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Foi - Page 171

  • Il y a soixante ans : la mort de Robert Schuman

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    De Vatican News (Delphine Allaire) :

    Robert Schuman, un politique en cohérence avec la Providence

    Il y a soixante ans, le 4 septembre 1963, une figure fondatrice de la construction européenne, le vénérable Robert Schuman, s’éteignait à l’âge de 77 ans dans le village lorrain de Scy-Chazelles (France). De la Moselle à Bruxelles, diverses célébrations saluent la mémoire d'un homme politique et de foi à l'extrême cohérence.

    Que l’Europe retrouve son âme. En dix ans, le Souverain pontife argentin n’a eu de cesse de presser le Vieux continent d’en revenir au rêve des Pères fondateurs. «Au Parlement européen, je me suis permis de parler d’une Europe grand-mère. Je disais aux eurodéputés qu’en bien des endroits grandissait l’impression générale d’une Europe fatiguée et vieillie, stérile et sans vitalité, où les grands idéaux qui ont inspiré l’Europe semblent avoir perdu leur force attractive; une Europe en déclin qui semble avoir perdu sa capacité génératrice et créative», déclarait le Pape François recevant le prix Charlemagne d’Aix-la-Chapelle, en Salle royale du Palais apostolique, le 6 mai 2016. Un rêve européen originel façonné par Alcide de Gasperi, Konrad Adenauer et Robert Schuman, triptyque d'hommes d'États animés par une profonde foi chrétienne les ayant emmenés, par exemple, dans un monastère bénédictin sur le Rhin pour méditer et prier avant d'entreprendre les négociations préliminaires au Traité de Paris, en 1951.

    Le Pape François a ainsi fait de Robert Schuman (1886-1963) un vénérable de l’Église. En juin 2021, il reconnaissait par un décret ses vertus héroïques, ouvrant la voie à la béatification de ce réconciliateur de la France et de l’Allemagne. Lors de nombreuses interventions publiques, le Pape a répété son souhait de voir l’esprit de la déclaration Schuman inspirer ceux qui ont la responsabilité de l’Union européenne actuelle.

    Le siècle d'un Européen

    Né un 29 juin 1886, solennité des saints Pierre et Paul, dans le Grand-Duché du Luxembourg, Robert Schuman baigne dès son plus jeune âge dans un cosmopolitisme européen remarqué. D'un père français de langue maternelle luxembourgeoise, devenu allemand lors de l’annexion d’une partie de la Lorraine et d'une mère luxembourgeoise, allemande par alliance, Robert Schuman est allemand de naissance. Il étudie dans le Grand-Duché où il apprend la langue de Molière.

    Sa carrière politique débute à 33 ans, en 1919, lorsqu'au lendemain de la Première Guerre mondiale, il est élu député de Moselle. Un mandat durant lequel il s'engage en faveur du Concordat avec le Saint-Siège et dans la défense de la justice sociale.

    Ses activités sont interrompues par la Seconde Guerre. Arrêté et emprisonné par la Gestapo de septembre 1940 à avril 1941, il s'échappe et reste dans la clandestinité jusqu'à la fin du conflit, se réfugiant principalement dans des couvents et des monastères, comme la trappe de Notre-Dame des Neiges. La paix rétablie, il devient ministre des Affaires étrangères français de 1948 à 1952.

    Foi, érudition, engagement politique

    Preuve d'un sens certain du bien commun et du devoir d'État, il écrivait alors: «La vie sans responsabilité politique est certes plus facile, surtout dans le désarroi actuel. Mais nul n’a le droit de se dérober, moins que jamais. Ma santé est bonne, malgré des accès de lassitude qui ne sont pas toujours suffisamment expliqués par l’effort que je fais. Mais j’espère pouvoir faire face à toutes les exigences raisonnables. Je m’en remets pour cela à la Providence».

    Latiniste, helléniste, fin connaisseur de saint Augustin, Robert Schuman, a consacré son existence à l’idéal humaniste chrétien européen. Fort d'une foi sincère, enracinée dans la prière et les Évangiles, l’artisan du Traité de Rome est qualifié par Paul VI de «pionnier infatigable de l’Europe unie». Sa participation quotidienne à l'Eucharistie, recueillie et silencieuse, suscitait l'émerveillement et l'admiration de tous ceux qui le rencontraient. Dès qu’il le pouvait, il se rendait au Saint-Sacrement et se confessait. Homme de prière personnelle et liturgique, il célébrait régulièrement la liturgie des Heures. Pèlerin de la paix et de la détente en Europe, en 1958, Robert Schuman, président du Mouvement européen, est élu par acclamation premier président du nouveau Parlement européen. En 1959, frappé par les premiers symptômes d’une sclérose cérébrale, il renonce à ses engagements.

    «Un saint en costume»

    «Il liait la contemplation et l’action. Saint Ignace de Loyola aurait dit contemplatif dans l'action. Il considérait son engagement politique comme une mission. Peu de personnes savent qu’il a voulu entrer au séminaire pour devenir prêtre. Et son meilleur ami lui aurait dit à ce moment-là, ‘’aujourd’hui, nous avons besoin de saints en costume’’. Cette phrase est une invitation à toutes les personnes œuvrant pour l’Europe», raconte père Krystian Sowa SJ, directeur pastoral de la chapelle de la Résurrection ou «chapelle pour l’Europe» à vocation œcuménique, installée au cœur du quartier européen à Bruxelles. Selon le jésuite germano-polonais, Robert Schuman, modèle du politique en voie de sainteté, fait briller les caractéristiques de l’humaniste chrétien: «Être contemplatif en action, compétent, rayonner de l’espérance de la foi, ne pas se décourager par la bureaucratie européenne et les défis de ce projet à 27, être personnaliste, avoir le respect absolu de la dignité humaine et promouvoir la culture de solidarité et de dialogue».

  • En Mongolie, le pape rend hommage au père Teilhard de Chardin

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    De Jean-Marie Guénois sur le site du Figaro :

    Voyage du pape en Mongolie: l'hommage vibrant de François au jésuite français Teilhard de Chardin

    Le chef de l'Eglise catholique a également profité de sa présence en Mongolie pour lancer un appel aux « catholiques chinois » en leur demandant d'être des « bons citoyens »

    À l’issue de la messe dominicale célébrée dans le palais des sports d'Oulan Bator, capitale de la Mongolie où le pape accomplit une visite apostolique jusqu'à demain, François a rendu hommage inédit à un jésuite français, géologue et paléontologue, spécialiste des fossiles, ardent défenseur de la théorie de l'évolution et théologien, le Père Pierre Teilhard de Chardin, né dans le Puy-de-Dôme en 1881 et mort à New-York en 1955. Le pape s'est notamment référé à son fameux texte de «la messe sur le monde».

    François a aussi créé la surprise à la fin de cette célébration, en lançant un appel direct aux «catholiques chinois», leur demandant d'être de «bons chrétiens et de bons citoyens». Il a alors fait venir près de lui l'actuel évêque de Hong Kong, Mgr Stephen Chow, un jésuite qui sera créé cardinal à Rome le 30 septembre prochain, et son prédécesseur, le cardinal John Tong-Hon. Les plaçant de part et d'autre de lui, leur tenant fortement les bras, il a lancé son appel aux catholiques chinois, pays où il aimerait être invité. Des fidèles chinois présents dans la salle ont alors crié «salut, bonjour, vive le pape».

    Texte de méditation, majeur et controversé

    Juste avant, en remerciant les fidèles et les autorités religieuses et publiques pour l'accueil qu'il a reçu en Mongolie, le pape a noté que le mot «messe», «eucharistie», signifie «action de grâce», expliquant alors : «la célébrer sur cette terre m'a rappelé la prière du père jésuite Pierre Teilhard de Chardin, adressée à Dieu il y a exactement 100 ans, dans le désert d'Ordos, non loin d'ici.»

    De fait, en 1923, le jésuite français qui venait de soutenir un doctorat en sciences naturelles accomplit une mission en Mongolie-Intérieure, c'est-à-dire dans la province mongole appartenant toujours à la Chine au nord de ce pays, pour le compte du Muséum d'histoire naturelle de Paris. Il s'était notamment rendu dans le désert d'Ordos sur des gisements de fossiles où il découvrit des fossiles importants d'époque paléolithiques. C'est aussi lors de cette expérience que ce scientifique et théologien, acheva la composition de sa fameuse « messe sur le monde », texte de méditation, majeur et controversé, qui célébrait la nature et la création. Document dont il avait commencé la rédaction dans les tranchées de la première guerre mondiale où il était engagé comme brancardier.

    Polémiques

    Dimanche, François a cité explicitement son confrère jésuite : «Il dit ainsi : 'Je me prosterne, ô Seigneur, devant votre Présence dans l'Univers devenu ardent et, sous les traits de tout ce que je rencontrerai, et de tout ce qui m'arrivera, et de tout ce que je réaliserai en ce jour, je vous désire et je vous attends'».

    Et d'expliquer : «Le Père Teilhard était engagé dans des recherches géologiques. Il désirait ardemment célébrer la Messe, mais il n'avait ni pain ni vin avec lui. C'est alors qu'il composa sa “Messe sur le monde”, exprimant ainsi son offrande : “Recevez, Seigneur, cette Hostie totale que la Création, mue par votre attrait, vous présente à l'aube nouvelle.” Une prière similaire était déjà née en lui alors qu'il se trouvait au front pendant la Première Guerre mondiale, où il travaillait comme brancardier. »

    Le pape revenant sur la polémique soulevée par ce texte à l'époque l'a justifié : «Ce prêtre, souvent incompris, avait l'intuition que “l'Eucharistie est toujours célébrée, en un sens, sur l'autel du monde” et qu'elle est “le centre vital de l'univers, le foyer débordant d'amour et de vie inépuisables” (Enc. Laudato si', n. 236), même à notre époque de tensions et de guerres.»

    Le pape a alors conclu : «Prions donc aujourd'hui avec les paroles du père Teilhard : “Verbe étincelant, Puissance ardente, Vous qui pétrissez le Multiple pour lui insuffler votre vie, abaissez, je vous prie, sur nous, vos mains puissantes, vos mains prévenantes, vos mains omniprésentes” ».

    Langage de vérité

    Après Benoît XVI qui avait déjà salué le génie de ce théologien pourtant condamné à deux reprises pour certains de ses écrits sur le «péché originel» par le Saint-Office, François avait déjà cité Teilhard de Chardin dans son encyclique «Laudato Si» consacrée à l'écologie intégrale en 2015. Deux ans plus tard, le Conseil pontifical pour la culture, le ministère de la culture du Vatican, avait voté une proposition, transmise à François, de modifier l'avertissement, un « monitum » du Saint-Office, émis en 1955, année de sa mort, et 1962, contre Pierre Teilhard de Chardin à qui l'ordre des jésuites avait préalablement demandé de suspendre ses enseignements théologiques pour ne se consacrer qu'à ses recherches scientifiques.

    Avant de célébrer la messe à Oulan-Bator, le pape, attendu lundi soir à Rome, avait participé à une rencontre intereligieuse en présence de douze représentants d'autres religions ou confessions chrétiennes. Dont le représentant bouddhiste, d'obédience tibétaine, Kamba Nomun Khan, abbé du monastère bouddhiste de Gandan. Ce dernier n'a pas caché, dans son discours, les « persécutions » dont les bouddhistes ont été l'objet dans ce pays quand il était sous le joug communiste russe et où les moines furent massacrés par milliers. Les bouddhistes représentent aujourd'hui 52 % de la population de ce pays de 3,4 millions d'habitants.

    Le leader bouddhiste a aussi mentionné l'importance de la découverte, par le Dalaï-Lama, en 2016, en Mongolie de la «10° réincarnation du Bogd» considéré comme le troisième personnage le plus important dans la spiritualité bouddhiste, après le Dalaï-Lama et le Panchen-Lama. Ce jeune garçon mongol qui vit à présent aux côtés du Dalaï-Lama et pourrait jouer un rôle décisif dans sa succession contre l'avis de la Chine qui a toutefois un autre candidat après fait avoir disparaître un autre jeune garçon qui avait été pressenti par l'actuel Dalaï-Lama, âgé de 88 ans, pour lui succéder.

     

    Sur Teilhard, on peut lire (ou relire) cet article paru sur Famille Chrétienne (archive du 16 avril 2005):

    Que reste-t-il de Teilhard de Chardin ?

    Iconoclaste, ou idéaliste ? Cinquante ans après la mort de Pierre Teilhard de Chardin, le 10 avril 1955, son oeuvre reste controversée. Alors que plusieurs colloques (1) se tiennent sur l'auteur du Phénomène humain, deux spécialistes de sa pensée, le dominicain Jacques Arnould et le philosophe Dominique Tassot, débattent pour nous de l'actualité de sa pensée.

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  • Les tâches du prochain pape selon l'archevêque émérite de La Plata (Argentine)

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    De Mgr Héctor Agüer, archevêque émérite de La Plata (Argentine) sur Rorate Caeli :

    "Le nouveau pape" : Quelles seront les tâches du prochain pape ?

    24 août 2023

    Le Collège des Cardinaux a acquis une ampleur inhabituelle. Que de chemin parcouru depuis quelques élections pontificales, décidées par une poignée de membres de ce traditionnel protagoniste du temps fort de la vie ecclésiale ! L'histoire est plus qu'éloquente. Il n'est pas possible de s'attarder sur la recherche de modèles. Un seul exemple : au conclave de 1458, Enea Silvio Piccolomini, expert en vers latins, déjoua les plans d'un Français ambitieux et, sans le vouloir ni le chercher, fut lui-même élu : Pie II ; il y avait 18 cardinaux. Aujourd'hui, le nombre exorbitant de barrettes rouges ne permet pas de prévoir un nom comme futur successeur de Pierre. Plusieurs amis me demandent d'esquisser ce que devrait être le pontificat qui succèdera au languissant François, en tenant compte de la situation très grave de l'Église, maquillée par la propagande vaticane.

    Voici cette tentative. 

    Tout d'abord, il est nécessaire d'assurer la Vérité de l'authentique doctrine catholique, de surmonter les mythes progressistes qui la minent et que l'actuel Pontife élève au rang d'agenda. La lumière vient du Nouveau Testament, qui témoigne de l'œuvre apostolique que les Douze - et surtout saint Paul - ont transmise comme mandat à leurs successeurs immédiats, et qui conçoit l'organisation de l'Église, source du christianisme naissant.

    L'apôtre Paul recommande à son disciple Timothée : "Je te charge (diamartyromai) devant Dieu et devant le Christ Jésus, qui doit venir juger les vivants et les morts, par son épiphanie et par son Royaume : prêche la Parole de Dieu, exhorte avec ou sans occasion, discute, réprimande, exhorte, avec une patience inlassable et un enseignement plein de zèle. Car il viendra un temps où les hommes ne supporteront plus un sain enseignement, mais où, selon leur désir, ils se chercheront des maîtres pour flatter leurs oreilles, détourneront leur attention de la vérité et se convertiront aux mythes" (2 Tm 4,1-4). Saint Paul poursuit en exhortant, comme le fera l'Église tout au long des siècles : " Soyez vigilants en tout " ; c'est ce que faisait l'Inquisition face aux hérésies et aux schismes. Cette tâche alourdit le travail d'évangélisation, d'accomplissement du ministère (diakonia) à la perfection. L'un des arguments progressistes consiste à disqualifier cette entreprise comme si elle était contraire au christianisme. C'est la confrontation du Nouveau Testament avec la conception mondaine de l'Église, jusqu'à l'égarement de l'actuel Pontificat. Ce que le penseur danois Soren Kierkegaard écrivait dans son Journal en 1848 s'applique à ce cas : "Aujourd'hui, alors qu'il est question de réorganiser l'Église, on voit bien le peu de christianisme qu'il y a en elle". Le même auteur qualifie cette situation de "malheureuse illusion".

    Le nouveau pape devra orienter l'Église dans la direction indiquée par l'exhortation paulinienne ; c'est ce qu'a fait l'Épouse mystique du Christ dans ses meilleurs moments. Il est essentiel de défendre la Vérité de la doctrine, qui a été minée et négligée par le relativisme. Les approches progressistes ont laissé l'Église enfermée dans l'enceinte de la Raison pratique, dont le moralisme a remplacé la dimension contemplative propre à la Foi et à la proposition de la plénitude à laquelle tous les fidèles sont appelés, selon la vocation à la sainteté qui jaillit du Baptême.

    En même temps que la récupération doctrinale, il faut rechercher la restauration de la Liturgie qui, selon sa nature, doit être exacte, solennelle et belle. Cette devise se réfère particulièrement au rite romain, qui a été ruiné par l'improvisation qui abomine le caractère rituel du mystère liturgique. Le motu proprio Traditiones custodes de François impose arbitrairement le contraire de ce que Benoît XVI avait réorienté, et de l'esprit de liberté retrouvé selon le motu proprio Summorum Pontificum ; la récupération des dimensions mystiques et esthétiques du caractère sacramentel de la Liturgie est souhaitée. Les Rites orientaux sont également appelés à renforcer leurs traditions respectives, en surmontant la contagion de la désacralisation qui affecte directement le Rite romain.

    Les tâches susmentionnées ne peuvent être accomplies que grâce au zèle éclairé d'évêques et de prêtres dignement formés dans l'esprit de la grande Tradition catholique, que l'on trouve encore dans les décrets Christus Dominus et Presbyterorum Ordinis, du Concile Vatican II. L'histoire récente montre que l'imposition mondiale du progressisme a eu pour germe la corruption du séminaire traditionnel, rendu banal par une théologie déficiente, et une "ouverture" sous le charme d'un prétendu "aggiornamento". Le malentendu a pris forme sous le prétexte de l'évangélisation : au lieu de convertir le monde à la Vérité et à la Grâce du Christ, l'Église s'est convertie au monde, perdant ainsi son identité essentielle. C'est avec ces critères erronés que se sont formées plusieurs générations de prêtres. Ce processus de décadence doit être inversé. L'institution du Séminaire est encore valable ; à l'époque, des alternatives ont été essayées mais n'ont pas obtenu la solution attendue. La récupération du Séminaire n'implique pas une copie de ce qu'il était avant le bouleversement général. L'institution peut s'adapter, puisqu'elle n'est pas mauvaise en soi, à la nouvelle situation et aux nouveaux besoins. Ceux-ci doivent être reconnus avec sobriété et discrétion, en évitant une exposition qui permettrait à l'administration progressiste - qui ne disparaîtra pas immédiatement - d'activer ses ressources de proscription, jusqu'à ce que le nouveau pontificat soit pleinement établi. L'évêque doit être directement responsable du Séminaire, tout en s'assurant la collaboration de prêtres bien formés et prêts à assumer sincèrement l'orientation que l'évêque souhaite mettre en oeuvre dans le diocèse.

    Saint Jean-Paul II a légué à l'Église un vaste magistère sur la famille. Lorsqu'il a été prononcé et - en bonne partie - écrit, la "perspective de genre" n'avait pas encore atteint la proéminence culturelle qu'elle a acquise peu de temps après. Le pape Wojtyla présente la constitution naturelle et chrétienne de la réalité homme-femme, les enfants comme la chose la plus naturelle au monde, ce qui est et doit donc continuer à être. Benoît XVI ajoute une réflexion sur le concept métaphysique de la nature. Ce magistère abondant et profond doit être repris et projeté sur les nouveaux problèmes sociaux et culturels : la Famille fondée sur le mariage a été remplacée par le "couple", qui n'est nullement indissoluble et peut donc être modifié successivement. J'omets maintenant de parler de ce qu'on appelle à tort le "mariage homosexuel". Le mariage en tant que réalité de valeur civile a disparu ; le mariage sacramentel n'implique aucune fatigue pour ceux qui doivent le bénir, comme c'est leur devoir. Je ne crois pas que les fiancés catholiques soient conscients qu'ils sont appelés à être les ministres d'un sacrement qu'ils se donnent l'un à l'autre.

    La valeur de la vie humaine est étroitement liée à la question de la famille ; il s'agit d'un chapitre très important de la morale chrétienne. Le prochain pontificat devra faire face à une tâche plus que nécessaire : surmonter l'héritage négatif de l'"aggiornamento", couronné par le progressisme actuel. Il devra sauver la théologie morale du relativisme qui la tient en otage ; dans cette entreprise, il devra résoudre le drame d'Humanae Vitae. Cette encyclique, publiée le 25 juillet 1968, ne fut pas acceptée par de vastes secteurs de l'Église : plusieurs Conférences épiscopales se prononcèrent contre elle ; elles furent encouragées par l'unanimité du journalisme, qui incarnait "l'opinion publique". Une grande confusion est née parmi les fidèles, de sorte que beaucoup d'entre eux ont justifié la pratique de l'utilisation des moyens que l'encyclique de Paul VI déclarait objectivement immoraux. Rome devra reprendre les arguments de ce texte pour en démontrer la vérité, en tenant compte de l'accomplissement des dispositions d'Humanae vitae. La crise déclenchée par cette encyclique s'est prolongée dans le nouveau millénaire. Le malentendu a produit une situation analogue aux crises déclenchées par les questions dogmatiques au début du christianisme. Le prochain pontificat devra dénouer ce nœud. Le recours à l'intercession de la dénoueuse de nœuds est inévitable. Marie est en effet celle qui "défait les nœuds". Il y a quelque chose d'apocalyptique dans le drame d'Humane vitae.

    Le problème que je viens de traiter est un chapitre d'une question plus vaste : le rapport de l'Église avec le soi-disant "monde moderne", qui n'a pas été résolu par le Concile Vatican II, mais au contraire aggravé par lui, victime des illusions qui dissimulaient la diffusion d'une nouvelle gnose. Les doctrines de Karl Rahner et de Pierre Teilhard de Chardin ont monopolisé l'attention de la théologie catholique : la théorie rahnerienne du "chrétien anonyme" et l'évolutionnisme teilhardien, qui était lui-même une religion, ont eu une influence indéniable sur la pensée chrétienne du XXe siècle.

    En ce qui concerne la question des relations de l'Église avec le monde contemporain, il est opportun de rappeler que lors de la préparation de Vatican II, le "schéma 13" a pris de l'importance et a suscité des attentes, un antécédent qui allait devenir la constitution pastorale Gaudium et spes, un texte qui, avec la constitution dogmatique Lumen Gentium sur l'Église, a été le document le plus important du Concile. Un événement explique le ton avec lequel la question des relations entre l'Église et le monde a été conçue. Jean XXIII souhaitait la participation de représentants de l'Église orthodoxe russe en tant qu'observateurs des débats du Concile. Le cardinal Eugène Tisserant est chargé des négociations nécessaires pour assurer cette participation ; l'accord suivant est conclu : les orthodoxes seront présents à condition que le Concile s'abstienne de condamner le communisme. Deux prélats orthodoxes russes (probablement des espions du Kremlin) y participèrent effectivement. Cet épisode est éloquent pour montrer l'esprit dans lequel Vatican II a abordé les relations entre l'Église et le monde. Il faut y ajouter un optimisme naïf, inspiré dès le début par le pape Roncalli qui, dans son discours d'ouverture, a sévèrement fustigé les "prophètes de malheur". Bien sûr, c'était le "bon pape".

    Dans cette note, j'ai rassemblé quelques-uns des problèmes qui constituent des marécages dans lesquels l'Église s'enlise. Ce ne sont pas les seuls, mais ceux que je considère comme des priorités que la réalité actuelle imposera aux efforts du prochain Pontife. En bref, libérer l'Église de la peste mortelle du progressisme. 

  • Quand Dieu vient dans un monde où le mal a pris ses aises (homélie pour le 22e dimanche du T.O.)

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    Si nous cherchons dans les Écritures de la littérature souriante, aujourd’hui n’est pas le bon jour. Mais ces lectures inquiétantes nous apportent finalement une grande lumière et une grande motivation. Dans le combat que Jérémie doit mener (Jr 20,7-9) ou celui que Jésus annonce (Mt 16, 21-27), nous découvrons ce qui se passe quand Dieu vient dans un monde où le mal a pris ses aises, et quand il embauche des hommes dans cette lutte — car par amour il ne veut pas nous laisser en simples spectateurs alors que nos cœurs, notre volonté sont impliqués.

    Pour comprendre l’enjeu, il nous faut d’abord nous poser la question de la nature du mal. Le mal n’est pas un phénomène abstrait, une saleté déposée sur le monde par on ne sait qui. Il est la production d’un cœur. Un cœur fait pour aimer et qui dit : je ne veux pas ! Ce que je veux c’est utiliser, exploiter, tirer à mon avantage, dominer, manipuler, mais je ne veux pas aimer, je ne veux pas servir, je ne veux pas me donner, je ne veux pas écouter. Cette attitude a été inaugurée par celui qu’on appelle diable ou satan, ange merveilleux qui se dresse contre Dieu et tout ce qui lui est cher. Ensuite, nous avons écouté ses insinuations, nous avons choisi nous aussi de prendre ce chemin. Tout cela est devenu l’esprit du monde, d’un monde de mort, c’est-à-dire d’un monde qui a tourné le dos à Celui qui est la source de la vie.

    Quand vient le Fils de Dieu, Celui qui est amour, qui ne veut que la volonté du Père, qui trouve sa gloire à servir l’humanité, à relever le faible, à honorer les petits, il ne peut qu’y avoir un clash avec le monde. Bien plus qu’un clash, un différent retentissant pour un moment… Il s’agit d’un affrontement terrible, la plus grande guerre qui aura jamais lieu dans l’humanité, et qui résume toutes les guerres : le combat de Gethsémani (Mt 26, 36-44), anticipé par tant d’épreuves intérieures du Fils de Dieu.

    Et c’est lui qu gagnera. La croix est le signe de sa victoire. C’est pourquoi elle nous est si chère. Le mal a été défait. Il n’aura pas le dernier mot. Celui qui met sa foi dans le Christ sait où il va : la vie éternelle.

    Nous aimerions tant que le chemin vers la lumière s’ouvre autrement, dans la facilité, dans un humanisme doux, rayonnant, solaire : croître vers la lumière en marchant de petits bonheurs en petits bonheurs. On entend cela souvent. C’est une grave illusion de faire croire que la vie peut se passer ainsi alors que l’humanité est prise dans un tel drame, en butte à la détestation du diable envers tout ce qui est authentiquement humain… une attitude qui engendre tant d’exploitation et de mépris, qui cause la mort intérieure ou extérieure de tant d’innocents !

    Le Christ nous offre de ne pas rester indifférents à tout cela. Si nous ne voulons pas passer à côté de notre vie, si nous voulons être présents à la grande réalité du monde, il n’y a qu’un chemin, celui qu’il donne : renoncer à nous-mêmes, prendre notre croix et suivre le Christ (Mt 16,24). Ce n’est pas triste. C’est grand, c’est fort. Il y a là la grande réponse à la question du sens de notre vie et du salut de l’humanité : « je donnerai ma vie à ta suite, toi notre Sauveur ! » Que chacun de nous, selon l’étape de sa vie, se demande : comment vais-je donner ma vie au Seigneur ? Comment vais-je faire de lui le centre de ma vie ? Ainsi vous serez heureux, votre cœur débordera d’amour, vous éprouverez une grande reconnaissance pour votre propre vie : vous serez vivants !

  • Un miracle à Fatima lors des JMJ de Lisbonne ?

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    par François Mennesson (jeudi 24 août 2023) sur le site web de France Catholique :

    « Le samedi 5 août 2023 à Fatima, lors des JMJ de Lisbonne, une jeune pèlerine espagnole âgée de 16 ans a miraculeusement retrouvé la vue.

    La conviction que le surnaturel aurait, d’une manière ou d’une autre, déserté notre temps est assez répandue même chez les catholiques fervents. Si nous croyons volontiers aux guérisons des Évangiles, nous les imaginons aussi comme appartenant à un âge révolu. Nous n’osons plus les espérer, et encore moins les demander. Cependant il arrive encore qu’un cœur plus audacieux que les autres ose croire en la Toute-Puissance et la Miséricorde de Dieu.

    Une malade mystérieuse :

    L’exemple nous en fut donné au cours des dernières JMJ à Lisbonne. Jimena, une jeune espagnole de seize ans, était atteinte depuis deux ans et demi d’une grave cécité que ses médecins jugeaient incurable. Un “spasme musculaire” plus grave que d’ordinaire avait dégradé la vue de la jeune fille au point où celle-ci devait envisager d’apprendre à marcher avec une canne et un chien guide. Dans un témoignage auprès du média espagnol ACI Prensa, le père de la jeune miraculée expliquait que : « La convergence des yeux ne fonctionnait pas, c’était quelque chose que les médecins eux-mêmes considéraient comme inexplicable ».

    Une Neuvaine à la Vierge Marie :

    Jimena prévoyait de partir à Lisbonne avec un groupe de 400 jeunes de l’Opus Dei. Le 28 juillet, jour de leur départ, elle a demandé à toute sa famille ainsi que les membres de son groupe de se joindre à sa neuvaine à la Très Sainte Vierge. Comme le recommande cette pieuse dévotion, le neuvième jour venu, Jimena s’est confessée et a reçu la Sainte Eucharistie. Elle est retournée à son banc, les yeux fermés et embués de larmes. Elle raconte qu’alors elle a supplié une dernière fois Notre Seigneur et a ouvert les yeux. Ses larmes ont redoublé d’intensité quand sont apparus devant elle, pour la première fois depuis plus de deux ans, l’autel, le tabernacle et les visages de ses amis. Incapable de parler elle disait simplement « je vois, je vois ! ».

    Qu’en dit l’Église ?

    Évidemment l’Église reste prudente et la guérison de Jimena n’a pas encore été officiellement reconnue comme un miracle. Elle exige une enquête approfondie sur 5 à 15 ans avant de tirer des conclusions définitives. Mais pour Jimena et son père la chose est claire : Notre Dame, à qui Son Fils ne refuse rien, dans son infinie bonté lui a obtenu cette grâce extraordinaire. Le père de la jeune fille a même expliqué ne pas vouloir engager les procédures pour faire officiellement reconnaître ce miracle. S’il compte recevoir les médecins qui suivaient précédemment le cas de sa fille pour qu’ils puissent se faire un avis, il estime que « les gens sont déjà suffisamment émus - ceux qui croient. Ceux qui ne croient pas, de toute façon ils ne croiront pas. »

    Bien qu’aucune certitude ne soit donnée, l’Église laisse ses fidèles libres de croire ou non en de tels évènements. Mais quoi qu’en pensent les plus prudents, il est certain que la prière peut tout. « Demandez, on vous donnera ; cherchez, vous trouverez ; frappez, on vous ouvrira. » (Mt 7, 7).

  • Mort il y a cinquante ans (le 2 septembre 1973), J.R.R. Tolkien représente un casse-tête pour notre culture diversifiée et divisée

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    De Holly Ordway sur le Catholic World Report :

    La foi magnanime de J.R.R. Tolkien

    L'auteur du Seigneur des Anneaux n'était pas fanatique, il avait un grand cœur. Notre culture pourrait tirer de lui une leçon sur la façon de conserver des convictions fermes tout en ayant de larges sympathies.

    1er septembre 2023

    "La foi de Tolkien : Holly Ordway explore la foi catholique souvent négligée du célèbre auteur. A droite : L'édition de 1988 du "Seigneur des Anneaux", publiée par William Morrow. (Image : Amazon)

    J.R.R. Tolkien, qui est mort il y a cinquante ans (le 2 septembre 1973), représente un casse-tête pour notre culture diversifiée et divisée.

    Le Seigneur des anneaux est un best-seller mondial. Il a été traduit en plus de cinquante langues, de l'arabe au chinois en passant par le thaï et le turc. Les adaptations cinématographiques sont appréciées par des millions de personnes qui n'ont jamais lu le livre. La série télévisée "Les anneaux du pouvoir" d'Amazon a été la plus chère jamais réalisée, et une deuxième saison est en cours de préparation.

    Pourtant, le contraste entre l'auteur et le public est saisissant. Catholique fervent et traditionaliste, Tolkien priait Dieu en latin, vouait une dévotion à la Vierge Marie et qualifiait l'eucharistie de "seule grande chose à aimer sur terre". La plupart de ses lecteurs ne croient pas en ces choses et n'en ont même pas une connaissance élémentaire.

    C'est un paradoxe qui mérite d'être étudié. Un homme profondément chrétien a produit une œuvre imaginative qui est fantastiquement populaire auprès des lecteurs de toutes les confessions et d'aucune.

    Les biographes ont été réticents à explorer sa foi. Humphrey Carpenter, auteur de la biographie officielle, reconnaît l'importance "totale" du christianisme pour Tolkien, mais le présente surtout comme un attachement affectif à sa mère, Mabel, décédée lorsqu'il avait douze ans. Un autre biographe, Raymond Edwards, relègue la foi de Tolkien à une annexe. Jusqu'à récemment, le groupe Facebook Tolkien Society interdisait toute discussion sur la religion.

    Pourquoi cette réticence ? Les gens craignent-ils que leur auteur préféré se révèle étroit d'esprit, voire se montre bigot à l'égard de ceux qui n'appartiennent pas à sa propre communauté religieuse ?

    Ce sont des questions que j'ai abordées dans mon nouveau livre, Tolkien's Faith : A Spiritual Biography. Ce que j'ai découvert montre que Tolkien avait effectivement des convictions fermes, mais qu'il avait aussi de larges sympathies.

    Le Seigneur des Anneaux contient un échange célèbre entre Gandalf et Frodon, au cours duquel le magicien dit au hobbit : "Ne sois pas trop pressé de distribuer la mort en jugement". Cette phrase illustre l'approche de Tolkien à l'égard de ceux qui ne partageaient pas ses convictions religieuses. Il croyait que tous les hommes étaient faits à l'image et à la ressemblance de Dieu et qu'ils avaient reçu le don de conscience. Oui, il considère que certains "rejettent leurs chances de noblesse ou de salut, et semblent 'damnables'". Mais il choisit le mot avec soin : "damnable" plutôt que "damné". Comme il le fait remarquer, "nous qui sommes tous 'dans le même bateau' ne devons pas usurper la place du Juge".

    Lorsque Tolkien s'est lié d'amitié avec C.S. Lewis, ce dernier n'était pas encore le célèbre auteur de classiques chrétiens tels que Mere Christianity et les Chroniques de Narnia, mais un athée. Leur amitié n'a jamais été subordonnée à la conversion de Lewis.

    Les convictions de Tolkien étaient claires : il était convaincu que l'Église catholique avait été fondée par Jésus-Christ et que saint Pierre avait été autorisé par Jésus à gouverner l'Église, cette autorité ayant été héritée par ses successeurs, les papes. Mais il admettait aussi avoir connu des prêtres "ignorants, hypocrites, paresseux, pompiers, au cœur dur, cyniques, méchants, cupides, vulgaires, snobs, et même (à vue de nez) immoraux".

    Deux choses peuvent être vraies à la fois. L'Église, selon Tolkien, était "mourante mais vivante, corrompue mais sainte, autoréformatrice et réformatrice". Elle n'était pas un foyer pour les personnes déjà parfaites, mais un lieu où les pécheurs pouvaient, par la grâce de Dieu, s'améliorer. Tolkien se confessait fréquemment parce qu'il se considérait comme quelqu'un ayant besoin de cette grâce.

    S'il savait où se situait sa propre loyauté spirituelle, il ne tirait pas de conclusions négatives définitives sur le statut moral, et encore moins sur la destinée éternelle, des autres. Pourquoi ? Parce que, comme le fait remarquer Gandalf, "même les très sages ne peuvent pas voir toutes les extrémités".

    Dans une lettre, Tolkien explique que les catholiques doivent s'imposer des normes élevées, mais que tout jugement sur autrui doit être "tempéré par la miséricorde". Il utilisait la "double échelle" de la rigueur pour soi-même et de la miséricorde pour les autres.

    En résumé, il n'y a rien à craindre de l'étude de la foi de Tolkien. Il n'était pas fanatique, il avait un grand cœur.

    Notre culture pourrait tirer de lui une leçon sur la façon d'entretenir des convictions fermes tout en ayant de larges sympathies. Je pense d'ailleurs que sa capacité à trouver cet équilibre délicat est l'une des raisons pour lesquelles ses œuvres sont devenues si populaires.

    Les lecteurs ont-ils l'impression que la Terre du Milieu a été produite par un homme au caractère magnanime ? Son esprit généreux est-il le ressort secret de son succès ? Je pense que ce n'est pas impossible.

  • Le pape François publiera une lettre apostolique sur sainte Thérèse de Lisieux le 15 octobre

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    D'Ary Waldir Ramos Díaz sur CNA :

    Le pape François publiera une lettre apostolique sur sainte Thérèse de Lisieux le 15 octobre

    1er septembre 2023

    À bord de l'avion qui le conduisait en Mongolie, le pape François a annoncé le 31 août qu'il préparait une lettre apostolique sur sainte Thérèse de Lisieux, qui sera publiée le 15 octobre.

    Le pontife a fait cette déclaration en saluant les 70 journalistes qui l'accompagnent pour une visite de quatre jours à Ulaanbaatar, la capitale de la Mongolie, dont Andrea Gagliarducci de ACI Stampa, le partenaire de CNA pour les informations en langue italienne.

    Lors de l'audience générale du 7 juin, le pape François a annoncé qu'il rédigeait une lettre apostolique sur la sainte patronne des missions. "Elle est née il y a 150 ans et, à l'occasion de cet anniversaire, j'ai l'intention de lui consacrer une lettre apostolique", a-t-il déclaré.

    Ce jour-là, dans la matinée, le pape François avait prié sur la place Saint-Pierre devant les reliques de sainte Thérèse de l'Enfant Jésus. L'après-midi, il s'est rendu à l'hôpital Gemelli de Rome pour y subir une opération de "laparotomie". 

    L'évêque de Rome a souligné que sainte Thérèse "a vécu dévouée à Dieu, s'oubliant elle-même, aimant et consolant Jésus et intercédant pour le salut de tous". Le 150e anniversaire de sa naissance et le 100e anniversaire de sa béatification sont célébrés cette année.

    Pour l'occasion, le Saint-Père a accordé une année jubilaire en l'honneur de sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus, qui durera jusqu'au dimanche 7 janvier 2024 et aura pour thème "Pour la confiance et l'amour", les derniers mots de son autobiographie, "Histoire d'une âme".

    Dans le même ordre d'idées, le 28 décembre 2022, le pape François avait publié la lettre apostolique Totum Amoris Est ("Tout ce qui concerne l'amour") à l'occasion du quatrième centenaire de la mort de saint François de Sales.

    Sainte Thérèse de l'Enfant Jésus, également connue sous le nom de Petite Fleur, était une carmélite déchaussée française. Elle est née dans la ville d'Alençon le 2 janvier 1873. Elle a été déclarée sainte en 1925 par le pape Pie XI et proclamée docteur de l'Église le 19 octobre 1997 par saint Jean-Paul II. Pie X la considérait comme "la plus grande sainte des temps modernes".

    Ary Waldir Ramos Díaz est correspondant d'ACI Prensa à Rome et au Vatican. Il est journaliste au Vatican avec plus de 10 ans d'expérience.

  • Il existe plus que jamais de bonnes raisons de croire

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    De Christophe Geffroy en éditorial sur le numéro 361 (septembre 2023) de la Nef :

    La foi chrétienne est parfaitement crédible !

    Dans le monde actuel, l’apologétique (1) n’a pas bonne presse. Même dans l’Église, elle a été délaissée et ceux qui persistent à la défendre sont des francs-tireurs sans guère de soutien officiel. Les valeurs aujourd’hui dominantes placent la « tolérance » au sommet, tolérance qui véhicule une conception très relativiste, refusant toute vérité objective – « à chacun sa vérité », comme le dit l’adage. Dans ce contexte, on est vite accusé de « prosélytisme », sous-entendu d’user de moyens de pression illégitimes pour convertir plus ou moins de force. En réalité, l’apologétique s’adresse à la raison, à un être libre capable de recevoir une argumentation et à en juger la valeur probante ou non.

    Le champ de la moisson est immense en France comme en Europe, tant les Occidentaux semblent éloignés de la question de Dieu et détachés du christianisme qui a pourtant largement façonné leur civilisation. Nos contemporains sont-ils de ce fait devenus « athées » ? Je ne le pense pas, il n’est que de voir le succès de l’ésotérisme, de l’astrologie, des nouvelles « religiosités » censées apporter le « bien-être »… La plupart d’entre eux, néanmoins, ne sont-ils pas surtout indifférents à la question de Dieu ? Indifférence qui nous interroge tant cette question nous semble au centre même de toute vie, tant elle oriente notre approche du bonheur, ici-bas et dans l’au-delà. Indifférence qui n’est toutefois pas si surprenante si l’on considère l’environnement des sociétés occidentales totalement tourné vers le matérialisme, le consumérisme, l’exacerbation du désir sans limite, bref une horizontalité qui exclut toute verticalité et tue toute velléité spirituelle. Ajoutons en France une conception répandue de la laïcité qui, méfiante envers la religion, la relègue à la seule sphère privée.

    Je suis persuadé qu’il existe cependant une attente spirituelle considérable dans ce monde sans Dieu.

    Où est l’irrationalité ?

    On reproche souvent à la foi catholique d’être irrationnelle. Mais il est bien plus irrationnel de croire en n’importe quoi ou de juger que Dieu n’existe pas. Il faut être bien naïf aujourd’hui pour penser que la science « démontre » l’inexistence de Dieu, a réponse à tout et peut expliquer l’origine de la vie et lui fournir un sens. Au contraire, l’état présent des connaissances incite à postuler une intelligence directrice, même s’il ne s’agit pas de « preuves » puisque la science et la question de Dieu ne se situent pas au même niveau épistémologique.

    Il existe cependant plus que jamais de bonnes raisons de croire, non seulement en un Dieu créateur, mais plus encore que ce Dieu est celui des chrétiens : Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai homme, qui n’a aucun équivalent dans l’histoire parmi tous les fondateurs de religion, en termes de crédibilité et de sainteté. En effet, pour qui réfléchit posément, il n’y a que le christianisme qui atteste de façon aussi convergente la véracité de la foi, malgré toutes les objections que l’on peut faire sur les défaillances historiques des hommes d’Église – la pérennité de celle-ci malgré les péchés de ses membres militerait d’ailleurs en sa faveur.

    Il n’est pas « léger » de croire

    Saint Thomas d’Aquin l’a admirablement résumé dans sa Somme contre les gentils quand il explique que « ce n’est pas légèreté que de donner son assentiment aux choses de la foi, bien qu’elles dépassent la raison » : « la Sagesse divine […] a manifesté sa présence, la vérité de son enseignement et de son inspiration par les preuves qui convenaient, en accomplissant de manière très visible, pour confirmer ce qui dépasse la connaissance naturelle, des œuvres très au-dessus des possibilités de la nature tout entière : guérison merveilleuse des malades, résurrection des morts, […] et, ce qui est plus admirable, inspiration de l’esprit des hommes, telle que des ignorants et des simples, remplis du don du Saint-Esprit, ont acquis en un instant la plus haute sagesse et la plus haute éloquence. Devant de telles choses, mue par l’efficace d’une telle preuve, non point par la violence des armes ni par la promesse de plaisirs grossiers, et, ce qui est plus étonnant encore, sous la tyrannie des persécuteurs, une foule innombrable, non seulement de simples mais d’hommes très savants, est venue s’enrôler dans la foi chrétienne, cette foi qui prêche des vérités inaccessibles à l’intelligence humaine, réprime les voluptés de la chair, et enseigne à mépriser tous les biens de ce monde. Que les esprits des mortels donnent leur assentiment à tout cela, et qu’au mépris des réalités visibles seuls soient désirés les biens invisibles, voilà certes le plus grand des miracles et l’œuvre manifeste de l’inspiration de Dieu » (2). (...)

    (1) Partie de la théologie ayant pour objet d’établir, par des arguments historiques et rationnels, le fait de la révélation chrétienne.
    (2) Cerf, 1993, livre premier, chap. 6, p. 26-27.

  • Alfredo Ildefonso Schuster : un bon et saint évêque

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    De Dawn Beutner sur The Catholic World Report :

    Les leçons de la vie d'un bon et saint évêque : le bienheureux Alfredo Schuster

    Bienheureux Alfred-Ildefonso Schuster, 1930

    L'archevêque de Milan (de 1929 à 1954) était par nature un érudit, en particulier dans le domaine de la liturgie. Mais il accordait une attention particulière aux pauvres, notamment aux réfugiés, et tentait de convaincre Mussolini de se repentir de ses péchés et de se rendre.

    29 août 2023

    La ville italienne de Milan a été bénie par de nombreux bergers saints au cours des siècles. De saint Ambroise au quatrième siècle à saint Paul VI au vingtième siècle, de nombreux archevêques de Milan ont été acclamés comme saints.(1) Le bienheureux Alfredo Ildefonso Schuster (1880-1954), dont la fête est célébrée le 30 août, est l'un des derniers saints hommes à avoir dirigé l'Église de Milan, et il nous enseigne ce qu'il faut faire pour être un bon et saint évêque.

    Son nom de famille trahit son ascendance : ses deux parents étaient autrichiens. Mais Alfredo est né et a vécu toute sa vie en Italie. Son père a même travaillé au Vatican, mais en tant que maître tailleur. Avant d'épouser la mère d'Alfredo, son père avait été marié deux fois, et il avait trente ans de plus que sa femme. C'est donc avec tristesse, mais sans surprise, que le père d'Alfredo meurt alors qu'il n'a que neuf ans.

    Heureusement, un colonel de la Garde suisse avait été un ami proche du père d'Alfredo. Il a généreusement fait en sorte qu'Alfredo soit scolarisé dans une école bénédictine. C'était le choix idéal pour le petit garçon studieux, qui décida d'entrer dans ce même ordre une fois adulte, en prenant le nom religieux d'Ildefonso.

    Ildefonso est ordonné prêtre, obtient des diplômes en théologie et en philosophie, devient prieur et abbé de son monastère bénédictin et se voit même confier d'importantes missions par le pape. Personne n'a été surpris lorsqu'il a été nommé archevêque de Milan et cardinal.

    L'intelligence et le sens de l'administration sont des qualités utiles pour tout dirigeant, et Ildefonso possédait ces deux qualités. Mais ces capacités ne suffisent pas à faire d'un évêque efficace un saint. Outre la grâce de Dieu et la coopération de l'homme avec cette grâce, cet évêque doit répondre aux défis spécifiques auxquels il est confronté, à la fois avec le cœur du Christ et les dons que Dieu lui a donnés.

    Benito Mussolini et son parti fasciste ont pris le contrôle de l'Italie en 1922 et le fascisme a régné jusqu'en 1945. Les partisans du fascisme et les catholiques fidèles ont débattu et se sont battus pendant des années, dans les journaux et dans les rues, obtenant des améliorations occasionnelles dans le traitement de l'Église par le gouvernement.

    Ildefonso est devenu prêtre en 1904 et archevêque de Milan en 1929, ce qui lui a valu d'être confronté aux politiques et aux dirigeants fascistes pendant de nombreuses années. En général, il a suivi l'exemple du pape, qui s'est exprimé avec force sur les droits des laïcs catholiques contre les persécutions fascistes, mais qui s'est efforcé d'éviter de prendre parti dans la politique.

    Ayant grandi dans un foyer simple, Ildefonso se préoccupe des besoins des pauvres, en particulier des nombreux réfugiés qui se sont retrouvés sans abri pendant et après la Seconde Guerre mondiale. Il a utilisé les ressources de l'archevêché pour les aider, par exemple en organisant un réseau de réfugiés et en construisant de nouveaux immeubles d'habitation.

    Ildefonso est souvent accusé à tort d'avoir coopéré avec le fascisme. Cependant, son principal délit semble avoir été d'assister à des célébrations de fêtes publiques et de bénir les personnes présentes, parmi lesquelles se trouvaient des membres de l'armée fasciste. On peut facilement imaginer qu'il priait Dieu de convertir les cœurs de tous les anti-catholiques présents lorsqu'il les bénissait. Enfin, en décembre 1945, Ildefonso a passé trois heures à rencontrer personnellement Mussolini, essayant de le convaincre de se repentir de ses péchés et de se rendre. Ildefonso échoua dans cette tâche. Il Duce refusa, s'enfuit et fut tué peu après.

    Ildefonso était par nature un érudit. Outre de nombreux articles et livres, il a écrit une biographie de saint Benoît de Nurcie, ce qui n'était pas une tâche facile étant donné que peu de détails biographiques ont survécu depuis le sixième siècle. Mais son chef-d'œuvre est son Liber Sacramentorum, communément appelé The Sacramentary en anglais. Cet énorme commentaire en plusieurs volumes sur la messe tout au long de l'année liturgique était basé sur ses notes de cours sur la liturgie, mais il comprenait également des discussions sur des sujets tels que l'art sacré et l'architecture, les portraits de la Vierge trouvés à Rome et l'initiation chrétienne. Ce commentaire a été traduit dans de nombreuses langues lors de la première publication des volumes en 1924-1930, et il a été récemment réédité en anglais.

    La dévotion d'Ildefonso pour la musique sacrée et la liturgie a été l'une de ses forces en tant qu'évêque. Il ne s'est pas contenté d'examiner la liturgie comme un sujet érudit. Il a proposé plusieurs changements à la liturgie - des décennies avant le Concile Vatican II - en raison de son souci pastoral pour son troupeau. Par exemple, il a suggéré que les prières utilisées lors des services du Vendredi saint soient modifiées pour refléter une plus grande sensibilité à l'égard du peuple juif. (Ildefonso a lancé des actions œcuméniques auprès d'autres églises chrétiennes bien avant que les pères du Concile ne le recommandent dans Unitatis Redintegratio). 

    Il a suggéré que la messe soit traduite en langue vernaculaire parce que, comme tous les autres vrais amoureux de la sainte liturgie, il voulait que les catholiques prient chaque messe de tout leur cœur.

    Le bienheureux Alfredo Ildefonso Schuster était un dirigeant fort qui a mené son peuple à travers une période de persécution gouvernementale et une guerre mondiale. Mais plus que cela, c'était un saint homme.

    Pour nous tous, être saint signifie simplement tout donner au Christ. Si vous êtes passionné par la recherche (comme Ildefonso), le sport ou la cuisine, trouvez un moyen de le lui donner. Offrez aussi patiemment à Dieu tous les aspects désagréables de votre vocation, ce qui sera probablement plus facile que d'essayer de convertir un dictateur fasciste. Demandez à l'Esprit Saint de vous donner des idées sur la manière dont vous pouvez mieux servir ceux dont vous avez la charge, qu'il s'agisse de vos enfants, de vos employés ou de vos amis.

    Ou de votre troupeau. Être un bon berger des âmes humaines n'est pas une tâche pour les âmes sensibles. Mais tous les évêques devraient imiter le Bon Pasteur, et nous pouvons tout particulièrement demander au bienheureux Ildefonso de prier pour les nôtres en sa fête.

    Note en fin de texte :

    1 Les autres saints archevêques de Milan formellement reconnus par l'Église sont : Les saints Anathalon (IIe siècle), Calimerius (IIe siècle), Caius (IIIe siècle), Castritian (IIIe siècle), Mona (mort vers 300), Mirocles (mort après 314), Eustorgius Ier (mort vers 355), Protasius (mort vers 356), Dionysius (mort vers 361), Maternus (IVe siècle), Simplicien (mort vers 361), Maternus (IVe siècle). c. 356), Dionysius (d. c. 361), Maternus (IVe siècle), Simplician (d. 401), Venerius (d. 409), Martinian (d. après 431), Eusebius (d. c. 462), Benignus (d. c. 470), Geruntius (d. c. 472), Senator (d. c. 480), Lazarus (cinquième siècle), Marolus (cinquième siècle), Eustorgius II (d. 518), Datius (d. 552), Honoratus (d. 570), Auxanus (d. c. 589), Magnus (sixième siècle), Jean le Bon (d. c. 660), Antonin (d. c. 661), Mansuetus (d. 680), Benoît (d. 725), Galdinus (d. 1176), Charles Borromée (1538-1584) et le bienheureux Andrea Carlo Ferrari (1850-1921).

  • Une parlementaire finlandaise jugée pour "discours de haine" pour avoir défendu le mariage traditionnel

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    De Peter Pinedo sur CNA :

    Une parlementaire finlandaise jugée pour "discours de haine" pour avoir défendu le mariage traditionnel
    Päivi Räsänen, Finland’s interior minister from 2011 to 2015
    Päivi Räsänen, ministre de l'intérieur de la Finlande de 2011 à 2015.

    30 août 2023

    La parlementaire finlandaise Päivi Räsänen est jugée cette semaine pour "discours de haine" et "agitation ethnique" après avoir partagé publiquement en 2019 ses opinions bibliques et religieuses sur le mariage entre un homme et une femme. 

    Mme Räsänen, 63 ans, est jugée pour avoir enfreint les lois finlandaises sur les discours de haine en utilisant des versets bibliques pour exprimer son soutien au mariage traditionnel. 

    Son procès aura lieu le 31 août et le 1er septembre. 

    Dans le tweet de 2019 qui a valu à Mme Räsänen ses ennuis judiciaires actuels, elle a critiqué sa confession pour avoir adopté l'idéologie LGBTQ+, en demandant comment ces points de vue pouvaient être conciliés avec les Écritures. Dans son tweet, elle fait référence à Romains 1:24-27, qui affirme clairement que l'activité homosexuelle est contraire à la volonté de Dieu. 

    Outre Mme Räsänen, un évêque luthérien finlandais, Juhana Pohjola, est également poursuivi pour incitation à la haine pour avoir publié une brochure rédigée par Mme Räsänen qui défendait la conception biblique de la sexualité et du mariage. 

    Bien qu'ils aient été acquittés à l'unanimité par un tribunal de district finlandais en 2022, les procureurs ont fait appel de leur acquittement devant la cour d'appel d'Helsinki. 

    Aujourd'hui, ils risquent des dizaines de milliers d'euros d'amende et peut-être deux ans de prison s'ils sont reconnus coupables. En outre, le tribunal pourrait également décider de censurer les publications de Päivi Räsänen.

    Räsänen et Pohjola sont représentés par l'Alliance Defending Freedom International (ADF). 

    Paul Coleman, directeur exécutif de l'ADF International, a déclaré dans un communiqué de presse la semaine dernière que "les poursuites incessantes" contre Mme Räsänen n'ont pas seulement consommé quatre ans de sa vie, mais "intimident également d'autres personnes pour qu'elles gardent le silence". 

    "Dans une société démocratique, chacun devrait être libre de partager ses convictions sans craindre d'être poursuivi par l'État", a déclaré M. Coleman. Criminaliser l'expression par le biais de lois dites "d'incitation à la haine" ferme les débats publics importants et met en danger la démocratie.

    Mme Räsänen, qui est mère de cinq enfants et grand-mère de dix, ainsi que membre du Parlement finlandais, a déclaré à Tracy Sabol, de EWTN, lors d'une interview lundi, qu'en dépit de la persécution renouvelée, elle est convaincue que "tout ce processus est entre les mains de Dieu" et qu'elle est persuadée qu'elle sera à nouveau acquittée des accusations de discours de haine. 

    Des parlementaires américains défendent Räsänen

    Quinze parlementaires américains, menés par le représentant républicain Chip Roy du Texas, ont signé une lettre le 8 août pour soutenir Räsänen et le droit de tous les chrétiens à la liberté d'expression. 

    Cette lettre très ferme a été adressée à Rashad Hussain et à Douglas Hickey, respectivement ambassadeur itinérant de Joe Biden pour la liberté religieuse internationale et ambassadeur des États-Unis en Finlande.

  • Le conseiller du pape, le père Spadaro, blasphémateur et hérétique ?

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    D'Edward Pentin sur son blog :

    Le conseiller du pape, le père Antonio Spadaro, accusé de "blasphème hérétique".

    30 août 2023

    Le pape François s'entretient avec le père jésuite Antonio Spadaro.

    L'un des plus proches conseillers du pape François, le père jésuite Antonio Spadaro, a été accusé de "blasphème hérétique" après avoir dépeint le Seigneur comme un être humain imparfait ayant besoin d'être converti du "nationalisme" et de la "rigidité".

    Dans Il Fatto Quotidiano du 20 août, un quotidien italien de gauche très laïc, le père Spadaro s'est penché sur le récit évangélique de la foi d'une femme cananéenne et a conclu que Jésus avait été guéri et libéré "de la rigidité des éléments théologiques, politiques et culturels dominants à son époque".

    L'histoire, tirée de l'Évangile de Matthieu (15:21-28), concerne une femme de la région païenne de Canaan qui supplie Jésus de guérir sa fille possédée par un démon.

    Jésus refuse d'abord de l'aider, disant qu'il n'a été envoyé qu'aux brebis perdues d'Israël. Cependant, la femme persiste, suppliant Jésus et se comparant même aux chiens, qui sont autorisés à manger les miettes qui tombent de la table du maître. Jésus est finalement touché par sa foi et guérit sa fille.

    Les Pères de l'Église et la tradition ecclésiastique ont toujours interprété cette histoire comme un rappel puissant de l'importance de la foi. La femme n'a pas abandonné Jésus, même lorsqu'il semblait la rejeter. Elle a continué à croire qu'il pouvait aider sa fille et, à la fin, sa foi a été récompensée.

    Mais pour le père Spadaro, comme pour d'autres prédicateurs modernistes et hétérodoxes avant lui, Jésus a d'abord des préjugés et une vision d'exclusion dans l'histoire de l'Évangile, mais il est converti par la femme cananéenne, ce qui en fait une histoire de ce que l'on appelle aujourd'hui le cliché de "l'inclusion radicale".

    Cependant, le jésuite italien déforme encore plus l'histoire, réduisant Jésus à posséder de nombreux défauts humains, y compris la "rigidité" et le "nationalisme", qui se transforment ensuite en acceptation et en libération des "éléments théologiques, politiques et culturels dominants de son époque". La transformation du Seigneur, dit-il, est "le germe d'une révolution".

    La réflexion du père Spadaro est importante en raison de l'audace avec laquelle il attribue à Jésus de telles déficiences, sapant ainsi l'enseignement de l'Église sur la divinité du Christ, mais aussi en raison de la proximité du jésuite italien avec le pape et du fait qu'il est rédacteur en chef du périodique jésuite historiquement prestigieux La Civilta Cattolica.

    Voici ma traduction de son texte (souligné par moi), qui a été porté à l'attention du grand public par le site web italien MessainLatino :

    Graines de révolution. Jésus loue la grande foi d'une païenne

    Jésus se trouve à Gennèsaret, sur la rive droite du lac de Tibériade. Les gens du pays l'avaient reconnu et la nouvelle de sa présence s'était répandue dans toute la région, de bouche à oreille. Beaucoup lui apportaient des malades, qui étaient guéris. C'était une terre où les gens devaient l'accueillir et le comprendre. Son action est efficace. Mais le Maître ne s'arrête pas. Matthieu (15,21-28) - qui écrit pour les Juifs - nous dit qu'il se dirige vers le nord-ouest, la région de Tire et de Sidòne, c'est-à-dire vers la région phénicienne et donc païenne.

    Mais voici qu'on entend des cris. Ils viennent d'une femme. Elle est cananéenne, c'est-à-dire d'une région habitée par un peuple idolâtre qu'Israël regardait avec mépris et hostilité. Le récit affirme donc que Jésus et la femme étaient ennemis. La femme s'écrie : "Aie pitié de moi, Seigneur, fils de David ! Ma fille est très tourmentée par un démon". Le corps de cette femme, sa voix, éclatent comme sur le lieu d'une tragédie. Impossible pour Jésus de ne pas réagir au chaos qui interrompt brutalement le voyage.

    Au contraire, non. " Mais il ne lui adressa pas la parole, pas même un mot ", écrit laconiquement Matthieu.

    Jésus reste indifférent. Ses disciples s'approchent de lui et le supplient avec stupéfaction. La femme remue ceux qui, eux aussi, l'ont mal jugée ! Ses cris ont franchi la barrière de la haine. Mais Jésus s'en moque.

    "Renvoyez-la, car elle ne cesse de crier après nous !" Les siens le supplient, essayant d'utiliser discrètement l'excuse de son insistance et de la gêne que sa présence aurait causée au foyer [sic !] du Seigneur .

    Le silence est suivi de la réponse irritée et insensible de Jésus : "Je n'ai été envoyé qu'aux brebis perdues de la maison d'Israël". La dureté du Seigneur est inébranlable. Maintenant, même Jésus joue au théologien : la mission reçue de Dieu est limitée aux enfants d'Israël. Il n'y a donc rien à faire. La miséricorde n'est pas pour elle. Elle est exclue. Il n'y a pas de discussion possible.

    Mais la femme est têtue. Son espoir est désespéré, et elle brise non seulement toute supposée inimitié tribale, mais aussi l'opportunité, sa propre dignité. Elle se jette devant lui et le supplie : "Seigneur, aide-moi !" Elle l'appelle "Seigneur", c'est-à-dire qu'elle reconnaît son autorité et sa mission. Qu'est-ce que Jésus peut attendre d'autre ? Pourtant, il répond de manière moqueuse et irrespectueuse à cette pauvre femme : "Ce n'est pas bien de prendre le pain des enfants et de le jeter aux chiens", c'est-à-dire aux chiens domestiques. Un manque d'attitude, de manière, d'humanité. Jésus apparaît comme aveuglé par le nationalisme et la rigueur théologique.

    N'importe qui d'autre aurait abandonné. Mais pas cette femme. Elle est déterminée : elle veut que sa fille soit guérie. Et elle saisit immédiatement la seule fissure laissée ouverte par les paroles de Jésus, où il avait parlé de chiens domestiques (et donc pas de chiens errants). Ils partagent en effet la maison de leurs maîtres. Alors, avec un geste que le désespoir rend astucieux, elle dit : "C'est vrai, Seigneur, et pourtant les chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leurs maîtres". Peu de mots, mais bien posés et de nature à bousculer la rigidité de Jésus, à le conformer, à le "convertir" à lui-même. En effet, sans hésiter, Jésus répond : "Femme, tu as une grande foi ! Ta demande est exaucée." Et dès cet instant, sa fille est guérie. Jésus, lui aussi, apparaît guéri et, à la fin, il se montre libre de la rigidité des éléments théologiques, politiques et culturels dominants de son époque.

    Que s'est-il donc passé ? En dehors de la terre d'Israël, Jésus a guéri la fille d'une femme païenne, méprisée parce qu'elle était cananéenne. Et ce n'est pas tout : il est d'accord avec elle et loue sa grande foi. Voilà le germe d'une révolution.

    ***

    MessaInLatino a résumé comme suit les descriptions profondément erronées et hérétiquement blasphématoires du Seigneur Jésus-Christ faites par le Père Spadaro :

    - indifférent à la souffrance ;
    - irritable et insensible ;
    - d'une dureté insondable ;
    - théologien impitoyable ;
    - moqueur et irrespectueux à l'égard de la pauvre mère ;
    - qui fait preuve d'un manque d'attitude, de manière et d'humanité ;
    - aveuglé par le nationalisme et le rigorisme théologique ;
    - rigide, confus et en manque de conversion ;
    - malade et prisonnier de la rigidité et des éléments théologiques, politiques et culturels dominants de son époque ;
    - glorificateur de la foi païenne.

    Voici l'homélie de saint Jean Chrysostome sur Jésus et la foi de la femme cananéenne.

    Voir également cet article utile de Nicholas LaBlanca dans lequel il démonte les interprétations modernistes et hétérodoxes similaires de ce récit évangélique.


    ***

    La foi d'une Cananéenne
    Matthieu 15 : 21-28 :

    21 Partant de là, Jésus se retira dans la région de Tyr et de Sidon.

    22 Voici qu’une Cananéenne, venue de ces territoires, disait en criant : « Prends pitié de moi, Seigneur, fils de David ! Ma fille est tourmentée par un démon. »

    23 Mais il ne lui répondit pas un mot. Les disciples s’approchèrent pour lui demander : « Renvoie-la, car elle nous poursuit de ses cris ! »

    24 Jésus répondit : « Je n’ai été envoyé qu’aux brebis perdues de la maison d’Israël. »

    25 Mais elle vint se prosterner devant lui en disant : « Seigneur, viens à mon secours ! »

    26 Il répondit : « Il n’est pas bien de prendre le pain des enfants et de le jeter aux petits chiens. »

    27 Elle reprit : « Oui, Seigneur ; mais justement, les petits chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leurs maîtres. »

    28 Jésus répondit : « Femme, grande est ta foi, que tout se passe pour toi comme tu le veux ! » Et, à l’heure même, sa fille fut guérie.

  • Le pape et les catholiques américains : à qui s'en prend-il exactement ?

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    Lu sur The Pillar (JD Flynn) :

    29 août 2023

    Lorsqu'il s'est rendu au Portugal pour les Journées mondiales de la jeunesse ce mois-ci, le pape François a pris le temps de visiter une communauté jésuite, comme il a l'habitude de le faire lors de ses voyages internationaux, et de répondre aux questions de ses confrères jésuites. 

    Comme c'est devenu une pratique courante, ces questions et réponses ont été publiées dans La Civiltà Cattolica, une revue semi-officielle du Vatican. 

    La conversation comportait des sections assez substantielles et intéressantes.

    Mais au Portugal, où le pape François a prié sous un soleil de plomb avec quelque 30 000 pèlerins américains et leurs évêques, le souverain pontife a également pris le temps de leur jeter un peu d'ombre. 

    Un jésuite a demandé au pape ce qu'il pensait des Américains, "même des évêques", qui critiquaient son leadership. 

    Le pape a répondu qu'aux États-Unis, "la situation [ecclésiale] n'est pas facile".

    "Il y a une attitude réactionnaire très forte. Elle est organisée et façonne l'appartenance des gens, même sur le plan émotionnel".

    Le pape a averti les Américains que "l'indietrismo (le fait d'être tourné vers le passé) est inutile et que nous devons comprendre qu'il y a une évolution appropriée dans la compréhension des questions de foi et de morale".

    François a noté un "climat de fermeture" aux États-Unis, par lequel "on peut perdre la vraie tradition et se tourner vers les idéologies pour obtenir un soutien". En d'autres termes, l'idéologie remplace la foi, l'appartenance à un secteur de l'Église remplace l'appartenance à l'Église.

    Certains "groupes" américains, a-t-il dit, "si fermés, s'isolent".

    "Au lieu de vivre de la doctrine, de la vraie doctrine qui se développe toujours et porte du fruit, ils vivent d'idéologies. Quand on abandonne la doctrine dans la vie pour la remplacer par une idéologie, on a perdu, on a perdu comme à la guerre".

    Tout d'abord, je pense que le pontife devrait être félicité - en tant que pape, il a passé exactement six jours aux États-Unis et a réussi, apparemment, à tirer des conclusions très définitives sur au moins une partie des 60 millions de catholiques vivant aux États-Unis.

    Deuxièmement, je dois dire que je suis d'accord avec le pape. Je pense que certains idéologues vivent parmi nous, et je suis heureux que le pape l'ait reconnu.

    Mais voici le problème : je n'ai aucune idée de qui le pontife vise réellement. Et eux non plus.

    Plutôt que d'apporter une correction délibérée, définitive et directe aux tendances théologiques, culturelles ou pastorales de certains catholiques américains, le pape a jeté un regard latéral non spécifié sur - vous savez - "ces gens" là-bas, au cours d'une réunion à huis clos dont il savait que les comptes rendus seraient publiés.

    La plupart des gens pensent probablement qu'il s'agit des traditionalistes liturgiques - et la plupart des gens pensent probablement qu'il regroupe ces traditionalistes avec les politiciens "conservateurs" qui prônent la peine de mort ou la guerre nucléaire. 

    Mais je ne sais pas. 

    Lorsque le pape a condamné le fait de "regarder en arrière", aurait-il pu signifier que les évêques américains regardaient en arrière, avant l'Ordinatio sacerdotalis, et demandaient une discussion sur l'ordination sacerdotale des femmes lors du synode sur la synodalité ? 

    Lorsque le pape a déploré un "climat de fermeture" idéologique, aurait-il pu parler d'une série d'interdictions liturgiques non requises par Traditionis custodes ou tout autre texte du Magistère ? 

    Lorsque le pape a mis en garde contre un "retour en arrière" vers l'idéologie, parlait-il de Trente ou des années 1970 ? 

    Il ne l'a pas vraiment dit, n'est-ce pas ?

    Je ne suis pas un traditionaliste liturgique. Je vais à des messes Novus ordo offertes par des prêtres qui ne portent pas d'amict. Je prie comme un pentecôtiste latino-américain. J'aime davantage Dorothy Day que Fulton Sheen. Mes opinions politiques s'écartent largement du courant bipartisan dominant. Mais j'essaie d'être catholique et de respecter les enseignements de la foi et, pour cette raison, un bon nombre de personnes me qualifieraient de conservateur.   

    Le pape parle-t-il de personnes comme moi ? 

    Ou parle-t-il de mes amis qui vont à la messe traditionnelle en latin et qui sont des socialistes purs et durs, avec des politiques révolutionnaires qui me font un peu peur ? 

    Parle-t-il de la "campagne présidentielle" de Taylor Marshall ? Des partisans de Trump ? Parlons-nous des sédévacantistes ? LifeTeen ? De "ChurchMilitant" ? D'afficheurs de tweets extrêmement en ligne ? Des conférences de Steubenville ? De "l'esprit de Vatican II" ? Des personnes qui aiment un Agnus dei en latin de temps en temps ?

    Pense-t-il que ces groupes sont tous identiques ?

    Honnêtement, je ne sais pas. 

    S'il parle de moi et qu'il a une correction particulière à me donner, j'aimerais la recevoir.

    Je doute fort que le pape sache qui je suis. Mais s'il le sait, j'espère qu'il veut que je sois un saint. Et s'il pense que je fais fausse route, j'espère qu'il me le dira. 

    Cela faciliterait certainement les choses, n'est-ce pas ? 

    Mais le problème du commentaire du pontife est que, sauf spécificité, il ne servira à personne pour faire un examen de conscience. Il n'informera pas le ministère pastoral des évêques, ni ne conduira à un effort pour accueillir les brebis perdues. 

    Il ne convaincra pas, car nous supposerons tous que le pontife parle d'"autres personnes".

    Son commentaire sera une massue, placée dans une pièce remplie de personnes en désaccord les unes avec les autres, et utilisée sans discernement.

    "Je sais de qui le pape parle", dira chacun d'entre nous. "Il parle évidemment de vous."