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Débats - Page 565

  • En deuil, oui; Charlie, non merci

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    De Philippe Oswald sur Aleteia.org :

    OPINION. Etre en deuil, oui, être Charlie, non merci

    Partageant le deuil national et m’inclinant devant ceux qui sont tombés et leurs proches, je n’entends pas pour autant cautionner les combats libertaires de mes confrères journalistes de Charlie-Hebdo.

    La France vit son 11 septembre. C’est ce que signifie ce deuil national, le premier depuis celui de 2001, décrété en solidarité avec les Etats-Unis après les attentats de New York et de Washington. Nous ne déplorons pas, heureusement, près de trois milliers de morts comme les Américains alors, mais la perte de vingt personnes, un gardien, deux policiers, dix journalistes, quatre clients d’un hypermarché cacher, tous lâchement assassinés, et les trois terroristes, car notre compassion doit s’étendre à ces fous furieux, quoi qu’il en coûte. Sans oublier les nombreux  blessés dans leur chair et dans leur âme, certains très grièvement.

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  • La "France de demain" n'est pas Charlie

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    Lu sur le site de la D.H. :

    Au micro de Jean-Jacques Bourdin sur RMC, un enseignant de l'Oise a tenu des propos qui contrastent complètement avec ce qu'on a pu lire et entendre ces derniers jours. 

    Il a ainsi expliqué que ses élèves " condamnent l'assassinat mais le justifient". Ce qui avait suscité la colère de certains musulmans, à savoir les caricatures de Mahomet, reste une pierre d'achoppement. "Ils n'admettent pas qu'on puisse caricaturer le prophète et après se plaindre d'être assassinés. Je dois dire la vérité aux auditeurs, c'est une partie de mes élèves d'origine extra-européenne qui pensent ça. Elle est là la réalité".

    Le journaliste tente alors de comprendre la position de ces jeunes. " Ils estiment que le Prophète a été insulté, mais ils ne justifient pas le crime... ", demande-t-il. " Ils ont du mal à ne pas le justifier ", réplique alors l'enseignant. " Ils en parlent beaucoup entre eux. La laïcité n'existe plus. C'est pleins de petites choses qui font qu'on a une jeunesse en perdition. Je veux pas mettre tous les élèves dans le même sac. J'interviens dans un lycée professionnel, avec des élèves en difficulté, dans des quartiers pas évidents. On a une jeunesse qui, parfois, a une haine envers la France et ne se reconnait pas dans ses valeurs, notamment la liberté d'expression ".

    "Je n'ai aucune compassion pour Charlie Hebdo"

    "J'ai un élève qui m'a dit 'de nombreuses personnes mettent je suis Charlie en photo de profil sur Facebook, mais moi je ne suis pas Charlie, je n'ai aucune compassion pour les personnes qui sont mortes'. C'est dur à entendre". Jean-Jacques Bourdin, sans voix, rappelle alors que la position de ces jeunes est minoritaire et que la majorité des Français s'accordent à dénoncer l'attentat contre le journal satyrique. "Malheureusement, dans ma classe, ce n'est pas minoritaire. Et cette jeunesse c'est la France de demain".

    Lire également : Ces minutes de silence qui ont dérapé dans les écoles

  • Quel avenir pour l'incurable dans un monde de performance ? (F. Hadjadj)

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    [TRIBUNE] FABRICE HADJADJ "QUEL AVENIR POUR L'INCURABLE DANS UN MONDE DE PERFORMANCE ?"

     

    Fabrice Hadjadj interpelle ses concitoyens sur le sens et la valeur de la vie, au moment où celle de Vincent Lambert, dépend d'une juridiction européenne. "Il faut le reconnaître : depuis qu'on l'a abolie pour les criminels, on ne peut pas s'empêcher de la pratiquer sur des innocents. Sur des enfants trisomiques in utero, par exemple. Mais aussi, - puisque le Conseil d'État en a décidé ainsi, en attendant l'arrêt de la Cour européenne des droits de l'homme - sur des personnes diminuées comme Vincent Lambert."

    Quelle vie vaut la peine d'être vécue?

    Dans un monde qui juge la valeur de la vie à l'aune du bien-être et où "tout doit être confortable", "plus rien ne vaut la peine", il prend à rebrousse poil ceux qui prétendent qu'une vie diminuée ne vaut pas la peine et il s'interroge : "La vie d'un bébé vaut-elle la peine d'être vécue ? Sans doute, et pourtant ce bébé est faible et dépendant. Est-ce donc seulement à cause de sa future carrière qu'on la juge telle ?" Le philosophe poursuit : "Inversement, la vie d'un consommateur autonome (c'est-à-dire apte à choisir entre McDo et Findus ou même parmi cent programmes télé) vaut-elle la peine d'être vécue?" Et il ajoute encore : "De nos jours, la vie qu'on dit diminuée est celle qui est réduite au plan physique. Mais qu'en est-il d'une vie diminuée au plan moral ? Qu'est-ce qui est le pire d'être Vincent Lambert ou d'être Adolf Hitler en pleine forme ?"

    Le regard sur la personne diminuée

    "C'est parce que nous ne savons plus avoir horreur de l'injustice que la souffrance nous apparaît comme le mal absolu".

    Pour Fabrice Hadjadj, "le problème, c'est la situation faite à l'incurable dans un monde de performance économique et technicienne" et si une personne diminuée demande à mourir c'est d'abord parce qu'elle est en "situation de mort sociale" et jugée comme "un déchet non recyclable". (...)

    Source: Le Figaro (Fabrice Hadjadj) 07/01/2015

  • On meurt d'oublier le Christ

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    De l'Homme Nouveau (Philippe Maxence)

    On meurt d'oublier le Christ

    Il aura fallu l’odieuse attaque perpétrée contre le journal satirique Charlie Hebdo pour que la France prenne conscience que nous étions en guerre. Et que la guerre fait mal ! Qu’elle n’est pas indolore et qu’elle est même sanglante. Mortellement sanglante ! 

    Terrible dérision, c’est le jour de l’ouverture des soldes, moment cultuel de notre société hyper-individualiste et marchande, que des hommes ont tiré faisant douze victimes parmi les journalistes de Charlie Hebdo et les forces de l’ordre. Le rapprochement paraîtra scandaleux. Et, pourtant ! Aux yeux de beaucoup, l’Occident n’est devenu qu’un vaste supermarché d’où le sacré a été évacué quand il n’a pas été mis en vente entre Miss France et les préservatifs.

    Au nom d'Allah

    Que les assassins aient été Français de carte d’identité ne changent rien à la tragédie. Ils ont agi au nom d’Allah afin de venger ceux qui avaient tourné en dérision la figure principale de l’islam. Celui-ci est par nature conquérant, et même s’il a parfois dégagé une sagesse, il s’est toujours imposé par les armes. Cet attentat contre Charlie Hebdo démontre dans la douleur que la laïcité et la dérision du sacré sont incapables de lui répondre. À une soif de divin même déréglé, on ne réagit pas par l’évacuation de Dieu.

    À ce titre, le catholicisme français porte une terrible responsabilité dans l’enchaînement des causes. À force de déserter l’évangélisation, à force de battre notre coulpe sur la poitrine de nos ancêtres croisés ou de nos grands-pères coloniaux, à force de diluer le message du Christ dans des slogans débiles ou dans des liturgies à l’horizontalité navrante, nous avons laissé s’installer en France un islam qui, quelle que soit la bonté des individus, est appelé à développer son dynamisme propre. Nous avons laissé défigurer le christianisme en laissant croire que toutes les religions se valent. Mais croyons-nous encore vraiment dans le Credo que nous proclamons chaque dimanche ? Avons-nous prêché le Christ à ceux qui peuplent aujourd’hui nos banlieues ? Nous l’avons-nous prêché dans toute sa force à nous-mêmes ? Seul le christianisme, fondé sur le mystère trinitaire révélé par l’Incarnation du Christ, affirme que Dieu est amour. On meurt aujourd’hui de l’oublier.

    Le sacré évacué

    Face à cela, les « Je suis Charlie », pleins de compassion et de solidarité, apparaissent pourtant dérisoires. Ils montrent une fois de plus que notre époque ne sait plus pleurer ses morts et prier pour eux. Tourné en dérision, prétexte à la violence, le sacré est à nouveau évacué. Même s’il est légitime que l’émotion d’un peuple s’exprime, il est important aussi de resacraliser la mort par le silence et l’appel à Dieu.

    La mort, parlons-en justement ! Le jour même de l’attaque contre Charlie Hebdo la Cour européenne des Droits de l’homme statuait sur le cas de Vincent Lambert pour déterminer s’il devait vivre ou mourir. Bien sûr, les mots aseptisés n’exprimaient pas les choses ainsi. N’empêche ! Une instance humaine – une de plus – s’érigeait en juge de la vie ou de la mort d’un innocent. Car le crime de Vincent Lambert porte un nom : la vie. Personne, ou presque, ne s’est ému devant la terrible menace qui pèse sur lui. Comme personne ne s’émeut des chiffres effroyables de morts par avortement et par l’avancée de l’euthanasie. Là aussi, la mort avance, même si c’est à pas masqués et feutrés. L’Occident bedonnant et repus s’offre ainsi les moyens de mourir. Pas étonnant qu’on veuille le pousser un peu plus vite dans la fosse. La tragédie de notre époque appelle un retour à la foi qui doit également s’incarner dans des institutions, garantes d’une vraie justice et du bien commun. 

    Lire aussi : Je ne suis pas Charlie

    et encore : Etes-vous soumis ?

  • Quand la Contre-Réforme Catholique emboîte le pas au pape François

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    L'éditorial du n°147 (janvier 2015) du bulletin mensuel de la Contre-Réforme Catholique, de la plume du frère Bruno Bonnet-Eymard, paraît sous le titre : "Le pape François, notre bien-aimé Père". Et il commence ainsi : "Depuis le 13 mars 2013, nous ne sommes plus orphelins. Nous avons un Père pour nous enseigner la pure foi catholique, pour faire toute la place à Jésus-Marie dans l’Église qui est notre famille, et pour réformer cette dernière en sa tête et en ses membres." On peut lire la suite ici : http://crc-resurrection.org/liens-utiles/archives/il-est-ressuscite/n-147-janvier-2015/le-pape-francois-notre-bien-aime-pere/

    On ne manquera pas d'être intrigué par ce ralliement inconditionnel de la CRC au pape actuel après une longue période d'opposition aux souverains pontifes précédents, de Paul VI à Benoît XVI, tous considérés comme contaminés par l'esprit néfaste du Concile et coupables de schisme, de scandale et d'hérésie. François serait le pape annoncé par les prophéties de Notre-Dame de Fatima, venu pour restaurer la vraie doctrine et procéder à la purification de l'Eglise comme le manifeste le discours du pape adressant ses voeux à la Curie.

  • Tutelle des fabriques d’église : Mgr Léonard et les évêques wallons postulent l’annulation du décret du ministre Furlan

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    L’archevêque de Malines-Bruxelles et les évêques des diocèses wallons, ainsi que plusieurs fabriques d’église ont introduit un recours en annulation partielle du décret du 13 mars dernier du ministre socialiste wallon Paul Furlan sur la tutelle des cultes. Lu sur le site interdiocésain francophone « Cathobel » :

    « En mars dernier, le ministre en charge des cultes à la région wallonne, prenait un décret modifiant les règles de la tutelle applicables aux fabriques d’église ; lequel devait entrer en vigueur le 1er janvier 2015. Mais, c’était sans compter sur le recours en annulation partielle de ce décret, introduit début octobre par l’archevêque de Malines-Bruxelles (pour le Vicariat du Brabant wallon), les évêques des diocèses wallons (Tournai, Namur, Liège) et trois fabriques d’église, auprès de la Cour constitutionnelle.

    De quoi s’agit-il ?

    Avec la fédéralisation du pays, la législation relative aux cultes a été confiée à la tutelle des trois régions du pays. Si la Flandre et Bruxelles ont adopté une réforme des textes régissant le fonctionnement des fabriques d’église, la Wallonie était en retard. Le texte adopté en mars réforme la tutelle administrative sur les établissements chargés de la gestion du temporel des cultes. En fait, ce décret modifie le décret impérial (datant de Napoléon) sur les fabriques d’église et la loi du 4 mars 1870 sur le temporel des cultes. Le ministre Furlan affirme viser une simplification des procédures. Mais, dans les modifications apportées par son décret, les communes auraient la tutelle sur les budgets et les comptes des fabriques, qu’elles devraient approuver. Auparavant, elles prenaient acte de ces comptes,  qui leur étaient transmis en raison de l’obligation faite de les tenir informées. Autre changement : par le décret Furlan, une tutelle générale serait exercée par le gouverneur de province sur les autres actes de la fabrique.

    Que contestent les évêques ?

    Le recours introduit par les évêques se fonde principalement sur l’ingérence des pouvoirs publics dans l’organisation du culte. Ils estiment que celle-ci est injustifiée. Par ailleurs, ils dénoncent le non-respect de la spécificité des établissements cultuels, qui se voient appliquer des règles semblables à celles en vigueur pour les Centres publics d’Action sociale (CPAS).

    C’est l’Observatoire de la Laïcité et des Religions qui a mis en lumière le recours, précisant que celui-ci vise aussi les délais très courts impartis à l’évêque pour statuer et le caractère automatique de la déchéance aux subsides en cas de non-respect des délais.

    Les évêques estiment que les fabriques sont donc assimilées à de simples organismes communaux. Par ailleurs, le décret Furlan voulant harmoniser les règles de l’ensemble des cultes reconnus, ne plus la différence entre les fabriques d’église et les administrations des autres cultes de l’autre. Le texte parle d’ « organe représentatif du culte ».

    Bref, il faut désormais attendre que la Cour se prononce. Paul Furlan se dit prêt à adapter son texte si celle-ci donne raison aux plaignants. Du côté des évêchés, on précise que ce n’est pas l’ensemble de la réforme qui est visée, mais bien certains de ses aspects jugés, à leurs yeux, déraisonnables. Il est donc de bonne guerre d’introduire un tel recours.

    J.J.D. »

    Ref. Les évêques introduisent un recours contre le décret Furlan 

    La liberté d’organisation des Eglises est un principe constitutionnel fondamental postulant que les pouvoirs publics ne peuvent, entre autres pour ce qui est de leur gestion financière, les assimiler à des administrations de l’Etat.

    Les contrôles exercés sur l’emploi des subdides alloués aux « Fabriques d’Eglise » doivent tenir compte de cette spécificité, même si ces Fabriques sont bel et bien des personnes morales de droit public.

    Une certaine jurisprudence récente ne montre déjà que trop, en cas de litige, une tendance à s’immiscer dans l’appréciation des normes canoniques elles-mêmes comme s’il s’agissait de lois et règlements  étatiques.

    Sur cette pente, le « joséphisme » dont les constituants de 1831  ont voulu débarrasser la Belgique n’est plus très loin..

    JPSC

  • L'attentat à Charlie Hebdo... à chaud

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    De Metablog (abbé G. de Tanoüarn) :

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    L'attentat à Charlie hebdo... à chaud

     
    Nous, chrétiens, n'aimons pas Charlie hebdo, qui a suffisamment joué - sans risque - avec la foi des cathos. Mais il faut bien reconnaître qu'ils sont, aujourd'hui, du côté de la liberté et que ce bien est le plus précieux de tous - celui qui nous rend responsable, celui qui nous rend capables de mérites, celui qui nous sauve.
    Le dernier dessin - prémonitoire - de Charb 
    Les onze personnes (flics, journalistes antiflics, dessinateurs- Cabu, Charb, Tignous et Wolinski - mais aussi petites mains ou passants mélangés - terrible ironie du destin) qui ont payé de leur vie la publication de charia hebdo et des caricatures de Mahomet, sont des martyrs de la civilisation européenne. Les cinq blessés graves ne peuvent pas être oubliés. Les tueurs (deux ou cinq personnes selon les témoins) courent toujours : le bilan risque de s'alourdir."Il faut venger le Prophète" ont entendu des passants.
     
    On nous parle d'armes automatiques ; on nous parle même de lance-roquette... Cela évoque le contexte du djihad, que ce soit celui d'entraînement djihadiste en France ou de retour du djihad syrien ou irakien. On n'a plus affaire à des amateurs, mais à des gars surentraînés, qui ont devant eux des policiers, autant dire, ceux-là, des amateurs, pour la plupart. Le spectre de la guerre urbaine est en train sous nos yeux de devenir une réalité. L'Etat est-il armé pour faire face à cette Terreur ? Les hommes d'Etat sont-ils armés pour faire face à la Terreur islamiste ? Pendant la Révolution française, c'est l'Etat qui était terroriste. Aujourd'hui l'Etat est terrorisé. Sa grande force était sa capacité de renseignement. Cette fois, pour une opération de cette envergure, qui n'est pas le fait d'un loup solitaire comme Merah, la Police n'a rien vu venir. Le roi est nu. La parole risque d'être enchaînée. Pour être un homme politique, il faudra se sentir capable de perdre la vie, ou bien se condamner au mensonge...
     
    Quel rapport avec l'islam, religion de liberté et de tolérance direz-vous ? Pourquoi est-ce du monde islamique que viennent ces violences ? Kamel Daoud, dans son très beau Meursault, Contre-enquête chez Actes sud, prête ce mot à Haroun, son tueur à lui. Nous sommes à la seconde du meurtre : "J'ai pensé aussi, même si ça peut paraître incongru pour un gars comme moi [non pratiquant] qu'il n'était pas musulman et que sa mort n'était pas interdite. Mais c'était une pensée de lâche" (p. 86). Attention : Haroun dit, c'était une pensée de lâche, qui se réfugie dans des considérations religieuses, parce que lui n'est pas un religieux et que non seulement il est non pratiquant mais en plus vaguement agnostique. Mais même à lui de telles pensées lui surviennent. On pourrait dire : c'est culturel...
     
    Le problème est effectivement culturel : comme dit Hubert Champrun, dans le prochain numéro de Monde et Vie, il nous faut un Ratisbonne II. Ce que le pape Benoît a dit sur la violence en matière religieuse, il faut le redire ensemble et que les hommes de religion (ceux que Pascal appelle "les spirituels") s'unissent pour condamner avec horreur cette culture de la violence que l'islam instille même chez des non-pratiquants. Je ne vois pas que l'on puisse éviter de dire que, sous ce rapport, cette culture est dangereuse. Si nous ne le faisons pas, ce danger se matérialisera toujours d'avantage et il y aura d'autres Charlie Hebdo. On finira par traiter en fait divers ce qui est un fait de civilisation.
  • Critiquer le pape ?

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    De Gabriel Privat, sur son blog :

    Peut-on critiquer le pape ?

    Le style pontifical actuel surprend et désarçonne, c’est le moins que l’on puisse dire. Depuis le soir de son élection au souverain pontificat, le pape François a pris tout le monde à rebrousse-poil, sans exception, donnant des coups de férule à qui mieux mieux pour secouer non pas seulement les chrétiens, mais l’humanité assoupie dans sa fange. 

    Il a parlé du Diable et de ses ruses comme peu de pontifes l’avaient fait depuis les cinquante dernières années. Il a condamné les dérèglements de l’économie, l’indifférence face à la misère, la traite humaine, la violence non pas seulement guerrière mais économique et morale, les pêchés qui obscurcissent notre jugement, dans la plus parfaite continuité avec le précédent pontificat, mais en des termes d’une âpreté que jamais Benoît XVI ou Jean-Paul II n’auraient osé employer. Comme Pie XII jadis se rendait dans les quartiers de Rome bombardés par les alliés pour se mêler au peuple souffrant, au mépris des risques pour sa vie ; François a quitté le Vatican pour marcher au milieu des Romains manifestant contre l’avortement, en 2013. Il a multiplié les entretiens à des revues de différents pays pour parler directement aux peuples.

    En somme, c’est un lutteur qui est monté sur le ring.

    Mais François a aussi des idées bien à lui. Il a fait part de ses conceptions sur la relativité de la notion de mal en fonction de la conscience personnelle dans un entretien accordé au journaliste Eugenio Scalfari. Il a confirmé, dans un entretien au journal argentin la naçion qu’il était favorable à la levée de tous les interdits pesant sur les divorcés-remariés et à la simplification des procédures de déclaration de nullité de mariage. Certes, il a aussi expliqué qu’il se plierait au vote du prochain synode sur la famille et qu’il ne remettait pas en cause l’indissolubilité du mariage (même si la pratique pastorale qu’il veut mettre en pratique s’oppose à la foi qu’il proclame sur ce point.). Mais il se trouve que la tendance majoritaire du dit synode va dans le sens du pontife, que plusieurs cardinaux hostiles à la tendance que voulait imprimer le pape ont été écartés pour divers motifs, et qu’enfin une telle déclaration publique ne pourra qu’influencer les évêques et cardinaux dans leur choix final, soucieux de maintenir une stricte obéissance au pape.

    Cependant rien n’est fait. La vie de l’Eglise, depuis deux mille ans, est emplie de rebondissements inattendus.  Souvenons-nous de l’encyclique Humanae vitae de 1968, publiée à rebours de l’attente de la majorité des évêques d’Europe et des préconisations des commissions réunies par Paul VI. Souvenons-nous du synode de 1971 qui réaffirma l’exigence du célibat sacerdotal dans l’Eglise latine, au contraire des attentes de l’épiscopat catholique de Hollande, de Suisse et d’Allemagne.

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  • Eric de Beukelaer et les propos de Mgr Bonny : non aux "postures tribales", oui au dialogue

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    Lu sur le blog de l'abbé Eric de Beukelaer :

    (...) « Je suis effaré ». « Il faut réagir ». «Ces propos créent confusion et division ». Vu toutes les réactions lues et entendues de la part de nombre de catholiques censés,  il est clair que les propos sur l’homosexualité que Mgr Bonny a tenu, au cours d’une interview donnée récemment au quotidien flamand « De Morgen » ne laissent pas indifférents. D’autres catholiques, ont réagi à l’inverse en applaudissant des deux mains. Et puis, il y a tout ceux qui – ni vraiment « pour », ni totalement « contre » – m’ont glissé : « Ce n’est tout de même pas très prudent comme déclaration ». Tout cela, je l’ai lu et entendu. Par contre, j’ai peu rencontré d’arguments de fond. Une fois encore, chacun semble avoir réagi en « tribu », pour se rassurer par une posture, sans trop chercher à entrer en dialogue.  Or, qu’a dit l’évêque d’Anvers ? Je me suis renseigné à la source : Il n’a en rien remis en cause le sacrement du mariage, ni même parlé de bénédiction pour des couples homosexuels. Il a simplement posé la question d’une forme de reconnaissance au sein de la communauté catholique de la réalité que vivent des couples homosexuels stables et fidèles. La question fut discutée lors du récent Synode sur la famille. Dans le rapport intermédiaire de ce Synode, fut ainsi saluée « la réalité positive » vécue au sein de couples non-sacramentels (n°36) et le soutien réciproque au sein de couples homosexuels, qui peut constituer « une aide précieuse pour la vie des partenaires » (n°52). Ces passages ne furent pas retenus dans le rapport final, car ils n’obtinrent pas les votes de 2/3 de l’assemblée – mais ils n’en recueillirent pas moins plus de la moitié des suffrages des pères synodaux. Il ne s’agit donc pas d’une opinion défendue par quelques cathos bobos. Au contraire, ici se retrouve quelque chose du traditionnel principe d’Oikonomia, cher aux chrétiens orthodoxes : On ne transige pas avec l’exigence de l’Evangile, mais il faut tout faire pour que pareille exigence n’éloigne pas les hommes du Christ. Si vous avez dans votre famille ou vos proches quelqu’un qui est remarié après divorce, allez-vous continuer à le fréquenter tout en niant le nouveau couple qu’il a formé ? Admettons qu’il s’agisse de votre enfant, inviterez-vous son nouveau conjoint à Noël ? Si oui, il s’agit d’une forme de reconnaissance. Pas d’une approbation, mais bien d’une reconnaissance de l’autre avec son parcours cabossé – comme chacun de nos parcours. Et si votre fils ou fille est homosexuelle et tente de former un couple avec un partenaire du même sexe, inviterez-vous ce dernier à Noël ? Si oui, il s’agit d’une forme de reconnaissance. Avant de prétendre que JAMAIS vous ne feriez cela – même pour votre enfant et même à Noël – permettez-moi une première réflexion : J’ai rencontré plus d’un catholique classique tenant un tel discours… jusqu’à ce que cela arrive dans sa propre famille. Et une seconde observation : Je connais plusieurs catholiques en couple hétéro, qui vivent en cachette une double vie homosexuelle. Je ne condamne nullement ces derniers, mais est-ce préférable à ceux qui assument leur orientation sexuelle ? Bref, la piste lancée par Mgr Bonny est ouverte à la contradiction, mais à condition que cela se fasse dans l’écoute, le dialogue et le débat avec d’éventuelles contre-propositions concrètes. C’est ce que souhaite notre Pape. Pas une Eglise divisée en petites tribus ultra-modernes : entre « tradis », « modérés » et « progressistes », chacun sa route, chacun son destin. Non – un peuple de disciples du Christ, qui ensemble interrogent les chemins que l’Esprit nous invite à prendre.

  • Le style nouveau du pape François décrypté par Martin Mosebach

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    Un ami - que nous remercions - a traduit l'interview de Martin Mosebach par Christoph Schmidt pour CNA (Catholic News Agency)

    L’auteur Martin Mosebach est un intellectuel conservateur catholique très connu dans le monde germanophone.  Il a salué avec force la restauration, en 2007, de l’antique rite de la messe par Benoît XVI.  Dans une interview à la Catholic News Agency, il livre sa pensée à propos du style nouveau introduit par le Pape François.

    CNA : M. Mosebach, le pape François s’efforce d’apporter des changements dans les structures et les pratiques pastorales de l’Eglise.  Quelles sont les impressions d’une catholique conservateur au milieu de l’euphorie ambiante ?

    Mosebach : Jusqu’à présent, personne ne peut dire ce que veut réellement François.  L’opinion publique insinue qu’il veut se conformer à l’esprit de notre temps.  Il est possible qu’il veuille réaliser de grandes réformes.  Il est possible, également, qu’on le juge mal, et qu’il n’ait pas de réel intérêt pour le changement.  Les gens l’acclament, mais je ne sais pas s’ils savent vraiment qui ils acclament.  Il apparaît aussi proche et chaleureux que réservé.  Il ne donne aucun indice des cartes qu’il tient en main.

    CNA : C’est François lui-même qui alimente ces attentes…

    Mosebach : … même parmi les gens qui n’ont rien à voir avec l’Eglise catholique.  On le présente comme un président qui va imposer un nouveau corps de lois.  Un pape n’agit pas ainsi.  Sa fonction s’exerce dans la continuité, pas dans le changement.  Il n’a pas mission de réinventer l’Eglise.  Dès les premières secondes,  François a choisi a choisi un langage symbolique qui alimente les médias, et qui semble dire « je vais tout faire autrement ».  Ce n’est pas très loyal vis-à-vis ses prédécesseurs.  Son « buona sera » au lieu de la salutation  sacerdotale « Loué soit Jésus Christ », son rejet des ornements pontificaux, son déplacement de la résidence papale à la maison d’hôtes du Vatican.  J’ai le sentiment que l’on a donné trop d’importance à ces signes extérieurs.

    CNA : Vous avez peu de sympathie pour l’humilité du pape ?

    Mosebach : J’ai le sentiment qu’il s’agit moins d’humilité que d’imitation du style de vie actuel des grands de ce monde.  Aujourd’hui, les millionnaires portent un t-shirt et préfèrent le confort d’un sofa à l’austérité d’un mobilier baroque.  Les vêtements brocardés, qui représentent la gloire du Christ qui reviendra, sont très inconfortables.  Il ne faut pas confondre style Bergoglio et ascèse.  Et même si François était un ascète, je n’aime pas toute cette publicité dans les médias. L’ascèse n’a de valeur que si elle est discrète.

    CNA : Beaucoup de conservateurs catholiques craignent une attaque de la doctrine de l’Eglise sous François.  L’initiative du synode, en octobre, de débattre à nouveaux frais des divorcés remariés et des homosexuels était quand même audacieuse.

    Mosebach : Si beaucoup d’idées du synode concordaient avec la pensée du pape, il y a eu des résistances.  On n’a pas pu imposer le rapport intermédiaire.  L’Eglise a toujours agi sans précipitations et c’est très bien.  Les éternelles discussions montraient les développements de la pensée, jusqu’à ce que le pape prenne position.  C’était le résultat de toute une réflexion,  d’idées mises à l’épreuve.  C’était l’image de l’Eglise pèlerine à travers l’histoire. Il faut être attentif, dans les discussions, à ne rien perdre de l’essentiel.  Mais comme je l’ai déjà dit, ce que cherche le pape n’est pas clair.  Nous savons seulement qu’il veut une Eglise qui vit la miséricorde et se place du côté des pauvres, ce qui est dans la nature de l’Eglise depuis ses débuts.

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  • Frank van den Bleeken ne sera finalement pas euthanasié

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    Lu sur le site de la RTBF :

    Le ministre de la Justice, Koen Geens, a pris acte de la décision des médecins traitants de Frank Van Den Bleeken de ne plus continuer la procédure d'euthanasie. "Les motivations personnelles de cette décision relèvent du secret médical", ajoute-t-il.

    Le ministre de la Justice a décidé de transférer Frank Van Den Bleeken au FPC de Gand, qui a été ouvert récemment. Il y sera mis en observation en vue d'un traitement adéquat. Il pourrait aussi être rapidement transféré vers un centre aux Pays Bas, spécialisé dans les longs séjours d'internement, précise le ministre.

    Le ministre de la Justice annonce encore qu'il va s'atteler au développement d'une "capacité concrète d'accueil en Belgique, en conformité avec les critères modernes de suivi de ce type d'internés, et qui répondrait ainsi aux critiques et aux condamnations nombreuses dont notre pays a fait l'objet en la matière, de la part de la Cour européenne des droits de l'homme".

    La Ligue des droits de l'Homme avait critiqué le silence de l’Etat face aux demandes d’euthanasie introduites par une quinzaine d'internés suite à celle de Frank Van Den Bleeken. Elle y voit le résultat direct des manquements de l'Etat à son obligation de prise en charge des personnes souffrant de troubles mentaux.

  • Soumission de Houellebecq : une nouvelle bataille d'Hernani?

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    Soumission : le dernier Houellebecq entre mystique et politique [par l'abbé de Tanoüarn sur Metablog]

    Le roman doit paraître le 7 janvier. Son sujet est explosif : l'avenir de l'islam en France. Un bel avenir assurément nous dit Houellebecq, un avenir fécond. Un avenir... radieux ? Même Télérama, pourtant échaudé par la célèbre sortie de l'écrivain dans Plateforme sur "l'islam la religion la plus con", a daigné trouver qu'il fallait lire ce livre, que Houellebecq était "notre contemporain capital" de substitution (après Sartre, mazette !) et que, sur l'islam, heureusement, cette fois, sa perspective n'était pas totalement critique. 

    Je crois vraiment qu'il y a mille manières de lire ce livre et que c'est justement pour cela qu'il faudra l'avoir lu, que Soumission sera, mais en plus grave, notre "Bataille d'Hernani" à nous, qu'il y aura, dans la littérature et dans la Culture un avant Soumission et un après Soumission. On distinguera non seulement les pour et les contre, mais, l'ayant lu, les houellebecquiens, islamophiles guénono-nietzschéens et les houellebecquiens islamophobes identitaires et chrétiens. La Bataille d'Hernani sera une bataille interne... entre amateurs divergents... avec un enjeu bien plus grave que la manière de faire un vers selon le fameux enjambement de l'escalier... dérobé ou pas. L'enjeu de Soumission, c'est l'avenir de notre vieux pays, tout simplement. De quoi en venir aux mains comme au temps du Comte Hugo ? Sans doute pas : la plupart d'entre nous accepteront... la soumission, c'est manifestement ce que pense l'auteur de Soumission.

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