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Débats - Page 27

  • Le discours du pape à l'Aula magna de Louvain-la-Neuve

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    Un discours qui a fait grincer des dents, notamment celles de la rectrice de l'UCL qui n'apprécie pas que l'on rappelle la différence entre les sexes ni la vocation respective de chacun d'entre eux et qui considère que ces propos du pape relèvent d'un insupportable conservatisme...

    VOYAGE APOSTOLIQUE DE SA SAINTETE FRANCIS
    AU LUXEMBOURG ET EN BELGIQUE
    (26-29 septembre 2024)

    RENCONTRE AVEC DES ÉTUDIANTS UNIVERSITAIRES 

    DISCOURS DU SAINT-PÈRE

    Aula Magna de l'Université Catholique de Louvain
    Samedi, 28 Septembre 2024

    ___________________________

    Chers frères et sœurs, bonjour !

    Merci, Madame la Rectrice, pour vos aimables paroles. Chers étudiants, je suis heureux de vous rencontrer et d'écouter vos réflexions. Dans ces mots, j'entends la passion et l'espoir, un désir de justice, une recherche de la vérité.

    Parmi les questions que vous abordez, j'ai été frappé par celle de l'avenir et de l'angoisse. Nous voyons combien le mal qui détruit l'environnement et les peuples est violent et arrogant. Il semble ne connaître aucune limite. La guerre est son expression la plus brutale - vous savez que dans un pays, que je ne nommerai pas, les investissements les plus générateurs de revenus sont aujourd'hui des usines d'armement, c'est moche ! - et ne semble pas connaître de limites à cet égard : la guerre est une expression brutale, tout comme la corruption et les formes modernes d'esclavage. La guerre, la corruption et les nouvelles formes d'esclavage. Parfois, ces maux polluent la religion elle-même, qui devient un instrument de domination. Attention ! Mais c'est un blasphème. L'union des hommes avec Dieu, qui est l'Amour sauveur, devient alors un esclavage. Même le nom du Père, qui est une révélation d'attention, devient une expression d'arrogance. Dieu est Père, pas maître ; il est Fils et Frère, pas dictateur ; il est Esprit d'amour, pas dominateur.

    Nous, chrétiens, savons que le mal n'a pas le dernier mot - et sur ce point nous devons être forts : le mal n'a pas le dernier mot - qu'il a, comme on dit, ses jours comptés. Cela n'enlève rien à notre engagement, au contraire : l'espérance est notre responsabilité. Une responsabilité à assumer parce que l'espoir ne déçoit jamais, ne déçoit jamais. Et cette certitude a raison de la conscience pessimiste, du style de Turandot... L'espoir ne déçoit jamais !

    Et maintenant, trois mots : gratitude, mission, fidélité.

    La première attitude est la gratitude, parce que cette maison nous est donnée : nous n'en sommes pas les maîtres, nous sommes des hôtes et des pèlerins sur la terre. Le premier à en prendre soin est Dieu : nous sommes avant tout pris en charge par Dieu, qui a créé la terre - dit Isaïe - « non pas comme une contrée affreuse, mais pour qu'elle soit habitée » (cf. Is 45, 18). Le huitième psaume est plein de gratitude émerveillée : « Quand je vois tes cieux, œuvre de tes doigts, / la lune et les étoiles que tu as fixées, / qu'est-ce que l'homme pour que tu te souviennes de lui, / le fils de l'homme pour que tu prennes soin de lui ? » (Ps 8, 4-5). La prière du cœur qui me vient est : Merci, ô Père, pour le ciel étoilé et pour la vie dans cet univers !

    La seconde attitude est celle de la mission : nous sommes dans le monde pour en préserver la beauté et le cultiver pour le bien de tous, en particulier de la postérité, celle qui suivra dans l'avenir. C'est le « programme écologique » de l'Église. Mais aucun plan de développement ne réussira si l'arrogance, la violence, la rivalité demeurent dans nos consciences, voire dans notre société. Il faut aller à la source du problème, qui est le cœur de l'homme. C'est aussi du cœur de l'homme que vient l'urgence dramatique de la question écologique : de l'indifférence arrogante des puissants, qui privilégient toujours l'intérêt économique. L'intérêt économique : l'argent. Je me souviens de ce que me disait ma grand-mère : « Fais attention dans la vie, car le diable vient dans tes poches ». L'intérêt économique. Tant qu'il en sera ainsi, tout appel sera réduit au silence ou ne sera pris en compte que dans la mesure où il convient au marché. Cette « spiritualité » est donc celle du marché. Et tant que le marché restera premier, notre maison commune souffrira d'injustice. La beauté du don exige notre responsabilité : nous sommes des hôtes, pas des despotes. À cet égard, chers étudiants, considérez la culture comme la culture du monde, et pas seulement des idées.

    C'est là que réside le défi du développement intégral, qui requiert la troisième attitude : la fidélité. Fidélité à Dieu et fidélité à l'homme. Ce développement concerne en effet toutes les personnes dans tous les aspects de leur vie : physique, morale, culturelle, sociopolitique ; et il s'oppose à toute forme d'oppression et de mise à l'écart. L'Eglise dénonce ces abus, s'engageant avant tout à la conversion de chacun de ses membres, de nous-mêmes, à la justice et à la vérité. En ce sens, le développement intégral fait appel à notre sainteté : c'est une vocation à une vie juste et heureuse, pour tous.

    Alors maintenant, l'option à faire est entre manipuler la nature et cultiver la nature. Une option comme celle-ci : soit manipuler la nature, soit cultiver la nature. En commençant par notre nature humaine - pensez à l'eugénisme, aux organismes cybernétiques, à l'intelligence artificielle. L'option entre manipuler ou cultiver concerne également notre monde intérieur.

    La réflexion sur l'écologie humaine nous amène à une question qui vous tient à cœur et, avant cela, à moi et à mes prédécesseurs : le rôle des femmes dans l'Église. J'aime ce que vous avez dit. La violence et l'injustice pèsent lourd ici, ainsi que les préjugés idéologiques. C'est pourquoi nous devons redécouvrir le point de départ : qui est la femme et qui est l'Église. L'Église est la femme, elle n'est pas « l'Église », elle est « l'Église », elle est l'épouse. L'Église est le peuple de Dieu, pas une multinationale. La femme, dans le peuple de Dieu, est fille, sœur, mère. Comme je suis fils, frère, père. Telles sont les relations qui expriment notre être à l'image de Dieu, homme et femme, ensemble et non séparément ! En effet, les femmes et les hommes sont des personnes et non des individus ; ils sont appelés dès le « commencement » à aimer et à être aimés. Une vocation qui est une mission. Et c'est de là que vient leur rôle dans la société et dans l'Église (cf. saint Jean-Paul II, Lettre apostolique Mulieris Dignitatem, 1).

    Ce qui caractérise la femme, ce qui est féminin, n'est pas consacré par des consensus ou des idéologies. Et la dignité est assurée par une loi originelle, non pas écrite sur le papier, mais dans la chair. La dignité est un bien inestimable, une qualité originelle, qu'aucune loi humaine ne peut donner ou enlever. À partir de cette dignité, commune et partagée, la culture chrétienne élabore toujours à nouveau, dans des contextes différents, la mission et la vie de l'homme et de la femme et leur être mutuel, en communion. Non pas l'un contre l'autre, ce qui serait du féminisme ou du machisme, et non pas dans des revendications opposées, mais l'homme pour la femme et la femme pour l'homme, ensemble.

    Rappelons-nous que la femme est au cœur de l'événement salvifique. C'est à partir du « oui » de Marie que Dieu lui-même vient au monde. La femme est accueil fécond, attention, dévouement vital. C'est pourquoi la femme est plus importante que l'homme, mais il est mauvais que la femme veuille être homme : non, elle est femme, et c'est « lourd », c'est important. Ouvrons les yeux sur les nombreux exemples quotidiens d'amour, de l'amitié au travail, de l'étude à la responsabilité sociale et ecclésiale, de l'union conjugale à la maternité, à la virginité pour le Royaume de Dieu et pour le service. N'oublions pas, je le répète : l'Église est femme, elle n'est pas masculine, elle est femme.

    Vous êtes ici pour grandir en tant que femmes et en tant qu'hommes. Vous êtes en voyage, en formation en tant que personnes. C'est pourquoi votre parcours académique englobe différents domaines : la recherche, l'amitié, le service social, la responsabilité civile et politique, l'expression artistique...

    Je pense à l'expérience que vous vivez chaque jour, dans cette Université catholique de Louvain, et je partage avec vous trois aspects simples et décisifs de la formation : comment étudier ? pourquoi étudier ? et pour qui étudier ?

    Comment étudier : il n'y a pas seulement une méthode, comme dans toute science, mais aussi un style. Chacun peut cultiver le sien. En effet, l'étude est toujours un chemin vers la connaissance de soi et des autres. Mais il y a aussi un style commun qui peut être partagé dans la communauté universitaire. On étudie ensemble : avec ceux qui ont étudié avant moi - les professeurs, les camarades plus avancés - avec ceux qui étudient à mes côtés, dans la salle de classe. La culture comme soin de soi implique de prendre soin les uns des autres. Il n'y a pas de guerre entre les étudiants et les professeurs, il y a un dialogue, parfois un peu intense, mais il y a un dialogue et le dialogue fait grandir la communauté universitaire.

    Deuxièmement, pourquoi étudier ? Il y a une raison qui nous pousse et un objectif qui nous attire. Il faut qu'ils soient bons, car le sens des études en dépend, la direction de notre vie en dépend. Parfois, j'étudie pour trouver ce type de travail, mais je finis par vivre en fonction de cela. Nous devenons la « marchandise », nous vivons en fonction du travail. Nous ne vivons pas pour travailler, mais nous travaillons pour vivre ; c'est facile à dire, mais il faut s'engager à le mettre en pratique de manière cohérente. Et ce mot de cohérence est très important pour tout le monde, mais surtout pour vous, les étudiants. Vous devez apprendre cette attitude de cohérence, être cohérent.

    Troisièmement : pour qui étudier ? Pour vous-mêmes ? Pour rendre des comptes aux autres ? Nous étudions pour pouvoir éduquer et servir les autres, avant tout avec le service de la compétence et de l'autorité. Avant de nous demander si nous étudions pour quelque chose, préoccupons-nous de servir quelqu'un. Une bonne question à se poser pour un étudiant universitaire : qui est-ce que je sers, moi ? Ou ai-je le cœur ouvert à un autre service ? Le diplôme universitaire témoigne alors d'une capacité à servir le bien commun. J'étudie pour moi, pour travailler, pour être utile, pour le bien commun. Et cela doit être très équilibré, très équilibré !

    Chers étudiants, c'est une joie pour moi de partager ces réflexions avec vous. Ce faisant, nous percevons qu'il existe une réalité plus grande qui nous éclaire et nous dépasse : la vérité. Qu'est-ce que la vérité ? Pilate a posé cette question. Sans vérité, notre vie perd son sens. L'étude a un sens lorsqu'elle cherche la vérité, lorsqu'elle essaie de la trouver, mais avec un esprit critique. Mais la vérité, pour la trouver, a besoin de cette attitude critique, pour pouvoir avancer. L'étude a du sens quand elle cherche la vérité, ne l'oubliez pas. Et en la cherchant, elle comprend que nous sommes faits pour la trouver. La vérité se fait trouver : elle est accueillante, elle est disponible, elle est généreuse. Si nous renonçons à chercher ensemble la vérité, l'étude devient un instrument de pouvoir, de contrôle sur les autres. Et je vous avoue que cela m'attriste de trouver, partout dans le monde, des universités qui ne préparent les étudiants qu'à acquérir ou à détenir le pouvoir. C'est trop individualiste, sans communauté. L'alma mater est la communauté universitaire, l'université, ce qui nous aide à faire société, à faire fraternité. L'étude sans (recherche de la vérité) ensemble n'est pas utile, elle domine. Au contraire, la vérité nous rend libres (cf. Jn 8,32). Chers étudiants, voulez-vous la liberté ? Soyez des chercheurs et des témoins de la vérité ! Essayez d'être crédibles et cohérents à travers les choix quotidiens les plus simples. C'est ainsi qu'elle devient, chaque jour, ce qu'elle veut être : une université catholique ! Et allez-y, allez-y, et n'entrez pas dans les luttes avec des dichotomies idéologiques, non. N'oubliez pas que l'Église est une femme et que cela nous aidera beaucoup.

    Merci pour cette rencontre. Merci d'être bons ! Je vous bénis de tout cœur. Je vous bénis de tout cœur, vous et votre chemin de formation. Et je vous demande de prier pour moi. Et si quelqu'un ne prie pas ou ne sait pas prier ou ne veut pas prier, envoyez-moi au moins de bonnes ondes, qui sont nécessaires ! Je vous remercie !

    Traduit de l'italien avec deepl

  • Les Belges "libéraux" donnent du fil à retordre à François

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    Du Catholic Herald :

    Les Belges libéraux donnent du fil à retordre à François

    28 septembre 2024

    ROME – Au début de son week-end prolongé au Luxembourg et en Belgique, le pape François a annoncé aux journalistes qu'il ne saluerait pas chacun d'entre eux, se disant trop fatigué. Cette décision intervient après que François a annulé deux audiences en début de semaine en raison d'un rhume, selon le Vatican.

    Il y a fort à parier que ce vendredi en Belgique n'a pas non plus beaucoup remonté le moral du pontife, car c'était l'une des journées les plus difficiles qu'il ait eues sur son chemin depuis un certain temps.

    Le Premier ministre belge Alexander De Croo a réprimandé le pape François pour les scandales d'abus sexuels dans l'Eglise. Le recteur de l'Université catholique de Louvain, Luc Sels, a lancé un appel à la création de prêtres femmes, une proposition à laquelle le pape a déjà fermement répondu par un « non », et a également exhorté l'Eglise à être encore plus ouverte à la communauté LGBTQ+.

    Et, dans des remarques aux journalistes, Benedict Lemley, le doyen de la faculté de théologie de Louvain, a déclaré avec désinvolture que l'attachement de l'Église aux « vérités universelles » peut être un problème dans une université catholique qui cherche à être « critiquement loyale » à la foi.

    Même la rencontre du pape vendredi soir avec un groupe de survivants d'abus sexuels, censée être un geste de sensibilité pastorale, a suscité la colère d'un groupe de défense qui a qualifié la session de simple « limitation des dégâts ».

    Dans l’ensemble, ce n’était pas une journée facile pour représenter la religion institutionnelle dans l’une des sociétés les plus laïques de la planète – et tout cela s’ajoutait au fait que c’était une journée froide et pluvieuse à Bruxelles, ce qui ajoutait à l’ambiance légèrement morose.

    Tout au long de cette période, François a maintenu son message, insistant sur le fait que l’Église « ne doit jamais se conformer à la culture prédominante, même lorsque cette culture utilise, de manière manipulatrice, des valeurs dérivées de l’Évangile, en en tirant des conclusions inauthentiques qui provoquent souffrance et exclusion ».

    La journée a commencé par la rencontre de François avec le roi Philippe et la reine Mathilde, suivie de sa rencontre avec De Croo, qui assure actuellement l'intérim jusqu'à ce qu'un nouveau gouvernement puisse être formé. Si c'était là son chant du cygne, De Croo semblait déterminé à en profiter au maximum. « Nous ne pouvons pas ignorer les blessures douloureuses qui existent dans la communauté catholique et dans la société civile », a-t-il déclaré au pape. « De nombreux cas d’abus sexuels et d’adoptions forcées ont miné la confiance. » « Vous vous êtes engagés à adopter une approche juste et équitable, mais le chemin est encore long », a déclaré De Croo au pape. « Les ministres de l'Église travaillent avec conviction et charité, mais si quelque chose ne va pas, les dissimulations sont inacceptables. »

    La Belgique a été particulièrement touchée par les scandales d'abus ecclésiastiques, notamment le cas notoire de l'ancien évêque Roger Vangheluwe, qui a démissionné après avoir admis avoir abusé de mineurs, dont deux de ses propres neveux.

    « Aujourd’hui, les mots ne suffisent plus », a déclaré De Croo. « Il faut prendre des mesures concrètes. Les victimes doivent être entendues et occuper une place centrale. Elles ont droit à la vérité et les injustices doivent être reconnues. » « Pour pouvoir regarder vers l’avenir, l’Église doit d’abord faire la lumière sur son passé », a-t-il déclaré.

    François n'a pas esquivé le sujet, qualifiant les abus de « fléau auquel l'Église s'attaque avec fermeté et détermination en écoutant et en accompagnant ceux qui ont été blessés, et en mettant en œuvre un programme de prévention dans le monde entier ».

    Mais la réaction négative aux scandales d'abus n'a pas été la seule note amère entendue par le pape, puisque Sels, le recteur de Louvain, l'a également bousculé sur le rôle des femmes dans l'Église. « L’autorité de l’Église dépend aussi de la mesure dans laquelle elle accueille la diversité dans la société », a déclaré Sels, demandant à haute voix pourquoi le catholicisme « tolère cet énorme fossé entre les hommes et les femmes, dans une Église qui est de facto souvent dirigée par des femmes ? » « L'Eglise ne serait-elle pas plus cordiale si elle accordait aux femmes une place plus importante, y compris dans le sacerdoce ? » a-t-il demandé, sachant pertinemment que le pape avait déjà donné sa réponse, et qu'il s'agissait donc plutôt d'une question rhétorique.

    Sels a également appelé à une position plus ouverte sur les questions LGBTQ+, affirmant que « l’Église dans le monde entier est appelée à mettre les récentes découvertes scientifiques en dialogue avec la théologie », et a ajouté que le catholicisme devrait se méfier des réponses « une fois pour toutes ».

    Enfin, Lemley, doyen de la faculté de théologie et d’études religieuses de Louvain, a informé le pape que si l’université est « au service de notre Église », cet engagement s’exprime de manière « critique et loyale ». « Un véritable ami ne vous dit pas toujours ce que vous aimez entendre », a déclaré Lemley. « Il vous dit aussi… ce que vous devez améliorer. »

    Lemley a offert au pontife un livre intitulé L’évêque de Rome et les théologiens de Louvain, qui comprend, entre autres, un chapitre consacré à « repenser les normes de l’Église en matière de sexualité ». Le livre commence par un aveu honnête : « Cette visite papale n’est pas sans controverse, en partie à cause des nombreux scandales entourant les abus sexuels, émotionnels et spirituels dans l’Église », peut-on lire dans l’introduction. « Ceux qui s’associent à elle ne peuvent pas compter sur beaucoup de bonne volonté de la part de la société et de la culture. »

    Lemley a suggéré que l’Église devrait peut-être repenser certains principes fondamentaux. « Je pense qu’un problème auquel l’Église est confrontée aujourd’hui est qu’elle a tendance à essayer de trouver des vérités universelles, vous savez, des dogmes universels, des points de vue universels… c’est en quelque sorte un problème parce que nous avons tellement de pays différents avec tellement de cultures différentes, et certains sont sécularisés, d’autres ne le sont pas. » « Et donc, tant que nous essayons d’avoir une vérité universelle et intouchable pour tous et chacun, cela est difficile », a-t-il déclaré, créant une fois de plus un casse-tête pour un pape qui représente une Eglise qui prétend proclamer de telles vérités universelles.

    A sa manière, François n'a pas reculé devant le défi, déclarant vendredi après-midi aux professeurs de Louvain que « c'est une belle chose de considérer les universités comme des génératrices de culture et d'idées, mais surtout comme des promotrices de la passion pour la recherche de la vérité, au service du progrès humain ».

    François a déploré ce qu’il a appelé la « fatigue intellectuelle » de ceux qui refusent de chercher la vérité et restent ainsi dans un « état permanent d’incertitude, dépourvu de toute passion, comme si la recherche de sens était inutile et la réalité incompréhensible ».

    Cela constituait un puissant contre-point à la fin d’une journée difficile – une journée au cours de laquelle François lui-même aurait pu être excusé de ressentir un peu de lassitude, sinon intellectuelle, du moins physique et, peut-être même pastorale.

  • "Il n’y a objectivement jamais eu autant de preuves de l’existence de Dieu et de la vérité de la foi chrétienne" (Olivier Bonassies)

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    D'Olivier Bonnassies sur Le Journal du Dimanche :

    Le progrès fulgurant de la connaissance appuie la vérité chrétienne

    TRIBUNE. Le christianisme poursuit son déclin en Occident alors qu’il n’y a objectivement jamais eu autant de preuves de l’existence de Dieu et de la vérité de la foi chrétienne, estime Olivier Bonnassies, directeur du magazine « 1 000 raisons de croire » et coauteur du livre « Dieu, la science, les preuves ».

    C’est un phénomène massif et global : la connaissance progresse à une vitesse folle, dans tous les domaines, grâce au développement de la science et du savoir. Internet et les moyens modernes de communication permettent de diffuser toutes ces informations inédites, d’échanger à leur sujet et de valider, dans le temps, tous les acquis. Dès lors, bon nombre de questions sont de moins en moins indéterminées et des certitudes nouvelles apparaissent. Un peu comme quand la marée descend ou quand le brouillard se dissipe : un paysage inattendu se dévoile, de plus en plus clairement.

    Ce climat intellectuel ouvre de nouvelles perspectives pour la démarche apologétique, c’est-à-dire littéralement la justification et la défense de la foi. Ancrée dans la plus ancienne tradition de l’Église, elle connaît ainsi aujourd’hui un regain d’intérêt. Trois domaines peuvent être signalés.

    « Les données s’accumulent à l’appui de la foi chrétienne »

    Premièrement, le domaine de la science. On sait maintenant de manière certaine que l’univers est constitué de temps, d’espace et de matière indissolublement liés ; qu’il a très certainement eu un début absolu ; qu’il est très finement réglé et extraordinairement ajusté dans tous ses aspects ; et que toutes les théories imaginées jusqu’ici dans le but d’éviter l’hypothèse d’un Dieu créateur qui en découle naturellement (Big Crunch, univers cycliques, théorie du Tout, multivers, etc.) ne tiennent pas et sont « mortes », ainsi que le constatait Stephen Hawking avant sa disparition en 2018.

    « Il est frappant, de voir à quel point les objections au christianisme sont de moins en moins tenables »

    Deuxièmement, les données s’accumulent à l’appui de la foi chrétienne proprement dite. On réalise de plus en plus qu’il y a 1 000 raisons d’y croire et que rien ne peut lui être comparé. Cela concerne Jésus, Marie, l’Église, la Bible, les apôtres, les prophètes, les martyrs, les moines, les saints, les docteurs, les mystiques, les visionnaires, les grands témoins de la foi, la civilisation chrétienne, les interventions et apparitions du Christ, de la Vierge Marie et des saints dans l’histoire, une vague de charité unique au monde, des miracles étonnants de toutes sortes (guérisons, corps conservés, bilocations, lacrymations, lévitations, inédies, stigmates, miracles eucharistiques), les reliques, les exorcismes, les conversions fortes et très réfléchies d’athées, de juifs, de musulmans et de bien d’autres, ainsi que toutes sortes de témoignages de rencontres avec le Christ et d’innombrables histoires providentielles.

    Enfin, troisièmement, le rapport de la foi chrétienne aux discours qui la contestent est modifié. Il est frappant, de voir à quel point les objections au christianisme sont de moins en moins tenables. Certains sont allés jusqu’à prétendre que Jésus n’avait tout bonnement jamais existé. Mais cette hypothèse est impossible puisque, pendant dix-sept siècles, personne, même ses pires adversaires, n’a osé envisager cela.

    Les objections séculaires de penseurs juifs sur le Christ trouvent des réponses très documentées dans des travaux de juifs messianiques, toujours plus nombreux ; la thèse curieuse de l’islam, selon laquelle le Christ a été remplacé sur la Croix par un sosie, ne résiste pas non plus à l’examen, car elle impliquerait un Dieu trompeur et un Jésus complice ; quant à l’objection islamique sur la Ville sainte, qui prétend remettre en cause le statut de Jérusalem au profit de La Mecque, la critique historique récente a mis au jour toute une série de découvertes surprenantes démontrant que La Mecque est une création des califes abbassides et qu’elle n’existait pas en tant que telle au temps de Mahomet.

    « L’aube d’une révolution »

    Au-delà de ce qu’on pourrait dire point par point, c’est la nouvelle approche permise qui interpelle, fondée sur la rationalité. Toutes ces révolutions conceptuelles suivent la logique établie par Thomas Kuhn dans son fameux essai La Structure des révolutions scientifiques, qui se retrouve en science dans tous les grands changements de paradigme, de Copernic à Einstein en passant par Newton, Lavoisier ou Planck : la mise au jour de certains faits et/ou anomalies conduit à remettre en cause les visions dominantes, faisant apparaître une thèse nouvelle et révolutionnaire. Celle-ci semble d’abord ridicule ou absurde, puis menaçante ou dangereuse, avant de se révéler finalement évidente et acceptée par tous, à mesure que les preuves s’accumulent et que son pouvoir explicatif supérieur s’impose.

    Nous vivons donc une époque vraiment formidable et tout à fait inédite : « L’aube d’une révolution » qui bouscule des convictions séculaires mais les résistances sont bien sûr fortes et multiformes. Il faut du temps, en général celui d’une génération, pour que l’innovation puisse être intégrée et digérée. Max Planck disait à ce sujet : « Une théorie nouvelle ne s’impose jamais, ce sont ses adversaires qui finissent par mourir. »

    Et l’inertie du système de pensée dominant est sans doute plus grande encore en matière spirituelle. Mais quand on connaît le fond de tous ces dossiers, la conclusion vers laquelle on avance inexorablement apparaît, claire et limpide. Les preuves s’accumulent peu à peu, toujours dans le même sens, avec des implications gigantesques. Et il est certain que rien ni personne ne pourra arrêter cette progression continue de la connaissance.

    Très paradoxalement, les courbes du christianisme continuent leur chute vertigineuse en Occident, alors qu’il n’y a objectivement jamais eu autant de preuves de l’existence de Dieu et de la vérité de la foi chrétienne. La raison en est que le grand public ignore encore largement cette « révolution », n’ayant pas forcément accès à toutes ces nouvelles données. Il ne tient qu’à nous d’y remédier.
  • Le pape François nomme des consultants au bureau de doctrine du Vatican, dont un théologien controversé

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    D'Hannah Brockhaus sur ACIPrensa :

    Le pape François nomme des consultants au bureau de doctrine du Vatican, dont un théologien controversé

    23 septembre 2024

    Le pape François a nommé 28 nouveaux consultants auprès du Dicastère pour la doctrine de la foi (DDF) du Vatican, parmi lesquels le théologien moral Maurizio Chiodi, qui a exprimé des opinions contraires aux enseignements de l'Église catholique.

    Chiodi, un théologien moraliste, a fait l'objet d'une attention médiatique ces dernières années pour avoir suggéré que l'utilisation de contraceptifs dans le mariage pourrait être moralement permise dans certaines circonstances.

    Lors d’une conférence à Rome en 2017, le prêtre a également déclaré que les relations homosexuelles « sous certaines conditions » pourraient être « le moyen le plus fructueux » pour ceux qui ont des attirances pour le même sexe de « jouir de bonnes relations ».

    Chiodi a été nommé professeur de théologie à l'Institut théologique pontifical Jean-Paul II pour les sciences du mariage et de la famille en 2019 suite à sa refondation par le pape François. Il est également membre de l'Académie pontificale pour la vie depuis 2017.

    Le Dicastère pour la Doctrine de la Foi, le bureau du Vatican chargé des questions d'orthodoxie doctrinale dans l'Église catholique et des enquêtes et poursuites concernant les abus sexuels commis par des prêtres, est sous la direction du cardinal Víctor Manuel Fernández depuis septembre 2023.

    Au cours de l'année écoulée, le DDF a été aux prises avec les conséquences internes et œcuméniques de la Fiducia supplicans , la déclaration du dicastère autorisant les bénédictions non liturgiques pour les couples de même sexe. Elle a également publié un document sur la dignité humaine , Dignitas Infinita , qui aborde les préoccupations croissantes concernant la théorie du genre, les changements de sexe, la maternité de substitution et l'euthanasie, ainsi que l'avortement, la pauvreté, la traite des êtres humains et la guerre.

    En mai, le dicastère a également publié de nouvelles normes pour juger les prétendues apparitions mariales, approuvant par la suite la dévotion mariale dans plusieurs lieux spirituels, et récemment à Medjugorje .

    Les près de trois douzaines de nouveaux consultants externes, experts en théologie, droit canonique et Écriture, rencontreront les consultants existants du DDF pour conseiller les dirigeants et les membres du dicastère à intervalles réguliers.

    Les 28 nouvelles nominations sont pour la plupart des prêtres-théologiens italiens, mais comprennent également six femmes – deux religieuses et quatre théologiens laïcs – et deux théologiens laïcs.

    La liste complète des nouveaux consultants ci-dessous :

    Mgr Antonio Staglianò, président de l'Académie pontificale de théologie.

    P. Giovanni Ancona, professeur de théologie.

    P. Giacomo Canobbio, directeur scientifique de l'Académie catholique de Brescia.

    P. Carlo Dell'Osso, secrétaire de l'Institut Pontifical d'Archéologie Chrétienne de Rome.

    Père Basilio Petrà, théologien.

    Père Bruno Fabio Pighin, canoniste.

    P. Mario Stefano Antonelli, recteur du Séminaire Pontifical Lombard des Saints Ambrogio et Carlo à Rome.

    Père Pasquale Bua, théologien.

    Père Maurizio Chiodi, théologien.

    Père Massimo Del Pozzo, canoniste.

    P. Aristide Fumagalli, théologien.

    P. Federico Giuntoli, bibliste.

    P. Pier Davide Guenzi, théologien moral.

    Père Franco Manzi, théologien.

    P. Massimo Regini, théologien.

    Père Raffaele Talmelli, supérieur général de la Congrégation des Serviteurs du Paraclet et exorciste.

    P. Denis Chardonnens, OCD, théologien.

    Père Armando Genovese, MSC, théologien.

    P. Juan Manuel Granados Rojas, SJ, bibliste.

    P. Dominic Sundararaj Irudayaraj, SJ, bibliste.

    Mario Bracci, théologien.

    Sœur Giuseppina Daniela Del Gaudio, SFI, directrice de l'Observatoire des Apparitions et Phénomènes Mystiques de la Vierge Marie dans le Monde.

    Sœur Benedetta Rossi, Missionnaires de Marie, bibliste.

    Donatella Abignente, théologienne.

    Claudia Leal Luna, théologienne.

    Sandra Mazzolini, théologienne.

    Ignazia Siviglia, théologienne.

    Emanuele Spedicato, canoniste.

  • 7 façons dont le Synode sur la synodalité peut (encore) changer l’Église

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    De Jonathan Liedl sur le NCR :

    7 façons dont le Synode sur la synodalité peut (encore) changer l’Église

    ANALYSE : Le rassemblement d’octobre pourrait conduire à plusieurs changements majeurs qui auront un impact sur la vie quotidienne de l’Église catholique.

    Les questions les plus controversées ne seront peut-être pas à l'ordre du jour du Synode sur la synodalité qui se tiendra le mois prochain à Rome. Mais ne vous y trompez pas : la réunion du 2 au 27 octobre pourrait néanmoins conduire à plusieurs changements majeurs qui auront un impact sur la vie quotidienne de l'Église catholique.

    Les délégués au synode, qui conclura un processus synodal mondial de quatre ans axé sur la manière d'accroître la participation dans l'Église catholique, discuteront probablement et approuveront éventuellement des propositions touchant à tout, depuis les femmes à des postes de direction jusqu'à la capacité des conférences épiscopales nationales à prendre des décisions doctrinales. 

    Le potentiel de changements significatifs demeure même après que le pape François a décidé de transférer des sujets controversés – tels que la possibilité d’avoir des femmes diacres et le discernement de questions doctrinales controversées (y compris celles liées à la sexualité) – à des groupes d’étude dédiés et non à l’assemblée synodale dans son ensemble.

    En fait, tant les théologiens concernés que les militants enthousiastes ont émis l’hypothèse qu’en se concentrant sur des sujets plus fondamentaux comme la prise de décision dans la vie de l’Église, le synode pourrait en réalité « ouvrir la porte » aux efforts visant à changer des doctrines et des disciplines particulières.

    Et tandis que des participants comme le cardinal Christoph Schönborn de Vienne ont déclaré que les thèmes spécifiques du synode « sont un peu en suspens », le document qui guidera les discussions d'octobre, l' instrumentum laboris (IL), comprend déjà les premières esquisses de plusieurs propositions concrètes.

    Plus de 360 ​​délégués votants — dont, pour la deuxième année consécutive, un nombre significatif de femmes et d'hommes non ordonnés — discuteront de ces propositions tout au long du mois d'octobre avant de voter sur un document final. Le pape François prendra ce texte en considération avant d'écrire son propre enseignement post-synodal — à moins qu'il ne décide d'accepter simplement le document final du synode comme magistériel, comme le lui permet un récent changement du droit canon. 

    Quoi qu’il en soit, nous nous attendons à un mois d’octobre bien plus important que ceux qui se concentrent uniquement sur les « questions brûlantes » voudraient nous le faire croire.

    Voici sept façons concrètes par lesquelles le synode peut encore changer l’Église catholique.

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  • Toutes les religions se valent, c’est le Pape qui l’a dit

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    De Sandro Magister sur Settimo Cielo (Diakonos.be) :

    Toutes les religions se valent, c’est le Pape qui l’a dit

    « Understood ? », « Capito ? », a fini par demander en anglais le Pape François aux jeunes de différentes religions qui l’entouraient, le 13 septembre à Singapour, à la dernière étape de son récent voyage en Asie et en Océanie (voir photo).

    La réponse (à la minute 44’42’’ de l’enregistrement vidéo du Vatican) a été accueillie par des éclats de rire et des applaudissements, comme s’ils avaient apprécié ce qu’il venait de dire, mais sans trop le prendre au sérieux.

    Et qu’est-ce que le Pape avait donc bien pu dire juste avant, en italien traduit en anglais phrase par phrase ? Voici la transcription de ses déclarations, enregistrées dans les actes officiels de son pontificat :

    « L’une des choses qui m’a le plus frappé chez vous, les jeunes, ici, c’est votre capacité de dialogue interreligieux. Et c’est très important, parce que si vous commencez à vous disputer : ‘Ma religion est plus importante que la tienne… ‘, ‘La mienne est la vraie, la tienne n’est pas vraie… ‘. Où cela mène-t-il ? Où ? Quelqu’un répond : où ? [quelqu’un répond : ‘La destruction’]. C’est ainsi. Toutes les religions sont un chemin vers Dieu. Elles sont – je fais une comparaison – comme des langues différentes, des idiomes différents, pour y parvenir. Mais Dieu est Dieu pour tous. Et parce que Dieu est Dieu pour tous, nous sommes tous fils de Dieu. ‘Mais mon Dieu est plus important que le vôtre !’ Est-ce vrai ? Il n’y a qu’un seul Dieu, et nous, nos religions sont des langues, des chemins vers Dieu. Certains sont sikhs, d’autres musulmans, d’autres hindous, d’autres chrétiens, mais ce sont des chemins différents. Understood ? ».

    Dix jours se sont déjà écoulés depuis que François a fait cette déclaration, et pourtant rien ne s’est passé, comme si même à l’intérieur de l’Église, personne ne prend plus ses déclarations au sérieux, peut-être dans l’espérance que « ce qu’il a dit ne soit pas exactement ce qu’il voulait dire », comme l’a écrit Charles Chaput, l’archevêque émérite de Philadelphie dans « First Things ».

    Alors qu’en fait, il y a quelques décennies à peine, les thèses formulées à Singapour par le Pape François avait déclenché dans l’Église l’une des crises les plus radicales sur l’identité même de la foi chrétienne, une crise tranchée – mais visiblement pas résolue – par la déclaration « Dominus Iesus » promulguée en août 2000 par la Congrégation pour la Doctrine de la Foi présidée à l’époque par Joseph Ratzinger, en accord total et public avec le pape de l’époque, Jean-Paul II.

    Pour bien comprendre la gravité des enjeux, il est bon de relire ce que disait Giacomo Biffi, un cardinal et théologien de grande valeur, à ses collèges cardinaux à la veille du conclave de 2005 qui allait élire Ratzinger pape :

    « Je voudrais signaler au nouveau pape l’affaire incroyable de la déclaration ‘Dominus Iesus’. Jamais, en 2 000 ans – depuis le discours de Pierre après la Pentecôte – on n’avait ressenti la nécessité de rappeler cette vérité : Jésus est l’unique et indispensable Sauveur de tous. Cette vérité est, pour ainsi dire, le degré minimum de la foi. C’est la certitude primordiale, c’est pour les croyants la donnée la plus simple et la plus essentielle. Jamais, en 2 000 ans, elle n’a été remise en doute, pas même pendant la crise de l’arianisne ni à l’occasion du déraillement de la Réforme protestante. Qu’il ait fallu rappeler cette vérité à notre époque montre à quel point la situation est grave aujourd’hui ».

    Mais lisons ce que déclare « Dominus Iesus ». Le danger auquel cette déclaration entendait réagir était le « relativisme », c’est-à-dire le fait de considérer que toutes les religions se valent, ce qui revient par conséquence à vider de son sens la mission évangélique :

    « La pérennité de l’annonce missionnaire de l’Église est aujourd’hui mise en péril par des théories relativistes, qui entendent justifier le pluralisme religieux, non seulement de facto mais aussi de iure (ou en tant que principe). »

    Un relativisme qui considère comme dépassées « des vérités comme l’unicité et l’universalité salvifique du mystère de Jésus-Christ », professées très fermement depuis la période apostolique.

    Par Pierre :

    « Dans son discours devant le sanhédrin, pour justifier la guérison de l’impotent de naissance réalisée au nom de Jésus (cf. Ac 3,1-8), Pierre proclame : ‘Il n’y a pas sous le ciel d’autre nom donné aux hommes, par lequel nous devions être sauvés’ (Ac 4,12) »

    Et par Paul :

    « S’adressant à la communauté de Corinthe, Paul écrit : ‘Bien qu’il y ait, soit au ciel, soit sur la terre, de prétendus dieux – et de fait il y a quantité de dieux et quantité de seigneurs –, pour nous en tous cas, il n’y a qu’un seul Dieu, le Père, de qui viennent toutes choses et vers qui nous allons, et un seul Seigneur, Jésus-Christ, par qui viennent toutes choses et par qui nous allons’ (1 Co 8,5-6) ».

    Sans pour autant que cela ne porte préjudice à un dialogue respectueux entre les religions :

    « Cette vérité de foi n’enlève rien à la considération respectueuse et sincère de l’Église pour les religions du monde, mais en même temps, elle exclut radicalement la mentalité indifférentiste imprégnée d’un relativisme religieux qui porte à considérer que ‘toutes les religions se valent’. […] La parité, condition du dialogue, signifie égale dignité personnelle des parties, non pas égalité des doctrines et encore moins égalité entre Jésus-Christ – Dieu lui-même fait homme – et les fondateurs des autres religions ».

    La déclaration « Dominus Iesus » a connu une réception tourmentée. Ses détracteurs répandirent pendant des années la fake news prétendant qu’elle aurait été écrite par des prélats de seconde zone de la Congrégation pour la Doctrine de la foi, et que le cardinal Ratzinger et le Pape Jean-Paul II les auraient laissé faire par embarras et par indolence, sans se soucier de nuire aux ouvertures du Concile Vatican II et à l’« esprit d’Assise » prophétique des rencontres interreligieuses.

    Ces fausses rumeurs circulaient encore au début du pontificat de François. À tel point qu’en mars 2014, un mois après sa démission du pontificat, Ratzinger/Benoit XVI avait publié une note de clarification sur la manière dont les choses s’étaient vraiment passées.

    Il commence tout d’abord par reconnaître le « courage de la vérité » du Pape Karol Wojtyla :

    « Jean-Paul II ne recherchait pas les applaudissements et il n’a jamais regardé autour de lui avec inquiétude en se demandant comment ses décisions allaient être accueillies. Il a agi en fonction de sa foi et de ses convictions et il était même prêt à recevoir des coups. Le courage de la vérité est, à mes yeux, un critère de premier ordre de la sainteté ».

    Et il poursuit par cette reconstruction inédite expliquant à quel point Jean-Paul II partageait pleinement la déclaration « Dominus Iesus » :

    « Face au tourbillon qui s’était développé autour de ‘Dominus Iesus’, Jean-Paul II m’annonça qu’il avait l’intention de défendre ce document de manière tout à fait claire lors de l’Angélus. Il m’invita à rédiger pour l’Angélus un texte qui soit, pour ainsi dire, étanche et qui ne permette aucune interprétation différente. Il fallait montrer de manière tout à fait indiscutable qu’il approuvait inconditionnellement le document.

    Je préparai donc un bref discours. Toutefois je n’avais pas l’intention d’être trop brusque ; je cherchai donc à m’exprimer avec clarté mais sans dureté. Après l’avoir lu, le pape me demanda encore une fois : ‘Est-ce que c’est vraiment assez clair ?’. Je lui répondis que oui. Mais ceux qui connaissent les théologiens ne seront pas étonnés d’apprendre que, malgré cela, il y a eu par la suite des gens qui ont soutenu que le pape avait pris prudemment ses distances par rapport à ce texte ».

    L’Angélus au cours duquel le Pape Jean-Paul II a lu les phrases écrites pour lui par Ratzinger était celui du 1er octobre 2000, deux mois après la publication de « Dominus Iesus ».

    Il est bon de la relire :

    « Avec la Déclaration ‘Dominus Iesus’ – ‘Jésus est le Seigneur’ – que j’ai approuvée sous une forme particulière, j’ai voulu inviter tous les chrétiens à renouveler leur adhésion à Lui dans la joie de la foi, en témoignant de façon unanime qu’il est, également aujourd’hui et demain, ‘le chemin, la vérité et la vie’ (Jn 14, 6). Notre confession du Christ comme unique Fils, à travers lequel nous voyons nous-mêmes le visage du Père (cf. Jn 14, 8), n’est pas l’arrogance de celui qui méprise les autres religions, mais une reconnaissance joyeuse car le Christ s’est montré à nous sans que nous n’en ayons aucun mérite. Et, dans le même temps, Il nous a engagés à continuer à donner ce que nous avons reçu, et également à communiquer aux autres ce qui nous a été donné, car la Vérité donnée et l’Amour qui est Dieu appartiennent à tous les hommes.

    Avec l’Apôtre Pierre, nous confessons qu’ ’il n’y a pas d’autre nom donné aux hommes par lequel nous devions être sauvés’ (Ac 4, 12). La Déclaration ‘Dominus Iesus’, dans le sillage de Vatican II, explique que cela ne signifie pas que le salut est nié aux non-chrétiens, mais qu’on en indique la source ultime dans le Christ, en qui Dieu et l’homme sont unis. Dieu donne la lumière à tous de façon adaptée à leur situation intérieure et à leur environnement, en leur accordant la grâce salvifique à travers des voies qu’il connaît (cf. ‘Dominus Iesus’ VI, 20-21). Le document apporte un éclaircissement sur les éléments chrétiens essentiels, qui ne font pas obstacle au dialogue, mais montrent ses bases, car un dialogue sans fondement serait destiné à dégénérer en paroles vides de sens.

    Cela vaut également pour la question œcuménique. Si le document, avec le Concile Vatican II, déclare que ‘l’unique Église du Christ subsiste dans l’Église catholique’, il n’entend pas exprimer par cela une considération moindre à l’égard des autres Églises et communautés ecclésiales. Cette conviction s’accompagne de la conscience que cela n’est pas dû au mérite humain, mais est un signe de la fidélité de Dieu qui est plus forte que les faiblesses humaines et les péchés, que nous avons confessés de façon solennelle devant Dieu et les hommes au début du Carême. L’Église catholique souffre – comme le dit le document – du fait que de véritables Églises particulières et communautés ecclésiales possédant de précieux éléments de salut soient séparées d’elle.

    Le document exprime ainsi encore une fois la même passion œcuménique qui se trouve à la base de mon encyclique ‘Ut unum sint’. J’ai espoir que cette Déclaration qui me tient à cœur, après tant d’interprétations erronées, puisse finalement jouer son rôle de clarification et, dans le même temps, d’ouverture. »

    *

    Pour en revenir à ce que le Pape François a dit aux jeunes de Singapour, de toute évidence le fossé abyssal avec l’enseignement de « Dominus Iesus » et celui des deux papes qui l’ont précédé sur la chaire de Pierre.

    Mais le fossé est encore plus dramatique si ces déclarations sont mises en rapport avec les raisons d’être de l’Église depuis toujours et avec la « priorité suprême et fondamentale de l’Église et du successeur de Pierre aujourd’hui », mises en lumière par Benoît XVI dans ce mémorable passage de sa lettre aux évêques du monde entier du 10 mars 2009 :

    « À notre époque où dans de vastes régions de la terre la foi risque de s’éteindre comme une flamme qui ne trouve plus à s’alimenter, la priorité qui prédomine est de rendre Dieu présent dans ce monde et d’ouvrir aux hommes l’accès à Dieu. Non pas à un dieu quelconque, mais à ce Dieu qui a parlé sur le Sinaï ; à ce Dieu dont nous reconnaissons le visage dans l’amour poussé jusqu’au bout (cf. Jn 13, 1) – en Jésus Christ crucifié et ressuscité.

    En ce moment de notre histoire, le vrai problème est que Dieu disparaît de l’horizon des hommes et que tandis que s’éteint la lumière provenant de Dieu, l’humanité manque d’orientation, et les effets destructeurs s’en manifestent toujours plus en son sein. Conduire les hommes vers Dieu, vers le Dieu qui parle dans la Bible: c’est la priorité suprême et fondamentale de l’Église et du successeur de Pierre aujourd’hui. »

    On ne manquera pas de constater que le Pape François a prononcé ces paroles dans l’une des rares régions du monde où l’élan missionnaire de l’Église catholique est le plus vivace, sans réaliser qu’en mettant toutes les religions sur un même pied d’égalité, il vidait de son sens le mandat de Jésus ressuscité de faire « de toutes les nations des disciples » (Matthieu 28,18-20).

    ———

    Sandro Magister est le vaticaniste émérite de l’hebdomadaire L’Espresso.
    Tous les articles de son blog Settimo Cielo sont disponibles en langue française sur diakonos.be.

    Ainsi que l’index complet de tous les articles français de www.chiesa, son blog précédent.

  • Le pape en Belgique : un rôle délicat devant une salle difficile

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    De John L. Allen Jr. sur Crux Now :

    En Belgique, le pape François jouera dans une salle difficile

    22 septembre 2024

    ROME – Admettons que Tom De Cock, un animateur radio, personnalité de la télévision et auteur flamand de 41 ans, qui est gay et marié, ne soit pas nécessairement représentatif de l'ensemble de la population de la Belgique, une nation complexe de 11,7 millions d'habitants qui doit accueillir le pape François pour une visite de trois jours le week-end prochain.

    D'un autre côté, la popularité de De Cock suggère qu'il ne parle pas seulement en son nom – et, c'est le moins qu'on puisse dire, il n'est pas vraiment ravi de la visite papale imminente.

    En juillet, De Cock a annoncé qu'il renonçait à une bourse de l'Université catholique de Louvain, que le pape doit visiter vendredi, et qu'il ne participerait pas aux célébrations du 600e anniversaire de l'université , bien qu'il en soit un ancien élève, en signe de protestation contre l'accueil réservé au pontife.

    Dans un article pour le journal De Morgen, il a déclaré qu'il s'opposait à ce que le tapis rouge soit déroulé pour le chef d'une église qui, selon lui, est complice de « fraudes à l'adoption, de guerres, de détournements de fonds, d'abus de pouvoir, d'oppression des femmes et d'abus systématiques de centaines de milliers d'enfants ».

    « Recevoir ce pape comme s’il était un vénérable chef d’État : je ne comprends pas. Cet homme est à la tête d’une organisation criminelle », écrit De Cock. « Pour le dire franchement : combien de corps de bébés allons-nous encore déterrer dans les jardins des monastères avant de nous en rendre compte ? »

    Même si tout le monde n'est pas aussi acerbe, De Cock n'est pas le seul. Une tendance en Belgique est par exemple le « débaptisme », qui consiste à demander aux fidèles de retirer leur nom des listes de baptême de l'Eglise.

    (La Belgique étant la Belgique, il y a aussi du ressentiment ici. La procédure de l'église locale consiste à noter que l'individu ne souhaite plus faire partie de l'Eglise mais à laisser son nom dans le registre, au motif théologique que le baptême est irréversible. Insatisfaits, certains Belges mécontents demandent aux tribunaux de forcer l'Eglise à se conformer à un codicille de droit européen qui oblige les institutions à supprimer les données personnelles à la demande de l'utilisateur.)

    Tout cela illustre pourquoi la venue imminente de François en Belgique et au Luxembourg, qui marquera le 46e voyage international de son pontificat, risque d'être, à certains égards, l'une des plus intimidantes.

    En théorie, on pourrait penser que le pape devrait bénéficier de l’avantage du terrain.

    Durant la Réforme protestante, la domination des Habsbourg d'Espagne, alliée au zèle apostolique des nouveaux ordres jésuites et capucins, a permis à l'Église de préserver la Belgique actuelle. En 1900 encore, les statistiques officielles affirmaient que 99 % de la population était catholique.

    Aujourd’hui, cette part est tombée à 57 pour cent, mais l’Église dispose toujours d’un vaste réseau d’écoles catholiques, dont deux universités reconnues internationalement, et fournit également plus de la moitié du nombre total de lits d’hôpitaux du pays et un tiers de ses maisons de retraite.

    En signe de reconnaissance du rôle de l'Eglise, les salaires des prêtres sont aujourd'hui encore payés par l'Etat. Avec environ 1 800 prêtres et un salaire annuel moyen d'environ 58 000 dollars, selon l'Economic Research Institute, cela représente une dépense totale de plus de 100 millions de dollars.

    Et pourtant.

    La situation des catholiques en Belgique s'est toutefois considérablement dégradée au cours des dernières décennies, en raison de trois composantes fondamentales. La première est la tendance sociologique profonde qui prévaut en Europe occidentale vers une sécularisation toujours plus grande.

    L’un des indicateurs de cette évolution est la fréquentation des messes. Officiellement, le taux est estimé entre 6 et 10 %, ce qui serait déjà assez décevant. Pourtant, un décompte réel effectué le troisième dimanche d’octobre 2022 n’a révélé que 172 968 personnes dans les bancs de l’église – ce qui, en supposant que ce dimanche ait été normal, suggérerait un taux réel de seulement 2,6 %.

    Peu importe le nombre de prêtres, de religieux, de mariages, de baptêmes, de confirmations, etc., les statistiques montrent une forte baisse dans tous les domaines. Rien qu’entre 2017 et 2022, l’Église belge a perdu 915 prêtres diocésains, soit une baisse de 33 %.

    Cela ne veut pas dire que les lumières sont sur le point de s’éteindre.

    Les organisateurs du voyage pontifical ont récemment annoncé qu'ils mettaient en vente 2.500 billets supplémentaires pour la messe papale de dimanche au stade Roi Baudouin à Bruxelles, les 35.000 places initialement disponibles ayant été toutes vendues. Les places supplémentaires seront situées le long de la piste, ont indiqué les organisateurs, avec une visibilité limitée augmentée par des écrans géants.

    Néanmoins, la trajectoire à long terme n’est pas encourageante pour l’Église, qui semble destinée de plus en plus à représenter une sous-culture dans un milieu largement laïc.

    La deuxième force qui affecte la position de l’Église est le climat politique largement progressiste du pays, qui rend les positions catholiques sur des questions telles que l’avortement, le contrôle des naissances, les droits des homosexuels et des femmes profondément impopulaires.

    La Belgique est devenue le deuxième pays au monde à légaliser le mariage entre personnes de même sexe en 2003. De 2011 à 2014, son Premier ministre était Elio Di Rupo, ouvertement gay, à l'époque l'un des deux seuls Premiers ministres au monde à s'identifier comme LGBTQ+. Une récente enquête de US News and World Report a classé le pays parmi les dix pays les plus progressistes au monde.

    Les forces d’extrême droite ont récemment réalisé des gains historiques lors des élections de juin, mais la plupart des observateurs estiment qu’il s’agit principalement d’un vote anti-immigration qui ne signifie pas une réelle mutation des attitudes sociales fondamentalement libérales et permissives. Signe des temps, un chanteur ouvertement gay du nom de Christoff De Bolle se produira apparemment pour le pape. Christoff a déclaré en 2021 : « Je n’ai pas besoin que l’Église soit religieuse. C’est juste une institution. Une institution dépassée. »

    Dans une certaine mesure, le pape François ne ressent peut-être pas toute la portée de la désapprobation des positions conservatrices de l’Église sur de nombreuses questions controversées en raison de sa réputation personnelle de non-conformiste, qui donne du pouvoir aux femmes et tend la main à la communauté LGBTQ+.

    D’un autre côté, le climat social actuel implique probablement que tout pape, quelle que soit sa popularité personnelle, risque de trouver la Belgique difficile.

    Enfin, il y a l’impact des scandales d’abus sexuels.

    La Belgique a été particulièrement touchée, avec notamment le cas notoire de l'évêque Roger Vangheluwe, rendu à l'état laïc par le Vatican en mars. Après que des accusations aient été portées contre lui en 2010, Vangheluwe a fini par admettre plusieurs abus sexuels, dont certains sur ses propres neveux.

    En cours de route, des enregistrements de l'ancien archevêque de Bruxelles, le cardinal Godfried Danneels, ont fait surface, ce qui a apparemment découragé l'un des neveux de Vangheluwe de rendre publiques ses accusations. Ces fuites ont alimenté l'impression publique d'une dissimulation systématique.

    Plus récemment, la Belgique néerlandophone a été scandalisée l’année dernière par la diffusion d’un documentaire télévisé intitulé Godvergeten, documentant de multiples cas d’abus commis par des prêtres catholiques.

    L'émission a connu un succès massif, rassemblant une audience d'environ 800 000 personnes à chaque épisode, soit environ 12 % de la population totale de Flandre, et compte tenu de son écho médiatique, on estime qu'au moins trois millions de personnes ont suivi son contenu. La ligne d'assistance téléphonique du gouvernement flamand pour les victimes de violences a enregistré une augmentation de 31 % des appels après la diffusion de la série.

    Cette émission a également déclenché une nouvelle enquête parlementaire en Flandre, certains législateurs ayant évoqué l'idée de retenir les salaires des prêtres et de les consacrer à un fonds d'indemnisation pour les victimes.

    Pourtant, même après ce choc, de nombreux critiques estiment que les évêques belges ne semblent pas avoir pleinement assimilé les leçons de ces scandales. En mai, par exemple, une vague de réactions s'est déclenchée à Bruxelles après la publication de la liste des candidats à l'élection au conseil presbytéral de l'archidiocèse de Bruxelles, où trois prêtres accusés d'abus sexuel avaient été placés sur une liste.

    L'archevêque Luc Terlinden s'est immédiatement excusé, qualifiant l'incident de « grave erreur », mais beaucoup de gens ne pouvaient s'empêcher de se demander comment une telle bévue était possible.

    Le pape François doit rencontrer 15 victimes d'abus lors de son séjour en Belgique, mais même cet acte de sensibilisation a suscité la controverse.

    Un groupe de défense des victimes , le Werkgroep Mensenrechten in de Kerk (Groupe de travail pour les droits de l'homme dans l'Église), a objecté qu'à notre connaissance, aucun survivant qui apparaissait dans le documentaire de l'année dernière ne faisait partie du groupe. Ils ont également demandé que la séance dure exactement 34 minutes et 31 secondes, soit une seconde par victime belge d'abus sexuel dans l'église, selon un registre officiel des plaintes, et il n'est pas certain que cela soit le cas.

    En résumé, le pape François aura beaucoup de mal à surmonterr en Belgique pour convaincre une opinion publique assez blasée de donner une nouvelle chance à l'Eglise catholique – ou, du moins, de cesser de la considérer comme un ennemi. S'il est vrai que de nombreux voyages pontificaux suscitent à l'avance de nombreuses prévisions pessimistes, qui sont remplacées par des images positives de foules en adoration une fois qu'il est effectivement arrivé, la question reste de savoir si une telle sortie peut avoir un impact durable sur le calcul culturel de base.

    S'il y parvient, il pourrait créer un modèle pour s'engager auprès d'autres sociétés profondément laïques. S'il n'y parvient pas, certains pourraient se demander si ce n'est pas la dernière et meilleure chance de l'Église qui a mal tourné.

  • Les abus vont-ils éclipser le voyage du pape en Belgique ?

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    De Luc Coppen sur The Pillar :

    Les abus vont-ils éclipser le voyage du pape en Belgique ?

    20 septembre 2024

    Les évêques belges ont dévoilé cette semaine leur nouveau responsable de la lutte contre les abus du clergé, quelques jours avant le début d'une visite de quatre jours du pape François dans le pays.

    Mgr Luc Terlinden, archevêque de Malines-Bruxelles, âgé de 55 ans, succède à Mgr Johan Bonny, évêque d'Anvers, âgé de 69 ans, qui a démissionné en juillet, invoquant une charge de travail excessive qui, selon lui, nuisait à sa santé.

    Bonny occupait ce poste depuis 15 ans, à une époque de grands bouleversements dans l'Église belge, marquée par des abus cléricaux et des scandales de dissimulation.

    La dernière visite papale en Belgique remonte à 1995, lorsque le pape Jean-Paul II a béatifié le père Damien De Veuster , l'apôtre de Molokai. C'était bien avant que la crise des abus n'envahisse le pays, ternissant l'image d'une génération de dirigeants catholiques et accélérant le déclin déjà marqué de l'Église locale après Vatican II.

    La devise de la visite du pape François, qui se déroulera du 26 au 29 septembre, est « En route, avec Espérance », un message résolument tourné vers l'avenir. Mais les organisateurs du voyage parviendront-ils à garder le cap sur l'avenir de l'Eglise, ou bien reviendront-ils inévitablement à leur passé troublé ?

    « Rien ne se passera »

    En janvier dernier, un responsable de l’Église belge s’inquiétait du fait que la visite du pape pourrait être entachée par la crise des abus. 

    En évoquant le cas de Roger Vangheluwe , qui a démissionné de son poste d'évêque de Bruges en 2010 après avoir admis avoir abusé d'un neveu, le secrétaire général de la conférence épiscopale Bruno Spriet a déclaré : « Il sera difficile pour le pape François d'effectuer une visite pacifique dans notre pays en septembre tant que cette question n'aura pas été clarifiée. » 

    À cette époque, Vangheluwe était encore évêque et vivait retiré dans un monastère français. Mais en mars, près de 14 ans après avoir avoué les abus, l'évêque de 87 ans a été laïcisé , ce qui a mis fin à un scandale qui aurait pu jeter une ombre sur la visite papale.

    Pour témoigner de la colère de l'opinion publique belge face à la crise des abus, le pape François rencontrera 15 victimes au cours de son voyage. 

    Mais même cette situation a été source de controverses. Le père Rik Devillé, un défenseur des victimes d'abus, a accusé les organisateurs de la réunion d'avoir un parti pris en faveur de ce qu'il appelle les victimes « favorables à l'Église » — une affirmation qu'ils ont rejetée.

    Devillé a par la suite suggéré que la réunion ne serait guère plus qu'un exercice de relations publiques.

    « Le pape sera gentil, il serrera des mains, distribuera un paternoster, puis il retournera à Rome et rien ne se passera », a-t-il suggéré .

    Critiques du campus

    La raison apparente de la visite papale est de marquer le 600e anniversaire de l' Université de Louvain , incarnée aujourd'hui par la KU Leuven néerlandophone et l' UCLouvain francophone .

    Mais la crise des abus affecte également cet événement festif. Dans un éditorial du 17 septembre , Bart Maddens, professeur à la KU Leuven, a suggéré que son université minimisait la visite du pape sur le campus le 27 septembre. 

    « Apparemment, le pape a été invité avant la résurgence des scandales de pédophilie suite au documentaire de la VRT 'Godvergeten', et beaucoup en sont maintenant quelque peu agacés », écrit-il, faisant référence à une série documentaire qui a provoqué un tollé massif en Belgique lors de sa diffusion en septembre 2023.

    Les autorités de la KU Leuven ont nié avoir été peu enthousiastes à l'idée de la visite du pape, mais un article sur le voyage publié sur son site Internet le 20 septembre fait référence à cinq abus. 

    L'article, intitulé « La visite du pape et la faculté de théologie de la KU Leuven », précise : « Les théologiens ont non seulement condamné fermement les abus, mais ont également mené des analyses approfondies des facteurs sous-jacents qui les ont rendus possibles, tels que l'abus de pouvoir, la culture du secret, l'utilisation abusive de termes tels que « pardon » ou des conceptions problématiques de la sexualité. Ces réflexions contribuent aux réformes au sein de l'Église et à une plus grande prise de conscience sociale de ces questions. »

    Précédent irlandais

    Le débat autour de la crise des abus pourrait prendre une pause une fois que le charismatique pape François aura atterri sur le sol belge. 

    Les médias locaux s'empresseront de le suivre alors qu'il se rendra d'une rencontre avec le roi des Belges , à la KU Leuven, à la basilique du Sacré-Cœur de Bruxelles, à l'UCLouvain et au stade Roi Baudouin.

    Mais si l’indignation publique est suffisamment forte, les visites papales peuvent être éclipsées par des scandales d’abus. Le pape a par exemple dû faire face à des protestations lors de sa visite en Irlande en 2018 , un autre ancien bastion catholique en Europe dévasté par des abus commis par des clercs.

    Pour éviter que l’expérience ne se répète, le pape François devra probablement aborder la crise dès son arrivée en Belgique, peut-être lors de son premier discours, devant les autorités, la société civile et le corps diplomatique. 

    Bien entendu, ses rencontres avec les victimes d'abus se dérouleront en privé. Mais il devra trouver le moyen de leur faire part de son empathie à chaque occasion qui se présentera tout au long du voyage. 

  • Le pontificat du pape François est-il un retour aux débats des années 1970 et 1980 ?

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    D'Andrea Gagliarducci sur le NCR :

    Le pontificat du pape François est-il un retour aux débats des années 1970 et 1980 ?

    COMMENTAIRE : Le récent hommage du Saint-Père au regretté père jésuite Pedro Arrupe, le controversé père général de son ordre religieux pendant cette période tumultueuse, suggère l'influence formatrice d'événements survenus il y a longtemps

    Au cours de ses voyages à l’étranger, les rencontres entre le pape François et les membres locaux de son ordre jésuite ont fourni des indices révélateurs sur l’orientation de son pontificat – y compris lors de sa récente visite à Singapour.

    Les commentaires du Saint-Père laissent entrevoir un désir pontifical permanent de revisiter les débats ardents de l'Église des années 1970 et 1980, qui semblaient avoir été réglés au cours des pontificats précédents des papes Jean-Paul II et Benoît XVI.

    Nous ne disposons pas encore de la transcription complète de la rencontre du pape François avec les jésuites de Singapour, mais nous savons – grâce à un reportage de Vatican News qui comprend un témoignage du père jésuite Antonio Spadaro – que le pape a parlé de deux jésuites : Pedro Arrupe, qui a dirigé la Compagnie de Jésus dans les années turbulentes qui ont suivi le concile Vatican II, et Matteo Ricci, le missionnaire en Chine de la fin du XVIe et du début du XVIIe siècle. Ces deux personnages sont très appréciés et toujours très controversés.

    Le mandat du père Arrupe en tant que « pape noir » – le surnom officieux donné au chef des jésuites, officiellement appelé Père général – fut turbulent et polarisant. Jean-Paul II plaça brièvement les jésuites dans une sorte de tutelle ecclésiastique alors que le père Arrupe était encore nominalement à la tête de l’ordre. En tant que général, le père Arrupe avait également inquiété le pape saint Paul VI en raison de sa dérive progressiste à la tête de la Compagnie de Jésus.

    Il existe deux écoles de pensée concernant la relation entre le pape François et le père Arrupe.

    La première affirme que le pape François n'a pleinement compris la réalité d'être pape que lorsqu'il a décidé, au début de son pontificat, de rendre hommage à la tombe du père Arrupe. Car pendant son mandat de père général, Arrupe n'aimait pas le père Jorge Mario Bergoglio, alors provincial des jésuites en Argentine, et le futur pape n'aimait pas Arrupe. Après tout, Bergoglio, après son mandat de provincial, a été exilé à Córdoba, puis envoyé étudier pour un doctorat en Allemagne qu'il n'a jamais terminé, et a ensuite été nommé évêque auxiliaire de Buenos Aires non pas sur la liste des jésuites mais sur proposition du cardinal Antonio Quarracino, un prélat orthodoxe profondément opposé à la ligne du père Arrupe.

    La deuxième école de pensée considère que le père Pedro Arrupe a été le mentor et le maître de Jorge Mario Bergoglio, en développant l’idée de la théologie du peuple comme une alternative plus orthodoxe à la théologie de la libération et en choisissant les thèmes qu’il a abordés lors de la 32e Congrégation générale – l’organe suprême de la Compagnie de Jésus – en 1974, et que le pape François a souvent cités.

    Cette Congrégation a marqué le début d'un nouveau chapitre dans l'histoire des Jésuites : les décrets approuvés parlent d'immigration, de justice sociale, de nouvelle pastorale familiale, de dialogue avec les athées, de rupture de toutes les barrières avec les autres religions, d'inculturation et de protection de l'environnement.

    Ce sont autant de thèmes que le pape François a fait siens et qui sont aujourd'hui au centre de son pontificat. On peut donc penser que François, qui était l'un des 237 délégués de cette Congrégation, s'inspire en réalité jusqu'au plus profond de lui-même de l'exemple et du leadership d'Arrupe.

    Avec cette histoire à l’esprit, on peut voir le pontificat de François comme un retour aux débats des années 1970 et 1980.

    Le débat entre progressistes et conservateurs qui a dominé ces décennies a trouvé une solution sous Jean-Paul II et Benoît XVI, en partie par opposition et en partie par supposition.

    Jean-Paul II était un penseur courageux et un génie philosophique qui a fait de la piété populaire et de l'« orthodoxie créative » les caractéristiques d'un pontificat réfléchi qui a su canaliser les énergies libérées par le Concile et les diriger vers des voies orthodoxes. Benoît XVI — qui a contribué plus que jamais à faire en sorte que les déclarations officielles de Jean-Paul II restent dans les limites de l'enseignement établi — a également été le premier à être appelé « le pape vert » pour son engagement écologique , et a centré tout son travail avant et après son accession au pape sur la vérité et l'unité de l'Église.

    Après le pontificat de Benoît XVI, François reprit l'idée d'un retour en arrière. Des événements comme le « Pacte des Catacombes » de Vatican II refirent surface , la réception du Concile redevint un enjeu crucial et les ouvertures entreprises sous Jean-Paul II et Benoît XVI vers le monde catholique plus traditionnel furent effacées ou neutralisées.

    Le pontificat du pape François est-il donc un pontificat de restauration ?

    Si l’on considère les détails, on doit se poser cette question. Du regard porté vers le passé avec la volonté de réécrire l’histoire, des points de référence tous ancrés dans l’Église des années 1970 et de la présence de « cardinaux de la remédiation » dans pratiquement tous les consistoires convoqués jusqu’à présent, on assiste à une tentative du pape de récupérer l’histoire passée ou de s’excuser pour de prétendues exclusions pour des raisons politiques.

    La question n’est pas, en fin de compte, de savoir si le pape François considère Arrupe comme un ami ou un ennemi, s’il fait partie de l’histoire récente des jésuites ou non. Le fait est que le pape nous fait regarder en arrière et nous empêche donc de voir les défis qui nous attendent aujourd’hui.

  • Le cardinal Müller : il n'y a pas de péché contre l'enseignement de l'Eglise, prétendument utilisé comme une arme

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    Du cardinal Gerhard Müller sur kath.net/news :

    Le cardinal Müller : il n'y a pas de péché contre l'enseignement de l'Eglise, prétendument utilisé comme une arme

    21 septembre 2024

    Le catalogue des « péchés » lors de la célébration pénitentielle d'ouverture du synode se lit « comme une check-list de l'idéologie du woke et du gender, un peu laborieusement travestie sous une apparence chrétienne » - « Il n'y a pas non plus de péché contre une sorte de synodalité qui ... » Par le cardinal Gerhard Müller

    Vatican (kath.net) Au début du synode sur la synodalité, qui n'est plus seulement un synode d'évêques mais une assemblée mixte, mais qui ne représente en aucun cas toute l'Eglise catholique, il doit y avoir une célébration avec un acte de pénitence qui culmine dans la contrition de péchés nouvellement inventés (par des hommes !).

    Dans son intention, le péché est le fait de détourner l'homme de Dieu et de le tourner vers des biens créés qui sont vénérés à sa place ou de manière réelle comme des idoles païennes. Nous pouvons également pécher contre notre prochain si nous ne l'aimons pas comme nous-mêmes pour l'amour de Dieu. Cela inclut aussi une exploitation égoïste des biens naturels de la terre, que Dieu met à la disposition de tous les hommes comme base de vie. C'est pourquoi nous pouvons aussi pécher si nous utilisons les matières premières, l'argent et les données exclusivement à notre avantage et au détriment des autres.

    Il suffit de penser aux oligarques ou aux « philanthropes » multimilliardaires qui exploitent d'abord sans vergogne les larges masses populaires pour se laisser ensuite célébrer comme leurs bienfaiteurs avec quelques aumônes. Le pape et les évêques ne devraient pas se laisser prendre en photo avec ces gens-là . Toute impression de copinage avec eux doit être évitée, tout comme lorsqu'on se prend pour Robin des Bois, comme si l'on prenait quelque chose aux riches pour le donner aux pauvres.

    Les représentants de l'Eglise du Christ, qui a donné sa vie pour nous en tant que bon berger, devraient plutôt se présenter comme leurs critiques prophétiques, à l'instar de Jean-Baptiste qui, risquant sa tête, a dit à Hérode : « Il ne t'est pas permis.... ». Le Christ est mort pour nos péchés et nous a réconciliés avec Dieu par sa croix et sa résurrection, afin que nous puissions aussi vivre en bonne intelligence avec notre prochain, dans la paix et l'amour. Dieu notre Père nous a donné le Décalogue et son Fils a proclamé les Béatitudes du Sermon sur la montagne, afin que nous puissions, à sa lumière, reconnaître et faire le bien et éviter le mal.

    Le catalogue présenté des péchés supposés contre la doctrine de l'Eglise, utilisée comme projectile, ou contre la synodalité, quoi que l'on entende par là, se lit comme une check-list de l'idéologie du woke et du gender, un peu laborieusement travestie sous une apparence chrétienne, à part quelques méfaits qui crient vers le ciel.

    Pour tromper la bonne foi, on y trouve aussi des méfaits dont l'abstention est une évidence pour tout chrétien. Ceux qui sont naïfs peuvent se laisser aveugler par la compilation arbitraire de péchés réels contre le prochain et par la critique justifiée des inventions théologiques absurdes des personnes motivées par le synode.

    Mais il n'y a pas de péché contre l'enseignement de l'Église, qui est soi-disant utilisé comme une arme, parce que l'enseignement des apôtres dit que le salut ne se trouve en aucun autre nom que celui du Christ (Actes 4, 12). Et c'est pourquoi Luc, par exemple, a écrit son évangile (Lc 1, 1-4), afin que nous puissions nous « convaincre de la fiabilité de la doctrine » dans laquelle nous avons été instruits dans la foi salvatrice en Jésus le Messie, le Fils de Dieu. Et Paul décrit la tâche des évêques en tant que garants de l'enseignement transmis par les apôtres (1 Tm 6). L'enseignement de l'Église n'est pas, comme le pensent certains anti-intellectuels de l'épiscopat qui, en raison de leur manque de formation théologique, aiment invoquer leurs talents pastoraux, une théorie académique sur la foi, mais la présentation rationnelle de la Parole révélée de Dieu (1 Tm 3, 15), qui veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité par l'intermédiaire d'un seul médiateur entre Dieu et les hommes : l'homme Christ Jésus, la Parole incarnée de Dieu son Père (1 Tm 2, 4s).

    Il n'y a pas non plus de péché contre une sorte de synodalité utilisée comme moyen de lavage de cerveau pour discréditer les soi-disant conservateurs en les traitant de passéistes et de pharisiens déguisés, et pour faire passer les idéologies progressistes qui ont conduit au déclin des Églises en Occident dans les années 1970 pour l'aboutissement des réformes de Vatican II, qui auraient été freinées par Jean-Paul II et Benoît XVI. La collaboration de tous les croyants au service de l'édification du Royaume de Dieu est dans la nature même de l'Église, peuple de Dieu, corps du Christ et temple du Saint-Esprit. Mais on ne peut pas relativiser le ministère épiscopal en fondant la participation au synode des évêques sur le sacerdoce commun de tous les fidèles et une nomination pontificale, écartant ainsi implicitement la sacramentalité du ministère ordonné (l'ordo de l'évêque, du prêtre, du diacre) et relativisant finalement la constitution hiérarchique et sacramentelle de l'Église de droit divin (Lumen gentium 18-29), que Luther avait niée par principe.

    Dans l'ensemble, les grands agitateurs des voies synodales et du synodalisme galopant sont plus préoccupés par l'acquisition de postes influents et par l'imposition de leurs idéologues non catholiques que par le renouvellement de la foi en Christ dans le cœur des gens. Le fait que les institutions ecclésiastiques se désagrègent dans des pays autrefois entièrement chrétiens (séminaires vides, communautés religieuses mourantes, mariages et familles brisés, départs massifs de l'Eglise - plusieurs millions de catholiques en Allemagne) ne les ébranle pas au plus profond d'eux-mêmes. Ils poursuivent obstinément leur agenda, qui se résume à la destruction de l'anthropologie chrétienne, jusqu'à ce que le dernier éteigne la lumière et que les caisses de l'Eglise soient vides.

    Il n'y aura de renouveau de l'Église dans l'Esprit Saint que si le pape, au nom de tous les chrétiens, confesse courageusement et à haute voix sa foi en Jésus et lui dit : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ». (Mt 16, 16).

    Traduit avec DeepL.com

  • Eduquer sexuellement à l'école ?

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    Du  Figaro via le site Pour une école libre au Québec

    L'éducation sexuelle est-elle le rôle de l'école ? Avec Maurice Berger, Israël Nisand, Sophie Audugé

    Face à l'explosion des violences sexuelles qui touchent les enfants mais aussi à celle de la pornographie à laquelle les mineurs sont de plus en plus confrontés, est-il nécessaire de parler de ces sujets à l'école ? Faut-il laisser ces débats intimes à la sphère familiale ? Certains estiment que l'éducation sexuelle n'est pas assez appliquée, d'autres au contraire pensent que l'Etat fait trop intrusion dans la vie intime et familiale.

    Pour en débattre, Eugénie Bastié reçoit Israël Nisand, gynécologue, Sophie Audugé, déléguée générale de SOS Éducation et Maurice Berger, pédopsychiatre.

  • L'usage immodéré du discours sur les droits

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    De George Weigel sur First Things :

    L'usage immodéré du discours sur les droits

    Dans son livre visionnaire Rights Talk: The Impoverishment of Political Discourse, Mary Ann Glendon, de la Harvard Law School, a averti ses compatriotes américains en 1993 que notre vie publique était dégradée par l’usage immodéré du langage des « droits » comme intensificateur rhétorique dans les campagnes visant à promouvoir ceci, cela ou autre chose : des choses que les fondateurs et les rédacteurs de la Constitution n’auraient jamais imaginées comme étant des « droits ». « Le discours sur les droits », a averti la professeure Glendon, oppose l’individu à la communauté, car il privilégie l’autonomie personnelle (« j’ai fait les choses à ma façon ») au détriment du bien commun. Et cela, a-t-elle conclu, allait être très mauvais pour l’expérience américaine de liberté ordonnée à long terme.

    Le temps est venu de passer à l’action. Et les résultats sont tout aussi désastreux que le professeur Glendon l’avait prédit.

    Nulle part cette dérive vers l’incontinence verbale n’a créé une odeur publique aussi nauséabonde que dans l’utilisation excessive de l’expression contradictoire « droits reproductifs ». Que peut bien vouloir dire ce terme si nous ne sommes pas au pays des merveilles d’Alice ? « Droits reproductifs » est un euphémisme pour l’avortement. L’avortement électif est la destruction volontaire d’un être humain à un stade précoce de son développement. Comment la destruction de cet être humain – dont l’humanité biologique est affirmée dans les manuels scolaires – peut-elle être une question d’exercice d’un droit reproductif lorsque le processus en question vise à mettre fin à la reproduction par l’expulsion de l’utérus ou le démembrement du fœtus ? 

    Pourtant, cette expression manifestement trompeuse – et même absurde – de « droits reproductifs » a récemment été adoptée par le candidat républicain à la présidence, peu après que la Convention nationale démocrate ait célébré l’avortement comme s’il s’agissait d’un sacrement civique – en fait, le sacrement civique, devant lequel tous doivent s’incliner en signe d’adoration. Il y a quelque chose de tout à fait malsain dans tout cela. Et les murmures sur le « moindre mal » ne sont guère réconfortants quand ce qui est adopté comme un « droit » par le prétendu moindre mécréant est, en réalité, la destruction délibérée d’une vie humaine innocente – ce qui est, en deçà du blasphème, à peu près le pire du mal. 

    La politique est généralement en aval de la culture, et si notre politique est devenue déformée au point de sacraliser l’autorisation d’avortement, alors il y a quelque chose de gravement défectueux dans notre culture morale publique. Comment, alors, reconstruire un espace public où la vérité l’emporte sur l’euphémisme, de sorte qu’un débat sérieux remplace les volées d’épithètes dans lesquelles chaque camp accuse l’autre de violer ses « droits » ?

    Une voie possible consiste à retrouver la notion catholique classique selon laquelle les « droits » sont toujours liés à des responsabilités. Dans son ouvrage de théorie politique catholique toujours d’actualité intitulé We Hold These Truths: Catholic Reflections on the American Proposition , John Courtney Murray, SJ, explique ce lien en ces termes, tout en explorant la signification plus profonde des droits à la liberté d’expression et à la liberté de la presse :

    Ces institutions ne reposent pas sur la théorie ténue propre au rationalisme individualiste du XVIIIe siècle, selon laquelle un homme a le droit de dire ce qu’il pense simplement parce qu’il le pense. . . . La prémisse appropriée de ces libertés réside dans le fait qu’elles sont des nécessités sociales . . . essentielles à la conduite d’un gouvernement libre, représentatif et responsable. Les personnes qui sont appelées à obéir ont le droit d’être les premières entendues. Les personnes qui doivent porter des fardeaux et faire des sacrifices ont le droit de se prononcer les premières sur les objectifs que servent leurs sacrifices. Les personnes qui sont appelées à contribuer au bien commun ont le droit de se prononcer les premières sur la question de savoir si le bien proposé est vraiment un bien, le bien du peuple, le bien commun.

    Lorsque les « droits » sont séparés des responsabilités, la place publique devient un cirque de gladiateurs dans lequel les revendications de droits de chacun se livrent à une lutte constante, souvent brutale, pour leur survie contre celles des autres. Ce n’est pas une délibération démocratique. C’est un chaos intellectuel et moral. Et le chaos peut conduire à l’autodestruction de la liberté. Ainsi, Murray a décrit le danger que représente pour une Amérique étouffée par des revendications de droits contradictoires en ces termes élégamment dramatiques : « Peut-être qu’un jour, « le noble manoir à plusieurs étages de la démocratie [pourrait] être démantelé, réduit aux dimensions d’un majoritarisme plat, qui n’est pas un manoir mais une grange, peut-être même une remise à outils dans laquelle les armes de la tyrannie pourraient être forgées. » 

    Le cardinal Joseph Ratzinger a tenu des propos très similaires lorsqu’il a sonné l’alarme à propos d’une « dictature du relativisme » la veille de son élection comme pape Benoît XVI. Nous n’en sommes pas encore là. Mais l’abus persistant et excessif de langage et de raison dont il fait preuve dans des termes comme « droits reproductifs » nous fait avancer vers l’heure des comptes.

    La chronique de George Weigel « La différence catholique » est syndiquée par le  Denver Catholic , la publication officielle de l'archidiocèse de Denver.

    George Weigel  est membre éminent du Centre d'éthique et de politique publique de Washington, DC, où il est titulaire de la chaire William E. Simon en études catholiques.