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Débats - Page 24

  • La guerre peut-elle être juste ? (Club des Hommes en Noir)

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    Du site de l'Homme Nouveau :

    La guerre peut-elle être juste ?

    Alors que la paix de Noël approche désormais à grands pas, la guerre fait rage aujourd’hui dans plusieurs points du monde. C’est notamment le cas en Ukraine, en Terre sainte et en Asie, la Chine communiste menaçant Taïwan qui mobilise en urgence.

    Face à ce phénomène qui dément les théories de paix universelle et de fin de l’Histoire, la guerre s’impose comme un fait. Mais peut-elle être un bien et peut-elle être juste ? Quelle est la position de l’Église catholique ? Pur pacifisme ou guerre raisonnée ? La guerre moderne, industrielle, économique, cybernétique, a-t-elle rendu obsolète la doctrine de l’Église en la matière ?

    Pour cette avant-dernière émission de l’année 2023, Philippe Maxence reçoit l’abbé Grégoire Célier, l’abbé Marc Guelfucci, l’abbé Hervé Benoît et Jean-Pierre Maugendre.

  • L’adoration silencieuse au cœur de la liturgie (Liturgie, 40) par le Dr Denis Crouan

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    Liturgie 40 ‒ L’adoration silencieuse au cœur de la liturgie, par le Dr Denis Crouan (39 mn) 

    https://youtu.be/w6cdwCy1LQc  

    Après la première partie du cours qui abordait l'histoire de la liturgie, nous abordons certains points de la théologie de la liturgie.  

    Dans cette leçon le docteur Denis Crouan aborde le cœur du cœur de la liturgie, ce qui fait qu’elle pourra revivre partout dans nos paroisses, à savoir sa dimension surnaturelle : Dans ses enseignements, Joseph Ratzinger/Benoît XVI défend l’unité indissociable entre la célébration de la liturgie, l’adoration eucharistique silencieuse, et la mission sociale qui découle d’une authentique dévotion eucharistique.  

    Le lien étroit entre la célébration de la liturgie et la pratique de l’adoration eucharistique ne figure pas de façon explicite dans la catéchèse ou la théologie ; mais l’enseignement des papes ainsi que l’expérience des membres de l’Église, en particulier des saints, établissent clairement ce lien. Le don de la présence du Christ dans la Sainte Eucharistie découle directement de la liturgie ; par conséquent, l’adoration du Très Saint-Sacrement renforce la préparation à la messe et la participation active et fructueuse à la liturgie.  

    Une Eucharistie qui ne se traduit pas en une pratique concrète de l’amour est en elle-même tronquée.  

    COURS DE LITURGIE, PAR DENIS CROUAN, DOCTEUR EN THEOLOGIE, 2022-2023 

    Pour accéder à la totalité de la playlist :  

    https://www.youtube.com/playlist?list=PLuko328jWH_06CYFfUP8d6v_vzl9f4UbI 

    Institut Docteur Angélique 

    Cours donné par Denis Crouan, docteur en théologie, en entretien interactif avec Arnaud Dumouch. 

    Vidéo du site http://docteurangelique.free.fr/fichiers/InstitutDocteurAngelique.htm, les œuvres complètes en français de saint Thomas d'Aquin. 

    Denis Crouan, denis.crouan@wanadoo.fr; 2022-2023 

  • Synode : au niveau local, on se remet au travail grâce à une feuille de travail pratique sur la consultation synodale

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    De Lieve Wouters sur kerknet :

    Au niveau local, on se remet au travail grâce à une feuille de travail pratique sur la consultation synodale

    15 décembre 2023

    Le conseil synodal a publié une fiche de travail concrète pour préparer localement la prochaine session du synode (octobre 2024). A découvrir ici.

    Le texte final de la première session du synode à Rome en octobre dernier contenait 273 paragraphes avec des propositions concrètes sur des sujets impactants comme le diaconat féminin, l'abolition du célibat obligatoire mais aussi l'adaptation du droit canonique (par exemple sur l'homosexualité). 

    > Relire : Décharge lors de la présentation du rapport final du synode (vidéo)

    L'objectif de la fiche de travail est d'approfondir et d'élargir l'expérience synodale au niveau local. Il s'agit en premier lieu des conseils pastoraux des diocèses, qu'il est préférable d'élargir pour l'occasion avec des experts (théologiens, juristes ecclésiastiques, psychologues, travailleurs sociaux). Mais les paroissiens sont également invités à faire entendre leur voix et à faire l'expérience d'une pratique synodale dynamique.

    Les échos de ce nouveau cycle de consultations peuvent être transmis au secrétariat du synode par l'intermédiaire de la conférence épiscopale jusqu'au 15 mai 2024.

    Le temps est donc à nouveau très court pour envoyer des idées et des expériences de la base, mais la réflexion ne doit pas s'arrêter après le 15 mai. L'intention est de créer à la base une habitude de réflexion et d'échange ensemble de manière synodale.

    Le secrétariat du synode lui-même encouragera également la réflexion en soulevant les questions clés du rapport de synthèse avec les divisions de la curie et en les soumettant au pape. Des groupes d'experts de tous les continents seront ensuite chargés d'affiner la réflexion afin que la deuxième session du synode, en octobre 2024, puisse s'ouvrir sur un rapport sur lequel les participants pourront ensuite échanger afin de parvenir enfin à des décisions concrètes. Ensuite, il reviendra à nouveau au pape de les transformer en un document contraignant depuis sa position d'autorité.

    Explorer la feuille de travail

    La fiche de travail est présentée comme une "aide possible". La consultation synodale ne doit pas se limiter à cette fiche. Elle se compose de 10 points.

    1. Transmettre les expériences de la réunion d'octobre, faire connaître le rapport de synthèse et diffuser largement la Lettre au peuple de Dieu. Cela peut se faire, par exemple, en fournissant des documents dans la langue nationale et en utilisant les médias (ecclésiastiques).

    2. Continuer à pratiquer la synodalité aux niveaux paroissial, diocésain, national et continental. Suggestion : choisir 3 priorités parmi les 20 thèmes du rapport de synthèse ou 3 initiatives concrètes parmi les différentes propositions de la synthèse qui peuvent être immédiatement appliquées au niveau local.

    3. Expérimenter concrètement la méthode synodale de la " conversation dans l'Esprit " lors de rencontres et de réunions dans les paroisses, les mouvements, les communautés, les diocèses).

    4. Former les animateurs à l'écoute et au discernement.

    5. Impliquer davantage tous les baptisés dans le processus synodal et écouter les personnes en marge comme les pauvres, les migrants, les jeunes et les femmes, ainsi que les prêtres qui ont été jusqu'à présent peu impliqués dans le processus synodal ?

    6. Parmi les " Questions à explorer " (dans le rapport de synthèse), choisissez un ou deux sujets à explorer en relation avec des questions locales et demandez l'aide d'experts.

    7. Choisir et discuter 2 ou 3 initiatives locales ou bonnes pratiques de synodalité qui seraient intéressantes pour d'autres et les envoyer au secrétariat du synode pour publication sur le site web.

    8. Approfondir la définition et la compréhension de la synodalité dans notre contexte culturel. Pour ce faire, utiliser le chapitre 1 du Rapport de synthèse sur la synodalité : Expérience et compréhension.

    9. Mettre en œuvre et approfondir la dimension spirituelle de la synodalité au niveau local. Envisager des exercices spirituels liés au thème de la synodalité.

    10. Impliquer les instances participatives dans la préparation de la prochaine session du synode.
    Proposer des initiatives concrètes de formation à la synodalité aux centres de formation et aux facultés de théologie. Commencer par consulter les responsables de formation. Travaillez ensuite sur les questions à examiner et faites part de vos conclusions aux Conférences épiscopales.

    Découvrez la fiche complète

  • Analyse du synode : de quelle Église accouche-t-il ?

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    De la Revue mensuelle « La Nef » (décembre 2023) :

    La première partie du synode sur la synodalité voulu par le pape François s’est déroulée du 4 au 29 octobre à Rome. Quel bilan tirer de ce synode ? Quelles pistes de réformes annonce-t-il ? Est-il un synode de rupture ou de continuité ? Comment a-t-il été reçu par les différentes sensibilités de l’Eglise ? Cet article vous offre une analyse et une vue de surplomb sur cet événement ecclésial.

    «Il faut que tout change pour que rien ne change ». C’est peut-être la célèbre phrase de Tancredi Falconeri dans Le Guépard de Lampedusa qui vient à l’esprit lorsqu’on se hasarde à tirer un bilan d’étape de la XVIe Assemblée générale du synode des évêques sur la synodalité, à l’issue de sa première session plénière qui s’est tenue à Rome du 4 au 29 octobre 2023.

    « Il faut que tout change… »

    En apparence, le processus décidé et mis en œuvre par le pape François depuis 2021 semble vouloir imprimer des changements majeurs à l’Église, comme en témoignent la structure adoptée pour le Synode, la forme des débats retenue et les thématiques discutées.

    Tout d’abord, s’agissant de la structure, le pape François a posé, en avril 2023, un geste spectaculaire et sans précédent. En contradiction avec le Code de Droit canonique (can. 346, § 1) ainsi qu’avec sa propre constitution apostolique Episcopalis Communio du 15 septembre 2018, qui prévoient que seuls peuvent composer une assemblée synodale les évêques ainsi qu’un petit nombre de supérieurs d’instituts religieux masculins, le Souverain Pontife n’a pas hésité à désigner, parmi les 364 membres votants, des religieuses et surtout 70 laïcs (hommes et femmes). La conséquence est qu’une proposition peut désormais être adoptée par le synode, alors même qu’elle ne réunirait pas deux tiers des voix des évêques. Cette décision papale n’a pas été sans provoquer quelques remous, puisqu’un certain nombre de canonistes sont allés jusqu’à contester la « nature épiscopale » de cette assemblée synodale ainsi composée. Et si, pour répondre à ces critiques, le pape a souligné que ce « processus synodal » récupérait une ancienne pratique chrétienne qui n’avait jamais été perdue dans l’Orient chrétien, il est à noter qu’aucun des délégués orthodoxes et catholiques de rite oriental conviés à Rome n’ont reconnu dans ledit processus ce qu’ils entendaient dans leurs Églises respectives par le terme de « synode ».

    Ensuite, concernant la forme retenue pour les débats, une innovation remarquée a également eu lieu : à la place de discours tenus par des orateurs juchés sur une estrade et s’adressant à l’assemblée, le choix a été fait – synodalité oblige – de répartir les 364 membres en 35 groupes (les « circuli minores »). Le tout conjugué avec une méthodologie très stricte gouvernant les débats, largement inspirée de la spiritualité ignacienne : chaque groupe s’est vu attribuer des questions précises à débattre et ces questions ont fait l’objet d’un triple tour de table, strictement chronométré, afin de permettre aux participants d’exprimer, en toute égalité, les « résonances ressenties ». Après ces discussions, un rapporteur désigné pour chaque groupe a été chargé d’en présenter la teneur à l’assemblée plénière, avec ses convergences, ses divergences et ses interrogations. Pour finir, le 29 octobre, un rapport de synthèse de 42 pages a été adopté, détaillant les questions à approfondir et formulant 81 propositions qui, « après des recherches canoniques, théologiques et pastorales », devront être tranchées lors de la seconde session du synode en octobre 2024.

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  • La nouvelle Pologne, heureuse et européenne, ne doit rien à voir avec l'ancienne, catholique et traditionnelle

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    De Pawel Lisicki sur la Nuova Bussola Quotidiana :

    La "nouvelle" Pologne anti-catholique est née

    Le nouveau gouvernement du Premier ministre Donald Tusk est formé sous la bannière de l'agenda bruxellois : perte de souveraineté, écologisme, droit à l'avortement et droits LGBTQ+.

    15_12_2023

    Le 11 décembre, Donald Tusk a été élu premier ministre polonais par le parlement et, le 13 décembre, il a prêté serment devant le président de la République, Andrzej Duda. Nous avons demandé au journaliste Pawel Lisicki, rédacteur en chef de l'hebdomadaire "Do Rzeczy", d'analyser la situation polonaise.

    Le nouveau Premier ministre polonais Donald Tusk a promis de redonner à son pays "la place qui lui revient en Europe". Selon lui, le temps est venu de mettre fin à une impasse froide de huit ans entre Varsovie et Bruxelles. Cela semble être une bonne chose, mais qu'est-ce que cela signifie dans la pratique ?

    Donald Tusk a présenté sa vision d'une Pologne nouvelle et progressiste au cœur de l'UE, dans le discours qui lui a permis de remporter un vote de confiance au Parlement. Mais il n'a pas expliqué ce qu'est exactement une "Pologne progressiste". En fait, son discours comportait de nombreuses contradictions et incohérences. D'une part, il a déclaré au Parlement polonais que "la Pologne retrouvera sa position de leader dans l'Union européenne", d'autre part, il a ajouté que "toute tentative de modifier les traités qui vont à l'encontre de nos intérêts est hors de question... personne ne me surpassera au sein de l'UE".

    Comment cela est-il possible si la tentative de limiter la position polonaise était l'objectif principal de Bruxelles ? Comment la Pologne peut-elle "regagner" quelque chose qu'elle n'a pas du tout perdu ? C'est Bruxelles qui tente de modifier les traités, alors comment Tusk peut-il prétendre qu'il sera à la fois contre et en faveur d'une meilleure coopération avec la Commission européenne ? M. Tusk est un ancien président du Conseil européen et un ancien dirigeant du Parti populaire européen, il devrait donc parfaitement savoir quel est l'objectif réel des modifications des traités européens. Il a promis de "restituer à la Pologne des milliards d'euros" de fonds européens, qui ont été gelés en raison d'un différend entre Bruxelles et le gouvernement sortant de Droit et Justice (PiS) sur des questions d'État de droit. Mais comment la Pologne parviendra-t-elle à le faire sans perdre sa souveraineté ?

    Fin novembre de cette année, le Parlement européen a voté sur le rapport de la commission des affaires constitutionnelles du Parlement européen (AFCO) recommandant des changements aux traités de l'UE. Le document envisage, entre autres, le transfert de plus de compétences des Etats membres vers l'UE, ce qui réduirait encore leur souveraineté. Les nouveaux domaines dans lesquels les États membres devraient céder leur autorité et se soumettre à la compétence exclusive de l'Union sont le climat et l'environnement.

    On peut donc s'attendre à ce que Bruxelles décide du type de voitures que les Polonais peuvent conduire et où ils peuvent les conduire, s'ils doivent payer des quotas de CO2 pour chauffer leurs maisons, et bien d'autres questions en conséquence. Les décisions relatives au climat et à l'environnement seront imposées par la Commission européenne, comme c'est le cas dans d'autres domaines où l'UE dispose déjà d'une compétence exclusive, tels que la politique commerciale commune. Il s'agira de la version la plus radicale de la politique verte, le "Green Deal". Le projet de modification du traité prévoit d'abaisser le seuil de vote au Conseil : de 55 % des pays, représentant 65 % de la population de l'UE, à 50 % des pays, représentant 50 % de la population de l'UE. Ainsi, il sera plus facile de faire passer les propositions de la Commission, tandis qu'il sera plus difficile de bloquer quelque chose. La Pologne perdrait effectivement son droit de veto. Le précédent gouvernement PiS ne l'a pas accepté, mais le nouveau ne s'y opposera pas.

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  • Les pièges potentiels d'une visite papale en Belgique

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    De Luke Coppen sur The Pillar, cet "éclairage" d'Outre-Atlantique :

    Les pièges potentiels d'une visite papale en Belgique

    14 décembre 2023

    Dans une interview avec un diffuseur mexicain diffusée mardi, le pape François a annoncé qu'il avait l'intention de se rendre en Belgique en 2024. 

    Cette annonce est surprenante, étant donné que depuis son élection, le pape François a montré une préférence pour les visites aux nations situées aux "périphéries" de l'Europe, en commençant par l'Albanie en 2014. 

    Il a évité ce qu'il appelle les "grands" pays d'Europe, tels que l'Espagne et l'Allemagne, privilégiant les nations plus petites du continent. Lorsqu'il s'est rendu en France en septembre, le Vatican a insisté avec pédanterie sur le fait qu'il visitait Marseille, et non la République française, afin de préserver cette notion. 

    Certes, la Belgique est un petit pays, avec une population de moins de 12 millions d'habitants. Elle est légèrement plus grande que l'État américain du Vermont et se trouve coincée entre ses voisins français et allemand, beaucoup plus grands. 

    Mais la Belgique n'est pas du tout à la périphérie de l'Europe. À l'époque coloniale, elle contrôlait le vaste territoire connu aujourd'hui sous le nom de République démocratique du Congo, ainsi que des pans entiers de la Chine et du Guatemala.

    Aujourd'hui, elle possède la 26e économie mondiale et le deuxième port d'Europe. Elle possède également une famille royale glamour (...) et sa principale ville, Bruxelles, est la capitale de facto de l'Union européenne. 

    Alors, pourquoi le pape tient-il à s'y rendre ? Et quels sont les pièges potentiels de ce voyage ? Jetons un coup d'œil.

    Pourquoi la Belgique ?

    Le pape François aurait été invité à se rendre en Belgique lors d'une audience privée au Vatican, le 14 septembre, avec le roi Philippe et la reine Mathilde, discrets mais fervents défenseurs de l'Église belge.

    Le voyage, qui devrait avoir lieu fin septembre 2024, est destiné à marquer le 600e anniversaire des universités catholiques KU Leuven et UCLouvain, qui tombe en 2025.

    Selon le vaticaniste Emmanuel Van Lierde, les liens entre François et la Belgique remontent à l'Argentine. 

    Lorsque Jorge Mario Bergoglio est entré chez les Jésuites, il s'est lié d'amitié avec un novice de la famille belge Steverlynck, qui possédait une entreprise textile en Argentine. François a parlé avec admiration de l'approche réfléchie de l'entreprise à l'égard de ses employés. 

    En tant que supérieur provincial des jésuites argentins, le père Bergoglio était chancelier d'une université gérée par les jésuites à Cordoue, qui était soutenue financièrement par une association belge dirigée par Jean Sonet, S.J. Le futur pape s'est rendu en Belgique pour montrer sa reconnaissance. Il aurait été séduit par l'atmosphère de la ville de Bruges et par l'œuvre du peintre Hans Memling. 

    Lorsqu'il est apparu pour la première fois sur la loggia surplombant la place Saint-Pierre après son élection, le pape François était flanqué du cardinal belge Godfried Danneels.

    Il a personnellement nommé Danneels délégué au synode des familles de 2015. La même année, il a nommé le protégé de Danneels, Mgr Jozef De Kesel, archevêque de Malines-Bruxelles, rétablissant ainsi la continuité progressiste dans le diocèse le plus important de Belgique, qui avait été interrompue sous Benoît XVI. 

    Mgr De Kesel a rapidement reçu le chapeau rouge de cardinal. François a cherché à faire entrer un autre Belge au Collège des cardinaux en 2022 : Mgr Luc Van Looy, qui avait rencontré le futur pape lors de sa visite à Buenos Aires en tant que prêtre salésien. Mais Mgr Van Looy s'est retiré de la course à la suite de critiques sur sa gestion des cas d'abus en tant qu'évêque de Gand.

    Outre ces liens biographiques, le pape François pourrait également avoir des affinités avec le cardinal belge Leo Joseph Suenens, qui a influencé le concile Vatican II et a fortement prôné la coresponsabilité des laïcs, préfigurant sans doute la volonté de François d'instaurer la synodalité au sein de l'Église catholique.

    Selon Emmanuel Van Lierde, François ne manquerait pas de visiter à la fois la Région wallonne et la Région flamande. Pour ce faire, il pourrait se rendre à l'UCLouvain, dans la ville de Louvain-la-Neuve, dans la province du Brabant wallon, et à la KU Leuven, dans la ville de Louvain, dans la province du Brabant flamand.

    François pourrait également présider une messe à Bruxelles, où il serait sans doute rejoint par Mgr Luc Terlinden, qu'il a nommé nouvel archevêque de Malines-Bruxelles en juin. 

    Outre ses rencontres habituelles avec les jeunes et les jésuites locaux, le pape pourrait également rencontrer en privé des survivants d'abus et, selon qu'il restera un ou deux jours, visiter une nouvelle école jésuite à Molenbeek, l'un des quartiers les plus pauvres de Belgique.

    Un écueil de taille

    Le principal écueil potentiel de cette visite réside sans aucun doute dans le fait que l'Église belge vient d'être ébranlée dans ses fondements par une nouvelle révélation d'abus commis par des membres du clergé.

    Cette révélation a pris la forme d'une série documentaire intitulée "Godvergeten", qui a suscité un tollé lors de sa diffusion en Belgique en septembre de cette année. 

    La série, qui a mis en lumière les abus et les dissimulations, a déclenché une enquête parlementaire et aurait incité un grand nombre de catholiques à quitter l'Église. Elle a également suscité des appels aux autorités fédérales belges pour qu'elles cessent de payer les salaires des personnes désignées comme "ministres du culte", qui comprennent non seulement les prêtres et les diacres catholiques du pays, mais aussi les laïcs nommés par les évêques.

    La série a relancé le débat sur d'anciennes affaires d'abus très médiatisées, notamment celle de l'évêque de Bruges, Mgr Roger Vangheluwe, qui a démissionné en 2010 après avoir admis avoir abusé de son neveu.

    Le scandale a également terni la réputation de Mgr Danneels après la divulgation d'un enregistrement audio dans lequel le cardinal exhorte le jeune homme à ne pas accuser publiquement son oncle - et a suscité une controverse lorsque François a inclus Mgr Danneels dans sa liste d'invités personnels au synode sur la famille de 2015.

    Alors que la crise s'aggravait, la police a effectué des descentes surprises dans les locaux de l'église, ce qui a tendu les relations entre les autorités belges et le Vatican.

    À la suite de la démission de Mgr Vangheluwe, un rapport indépendant a recensé 475 plaintes pour abus contre des membres du clergé et des employés de l'Église entre les années 1950 et 1980. 

    Mais l'affaire Vangheluwe continue de faire de l'ombre à l'Église belge, car le prélat, aujourd'hui âgé de 87 ans, continue de porter le titre d'évêque. 

    Selon les médias catholiques belges, deux évêques ont rendu visite à Mgr Vangheluwe en septembre de cette année au monastère où il est obligé de vivre dans l'anonymat. Ils lui ont demandé de présenter sa démission au pape François. 

    Vangheluwe aurait ensuite dit à l'un des visiteurs, l'évêque d'Anvers Johan Bonny, qu'il avait écrit au pape. Mgr Bonny pense que le pape répondra à la lettre, dont le contenu est inconnu, d'ici la fin de l'année.

    Avec une visite papale à l'horizon, la pression pour résoudre le cas Vangheluwe va augmenter, à la grande frustration des évêques belges, qui disent qu'ils demandent au Vatican de prendre des mesures supplémentaires depuis des années. 

    La crise des abus s'apaisera peut-être au moment où le pape François arrivera dans le pays, mais il est peu probable qu'elle passe à l'arrière-plan, compte tenu de sa profondeur et de son intensité. Le voyage pourrait donc être similaire à la visite de François en Irlande en 2018, qui a été marquée par des protestations de la part des défenseurs des survivants d'abus.

    Petits écueils

    Un autre écueil, moins important, est que le voyage pourrait rouvrir un débat sur l'identité des deux universités catholiques dont le pape marquera le 600e anniversaire. 

    La KU Leuven et l'UCLouvain tirent toutes deux leurs origines de l'ancienne université de Louvain, créée en 1425 et abolie en 1797. L'Université catholique de Louvain a repris le flambeau en 1834 et s'est scindée en 1968, selon des critères linguistiques, en Katholieke Universiteit Leuven (KU Leuven) et en Université catholique de Louvain (UCLouvain).

    Comme aux Pays-Bas voisins, une société fortement sécularisée pose des défis à l'identité catholique des universités. La KU Leuven et l'UCLouvain tiennent à souligner leur caractère intégrateur. Le site web de l'UCLouvain, par exemple, indique que "si le "C" signifie "catholique", l'UCLouvain, qui compte plus d'un million d'étudiants, est une université catholique, l'UCLouvain, avec plus de 120 nationalités, comprend à peu près toutes les croyances, laïques ou religieuses, pratiquantes ou non".

    Un autre écueil est qu'une visite papale pourrait raviver un débat déjà vif au sein de l'Église catholique sur la possibilité d'une bénédiction rituelle des couples de même sexe. Les évêques de Flandre ont publié un texte autorisant précisément cette pratique en septembre 2022, bien que le bureau de doctrine du Vatican ait déclaré l'année précédente que l'Église n'avait pas le pouvoir de bénir les unions entre personnes de même sexe.

    Le Vatican n'a pas réagi publiquement à l'initiative des évêques. Mais le sujet a été abordé lors de la visite ad limina des évêques belges à Rome en novembre 2022. Le Vatican semble autoriser discrètement l'initiative à titre expérimental, peut-être pour les raisons que le pape François a exposées dans sa réponse de juillet à un dubium, ou doute, sur les bénédictions homosexuelles présenté par cinq cardinaux

    Mais les projecteurs braqués sur une visite papale pourraient transformer la position belge sur les bénédictions homosexuelles en une controverse ecclésiale mondiale à la veille de la session finale du synode sur la synodalité, ce qui aggraverait une atmosphère déjà explosive.

  • Le catholicisme allemand : au bord du gouffre ou à la pointe du progrès ?

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    De George Weigel sur First Things :

    LE CATHOLICISME ALLEMAND : AU BORD DU GOUFFRE OU A LA POINTE ?

    13 . 12 . 23

    Le 10 novembre, un "Comité synodal" créé par la "Voie synodale" allemande récemment achevée s'est réuni pour la première fois. Le mandat de ce comité est de préparer les bases d'un "Conseil synodal" composé de laïcs, de membres du clergé et d'évêques qui gouverneront l'Église catholique en Allemagne à partir de 2026. L'idée d'un tel "Conseil synodal" a déjà été rejetée par le Saint-Siège. Dans une lettre adressée récemment à quatre laïques allemandes qui avaient démissionné de la "Voie synodale" pour protester contre les déviations par rapport aux vérités et pratiques catholiques établies, le pape François a réaffirmé que le "Conseil synodal" ne peut être concilié "avec la structure sacramentelle de l'Église catholique".

    Le pape a également déclaré ceci à propos de l'état actuel des affaires catholiques en Allemagne :

    Au lieu de chercher le "salut" dans des comités toujours nouveaux et de discuter des mêmes sujets avec un certain repli sur soi, j'ai voulu, dans ma Lettre au peuple de Dieu en Allemagne, rappeler la nécessité de la prière, de la pénitence et de l'adoration, et inviter à s'ouvrir et à aller à la rencontre de "nos frères et sœurs, en particulier ceux qui sont abandonnés sur les marches de nos églises, dans les rues, dans les prisons et les hôpitaux, sur les places et dans les villes". Je suis convaincu que c'est là que le Seigneur nous montrera le chemin.

    A ce sujet, peut-être quelques remarques. 

    Chercher le "salut" dans des comités toujours nouveaux et discuter des mêmes sujets avec un certain égocentrisme" ne décrit-il pas précisément ce que le Synode-2023 a fait pendant quatre longues semaines angoissantes il y a deux mois - et ce que les "phases" préparatoires locales, nationales et continentales du Synode sur la synodalité ont fait, à grands frais de temps et d'argent, au cours des deux dernières années ? 

    Pourquoi le mot "salut" est-il entre guillemets dans la lettre du pape ? Est-ce parce qu'il parle de "sauver" l'institution de l'Église allemande, qui subit une hémorragie de fidèles (et donc une perte de revenus, car moins de fidèles se déclarant catholiques signifie que l'institution reçoit une part moins importante de l'impôt de l'Église allemande) ? Compte tenu du contexte allemand, on peut penser que c'est pour cette raison que le mot "salut" a été mis entre guillemets. Mais on pourrait aussi noter que le thème du salut dans son sens biblique et théologique complet - et la notion corollaire du Seigneur Jésus en tant qu'unique sauveur de l'humanité - n'a pas été exploré en profondeur pendant le Synode 2023, ou pendant le "chemin synodal" allemand.

    Ce qui nous amène à un troisième point : Le pape suggère que le catholicisme institutionnel allemand se sauvera en s'ouvrant aux pauvres, aux déplacés et aux marginaux de la société. L'Église allemande le fait déjà, cependant, en maintenant (avec l'aide de l'impôt ecclésiastique) un réseau considérable d'agences et de programmes de services sociaux. Si la rencontre avec les marginaux était la réponse à l'ennui religieux et à l'anémie évangélique du catholicisme allemand contemporain, l'Église allemande serait devenue un puissant moteur de la nouvelle évangélisation il y a des décennies. 

    Mais ce n'est pas le cas, et ce n'est toujours pas le cas. La raison n'a rien à voir, ou presque, avec l'incapacité à rencontrer les marginaux, mais tout à voir avec la perte de la foi en Jésus comme Seigneur et en l'Église comme son corps sacramentel dans le monde, qui transforme les églises locales en organisations non gouvernementales réalisant de bonnes œuvres. La rencontre avec le Seigneur Jésus dans la Parole et le Sacrement est (pour reprendre la lettre du pape) "ce qui nous montrera le chemin".

    Il est intéressant de constater que, lors du Synode 2023, les questions brûlantes chères à la Voie synodale allemande n'ont pas été abordées par les Allemands, mais par d'autres. Le président de la conférence épiscopale allemande, Mgr Georg Bätzing, a fait preuve de gemütlichkeit tout au long du processus, un sourire constamment sur son visage. Ce profil délibérément bas reflète peut-être le fait que les dirigeants de l'épiscopat allemand reconnaissent qu'il serait déconseillé d'enflammer les choses à Rome, compte tenu de la situation conflictuelle dans laquelle ils se trouvent chez eux. Mais une autre lecture de ces feuilles de thé est possible. 

    Comme nous l'avons déjà suggéré dans cet espace, certains responsables du "Synode sur la synodalité" ont pu considérer la "voie synodale" allemande comme un instrument utile pour ouvrir la voie à une reconfiguration dramatique de la compréhension de soi et de la gouvernance catholiques, déplaçant les poteaux de but si loin vers la gauche que l'ancienne ligne des cinquante yards du Centre vital catholique serait maintenant l'ancienne zone d'en-but à gauche. Ces personnes n'ont peut-être pas voulu que les Allemands prennent une avance telle qu'ils donneraient le change avant que le Synode 2024 ne se réunisse en octobre prochain ; il a donc été conseillé au cheval de bataille allemand de trotter et non de galoper. 

    Ce qui pourrait suggérer que le catholicisme allemand n'est pas considéré dans certains cercles romains comme étant "au bord du gouffre", mais plutôt comme étant "à la pointe du progrès". 

    La chronique de George Weigel "The Catholic Difference" est publiée par le Denver Catholic, la publication officielle de l'archidiocèse de Denver.

    George Weigel est Distinguished Senior Fellow du Ethics and Public Policy Center de Washington, D.C., où il est titulaire de la chaire William E. Simon d'études catholiques.

  • L'Europe délaisse les chrétiens pour protéger l'islam

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    De Luca Volontè sur la Nuova Bussola Quotidiana :

    L'Europe oublie les chrétiens pour protéger l'islam

    La Commission européenne a présenté des mesures pour lutter contre les crimes de haine fondés sur la religion : l'absence de soutien réel aux catholiques, qui sont les plus touchés selon les données de l'OCDE et de l'OIDACE, est inquiétante. 

    13_12_2023

    Un peu plus tard que les initiatives irrationnelles et insensées de la Maison Blanche, ses vassaux européens de la Commission européenne ont présenté le 6 décembre une série de mesures et de recommandations pour contrer les crimes de haine à travers l'Europe, en particulier contre les communautés juives et musulmanes, mais sans oublier les communautés LGBTI. Si ces mesures apparaissent tardives mais justifiées au regard des menaces et dangers croissants que subissent les communautés juives dans certains pays européens comme l'Allemagne, la France, l'Autriche et la Belgique, elles sont franchement injustifiables à l'égard des communautés musulmanes, tandis que l'absence de soutien réel aux communautés catholiques et aux fidèles chrétiens est inquiétante.

    Encore plus indigeste et à courte vue est la décision de ne pas avoir envisagé explicitement des mesures contre la violence, les crimes de haine et les menaces contre les communautés catholiques et chrétiennes européennes, les bâtiments et les fidèles, qui, selon le rapport annuel de l'OIDACE, ont augmenté de 44% en Europe au cours de l'année écoulée. L'Observatoire de l'intolérance et de la discrimination envers les chrétiens en Europe (OIDAC Europe), basé à Vienne, a dénoncé dans son rapport annuel le fait que "les principaux pays pour les crimes de haine anti-chrétiens sont l'Allemagne, l'Italie, la France, l'Espagne et la Pologne, le Royaume-Uni et l'Autriche", documentant "en 2022, 748 crimes de haine anti-chrétiens dans 30 pays différents, allant des incendies criminels, graffitis, profanations et vols aux agressions physiques, insultes et menaces".

    Des chiffres également confirmés par ceux enregistrés par l'OSCE, l'Organisation intergouvernementale pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), qui "a recensé 792 crimes de haine anti-chrétiens dans 34 pays européens", ce qui "fait des chrétiens le groupe religieux le plus visé après les croyants juifs". Ainsi, tant les plaintes que les incidents de l'année écoulée montrent une prévalence dramatique de la violence et des menaces contre les croyants, les lieux de culte et les personnes appartenant aux religions judéo-chrétiennes, mais pour la Commission, comme pour M. Biden au début du mois de novembre dernier, la protection doit concerner les communautés islamiques et contrer l'islamophobie, et certainement pas protéger les Juifs, les Chrétiens et les Catholiques. Pour la Commission, l'Autriche a enregistré une augmentation de 300% des incidents antisémites par rapport à 2022, tandis que les Pays-Bas ont observé une augmentation de 800% par rapport à la moyenne mensuelle précédente, tandis que dans la seconde moitié d'octobre, le nombre d'incidents antimusulmans en Allemagne a augmenté avec 10 attaques contre des mosquées et un "nombre élevé de cas non détectés".

    La Commission, qui a présenté ses initiatives lors d'un point presse des vice-présidents Vera Jurova et Margaritis Schinas, complétera son fonds pour la protection des lieux publics et des lieux de culte de 30 millions d'euros en 2024, dont 5 millions d'euros seront spécifiquement affectés à la lutte contre l'antisémitisme. L'Association juive européenne (EJA) a salué le "sérieux et la diligence" de la communication de la Commission, en particulier l'augmentation du financement de 5 millions d'euros pour protéger les lieux de culte juifs et l'ouverture anticipée des demandes pour le Fonds de sécurité intérieure à 2023 au lieu de 2024.

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  • France : Constitutionnalisation de l’avortement : le « mensonge qui tue » en « étendard »

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    De gènéthique.org :

    Constitutionnalisation de l’avortement : le « mensonge qui tue » en « étendard »

    12 décembre 2023

    Alors que le projet de loi visant à inscrire l’avortement dans la Constitution a été présenté ce jour en Conseil des ministres (cf. IVG dans la Constitution : le projet de loi à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale le 24 janvier), Jean-Marie Le Méné(*), président de la Fondation Jérôme Lejeune, s’interroge quant à l’importance consacrée à la constitutionnalisation l’IVG.

    L’annonce d’une inscription de l’IVG dans la Constitution mérite-t-elle autre chose qu’une lecture rapide et distraite ? Tout nous incite à ne pas nous y attarder. Deux guerres à nos portes, de la violence un peu partout, des manifestations hebdomadaires. La France a des soucis d’une autre envergure, et le Gouvernement « d’autres chats à fouetter ». D’ailleurs, dans les milieux politiques et médiatiques favorables à cette mesure, on minimise. Parfois même on ricane.

    « Une surenchère politique »

    Quels sont les partis politiques qui veulent remettre en cause l’avortement dans notre pays ? Aucun. Tout le monde convient qu’il n’y a pas de menace. L’histoire se résume à une surenchère politique où l’initiative, due à une députée devenue ministre, est reprise dans une proposition de loi d’extrême gauche (cf. Le « droit à l’avortement » en chemin vers la Constitution), modifiée par un sénateur de droite (cf. Avortement dans la Constitution : un sénateur fait cavalier seul), laissée de côté pendant un moment avant que le Gouvernement ne rafle la mise sous la forme d’un projet de loi constitutionnelle dont il se flatte d’obtenir l’adoption par les deux chambres (cf. IVG dans la Constitution : Emmanuel Macron annonce un projet de loi). Pour le pouvoir, il n’a jamais été envisagé de débat sur le fond. Rien que de la procédure parlementaire, proposition ou projet de loi, référendum ou Congrès, et un peu de chicanerie byzantine sur les mots dont on veut qualifier l’IVG : droit, liberté ou liberté garantie (cf. IVG : « la dynamique des libertés individuelles relève avant tout du discours »). L’affaire est « bien partie », et devrait trouver un dénouement au printemps pour la Journée de la Femme.

    La liberté « plus acceptable que le droit d’avorter » ?

    Il existe toutefois quelques oppositions au projet de loi, fondées sur l’inutilité et l’incongruité de la constitutionnalisation de l’IVG (cf. “La constitutionnalisation de l’IVG entraînerait des conséquences désastreuses”), alors que l’on ferait mieux de s’occuper de l’école, de l’hôpital et de la sécurité du pays. En gros, ce n’est pas le moment et de toute façon cela ne changera rien. Cette position est celle de personnes qui expriment une certaine réserve vis-à-vis de l’acte de l’avortement. Elles n’y sont pas très favorables à titre personnel, mais n’y voient pas d’inconvénient pour les autres. Inscrite symboliquement dans la Constitution, la liberté leur paraîtrait plus acceptable que le droit d’avorter. Elles soutiennent la loi Veil dans sa formulation initiale, tenue pour équilibrée, tout en déplorant ses extensions répétées (cf. Allongement du délai d’IVG : l’inquiétude des gynécologues). Leur attachement à la possibilité de recourir à l’IVG repose naïvement sur son encadrement, ses limites, et sa « régulation » par la loi. En oubliant que toutes les lois transgressives sortent de leur cadre et étendent leur champ d’application (cf. « Les lois de bioéthique sont faites par, et pour, ceux qui les transgressent »). En réalité, la frange de l’opinion censée ne pas être d’accord avec le projet présidentiel n’exprime pas de critique au fond. Faute d’autre grief que l’opportunisme politique reproché au chef de l’Etat, l’IVG dans la Constitution ne choque pas grand monde.

    Une « fiction pour éviter l’accusation d’homicide »

    Les trois coups de la constitutionnalisation étant frappés, apportons quand même une précision avant le lever du rideau. Si l’avortement semble pouvoir rejoindre facilement le socle de nos valeurs suprêmes, c’est qu’il repose sur un mensonge inaugural : avant la naissance, il n’y aurait pas d’enfant, et donc l’avortement ne tue personne (cf. Homicide involontaire du fœtus : quand le droit crée l’injustice). Cette fiction pour éviter l’accusation d’homicide est démentie dans la « vraie vie », puisqu’après une interruption médicale de grossesse (IMG) l’enfant peut être inscrit à l’état-civil et sur le livret de famille. Il faudrait qu’on nous explique comment l’Etat peut enregistrer la mort d’un enfant avorté, que l’avortement n’aurait pas tué. Vivant il n’était « rien », avorté il devient un enfant. Pour l’IVG, le déni est total. L’enfant n’existe ni avant, ni après.

     « Basculement existentiel de l’Europe de l’ouest »

    Que la République française, l’année où le taux de natalité est le plus bas (cf. France : le long déclin de la natalité), et le taux d’avortement le plus haut (cf. France : 234 300 avortements en 2022), brandisse le « mensonge qui tue » en étendard laisse pantois. Que le chef de l’Etat, comme il l’a annoncé, souhaite cette inscription dans la Charte des droits fondamentaux de l’Union Européenne, pour « enchaîner » les pays voisins au char du vainqueur, nous fait honte. Qu’il ajoute à la « panthéonisation » de l’avortement celle de l’euthanasie (cf. Fin de vie : « la volonté exprimée par le président de la République sera tenue »), dans la même année, dit tout de « l’obsession » qui presse un vieux pays de tuer son âme. Comment l’homicide du plus jeune, du plus malade et du plus vieux d’entre nous est-il devenu un humanisme ? L’immense mépris que le Sud global ressent devant ce basculement existentiel de l’Europe de l’ouest est un trait de lumière. Les pays qui aiment la vie nous montrent comment échapper à cette idéologie qui n’a que la mort à offrir en partage.

    (*)  Magistrat à la Cour des comptes, Jean-Marie le Méné est aussi l'un des fondateurs et président de la fondation Jérôme Lejeune, reconnue d'utilité publique. La Fondation Jérôme Lejeune est spécialisée dans la recherche sur les déficiences intellectuelles d'origine génétique. Soucieuse de développer des thérapies innovantes, la Fondation finance également un consortium international de recherche en thérapie cellulaire. Jean Marie Le Méné est l'auteur de plusieurs ouvrages dont "Le professeur Lejeune, fondateur de la génétique moderne" (1997, édition Mame), "La trisomie est une tragédie greque" (Salvator, 2009) et "Nascituri te salutant" (Salvator, 2009)

  • Le document pour le #synode 2024 vient de sortir...

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    Du Père Yves-Marie Couët, prêtre de l'Emmanuel (diocèse de Vannes) (sur twitter) (son site web):

    Le document pour le #synode 2024 vient de sortir et il n'est pas venu à l'idée de ses rédacteurs d'inviter à se mettre à l'écoute de la Parole Dieu !

    Heureusement, nous nous préparons à Noël et nous nous avons soif de Dieu ! Il est la clé du vrai bonheur ! La seule mention dans ce document : Dieu nous enverrait en mission synodale. Comme si Dieu était utilisé pour avaliser nos propres idées.

    Reviennent en force le diaconat des femmes et "les questions controversées" (pourtant ces dernières avaient été mises un peu de côté par le rapport final du synode d'octobre 2023, une question de tactique).

    Voici le document pour l'assemblée #synodale d'octobre 2024 : synod.va/content/dam/sy

  • Prêtres : pourquoi des éléments de visibilité extérieurs sont-ils nécessaires ? 

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    D'Yves Thibaut de Maisières sur RCF :

    LISONS, MÉDITONS ET ACCUEILLONS CE QUE L'EGLISE NOUS ENSEIGNE !

    5 décembre 2023

    Prêtre dans le diocèse de Namur, formateur au séminaire francophone et théologien, l’abbé Ionel Ababi nous propose une réflexion et un témoignage sur la mission du prêtre et de l’Eglise aujourd’hui. 

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    Lisons, relisons, méditons et accueillons surtout ce que l'Église nous dit, parce qu'on peut lire ici ou là - y compris sous la plume d'experts ou de personnes qui s'affichent "docteurs en théologie" ou ayant certaines responsabilités - des affirmations fausses et des erreurs qui ne font pas grandir l'Église et qui ne rendent pas compte de son trésor, de son enseignement, de sa doctrine, nous exhorte le père Ionel. 

    Une rencontre avec ce prêtre qui fait écho à l'opinion du théologien Stijn Van den Bossche intitulée "La soutane, Satan du Synode" publiée dans le journal Dimanche et sur le site de Cathobel en date du 7 novembre 2023 : https://www.cathobel.be/2023/11/la-soutane-satan-du-synode/

    Le prêtre et l'expression "in personna christi"

    C'est-à-dire que là où le prêtre exerce, agit au nom du Christ-Tête, c'est principalement à travers son ministère, et en particulier à travers les célébrations, les sacrements, et éminemment à travers le sacrifice eucharistique.

    A partir du moment où le prêtre incarne le "Christ Tête de l'Eglise", des éléments de visibilité extérieurs sont-ils nécessaires ? 

    En dehors du cadre strictement ministériel ou sacramentel, où il agit in persona Christi capitis, il est témoin d'une vie totalement donnée, totalement consacrée à Dieu, comme le signifie donc son ordination, et comme il peut l'exprimer notamment par l'habit ecclésiastique, par un signe extérieur. Il en va de la logique au fond de l'incarnation, qui prend toutes les dimensions.

    Malaise sur la visibilité des ministres du culte

    Il faut savoir que le concile de Trente en 1542 avait réaffirmé l'obligation pour les prêtres de porter un habit digne et distinct des laïcs. Habit qui s'est concrétiser par la soutane, notamment. "Lorsque cette dernière a été supprimée par Vatican II, le col est resté comme une relique.", peut-on lire dans la tribune du théologien Stijn Van den Bossche. Il n'en est rien puisque la conférence épiscopale de Belgique, dans une décision du mois d'octobre 1986, avaient stipulé : « la soutane ou le costume foncé muni d'un col romain ou d'une croix demeure obligatoire pour les prêtres et les diacres par application du canon 284 du Code de droit canonique ».

    Alors, d'où vient ce conflit d'opinion sur l'habit des hommes d'Eglise ?

    Ne donnons pas plus d'importance qu'il ne faut, ici, à l'habit ecclésiastique, qui reste un signe ou un témoignage. Mais le témoignage par excellence est celui évidemment de la vie, d'un style de vie, d'une conduite de vie, rappelle Ionel Ababi. 

    La disposition intérieure est fondamentale. Dans quel esprit le faisons-nous? De quelle manière ? Qu'est-ce qui nous habite ? Le fait que j'affiche une croix, que je porte une croix, le fait que je porte un habit ecclésiastique, qu'est-ce qui me pousse à cela ? Qu'est-ce qui m'anime ? Quelle est la disposition intérieure ?

    Et vous savez, la disposition intérieure, elle peut être bonne ou mauvaise. Elle peut être tournée vers la sainteté ou tout à fait le contraire. L'épitre aux Philippiens, au chapitre 2 nous donne une illustration de cette disposition : « Ayez les mêmes dispositions, le même amour, les mêmes sentiments. Recherchez l'unité. »

    Dénoncer et fuir le cléricalisme 

    Cette problématique est précisément une perversion de cette disposition intérieure qui devait être toute tournée vers le Seigneur. Le cléricalisme guette aussi bien les clercs que les laïcs, qui tous deux ont reçu une vocation qui est celle d'être des saints et des témoins de la sainteté de Dieu dans le monde. Mais on peut pervertir cette mission ou cette vocation.

    Je remarque que lorsque Jésus envoie les disciples en mission, les apôtres en particulier, il leur donne pouvoir. Voilà pourquoi le Concile, le Vatican II et la doctrine de l'Église parlent d'un pouvoir sacré, ou d'une charge sacrée. Ce pouvoir peut être perverti, peut être complètement désorienté. Le cléricalisme peut trouver mille et une manière de s'exprimer, mais quelle que soit la manière dont s'exprime le cléricalisme, c'est toujours un abus

    Y a-t-il un malaise dans l'identité des vocations aujourd'hui ? 

    Ce malaise est lié notamment à l'identité du prêtre, de l'Église, des baptisés. Je crois qu' il est fondamentalement lié à une problématique spirituelle. Ce qui est le moteur d'une vie de foi c'est la relation avec le Seigneur. Et donc, si nous ne sommes pas ancrés, enracinés, comment cette relation fondamentale avec le Seigneur peut se déployer dans quelque ministère, service, que ce soit dans l'Église ou dans le monde ? Dans la logique de l'incarnation, il faudra trouver les moyens les plus adéquats pour pouvoir incarner sa vocation et y rester fidèle.

    Et j'ajouterai alors aussi la question de la formation. Qu' est-ce que nous enseigne l'Église à travers sa doctrine, en particulier sur sa nature et sur la place de chacun en son sein. Lisons, relisons, méditons et accueillons surtout ce qu'elle nous dit ! 

  • Aupetit, Woelki, Becciu... : les déficiences de la justice dans le pontificat du pape François

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    D'Andrea Gagliarducci sur le Monday Vatican :

    Le pape François, un processus à décrypter

    11 décembre 2023

    A la veille de la semaine où devrait s'achever ce que l'on appelle le " procès du siècle " au Vatican, le pape François reçoit Mgr Michel Aupetit, archevêque émérite de Paris, contraint à la démission il y a deux ans. Le pape François avait accepté sa démission "sur l'autel de l'hypocrisie", a-t-il expliqué aux journalistes dans le vol papal quelque temps plus tard.

    Bien que les deux affaires n'aient pas grand-chose à voir l'une avec l'autre, la coïncidence de ces deux faits a le pouvoir de donner une image générale de la situation de la justice dans le pontificat du pape François.

    Voici les faits.

    L'archevêque de Paris a été cloué au pilori dans la presse pour une relation inappropriée qu'il aurait eue avec l'une de ses secrétaires il y a plusieurs années. L'archevêque avait décidé de présenter sa démission, que le pape avait acceptée "sur l'autel de l'hypocrisie", sans même attendre le jugement final. Le résultat de l'enquête de la police française est arrivé il y a quelque temps, et il s'agit d'un non-lieu pour manque de preuves.

    Plus techniquement, les enquêteurs ont déterminé que "le fait n'existe pas" - un constat continental qui signifie que les enquêteurs n'ont pas découvert de preuves suffisantes pour suggérer qu'un crime a même été commis.

    Mgr Aupetit avait admis avoir commis des "erreurs" dans une relation avec une secrétaire quelques années avant de devenir évêque, mais il a toujours nié qu'il s'agissait d'une relation romantique et a toujours insisté sur le fait qu'il n'y avait jamais eu de relations sexuelles. La femme impliquée a elle-même déclaré à la police que les actes d'Aupetit ne constituaient pas un délit. La femme n'a jamais porté plainte.

    Ces derniers mois, cependant, l'archevêque émérite de Paris a vu sa réputation ruinée. Il était l'une des personnalités les plus influentes de l'Église de France, l'une des rares à avoir exprimé des critiques à l'égard du rapport du CIASE sur les abus - un rapport au sujet duquel des chercheurs et des experts indépendants ont émis de sérieux doutes méthodologiques. Sans Aupetit, une forme d'opposition à la pensée laïque et séculière qui avait un impact particulier a été perdue en France. Non pas que les évêques soient silencieux - les déclarations contre l'inclusion de l'avortement dans la Constitution le démontrent - mais leur force de perturbation a été réduite de moitié avec l'absence de l'archevêque.

    On peut se demander pourquoi le pape a accepté si rapidement la démission d'Aupetit.

    Dans d'autres cas, le pape n'a pas agi. C'est le cas du cardinal Woelki, archevêque de Cologne, qui a été suspendu pendant six mois pour mauvaise communication. Il avait lui aussi critiqué un rapport sur les abus dans son diocèse. Le pape n'a cependant pas voulu accepter sa démission après les six mois de suspension. Mais avec quelle autorité le cardinal Woelki peut-il continuer à administrer l'archidiocèse après la suspension qui a suivi les attaques médiatiques ?

    Qu'est-ce que tout cela a à voir avec le processus du Vatican ? Même dans cette affaire, le pape François a rendu des jugements sommaires, prenant des décisions qui semblaient répondre davantage à "l'autel de l'hypocrisie" qu'il avait évoqué dans l'affaire Aupetit.

    Il a d'abord été demandé au cardinal Angelo Becciu de démissionner et de renoncer à toutes ses prérogatives cardinalices, puis il s'est retrouvé dans un procès après que le pape a modifié la règle selon laquelle un cardinal ne peut être jugé que par un tribunal de cardinaux. Becciu n'avait aucune possibilité d'appel ; l'enquête à son sujet n'était même pas terminée, pas plus que le procès. Le pape a pris une décision claire, sans même donner d'échappatoire pour sauver la face. Le pape ne fait plus confiance à un collaborateur. Le pape a moins de raisons de jeter son collaborateur en pâture aux médias.

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