Dans un cycle de conférences organisé en 2017 à l’ULg par le Groupe de réflexion Ethique sociale et l’Union des étudiants catholiques de Liège sur le thème « L’Europe, ses fondements, aujourd’hui et demain », David Engels avait déjà présenté au public réuni dans la salle des professeurs de l’ "Alma Mater" liégeoise un premier livre, intitulé « Le Déclin », pour mettre en lumière des analogies historiques entre la crise de l’Union européenne et la chute de la république romaine à la fin du 1er siècle avant J.C.
David Engels était alors titulaire de la chaire d’histoire romaine à l’U.L.B., avant d’être appelé à l’Institut Zachodni de Poznan, en tant que professeur chargé de recherche pour l’analyse de l’histoire intellectuelle de l’Occident.
Les deux ouvrages qu’il publie aujourd’hui, dans la ligne de son premier essai, sont complémentaires : le premier plaide pour une « Renovatio Europae » (*) hepérialiste (**) réunissant aussi, autour de celles de David Engels lui-même, plusieurs contributions d’écrivains, philosophes, publicistes ou économistes universitaires de renom. Le second ouvrage, intitulé « Que faire? Vivre avec le déclin de l’Europe » (***), est l’autre volet du dyptique : un vade-mecum pratique, s’il n’est pas trop tard, pour gérer sa vie au quotidien, se projeter malgré tout dans l’avenir et, surtout, léguer notre héritage en danger à nos descendants…
JPSC
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(*) Renovatio Europae. Plädoyer für einen hesperialistischen Neubau Europas, Lüdinghausen - Berlin, Manuscriptum, 2019, 220p. (ISBN 978-3-948075-00-2).
(**) du grec Ἑσπερίδες : seul un regard vers le jardin des Hespérides de notre culture historique dominante pourrait, selon l’auteur, laisser une chance que l’Europe de l’Occident tardif ne sombre pas bientôt dans le multiculturalisme impitoyable de sociétés parallèles en guerre.
(***) David Engels, Que faire? Vivre avec le déclin de l'Europe, Groningen, Blue Tiger Media, 2019, 122p. (ISBN 9789492161833).
Réalisme ou catastrophisme ? Louise Darbon sur le site du Figaro Vox a interviewé » David Engels :
David Engels: «Le déclin de l’Occident n’est pas un accident de parcours»
Mis à jour
FIGAROVOX/GRAND ENTRETIEN - Inquiet de voir la civilisation européenne dépérir, l’historien David Engels livre ses réflexions et conseils personnels dans Que faire? Vivre avec le déclin de l’Europe, un guide de survie à l’usage des amoureux de l’Occident.
David Engels est historien et professeur à l’Institut Zachodni en Pologne et à l’Université libre de Bruxelles. Il est l’auteur de plusieurs livres dont Le Déclin. La crise de l’Union européenne et la chute de la République romaine (Éditions du Toucan, 2013) et Que Faire? Vivre avec le déclin de l’Europe (Blue Tiger Media, 2019).
FIGAROVOX.- Votre livre Que Faire? Vivre avec le déclin de l’Europe relève plus du témoignage personnel que de l’essai politique. Pourquoi avez-vous voulu partager ces réflexions intimes?
David ENGELS.- La situation est grave: ce n’est pas seulement un modèle politique, économique ou social qui est graduellement en train de disparaître, mais l’entièreté de ce qui fut, pendant mille ans, «l’Occident». Cette évolution est tout sauf un fait divers dont il suffirait de prendre bonne note avant de continuer comme si de rien n’était: le déclin massif de l’Europe en tant que civilisation est une véritable tragédie historique qui nous concerne tous, non seulement en tant que collectif, mais aussi en tant qu’individus. Personnellement, je souffre énormément de la fin annoncée de la civilisation occidentale que j’aime de tout mon cœur, et je sais que je suis loin d’être le seul dans ce cas, bien que beaucoup de contemporains ne se rendent pas encore tout à fait compte de la nature gravissime de cette évolution ou n’osent pas en tirer les conséquences qui s’imposent. C’est pour eux que j’ai écrit ce livre, afin de partager avec eux mes réflexions pour savoir comment nous, amoureux de l’Occident, de son histoire, de son patrimoine et de ses traditions, pouvons faire pour rester fidèle, dans un monde post-européen, à nos convictions intimes, et pour les léguer à nos descendants.
Vous rappelez l’analogie entre le déclin actuel du monde occidental et le déclin du monde gréco-romain que vous aviez étudié dans l’un de vos livres précédents. En quoi la comparaison tient-elle?
L’honnêteté avec elle-même doit être la vertu suprême pour toute civilisation qui se respecte.
En effet: le déclin de l’Occident, comme l’ont montré de nombreux historiens comme Oswald Spengler ou Arnold Toynbee, n’est pas un accident de parcours: il est inscrit dans la logique de l’Histoire elle-même qui a déjà connu la montée et le déclin de nombreuses autres civilisations. Dans mon livre Le Déclin , d’ailleurs tout juste sorti en édition de poche avec une nouvelle préface il y a quelques semaines, j’ai tenté de montrer à quel point la crise actuelle de l’Europe rappelait celle de la République romaine du premier siècle, quand, atteinte par une crise politique, économique, démographique, ethnique et sociale sans précédent, elle fut déchirée par des émeutes endémiques se muant en véritables guerres civiles avant de basculer vers un État autoritaire stabilisant, certes, la crise, mais au prix d’une réduction drastique de la liberté politique et d’une certaine stagnation culturelle. Je suis convaincu que cette évolution nous attend également durant les deux prochaines décennies et ne peux qu’appeler mes lecteurs à se préparer à ces événements.