaro

    Fin de vie : plaidoyer contre l’euthanasie

    Erwan Le Morhedec, avocat et auteur de « Fin de vie en République », explique pourquoi il est contre la légalisation de l'euthanasie.

    Lire également : Fin de vie « Se préparer à la vie éternelle »

  • Il aura fallu le Pape François pour abolir l’ancienne messe en latin; même von Balthasar n’y avait jamais pensé

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    Un article de Sandro Magister, vaticaniste à L’Espresso, en traduction française sur Diakonos.be :

    Il aura fallu le Pape François pour abolir l’ancienne messe en latin. Même von Balthasar n’y avait jamais pensé

    (s.m.) Les polémiques soulevées par le motu proprio « Traditionis custodes » du Pape François, qui signé l’arrêt de mort de la messe de l’ancien rite, ne semblent pas s’apaiser. Andrea Grillo, 61 ans, père de deux enfants, professeur à l’Athénée pontifical Saint-Anselme et l’un des liturgistes les plus connus et appréciés par le pape actuel, vient de justifier la justesse de cette condamnation en s’appuyant sur l’un des plus grands théologiens du vingtième siècle, Hans Urs von Balthasar (1905-1988), comme si ce dernier avait toujours voulu le faire.

    Mais cette relecture de von Balthasar par Grillo est-elle correcte ? D’après les experts, non. Parmi eux, on trouve Nicola Lorenzo Barile, historien de l’Église et spécialiste du Moyen-Âge, « fellow » Berkeley de la Robbins Collection de l’Université de Californie.

    Ce dernier explique, dans l’article qu’il a rédigé pour Settimo Cielo, que von Balthasar n’a jamais soutenu l’abrogation de l’ancien missel, et que celui-ci n’a été aboli ni par Paul VI, le pape de la réforme liturgique post-conciliaire, ni encore moins par Benoît XVI qui, au contraire, a déclaré qu’il n’avait « jamais été abrogé ». Et on connaît la proximité qu’il y avait entre Joseph Ratzinger et von Balthasar, dans le domaine de la théologie comme de la liturgie.

    *

    Von Balthasar « au-delà de S. Pie V » ? Note sur l’extinction présumée de l’ancien rite de la messe.

    de Nicola Lorenzo Barile

    Pourquoi est-il important de lire de vieux livres ? Parce que, selon C. S. Lewis, « chaque époque a sa perspective. Elle est particulièrement douée pour voir certaines vérités et particulièrement encline à commettre certaines erreurs. Nous avons donc tous besoin de livres qui corrigent les erreurs caractéristiques de notre période » (On The Reading of Old Books », 1944).

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  • Quatre personnalités catholiques appellent à « l’estime mutuelle » entre les catholiques attachés à la forme ancienne de la liturgie et les autres

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    Une tribune publiée sur le site du journal La Croix, signée par Dom Jean Pateau Abbé de Notre Dame de Fontgombault, l'Abbé Pierre Amar Prêtre diocésain, Christophe Geffroy Directeur de La Nef, Gérard Leclerc écrivain :

    Guerre liturgique : « Plutôt que de s’accuser mutuellement de présupposés idéologiques, si nous nous écoutions ? »

    TRIBUNE. À l’occasion de la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens, quatre personnalités catholiques appellent à « l’estime mutuelle » entre les catholiques attachés à la forme ancienne de la liturgie et les autres. Ils invitent à « prendre en main » la fraternité à laquelle les chrétiens sont appelés.

    19/01/2022

    « Promouvoir la restauration de l’unité entre tous les chrétiens est l’un des buts principaux du Concile » (1). Tels étaient les premiers mots du décret sur l’œcuménisme de Vatican II. Depuis, on a appris la méthode : dialoguer, s’écouter, s’estimer mutuellement. Accepter parfois ses différences, ne pas les nier. Prier ensemble souvent. Nous avons appris que l’œcuménisme est affectif avant que d’être dogmatique ou juridique. Nous avons aussi compris que l’unité des chrétiens est vitale pour la crédibilité même de l’Évangile. « C’est à l’amour que vous aurez les uns pour les autres que l’on reconnaîtra que vous êtes mes disciples » (Jn 13, 35).

    Peut-être Benoît XVI l’avait-il en tête quand il voulut mettre fin à la division interne des catholiques autour de la liturgie née du Concile. Plutôt que des arguments juridiques ou dogmatiques, il proposa un dialogue. On devait « s’enrichir mutuellement ». Cela supposait de mettre fin à la guerre liturgique fratricide qui avait tant divisé les communautés chrétiennes. Désormais, il nous demandait de nous écouter mutuellement, de dialoguer. L’avons-nous fait ? Pas assez certainement. Nous avons parfois vécu côte à côte comme des étrangers, remplaçant l’enrichissement fraternel par l’ignorance mutuelle. Nous en payons aujourd’hui le prix.

    Une forme de guerre intérieure

    Est-il pour autant nécessaire de renoncer à cette recherche de la paix liturgique ? Sommes-nous réduits à l’uniformisme liturgique comme seul moyen d’unité ? La question est plus grave qu’il n’y paraît. Car elle ouvre aussi une forme de guerre intérieure. Il est indispensable d’être en paix avec son passé pour avancer. Si nous ne sommes pas capables de vivre en paix avec la forme antérieure de la liturgie, alors nous installons la guerre au cœur de ce qui devrait être le sacrement de l’unité des hommes avec Dieu et entre eux.

    La Semaine de prière pour l’unité des chrétiens pose donc d’abord une question interne à l’Église catholique. Le processus synodal qui s’ouvre nous invite à dépasser la verticalité, l’autoritarisme sévère et le juridisme tatillon qui ne font que créer des situations insupportables et des ressentiments durables.

    Des présupposés idéologiques

    Si nous dialoguions ? Plutôt que de s’accuser mutuellement de présupposés idéologiques, plutôt que prêter à l’autre des intentions inavouées ou de l’enfermer dans son histoire, si nous nous écoutions ? Nous découvririons des affectivités blessées, des cœurs humiliés de part et d’autre. Oui, les décennies 1960 et 1970 ont parfois été traversées par une politisation et une radicalisation des positions ecclésiales (notamment liturgiques) qui ont créé des crispations. Oui, les uns comme les autres nous recevons en héritage des attitudes culturelles et sociologiques qui demandent à être purifiées à la lumière de l’Évangile. Mais comment faire ? En se lançant mutuellement des anathèmes : Modernistes ! Intégristes ! Maurrassiens ! Progressistes ! La vérité en sortira-t-elle grandie ? En interdisant par voie réglementaire la publication des horaires de messes ? A-t-on jamais vu qu’une telle méthode contribue à la charité et à l’unité ?

    La multiplication des interdits crée au contraire la fascination et le désir de transgression chez les jeunes générations de clercs comme de laïcs. On devrait se souvenir que les condamnations romaines de Lubac et de Congar ont contribué à les faire lire dans les séminaires mais n’ont pas affermi la confiance envers l’autorité romaine. Bien plus, en multipliant les mesures vexatoires de détails contre l’ancienne liturgie, on court le risque de passer à côté de l’essentiel de la réforme liturgique voulue par le Concile en l’enfermant dans un nouveau rubricisme juridique et autoritaire plutôt qu’en l’ouvrant à la participation du peuple de Dieu.

    Prions les uns pour les autres

    Alors, si nous osions prier les uns avec les autres ? Certes, chacun devrait faire des pas. Mais ils seraient alors accomplis par amour et non par contrainte. L’œcuménisme n’est pas œuvre de diplomatie et d’habilité. Il est d’abord une attitude spirituelle. Alors ouvrons les portes. Aux tenants de la liturgie ancienne, quand ils le pourront par amour et non par obligation juridique, d’oser faire l’expérience de la concélébration, de la belle richesse biblique des lectionnaires du Novus ordo.

    Aux praticiens de la liturgie rénovée suite au Concile de se laisser déranger avec joie par ces communautés qui célèbrent le Vetus ordo et qui portent de beaux fruits de mission. Sommes-nous contraints à nous faire concurrence ? La fraternité serait-elle impossible ? Qui sait même si nos paroisses ne gagneraient pas à célébrer de temps à autre vers l’Orient ou à utiliser l’antique texte de l’offertoire ?

    Un cœur bienveillant

    Allons nous visiter mutuellement ! Allons avec bienveillance passer un dimanche chez celui qui célèbre le même Seigneur avec d’autres rites que les nôtres. Peut-être serons-nous heurtés par telle ou telle manière de faire. Mais si notre cœur est bienveillant, nous y découvrirons des semences de Verbe que nous avons nous-même oubliées.

    La paix liturgique dans l’Église ne pourra pas s’obtenir tant qu’un bord continuera de jeter la suspicion sur la messe de l’autre bord.

    Puisque le pape nous le demande, il revient à tous, évêques, prêtres et laïcs de prendre en main cette fraternité par la base plutôt que d’attendre que des décrets viennent la réglementer. Le risque de l’unité nous est confié par le pape. Et si nous osions le prendre en main ? Si nous osions tendre la main ?

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    [1] Vatican II, décret Unitatis redintegratio, 1.

  • Macron veut inscrire le droit à l’avortement dans la charte européenne des droits fondamentaux

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    Publié sur le site « aleteia » par Agnès Pinard Legry ce 19 janvier 2022 :

    Macron ND3FT3MRNV2GY67WQMPR6JKKXA.jpg« Emmanuel Macron a indiqué vouloir inscrire le droit à l’avortement dans la charte européenne des droits fondamentaux. Il en a fait l’annonce ce mercredi 19 janvier lors d’un discours devant le Parlement européen à l’occasion de la présidence française de l’Union européenne.

    Serait-ce la provocation de trop ? Emmanuel Macron a annoncé lors de son discours devant le Parlement européen, à Strasbourg, à l’occasion de la présidence française de l’Union européenne, vouloir inscrire le droit à l’avortement dans la charte européenne des droits fondamentaux. « Vingt ans après la proclamation de notre charte des droits fondamentaux, qui a consacré notamment l’abolition de la peine de mort partout dans l’Union, je souhaite que nous puissions actualiser cette charte, notamment pour être plus explicite sur la protection de l’environnement ou la reconnaissance du droit à l’avortement », a-t-il affirmé avant de reprendre : « Ouvrons ce débat librement, avec nos concitoyens, de grandes consciences européennes, pour donner un nouveau souffle à notre socle de droits qui forge cette Europe, forte de ses valeurs, qui est le seul avenir de notre projet politique commun ».

    Une pro-vie à la tête du Parlement européen

    Des propos à comprendre à la lumière de plusieurs éléments. Le premier est l’élection la veille de ce discours, mardi 18 janvier, de la Maltaise Roberta Metsola à la tête du Parlement européen. Eurodéputée depuis 2013, elle a voté à de nombreux reprises contre des résolutions promouvant l’avortement. Pour mémoire, alors que certains pays avaient tiqué sur l’adhésion de Malte à l’Union européenne en raison de son interdiction de l’avortement, Roberta Metsola a rappelé lors d’un entretien dans la presse maltaise qu’il s’agissait « d’un débat qui devait se tenir à Malte » et non au sein de l’Union européenne.

    Le retour de la proposition de loi visant à « renforcer le droit à l’avortement » ce mercredi 19 janvier au Sénat, et qui propose notamment d’allonger à 14 semaines le délai pour avorter, est un autre élément à avoir à l’esprit lorsqu’Emmanuel Macron propose d’inscrire ce doit à l’avortement dans la charte des droits fondamentaux de l’Union. Depuis décembre 2009 et l’entrée en vigueur du traité de Lisbonne, la Charte des droits fondamentaux a la même force juridique que celle des traités. Elle est donc contraignante pour les États membres et tout citoyen peut s’en prévaloir en cas de non-respect de ces droits par un texte européen.

    « Les valeurs du progressisme occidental »

    Dans la foulée de ce discours, côté politique, les réactions n’ont pas manqué. Éric Zemmour a accusé Emmanuel Macron et la Commission européenne de vouloir « imposer les valeurs du progressisme occidental » à des pays comme la Pologne et la Hongrie. « L’Europe d’Emmanuel Macron est une Europe sans corps, une Europe sans tête et une Europe sans âme […]. C’est une Europe théorique et pour tout dire fictive », a-t-il indiqué dans un discours prononcé depuis Calais. « Elle est dirigée par des élites abstraites, impersonnelles, sans la moindre légitimité aux yeux des peuples. C’est une Europe qui arrache ses propres racines, qui efface sa propre histoire, qui ne s’identifie en aucune manière à la civilisation dont elle provient. »

    Eurodéputé et candidat de la France insoumise à la présidentielle, Jean-Luc Mélenchon, qui souhaite pour sa part inscrire le droit à l’avortement dans la Constitution, y a vu « le discours usé d’un homme qui semble usé ». « Votre projet politique a pour but d’effacer les nations d’Europe, le nôtre de les sauver », a de son côté dénoncé Jordan Bardella, eurodéputé et président par intérim du Rassemblement national. « Il faut déconstruire l’histoire de France aviez-vous déclaré, on comprend donc votre enthousiasme à vous retrouver aujourd’hui à la tête d’une institution qui s’est donnée pour objectif la dissolution d’une Europe millénaire. »

    Incohérence

    Porte-parole d’Alliance Vita, Tugdual Derville a réagi sur Twitter en interrogeant les deux propositions qu’Emmanuel Macron souhaite ajouter à la charte, le droit à l’avortement et la protection de l’environnement, au regard des propos du pape François. « Puisque tout est lié, la défense de la nature n’est pas compatible non plus avec la justification de l’avortement. »

     Ref. Macron veut inscrire le droit à l’avortement dans la charte européenne des droits fondamentaux

  • Faut-il se réjouir de l'élection d'une "pro-life" à la tête du Parlement européen ?

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    Même si l'émoi est grand dans le monde des médias qui signalent avec effroi l'élection d'une "anti IVG" à la tête du Parlement européen, il ne faut pas trop vite se réjouir en croyant que Madame Metsola va promouvoir la vie du haut de son perchoir européen; de Luca Volontè sur la Nuova Bussola Quotidiana :

    Metsola, de pro-vie à abortiste. Pour le pouvoir

    19-01-2022

    L'élection, à une nette majorité, de la Maltaise Roberta Metsola comme nouvelle présidente du Parlement européen n'est pas une bonne nouvelle. Ceux qui ont applaudi hier son engagement anti-avortement ont rapidement été contraints de changer d'avis après ses propos sur la "santé reproductive" et le "nationalisme". Et puis il y a son engagement en faveur des droits des LGBT.

    Le Parlement européen, qui compte 705 membres, a élu hier la populaire Maltaise Roberta Metsola comme nouvelle présidente. Elle a été élue avec une nette majorité de 458 voix sur 616 votes valides. A 43 ans, qui ont eu 43 ans hier, Metsola est la plus jeune présidente de l'histoire du Parlement européen et la première femme de ces 20 dernières années, avant elle seulement Simone Veil et Nicole Fontaine.

    Ceux qui évoquaient l'engagement anti-avortement de la nouvelle présidente ont dû changer d'avis immédiatement. Dans son discours inaugural, elle a immédiatement mis en garde contre le "nationalisme" et, non sans une certaine ambiguïté, a prévenu qu'elle combattrait les forces ceux qui remettent en cause "nos valeurs et principes européens", lançant un avertissement clair à ceux qui "cherchent à détruire l'Europe, sachez que cette maison [le Parlement] est contre vous". Ce que sont les valeurs et les principes européens et comment la nouvelle présidente du Parlement les comprend - qu'il s'agisse de ceux inscrits dans la lettre des traités ou de ceux que nous avons vu s'imposer au cours des dernières années de centralisme exaspéré de la marque Lgbti et avorteuse - n'a pas été délibérément clarifié.

    Seul le temps nous dira comment Metsola comprendra son rôle. Cependant, il est téméraire de se réjouir de l'élection d'un catholique anti-avortement, comme beaucoup l'ont fait hier. Les faits montrent que Metsola est clairement l'une des promotrices les plus transparentes de l'idéologie du genre et du dogme LGBT. Il n'est même pas nécessaire de revenir sur sa carrière politique, il suffit de rappeler que le 23 septembre 2019, elle avait participé avec l'eurodéputé Terry Reintke (coprésident de l'Intergroupe Lgbti), la commissaire Vera Jourová et plusieurs ministres et sous-secrétaires à la conférence organisée par Ilga Europe (un lobby Lgbti) et la présidence tournante finlandaise du Conseil de l'Union européenne sur l'avancement des droits des Lgbti. Quelques mois plus tôt, elle avait signé le "Manifeste électoral des engagements Lgbti" de l'Ilga, comme il l'avait fait lors de la campagne électorale de 2004. Ce n'est pas un hasard si les dirigeants socialistes ont accepté de soutenir Metsola en échange d'un engagement sur les priorités politiques avec le PPE et Renouveau de l'Europe, et ont également obtenu cinq des 14 postes de vice-président du Parlement, ainsi que la tête de la Conférence des présidents de commission, un poste clé traditionnellement occupé par le PPE qui coordonne le travail entre les différentes commissions du Parlement et affecte indirectement aussi le calendrier des travaux de l'Assemblée.

    Tout est clair, les dogmes Lgbti et leur emprise sur les pays chrétiens ne feront qu'augmenter dans les deux ans et demi à venir. Metsola ne fera vraisemblablement ni plus ni moins que ce que Sassoli a montré au cours de son mandat. La présidente Ursula von der Leyen, les commissaires Helena Dalli, Vera Jourová et Franz Timmermans peuvent être sûrs d'avoir une alliée. Le pacte de coopération sera encore plus fort, précisément en raison du pouvoir écrasant accordé aux socialistes dans les commissions parlementaires, où les dossiers et les résolutions sont préparés pour le vote de l'Assemblée. La jubilation que suscite l'élection d'une personnalité anti-avortement à la présidence du Parlement est donc déplacée : Metsola elle-même l'a fait savoir quelques minutes après son élection, lorsqu'elle a rencontré des journalistes de journaux internationaux.

    Malgré les polémiques journalistiques artificielles mettant en avant son engagement contre l'avortement, fondées en fait sur nombre de ses déclarations et votes contre tous les documents pro-avortement du Parlement européen (voir le rapport Matić), la présidente nouvellement élue, pressée lors d'une conférence de presse sur ce qu'elle comptait faire en matière d'avortement, a répondu sans hésiter : " Le Parlement européen est sans ambiguïté sur tous les droits en matière de santé sexuelle et reproductive. Il a demandé à plusieurs reprises que ces droits soient mieux protégés. Le mois dernier encore, nous avons souligné que l'accès aux services de santé sexuelle et reproductive est un élément essentiel pour parvenir à l'égalité des sexes et éliminer la violence sexiste. C'est la position du Parlement et je peux vous confirmer que je me suis engagée auprès de vous tous à ce que ce soit la position que je vais promouvoir et que j'ai déjà défendue lorsqu'on m'a confié, en tant que vice-présidente, la représentation de la présidence du Parlement".

    Sur la question de l'avortement, la conscience, les combats et les convictions de Roberta Metsola ont été mis de côté, sa fonction et son rôle ont pris le dessus : la nouvelle Metsola est avorteuse et soutiendra ces résolutions parlementaires farfelues qui mortifient des pays comme la Pologne et sa propre patrie, Malte, où l'avortement est interdit. Ainsi, pour progresser en politique, les catholiques doivent-ils abandonner les principes non négociables ? Non, et les cas des courageux présidents de la République de Malte (George William Vella est prêt à démissionner si une loi sur l'avortement est votée), du Portugal (qui a refusé par deux fois de signer la loi sur l'euthanasie), de l'Équateur (qui a déclaré son veto à une éventuelle libéralisation de l'avortement dans le pays) et des politiciens au gouvernement en Pologne (sur le droit à la vie et la lutte contre les dogmes LGBT) et en Hongrie (sur la liberté d'enseignement et l'interdiction de l'endoctrinement LGBT) nous disent qu'il est possible de servir Dieu avant les vaches de César.

    En envoyant les vœux les plus sincères de bon travail et en assurant Roberta Metsola des mêmes prières abondantes que nous avons récitées pour Sassoli, même de son vivant, nous voulons simplement lui rappeler que, même en tant que présidente du Parlement européen, Dieu la voit toujours. Nous la mesurerons sur les faits, mais son changement de position sur la vie humaine des personnes conçues au nom du pouvoir est inacceptable.

  • Quel regard le pape porte-t-il sur les traditionalistes ?

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    De Loup Besmond de Senneville sur le site du journal La Croix :

    Comment le pape François voit les « tradis »

    En restreignant fortement l’utilisation du rite préconciliaire, le pape François a voulu contrer une menace pour l’unité de l’Église, craignant ce qu’il identifie comme une forme de « rigidité ».

    17/01/2022

    Que pense vraiment le pape sur les « tradis » ? Six mois après la publication deTraditionis custodes, du nom du motu proprio restreignant fortement l’utilisation de la forme préconciliaire de la messe, la question s’est imposée. Plus encore depuis la sortie, en décembre, d’un second document de la Congrégation pour le culte divin confirmant notamment l’interdiction de célébrer certains sacrements selon la forme ancienne.

    → ANALYSE. Après « Traditionis custodes », l’avenir incertain des instituts traditionalistes

    Signe de la sensibilité du sujet, la plupart de ceux ayant travaillé sur ce dossier à Rome préfèrent, quand ils répondent aux sollicitations, ne pas en parler. « La situation actuelle est telle que se taire est une obligation, en attendant des temps meilleurs et différents », écrit l’un. « Je n’ai aucune contribution à apporter pour le moment », écrit un autre. Un troisième, ayant quitté Rome, préfère – comme c’est souvent le cas au Vatican – ne pas en parler au téléphone.

    « Pour un jésuite argentin, c’est un débat picrocholin »

    Devant les évêques français, en visite ad limina en septembre, et avec qui il évoquait Traditionis custodes, le pape François avait notamment expliqué son inquiétude pour l’unité de l’Église, estimant que cette dernière lui semblait menacée par l’utilisation de la liturgie comme moyen pour contester Vatican II, particulièrement aux États-Unis et en Suisse. « Pour un jésuite argentin, c’est un débat picrocholin, relativise quant à lui un bon observateur de la Curie. Pour lui, ce qui compte, c’est la mission de l’Église dans les périphéries, auprès des plus pauvres. Avant la sacramentalité. »

    « Quand François est arrivé, beaucoup ont dit que la liturgie n’était pas sa priorité, mais qu’il laisserait faire, se souvient une source proche des milieux traditionalistes. Mais nous avons été détrompés. » Et de déplorer que « la Curie ait une connaissance superficielle des traditionalistes ». « La seule chose qu’elle voit, ce sont les excès sur les réseaux sociaux et YouTube, regrette-t-il. Mais parmi les cardinaux actifs, aucun ne vient voir de l’intérieur. »

    Un état d’exception liturgique ?

    Comment expliquer, dès lors, la relative clémence dont François a fait preuve avec la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X, pourtant en dehors de l’Église catholique, en reconnaissant par exemple en 2016 la validité de la confession donnée par ses prêtres ? « Il les a vus parmi les pauvres à Buenos Aires », répond un bon connaisseur des milieux traditionalistes.

    « Avec les lefebvristes, il est dans le registre de la miséricorde, comme il l’est dans les relations œcuméniques ou interreligieuses, répond pour sa part le théologien italien Andrea Grillo. Mais avec les traditionalistes de l’intérieur, on est sur un autre registre, beaucoup plus exigeant. »

    « État d’exception liturgique »

    Ce professeur de l’Athénée pontifical Saint-Anselme, à Rome, avait publié dès janvier 2020 une lettre ouverte alertant contre un « état d’exception liturgique », dont certains développements réapparaissent dans le motu proprio. « Je n’ai jamais été en contact avec le pape, et je n’ai pas écrit ce document », clarifie ce laïc, spécialiste de la liturgie, tout en convenant que son texte « a sans doute été lu très largement ».

    Dès 2019, le pape François avait en réalité commencé à envisager la restriction de la liturgie préconciliaire après avoir appris que la Commission « Ecclesia Dei », chargée des relations entre le Vatican et le monde traditionaliste, avait autorisé certains instituts à utiliser des missels très antérieurs à 1962 pour les célébrations de la Semaine sainte. Une découverte qui, selon plusieurs sources, avait entraîné la suppression de la Commission par François.

    Dès 2016, il avait clairement exprimé ses interrogations sur la question. « J’essaie toujours de comprendre ce qui se cache derrière les personnes qui sont trop jeunes pour avoir vécu la liturgie préconciliaire mais la réclament, avait-il ainsi affirmé au jésuite Antonio Spadaro (1). Creusez, creusez, cette rigidité cache toujours quelque chose : l’insécurité, parfois même plus… La rigidité est défensive. Le véritable amour n’est pas rigide. » Un membre de la Curie résume : « Il voit les tradis comme des nostalgiques, mais ne comprend pas que des jeunes le soient. »

    D’autres textes en préparation

    Une autre source, parmi les collaborateurs du pape, explique aussi le calendrier de la publication du motu proprio : « Pour lui, ce sujet est important. Le pape a tout accéléré en juillet après son opération, car il a entrevu la possibilité de la fin de son pontificat. Je pense qu’il a eu peur de mourir. » Ce qui expliquerait la publication au cœur de l’été, et non pas mi-septembre, comme envisagé initialement.

    Selon nos informations, le Vatican travaillerait à d’autres textes sur la liturgie : un document plus large sur la liturgie post-conciliaire, remplaçant ainsi l’instruction Liturgiam authenticam publiée en 2001, serait en cours d’élaboration. Et un nouveau décret sur les instituts Ecclesia Dei serait en préparation pour mars.

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    (1) Auteur de Nei tuoi occhi è la mia parola, Éd. Rizzoli, 2016.

  • La liturgie, le pape François et le droit propre des religieux : vers une confrontation imminente ?

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    « Le pape et le droit propre des religieux », une note du Père L.-M. de Blignières, prieur de la Fraternité Saint-Vincent-Ferrier publiée sur le site web du bimensuel l’ « Homme Nouveau » ce 18 janvier 2022 :

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    « Fondateur et prieur de la Fraternité Saint-Vincent-Ferrier de Chémeré-le-Roi, le Père Louis-Marie de Blignières développe ici le « droit propre des religieux » dans le nouveau contexte né de la parution du motu proprio Traditonis custodes (la traduction française n'est toujours pas disponible sur le site du Vatican) et des Responsa explicatives, rendant aujourd'hui quasi impossible la célébration de l'ensemble des sacrements – à l'exception de la messe dans certaines limites – selon les livres liturgiques d'avant la réforme liturgique.

    À la suite des récents Responsa de la Congrégation pour le culte divin, comme l’ont fait d’autres supérieurs, j’ai soutenu (Message de Noël du 23 décembre, entrevue dans Présent du 28 décembre) le point de vue que les normes édictées ne nous concernaient pas, du fait que notre droit propre nous garantissait l’usage des quatre livres liturgiques traditionnels. En effet, « une loi universelle ne déroge en aucune manière au droit particulier ou spécial, sauf autre disposition expresse du droit » (CIC, can. 20). Cette importance du droit propre, dans la ligne la plus classique du principe de subsidiarité, de la doctrine sociale de l’Église, et de la pratique canonique, est aujourd’hui gravement méconnue : tant du côté de théologiens progressistes que de certains traditionalistes. C’est un effet conjugué du centralisme presque jacobin des sociétés modernes, d’une philosophie du droit lourdement positiviste et d’une ecclésiologie ultra-romaine, qui voit en l’Église une « monarchie absolue » et dans le Pape une sorte de potentat aux pouvoirs illimités…

    C’est ainsi que l’on nous a objecté notamment :

    « Le pape peut parfaitement modifier des statuts de communautés ou associations, voire les supprimer, s’il le juge prudentiellement opportun : ces communautés émanent de lui parce que lui ou ses prédécesseurs les ont érigées quand ils l’ont jugé opportun ».

    Il n’est en fait pas exact de dire, sans autre précision, que le pape puisse « changer les Constitutions approuvées par lui ». Fondamentalement, la pratique effective des conseils évangéliques est un don qui vient du Christ, et elle constitue un droit des fidèles. L’Église le conserve fidèlement (cf. can. 575).  C’est là un enseignement constant du magistère dès le IVe siècle (cf. Léon 1e, Denzinger-Schönmetzer, n°321), jusqu’à Vatican II (Lumen Gentium, n°43, avec des références au magistère de Pie XI et Pie XII) et à l’Exhortation apostolique Vita consecrata  (1996) :

    « La profession des conseils évangéliques est une partie intégrante de la vie de l'Église, à laquelle elle donne un élan précieux pour une cohérence évangélique toujours plus grande » (n° 3).

    Ensuite, l’organisation canonique de l’observance de ces conseils est requise pour qu’ils constituent un état public de perfection dans l’Église (cf. can. 576). Mais attention ! La hiérarchie ne crée pas les différentes formes de vie religieuse, qui expriment – comme on dit aujourd’hui – divers charismes. Il est contraire à la réalité ecclésiale et historique (et au fond assez monstrueux) de prétendre que ces formes et ces charismes « émanent » de la hiérarchie. Elle les vérifie, elle les améliore, elle en écarte les erreurs éventuelles (comme la pauvreté absolue des franciscains spirituels) ou les pratiques imprudentes ou dangereuses pour la perfection de la vie morale, etc.

    Lire la suite