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Europe - Page 68

  • La tombe de Franco ou l'histoire gommée

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    De Paul Vaute, historien et journaliste honoraire :

    LA TOMBE DE FRANCO OU L'HISTOIRE GOMMÉE

       Après de multiples rebondissements, la quatrième chambre du contentieux administratif de la Cour suprême d'Espagne a ordonné le mois dernier de suspendre, à titre conservatoire, le transfert vers un autre lieu de la dépouille de Francisco Franco. Celui-ci repose donc toujours – au moins jusqu’à nouvel ordre – en la basilique sise au cœur du monument du Valle de los Caídos, élevé au nord de Madrid à la mémoire des morts de la guerre civile. A l'unanimité, les cinq juges ont ainsi accédé à la requête de la famille du Caudillo, de la communauté bénédictine en charge de la nécropole, de la Fondation Franco et de l'Association pour la défense du Valle, opposées à la volonté du gouvernement de Pedro Sánchez de mettre en œuvre la résolution votée au Congrès des députés le 11 mai 2017 [1].

       Celle-ci, présentée par les socialistes (PSOE), approuvée par 198 voix face à 140 abstentions (majoritairement du Parti populaire) et une seule voix contre (celle d'une élue du PP qui a expliqué par la suite s'être trompée…), s'inscrit dans la foulée de la "loi sur la mémoire historique" initiée en 2006 par l'ex-Premier ministre Zapatero, avec en ligne de mire, à l'instar du médiatique juge Garzón, les seuls crimes attribués au franquisme. Parmi les demandes adressées au pouvoir exécutif figure symptomatiquement celle de déplacer aussi, vers "un endroit non prééminent" de la basilique, les restes de José Antonio Primo de Rivera, fondateur de la Phalange espagnole, fusillé par les républicains en 1936. 

    LE PRIX DE LA RÉCONCILIATION

       Depuis que le débat est ouvert, on voit se multiplier dans les médias mainstream, en deçà comme au-delà des Pyrénées, bien des affirmations qui ont de quoi surprendre ceux qui sont tant soit peu au fait du sujet. Elles se ressemblent sans surprise, leurs auteurs puisant aux mêmes agences, quand ils ne se copient pas les uns les autres. Ainsi peut-on lire, sur le site d'une radio-télévision de service public comme un peu partout, que le complexe érigé entre 1941 et 1959 à "ceux qui sont tombés" (los Caídos) "fut en partie construit par des prisonniers républicains, contraints au travail forcé et parfois morts sur le chantier" [2]. Ou, dans un journal dit de référence, que "pour nombre d'Espagnols, les lieux rappellent le camp de concentration qu'il fut" [3]. Ou encore, à propos de la décision prise par le général Franco, "pour la réconciliation", de réunir dans l'ossuaire quelque 35.000 combattants des deux camps, que "des centaines de républicains, qui s'opposaient aux franquistes, ont ainsi été exhumés de charniers sur tout le territoire pour y être enterrés sans le consentement de leurs proches" [4]. Avec cette circonstance aggravante, avons-nous entendu à l'occasion, que des incroyants auraient été ainsi condamnés à reposer dans un édifice religieux, sous une croix de 150 mètres de haut…

       Qu'en fut-il ? Selon l'historien Bartolomé Bennassar [5], 14.876 condamnés aux travaux forcés ont purgé leur peine en partie ou totalement dans les bataillons du mémorial. Il s'agissait de volontaires et ils étaient payés par une réduction de peine. Le fait a été reconnu par le Conseil de l'Europe dans le cadre de l'élaboration d'une recommandation, datée du 17 mars 2006, pourtant consacrée à la "nécessité de condamner le franquisme au niveau international" [6]. Selon les chiffres officiels, entre quatorze et dix-huit personnes au total ont perdu la vie au cours de cette construction située en pleine montagne et qui a duré plus de dix-sept ans.

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  • L'Eglise catholique d'Allemagne en plein effondrement

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    La cathédrale d'Eichstätt en Allemagne

    La cathédrale d'Eichstätt en Allemagne 

    De Vatican News :

    200 000 catholiques allemands ont quitté l’Église en 2018

    S’ils représentent encore plus d’un quart de la population allemande, les catholiques sont chaque année moins nombreux. Les dernières statistiques révèlent une nombre important de départs, phénomène qui touche aussi la communauté protestante.

    Avec plus de 23 millions de membres, l’Église catholique en Allemagne rassemble 27,7 % de la population du pays. Les statistiques publiées le 19 juillet dernier par la Conférence épiscopale allemande donnent de nombreuses données sur les 27 diocèses et archidiocèses du pays, où se répartissent un peu plus de 10 000 paroisses. On peut en retenir les 168 000 baptêmes – environ -, ou une légère augmentation du nombre de mariages entre 2017 et 2018, mais c’est surtout le nombre de personnes ayant décidé de quitter l’Église qui se détache: elles étaient 216 000 en 2018, contre 167 500 l’année précédente. Ces chiffres sont «préoccupants» d'après le père Hans Langendörfer, secrétaire de la Conférence épiscopale allemande.

    Cette tendance à la baisse, qui dure depuis plusieurs années, ne se limite pas à l’Église catholique: les Églises protestantes traversent une situation similaire, avec 220 000 départs en 2018, selon les chiffres publiés le même jour par l’Église Évangélique en Allemagne (EKD).  «Chaque départ fait mal», a déclaré Heinrich Bedford-Strohm, président de l'EKD. «Puisqu’aujourd’hui, contrairement au passé, les gens décident en toute liberté d'appartenir ou non à l'Église, il est important pour nous aujourd'hui d'expliquer encore plus clairement pourquoi le message chrétien est une base si solide pour la vie», analyse-t-il.

    Vers une diminution durable? 

    Une étude publiée par l'Université de Fribourg en mai dernier a conclu que le nombre de personnes appartenant aux deux principales Églises allemandes diminuera de moitié d'ici 2060. Les adultes qui quittent l'Église, la diminution du nombre de baptêmes et le vieillissement de la population sont les principaux facteurs de cette baisse, selon les chercheurs.

    L'étude prévoit que le nombre total des membres des Églises catholique et protestante passera d'environ 45 millions actuellement à 34,8 millions en 2035, puis à 22,7 millions en 2060. 

    Bien qu'il n'existe pas de statistiques sur les raisons de ces départs, des enquêtes menées ces derniers mois suggèrent un lien avec les scandales d'abus sexuels qui ont rencontré un fort retentissement médiatique.

    (Avec Fides et Deustche Welle)

  • Abus sexuels dans l’Eglise : le cléricalisme, voilà l’ennemi ?

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    La « Libre Belgique » du 9 juillet 2019 consacre une double page à un ouvrage qui vient de paraître aux éditions Bayard : « L’Eglise catholique face aux abus sexuels sur mineurs » (Bayard 2019, 720 pages, env. 24,9 euros). L’auteur de ce livre, Marie-Jo Thiel, médecin et théologienne, est professeur d’éthique à l’Université de Strasbourg. En 2017, le pape François l’a aussi nommée membre de l’Académie pontificale  pour la Vie dont il a modifié la composition et confié la présidence à Mgr Vincenzo Paglia.

    Dans l’interview qu’elle accorde à « La Libre », la professeure souscrit à la thèse du pontife régnant pour qui les abus sexuels des clercs seraient principalement dus à une cause «structurelle»: le cléricalisme, instituant dans l’Eglise une mauvaise relation entre prêtres dominateurs et fidèles asservis. Selon l’académicienne pontificale, cette relation perverse serait due à la contre-réforme tridentine : « la formation psychosexuelle [des séminaristes] était très insuffisante ; était promue aussi une image singulière du prêtre dans la mouvance du concile de Trente, au XVIe siècle. Considéré comme un ‘autre Christ’, le clerc était mis à part,  ‘sacralisé’ dans une perfection supérieure à celle du laïc, ce qui pouvait engendrer un entre-soi problématique ». 

    On ne s’étonnera donc pas de la « surprise » exprimée par Mme Thiel à la lecture du texte publié en avril dernier par le pape émérite Benoît XVI expliquant que la source fondamentale des abus avait une origine moins lointaine : il s’agit du relativisme moral actuel de nos sociétés depuis les années 1960.

    Il est vrai que, dans sa «Lettre au peuple de Dieu» du 20 août 2018, le pape François attribue les abus sexuels ecclésiastiques au « cléricalisme », qualifiant ainsi, sans autre précision, un abus de pouvoir qu’il a raison de souligner. Mais, d’un point de vue sémantique, on peut regretter, avec l’abbé Christian Gouyaud (1), de voir assumée dans le discours pontifical une expression ambiguë, historiquement connotée dans un autre contexte et assénée à tout propos par les adversaires de l’Église: « Le cléricalisme, voilà l’ennemi! » : elle est parfaitement relayée, encore aujourd’hui, par les laïcards de tous poils dénonçant, à tort et à travers, l’ingérence de l’Église dans les questions sociétales.

    Enfin, émanant d’une théologienne membre d’une académie pontificale, la mise en cause de la sacralisation du prêtre surprend d’autant plus que l’argument est facile à retourner : « N’est-ce pas par défaut de sens du sacré de l’homme – et de l’enfant, en l’occurrence – qu’on le réduit à un objet de concupiscence et à un moyen d’assouvir sa pulsion ? Même si ces crimes ont été encore récemment commis, il faut dire que la plupart d’entre eux – connus – relèvent aussi d’une époque où le prêtre a justement été désacralisé.  On évoque aussi, comme remède, la promotion du laïcat, mais une telle promotion, justement fondée sur le sacerdoce baptismal, ne s’est-elle pas, hélas, bien souvent opérée pratiquement en termes de prise de pouvoir et de cléricalisation des laïcs ? Quant au comportement clérical, ne pourrait-on pas complètement s’en affranchir en acceptant de répondre simplement aux doutes soulevés courageusement à propos d’une inflexion possible de la doctrine ? » (2)

    JPSC

    ________

    (1)(2) La faute au « cléricalisme » ? par l’Abbé Christian Gouyaud, membre de l’association sacerdotale « Totus tuus », article publié dans « La Nef », n° 309, décembre 2018.

    Ref. "Dans l’Église, les abus ne sont pas accidentels, mais structurels"

  • Le taux de survie des Juifs de France, supérieur à celui de la plupart des pays occupés, s’explique en partie par le rôle de l'Eglise

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    Du site de France Catholique :

    L’Eglise a-t-elle contribué à contenir les déportations de Juifs ?

    mardi 16 juillet 2019

    Le 23 août 1942, Mgr Jules Saliège fit lire dans toutes les paroisses de son diocèse une lettre dénonçant les persécutions antisémites (DR)

    « Cogito », la lettre de la recherche éditée par Sciences-Po vient de publier une interview de Jacques Semelin, directeur de recherche CNRS au Centre de recherches internationales (CERI). Selon ce spécialiste reconnu des violences de masse, le taux de survie des Juifs de France, supérieur à celui de la plupart des pays occupés, s’explique en partie par les « racines chrétiennes » du pays.

    Jacques Semelin est l’auteur de La survie des Juifs de France – 1940-1944 (CNRS Editions). Publié en octobre 2018, cet ouvrage dense, préfacé par Serge Klarsfeld, cherche à comprendre pourquoi près de 75% des Juifs ont échappé à la mort en France, quand cette proportion était parfois bien supérieure dans d’autres pays de l’Europe occupée : seulement 25% des Juifs ont survécu aux Pays-Bas, 45% en Belgique. Ne relativisant en aucune manière les souffrances subies, l’auteur identifie une série de facteurs explicatifs, parmi lesquels figure en bonne place l’influence de l’Eglise.

    Interviewé par Miriam Perié pour la revue Cogito (06/07), l’organe de la recherche à Sciences-Po, l’auteur dresse la synthèse de ses conclusions, fondées sur des études statistiques et le recueil ou la consultation de nombreux témoignages. Il existe tout d’abord des facteurs structurels, comme l’existence d’une zone non-occupée jusqu’en novembre 1942 qui – en dépit des mesures antisémites de Vichy – offrait un environnement moins menaçant que les zones occupées par les nazis. De manière conjoncturelle, les revers subis par l’Axe à partir de 1943 auraient également conduit Vichy à faire preuve de moins d’empressement pour appliquer certaines mesures de persécution comme la dénaturalisation des Juifs français.

    Prise de conscience

    Mais l’auteur estime aussi que la survie relative des Juifs de France sous l’occupation s’explique aussi par la répugnance d’une partie non-négligeable de la population à se faire complice des mesures de persécution, et a fortiori de déportation. Sentiment qui se serait cristallisé à partir de l’été 1942. « À l’été 1942, l’opinion est émue voire choquée que des policiers et des gendarmes français arrêtent des femmes et des enfants alors que les mesures légales de discrimination antisémite adoptées en 1940 n’avaient jusqu’alors suscité qu’une relative indifférence au sein de la population. C’est donc le basculement dans la persécution physique qui provoque des réactions de désapprobation ou d’entraide  », estime Jacques Semelin.

    En août 1942, la dénonciation publique des persécutions antisémites par le cardinal Jules Saliège, archevêque de Toulouse, joue un rôle majeur. C’est, dit l’historien, « la protestation probablement la plus diffusée par la Résistance ». Dans toute la France, on aurait alors assisté à une « solidarité des petits gestes ». Ce sursaut « puise dans les racines chrétiennes, l’héritage républicain et l’esprit patriotique de la France », souligne Jacques Semelin. Ce qui n’empêchera pas 25% des Juifs de France de disparaître dans la tourmente de l’Occupation. «  Il ne s’agit pas de soutenir que les trois quarts des juifs vivant en France ont été « sauvés » mais qu’ils ont pu survivre dans le pays. Ce n’est pas du tout la même chose », précise-t-il.

  • Europe : Ursula von der Leyen n'est pas la candidate conservatrice que certains imaginent

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    La désignation d'Ursula von der Leyen ayant été confirmée hier par un vote à une majorité assez courte, nous republions cette note parue sur notre blog il y a une dizaine de jours. Nous ajouterons que le premier tweet de la nouvelle élue rend un hommage appuyé à Simone Veil.


    Ursula von der Leyen @vonderleyen

    Il y a 40 ans, était la première femme élue présidente de @Europarl_EN. Si l'Europe était une femme, l'Europe serait Simone Veil. Interrogeons-nous aujourd'hui sur la façon dont nous pouvons perpétuer sa vision, celle d'une Europe unie et en paix.

    Ursula von der Leyen : pas de virage conservateur en vue à Bruxelles

    mercredi 3 juillet 2019

    Désignée pour prendre la tête de la Commission Européenne, l’Allemande Ursula von der Leyen a multiplié les prises de position en faveur des évolutions sociétales. A son nouveau poste, celle qui succède à Jean-Claude Juncker disposera de leviers législatifs et exécutifs importants pour les promouvoir.

    De prime abord, une série d’éléments pourrait laisser facilement supposer une forte proximité entre Ursula von der Leyen et les positions conformes à l’enseignement traditionnel de l’Eglise. Mère de sept enfants, issue d’une famille ancienne de la bourgeoisie commerçante, mariée au descendant d’un très illustre lignée de l’aristocratie allemande, la nouvelle présidente de la Commission Européenne, désignée mardi, coche sur le papier toutes les cases qui correspondent à une telle image, confortée par son appartenance à la CDU, encore marquée par son identité démocrate-chrétienne. De même, les portefeuilles qu’elle a successivement détenus au sein du gouvernement fédéral allemand : la Famille (2005-2009), le Travail (2009-2013) et la Défense (2013-2019) pouvaient laisser supposer un tropisme pour des thématiques auxquelles sont sensibles les sensibilités conservatrices.

    Pourtant, depuis qu’elle occupe ces positions éminentes, cette femme de 60 ans, réputée pour son énergie et son dynamisme, multiplie les actions et les prises de position qui battent en brèche ces a priori manifestement dénués de fondements. Ainsi, à la tête du ministère de la Famille, des Personnes Âgées, des Femmes et de la Jeunesse, elle s’est efforcée de favoriser la création de 500.000 places en crèche et d’encourager les congés parentaux pour les pères, afin de favoriser le travail des femmes.

    A contre-courant de la CDU

    Sa vision, à contre-courant de celle la CDU, avait alors provoqué une vive controverse en Allemagne où l’intervention de l’Etat dans la vie familiale et l’éducation des enfants est considérée avec la plus grande méfiance depuis les expériences du national-socialisme et du communisme. L’évêque d’Augsbourg, Mgr Walter Mixa, s’était alors vivement opposé aux projets d’Ursula von der Leyen dans lesquels il voyait « une politique idéologiquement déterminée qui sent la RDA ».

    Dix ans plus tard, alors qu’elle détenait le portefeuille de la Défense, elle avait voté en faveur du mariage homosexuel, faisant ainsi partie des 75 députés de la CDU sur 300 qui s’étaient positionnés en faveur de ce projet. Ursula von der Leyen s’était également montrée favorable à l’adoption conjointe par les couples homosexuels. « Je ne connais aucune étude qui démontrer qu’un enfant élevé dans un couple gay diffère de celui élevé dans une couple hétérosexuel » avait-elle argumenté dès 2013.

    Ces propos peuvent laisser augurer que sa politique à la tête de la Commission Européenne ne variera guère par rapport au mandat précédent. Car comme le détermine l’article 17 du Traité sur l’Union Européenne, le président de la Commission dispose d’un pouvoir essentiel en matière de proposition législative et doit veiller à l’exécution du droit de l’Union. Or la Commission a placé les questions sociétales au cœur de ses préoccupations. En mars dernier, la Commission Européenne a ainsi présenté ses priorités en ce qui concerne la promotion des droits des personnes homo- ou transsexuelles, dans un rapport (format pdf) intitulé : «  Liste des actions entreprises par la Commission pour promouvoir l’égalité LGBT », préfacé par Vera Jourova, commissaire européen en charge de la Justices, des Consommateurs et de l’Egalité des Genres. Mais il est encore trop tôt pour savoir de quelle manière Ursula von der Leyen entend promouvoir ses convictions dans le cadre de ses nouvelles responsabilités.

  • Norvège, Suède : des services sociaux anti-familiaux

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    Lu sur le site "La sélection du jour" :

    LE « MODÈLE SCANDINAVE » : DES SERVICES SOCIAUX ANTI-FAMILIAUX

    Les autorités françaises lorgnent de plus en plus ostensiblement vers le « modèle scandinave » qu’il s’agisse d’éducation ou d’écologie : après avoir voté l’interdiction de la fessée 40 ans après la Suède, l’Assemblée nationale (française) s’apprête à recevoir avec le respect dû à son aura, la jeune suédoise Greta Thunberg (16 ans), l’icône de la lutte contre le réchauffement climatique qui sillonne désormais la planète pour sermonner les adultes. En Suède comme en Norvège, les enfants et les adolescents sont supposés éduquer leurs aînés, avec l’appui volontiers coercitif de la puissance de l’Etat. Le souvenir des méthodes utilisées par les totalitarismes communistes et nazis, qui n’hésitaient pas monter les jeunes contre leurs aînés jusqu’à les encourager à dénoncer leurs parents, ne semble pas arrêter cet engrenage.

    Heureusement, quelques grains de sable viennent parfois gripper ce mécanisme totalitaire. Ainsi, une famille russe résidant en Suède s’est réfugiée en Pologne pour échapper aux services sociaux suédois… Le père de famille, Denis Lisov, avait été séparé de ses trois filles, Sofia, 12 ans, Serafina, 6 ans et Alisa, 4 ans, dont la mère souffre d’une schizophrénie paranoïde. Les tout-puissants services sociaux suédois, qui n’aiment rien tant que « la diversité », avaient alors (en septembre 2017) décidé de placer ces trois fillettes, chrétiennes orthodoxes, dans une famille d’accueil musulmane, elle-même émigrée du Liban, et demeurant à 300 km du lieu de résidence de leurs parents russes. Mettant à profit son droit de visite, Denis Lisov est parvenu à quitter la Suède avec ses trois filles le 1er avril : les fugitifs ont pris le bateau jusqu’en Pologne d’où ils espéraient prendre l’avion pour Moscou. Mais leur signalement ayant été lancé par la Suède via le système d’information Schengen (SIS), leur fuite a été stoppée à l’aéroport de Varsovie. Les autorités suédoises, qui avaient réservé des places pour ramener les trois filles par avion en Suède en les arrachant à leur père, ont alors engagé un bras-de-fer avec les policiers et les gardes-frontières de l’aéroport de Varsovie. Ceux-ci ont refusé de renvoyer les fillettes parce que les Suédois n’ont pu fournir aucune preuve que Denis Lisov aurait été privé de ses droits parentaux tandis que lui-même pouvait produire les certificats de naissance de ses trois filles, attestant de sa paternité. En outre, celles-ci ont clamé qu’elles voulaient rester avec leur père et se sont montrées paniquées quand leur père d’accueil s’est présenté à l’aéroport de Varsovie, flanqué d’un cousin, pour les ramener en Suède. Sur Twitter, le secrétaire d’État aux Affaires étrangères et le ministre de l’Intérieur polonais ont félicité les policiers et les gardes-frontières pour leur attitude.

    Denis Lisov a demandé l’asile à la Pologne afin d’empêcher son rapatriement en Suède. Le 10 juillet dernier, le tribunal régional de Varsovie a jugé que le mandat d’arrêt européen émis par Stockholm à l’encontre de Denis Lisov porte atteinte « aux libertés et aux droits de l’homme ». La Pologne ne livrera donc pas aux le père de famille et ses trois filles à la Suède. « Un pays qui devrait être pour nous un exemple en matière de respect de l’État de droit et de protection des droits de l’homme n’a pas mis en œuvre convenablement la Convention internationale relative aux droits de l’enfant » a commenté le médiateur polonais des droits des enfants.

    Un cas analogue, mettant en cause cette fois-ci la Norvège, s’est produit en décembre 2018 : la Pologne a accordé l’asile à une mère norvégienne, Silje Garmo et à sa fille Eira, les autorités norvégiennes n’ayant pu prouver que la garde d’Eira avait bien été retirée à sa mère. Celle-ci avait fui son pays en mai 2017 avec son bébé pour qu’il ne lui soit pas enlevé par l’Office de protection des droits des enfants (Barnevernet), sous prétexte que Silje Garmo abuserait de médicaments analgésiques et aurait un style de vie « chaotique », incompatible avec le rôle de mère. Le Barnevernet n’a pas bonne réputation : 8 affaires de ce type concernant la Norvège sont en jugement devant la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH), dont l’une s’est déjà soldée par une condamnation de la Norvège. « Enfants confisqués d’autorité sur simple dénonciation et placés dans une famille d’accueil sans concertation ni information préalable, ni possibilité de les récupérer pour les parents biologiques…En voulant sauvegarder l’enfance, la politique familiale de la Norvège détruit des vies d’enfants et de parents démunis devant le dysfonctionnement du système» dénonce ce reportage d’Arte.

  • UNESCO : le Saint-Siège défend la dimension cultuelle de Notre-Dame de Paris

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    De Vatican News :

    À l’Unesco, le Saint-Siège défend la dimension cultuelle de Notre-Dame de Paris

    Mgr Francesco Follo, observateur permanent du Saint-Siège auprès de l’Unesco, s’est exprimé sur la reconstruction de la cathédrale Notre-Dame de Paris, ravagée par un incendie le 15 avril dernier. Le diplomate italien participait à une session du Comité du patrimoine culturel et naturel mondial tenue à Bakou en Azerbaïdjan, le 4 juillet.

    «Que la cathédrale Notre-Dame puisse redevenir, grâce aux travaux de reconstruction et à la mobilisation de tous, ce bel écrin au cœur de la cité, signe de la foi de ceux qui l’ont édifié, église-mère de votre diocèse, patrimoine architectural et spirituel de Paris, de la France et de l’humanité». Les mots du Pape François au lendemain de l’incendie ont été rappelés par Mgr Francesco  Follo.

    Le représentant du Saint-Siège près de l’Unesco qui a affirmé sans détour, avec une évidence bien naturelle, que l’état actuel de la cathédrale, ses travaux de restauration et de reconstruction prévus mettaient en évidence le caractère central de sa dimension cultuelle.

    La manifestation d'une transcendance

    Ainsi il appuie les propos de Mgr Michel Aupetit, archevêque de Paris, quelques jours après l'incendie: «L’autre chose qui unit la cathédrale et la personne humaine, c’est l’onction qu’elles peuvent recevoir pour manifester une transcendance, une présence divine qui leur confère un caractère sacré”.[1]

    La restauration et la reconstruction de la cathédrale - mais aussi de tous les Biens d'Intérêt Religieux protégés par l'UNESCO - implique «de reconstituer l'origine d'une œuvre», retrouvant «le fait générateur qui en a créé la signifiance», a ajouté Mgr Follo, citant  le théologien italien, Romano Guardini (1885-1968), un des protagonistes du Mouvement liturgique (courant réformateur de l’Église apparu courant XIXème siècle).

    Le culte et les structures

    «Il est crucial de sauvegarder cette signifiance», a-t-il insisté, soulignant l’interdépendance et la connexion de la vie religieuse avec le culte et les structures qui la garde.

    «Les éléments qui seront reconstruits doivent répondre à la finalité pour laquelle le bâtiment fut érigé. En effet, la forme conserve et transmet sa Beauté seulement si elle adhère à sa finalité, de manière à conserver la lisibilité de son identité», a-t-il argumenté inspiré par la philosophie de Jacques Maritain, selon laquelle «le Beau est une fulguration d’intelligence sur une matière intelligemment disposée, une entité matérielle disposée de telle sorte que la «beauté immatérielle» soit intelligible par sa forme».

    Pour la communauté des chrétiens qui veulent revenir vivre à la cathédrale, il est nécessaire de redonner non seulement un bien culturel, mais aussi un lieu où il soit possible de faire une expérience de sa signifiance et de la même foi que celle de ceux qui l’ont édifié, a abondé en ce sens l’observateur permanent du Saint-Siège.

    La dimension religieuse, condition de la valorisation

    Dans ce contexte, le souhait du Saint-Siège est que la cathédrale Notre-Dame de Paris soit rendue aux croyants, aux non-croyants et aux générations futures, conformément au principe selon lequel «la sauvegarde du patrimoine culturel, y compris sa fondamentale dimension religieuse, est une condition incontournable de sa valorisation.»

    Trois mois après l’incendie, les travaux se poursuivent au sein de la cathédrale. À ce jour, «la fondation Notre-Dame» et «le fonds Notre-Dame» ont recueilli des dons évalués à 38 millions d'euros, soit 10% de la totalité des sommes données, a indiqué Mgr Aupetit le 8 juillet sur l’antenne de la radio RTL.

  • En Espagne, on dépense dix fois plus pour les avortements que pour les grossesses

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    EN ESPAGNE, DES DÉPENSES DIX FOIS SUPÉRIEURES POUR LES IVG QUE POUR LES GROSSESSES

    de genethique.org

    La Fondation déplore par ailleurs que les aides aux femmes qui attendent un bébé soient soumises au seul critère de « situation d’exclusion sociale ». L’aide « n’est pas versée du fait de la grossesse, mais à cause de ses difficultés économiques, circonstances étrangères à sa décision de devenir mère ».Des mesures devraient être proposées « pour soutenir la maternité, que la femme se trouve ou non dans une situation vulnérable », explique Amaya Azcona, présidente de la Fondation.

    Sources: ABC.es, Laura Peraita (11/06/2019) - El Estado destina 34 millones de euros a financiar el aborto y 3,6 a la mujer embarazada

  • Les flux migratoires de prêtres entre continents

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    De Vatican News :

    (Photo d'illustration)

    (Photo d'illustration) 

    Manque de prêtres en Europe et en Amérique: l’Afrique et l’Asie à la rescousse

    Le bureau central des statistiques de l’Église a publié une note sur les flux migratoires de prêtres entre continents.

    L’analyse se limite au clergé diocésain et concerne la période 1978-2017 ; elle montre une nette diminution de nombres de prêtres qui émigrent d’Europe (- 56,9%), d’Amérique (-55,8%), et d’Océanie (-55,3%). Inversement, le nombre de prêtres qui partent d’Afrique (+366,2%) et d’Asie (+99%) connait une augmentation fulgurante. La moitié de ces prêtres se retrouvent en Europe, tandis que l’Amérique du Nord en accueille 36%.

    L’Afrique et l’Asie connaissent donc des soldes migratoires négatifs, puisque le nombre de prêtres «sortants», dépassent largement celui de prêtres «entrants» :  en 1978, 282 prêtres diocésains quittaient le continent africain, contre 4 514 en 2017. De même, en Asie, le solde est passé de -857 en 1978 à -2 189 en 2017. Ce mouvement migratoire des prêtres incardinés dans des pays africains et asiatiques sera peut-être amené à croitre dans les prochaines années, contribuant ainsi à pallier la carence de curés en Europe et Amérique. De fait, les corps sacerdotaux européens et américains se retrouvent très affaiblis en raison de taux de renouvellement très bas.

    Dans un avenir proche, fait observer la note du bureau des statistiques, l'Asie et surtout l'Afrique, où les candidats au sacerdoce sont en nette croissance, pourraient remplacer les fonctions exercées par les prêtres du vieux continent et de l'Amérique du Nord, garantissant une vigueur nouvelle aux structures ecclésiastiques.

  • Les surprises de la prédication au Moyen Âge

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    Du site "Canal Académie" (Les Académies et l'Institut de France sur Internet) :

    De Xavier Darcos (Chancelier de l'Institut de France) :

    “Une leçon écoutée donne plus de profit que quatre étudiées par soi-même écrivait vers 1300 Raoul Le Breton, maître en théologie de la Sorbonne. Cette citation, qui illustre bien la grande estime dans laquelle le monde médiéval tenait l’art oratoire, figure dans l’ouvrage que Nicole Bériou, membre de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, a récemment consacré à la prédication au Moyen Âge (1).

    Au fil de cette vaste étude, comme dans l’entretien qu’elle nous a accordé, l’auteur souligne la haute idée que les prédicateurs médiévaux se faisaient de leur mission et à quel point, dans un contexte marqué par un foisonnement de paroles concurrentes et potentiellement hérétiques, ils envisageaient leurs prises de parole comme un véritable art.

    Parmi d’autres surprises, Nicole Bériou souligne ainsi que les prédicateurs n’hésitaient pas à innover en s’inspirant des techniques développées par leurs concurrents, jongleurs, poètes et musiciens, pour capter l’attention et mieux faire passer leur message, jusqu’à donner parfois à leurs prêches la forme de véritables saynètes de théâtre.

    De la sorte, elle nous invite à porter “un autre regard sur la prédication au Moyen Âge”, mais aussi sur le monde médiéval lui-même. La programmation que nous vous proposons cette semaine s’inscrit dans ce mouvement de redécouverte d’une période longtemps caricaturée et injustement dévalorisée. Vous y reconnaîtrez notamment les voix de Jean Favier, Michel Pastoureau, André Vauchez et Michel Zink, ainsi que des évocations des travaux de Georges Duby et Émile Mâle.

    (1) Religion et communication : un autre regard sur la prédication au Moyen Âge, par Nicole Bériou, Éditions Droz, juillet 2018, 563 p., 24€ 

     

     

     

    Un autre regard sur la prédication au Moyen Âge

    Entretien avec Nicole Bériou, membre de l’Académie des inscriptions et belles-lettres
    Comment être écouté et se faire entendre des simples gens ? Comment les entretenir efficacement de Dieu, des anges et des saints ? Comment les inciter à une authentique conversion ? Ces questions sont celles que se posaient les prédicateurs du Moyen Âge, dont la médiéviste Nicole Bériou souligne, dans un récent ouvrage (Religion et Communication, Éditions Droz, 2018), la volonté de parvenir à l’excellence dans l’art oratoire. En révélant notamment leur constant souci d’innovation, elle nous invite à porter “un autre regard sur la prédication au Moyen Âge”, mais aussi sur l’ensemble de cette période, décidément plus inventive qu’on a longtemps voulu le dire.
  • Le Dalaï Lama a une nouvelle fois mis en garde l’Europe qui pourrait devenir « musulmane ou africaine »

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    Du site de Valeurs Actuelles :

    Migrants : le Dalaï Lama redoute que l’Europe devienne “musulmane ou africaine”

    Vendredi 28 juin 2019

    Le chef spirituel bouddhiste tibétain a ajouté, en interview sur la BBC, qu’un “nombre limité” de réfugiés devait être autorisé à rester.

    Non, le Dalaï Lama n’a pas pris sa carte au Rassemblement national. Mais il pourrait s’y trouver fort à l’aise à entendre ses dernières déclarations fracassantes sur l’immigration. Le chef spirituel bouddhiste, qui vit comme réfugié en Inde depuis qu’il a fui le Tibet en 1959, a une nouvelle fois mis en garde l’Europe, qui pourrait devenir « musulmane ou africaine » si les migrants arrivés sur le continent ne sont pas renvoyés dans leurs pays d’origine. Lui pense, au contraire, qu’un « nombre limité » d’entre eux doivent être autorisés à rester.

    Au cours de cette interview à la BBC, le Dalaï Lama a précisé que les migrants nécessiteux devraient pouvoir être formés avant de s’en retourner chez eux. « Les pays européens devraient accueillir ces réfugiés et leur procurer éducation et formation, le but étant qu’ils retournent dans leurs pays avec certaines compétences », a ainsi déclaré le leader religieux de 83 ans. Interrogé sur ceux qui voudraient rester en Europe, il a ajouté : « Un nombre limité, ça va. Sinon, toute l’Europe deviendra un jour musulmane ou africaine, c’est impossible. »

    « Chaque pays a sa propre culture »

    Relancé par le journaliste de la chaîne britannique sur son statut de réfugié, le Dalaï Lama l’a répété : « L’Europe est pour les Européens. » Avant de poursuivre : « Eux-mêmes sont mieux sur leurs propres terres. » Ce n’est pas la première fois que le chef spirituel bouddhiste, très respecté et populaire dans le monde occidental, prononce des propos aussi iconoclastes, rappelle le Dailymail. L’année dernière, à Malmö en Suède comme à Rotterdam aux Pays-Bas, il avait déjà affirmé au cours de conférences : « L’Europe appartient aux Européens. »

    « Chaque pays a sa propre culture, sa propre langue, son propre mode de vie, et il est mieux pour chacun de vivre dans son propre pays. C’est mon opinion », a souligné le Dalaï Lama sur la BBC, alors que 4,4% de la population de l’Union européenne (512 millions d’habitants) ne sont pas citoyens du continent et que 2,4 millions de migrants sont entrés dans l’UE en 2017. Décidément peu politiquement correct, ce féministe revendiqué avait même déclaré, en 2015, à propos de sa succession : « Si c’est une femme, elle devra être plus attirante. »

  • Kosovo : "nous vivons comme des otages dans notre propre maison"

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    De Vladimir de Gmeline sur le site de Marianne :

    Kosovo : "La situation n'a jamais été pire dans les Balkans"

    Difficile de trouver un autre terme qu'« oasis » pour exprimer le sentiment qui saisit le visiteur en arrivant au monastère de Decani, à l'ouest du Kosovo, dans la vallée de la Drenica. Un bijou d'architecture byzantine, construit au XIVe siècle, abrité par des montagnes boisées, posé le long d'une rivière, au milieu d'une plaine fertile. Une église de marbre blanc, des portes sculptées monumentales, des fresques peintes et tout autour le bâtiment où vivent vingt moines orthodoxes. Un lieu classé au patrimoine de l'Unesco, mondialement connu, mais toujours protégé par un détachement de la KFOR. Des soldats slovènes le jour où nous nous y rendons.

    Le père Sava dirige ce monastère depuis plus de vingt ans. Un lieu saint pour les serbes, à la fois hors du temps et furieusement moderne. Les moines vivent en parfaite autonomie alimentaire, produisant leurs propres fruits et légumes, fabriquant leur pain et une eau de vie réputés, tout en animant un site Internet et en communiquant avec l'extérieur grâce aux réseaux sociaux. Le père Sava utilise WhatsApp et s'exprime dans un anglais parfait, lui qui fut un opposant notoire à Milosevic dans les années quatre-vingt dix, protégeant les albanais opprimés par le gouvernement de Belgrade, avant d'être lui-même la cible des guérilleros indépendantistes de l'UCK. Decani se trouve au beau milieu du fief de Ramush Hardinaj, leader historique, charismatique et controversé de ce mouvement (il fut inculpé de crimes contre l'humanité par le TPI avant d'être relaxé) et actuel premier ministre du Kosovo indépendant.

    Après les rues poussiéreuses de la ville où se dressent des statues des héros albanais et où les drapeaux rouges à l'aigle noir flottent à tous les carrefours, une petite route mène à l'entrée du monastère, à l'ombre de grands sapins. C'est celle qu'empruntent les serbes des enclaves, souvent pauvres et isolés, pour venir assister aux messes et aux fêtes religieuses, avant que les moines ne les accueillent pour un « verre de l'amitié ». Pour ces populations qui ne forment plus que cinq pour cent de celle du Kosovo, à l'écrasante majorité albanophone, ces moments sont une respiration, l'occasion d'entretenir un lien religieux, culturel et humain, alors qu'eux aussi sont soumis à des vexations et vols réguliers, sans pouvoir se défendre ni porter plainte. Négligés par le gouvernement central de Pristina, abandonnés par Belgrade qui les utilise politiquement plus qu'il ne les aide véritablement, les serbes des enclaves trouvent à Decani un réconfort dont personne ne sait s'il pourra durer.

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