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Débats - Page 371

  • La Belgique est en train de vivre une dérive qui témoigne d’un vrai désarroi moral

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    « La Belgique est en train de vivre une dérive morale »

    Un entretien publié sur le site de la Libre (Bosco d'Otreppe) relayé par Didoc.be :

    Romancière, philosophe, Éliette Abécassis s’inquiète dans « L’envie d’y croire », son dernier ouvrage, de l’impact de la technique sur nos vies, notre intelligence, notre avenir. Bosco d’Otreppe l’interroge dans La Libre Belgique du 11-5-19.

    — Avec le numérique, tout a changé en 20 ans, écrivez-vous. Mais quel est le point le plus fondamental qui aurait été bouleversé ?

    Je pense que c’est notre rapport au monde, et donc aux autres, qui est aujourd’hui médiatisé par la technique. Le portable et les écrans ont envahi aussi bien notre espace vital que psychique : nous ne pouvons plus nous en passer. Nous sommes devenus esclaves de la technique que nous avons inventée, mais qui a pris le contrôle des rapports humains, de nos relations et qui nous « chosifie ». Je ne suis pas conservatrice, la technique a aussi apporté des bienfaits — en matière médicale notamment —, mais elle a clairement changé notre rapport au monde et à l’homme.

    — Au point que « le temps des mamans est révolu », écrivez-vous dans une formule-choc. Que voulez-vous dire ?

    J’ai commencé à écrire ce livre il y a 3 ou 4 ans quand j’ai offert des portables à mes enfants et que, pour ma part, tout a changé. Avant, sur le chemin du retour de l’école on bavardait ensemble, on achetait un petit pain, on prenait un goûter à la maison et on se racontait notre journée. Depuis qu’ils ont leur portable, je me retrouve dans ma cuisine, seule. Eux sont la tête penchée sur leur écran, et quand on le leur reprend, ils sont fous de rage car en proie à une véritable addiction. Mes enfants ne sont donc plus vraiment mes enfants. On les a captés. Le temps des mamans est en effet révolu. C’est le temps que les enfants attendaient pourtant avec impatience… Aujourd’hui ils préfèrent, l’école terminée, se ruer sur leurs écrans.

    — Quand vous dites que la technique nous a « chosifiés », qu’entendez-vous exactement ?

    Je crois qu’avec notre rapport à la technique, nous avons perdu quelque chose de profondément humain. Nous devenons d’ailleurs nous-mêmes des objets, car nous devenons un produit dès que nous naviguons sur Google. Quand un service est gratuit, c’est que nous en sommes le produit. Tous les jours nous nous vendons, nous vendons nos données, notre temps et notre âme à la technique qui est en train de nous dévorer.

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  • El Andalous : quand les adeptes du mythe du vivre-ensemble ont quelque souci à se faire

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    El Andalous — Les adeptes du mythe du vivre-ensemble ont quelque souci à se faire

    via le site "Pour une école libre au Québec" :

    Les Chrétiens dans al-Andalus, de la soumission à l’anéantissement : voilà un titre qui ne laisse guère d’alternative au lecteur. Son auteur, Rafael Sánchez Saus, est une sommité du monde universitaire espagnol. Médiéviste, il est aussi historien des idées.

    Après avoir lu son essai, on se dit que les défenseurs du mythe ont quelque souci à se faire. Déjà, en 2004, un autre historien espagnol, Serafin Fanjul, avait taillé en pièces la légende dans un essai qui avait provoqué de sérieux remous, Al-Andalus, l’invention d’un mythe. La réalité historique de l’Espagne des trois cultures(Toucan, 2017).

    Mais ici il s’agit d’autre chose. Autant Serafin Fanjul polémiquait avec les publicistes qui ont entretenu le mythe d’el-Andalous, autant Rafael Sanchez Saus s’en abstient. Son livre ne s’attache qu’à l’étude des faits tels que les différentes sources historiques, arabes et latines, permettent de les envisager. Ce n’est pas le livre d’un militant mais d’un scientifique qui tente de résoudre l’énigme qu’a représentée le surgissement soudain de l’islam dans un monde hispanique encore dominé au début du VIIIe siècle par une dynastie wisigothe chrétienne qui s’est écroulée sous l’assaut fulgurant des troupes berbères et arabes venues d’Afrique du Nord.

    L’auteur se penche aussi sur la quasi-disparition de la chrétienté en Afrique du Nord et sur la conversion des Berbères à l’islam. S’il ne polémique pas, c’est qu’à ses yeux il n’existe plus un seul historien sérieux qui défende la vision idyllique d’une civilisation où juifs, chrétiens et musulmans auraient devisé aimablement à l’ombre de la mosquée de Cordoue.

    Il ne fait aucun doute à ses yeux que l’instauration du régime islamique qui s’est épanoui sous le règne du calife omeyyade Abdel Rahmane a été d’une extrême brutalité.L’auteur insiste sur la décadence d’un monde wisigoth qui n’a pas résisté au choc de l’agression arabe. Il rappelle que les juifs, eux-mêmes opprimés par les chrétiens, ne s’opposèrent pas à l’invasion. Toute une partie de la société chrétienne, notamment les mozarabes, chrétiens culturellement arabisés, coopérèrent avec les nouveaux maîtres qui leur laissèrent au début des formes d’autonomie. Mais, peu à peu, notamment sous l’influence de l’islam malékite, extrêmement rigoriste, les marges de liberté de la société chrétienne se réduisirent comme peau de chagrin.

    Tracasseries et persécutions


    Connaisseur de l’islam et de ses diverses écoles, Rafael Sanchez Saus énumère toutes les prescriptions que devaient respecter les dhimmis, depuis l’interdiction de monter à cheval à celle de porter une barbe ou de posséder des armes. Sans oublier les impôts que les infidèles payaient pour avoir le droit de vivre en terre d’islam. L’historien ne nie nullement la somptuosité de l’islam andalou. [Rappelons que l'Hispanie romaine, puis wisigothe était très riche...] L’extrême cruauté et le raffinement ne sont pas incompatibles, on le sait. Mais il rappelle le prix très lourd, depuis les tracasseries jusqu’aux persécutions, qu’ont dû payer les autochtones. «Il ne s’agit pas de nier les réussites de l’islam d’al-Andalus (…) mais de lutter contre la tendance si marquée aujourd’hui à l’idéalisation d’al-Andalus par exécration de l’Espagne chrétienne », conclut l’auteur.

    Une idéalisation de l’autre qui est parfois l’autre nom de la haine de soi.

    Source : Figaro Littéraire


    Les chrétiens dans al-Andalus: 
    De la soumission à l'anéantissement Broché
    de Rafael Sánchez Saus
    publié le 20 février 2019 
    aux Éditions du Rocher 
    à Monaco
    528 pages
    ISBN-10: 2268101282
    ISBN-13: 978-2268101286

  • Je pense que le pape doit faire la clarté par une déclaration relevant du magistère ordinaire ou authentique

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    Du site de l'Homme Nouveau :

    [Exclusif] Le cardinal Eijk réaffirme que les divorcés remariés ne peuvent avoir accès ni à la communion ni à l'absolution

    Rédigé par Cardinal Eijk, propos recueillis par Jeanne Smits le  dans Religion

    [Exclusif] Le cardinal Eijk réaffirme que les divorcés remariés ne peuvent avoir accès <br>ni à la communion ni à l'absolution

    ©photos Olivier Figueras "une personne divorcée qui se remarie civilement ne peut – faute de se trouver dans de bonnes dispositions – recevoir la communion, pas plus qu’il ne peut dans ces conditions recevoir l’absolution."

    Le 22 février 2018, le cardinal Reinhard Marx annonçait, en tant qe président de la conférence des évêques d'Allemagne, l'ouverture de la communion aux protestants mariés avec un catholique. Suite à cette prise de position, le cardinal néerlandais Willem Jacobus Eijk, archevêque d'Utrecht, a demandé une clarification au pape, le 7 mai 2018 dans une tribune publiée sur les sites National Catholic Register et La Nuova Bussola Quotidiana. Un an après cette tribune, Jeanne Smits est allée à la rencontre du cardinal Eijk pour faire un point sur l'intercommunion et la situation de l'Eglise, nous publions conjointement avec le site LifeSite, leur entretien.

    Eminence, j’ai été très frappée par l’article que vous avez publié dans le National Catholic Register et La Nuova Bussola Quotidiana en mai dernier. Vous aviez d’abord évoqué l’idée que l’on puisse donner la communion aux conjoints protestants de fidèles catholiques. Vous souligniez la confusion que cela provoquerait. La situation s’est modifiée depuis lors : avez-vous eu des informations à ce sujet, par exemple, à propos de couples qui auraient demandé à bénéficier de cette possibilité, ou si cela se fait ici ou là ?

    J’ai réagi à ce document de la conférence des évêques allemands pour une raison très précise. Il se trouve que dans notre diocèse cela fait déjà un bon moment qu’à l’occasion des grandes cérémonies nous attirons l’attention sur le fait que seules les personnes vivant en communion complète avec l’Eglise catholique, peuvent recevoir la communion. Les autres peuvent s’avancer, les bras croisés sur la poitrine, pour recevoir une bénédiction. Nous précisons encore : « Vous pouvez également tout simplement rester à votre place pour vous y unir au Seigneur par une prière silencieuse. » Ce texte, nous l’avons également intégré dans les livrets de cérémonie, par exemple pour les ordinations sacerdotales, les confirmations… Dans de nombreux endroits, nous constatons que les personnes en tiennent compte. On voit partout des gens s’avancer les mains croisées sur la poitrine ; ce sont souvent des protestants mariés avec des catholiques. Ces personnes se montrent très heureuses de cette bénédiction. Elles apprécient beaucoup de pouvoir s’avancer avec les autres, et de recevoir quelque chose, elles aussi.

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  • Un must pour lever le voile sur l'élection du pape François ?

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    Gerard O'Connell, L'élection du pape François, Un récit intérieur du conclave qui a changé l'histoire, Orbis Books, Maryknoll, New York, 306 pages © RR / Tertio

    De Kerknet :

    Un aperçu magistral de O'Connell sur la dernière élection du pape

    Le cardinal Murphy-O'Connor a exhorté les électeurs du pape au pré-clave à déclarer que "s'ils ne voyaient pas de candidat approprié en Europe, ils ne devraient pas avoir peur de traverser l'Atlantique et que leur âge ne devait pas être un obstacle" © RR

    Le cardinal Murphy-O'Connor a exhorté les électeurs du pape au pré-conclave à déclarer que "s'ils ne voyaient pas de candidat approprié en Europe, ils ne devraient pas avoir peur de traverser l'Atlantique et que l'âge ne devait pas être un obstacle" © RR

    L'Américain Gerard O'Connell est un grand seigneur parmi les vaticanistes. Il suit les tenants et les aboutissants à Rome depuis 1985. Il écrit actuellement pour le magazine jésuite AmericaIl était auparavant actif dans d'autres médias de langue anglaise, de The Tablet au National Catholic ReporterIl a couvert le conclave de 2013 pour la télévision canadienne et le journal italien La Stampa, ainsi que pour son site Web influent, Vatican InsiderDans son livre récemment publié, il explique en détail ce qui s'est passé, jour après jour, à partir du 11 février 2013, date à laquelle Benoît XVI a annoncé sa démission, jusqu'à l'inauguration du pape François.

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  • Un geste de transgression charitable du cardinal Krajewski fait débat

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    Lu sur aleteia.org :

    Un proche du pape François rétablit l’électricité pour des familles démunies

    Le cardinal Konrad Krajewski, aumônier apostolique du pape François, s'est rendu samedi 11 mai dernier dans un immeuble de Rome afin de réactiver le courant électrique pour des familles en situation précaire qui en avaient été privées.

    Il s’est dit « convaincu qu’il était nécessaire de le faire pour le bien de ces familles ». Samedi 11 mai dernier, le cardinal polonais Konrad Krajewski, aumônier apostolique du pape François, est venu au secours des occupants d’un immeuble à Rome en rétablissant lui-même l’électricité dans le bâtiment, rapporte le quotidien italien Il Corriere della SeraDéfiant les autorités, le prélat âgé de 55 ans s’est rendu dans l’unité de commande électrique et a lui-même rallumé les compteurs. Le bâtiment était occupé par 420 personnes, dont 98 enfants. Parmi elles, beaucoup de familles en situation d’urgence. L’électricité avait été coupée depuis une semaine en raison d’impayés datant de 2013 et s’élevant à 30.000 euros.

    « Pour le bien de ces familles »

    Ce geste était « désespéré », selon l’homme d’Église qui coordonne les œuvres de charité du pape François et se dit « conscient des éventuelles conséquences juridiques » de son acte. « Dans ce bâtiment, il y a plus de 400 personnes sans électricité, avec des familles, des enfants, sans même la possibilité de faire fonctionner les réfrigérateurs », a-t-il lancé, s’affirmant convaincu de la nécessité « de le faire pour le bien de ces familles ». Le haut prélat connaissait la situation de cet édifice depuis longtemps. « Via le Vatican, nous avons envoyé des ambulances, des médecins et des vivres », a-t-il expliqué.

    Matteo Salvini, ministre de l’Intérieur et vice-Premier ministre, a réagi aussitôt dans les médias italiens, demandant le règlement des factures arriérées ». Le cardinal a lancé : « À partir du moment où l’électricité a été réactivée, je paye il n’y a pas de problème. Il fallait les aider, et ne parlons pas d’argent ».

    D'Anita Bourdin sur zenit.org :

    Le geste de l’aumônier apostolique attire l’attention sur un problème réel

    « Un problème qui concerne les personnes, les enfants, les personnes âgées »

    Pour le cardinal secrétaire d’Etat Pietro Parolin, le geste du cardinal Krajweski voulait “attirer l’attention sur un problème réel”, confie-t-il à l’Agence Ansa.

    L’ aumônier du pape François, le cardinal Konrad Krajewski, a en effet retiré les scellés des compteurs d’un immeuble de Rome occupé par des familles: environ 500 personnes dont 98 enfants, et auxquels des voisins apportaient des bougies pour qu’ils s’éclairent.

    Le cardinal Parolin invite à aller au-delà de la controverse pour identifier « un problème qui concerne les personnes, les enfants, les personnes âgées ».

    « J’ai vu qu’il y avait tellement d’interprétations et de controverses. Personnellement, je pense que l’on devrait être de chercher à comprendre le sens de ce geste, qui consiste à attirer l’attention de tous sur un problème réel, qui concerne les personnes, les enfants, les personnes âgées ».

    Le cardinal Krajewski a lui-même expliqué son geste: « J’ai réactivé la lumière pour la survie des familles et des enfants ».

    Au quotidien, Caritas Italie lutte contre la pauvreté avec pour mission d’aider les plus faibles rappelle à Radio Vatican son directeur, Mgr Francesco Soddu.

  • La liberté religieuse au risque de la dérive autoritaire de l’État démocratique libéral

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    Du R. P. Serge-Thomas Bonino, o.p. sur aleteia.org :

    Les nouveaux défis de la liberté religieuse

    Le secrétaire général de la Commission théologique internationale présente la note de la CTI sur « La liberté religieuse pour le bien de tous » qui vient de paraître en français. Dans le contexte nouveau d’une dérive autoritaire de l’État démocratique libéral qui, au nom de l’idéologie de la « neutralité » morale, marginalise la liberté religieuse, les droits de la personne humaine perdent tout fondement objectif.

    Un demi-siècle après la déclaration Dignitatis humanae du concile Vatican II sur la liberté religieuse (1965), le contexte géopolitique mais aussi culturel et idéologique s’est considérablement modifié. Il était donc nécessaire de réfléchir, à la lumière de la théologie catholique, sur les évolutions en cours et leurs retombées aussi sur la notion de la liberté religieuse que sur sa mise en pratique. La Commission théologique internationale (CTI), organisme au service de la Congrégation pour la doctrine de la foi, s’y est employée au cours des cinq dernières années, avec comme résultat un document qui vient de paraître sous le titre : « La liberté religieuse pour le bien de tous. Une approche théologique aux défis contemporains ».

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  • Au Saint-Siège, les sujets comme l’intelligence artificielle sont pris très au sérieux

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    Éric Salobir : ​« Au Saint-Siège, les sujets comme l’intelligence artificielle sont pris très au sérieux »

    Une émission de RCF présentée par Stéphanie Gallet :

    LE GRAND INVITÉ / LUNDI 13 MAI À 8H10 / DURÉE ÉMISSION : 15 MIN

    Alors que les acteurs du numérique se réunissent à Paris pour le sommet Tech for Good le 15 mai, notre invité est Eric Salobir, prêtre dominicain, expert sur ces questions auprès du Vatican.

    LES NOUVELLES TECHNOLOGIES : ENTRE FANTASME ET RÉALITÉ

    Mercredi 15 mai, les patrons des entreprises du numérique se réunissent à Paris pour le sommet Tech for good, le lendemain le salon Vivatech mettra à l’honneur les start-up et l’innovation ; un événement qui attend au moins 100.000 visiteurs porte de Versailles.

    Notre grand invité est Éric Salobir, consulteur, c'est à dire expert, spécialisé dans la technologie auprès du Vatican. Prêtre dominicain, Éric Salobir est entré dans l’ordre des frères prêcheurs en 2000. Il est le président de l’OPTIC, l’ordre des prêcheurs pour la technologie, l’information et  la communication.

    Pour Éric Salobir, les technologies du numérique font traverser une « révolution anthropologique » à l’humanité, à travers le changement des usages et de pratiques, c’est la manière « dont on est humains ensemble » qui est en train de changer.

    « C’est toute notre humanité qui est en plein bouleversement, et c’est un bouleversement qu’on a encore du mal à penser »

    L’impact de l’intelligence artificielle sur nos façons de vivre est très important, mais Éric Salobir précise bien que ce n’est pas une « vraie intelligence ». Loin du fantasme d’un « Terminator qui viendrait nous remplacer »,  il s’agit d’un système capable de faire certaines tâches précises de façon plus efficace et plus rapide qu’un humain.

    Une « IA » qui est tout de même capable de remplacer l’humain dans un nombre de fonctions de plus en plus vaste, comme les analystes financiers ou même les journalistes.

    Avec le réseau OPTIC, Éric Salobir se donne aussi pour but d’identifier les éventuels dangers qui peuvent être liés aux nouvelles technologies, même si ces dangers sont souvent « fantasmés » dans l’opinion publique. En effet, aujourd'hui tout le monde bénéficie des nouvelles technologies au quotidien de façon positive, sans même s’en apercevoir. Ce qui peut  interroger, en revanche, c’est le monopole inédit dont disposent les géants du numérique.

    Ce qu’il faut retenir, pour le frère dominicain, c’est qu'il faut faire preuve d’une certaine lucidité dans l’utilisation des nouvelles technologies, c'est-à-dire qu’il faut bien les connaître et mieux savoir les utiliser. Il faut aussi réclamer au législateur une meilleure information, notamment sur l’usage qui est fait de nos données personnelles.

    Si les technologies ne sont ni bonnes ni mauvaises par essence, elles ne sont pas neutres non plus car toujours porteuses d’une « intentionnalité » inconsciente qui se complexifie en même temps que le numérique, explique Éric Salobir. Le risque est que des technologies développées par un petit nombre de personnes ne soient utilisables complètement que par un petit nombre de personnes.

    Le salon VivaTech s’est donné pour ambition de « réconcilier les nouvelles technologies avec le bien commun » en proposant des régulations. Une volonté partagée partagé par Éric Salobir, qui estime que les entreprises du numérique ne se développeront que si « elles alignent leurs objectifs » avec l'intérêt général, en remettant au centre de leur fonctionnement le moyen et long terme, plutôt que le profit immédiat

    UN THÈME QUI INTÉRESSE LE VATICAN

    Des événements pour rassembler les experts de ces questions au Vatican ont déjà eu lieu, et la question du numérique est déjà prise en compte dans la réflexion théologique, une réflexion qui cherche à prendre en compte la totalité de l’humain, et à ne pas le voir comme un simple « utilisateur ».

    Pour le frère Éric Salobir, la voix du Saint-Père est « extrêmement écoutée » dans le monde des nouvelles technologies, etil ne faut pas sous-estimer l’impact que peuvent avoir les catholiques sur le développement du numérique. Aujourd’hui, Éric Salobir estime qu’il faut à la fois utiliser le web pour évangéliser, mais aussi pour aider « à penser la société de demain » en faisant entendre la voix de l’Église.

  • Homosexualité dans les séminaires : le cas significatif du Brésil

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    De Sandro Magister (Settimo Cielo) en traduction française sur le site diakonos.be :

    Homosexualité dans les séminaires. Une enquête-choc au Brésil

    Cette enquête ne date pas d’hier puisque ses résultants ont été publiés au printemps 2017 en portugais dans la « Revista Eclesiástica Brasileira » mais « Il Regno – Documenti » vient d’en publier une traduction intégrale en italien ces derniers jours, la rendant ainsi accessible à un plus large public.  Elle porte sur une question d’une brûlante actualité.

    Il s’agit de la question de l’homosexualité dans les séminaires.

    Depuis plusieurs mois, l’homosexualité est un sujet tabou au sommet de l’Église.  On a interdit d’en parler même pendant le sommet sur les abus sexuels qui s’est déroulé au Vatican du 21 au 24 février dernier.  Et pourtant, sa présence répandue au sein du clergé et dans les séminaires est une réalité connue depuis bien longtemps, à tel point qu’en 2005, la Congrégation pour l’éducation catholique avait même consacré une instruction sur la manière d’y faire face.

    Cette instruction répétait que non seulement les actes homosexuels constituaient un « péché grave » mais également que les « tendances homosexuelles profondément enracinées » étaient « objectivement désordonnées ». C’est pourquoi ceux qui pratiquent de tels actes, manifestent de telles tendances ou soutiennent d’une manière ou d’une autre la « culture gay » ne devraient en aucun cas être admis aux ordres sacrés.

    Voilà pour les directives pastorales de l’époque. Mais dans la réalité, ont-elles vraiment été appliquées ?  L’enquête dont il est question ci-dessus s’est justement fixé pour objectif de vérifier ce qui se passait aujourd’hui dans deux séminaires du Brésil pris comme échantillon.

    Les auteurs de l’enquête, Elismar Alves dos Santos et Perdinho Arcides Guareschi, deux religieux rédemptoristes spécialisés en psychologie sociale et titulaires de prestigieux titres académiques, ont longuement interrogé 50 étudiants en théologie de ces séminaires et en ont tiré des résultats réellement alarmants.

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  • Refus d'enfants : de plus en plus de jeunes optent pour une contraception définitive

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    D'Audrey Morard sur le site de La Libre :

    Le boom de la contraception définitive chez les jeunes

    Des moins de 25 ans décident de sauter le pas. Le dialogue avec le médecin est alors essentiel.

    Quand on pense à la contraception définitive, on pense à des trentenaires, des quarantenaires, des cinquantenaires. Et puis, il y a les plus jeunes. C’est le cas d’Anna, 20 ans.

    Elle va subir une ligature des trompes dans trois mois. Elle ne souhaite pas avoir d’enfants. Jusqu’à l’âge de 16 ans, elle en voulait, "deux" précise-t-elle. Elle a progressivement changé d’avis. "Je veux me sentir libre de faire ce que j’ai envie, quand je veux. En plus, ma maman et moi avons une santé fragile : des scolioses, des problèmes aux yeux, aux pieds. Je ne veux pas que mon enfant subisse la même chose, les mêmes douleurs."

    Selon l’INAMI , la vasectomie a augmenté de 16,5 % entre 2006 et 2016 en Belgique, tandis que la ligature des trompes connaît une baisse de 33 %. Une opération à l’âge de vingt ans est possible. La vasectomie et la ligature des trompes sont de lourdes opérations et a priori irréversibles.

    La première consiste à sectionner le canal déférent. Cette partie de l’appareil génital permet de transporter les spermatozoïdes vers la verge. Au cours d’une ligature des trompes, un clip en titane de trois millimètres est apposé sur les trompes de Fallope.

    Anna est consciente des conséquences, mais cela n’influence en rien sa décision : "J’ai côtoyé des enfants, j’ai une nièce de six mois. Mais je n’ai pas développé ce contact avec les enfants. Je mets du temps. J’ai d’ailleurs dit à ma tante : ‘Je n’aurai pas tout de suite de l’amour pour ta fille, mais je serai toujours là pour elle si elle a besoin de moi.’" L’entourage d’Anna est partagé sur sa décision. Sa famille se montre compréhensive. Seul un de ses oncles se montre plus réticent : "Il m’a demandé, pourquoi tu fais ça maintenant ?"

    Les patients arrivent sûrs de leur choix en consultation. Face à cette attitude, comment réagit le médecin ? "Le médecin a toujours le droit de refuser de pratiquer une vasectomie ou une ligature des trompes", explique le Professeur Bertrand Tombal, urologue aux Cliniques Saint-Luc. Il a déjà eu en consultation des jeunes hommes de 18 ans ou 22 ans. Face à ces cas de figure, le spécialiste favorise le dialogue. Il est arrivé à en dissuader certains. "On leur explique que ce n’est pas forcément une bonne idée. Ils doivent comprendre les tenants et les aboutissants d’une telle opération. Leur argumentaire doit être solide et équivalent à leur demande", souligne le praticien qui a refusé des opérations à des jeunes hommes. "J’ai dit non, mais rien ne dit qu’ils sont allés voir ailleurs..."

    À l’hôpital Saint-Pierre, un travail multidisciplinaire a été mis en place pour discuter des patientes car "chaque demande est unique", insiste Sarah Colman, psychologue. Elle travaille en étroite collaboration avec les gynécologues Daniel Murillo et Yannick Manigart. "Bien sûr qu’on craint toujours que des patientes regrettent, encore plus quand elles ont moins de 25 ans. Nous voulons être une oreille attentive pour elles. C’est pour cela que l’équipe échange ensemble et avec la patiente. Nous sommes assez ouverts, mais nous devons être à l’aise avec ce que l’on fait, en accord avec notre conscience", déclare le Docteur Manigart. "Un médecin qui n’est pas entouré, qui n’a pas le retour d’une psychologue, ira plus facilement vers un refus", ajoute Sarah Colman.

    Anna a pris le temps de discuter avec son gynécologue. "Pas une seule seconde" le spécialiste a tenté de dissuader la jeune femme. Anna ne redoute pas cette prochaine intervention. "J’ai déjà subi treize opérations. Ce n’est pas une de plus qui va me faire peur !"

  • Quand le cas médical difficile de "Monsieur Vincent Lambert" est devenu une "affaire" puis une "cause"

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    (Source) Du Père Bruno Saintôt, jésuite (DEA philosophie (Lyon III), DEA théologie (Centre Sèvres). Maître assistant en philosophie, responsable du Département Ethique biomédicale au entre Sèvres. Recherches sur le lien entre anthropologie (philosophique et théologique) et éthique) :

    « Monsieur Vincent Lambert » et nous : que personne ne s’empare du tragique !

    Qu’on le veuille ou non, la vie de Monsieur Vincent Lambert est liée à la nôtre, l’organisation de son soin est liée à l’organisation globale du soin médical et social. En effet, depuis la médiatisation d’un conflit qui porte sur les interprétations différentes de sa volonté et de son bien, le cas médical difficile de Monsieur Vincent Lambert est devenu une affaire puis une cause.

    Sollicité pour répondre aux trois questions ci-dessous, je me sens le devoir d’écrire depuis que sa mort est, semble-t-il, définitivement programmée et médiatisée. Comment accepter que la mort de quelqu’un, une mort provoquée par la médecine et scénarisée par les journaux, fasse médiatiquement et symboliquement des gagnants et des perdants sur la scène conflictuelle de la recherche du bien ? Comment serait-il possible de réclamer, si ce jour-là arrive, un silence et un jeûne médiatiques pour que personne ne s’empare du tragique ? Comment rester dans le respect et la décence pour lui, pour ses proches, pour ceux qui sont comme lui, pour tous ? Comment refuser posément que la cause euthanasique puisse s’emparer du tragique d’une situation pour en faire une revendication ?

    Selon vous, que nous dit l’affaire dite « Vincent Lambert » ? Et pourquoi le cas singulier de cet homme est-il devenu une affaire ?

    Il serait d’abord bon de parler de « Monsieur Vincent Lambert » : cette personne est hospitalisée et elle doit être considérée avant tout avec respect jusque dans nos usages du langage. Parler d’emblée d’affaire, c’est la déposséder de sa singularité et du respect de sa dignité. Elle ne doit pas être le prétexte à des réclamations ou l’emblème de convictions à défendre. Il faudrait donc distinguer casaffaire et cause.

    Dans les réunions de concertations pluridisciplinaires (RCP) les médecins et les soignants traitent de cas, c’est-à-dire de situations singulières où il faut connaître précisément la singularité de la personne malade pour prendre une décision informée qui soit respectueuse de l’expression de sa volonté, de la relation avec ses proches et de la déontologie médicale.

    Une affaire est un cas problématique exposé au grand public. Mais, quand un casdevient une affaire, les journalistes et le grand-public ne peuvent avoir accès qu’à certaines informations qui deviennent alors emblématiques d’exigences ou de réclamations concernant la justice, les droits personnels ou certaines grandes valeurs. L’enjeu est moins la singularité de cette personne et de la décision la concernant que ce qu’elle représente en fonction des valeurs et des convictions défendues par les protagonistes.

    Quand l’affaire se durcit, elle devient une cause où les positions finissent par se polariser entre « pour » et « contre » en absorbant ainsi toutes les autres nuances, et donc toute la complexité du cas. « Monsieur Vincent Lambert » est ainsi devenu l’emblème de la possibilité ou non de « faire mourir », c’est-à-dire d’euthanasier une personne qui n’est pas en fin de vie, dont les directives anticipées sont inexistantes et dont la volonté est l’objet de conflits, et qui dépend du soin médical pour continuer à vivre alors même que ses conditions de vie sont jugées par certains « insupportables ».

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  • Une nouvelle pétition pour élargir l'euthanasie ou quand le loup se cache sous une peau de mouton

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    Du Frère René Stockman (Docteur en Soins de Santé) sur le site de l'Association des médecins belges Saint-Luc (texte en néerlandais traduit par nos soins) :

    Pétition Euthanasie dans la démence: un loup en peau de mouton

    Apparemment, nous sommes entrés dans un nouvel épisode du "débat sur l'euthanasie". Juste avant les élections, le Dr Distelmans lance une pétition dans laquelle il demande que la loi sur l'euthanasie soit modifiée et élargie pour les personnes atteintes de démence et d'autres formes de handicap irréversible et qui auraient manifesté antérieurement leur volonté dans ce sens.

    Frère René Stockman, 
    Supérieur général des Frères de la Charité

    Avec son plaidoyer, il touche naturellement une corde sensible et quand on lit le texte, on est porté à la fois vers la compassion et l'indignation. Qui n'est pas touché par la souffrance des personnes atteintes de démence, qui perdent lentement mais sûrement le contrôle de leur propre vie pour se retrouver dans une existence totalement en dehors de la réalité? Et en raison du sentiment d'impuissance que cela provoque chez les membres de la famille proche? Personne ne peut nier que la démence est une souffrance grave et, d’après le texte, d’ici 2035, 50% de personnes atteintes de démence s'y ajouteraient en plus à l’avenir. Il est donc grand temps d'agir. Et quelle action est proposée? La réponse donnée dans la pétition est double mais en même temps ambiguë: d'un côté, il faut fournir des installations plus nombreuses et de meilleure qualité pour délivrer des soins adéquats aux personnes atteintes de démence, mais d'autre part, une réglementation légale doit être prévue pour les soulager de cette souffrance par une injection. Cela ne signifie-t-il pas que cette dernière solution est beaucoup plus confortable et moins chère? Lorsque les personnes atteintes de démence précoce et les membres de leur famille lisent ceci, il est presque impossible qu'ils ne se sentent pas coupables s'ils ne pensaient pas à l'euthanasie afin de supprimer le fardeau qu'entraîne leur maladie pour la communauté. L'euthanasie est érigée ici en sommet de la philanthropie et ce, d'un double point de vue: la personne en question ne veut pas être un fardeau pour la communauté et la communauté soulage la personne atteinte de démence de souffrances sévères. Existe-t-il une meilleure alternative disponible? La personne concernée ne veut pas être un fardeau pour la communauté et la communauté soulage la personne atteinte de démence de souffrances graves.

    Comme souvent, c'est dans la queue qu'est le venin. Les statistiques estiment que 83% de la population, constituant une écrasante majorité selon l'auteur, est favorable à une modification de la loi. Ce sont les résultats préliminaires d'un "test électoral" réalisé dans les médias. Quelle est la valeur scientifique de cette enquête et avec quelles informations de base a priori les personnes ont-elles effectué ce test? Pendant des années, certains groupes ont eu recours à la tactique qui consiste à influencer la vision des gens en suscitant compassion et indignation. Les arguments ne marchent presque pas aujourd'hui, mais les émotions, oui. Une fois qu'un consensus émotionnel est réalisé, il n’ya plus guère de place pour écouter les arguments. Et cela se manifeste avec force ici. En indiquant ces chiffres, un sentiment de culpabilité supplémentaire est ajouté pour ceux qui pensent différemment. À quel degré faut-il être antisocial pour faire partie des 17% qui ne soutiennent pas encore le droit d’étendre la législation sur l’euthanasie? Non seulement antisocial mais aussi très impitoyable. Refuser l'euthanasie est décrit ici comme la volonté de maintenir consciemment et volontairement des situations dégradantes. Personne ne peut accepter ça. Avec les vidéos supplémentaires liées à la pétition, l’émotion devient totale. On doit retenir sa main pour ne pas signer la pétition immédiatement. On peut parler de marketing réussi.

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  • Désaffecter ou désacraliser massivement les églises ?

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    De Mgr Jacques Habert sur le site aleteia.org :

    Allons-nous devoir désaffecter ou désacraliser des églises de façon massive ?

    porte d'une église

    Nos églises sont une chance pour la nouvelle évangélisation. Mais que faire quand nombre d’entre elles sont appelées à perdre leur affectation au culte divin ? Mgr Jacques Habert, évêque de Séez (Orne) participe au groupe de travail « Les églises, un nouvel enjeu pastoral » au sein de la Conférence des évêques de France (CEF). Il invite à la réflexion de tous les fidèles pour affronter l’avenir de nos églises avec discernement.

    Les évêques de France continuent de porter avec attention la question de l’avenir de nos églises. Des groupes de travail ont été mis en place ces dernières années pour rappeler les règles en matière de désaffectation et pour insister sur la dimension pastorale. Dans le cadre de ces réflexions, un colloque a eu lieu au Collège des Bernardins en mars 2018. Trois conclusions s’étaient imposées à l’issue de ce beau colloque : une invitation au dialogue avec les partenaires multiples — les élus, les amoureux du patrimoine, les communautés chrétiennes, les habitants des communes ; une invitation à la vigilance, dans un temps où bien des repères sont perdus : redire ce qu’est une église et sa vocation au sens large du terme ; une invitation à l’espérance : nos églises sont une chance pour la nouvelle évangélisation.

    Allons-nous devoir désacraliser de nombreuses églises ?

    Ces réflexions se conduisent sur un fond d’inquiétude : allons-nous devoir désaffecter, désacraliser des églises de façon massive, dans les années qui viennent ? Il n’est pas illégitime de se poser cette question. Elle nous attriste, elle peut même nous faire peur. Notons qu’il serait aussi irresponsable de ne pas se la poser. Les enjeux sont nombreux : ils sont pastoraux, mais aussi sociaux, politiques, juridiques, canoniques ou patrimoniaux.

    Aborder cette question, c’est entrer sur un terrain à la fois passionnant et un peu miné. Cette réflexion, nous ne sommes pas les seuls à la porter. Bien d’autres pays connaissent cette situation : en novembre dernier à Rome, le Conseil pontifical pour la culture organisait à son tour un colloque au titre évocateur : Dieu n’habite plus en ce lieu ? Au cours de cette rencontre, où fut évoquée la désaffection des lieux de culte, des Italiens, des Canadiens et des représentants venus des pays de l’Est de l’Europe sont venus partager des expériences d’utilisation nouvelle de leurs églises. Ainsi, la problématique n’est pas que française, même si elle se pose en France d’une façon originale suite aux lois de 1905 et 1907.

    Jusqu’où peut-on aller dans l’utilisation non-cultuelle d’une église ?

    Le plus souvent, on retrouve une tension sous-jacente entre l’option d’une utilisation non-cultuelle d’une église et la décision radicale de sa désaffection. Quels critères pouvons-nous nous donner ? Nous savons que la culture, la beauté, le patrimoine sont une porte d’entrée pour une évangélisation par les pierres, d’où l’importance des églises ouvertes, bien entretenues, accueillantes. Il y a dans ce domaine un bouillonnement et des initiatives très encourageantes. On se souvient de la belle expression que le pape Benoît XVI avait employée, la via pulchritudinis, la voie de la beauté pour nous faire accéder à Dieu.

    Lors du colloque romain, le pape François a adressé un message aux participants invitant à creuser la piste sociale. Comment un « bâtiment-église » peut-il être mis au service de finalités sociales ? Le Pape évoquait la figure du diacre saint Laurent dont l’iconographie sacrée le montre en train de vendre de précieux objets du culte pour en distribuer le produit aux pauvres. Pour le Pape, « ceci constitue un enseignement ecclésial constant qui, tout en inculquant le devoir de protection et de conservation des biens de l’Église, et en particulier des biens culturels, déclare qu’ils n’ont pas de valeur absolue mais qu’en cas de nécessité ils doivent servir au plus grand bien de l’être humain, et spécialement au service des pauvres ». Une église où, par exemple, on donnerait à manger, où les personnes seraient accueillies, ne serait que la mise en pratique de l’Évangile : « J’avais faim, vous m’avez donné à manger… j’étais un étranger, vous m’avez accueilli » (Mt 25, 35). Agir en ce sens nous inviterait à reconsidérer le canon 1214 qui définit une église comme « l’édifice sacré destiné au culte divin où les fidèles ont le droit d’entrer pour l’exercice du culte divin, surtout lorsqu’il est public ».

    En cas de désaffection d’une église

    Devant la décision radicale de la désaffection d’une église, trois questions surgissent. Premièrement, la future utilisation du bâtiment n’est-elle pas inconvenante (cf. canon 1222, non sordidum) ? Ensuite, en quoi un bâtiment qui n’est plus une église mais qui continue de lui ressembler, peut-il demeurer un signe ? Ne risque-t-il pas aussi de devenir un « contresigne » laissant penser qu’autrefois il y avait des chrétiens, mais que maintenant c’est fini ? Enfin, tout est-il fait « pour assurer un nouvel usage religieux ou culturel, compatible autant que possible avec l’intention initiale de la construction »1 ? L’intention peut être excellente, mais le risque est de dédier une ancienne église par exemple au silence, à la beauté, à l’intériorité, à l’harmonie, en mettant sur un même plan une certaine religiosité ambiante avec le message initialement chrétien du bâtiment.

    On le voit, ces questions sont complexes, ne pas les regarder en face serait irresponsable, les traiter trop rapidement aussi. Dans la conclusion du colloque romain, il a été demandé à plusieurs reprises que le peuple de Dieu dans son ensemble soit engagé dans ces réflexions. Chaque évêque, dans son diocèse, est invité à une réflexion ample, qui continuera de nous mobiliser dans les années qui viennent.


    [1] Texte d’orientation du colloque de Rome Dieu n’habite plus en ce lieu ?