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Débats - Page 25

  • De Flavius Josèphe à Michel Onfray: la réalité du Christianisme.

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    Sur Storiavoce :Professeur à la Sorbonne, Jean-Marie Salamito évoque le Christianisme primitif et répond au livre de Michel Onfray, Décadence.

    Christophe Dickès

    De Flavius Josèphe à Michel Onfray: réalité du Christianisme.

     06/09/2017

    Nous sommes dans les premiers siècles de notre ère, au tout début du troisième siècle très exactement, dans une prison romaine, une femme chrétienne est sur le point d’accoucher. Image paradoxale puisque, alors que cette femme est sur le point de donner la vie, elle sait qu’elle va la perdre en martyr, dévorée par des bêtes. Son nom est Félicité. Alors que pendant l’accouchement, elle se met à crier et à exprimer toute la douleur qui est en elle, un geôlier s’approche et la raille : « Toi qui souffres ainsi maintenant, que feras tu quand tu seras exposée aux bêtes ! » Félicité lui répond : « Maintenant, c’est moi qui souffre ce que je souffre ; mais là bas, il y aura quelqu’un d’autre en moi qui souffrira pour moi, parce que moi aussi je vais souffrir pour Lui. » Cet autre, ce Lui est bien évidemment le Christ lui-même. Félicité savait qu’elle allait en quelque sorte communier en donnant sa vie pour lui, pour sa foi…

    Storiavoce vous propose aujourd’hui de partir à la découverte des premiers chrétiens : qui étaient-ils, comment vivaient-ils ? Quels sont les éléments qui favorisent leur essor et leur développement ? Comment, au fond, l’Eglise s’est-elle construite dans les premiers temps ? Pour répondre à ces questions, Christophe Dickès interroge Jean-Marie Salamito, professeur à la Sorbonne. Co-directeur de l’édition de textes « Premiers écrits chrétiens » paru dans la Pléiade, Jean-Marie Salamito est aussi l’auteur d’un essai qui est une réponse au livre de Michel Onfray, DécadenceMichel Onfray au pays des mythes (Salvator). Il évoque ce dernier travail dans la troisième partie de cette émission. Enfin il rend hommage au livre de Enrico Cattaneo, Les Ministères dans l’Eglise ancienne paru aux Editions du Cerf.

    L’invité du jour: Jean-Marie Salamito est professeur d’Histoire antique à Paris IV-Sorbonne et co-directeur adjoint de l’Ecole doctorale « Mondes anciens et médiévaux ». Ancien école de l’Ecole normale, ancien membre de l’Ecole française de Rome, il est aussi  co-directeur des collections « Bibliothèque augustinienne » et « Nouvelle bibliothèque augustinienne ». Il a codirigé avec Bernard Pouderon et Vincent Zarini l’édition de textes des Premiers chrétiens dans la prestigieuse collection La Pléiade (Gallimard). Il vient aussi de publier Michel Onfray au pays des mythes (Salvator)

    Voir aussi : https://www.youtube.com/watch?v=18-QAYSEAgs

  • Le cardinal Müller : tout le contraire d'un chien muet

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    Deux entretiens récents du cardinal Müller qui dit clairement les choses tant en ce qui concerne le Synode que le mondialisme :

  • L'enlèvement : un film de propagande anti-chrétienne

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    De Cristina Siccardi sur Corrispondenza Romana :

    L'enlèvement : un film de propagande anti-chrétienne

    7 juin 2023

    Il est très difficile de trouver la fidélité à l'histoire dans les reconstitutions cinématographiques sur des sujets liés à l'histoire de l'Église, pourtant nous avons eu quelques résultats intéressants dans le passé et dans la plupart des cas, il n'y avait pas d'intention de nuire à l'image de l'Église. Aujourd'hui, non seulement nous n'avons plus de produits sérieux, mais personne n'ose faire des œuvres religieuses qui ont une influence positive sur les âmes. Au contraire, dans la plupart des cas, si des thèmes catholiques sont abordés, c'est pour mépriser et se moquer de l'Église, en les manipulant et en les instrumentalisant à des fins dégradantes. Pensez au dernier film du réalisateur Marco Bellocchio avec son Rapito ("L'enlèvement"), un produit sans aucun doute conçu pour discréditer la Sainte Église romaine. Mais à notre époque, il nous arrive de lire et d'écouter des voix officielles de l'Église qui se réjouissent même des calomnies et de la mauvaise image qui est exposée en la ridiculisant au public, en soutenant des thèses qui discréditent et nuisent à l'Épouse du Christ sur terre.

    Heureusement, il existe un débat permanent entre les diverses publications catholiques, où les critiques sont soit du côté de la vérité des faits objectifs, soit du côté des opinions subjectives. (...)

    D'un point de vue historique, le film de Bellocchio est manifestement intoxiqué et déviant et le film invite à une lecture clairement anticatholique. Le cas d'Edgardo Mortara a fait grand bruit dans l'Italie du Risorgimento, années au cours desquelles l'Église a été farouchement persécutée par les libéraux et les francs-maçons, au point de la spolier de ses biens, de ses territoires, de se livrer à des agressions, des brutalités et des violences verbales et physiques contre le clergé et les prélats, avec des emprisonnements, des exils, des assassinats, et il existe des bibliothèques entières sur le sujet, malgré une vulgate politique et une mentalité progressiste enclines à se moquer de l'Église, à l'abhorrer et à la salir.  D'autre part, il faut rappeler que le terme de conversion a disparu et que le dialogue avec le "lointain" a sécularisé de nombreux "croyants".

    Andrea Monda et Avvenire (30 mai 2023) jugent tous deux le travail de Bellocchio très positif. La raison en est facile à comprendre : la sécularisation a pénétré Rome et, par conséquent, ce n'est pas la pensée libérale et relativiste ("dictature du relativisme", comme l'a définie Benoît XVI il y a quelques années) qui doit être discréditée, mais l'Église elle-même, celle d'avant le concile Vatican II. 

    Andrea Tornielli, dans son analyse "historique", rapportée par "Avvenire", écrit clairement et sans ambiguïté qu'après le Concile, la vision a considérablement changé : "Les croyants vivent la même foi avec une conscience différente (mais la foi peut-elle conduire à une autre conscience ? Cela signifierait automatiquement croire en quelque chose d'autre et non en la Vérité révélée par le Christ, seule Voie, Vérité et Vie qui mène à la liberté authentique, ndlr). Aujourd'hui, un cas Mortara ne peut plus se reproduire car, si le baptême et la foi en la transformation ontologique que le sacrement opère chez le baptisé restent fondamentaux, la liberté religieuse sanctionnée par le Concile Vatican II a contribué à changer la perspective". (...)

    Luca Del Pozzo écrit dans "Tempi" (26 mai 2023) : "Le réalisateur Marco Bellocchio a déclaré au Corriere della Sera qu'il n'avait "jamais pensé à faire un film contre l'Eglise", non ; le fait est qu'il a été "fasciné par l'aveuglement de la religion". Bref, si dans un passé pas si lointain, l'attitude d'une certaine intelligentsia radicale chic, celle qui n'était pas bêtement athée et à laquelle la figure du catholique "adulte", quand ce n'était pas celle, oxymorique, du catholique-communiste tout court, faisait pendant dans la sphère ecclésiale, se résumait à la devise "Je crois en Dieu, en l'Église non" (avec la variante "Christ oui, Église non"), on est passé aujourd'hui à un plus bienveillant "Je ne suis pas contre l'Église, mais contre la religion lorsqu'elle est aveugle".

    Le philosophe Hegel a soutenu cette incroyable tromperie : "Si les faits réfutent les idées, tant pis pour les faits", et c'est malheureusement des idées malsaines et mensongères que l'époque contemporaine régurgite, tandis que le réalisme sain est banni et harcelé. Ainsi, les positions de la pensée relativiste, dans cette circonstance, ont banni les sources fiables, donnant foi à des interprétations de mauvaise foi.

    Une source décisive est le mémoire autobiographique d'Edgardo Mortara, écrit en 1888, à l'âge de 37 ans, rédigé en castillan pendant son apostolat en Espagne et conservé dans les archives romaines des chanoines réguliers du Saint-Sauveur de Latran, l'ordre dans lequel Don Pio Maria Mortara souhaitait librement et fermement entrer. Traduit en italien, ses mémoires ont été publiés dans son intégralité en 2005 dans un livre édité par Vittorio Messori (Io, il bambino ebreo rapito da Pio IX. Les mémoires inédites du protagoniste de l'"affaire Mortara", publié par Mondadori), qui pulvérise la légende noire et offre un aperçu d'une lumineuse véracité sur les raisons de la foi et l'affaire complexe, d'un point de vue privé, public et juridique, mais qui sera considérée par Edgardo comme la volonté de Dieu et la grâce de la Divine Providence.

    Au cours de sa première année de vie - il est né le 11 août 1851 -, à l'insu de ses parents, la servante catholique Anna Morisi, croyant qu'il était en danger de mort à cause d'une maladie, décida de le baptiser. Fin 1857, l'inquisiteur de Bologne, le père Pier Feletti, entendit l'histoire et l'Inquisition décréta que ce fait avait rendu Edgardo irrévocablement catholique, puisque les lois de l'État pontifical interdisaient aux personnes d'autres religions de s'occuper des catholiques. Pour cette raison, les parents de l'enfant perdirent leur autorité parentale et Edgardo fut emmené à Rome sous la protection personnelle du bienheureux Pie IX. 

    Le Père Pio Maria Mortara mourra nonagénaire le 11 mars 1940 à l'abbaye belge du Bouhay (Bressoux, Liège), malgré une santé fragile, après une sainte vie d'apostolat, de mission, de pénitence et de prière.

    Tout le film de Bellocchio invite le spectateur à éprouver de la haine pour les décisions ecclésiastiques et la dernière réplique du protagoniste apparaît donc dramatiquement moqueuse : "C'était mon libre choix". Le problème est que certains journalistes et intellectuels qui se disent religieux soutiennent ces interprétations trompeuses, alors qu'il fut un temps où "Famiglia Cristiana" (voir http://badigit.comune.bologna.it/mostre/mortara/Famiglia_Cristiana_79.pdf), par exemple, écrivait des choses tout à fait différentes sur l'affaire Mortara avec un regard objectif...

    Dans son autobiographie, le père Mortara écrit : "La communauté juive d'Alessandria, dans le Piémont, fit appel à toutes les synagogues du monde et organisa une véritable campagne contre le pape et l'Église [...] en faisant appel aux puissances et en les suppliant d'intervenir et de protester diplomatiquement. En effet, des protestations furent envoyées ; bref, pendant près de six mois dura cette violente polémique [...] où se rencontrèrent tous les ennemis de la papauté et de l'Église romaine. [...] La sollicitude paternelle du Saint-Père se manifesta surtout à l'occasion des bouleversements politiques de 1870. [...] La bénédiction de Pie IX m'accompagna partout. Il m'obtint d'abord la force [...] de ne pas céder aux injonctions et aux menaces des autorités libérales qui voulaient me contraindre [...] à retourner dans ma famille. [...]. L'affection paternelle de Pie IX à mon égard fut inaltérable jusqu'à sa mort. Après la suppression des maisons religieuses, il me recommanda au saint évêque de Poitiers, Mgr Pie. [...]. Le jour heureux de ma première messe, il m'honora d'une lettre signée de lui [...] Je n'ai jamais revu Pie IX. Depuis 1870, plusieurs fois, lorsque je revins dans la Ville éternelle, je me rendis au Campo Verano et, profondément ému, je me prosternai sur sa tombe [...] Dans son épitaphe, il invitait les fidèles à prier pour lui : Orate pro eo. Je confesse que, chaque fois que j'ai lu ces mots, j'ai dit dans mon cœur : Sancte Pie, ora pro me".

    Dans les années qui suivent 1870, il séjourne en France, en Pologne, en Espagne, en Amérique et en Belgique. Il devient polyglotte, grand prédicateur et contribue largement à la diffusion du culte de Notre-Dame de Lourdes, les apparitions mariales coïncidant avec son entrée dans la Sainte Mère l'Église. Les relations avec sa famille, d'abord houleuses, se normalisent : il aime ses proches et ne perd pas une occasion de le montrer par des lettres et des vœux.

    L'affaire Mortara devint internationale, médiatique et emblématique du monde juif, comme le note bien la journaliste Mariagrazia Cucco dans le lucide article de Famiglia Cristiana déjà cité, devenant ainsi "pour l'Italie, l'équivalent de l'affaire Dreyfus en France". Étrange, mais pas trop, que les multiples cas où l'Église était la victime ne soient pas considérés : des atrocités commises par les autorités anglicanes contre les catholiques au génocide des Vendéens, des persécutions libérales-maçonniques aux cruautés, tortures, massacres perpétrés par l'Union soviétique, etc. etc.....  En résumé, l'Enlèvement est un film de propagande antichrétienne et de haine anticléricale, taisant toute la vérité, une œuvre bien différente de Cristiada du réalisateur Dean Wright en 2011, un film historiquement rigoureux et fiable, mais que les critiques laïcistes ont logiquement rejeté.

  • Une réfutation des erreurs, des confusions et des contradictions de Teilhard de Chardin

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    Du site des éditions "L'Harmattan" :

    L'ÉVOLUTIONNISME THÉISTE DE TEILHARD DE CHARDIN

    Une analyse exhaustive de ses enseignements et de leurs conséquences

    Wolfgang Smith
    Traduit par Marie-José Jolivet

    Collection : Théôria

    Couverture L'évolutionnisme théiste de Teilhard de Chardin

    Sans doute, le nom de Teilhard de Chardin ne rencontre-t-il plus beaucoup d’écho à l’heure actuelle. Ce fut pourtant le théoricien d’une forme d’évolutionnisme théiste qui se propagea largement dans les milieux chrétiens et au-delà, et dont l’influence perdure et continue à se répandre. À ce succès, une raison : des notions pseudo-philosophiques qui paradent sous un masque scientifique. Cette prétention infondée à la scientificité frappe le discours teilhardien d’un sceau d’infaillibilité aux yeux de beaucoup. Mathématicien et physicien de haut niveau, Wolfgang Smith était bien placé pour réfuter les erreurs, les confusions et les contradictions de Teilhard. Ce qu’il fait magistralement, tout en démontrant l’incompatibilité des thèses de ce dernier avec les enseignements traditionnels des Écritures saintes du christianisme, et même de l’hindouisme.

    • Date de publication : 1 décembre 2023
    • Broché -  316 pages

    Le professeur Wolfgang Smith, physicien, mathématicien et philosophe a enseigné, entre autres, au Massachusetts Institute of Technology et à l’université de Californie (U.C.L.A.). Dans le cadre de sa collaboration avec Bell Aircraft Corporation, il a également contribué à la résolution du problème des fondements théoriques de la rentrée dans l’atmosphère de la navette spatiale. Parmi les ouvrages qu’il a publiés, on peut citer Sagesse de la cosmologie ancienne (L’Harmattan, coll. Théôria), Cosmos and TranscendanceThe Quantum EnigmaThe Vertical Ascent: From Particles to the Tripartite Cosmos and BeyondPhysics and Vertical Causation: The End of Quantum Reality.

  • "Ce ne sont pas les traditionalistes qui risquent de provoquer un schisme dans l’Église, mais bien la frange la plus progressiste"

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    Une tribune de Jean Bernard sur le site du journal la Croix :

    « Si schisme il doit y avoir, ne viendrait-il pas plutôt du côté progressiste ? »

    Pour Jean Bernard, ce ne sont pas les traditionalistes qui risquent de provoquer un schisme dans l’Église, mais bien la frange la plus progressiste, et en particulier l’Église d’Allemagne. Si des évêques allemands en venaient par exemple à ordonner des femmes, excommunication et schisme deviendraient « inévitables ».

    05/12/2023

    Il n’est pas sans paradoxe de constater que, à l’heure même où l’Église catholique est engagée dans un Synode des évêques dont le thème central est la synodalité et l’accueil inconditionnel de tous (« para todos, todos, todos »), les avertissements se multiplient concernant la possibilité d’une « implosion » ou d’un « schisme ». Dernière intervention en date, celle de J.‑L. Schlegel, pour lequel une rupture pourrait survenir chez les traditionalistes dans le cas où des réformes audacieuses devraient être adoptées à l’issue du synode.

    À lire aussi : Jean-Louis Schlegel : « Si les réformes évoquées sont décidées, les tradis feront-ils un schisme ? »

    À cet égard, nul ne conteste le fait que la frange la plus conservatrice de l’Église éprouve une réserve marquée à l’égard de certaines initiatives du pape François en ce qui concerne, notamment, les questions de morale (Amoris Laetitia), les mesures adoptées contre la messe traditionnelle (Traditionis Custodes) ou encore les engagements politiques du Souverain Pontife. Il suffit, pour s’en convaincre, de considérer les déclarations chaque jour plus virulentes d’un cardinal Müller, l’ancien préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi de Benoit XVI.

    La stratégie des traditionalistes

    Toutefois, jusqu’à maintenant, cette réserve ne s’est traduite par aucun schisme (le cas de la Fraternité Saint-Pie X mis à part), notamment parce que les traditionalistes n’y auraient trouvé aucun intérêt.

    En effet, de la même manière que, après le Concile, de nombreux prêtres progressistes ont exercé leur ministère sans avoir égard au Magistère romain, les traditionalistes vivent tout simplement leur appartenance ecclésiale sans considération des réformes encouragées ou tolérées par le pape François. En outre, ils pensent, à tort ou à raison, que le temps joue en leur faveur : ils constatent que l’effet paradoxal de Traditionis Custodes a été de vider encore davantage les séminaires diocésains au profit de leurs propres maisons de formation ou, à tout le moins, de celle de la Communauté Saint-Martin. Et ils connaissent les conclusions de l’enquête approfondie menée récemment aux États‑Unis, qui a mis en évidence le profil conservateur, voire très conservateur, de la très grande majorité des jeunes prêtres.

    Peut-on néanmoins prédire un schisme de cette partie de l’Église dans l’hypothèse où le Synode sur la synodalité déciderait, à l’issue de ses travaux, d’adopter des réformes substantielles, telles que l’ordination des hommes mariés, l’ouverture des ordres sacrés aux femmes, la procédure de nomination des évêques ou encore l’accueil des personnes LGBT ?

    En fait, la prémisse sur laquelle est fondée une telle prédiction – l’adoption de réformes substantielles – reste très largement incertaine.

    Ordination d’hommes mariés

    Certes, sur plusieurs thèmes, Rome a déjà bougé. L’homosexualité ou le remariage après un divorce ne sont plus des obstacles dirimants à la réception des sacrements. De même, le choix du pape de désigner 70 laïcs parmi les membres votants de l’actuel Synode sur la synodalité témoigne d’une volonté assumée d’associer davantage les laïcs à la définition des grandes orientations de l’Église. Enfin, il n’est pas exclu que, à l’issue de la clôture du Synode en octobre 2024, la règle du célibat sacerdotal soit assouplie et que l’ordination de viri probati devienne possible.

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  • Le cardinal Sarah s'élève contre une dénaturation du culte catholique

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    Du site "Eucharistie Sacrement de la Miséricorde" :

    Le cardinal Sarah s'est élevé à Dakar contre une dénaturation du culte catholique

    Le cardinal Sarah regrette le « démantèlement des valeurs de foi et de piété » et critique la « destruction des formes de la messe »

    Le 04 décembre 2023 - E.S.M. - Depuis Dakar, capitale du Sénégal, le cardinal Robert Sarah a parlé à nouveau de sa spécialité : le soin de la liturgie.

    Selon le journal français Le Monde, lors d'une messe célébrée dans la capitale du pays africain, le cardinal Sarah, prélat originaire de la Guinée voisine du Sénégal, a une nouvelle fois mis en garde contre la « destruction » de la messe en Occident et une dénaturation du culte catholique pour l'adapter aux coutumes locales en Afrique et Asie.

    Le média français précité rapporte que le cardinal Sarah est au Sénégal pour participer le 8 décembre à une conférence sur la liturgie dans la banlieue de Dakar. Le Monde précise d'ailleurs qu'"il a consacré son homélie à ce sujet et défendu les opinions traditionalistes pour lesquelles il est connu".

    "Nous assistons aujourd'hui, notamment en Occident, à un démantèlement des valeurs de foi et de piété... et à une destruction des formes de messe", a déploré en chaire le cardinal Sarah. « Nous travaillons à saupoudrer la liturgie d'éléments africains et asiatiques, déformant ainsi le mystère pascal que nous célébrons" ; "Nous mettons tellement l'accent sur ces éléments culturels que nos célébrations durent parfois six heures", a-t-il déclaré. "Nos liturgies sont souvent trop banales et trop bruyantes, trop africaines et moins chrétiennes", a-t-il assuré.

    « Si nous considérons la liturgie comme une question pratique d'efficacité pastorale (…), nous courons le risque de faire de la liturgie une œuvre humaine, un ensemble de cérémonies plus ou moins réussies », a déclaré le cardinal Sarah. Il a également exalté la mémoire du regretté pape Benoît XVI. « Puissions-nous suivre cette grande et éblouissante étoile qu'était Joseph Ratzinger, le pape Benoît XVI, seul érudit face à une armée de pseudoliturges », a-t-il souligné.

    La traditionnelle célébration du lundi soir a pris une coloration particulière pour la venue de l’éminent dignitaire, avec un organiste, une chorale et la présence autour de l’autel d’une quarantaine d’évêques et de prêtres.

    A défaut de publicité faite à l’événement, la vaste nef accueillie dans la pénombre plusieurs dizaines de fidèles et de religieux et religieuses, dont certains appelés à participer au congrès des liturgistes. Fait rare, la bâtisse a résonné de chants en français mais aussi en latin, et pas en wolof, la langue locale, comme c’est le cas un lundi ordinaire.

  • Sous François, la critique de la modernité mise à l'index ?

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    Paul Vaute, historien et journaliste honoraire, a rassemblé pour Belgicatho les réflexions que lui inspire la campagne incessante du pape François contre l'indietrismo. Ce terme sert à désigner la réaction contre la modernité et la défense de la tradition. Mais ne s'agit-il pas surtout d'un procédé visant à mettre au rancart, sans le dire, l'herméneutique de la continuité sur laquelle se fondaient Jean-Paul II et Benoît XVI ?

     

       "Il faut absolument être moderne": ce cri de Rimbaud hante le monde occidental, plus encore aujourd'hui qu'au temps du poète carolopolitain. Il n'est guère de grands médias qui ne s'y soient alignés. Proposer un regard critique sur ce qui paraît "en phase", "à la page", "branché", "in" y est pratiquement un acte de rébellion. Je l'ai vécu personnellement et douloureusement pendant ma carrière de journaliste professionnel. "Nous ne sommes plus le journal des vieux c… catholiques", me fut-il un jour rétorqué…

       Est-ce à présent au sein de l'Eglise et au plus haut niveau que ce philonéisme va devenir une posture obligatoire ? La question se pose en tout cas devant l'offensive en règle du Pape actuel contre ce qu'il appelle depuis quelque temps l'indietrismo, néologisme italien qu'on peut traduire – pardon, l'Académie – par "le rétrogradisme" ou "l'arriérisme". La cible, dans le discours papal, a été désignée bien avant le mot à présent servi à toutes les sauces. En 2013, par exemple, étaient pointés les "petits groupes" qui cherchent "à "récupérer" le passé perdu"[i]. Mais depuis quelque deux ans, on a affaire à un véritable leitmotiv et une insistance qui vont bien au-delà de la mise en garde contre une nostalgie déraisonnable.

       Et cela tire à boulets rouges contre tout "pas en arrière qui nous fait secte, qui vous ferme, qui vous enlève vos horizons"[ii]. Contre "la culture du "recul""[iii]. Contre le traditionalisme qui est la "mémoire morte" de ceux qui nous ont précédés, la tradition agréée étant leur vie "et cela continue"[iv]. Contre "une tentation dans la vie de l'Eglise qui te porte au restaurationisme mondain, attifé de liturgie et de théologie, mais c'est mondain"[v]. Bref, contre "le danger aujourd'hui" qui est "l'indietrismo, la réaction contre la modernité"[vi], "une attitude profondément réactionnaire" qui se répand notamment aux Etats-Unis[vii].

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  • Le rapport Sauvé sur les abus sexuels dans l’Eglise de France : les coulisses d'une manipulation, par le père Michel Viot et Yohan Picard

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    Le rapport Sauvé sur les abus sexuels dans l’Eglise de France : les coulisses d'une manipulation, par le père Michel Viot et Yohan Picard (63 mn)

    https://youtu.be/xxOl6HQbUmA  

    Des livres critiques commencent à paraître sur le rapport de la CIASE concernant les abus sexuels dans l’Eglise de France entre 1950 et 2020. Le père Michel Viot et Yohan Picard ne sont pas les seuls à réagir : le pape François lui-même a refusé de recevoir Jean-Marc Sauvé.  

    Que peut-on noter ? 

     Une fragilisation de la conférence épiscopale de France, à cause d’un sentiment de lourde culpabilité concernant les pratiques de la génération précédente des évêques 

    2° La nomination bien imprudente d’une Commission indépendante (la CIASE) qui va se révéler dépendante des biais idéologiques de la génération de mai 68 : volonté de réformer la structure de l’Eglise (fin de la hiérarchie fondée sur des « mâles » célibataires, pression pour l’ordination des femmes, volonté de changer la doctrine morale sur la sexualité, pression pour l’acceptation des sexualités nouvelles dont l’homosexualité, théorie du genre). 

    3° Du coup, les statistiques du rapport de la CIASE semblent avoir été artificiellement gonflées de manière si grossière que cela s’est vu. Des statisticiens professionnels s’en sont émus : Méthodologie douteuse, habile usage de l'outil médiatique, chiffres fantaisistes, arrière-fonds idéologiques très orientés, grands flottements théologiques et juridiques, anachronismes notoires, mise au pilori des voix qui émettaient des réserves sur son contenu. 

    4° Des prêtres et des évêques ont été mis en accusation, sans possibilité de défense, surtout quand ils appartenaient au courant ecclésial situé dans la ligne du Magistère. Des communautés nouvelles ont été détruites, des prêtres innocents ont été jetés en pâture par des campagnes de Presse. On déplore plusieurs suicides. 

    5° La communication ecclésiale a été prise en otage par des médias comme le journal « La croix » ou par des personnes médiatiques comme Véronique Margron, Christine Pedotti. Un nouveau mécanisme d’abus de type clérical est apparu, porté par des laïcs. La férocité de certaines femmes s'érigeant en procureures et juges médiatiques a été surprenante. 

    LA SOLUTION : En revenir aux exigences du Droit, selon la demande du pape François, et aux enquêtes à charge et à décharge.
  • Quel est le rôle d'un évêque ? (Club des hommes en noir)

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    Du site de l'Homme Nouveau ("Club des hommes en noir") :

    Quel est le rôle d’un évêque, à quoi sert-il exactement et quel sens peut avoir sa mission en ce début du XXIe siècle ? Des questions qui se posent aujourd’hui après la destitution de Mgr Joseph Strickland, jusqu’ici évêque de Tyler aux États-Unis, et la nomination auprès de Mgr Dominique Rey, évêque de Fréjus-Toulon, d’un évêque coadjuteur avec pouvoirs spéciaux. 

    Deux événements forts et rares qui semblent entrer en collision avec la doctrine de Vatican II mettant en avant l’importance de l’épiscopat. L’évêque n’est-il au fond qu’un préfet du Pape ? C’est à cette question, entre doctrine et actualité, que les membres du Club des Hommes en noir tentent de répondre dans une discussion parfois très animée…

    Dans cette émission, vous retrouverez l’abbé Claude Barthe, directeur de la lettre Res novae, l’abbé Guillaume de Tanoüarn qui effectue son retour dans le Club des Hommes en noir, le Père Danziec et Anne Le Pape, également de retour pour cette nouvelle saison.

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  • Gouvernance de l’Église : une subsidiarité hautement sélective ?

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    D'Ed. Condon sur The Pillar :

    Le pape François et la subsidiarité de l’État de droit

    30 novembre 2023

    Il n’y a pas de processus ou de critères établis pour discipliner ou congédier un évêque, a déclaré mardi l’un des plus grands chanoines du Vatican, tout en insistant sur le fait que la décentralisation reste au cœur de l’ecclésiologie de l’Église.

    S’adressant à la presse le 28 novembre, Mgr Juan Ignacio Arrieta, secrétaire du Dicastère des textes législatifs, a également déclaré que la « grande décentralisation » post-conciliaire de l’Église est restée intacte et alignée sur le synode sur la synodalité.

    Mgr Arrieta a cité Vatican II et le droit canonique, alors qu’il répondait à des questions sur les récentes mesures disciplinaires du pape contre un évêque américain, ainsi que sur les tentatives du Vatican de régner à la manière synodale allemande.

    Mais pour de nombreux observateurs de l’Église, il semble y avoir peu de cohérence dans la façon dont le pape François répond aux différentes situations impliquant les évêques.

    Les arguments d’Arrieta seront-ils considérés comme un moyen de répondre aux critiques croissantes des évêques qui, en ignorant ses propres réformes juridiques, considèrent que le style de gouvernance du pape est de plus en plus arbitraire et autocratique ?

    Lors d’une conférence de presse tenue le 28 novembre, Mgr Arrieta a répondu aux questions concernant le congédiement récent de Mgr Joseph Strickland du siège de Tyler, au Texas, et a déclaré qu’il n’y avait « aucun mécanisme officiel pour le congédiement des évêques ».

    Bien qu’il existe un processus canonique formel pour destituer les évêques, a déclaré l’évêque, il n’était nécessaire que dans les cas d’actions criminelles canoniques graves et spécifiques.

    Selon Arrieta, la plupart des cas, y compris sans doute celui de Mgr Strickland, étaient moins clairs : « Parfois, il s’agit d’un acte unique, d’autres, d’une question de conduite » ou d’une « évaluation de la communion ».

    La destitution de Strickland a été annoncée par le Vatican le 11 novembre. Bien qu’aucune raison n’ait été donnée pour la décision, il est venu deux mois, jour pour jour, Le Pilier a rapporté que des cardinaux de haut rang avaient recommandé au pape François que Strickland soit contraint de démissionner de la direction de son siège après une visite apostolique dans le diocèse de Tyler plus tôt cette année.

    Alors que des sources proches de l’enquête ont noté des questions sur l’administration du diocèse par Strickland, l’évêque avait également fait une série de déclarations publiques semblant contester l’orthodoxie du pape.

    Dans un billet de mai, l’évêque a déclaré qu’il croyait « qu’il était temps pour moi de dire que je rejetais le programme [du pape François] de saper le Dépôt de la foi ».

    Pour de nombreux canonistes, les déclarations publiques de Strickland semblaient présenter une possible affaire pénale canonique, puisque le Code de droit canonique criminalise « une personne qui incite publiquement à la haine ou à l’animosité contre le Siège apostolique… à cause d’un acte de fonction ou de devoir ecclésiastique, ou qui provoque la désobéissance contre eux. »

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  • Synode sur la synodalité : nouveau printemps ou boîte de Pandore ? L'analyse d'Edward Pentin

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    D'Edward Pentin sur son blog :

    Synode sur la synodalité : Un nouveau printemps ou la boîte de Pandore ?

    27 novembre 2023

    Société de la messe latine d'Arlington

    8 novembre 2023

    Edward Pentin

    Par où commencer ? Une fois de plus, nous avons eu un mois à Rome avec beaucoup d'acrimonie et de contestation, beaucoup de chaleur et, selon la personne à qui vous parlez, pas beaucoup de lumière.

    Attendue avec impatience par certains, redoutée par d'autres, la première assemblée du Synode sur la synodalité sur le thème "Pour une Église synodale : Communion, Participation, Mission", est terminée.

    Elle s'est déroulée du 4 au 29 octobre à huis clos, selon les règles de Chatham House, et donc effectivement en secret, avec des parties soigneusement sélectionnées partagées avec les médias. Elle s'est achevée par un long rapport de synthèse de 42 pages, rédigé comme par magie en l'espace de trois jours, dans lequel chaque paragraphe, après amendements, a été adopté à la majorité des deux tiers ou plus.

    L'assemblée a été marquée par la controverse avant même d'avoir commencé. On s'interrogeait sur sa légitimité en tant que synode d'évêques - questions qui n'ont pas encore trouvé de réponse adéquate - étant donné que près d'un cinquième des votes provenaient, pour la première fois, de laïcs, dont beaucoup avaient des perspectives nettement modernistes et hétérodoxes.

    L'instrumentum laboris du synode, ou document de travail, a donné une idée assez précise de ce que les responsables avaient à l'esprit en matière de synodalité. Le synode lui-même, qui a débuté en 2021 et s'achèvera en octobre prochain, a été présenté comme une occasion pour l'Église catholique de réfléchir à sa propre vie et à sa mission à la suite de consultations avec le "peuple de Dieu" au niveau diocésain, national et continental.

    L'objectif général de la synodalité, nous a-t-on dit, est de favoriser une Église plus inclusive, participative et missionnaire, une chance d'écouter, de marcher ensemble en tant que peuple de Dieu et d'accueillir les voix qui se sont historiquement senties marginalisées par l'Église et, en fait, rejetées par l'enseignement de l'Église.

    Mais pour ses détracteurs, le processus synodal est apparu comme une simple couverture pour introduire l'hétérodoxie dans l'Église, qu'il s'agisse de la normalisation de l'homosexualité, des femmes diacres, d'un changement radical dans la gouvernance de l'Église et d'autres questions qui ont longtemps été privilégiées par les dissidents mais toujours bloquées par les pontificats précédents. Le défunt cardinal George Pell a qualifié l'instrumentum laboris d'"effusion de bonne volonté du Nouvel Âge", assortie de déclarations bienveillantes qui plaisent au monde entier.

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  • Comment la Cour européenne des droits de l’homme est en train de construire un droit à mourir

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    De Gregor Puppinck sur gènéthique.org :

    « Comment la Cour européenne des droits de l’homme est en train de construire un droit à mourir »

    28 novembre 2023

    Alors que la Cour européenne des droits de l’homme s’apprête à juger, le 28 novembre, une affaire concernant l’euthanasie, Grégor Puppinck, docteur en droit et directeur du Centre européen pour le droit et la justice (ECLJ), estime que l’institution européenne cherche à affirmer de nouveaux droits, aux dépens du bien commun.

    Oserais-je l’écrire ? Il y a dix ans, un ancien juriste de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) m’a montré une feuille de papier présentant les étapes passées de la jurisprudence de cette Cour en matière d’euthanasie. Figuraient aussi sur cette feuille des étapes futures conduisant à la reconnaissance progressive, jugement après jugement, d’un droit de l’homme à la mort volontaire, c’est-à-dire au suicide assisté et à l’euthanasie. Chaque étape, passée et future, de la construction de ce « droit » était clairement indiquée sur une « timeline ». Bien sûr, seules les étapes passées étaient associées à des références jurisprudentielles. Il s’agissait visiblement d’un document juridique stratégique. Bien que présenté comme authentique, je ne peux aucunement l’affirmer, ni le prouver, et mon informateur ne m’a pas permis d’en faire une copie.

    Quoi qu’il en soit, ce document m’a stupéfié, si bien que j’entrepris d’en vérifier l’exactitude. Cela aboutit à la publication d’une étude qui constatait effectivement, et exposait, comment la CEDH construit pas à pas un droit à la mort volontaire. Cette étude décrivait une construction jurisprudentielle ingénieuse, qui, à coups de citations ambiguës, érige sur le vide un « droit » non seulement absent de la Convention européenne des droits de l’homme, mais aussi contraire à sa lettre et à l’intention de ses rédacteurs. En effet, adoptée peu de temps après la Seconde Guerre mondiale, la Convention européenne des droits de l’homme pose clairement, en son article 2, le principe suivant lequel « la mort ne peut être infligée à quiconque intentionnellement ». Elle ne prévoit aucune exception en cas de consentement de la personne tuée (cf. « Exception d’euthanasie » : « un concept virtuel » pour « entrouvrir la porte »).

    Pourtant, ce principe fondamental n’a pas empêché la Cour de construire un tel droit à recevoir la mort, par glissements successifs. Pour ce faire, elle a déplacé la question de la mort volontaire du terrain de l’article 2 sur celui du fameux article 8 de la Convention. Celui-ci, initialement conçu pour protéger la vie privée et familiale, est interprété de façon extensive par la Cour pour affirmer de nouveaux droits ou pour empêcher l’expulsion d’étrangers. La méthode est simple : il suffit à la Cour de faire entrer une situation ou une pratique dans le champ d’application de la vie privée ou familiale pour obliger les Etats à justifier leurs législations et décisions restrictives en la matière. Dénonçant cette attitude de la Cour, l’ancien juge Küris en vint à écrire que l’article 8 s’était transformé en « article ∞ », tant sa portée est devenue infinie.

    Une conception individuelle et relative de la dignité

    Dans un premier temps, la Cour européenne s’est prononcée sur une série de requêtes introduites par des personnes demandant le droit de mourir. Dans ces affaires Pretty, Haas, Koch, Gross jugées entre 2002 et 2013, les requérants étaient malades, handicapés ou simplement lassés de vivre. La Cour a alors jugé que cette demande de mourir trouvait un fondement dans l’article 8 de la Convention, et que les Etats devaient justifier au cas par cas leurs refus de fournir des poisons aux requérants ; l’article 2 les obligeant seulement à limiter les risques d’abus, afin d’empêcher un individu « de mettre fin à ses jours si sa décision n’intervient pas librement et en toute connaissance de cause ».

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