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Débats - Page 344

  • "Prêtres, envers et malgré tout ?" (Père Cédric Burgun)

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    Du Père Cédric Burgun :

    Un nouveau livre : « Prêtres, envers et malgré tout ? »

    La figure du prêtre dans notre société est-elle en train de changer ? Après les scandales qui ont abîmé le sacerdoce, la dénonciation du cléricalisme, et l’ignorance de plus en plus grande d’une société envers ceux qui consacrent leur vie à Dieu, quelle est l’espérance des prêtres ? Dans ce dernier ouvrage, « Prêtre envers et malgré tout » (publié aux éditions du Cerf) et préfacé par Mgr Laurent Camiade, Président de la Commission doctrinale des évêques de France, j’ai voulu lancé une sorte de plaidoyer en faveur de la prêtrise. Oui, beaucoup de prêtres sont heureux ; ils aiment ce qu’ils font et la consécration de leur vie. Mais que signifie être heureux ? Le sacerdoce a ses joies et ses peines, comme toute vocation, comme tout métier, comme toute action. On se focalise un peu trop souvent sur la question du bonheur comme si c’était le critère ultime de décision de nos vies. Le Christ n’a jamais promis le bonheur et l’extase à ses disciples …

    Pour présenter mon livre, j’étais l’invité jeudi 12 septembre de la matinale de RCF. Une interview à revoir ici :

    Partant du contexte ecclésial difficile que nous vivons, il est bon de réfléchir à nouveau à nos relations ecclésiales, pour ne passer à côté de souffrances et de difficultés que traversent des prêtres, qui ne sont en rien des abuseurs : oui, il peut y avoir aujourd’hui une difficulté à vivre le sacerdoce dans la société actuelle, qui le méconnait ou le décrédibilise. Et la solitude des prêtres peut rendre le sacerdoce difficile ; et il y a des difficultés. On se focalise beaucoup sur ces questions d’abus, d’autorité, de pouvoir dans l’Église, mais du fait de cela, on a parfois du mal à exprimer le sacerdoce, et à voir quelle est la vocation profonde d’un prêtre, tout comme il peut y avoir un déficit de lieux de parole et de partage, pour des prêtres en souffrance.

    J’ai écrit ce livre pour cela : réfléchir à nos relations ecclésiales, puisque cette difficulté à comprendre le sacerdoce peut se retrouver également dans le peuple de Dieu. Mais ces difficultés ne sont en rien un calvaire, mais une croix puisque la croix est toujours ouverte sur la résurrection et sur la vie, sur un don de soi renouvelé.

    Quant au célibat, que j’aborde également, j’essaie de relire à la lumière des renoncements qu’il implique : non pas d’abord dans l’ordre de la sexualité (il y a suffisamment d’écrits sur cette question) mais dans l’ordre des relations. Oui, il y a plein de prêtres qui le vivent avec joie et don de soi. Et ce don de soi vient témoigner quelque chose de la présence de Dieu. Mais quel renoncement implique-t-il dans une paternité spirituelle bien comprise et bien vécue ? Enfin, j’essaie d’interroger aussi le cléricalisme : certes, il faut le dénoncer, mais j’indique également qu’il ne faudrait pas qu’il devienne comme un nouveau soupçon jeté sur les prêtres. Selon nous, et face au cléricalisme, il faudrait peut-être se focaliser sur la paternité spirituelle des prêtres vécue comme un accompagnement qui permet à l’autre de prendre son envol. En aucun cas, la paternité sacerdotale ne peut être un pouvoir sur les fidèles. C’est bien pour cela que toute paternité est une paternité qui s’efface.

    Père Cédric Burgun

  • Amazonie : des missionnaires qui restent bloqués aux idées marxistes des années '70

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    De Kath.net :

    Un affilié du Synode critique les "conservateurs de gauche" en Amérique latine

     
     
     
     
     

    Certains membres de l'Église d'Amérique latine se sont arrêtés dans les années 1970. Les catégories marxistes ne rendent pas justice à la réalité complexe de la région amazonienne, explique P. Martin Lasarte.

    Rome (kath.net/jg) Le P. Martin Lasarte SDB (salésien), participant du Synode amazonien nommé par le pape François, a critiqué les missionnaires d'Amérique latine qui adhèrent encore aux idées politiques de gauche qui étaient populaires depuis des décennies. 

    Ces "conservateurs de gauche" formeraient un secteur de l'Eglise qui est resté bloqué aux années 1970, alors que la lutte des classes et "l'Eglise allant aux pauvres" étaient à la mode. Des éléments significatifs peuvent y être trouvés, mais cela ne remplit pas la mission de l'Eglise, a-t-il déclaré à la plate-forme catholique CRUX .

    Le fait de mettre l'accent sur "l'option pour les pauvres" a négligé l'évangélisation, a déclaré le prêtre salésien uruguayen. La proclamation de l'évangile est la tâche fondamentale de l'Eglise. "L'amour des pauvres et l'engagement social sont les conséquences de la foi. Le plus important, la transmission de la foi, a été interrompu. Nous vivons dans un monde différent de celui des années 1970 et nous ne pouvons plus nous comporter selon les exigences des années 1970 ", a-t-il déclaré littéralement.

    Les catégories simplistes du marxisme ne rendent pas justice à une réalité complexe. Beaucoup dans l'Église ne verraient la réalité de l'Amérique latine que sous l'angle des pauvres et des riches; mais les conditions sont plus nuancées. "Il y a des pauvres et des riches, oui, mais il y a aussi des hommes et des femmes, des peuples autochtones qui vivent dans les Andes, qui vivent en Amazonie, et il existe une culture importante d'ascendance africaine", a noté Lasarte.

    Certains auraient adopté le "mythe" selon lequel l'évangélisation détruit la culture et a donc des conséquences anthropologiques négatives. En conséquence, certains membres de l'Église catholique auraient complètement abandonné l'évangélisation, estimant que leur propre témoignage était suffisant. Lasarte considère cela comme une grosse erreur. Le pape Paul VI. Dans sa lettre apostolique "Evangelii nuntiandi" (1975), il soulignait que l'évangélisation comprenait la proclamation de la parole et de l'enseignement du Christ. Le témoignage et le service étaient essentiels, mais l'annonce aussi, a-t-il rappelé.

    Le salésien a également critiqué le trop fort accent mis par le Synode sur le célibat sacerdotal. Le célibat concerne toute l'Eglise et n'est donc pas un problème pour un synode régional, a déclaré Lasarte.

  • Que va-t-il sortir de ce synode ?

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    C'est la question qui se pose lorsqu'on voit ce qui s'y discute (Vatican News) :

    Synode: le besoin d'un organisme panamazonien épiscopal et permanent

    Ce mardi matin, quelque 180 pères synodaux, réunis autour du Pape François, ont pris part à la 11e congrégation générale du synode spécial sur l’Amazonie.

    Vatican News- Cité du Vatican

    Créer d'urgence un organisme épiscopal permanent et représentatif, coordonné par le Repam (Réseau ecclésial panamazonien), pour promouvoir la synodalité en Amazonie : c'est l'une des suggestions émises lors de la 11e Congrégation générale du synode spécial pour l’Amazonie. Cet organisme, intégré au CELAM (Conseil épiscopal latino-américain), devra aider à façonner la physionomie de l'Église en Amazonie, en vue d'une pastorale commune plus efficace, en donnant une forme concrète aux indications que le Pape François donnera après le synode et en travaillant pour la défense des droits des peuples indigènes, la formation intégrale des agents pastoraux et la création de séminaires amazoniens. Cette action pastorale commune, élaborée par toutes les circonscriptions ecclésiastiques d’Amazonie en relation étroite avec le CELAM, sera utile pour faire face aux problèmes communs, tels que l'exploitation du territoire, la délinquance, le trafic de drogue, le traite humaine et la prostitution.

    Un observatoire des droits de l'homme et de la protection de l'Amazonie

    La salle du Synode s’est ensuite penché sur les peuples indigènes, en se concentrant sur les problèmes posés par la colonisation, les migrations internes et la promotion des modèles économiques prédateurs et colonialistes, souvent mortifères. Ces modèles conduisent d'ailleurs à l'expropriation et à l'expulsion des communautés de leurs territoires,  et celles-ci se voient contraintes d’émigrer. Au contraire, les peuples autochtones en mobilité doivent être compris dans leur spécificité à travers une pastorale particulière, afin que leurs droits humains et environnementaux soient toujours garantis, en particulier le droit d'être consultés et informés avant toute action sur leurs territoires respectifs. A cette fin, la création d’un observatoire permanent des droits de l'homme et de la protection de l'Amazonie a été proposé. Le cri de la terre et des peuples amazoniens doit être entendu, en donnant la parole avant tout aux jeunes, car il s'agit d'une question de justice intergénérationnelle.

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  • Avec Rémi Brague, devenir modérément modernes

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    Du site "Canal Académie" (de 2014 mais qui n'a rien perdu de son actualité) :

     

     

     

    Et si nous devenions « modérément modernes » ?

    Entretien avec Rémi Brague, de l’Académie des sciences morales et politiques, à propos de son ouvrage « Modérément moderne »

    Et si nous passions la modernité au crible de l’esprit critique qu’elle prétend promouvoir en toutes circonstances ? Et si nous sortions de l’état de sidération qu’elle provoque chez nombre de nos contemporains ? C’est ce qu’a fait le philosophe Rémi Brague en recourant notamment aux pensées antiques et médiévales dont il est l’un des meilleurs connaisseurs. Il ne s’agit pas là d’un simple exercice d’érudition mais d’une démarche salutaire. Son enjeu ? Découvrir des antidotes à la crise morale que traversent nos sociétés, malades d’un « excès de modernité ».

  • Kurdes de Syrie : l'incroyable faute morale et géopolitique des USA et de l'Occident

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    D'Alexandre del Valle sur son site :

    Le lâchage des Kurdes de Syrie: l'incroyable faute morale et géopolitique des Etats-Unis et de l'Occident

    11 octobre 2019

    Après le précédent lâchage des Kurdes d'Afrin et de l'Ouest de la Syrie, où l'armée turque et les milices islamistes pro-turques ont depuis massacré et délogé les Kurdes à l'Ouest de l'Euphrate, c'est cette fois-ci le lâchage des Kurdes de l'Est-syrien que le président américain Donald Trump a décidé dimanche soir dernier après s'être "entendu" par téléphone avec le néo-Sultan turc Erdogan.  Alexandre del Valle revient sur cet abandon des Kurdes – critiqué avec justesse par nombre de politiques et d'autorités morales d'Occident – qui était en fait annoncé, prévisible et inévitable pour des raisons évidentes d'intangibilité des frontières et de Realpolitik cynique. Et il a rencontré pour en parler et y voir plus clair l'opposante syrienne modéré et laïque, Randa Kassis, qui défend l'idée d'une Syrie pluraliste, laïque et démocratique post-Assad à la fois débarrassée de la dictature baassiste-Assad, de l'islamisme radical et ouverte au pluralisme politique et ethno-confessionnel dans lequel Sunnites, Chiites, chrétiens (Araméens, arméniens; arabes, etc), Alaouïtes et druzes et bien sûr Kurdes auraient le droit de préserver leur cultures et religions dans le cadre d'un système pluraliste et fédéral qui n'est ni du goût du régime syrien centraliste ni de celui de la Turquie existentiellement anti-Kurdes et qui voit dans le PKK et ses alliés kurdes-syriens des YPG et FDS des "terroristes".  

    Les forces armées turques et l’Armée nationale syrienne (ANS, nouveau nom des rebelles syriens appuyés par la Turquie), ont initié l’opération “Source de paix” dans le nord de la Syrie contre les Kurdes. Afin de "faciliter" cette offensive, les forces alliées occidentales (Américains, Français et Britanniques), se sont retirées de plusieurs points pour laisser agir Ankara. Une trahison terrible - mais prévisible - pour les Kurdes et leurs soutiens. Mais qui croit encore à la fiabilité des Occidentaux et à leur fidélité, eux qui avaient promis un Etat kurde et un Etat arménien en 1920 (traité de Sèvres) et qui ont trahi alors leur promesse face à la détermination d'Atätürk et non sans avoir laissé ses prédécesseurs "jeunes turcs" et sultans génocider 1,5 millions d'Arméniens et de chrétiens syriaques-araméens sans parler Grecs pontiques ethniquement purifiés... 

    Lire la suite sur le site d'Alexandre del Valle

  • Quand Charlotte d'Ornellas répond de sa foi sur un plateau de télévision

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    Charlotte d'Ornellas, journaliste et membre du conseil d'administration de SOS Chrétiens d'Orient, explique ses convictions chrétiennes.

  • Les trois maladies qui rendent stérile l’évangélisation de l’Amazonie

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    De Sandro Magister en traduction française sur le site diakonos.be :

    Un missionnaire appelé par le Pape au synode sur l’Amazonie explique en quoi l’Église se trompe

    Le P. Martín Lasarte Topolanski, l’auteur du texte que nous vous proposons est un Uruguayen en mission en Angola et il est responsable de l’animation missionnaire en Afrique et en Amérique latine de la Congrégation salésienne à laquelle il appartient.

    Le Pape François l’a inclus parmi les 33 hommes d’Église qu’il a personnellement conviés à participer au synode sur l’Amazonie.

    Le texte qui suit a été rédigé et publié avant de synode. Mais c’est comme si le P. Lasarte l’avait prononcé en séance ces jours-ci, vu la clarté limpide avec laquelle il aborde les questions cruciales, à commencer par la demande répandue – qu’il rejette d’ailleurs – d’ordonner prêtre des hommes mariés.

    Le texte intégral de son intervention est sorti en langue italienne dans « Settimana News » le 12 août 2019. Et « Asia News », l’agence de l’Institut pontifical pour les missions étrangères en a publié un large extrait en deux épisodes le 10 octobre et le 11 octobre, notamment en langue chinoise.

    En voici une synthèse encore plus abrégée. Mais il faut absolument la lire, si on veut aller au cœur de ce dramatique synode sur l’Amazonie.

    Un article de Sandro Magister, vaticaniste à L’Espresso.

    *

    Les trois maladies qui rendent stérile l’évangélisation de l’Amazonie

    par Martín Lasarte

    On dit que dans les communautés éloignées, l’ordination sacerdotale de laïcs mariés est nécessaire parce que le prêtre peut difficilement les rejoindre.  De mon point de vue, formuler le problème en ces termes, c’est pécher par excès de cléricalisme.  […] On a créé une Église avec peu ou aucune participation ou sens d’appartenance des laïcs, une Église qui, sans prêtre, ne fonctionne pas.  Mais c’est là une aberration ecclésiologique et pastorale.  Notre foi, comme chrétiens, est enracinée dans le baptême et pas dans l’ordination sacerdotale.

    J’ai parfois l’impression qu’on voudrait cléricaliser le laïcat.  Nous avons surtout besoin d’une Église de baptisés actifs, de disciples et de missionnaires.  Dans différentes régions d’Amérique, on a l’impression d’avoir sacramentalisé et au lieu d’évangéliser. […] Il faut élargir notre horizon et regarder la vie et l’espérance de l’Église.

    Les exemples de la Corée, du Japon, de l’Angola et du Guatemala

    L’Église de Corée est le fruit de l’évangélisation des laïcs.  Le laïc Yi Seung-hun, baptisé en Chine, répand l’Église catholique dans le pays, en baptisant lui-même.  Durant un demi-siècle après sa fondation (1784-1835), l’Église coréenne est évangélisée par des laïcs, avec la présence seulement occasionnelle de l’un ou l’autre prêtre.  Cette communauté catholique a été florissante et s’est énormément diffusée, malgré de terribles persécutions, grâce à l’action des baptisés.

    L’Église du Japon, fondée par Saint François-Xavier en 1549 a connu une croissance exponentielle pendant trois siècles sous les persécutions : les missionnaires avaient été expulsés et le dernier prêtre y a été martyrisé en 1644.  Ce n’est que deux cent ans plus tard que les prêtres (des missionnaires français) sont revenus et qu’ils ont trouvé une Église vivante formée de « kakure kirishitan », les « chrétiens cachés ».  Dans ces communautés chrétiennes, il y avait plusieurs ministères : un responsable, des catéchistes, des baptiseurs, des prédicateurs.  Il est intéressant de noter le critère que les chrétiens avaient gardé jusqu’à l’arrivée des nouveaux prêtres au XIXe siècle : l’Église reviendra au Japon et vous le saurez grâce à ces trois signes : « les prêtres seront célibataires, il y aura une statue de Marie et ils obéiront au pape de Rome ».

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  • Il est inopportun d’ordonner prêtres des hommes mariés

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    mgr-laurent-camiade_article.jpgÉlu président de la Commission doctrinale de l’épiscopat français en avril 2019, Mgr Laurent Camiade est évêque de Cahors. En qualité de pasteur, il estime que le célibat sacerdotal est bien plus qu’un simple règlement disciplinaire dans l’Église latine. Samuel  Pruvot  l’a interrogé   pour l’hebdomadaire « Famille  Chrétienne »:

    "La question de l’ordination des hommes mariés relève-t-elle de la doctrine ?

    En soi, rien n’empêche l’ordination des hommes mariés… Mais, en revanche, cette hypothèse ne me semble ni souhaitable ni opportune par rapport au bien de la communauté.

    Mais ne faut-il justement pas ordonner des hommes mariés – des viri probati – dans des territoires comme l’Amazonie où les communautés n’ont pas accès à l’eucharistie ?

    Il ne faut pas chosifier les sacrements… Évidemment, l’eucharistie est vitale pour une communauté chrétienne, et je suis le premier à célébrer la messe tous les jours, puisque cela m’est donné. L’enjeu n’est pourtant pas d’avoir son sacrement comme une dose quotidienne. Les sacrements sont liés à l’écoute de la parole de Dieu, explique Vatican II ; ce ne sont pas des actes magiques. L’Église ne nous fait pas l’obligation de communier tous les jours, mais au minimum une fois l’an. Sans doute sommes-nous un peu victimes, en Occident, d’une banalisation du mystère de l’eucharistie et de la présence du prêtre…

    Pourtant, la proximité du prêtre semble une réalité capitale pour les fidèles ?

    Nul n’est prophète en son pays… Ce proverbe n’est pas un dogme, puisque Jésus prêche en la synagogue de Nazareth ! Mais il rencontre une sérieuse résistance. Humainement, la proximité a ses limites. Certains prêtres sont restés cinquante ans dans le même lieu… Quand ils sont morts, la communauté est morte avec eux. Ils ont tissé de remarquables liens personnels et affectifs, c’est vrai. Mais ils étaient tellement identifiés à un peuple que cela a tout sclérosé. On peut toujours essayer de faire survivre des communautés, mais on n’est pas vraiment dans une dynamique missionnaire. La logique de la proximité, avec les viri probati, n’est pas évidente. La proximité fait perdre cette liberté de parole qui est nécessaire. Il est difficile de prêcher l’Évangile à des gens que vous connaissez trop bien…

    Mais le Code de droit canon latin n’oblige-t-il pas les évêques à tout faire pour favoriser la distribution des sacrements ?

    Certains voudraient faire dire au Code de droit canonique que les évêques doivent ordonner des gens mariés au nom de l’accès à l’eucharistie ! Ce code stipule, il est vrai, que les fidèles doivent avoir accès aux sacrements. C’est le devoir de l’évêque de faire en sorte qu’ils puissent participer à l’eucharistie. Je note cependant que ce Code ne précise pas la fréquence de la communion. Et c’est quand même le même code de l’Église latine qui impose la continence parfaite aux clercs !

    Au nom de l’eucharistie, ne pouvons-nous pas imaginer des adaptations à cette règle ?

    À propos de l’eucharistie, il faut se souvenir que le concile de Trente [chapitre 26, Ndlr] n’a pas voulu qu’on ordonne des prêtres pour juste dire la messe et recevoir des honoraires ! Le texte interdit l’ordination aux hommes qui chercheraient un gain matériel en se mettant au service par exemple de grandes familles aristocratiques. Ceux qui militent pour l’ordination d’hommes mariés défendent, sans s’en rendre compte, un certain retour au Moyen Âge ! Le concile Vatican II n’a pas voulu revenir à cette époque. Il a promu des prêtres pasteurs et non des prêtres domestiques d’une famille ou d’un lieu.

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  • Le pape consterné par l'ampleur de la violence en Amazonie

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    pape amazonie 816bea4bdd198b8c80e6d927c75.jpegLe mythe rousseauiste du bon sauvage a-t-il fait long feu au synode sur l’Amazonie ? Lu sur le site de l’agence Kathnet (via une traduction):

     « Cité du Vatican (kath.net/KAP).

    Au Synode Amazonas du Vatican, le pape François a été particulièrement touché par les violences dans la région. Dans une déclaration clôturant la première série de séances plénières mercredi soir, le Chef de l'Eglise a résumé ses impressions sur les trois premiers jours du synode, comme l'a dit jeudi "Kathpress" aux observateurs de l’aula du Synode. Outre des informations faisant état de violences contre nature de peuples autochtones, le pape était particulièrement préoccupé par la violence à l'égard des femmes.

    En outre, François a mis en garde contre les idéalisations des peuples autochtones. Leurs traditions et leur sagesse utilisées et liées à l’Evangile sont respectables, une idéalisation, par contre, serait comme une nouvelle idéologie. Face à une plus grande implication des laïcs dans l'Eglise d'Amazonie, le Pape a également mis en garde contre leur cléricalisation.

    Beaucoup d’efforts sont nécessaires pour l’éducation et la formation des religieux et des laïcs.

    En conclusion, le pape a été impressionné par les informations sur le travail des religieux dans les pays de la région amazonienne »

    Ref. Le pape consterné par l'ampleur de la violence en Amazonie

    Un rétropédalage bienvenu dans cette curieuse assemblée, même s'il reste à confirmer.

    JPSC

  • Se voulant non coercitif et démocratique, le nouvel eugénisme avance...

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    « LE NOUVEL EUGÉNISME AVANCE SANS VÉRITABLE RÉSISTANCE PARCE QU’IL SE VEUT NON COERCITIF ET DÉMOCRATIQUE »

    10 octobre 2019

    Dans les colonnes de Politis, Jacques Testart analyse la « révolution technocentrée qui s’opère dans notre culture avec la révision actuelle des lois de bioéthique ». S’il existait auparavant des principes sous-tendant la « bioéthique à la française » (dignité humaine, intégrité des personnes, principe de précaution …), le « progrès scientifique et technique, qu’il soit réel ou fantasmé » est en passe de les balayer, écrit-il. Ainsi, « les institutions en charge de conseiller la bioéthique » (CCNE, OPECST, Conseil d’Etat…) « font preuve d’une griserie technophile jamais vue, conforme à la ‘sacralisation de la technique’[1] pour lever des interdits importants au nom du progrès médical et social et de la compétitivité nationale ».

    Les propositions faites par ces institutions se retrouvent pour une part dans le projet de loi bioéthique, et sans illusion Jacques Testart estime que les autres, « en attente de l’’évolution de la société’, feront surface lors de la prochaine révision des lois ». On y trouve : « le recours à la procréation assistée sans indication médicale au risque de la généralisation progressive des conceptions artificielles pourvu qu'on sache en réduire les servitudes ; le dépistage des risques génétiques dans la population, en particulier chez les parents potentiels, alors même que les thérapies géniques demeurent largement impuissantes et que la solution la plus probable aux angoisses ainsi créées chez beaucoup de bien-portants sera de recourir à davantage de FIV avec tri des embryons (DPI) ; l'extension du DPI à tous les embryons conçus in vitro et aussi l'élargissement des particularités qui seront recherchées pour être éliminées ; la création d'embryons pour la recherche alors que les Britanniques, qui font ça depuis 40 ans, n'en ont pas obtenu les résultats promis ; le feu vert donné aux travaux pour modifier le génome des embryons, certains qualifiant ces interventions de « soins » à l'embryon afin d'ouvrir la possibilité de leur transfert in utero ; les recherches pour transformer des cellules banales en gamètes, ouvrant la voie au DPI universel en supprimant les contraintes médicales et en augmentant l'acuité eugénique à partir d'embryons innombrables ». Avec ces mesures, « le nouvel eugénisme avance sans véritable résistance parce qu'il se veut non coercitif et démocratique ».

    Jacques Testart regrette par ailleurs que seule l’extension de la PMA soit traitée dans les médias, et estime que « si la cause de la GPA progresse après celle de la PMA, ce n'est pas l'effet de progrès techniques, certains lobbies et médias y ont une large part de responsabilité, hors du « débat démocratique » toujours revendiqué ». Toutefois cet exemple de la PMA est déjà révélateur de la recherche d’une « technicisation labellisée sans craindre la médicalisation des moments les plus intimes où l'acte s'inscrit dans la médecine froide plutôt que dans la relation affective ». Un « refus d’autonomie » - « l’insémination des lesbiennes et des femmes seules devrait pouvoir se passer de la technoscience tant cet acte est à la portée de n’importe qui », qui montre « la face triste du ‘progrès’ (…) et conduit à une bioéthique libertarienne conforme à la poussée transhumaniste ». En outre, cette extension de la PMA est bien plus large que ne le laisse croire l’expression « PMA pour toutes » : « tous les demandeurs » y auront « droit ». « Or, avec la sélection de tous les embryons produits par FIV, c'est le DPI pour toutes et tous qui se profile, dès que les gamètes ne seront plus délivrés par les demandeurs mais générés en laboratoire à partir de cellules banales selon une technologie dont la présente loi autorise la mise au point... » De fait, « Comment ne pas voir une logique dans cet enchainement instrumental qui commence avec le tuyau en plastique de l'insémination et culmine avec le grand tamis génétique pour éliminer les humains inconvenants après avoir généralisé la fabrication des bébés en éprouvette ? »

    Pour aller plus loin : Révision de la loi de Bioéthique : « Nous sommes en train de laisser passer des choses gravissimes »


    [1] Jacques Ellul

    Sources: Politis, Jacques Testart (26/09/2019) - Lois de bioéthique: la griserie technophile

  • Les "marieurs de curés"

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    Le prêtre doit-il rester célibataire?

    CHANOINE MICHEL DANGOISSE, Doyen du Chapitre cathédral de Namur Directeur de la Revue `Pâque Nouvelle´

    Publié le 

    Contrairement aux idées reçues, le célibat n'a rien d'anormal ni d'ahurissant: en ce moment dans le monde, des millions de gens vivent dans le célibat, soit ordinaire, soit religieux (pensons aux moines bouddhistes!). Chez nous, même si le Christ ne l'a pas imposé, dès le début le célibat fut en honneur, librement, chez ceux qui devenaient prêtres; ou bien les hommes mariés renonçaient aux relations charnelles une fois ordonnés. Il devint une règle obligatoire dans le rite latin partir du XIIe iècle. A la différence de l'indissolubilité du mariage (qui est une `loi divine´), c'est donc une `loi ecclésiastique´ que, théoriquement, l'Eglise pourrait rendre facultative (comme c'est le cas chez les catholique de rite oriental).Mais Jean XXIII lui-même disait: `Nous ne le pouvons pas: le célibat est un sacrifice que l'Eglise s'est imposé librement.´ Et Vatican II `approuve et confirme´ cette loi à 95,98 pc des voix en 1965. D'autre part, il est faux de prétendre qu'il serait la cause principale de la rareté des vocations: la même crise se retrouve chez les pasteurs protestants, pourtant mariés pour la plupart; c'est une question de foi, comme le mariage religieux. Faux aussi d'affirmer qu'il inclinerait à la pédophilie: assurément ces faits, s'ils sont réels dans une frange minime du clergé, sont particulièrement graves: mais oublie-t-on que l'immense majorité des pédophiles vivent en couples?

    Pourquoi donc cette `obstination´, malgré les échecs qu'on ne nie pas (même si `un seul pont qui craque fait plus de bruit que 100 ponts qui tiennent´ )? En fait, nonobstant les pressions de ceux que Joseph Folliet appelait déjà en 1964 `les marieurs de curés´ , il existe `une haute convenance´ entre sacerdoce et célibat pour plusieurs raisons.

    1) D'abord, il est possible, car il ne rend pas les gens ni névrosés, ni frustrés. L'histoire abonde en exemples de célibataires équilibrés et joyeux. `Le Christ ne pouvait pas proposer aux hommes une voie qui les diminuerait´, pensait Mgr Ancel. Mais le célibat consacré appelle bien sûr en complément une certaine forme de vie fraternelle et une solide vie de prière.

    2) Surtout, c'est un soutien spirituel pour les gens mariés, qui, au fond, tiennent beaucoup plus qu'on ne le pense à notre célibat. Vécu dans la joie, le célibat est un puissant soutien pour leur chasteté et leur fidélité conjugales. `Si les laïcs peuvent pratiquer sans effort héroïque la chasteté prénuptiale, la chasteté et la fidélité conjugales, affirmait Jean Guitton, c'est en fait parce qu'ils voient vivre hors des cloîtres des êtres jeunes, forts, virils, radieux et radiants, qui sont chastes avec joie, avec aisance: les prêtres. L'abnégation de quelques-uns élève et assainit l'atmosphère pour tous.´ 

    3) Dans une société comme la nôtre, hyperérotisée, obsédée par le sexe, le témoignage du célibat consacré apparaît beaucoup plus indispensable qu'au XIXe iècle: ce n'est vraiment pas le moment de le remettre en cause! Car dans un monde qui tire de gras bénéfices du commerce des revues et des cassettes pornographiques, qui invente à la TV `l'île de la tentation´, qui encourage les moeurs les plus libres presque avec fierté, voilà précisément de quoi faire réfléchir: quel témoignage contestataire et révolutionnaire!

    4) Ah! Je rêve d'un saint Paul passant à la TV pour souligner cette extraordinaire et joyeuse unité de vie qui est la nôtre!... Cessons de laisser croire que les séminaires regorgeraient d'adolescents prolongés, impubères et innocents: pendant 6 ou 7 ans, les responsables veillent à ce que les candidats aient, avec la grâce de Dieu, l'équilibre nécessaire. C'est donc en ne donnant son corps à personne que le prêtre peut donner son âme à tous. Il n'y a pas de plus grand amour que de donner toute sa vie pour ceux qu'on aime...

    5) Mais au-delà de l'étonnante disponibilité qu'il procure, le célibat se justifie avant tout - on ne le dit presque jamais - parce qu'il est rappel lumineux de la primauté du spirituel et anticipation eschatologique, si pauvre soit-elle, de la vie céleste `où on ne prend plus ni femme ni mari´ (Mt 22,30). Les valeurs charnelles de la sexualité, bénies par le Créateur, restent terrestres et provisoires. Ainsi, sans foyer humain sur cette terre, nous misons tout sur Dieu. Vatican II (dont on fait souvent une lecture curieusement sélective) l'a souligné fortement. Et c'est précisément parce qu'il est cette solennelle profession de foi en la vie éternelle que les forces du mal, pratiquement chaque semaine, s'attaquent à ce célibat. Il dérange: c'est le dernier verrou que l'on entend faire sauter! Le philosophe Marcuse, vers mai 68, pensait que le moyen le plus efficace de déclencher la subversion dans la société était de la bouleverser dans le domaine sexuel en général, et, en particulier, d'ébranler le célibat sacerdotal, considéré comme une citadelle: la capitulation générale s'ensuivrait immanquablement. Autant savoir...

    En fait, ce que cherchent `les marieurs de curés´ , ce n'est pas tant des prêtres mariés, disait férocement le Père Manaranche, que des `prêtres divorcés´ . Ce serait tellement rassurant: `Voyez, ils sont comme nous´ ... Il est bien vrai qu'on peut s'égarer dans le célibat; tout comme d'ailleurs dans le mariage. D'où parfois le sourire des gens mariés devant la naïveté des prêtres `hors-les-murs´ qui s'imaginent que le mariage - idéalisé - va résoudre leur difficulté à vivre: or, on voit déjà apparaître des prêtres mariés qui sont séparés ou qui divorcent.

    Guy Gilbert - pas suspect, pas `célibataire endurci´ ... - témoigne avec joie: `Aucune recette de cuisine pour ça. La prière quotidienne, patiente, laborieuse, aimante demeure le suprême aliment qui fortifiera un célibat qui reste et restera aux yeux du monde folie, question, étonnement, contestation.´ C'est pourquoi les prêtres, qui se trouvent heureux dans leur célibat, qui sont sans aucun complexe et sans infantilisme, qui ne ruminent aucun ressentiment contre l'`institution´ Eglise, qui sont psychologiquement sains, sexués comme tous les hommes, sensibles à la beauté, sereinement et respectueusement à l'aise devant une femme, sont pourtant sans regret de n'être pas mariés, tout en éprouvant une grande admiration pour le mariage. Et le complément irremplaçable de leur célibat, c'est une étonnante paternité spirituelle.

    Oui, il importe que le prêtre de rite latin, aujourd'hui plus que jamais, reste célibataire. Il est appelé par pure grâce à manifester que le Seigneur est encore meilleur que les plus belles de ses créatures, et qu'il peut suffire, à lui seul, à combler de bonheur, à pleins bords et dès cette terre, le coeur d'un être humain. Avez-vous déjà assisté à une ordination sacerdotale? C'est prophétique, à contre-courant des slogans païens. Ces jeunes hommes peuvent dire en vérité au peuple chrétien, transposant les paroles de la Consécration: `Voici mon corps, livré pour vous.´ Quand on les voit étendus sur le pavé de la cathédrale, tandis que déferlent sur eux les superbes litanies des saints de tous les temps, que le sol tremble et que les anges du ciel les regardent en frémissant, ce spectacle, comme dirait Bernanos, `a de quoi faire réfléchir ceux qui baîllent à la grand-messe du dimanche´ . Moi, chaque année, il m'arrache des larmes de joie.

  • Le cardinal Ouellet sceptique sur la possibilité des viri probati

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    De Jean-Marie Dumont sur le site de Famille Chrétienne :

    « Viri probati » : le cardinal Ouellet « sceptique »

    09/10/2019

    « Je ne crois pas que, pour avoir un visage amazonien, l’Église ait besoin d’un clergé marié », a déclaré le cardinal Marc Ouellet, préfet de la Congrégation pour les évêques et président de la Commission pour l’Amérique latine, le 2 octobre, rapporte La Stampa. Il s’exprimait dans le cadre d’une présentation de son ouvrage Amici dello Sposo (Amis de l’Époux), consacré au célibat des prêtres.

    Réagissant à la proposition, soumise à la discussion des membres du Synode sur l’Amazonie, de pouvoir ordonner prêtres des hommes mariés dans certaines zones reculées d’Amazonie, le cardinal s’est déclaré « non pas opposé, mais sceptique », soulignant le « potentiel évangélisateur du célibat » consacré. Selon une des sources qui rapporte ses propos, le cardinal Ouellet aurait aussi déclaré : « Je suis sceptique sur la possibilité des viri probati, et je crois que je ne suis pas le seul ; au-dessus de moi, une autre personne est sceptique, mais autorise le débat », semblant évoquer le pape François. Âgé de 75 ans, présenté comme l’un des favoris du dernier conclave, le cardinal Ouellet est l’un des représentants de la Curie romaine au synode.