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Europe - Page 68

  • L'identité chrétienne de l'Europe : la preuve par les appellations des noms de lieux

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    De Bérengère Dommaigné sur le site Aleteia.org :

    La « sainte carte » des villages français (mais pas seulement !)

    08 janvier 2020

    C’est une « sainte cartographie » qui tourne sur les réseaux sociaux en ce moment. Le site polonais BIQdata a répertorié et illustré toutes les villes et villages d’Europe qui porteraient un nom de saint. Et le résultat est sans appel, la France est bel et bien la fille aînée de l’Église. Elle occupe la première marche du podium !

    Si la carte n’est pas nouvelle, cette infographie date de 2016, elle a trouvé un nouvel écho sur les réseaux sociaux ces derniers jours. Il faut dire qu’elle est édifiante pour rappeler en un clin d’œil les racines chrétiennes de l’Europe. Publiée par le quotidien polonais Gazeta Wyborcza elle cartographie les villes et villages européens qui portent le nom d’un saint. Pour aboutir à ce résultat, le site indique avoir utilisé les données de la base de données de la National Geospatial-Intelligence Agency (NGA). Anciennement appelée National Imagery and Mapping Agency (NIMA), cette agence du département de la Défense des États-Unis, a pour fonction de collecter, analyser et diffuser le renseignement géospatial en utilisant l’imagerie satellite.

    Pour obtenir cette infographie, l’équipe polonaise a donc cherché comme mots-clés les noms de lieux portant dans leurs langues locales la racine ou le mot « saint » dans tous les pays européens. Résultat, 20.864 lieux portent le nom d’un saint en Europe. Dans le détail des chiffres, on découvre alors que c’est la France qui en compterait le plus grand nombre, (elle qui compte aussi le plus grand nombre de communes !) soit 8.963 villages, ou une commune sur quatre ! Viendrait ensuite l’Espagne, et notamment la Galice, en deuxième position avec plus de 4.000 communes aux noms de saints et l’Italie sur la troisième marche. Si les chiffres ne correspondent pas à la base officielle des codes postaux français, qui en répertorient cette année la moitié moins (4.581), une chose est certaine, ces villages de « saint » font bel et bien partie du paysage ! Tout comme Pont-l’Abbé, La Chapelle-Rainsouin, le Mont-Dieu ou encore Collombey-les-Deux-Églises.

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  • Pour que l'Union Européenne cesse d'être un OPNI ("objet politique non identifié")

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    Résultat de recherche d'images pour "union européenne"

    De Jérôme Soibinet, chercheur associé à l’Institut Thomas More, sur le site de cet Institut :

    Conférence sur l’avenir de l’Europe • Beaucoup de bruit pour rien ?

    Décembre 2019


    Les éléments de la « conférence sur l’avenir de l’Europe », annoncée par Ursula von der Leyen, se mettent en place. Elle durera deux ans, de 2020 à 2022. Le Parlement européen s’est déjà mis au travail. Angela Merkel et Emmanuel Macron posent des jalons. La Commission avance prudemment. Mais, entre l’ambition fédéraliste de certains, qui prônent toujours plus d’intégration, et la vision fonctionnaliste des autres, qui croient en la méthode des petits pas, on peut craindre que le débat passe une nouvelle fois à côté de l’essentiel. L’UE est un OPNI (objet politique non identifié) dont les peuples européens se défient. La seule solution est confédérale…


    Quelques mois après les élections européennes, quelques semaines après l’installation de la nouvelle Commission européenne, une nouvelle séquence institutionnelle est en train de s’ouvrir pour l’Union européenne. A bas bruit, sans que les opinions publiques européennes n’en aient encore bien pris conscience, les éléments d’une grande conférence sur l’« avenir de l’Europe » se mettent en place. Il est intéressant, et utile, d’analyser de près cette phase initiale et de se demander si et à quoi la séquence pourra aboutir.

    Dans une récente note d’actualité, nous avions abordé les premiers échanges de vues organisés par la commission des affaires constitutionnelles (AFCO) du Parlement européen au sujet de la prochaine Conférence sur l’avenir de l’Europe, soulignant qu’« Emmanuel Macron et Ursula von der Leyen, en poussant l’un à la souveraineté européenne, et l’un et l’autre à une [telle] conférence […] ont ouvert une boîte de Pandore » (Emmanuel Macron au piège de la « souveraineté européenne », octobre 2019, note d’actualité 62). Et cela n’a pas manqué puisqu’en effet, depuis, le calendrier s’est accéléré. La commission AFCO a ainsi organisé, le 4 décembre dernier, une audition publique intitulée « Leçons à tirer des élections de 2019 et propositions en vue du débat sur l’avenir de l’Europe » puis a voté le 9 décembre un avis contenant sa vision détaillée de ces propositions.

    Ces dernières ont été ensuite envoyées au Président du Parlement, en vue de servir de base aux travaux de la Conférence des présidents (réunissant ledit Président et les présidents des groupes politiques) qui devra déboucher sur une résolution définissant la position du Parlement sur le concept, la structure, le calendrier et la portée de la prochaine conférence. Cette résolution pourrait être soumise à la plénière dès janvier 2020. En parallèle, le Parlement a mis en place un autre cadre préparatoire via un groupe de travail créé pour définir la position du Parlement sur la structure et l’organisation de la conférence ; il est composé, sous la présidence du président du Parlement, d’un représentant par groupe politique et d’un représentant de la commission AFCO.

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  • 2019 : l'année où les attaques anti-chrétiennes en Europe ont battu tous les records

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    De Soeren Kern sur le site du Gatestone Institute :

    Europe : les Attaques Anti-Chrétiennes ont Battu Tous les Records en 2019

    • Les médias européens font rarement mention du vandalisme anti-chrétien ; mais en février 2019, ils ont commencé à s'y intéresser quand neuf églises ont été attaquées en l'espace de deux semaines. L'incendie suspect qui a ravagé l'emblématique Notre-Dame de Paris en avril 2019, a de nouveau ramené le sujet à la Une. Mais la chape de silence est depuis, retombée.
    • « Chercher à détruire ou endommager des édifices chrétiens est une manière de faire « table rase » du passé. » - Annie Genevard, députée Les Républicains, entretien accordé au Figaro, le 2 avril 2019.
    • « Dans le passé, même si l'on n'était pas chrétien, l'expression du sacré était respectée. La liberté religieuse est aujourd'hui clairement menacée. La laïcité ne doit pas être un rejet du religieux, mais un principe de neutralité qui laisse chacun libre d'exprimer sa foi. » - Dominique Rey, évêque de Fréjus-Toulon, entretien accordé au magazine italien Il Timone, 5 août 2019.

    L'hostilité anti-chrétienne se répand en Europe occidentale. En 2019, jour après jour, des églises et des symboles chrétiens ont été délibérément attaqués. Le problème a fait la une des journaux en avril 2019, quand un incendie suspect a ravagé l'emblématique cathédrale Notre-Dame de Paris (photo). Mais depuis, la chape de silence médiatique est à nouveau retombée. (Photo de Véronique de Viguerie / Getty Images)

    L'hostilité anti-chrétienne se répand en Europe occidentale. En 2019, jour après jour, des églises et des symboles chrétiens ont été délibérément attaqués.

    Le Gatestone Institute a passé en revue des milliers d'articles de presse, de rapports de police, d'enquêtes parlementaires, de publications sur les réseaux sociaux et de blogs spécialisés tant en Grande-Bretagne, qu'en France, Allemagne, Irlande, Italie et Espagne. Notre recherche a établi qu'environ 3000 églises, écoles, cimetières et monuments chrétiens ont été vandalisés, pillés ou dégradés en Europe, en 2019 - ce qui constitue une année record pour les sacrilèges anti-chrétien sur le continent.

    La violence contre les sites chrétiens est la plus répandue en France. Si l'on en croit les statistiques gouvernementales, les églises, écoles, cimetières et monuments chrétiens sont vandalisés, profanés et brûlés au rythme de trois par jour en moyenne. En Allemagne, les attaques contre les églises chrétiennes se produisent à un rythme moyen de deux par jour, selon les déclarations de police.

    Les attaques contre les églises et les symboles chrétiens sont également monnaie courante en Belgique, en Grande-Bretagne, au Danemark, en Irlande, en Italie et en Espagne. Les sites et symboles du catholicisme romain sont visés en premier, mais en Allemagne, les temples protestants sont également pris pour cible.

    Les auteurs de violences antichrétiennes - qui vont des incendies criminels au vandalisme en passant par la défécation, le sacrilège, le pillage, la moquerie, la profanation, le satanisme, le vol, et le crachat - sont rarement arrêtés. Lorsqu'ils le sont, la police et les médias censurent leur identité et leur origine ethnique. Les suspects sont la plupart du temps traités en déséquilibrés ; si bien que les attaques anti-chrétiennes ne sont pas classées comme des crimes de haine.

    En France et en Allemagne, cette envolée des attaques antichrétiennes a coïncidé avec l'immigration de masse en provenance du monde musulman. L'absence de statistiques officielles sur les auteurs et les motivations empêche de savoir précisément combien d'attaques peuvent être attribuées à l'antichristianisme musulman ou à la cause jihadiste.

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  • Quand les évêques promeuvent une journée de l'enfant à naître

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    En Grèce, dimanche dernier (29 décembre), c'était la première célébration du "jour de l'enfant à naître". C'est le 9 juillet que le Saint-Synode (assemblée des évêques de Grèce) avait pris la décision de fixer un jour de l'enfant à naître, en prenant officiellement position contre l'avortement.

    Le Saint Synode de l'Église de Grèce a présenté dans une circulaire le dimanche après la naissance du Christ comme jour pour protéger le nouveau-né" :

    "Nous exhortons tous les citoyens de notre pays à participer activement à cette journée dont l'institution débute. Chaque être humain, dès le premier moment de sa fécondation, "au moment de la conception", est unique, sans précédent et digne de toute protection.

    Son droit à la vie doit être non négociable. Mais les crimes qui ont lieu dans notre pays sont bien connus de tous, avec des fleuves de sang innocent et sans défense qui coulent chaque jour. Le fait n'est pas seulement une catastrophe nationale, mais, plus important encore, un péché brutal devant le Dieu vivant. Aujourd'hui (...), tous les Grecs, nous devons nous repentir devant le Dieu saint et pleurer les plus de 300 000 enfants qui sont tués chaque année en Grèce.

    Avec notre repentance, nous attirerons la miséricorde de Dieu. Nous nous associons tous au deuil national et au repentir de cette pandémie et prions pour que cette horrible impasse se termine."

  • Espagne : de sombres perspectives ?

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    Lu sur kath.net :

    Formation du gouvernement espagnol - Les catholiques tirent la sonnette d'alarme

     
     
     
     
     
    La coalition de gauche proposée est toute récente, mais elle suscite déjà de grandes inquiétudes: l'avortement et l'euthanasie vont-ils augmenter, y aura-t-il davantage d'idéologie de genre, va-t-on exproprier des biens de l'Eglise?

    Madrid (kath.net/pl) / Les dirigeants des deux partis PSOE (socialistes) et Podemos (extrême gauche) ont approuvé un programme de base pour une éventuelle coalition de gauche pour former un gouvernement espagnol. Cependant, ces deux partis ont encore besoin d'un autre parti dans leur coalition pour pouvoir gouverner, et il n'est pas certain qu'un autre parti puisse être trouvé.

    Les parents, les enseignants et les écoles catholiques tirent déjà l'alarme. Cette coalition pourrait signifier que l'avortement et l'euthanasie seraient légalisés dans une plus large mesure qu'auparavant, que l'idéologie de genre recevrait plus de place, que les chrétiens catholiques seraient attaqués dans divers domaines. Il pourrait même y avoir une expropriation des biens de l'Eglise.

    Les élections législatives espagnoles du 10 novembre 2019 n'ont pas abouti à une majorité claire. Le PSOE socialiste est sorti des élections comme le parti le plus fort, ayant remporté 28%, le Partido Popular chrétien-démocrate 20,8%. Podemos a gagné 12,86% et était ainsi derrière le VOX national conservateur (15%). La formation du gouvernement est considérée comme difficile.

  • Espagne: la dégringolade des naissances atteint un niveau record

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    Espagne: la natalité à son plus bas niveau (source)

    12 Dec 2019

    Un total de 170 074 bébés ont vu le jour au premier semestre 2019 en Espagne, soit le niveau de natalité le plus bas enregistré dans le pays ibérique depuis 1941, indique, mercredi, l’Institut national de la statistique (INE). Le nombre des naissances a reculé de 11 292 bébés au premier semestre de l’année en cours, soit une baisse de 6,2 % par rapport à la même période de 2018, précise l’INE.

    Naissance au premier semestre de chaque année (2011-2019)


    En 2018, l’indice de fécondité en Espagne était de 1,26 enfant par femme (1,59 au Québec). Le taux de remplacement est fixé, rappelons-le, à 2,1 enfants par femme. La seule communauté autonome avec une fécondité supérieure à ce taux de remplacement est celle de Melilla, sur la côte marocaine.

    Le chiffre des naissances de mères étrangères a représenté 21,5 % du total, contre 20,1 % l’an dernier. La natalité continue de diminuer pour la dixième année consécutive en Espagne, à l’exception de l’année 2014 qui a enregistré 427 595 naissances, soit 2 000 de plus qu’en 2013.

    Concernant le nombre de décès, quelque 215 478 personnes sont mortes pendant le premier semestre 2019 dans ce pays ibérique, en baisse de 5,4 % par rapport au premier semestre 2018.

    L’Espagne a enregistré ainsi un solde naturel négatif de 45 404 individus au cours des six premiers mois de 2019, soit un chiffre similaire à celui de l’année précédente, ce qui confirme la tendance négative affichée depuis 2015.
  • Suisse : les chrétiens en chute libre

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    De RTS.ch.info :

    De plus en plus de Suisses se déclarent sans confession

    De plus en plus de Suisses se déclarent sans confession religieuse
    vendredi 6 décembre

    En 1970 encore, la Suisse se divisait grosso modo entre deux confessions: d'un coté les protestants et de l'autre les catholiques. Ceux qui se déclaraient sans religion ne formait alors que 1,2% de la population. Aujourd'hui, ce groupe constitue plus d'un quart de la population. Les sans-confessions dépassent même les protestants. Vingt-quatre pour cent de réformés, en 2017, c'est deux fois moins qu'il y a cinquante ans.

    Un chiffre en dit long. Rien qu'en Ville de Genève, on ne dénombre plus que 7% de réformés. "Les grandes villes suisses qui ont marqué le paysage protestant (Bâle, Zurich, Genève) se soustraient plus fortement à l'influence des institutions religieuses. Les personnes qui disent ne pas appartenir à des communautés religieuses habitent généralement dans des villes. Elles viennent souvent de familles protestantes", explique Irene Becci, professeure à la faculté de théologie et de sciences des religions à l'Université de Lausanne.

    Les catholique aussi font les frais de la sécularisation. Mais dans des proportions moindres. Aujourd'hui plus d'un tiers de la population (35,9%) se déclare catholique. Ils forment encore le groupe religieux le plus important de Suisse. 

    Et cette confession est encore majoritaire dans les cantons historiquement catholiques. Selon Irene Becci, "dans le catholicisme, il y a une variété assez importante en termes d'ethnicité, de langues, de migrations, ce qui permet une absorption des nouveaux venus. Les catholiques sont souvent issus des dernières migrations, comme les Sud-Américains. Mais aussi de celles des années 50-60, commes les Italiens, les Portugais ou les Espagnols."

    Ce qui n'est pas le cas dans les régions protestantes: Genève, Neuchâtel et Bâle-Ville sont aujourd'hui des cantons qui comptent une majorité d'habitants sans confession.

    Céline Fontannaz/pw

  • Un arrêt de la Cour européenne des droits de l’homme favorable à la liberté religieuse

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    De Nicolas Bauer sur aleteia.org :

    Un arrêt de la CEDH favorable à la liberté religieuse

    05 décembre 2019

    La Cour européenne des droits de l’homme s’oppose au renvoi par la Suisse d’un demandeur d’asile afghan converti au christianisme. Un jugement qui satisfait les défenseurs de la liberté religieuse en Europe, et notamment du droit d’exprimer sa foi publiquement.

    Dans son arrêt A.A. c. Suisse du 5 novembre 2019, la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a considéré que le renvoi vers l’Afghanistan d’un demandeur d’asile converti au christianisme serait contraire au droit européen. Par une telle expulsion, la Suisse exposerait le ressortissant afghan à de fortes persécutions et violerait le droit de ne pas subir de « traitements inhumains ou dégradants », inscrit dans la Convention européenne des droits de l’homme. La décision des juges de Strasbourg permet au requérant d’obtenir le statut de réfugié.

    L’interdiction des traitements inhumains et dégradants

    Aslan [le prénom a été changé] a introduit une demande d’asile en Suisse en mars 2014, en raison de la situation d’insécurité régnant en Afghanistan et de sa conversion au christianisme. Mais le secrétariat d’État helvétique aux migrations rejette sa requête. En 2016, le tribunal administratif fédéral confirme cette décision et prononce l’expulsion d’Aslan. Les juges suisses ne mettent pas en doute l’authenticité de sa conversion mais considèrent qu’Aslan peut vivre en sécurité en Afghanistan chez ses oncles et cousins qui n’ont pas été informés de son baptême.

    Saisie de l’affaire en avril 2017, la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) demande immédiatement la suspension de l’expulsion pendant la durée de l’examen de la requête d’Aslan. Le 5 novembre 2019, les juges de Strasbourg s’expriment sur le fond : ils jugent qu’une expulsion violerait la Convention européenne des droits de l’homme en son article 3, interdisant les traitements inhumains ou dégradants. Cet arrêt est salué par plusieurs organisations d’inspiration chrétienne, dont l’European Centre for Law and Justice (ECLJ). 

    Une protection contre les persécutions en Afghanistan

    D’après l’Index mondial de persécution des chrétiens 2019 diffusé par l’ONG évangélique Open Doors, l’Afghanistan est le deuxième pays où la persécution des chrétiens est la plus extrême, après la Corée du Nord. L’arrêt de la CEDH s’appuie sur d’autres documents et rapports internationaux, en particulier du Haut-Commissariat des Nations-unies pour les réfugiés (HCR). En Afghanistan, les chrétiens, lorsqu’il s’agit de convertis et donc « apostats » de l’islam, risquent la confiscation de leurs terres et biens, la perte de leur emploi, le rejet de leurs familles, voire l’emprisonnement ou la peine de mort.

    La CEDH — probablement soucieuse d’éviter un « appel d’air migratoire » — considère qu’une telle situation générale de violence n’est pas, à elle seule, de nature à empêcher tout renvoi vers ce pays. En revanche, d’après la Cour, le tribunal suisse aurait dû mieux appréhender la situation personnelle d’Aslan et les conséquences qu’aurait son expulsion en Afghanistan. Les juges de Strasbourg rappellent d’ailleurs que ce même tribunal a reconnu, en 2017, la qualité de réfugié à un Afghan athée ou agnostique en raison des peines encourues pour « apostasie » en Afghanistan. Ces deux affaires étant comparables d’après la CEDH, il est donc étonnant que le jugement du tribunal suisse ait été différent.

    La liberté de manifester publiquement sa foi

    L’affaire A.A. c. Suisse a réouvert une question qui s’était déjà posée : peut-on expulser des chrétiens en leur recommandant de garder cachée leur foi afin d’éviter la persécution religieuse ? En 2016, à l’occasion d’une affaire suédoise, la Grande chambre de la Cour avait refusé le renvoi dans son pays d’un Iranien converti (F.G. c. Suède, 2016). Quatre juges avaient expliqué qu’ils ne pouvaient « admettre la présomption de l’État défendeur que le requérant ne serait pas persécuté en Iran parce qu’il pourrait adopter une pratique effacée, discrète, voire secrète, de ses convictions religieuses ». À l’inverse, en 2017, la Cour validait l’expulsion d’un autre converti en Iran, acceptant l’argumentation du gouvernement suisse selon laquelle les chrétiens « qui pratiquaient leur foi discrètement ne couraient pas de risque de mauvais traitements à leur retour » (A. c. Suisse, 2017).

    « Pouvoir pratiquer sa foi en société est protégé par le droit européen. »

    L’arrêt de 2019 semble donc plus favorable à la liberté de manifester extérieurement sa foi, protégée par l’article 9 de la Convention européenne des droits de l’homme. La CEDH critique en effet le fait que le tribunal suisse ait demandé à Aslan, après son retour en Afghanistan, « de modifier son comportement social de manière à cantonner sa foi dans le domaine strictement privé », au point même de cacher son baptême à ses oncles et cousins. Les juges européens rappellent ainsi que pouvoir pratiquer sa foi en société — avec autrui et en public — est protégé par le droit européen, dans la mesure où la religion a une dimension sociale et communautaire. Il est donc injuste d’exiger d’une personne qu’elle cache entièrement sa foi.

    Comment apprécier la sincérité des conversions ?

    Il reste que les demandeurs d’asile savent qu’une déclaration de conversion au christianisme peut faciliter l’accès au statut de réfugié. D’autres peuvent être tentés de revendiquer leur homosexualité dans le même objectif. Il paraît donc important de s’assurer de la sincérité de ces démarches. Dans le cas d’Aslan, la question s’est sérieusement posée en Suisse. D’après le secrétariat d’État aux migrations, non seulement le jeune homme aurait inventé avoir distribué des bibles en Afghanistan, mais ses connaissances sur le christianisme auraient en réalité « été acquises en Suisse pour les seuls besoins de la cause ». S’appuyant sur le certificat de baptême et sur une lettre d’un prêtre suisse, le tribunal suisse a préféré quant à lui laisser le bénéfice du doute à Aslan, ce que la CEDH n’a pas contesté.

  • La "Voie synodale" allemande : c'est parti

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    De Philippe Keulemans sur kerknet (traduction automatique) :

    L'Eglise catholique allemande entame sa Voie synodale

    PUBLIÉ LE DIMANCHE 1 DÉCEMBRE 2019

    L’Église allemande entame un processus de réflexion sur la structure du pouvoir ecclésiastique, le célibat obligatoire des prêtres, la morale sexuelle et le rôle de la femme dans l’Église.

    Aujourd'hui, premier dimanche de l'Avent, la Voie synodale , le processus synodal de deux ans , commence à l'initiative de la Conférence des évêques allemands (DBK) et du Comité central des catholiques allemands (ZdK). De plus, les évêques allemands entament un dialogue avec les laïcs sur les défis les plus importants auxquels l’Église catholique en Allemagne est confrontée. Le but ultime est le renouvellement de l'église. Rome semble prudemment positive, mais aussi avec une certaine méfiance vis-à-vis de l'expérience. Le cardinal Robert Sarah , préfet de la Congrégation pour la religion divine et la discipline des sacrements, a récemment souligné que les Allemands ne devraient pas rêver de pouvoir prendre lors de cette réunion synodale des décisions contraires à la doctrine ecclésiastique. Il s’agit en particulier d’un avertissement pour les partisans de résolutions de grande portée sur la bénédiction ecclésiastique des relations des couples homosexuels, le diaconat des femmes et les viri probati (hommes mariés dont la vie a été prouvée et qui peuvent être ordonnés prêtres) et le groupe rêvant d'abolir le célibat obligatoire des prêtres. Sous la pression du Vatican, il a été décidé que les décisions sur des questions morales et ecclésiastiques ne seront pas contraignantes.

    Le pape François a appelé les Allemands à ne pas oublier l'importance de l'évangélisation au cours du processus synodal.

    Les évêques allemands espèrent que la Voie synodale pourra donner une nouvelle impulsion à l'évangélisation et contribuer à la vitalité des communautés ecclésiales. La réflexion sur l’Église de demain devrait également contribuer à faire face aux conséquences des abus sexuels. Le mouvement Maria 2.0 , qui a fait la une avec sa grève dans l'Eglise et qui pousse les femmes à avoir plus de voix et de responsabilité dans l'Église, ne participe pas à l'exercice. Thomas Sternberg , président de la ZdK , souligne que l'importance de la route synodale s'étend au-delà de l'Allemagne et est également importante pour les communautés ecclésiales ailleurs en Europe et pour l'Eglise mondiale.

    Selon les évêques allemands, la crise est tellement profonde à cause du scandale des abus que les réformes ne peuvent plus être retardées.

    Avec la célébration eucharistique et l’allumage de bougies synodales , c’est aujourd’hui à la Frauenkirche, la cathédrale Notre-Dame de Munich, où le cardinal Reinhard Marx est archevêque. Ce n'est pas une coïncidence. L'ancien président de la COMECE, qui est également conseiller du pape, a pleinement soutenu cette initiative car il est convaincu que les responsables d'Eglise et les laïcs doivent s'unir pour donner une nouvelle dynamique à l'Église catholique allemande. Comme ailleurs, l'Eglise allemande a été assommée par la succession de scandales d'abus. (...)

  • L'effondrement démographique de l'Italie

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    Du site "Pour une école libre au Québec" :

    Italie — Nouveau nadir démographique

    27 Nov 2019

    La natalité connaît une nouvelle baisse en 2018. En témoigne le dernier rapport de l’Institut de la statistique italien (Istat) qui passe les naissances de l’année dernière à la loupe, jusqu’aux prénoms les plus diffusés selon la communauté d’origine des parents.

    Ce n’est plus une surprise, l’Italie est un pays qui vieillit. C’est encore le cas en 2018 selon le dernier rapport de l’Istat « Natalité et fécondité de la population résidente ».

    L’Istat a dénombré 439 747 naissances l’année dernière, soit 18 000 de moins qu’en 2017 et près de 140 000 de moins qu’il y a 10 ans. Parmi elles, 1 enfant sur 5 est né de parents étrangers au nord du pays (Roumains et Marocains en tête).

    La plupart des naissances concernent des fratries qui s’agrandissent. Le nombre de premières naissances au sein des familles se réduit en effet d’année en année. Elles étaient 204 883 en 2018, soit près de 80 000 en moins qu’en 2008.

    Le nombre d’enfants par femme baisse lui aussi : les Italiennes en ont 1,29, contre 1,59 au Québec (1,5 pour les francophones au Québec) et 1,87 en France selon l’Insee.

    L’allongement des études et les effets de la crise économique impactent également les naissances. Les femmes font leur premier enfant plus tard, à 31,8 ans en moyenne en 2018, soit trois ans de plus qu’en 1995.

    PRINCIPALES CARACTÉRISTIQUES DÉMOGRAPHIQUES
     
    Années 2008, 2010, 2012 et 2014-2018
     
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  • Parlement européen : des femmes enceintes se joignent à l'assemblée pour fêter les 30 ans de la Convention internationale des droits de l'enfant

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    Des femmes enceintes au Parlement européen pour fêter la Convention internationale des droits de l’enfant ! (source)

    20/11/2019

    C'est en présence de la Reine Mathilde que le Parlement européen a organisé ce 20 novembre une conférence pour fêter les 30 ans de la Convention internationale des droits de l'enfant. Plusieurs femmes enceintes se sont jointes à l'assemblée : elles ont voulu porter la voix des enfants à naître, encore incapables de s'exprimer mais dont la vie mérite protection selon cette même Convention.

    En effet, la Convention internationale relative aux droits de l'enfant, ratifiée par la Belgique le 20 novembre 1989, prévoit dans son préambule que « l'enfant, en raison de son manque de maturité physique et intellectuelle, a besoin d'une protection spéciale et de soins spéciaux, notamment d'une protection juridique appropriée, avant comme après la naissance ».

    Lors de l'ouverture de la conférence, le Président du Parlement européen David Sassoli a rappelé que « le droit des enfants à vivre et à s'épanouir » n'était pas encore acquis partout : « Des milliers d'enfants meurent chaque jour, quel drame... Autant de sourires d'enfants que nous ne verrons pas. Les enfants vulnérables ont aussi des projets, des droits et des aspirations. Vue leur vulnérabilité, ils doivent être protégés contre toute forme d'abus et de violence. »

    Un événement qui résonne de façon toute particulière, à l'heure où la Belgique se pose la question d'autoriser l'avortement sur demande jusque 4 mois et demi de grossesse.

  • L’Abbaye canoniale Sainte Marie de Lagrasse (Aude) cherche à réaliser un projet de Fondation

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    lagrasse téléchargement (20).jpgL’abbaye historique de Lagrasse fut rachetée en 2004 par les chanoines réguliers de la Mère de Dieu (qui, en ce temps, avaient d’abord espéré pouvoir reprendre l’abbaye de Val-Dieu, au diocèse de Liège). La communauté compte aujourd’hui 36 chanoines et se trouve, à nouveau, un peu à l’étroit dans ses murs : elle cherche à déléguer 8 de ses membres pour animer maintenant une Fondation en lien avec la Maison Mère implantée à Lagrasse…

    Mais qui sont donc ces Chanoines Réguliers ? Interview du Père Dominique, Prieur de l’abbaye, publiée sur le site « Le Rouge et le Noir » :

    R&N : Il est facile de distinguer un religieux d’un moine : les deux suivent une règle et font des vœux, mais seul le second fait vœu de stabilité. En revanche, il est plus difficile de comprendre la spécificité de la vie canoniale : comment l’expliqueriez-vous ?

    Père Dominique : Le terme de ‘chanoines réguliers’ apparu au XIIe siècle désigne une réalité bien plus ancienne : déjà saint Eusèbe de Verceuil puis saint Augustin, au IVe siècle, avaient réuni leur clergé dans un monastère. Inspirés par le début des Actes des Apôtres où sont décrits les premiers chrétiens mettant tout en commun et vivant autour des Douze [1], les chanoines réguliers sont la partie du clergé diocésain qui fait le choix de la radicalité évangélique, vécue à travers la vie commune et la profession des vœux. Ils sont donc à la fois dans le monde religieux et dans le monde diocésain. À ce titre, il est intéressant de voir dans l’histoire de l’Église comment la vie commune en général et le modèle canonial en particulier sont souvent revenus comme propositions pour la réforme du clergé.

    Tandis que le moine a quitté la ville et le monde pour chercher Dieu, le chanoine régulier est un prêtre ou un clerc diocésain dévoué au service d’une église. Il ne fait pas vœu de stabilité comme le moine, mais sa consécration se fait dans l’offrande de lui à l’église à laquelle il appartient : « Offerens, trado meipsum ecclesiae N.  » qu’on peut traduire imparfaitement par « Je m’offre et me livre à l’église de N. » Cette église est à la fois un bâtiment de pierres et une réalité spirituelle incluant les fidèles. Ce lien est encore aujourd’hui le point commun entre chanoines séculiers (notamment les chanoines des cathédrales) et chanoines réguliers. Si donc vous cherchez des moines, cherchez un désert, un lieu retiré où ils aimeront être seuls avec Dieu ; mais si vous cherchez des chanoines, allez dans les villes ou du moins dans des lieux fréquentés, où ces pasteurs pourront s’occuper du troupeau.

    Nous sommes souvent confondus avec des moines en raison de notre longue histoire commune (faite d’emprunts, de transferts, mais aussi de disputes !). La vie monastique a été considérée tout au long du Moyen-Âge comme une référence en matière de conversion et de sainteté ; les Chapitres (communautés canoniales) et les évêques désireux de réforme allaient chercher là les usages propres à soutenir la ferveur. Mais ces points communs recouvrent, dans le monde canonial, un élan différent, où la charité fraternelle et pastorale à la suite du Christ constitue le cœur de l’effort de conversion.

    À la différence du moine, le chanoine met le sacerdoce au cœur de sa vocation : l’apostolat est le fruit normal de sa vie liturgique et contemplative ; loin d’être une parenthèse, voire un danger, il est d’abord un lieu de sanctification et d’imitation du Christ. Des laïcs ou des clercs non prêtres peuvent bien sûr s’associer à cette vie, mais en communiant à l’esprit sacerdotal et en participant plus ou moins directement au ministère.

    Nous nous ressemblons enfin par le chant des Heures liturgiques, mais là encore, ce point commun cache deux attitudes spirituelles différentes : les chanoines réguliers ont simplement conservé l’usage des premiers temps, où en tout lieu l’évêque, son clergé et les fidèles – c’est à dire toute l’Église – se réunissaient quotidiennement pour prier Dieu ensemble, principalement aux Laudes et aux Vêpres, et non seulement autour de l’Eucharistie les jours où elle était célébrée. La liturgie monastique, elle, s’est élaborée à partir de la vocation des moines à prier sans cesse, d’où la longueur plus conséquente de leur Office et l’importance de la prière nocturne.

    R&N : Votre règle est tirée de celle de saint Augustin, quelle est-elle ? Quel est son sens ?

    Père Dominique : Les premiers mots de la Règle de St Benoît – « Écoute, mon fils les préceptes du maître et tends l’oreille de ton cœur » – suggèrent que l’obéissance et la docilité à un maître spirituel, l’Abbé, sont au point de départ de la vocation monastique. Les premiers mots de notre Règle donnent l’âme de notre vie : « D’abord, puisque c’est pour cela que vous êtes réunis en communauté, habitez unanimes dans la maison et ayez une seule âme et un seul cœur, tendus vers Dieu. » L’unité entre nous, au nom du Christ, est le socle de notre vocation.

    Saint Augustin a beaucoup contemplé et médité le mystère de l’Église unie et embellie par la charité reçue de Dieu. Le serviteur de l’Église qu’est le clerc, et a fortiori le chanoine, est particulièrement sensible à cette ecclésiologie fondée non sur la juridiction ou la Hiérarchie seule, mais d’abord sur la communion dont Dieu est la source, le modèle et le but. Une communauté qui suit la Règle de saint Augustin s’efforce avant tout, à l’image des premiers chrétiens de Jérusalem, de rendre visible ce mystère de charité et d’offrir aux fidèles la possibilité d’en faire l’expérience.

    Le reste de la Règle traite des trois vœux, toujours en lien avec l’unité. La pauvreté est particulièrement développée, faisant de ce texte la référence incontournable pour la vie canoniale : la mise en commun des biens a toujours été la porte étroite par laquelle on entre dans la vocation de chanoine régulier. Plusieurs Chapitres ont refusé ce passage, préférant la sécularité, d’autres ont affadi leur élan originel par le retour plus ou moins progressif à la propriété privée. Sur ce point, la comparaison entre moines et chanoines a souvent été un aiguillon stimulant pour ces derniers.

    La pauvreté est d’ailleurs ce qui distingue aujourd’hui encore la vie canoniale régulière des nombreux et bons efforts qu’on peut observer de vie commune des prêtres : pour devenir radicale et porter tous les fruits qu’elle contient en germe, cette vie commune demande une pauvreté scellée par un vœu et par le renoncement à la propriété privée.

    Au XIIe siècle, de nombreux groupes de clercs diocésains ont embrassé la vie canoniale pour s’engager plus en avant dans la sainteté sacerdotale ; aujourd’hui où la figure du prêtre est blessée et moins bien comprise même au sein de l’Église, on ne peut que souhaiter un nouvel élan de ‘régularisation’ du clergé. Saint Augustin propose, avec sa Règle, un ‘kit radicalité évangélique’ à l’usage des prêtres de paroisse ; avis aux amateurs !

    R&N : De quelle autre manière l’enseignement augustinien infléchit-il votre vie de chanoine ?

    Au lieu « d’infléchir », je dirais plutôt « élargir » ! Le disciple qui se met à l’école de saint Augustin découvre, comme dans Narnia, que l’intérieur est plus grand que l’extérieur. La pensée de l’évêque d’Hippone est ample par l’abondance des écrits et des sujets abordés, mais surtout par la hauteur de vue.

    Son amour de l’unité dans la charité développe, chez ceux qui le suivent, une souplesse qui sait harmoniser les différences : c’est très utile dans une vie de communauté ! Se réjouir de posséder ensemble ce qui nous rassemble – l’essentiel – et accepter que nous puissions rester libres et divers sur le reste. Parfois même il faut être longanime, quand un frère se trompe ou se durcit, pour ne pas le briser en appliquant une justice trop raide.

    Le même esprit anime l’apostolat du chanoine régulier : se mettre au service des âmes en leur apportant une doctrine éprouvée – saint Augustin était très fidèle au Siège de Pierre – mais avec le soucis de la rendre aimable, vivifiée par la charité. Offrir aux gens la possibilité de faire l’expérience de Dieu dans une communauté accueillante porte davantage de fruits missionnaires qu’un discours persuasif.

    On pourrait ajouter, parmi les héritages augustiniens, la joie, fruit de l’amour ; la vie d’amitié dans le Christ qui soude la communauté canoniale, dans la simplicité et la confiance, rayonne naturellement au-dehors. Une personne accueillie dans un lieu canonial doit ressentir qu’elle pourra ici se reposer, confier ses soucis et goûter la paix.

    R&N : L’Aude est un département marqué par le catharisme et le protestantisme : avez-vous réussi à trouver votre place malgré tout ?

    Père Dominique : À vrai dire, le catharisme comme tel ne marque plus que les panneaux touristiques ! Il a laissé dans l’Aude en revanche un vague anticléricalisme, renforcé par la forte présence, à une époque plus récente, des loges maçonniques et du socialisme radical. Pour nous, appelés à prendre racine dans ce lieu, les premiers contacts n’ont pas toujours été faciles ; il faut beaucoup de patience et d’attention pour s’imprégner de la culture locale. Après quinze années de présence dans le département, même si on n’en est pas encore à la pleine intégration dans le paysage, beaucoup de liens se sont tissés, auprès de nombreuses personnes d’horizons divers.

    L’Aude est marquée également par un grand élan monastique pendant l’ère carolingienne. À Lagrasse en particulier nous sommes héritiers de dizaines de générations de moines, de Charlemagne à la Révolution. Ces légions de témoins dont nous prenons la suite prient aujourd’hui pour nous, pour une nouvelle évangélisation de cette terre.

    Notre mission de pasteurs ancrés dans un lieu nous sensibilise par ailleurs au travail lent, sur des durées longues ; ce n’est pas comme si nous devions partir demain et donner le maximum en une journée ! La très Sainte Vierge qui règne à Lagrasse depuis 1200 ans nous enseigne à patienter, à laisser la grâce germer lentement dans les cœurs. Quinze années sont très peu finalement pour juger de notre intégration ; nous en jugerons mieux quand tous ceux qui vivent dans l’Aude seront nés après notre implantation !

    R&N : Vous avez un projet de fondation. Pouvez-vous nous en parler ? Pourquoi avez-vous eu besoin de vous développer ?

    Père Dominique : La vie canoniale se conjugue également dans des prieurés de petite taille, dépendants de l’abbaye mère. Ces communautés plus petites et plus souples permettent une proximité plus grande auprès des fidèles, davantage de disponibilité à la mission et une vie fraternelle plus resserrée.

    Aujourd’hui, avec trente-six chanoines, nous sommes près d’avoir rempli l’abbaye et nous sentons depuis plusieurs années le besoin d’épanouir notre identité canoniale en ouvrant une première maison dépendante. Elle serait comme un satellite de l’abbaye : il ne s’agit pas d’un essaimage, mais d’un agrandissement et d’un plus grand engagement au service de la mission.

    Nous cherchons un lieu où le travail pastoral serait abondant, susceptible d’occuper les huit chanoines qui seraient envoyés. Des évêques, sensibles à notre vocation de religieux et de pasteurs, nous proposent régulièrement des lieux d’implantation ; nous portons ce projet dans la prière et dans la réflexion… Mais il est un peu trop tôt pour donner davantage de détails !

    [1] Cf le passage clé de Ac 4,32-35 : « La multitude de ceux qui étaient devenus croyants avait un seul cœur et une seule âme ; et personne ne disait que ses biens lui appartenaient en propre, mais ils avaient tout en commun. C’est avec une grande puissance que les Apôtres rendaient témoignage de la résurrection du Seigneur Jésus, et une grâce abondante reposait sur eux tous. Aucun d’entre eux n’était dans l’indigence, car tous ceux qui étaient propriétaires de domaines ou de maisons les vendaient, et ils apportaient le montant de la vente pour le déposer aux pieds des Apôtres ; puis on le distribuait en fonction des besoins de chacun. »

    16 novembre 2019 Eschaud 

     JPSC