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Histoire - Page 113

  • Raviver la mémoire de Jerzy Popieluszko, martyr

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    D'Anne Bernet sur le site de l'Homme Nouveau :

    Jerzy Popieluszko, autre Christ jusqu'au Calvaire

    Jerzy Popieluszko, autre Christ jusqu'au Calvaire

    Cela fait presque quarante ans, et c’était hier.

    L’URSS étendait ses tentacules sur les cartes murales de nos salles de classe, jusqu’à nos frontières ou presque. Inexorablement, le communisme gagnait du terrain aux quatre coins de la planète. L’invasion de l’Afghanistan par les troupes soviétiques aux premières heures de 1980 laissait croire à une offensive décisive, prélude à une attaque contre un Occident où certains défilaient en criant : « plutôt rouges que morts » et l’un de mes amis d’aumônerie, dont un frère aîné était officier d’état-major, nous répétait, l’air grave, ce qu’il entendait chez lui : « en jetant toutes nos forces dans la bataille et en nous faisant tuer sur place, nous les retarderions de vingt minutes … »

    C’était aussi l’époque où, à Gdansk, un ouvrier électricien des chantiers navals du nom de Walesa entamait avec le pouvoir communiste un bras de fer qui, vu de l’Ouest, paraissait insensé à ceux qui se souvenaient de Budapest et Prague. D’ailleurs, avant la Noël 1981, lui et ses camarades seraient jetés en prison, et Solidarnosc, dont nous arborions l’insigne en dérisoire soutien, interdit. Le ciel était très noir cet hiver-là. Et les ténèbres s’assombriraient encore, en octobre 1984, tandis que la répression à l’est battait son plein, lorsque seraient annoncés la disparition, puis l’assassinat, de l’abbé Jerzy Popieluszko, aumônier du syndicat bâillonné.

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  • Retour sur le discours de Benoît XVI à Ratisbonne st sur la polémique qui s'ensuivit

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    Lu sur Atlantico.fr (Christophe Dickès) :

    Benoit XVI : les dessous de la polémique de Ratisbonne

    Que va-t-il rester de Benoît XVI ? Coincé entre le géant Jean-Paul II et le médiatique François, rythmé par de nombreuses crises et critiqué à l’intérieur même de l’Église, le pontificat du professeur Ratzinger est trop souvent lu à la seule aune de son dénouement, à savoir la renonciation. Le règne de Benoît XVI ne saurait pourtant se réduire à cet acte final, ni à la réputation d’intransigeance et de froideur qui reste à tort attachée à la figure de ce pape. C’est ainsi, en s’intéressant aux continuités et aux ruptures marquées par ce pontificat, que l’auteur souligne la richesse et l’étendue historique, politique et spirituelle de son héritage. Inspiré par sa rencontre avec Benoît XVI en 2014, l’historien et journaliste Christophe Dickès prolonge ici une réflexion amorcée dans son Dictionnaire du Vatican et du Saint-Siège pour déceler le legs d’un pape dont l’intelligence et la vision ont été trop souvent sous- estimées. Extrait de "L’héritage de Benoît XVI" de Christophe Dickès, publié aux éditions Tallandier.

    On peut même dire que le discours de Ratisbonne restera comme un des plus importants de l’histoire contemporaine de l’Église, un texte dense « dont l’enjeu intellectuel et doctrinal est considérable ». Il s’inscrit dans l’œuvre globale d’un intellectuel chez qui l’on trouve de nombreux éléments annonciateurs, avant même l’élection de 2005. La lecture magistrale développe l’apport fondamental de l’hellénisme au christianisme, en partant donc des considérations de Manuel II Paléologue qui, en complément de ses considérations sur le djihad, ajoutait : « Dieu ne prend pas plaisir au sang et ne pas agir selon la raison est contraire à la nature de Dieu.

    La foi est le fruit de l’âme, non pas du corps. Celui qui veut conduire quelqu’un vers la foi doit être capable de parler et de penser de façon juste et non pas recourir à la violence et à la menace. […] Ne pas agir selon la raison est contraire à la nature de Dieu. » Afin d’appuyer cette affirmation, Benoît  XVI nous renvoie aux écrits de saint Jean qui ouvre son Évangile par les mots  : « Au commencement était le Verbe et le Verbe était Dieu. » Le Verbe – en grec, le logos – « désigne à la fois la raison et la parole ». Pour le professeur Ratzinger, ce rapprochement entre « la foi biblique et le questionnement grec » est d’une importance « décisive pour la naissance et la diffusion du christianisme » pendant la période de l’Antiquité et à l’époque médiévale. De son point de vue, cette synthèse entre esprit chrétien et pensée grecque est un des fondements de l’Europe, pourtant remis en cause à l’époque moderne (xvie -xviiie siècles).

    Ainsi, la polémique autour de la phrase de Manuel II a occulté le fait que le discours de Ratisbonne était surtout une critique de la modernité et du processus de déshellénisation du christianisme qui a eu lieu en trois étapes : au moment de la Réforme du xvie   siècle, puis sous les coups de la théologie libérale des xixe et xxe  siècles, et enfin à notre époque contemporaine. Ainsi, tout en reconnaissant les apports de la modernité et « des vastes possibilités qu’elle a ouvertes à l’homme », Benoît XVI explique qu’une raison « qui reste sourde au divin et repousse la religion dans le domaine des sous-cultures est inapte au dialogue des cultures ». Et Joseph Ratzinger d’ajouter : « Depuis longtemps, l’Occident est menacé par cette aversion pour les interrogations fondamentales de la raison et il ne pourrait en subir qu’un grand dommage. » On retrouve dans ces mots une autre thématique chère à l’œuvre du professeur Ratzinger, celle de la défense du fait religieux dans une Europe sécularisée excluant le fait religieux et refusant d’inscrire dans sa constitution ses racines chrétiennes. Elle existe entre autres dans la conférence donnée par le cardinal Ratzinger en juin  2004 à Caen, à l’occasion du 60e anniversaire du Débarquement. La nécessité d’une référence à une transcendance sera reprise bien plus tard, devant les autorités politiques en République tchèque (2009), au RoyaumeUni (2010) ou à Berlin (2011)34. Dans un monde qui érige la science au rang de seule et unique explication du monde, Benoît  XVI rappelle les fondamentaux de la philosophie et la théologie, ainsi que la nécessité du divin35. Ainsi, le discours de Ratisbonne visait à replacer l’hellénisme au centre d’une pensée théologique, induisant non seulement le rejet des dérives fondamentalistes de l’islam contemporain mais aussi la critique de la raison positiviste et laïciste des sociétés contemporaines européennes.

    Extrait de "L’héritage de Benoît XVI"  de Christophe Dickès, publié aux éditions Tallandier

     
  • J-7 avant le Pèlerinage Summorum Pontificum à Rome

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    J-7  avant les célébrations à Rome du Xe anniversaire du motu proprio de Benoît XVI réhabilitant l’usus antiquior du rite  romain pour célébrer l’Eucharistie et les autres sacrements dans l’Eglise latine: ce grand pèlerinage donnera l’occasion de prier pour le repos de l’âme du cardinal Carlo Caffara, archevêque émérite de Bologne, théologien et qui aurait dû célébrer la messe à Saint-Pierre de Rome (le cardinal était l’un des signataires des “Dubia” à propos d’Amoris Laetitia) et qui a été rappelé à Dieu le mercredi 6 septembre.

    cliquer ici:   Pèlerinage Summorum Pontificum

    Ref. J-7 avant le Pèlerinage Summorum Pontificum à Rome

    JPSC

  • Shoah : le cardinal De Kesel présente les excuses de l’Église catholique belge

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    A l’occasion du 75e anniversaire  de la Shoah, l’Eglise belge d’aujourd’hui  bat sa coulpe sur celle d’hier.  De Manu Van Lier, sur « Cathobel » le site officiel des diocèses  (extrait) ce 4 septembre 2017:

    « Anvers et Bruxelles ont commémoré le 75ème anniversaire des rafles contre les Juifs. Entre août et septembre 1942, près de quatre mille Juifs installés en Belgique avaient été arrêtés puis déportés vers les camps de concentration.

    Six jours après Anvers, l’association pour la Mémoire de la Shoah a organisé, dimanche, une commémoration dans le quartier des Marolles à Bruxelles, en présence du Grand rabbin de Bruxelles Albert Guigui et de plusieurs personnalités politiques dont le bourgmestre de Bruxelles, Philippe Close. Dans ce quartier populaire de la capitale où de nombreuses familles juives n’ayant pas la nationalité belge étaient installées, 718 personnes avaient été arrêtées la nuit du 3 au 4 septembre 1942 par des policiers allemands pour être emmenées vers l’ancienne caserne Dossin à Malines, dernière étape avant la déportation vers Auschwitz. En clôture de cette journée, le cardinal Jozef De Kesel a tenu une conférence sur le thème de la Shoah en Belgique et du rôle de l’église catholique au cours de laquelle il a demandé « pardon pour le silence de l’Eglise pendant l’occupation » et pour le prosélytisme et la conversion, qu’il a présentés comme « un abus d’autorité »« C’était très important, estime Michel Lussan, membre de l’association pour la Mémoire de la Shoah, car c’était une première reconnaissance officielle par le plus haut dignitaire de la religion catholique en Belgique. [...] ».

     Ref. Commémoration des rafles à Bruxelles: l’Eglise catholique présente des excuses

    Bref, des conversions forcées, selon l’actuel successeur du cardinal Van Roey. Qu’en pensent les historiens de nos universités ?  JPSC

  • Quand Jean-Paul II évoquait Grégoire le Grand (3 septembre)

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    gregoire_le_grand.jpgLettre à tous les évêques, les prêtres et les fidèles de l’Eglise,
    pour le quatorzième centenaire
    l’élévation de saint Grégoire le Grand au pontificat (source)

    Au terme de l'Antiquité et à l'aurore du Moyen Age, saint Grégoire le Grand, à la fois issu du patriciat romain et du monachisme bénédictin, s'efforce, en réglementant le présent, de transmettre au futur les enseignements du passé et l’héritage de la tradition. Au début de son pontificat (février 590), les structures de l’empire romain, bouleversées par les invasions gothes, puis normandes, s’écroulent, tandis que renaît l’hérésie donatiste et que l’arianisme règne encore sur la plupart des barbares ; la discipline monastique s’est généralement relâchée et le clergé, souvent démoralisé, conduit des fidèles catastrophés par les invasions barbares : « Ballotté par les vagues des affaires, je sens la tempête gronder, au-dessus de ma tête. Avec le psaume1 je soupire : Dans l'abîme des eaux, je suis plongé et les flots me submergent.2 » Dirigeant la barque de saint Pierre menacée de naufrage, saint Grégoire le Grand, le consul de Dieu, va, d’une main ferme et assurée, redresser la barre pour transmettre à la postérité une culture ébranlée sous les coups des barbares mais toujours riche de ses précieux acquis où les leçons de l’Antiquité s’épanouissent à l’enseignement des Pères de l’Eglise, comme le montrent déjà les royaumes des Francs, convertis depuis près d’un siècle, les terres ibériques dont le roi wisigoth, Reccared, vient d’entrer dans le giron de l’Eglise catholique (587) ou les chefs de clan irlandais. Ainsi, prophète des temps nouveaux,  autant que gardien des temps anciens, Grégoire le Grand, sur les ruines de l'empire romain, va-t-il faire se lever l'aube médiévale. Pasteur et missionnaire, théologien et maître spirituel, mais aussi diplomate et administrateur, le soixante-troisième successeur de Pierre construit une œuvre grandiose, à la fois politique, ecclésiastique et mystique, ne revendiquant qu'un seul titre, transmis à ses successeurs : « serviteur des serviteurs de Dieu. »

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  • L’âme de la Pologne dans l’Union européenne

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    Pologne Christ Roi bis.jpgD’Yves Daoudal, dans le mensuel  « La Nef » n°295 de septembre 2017, sous le titre : « La Pologne, une oasis catholique en Europe » (en accès libre sur le net) :  

    « L’animosité croissante des institutions européennes à l’égard de la Pologne, au-delà des motifs ou des prétextes, est essentiellement due au fossé qui se creuse sur les « valeurs » : celles de la décadence ultime, que promeut l’UE, et celles de la religion catholique vécue. Brève rétrospective d’événements polonais qui donnent toute la mesure du phénomène.

    Le 28 mai dernier, un jeune prêtre en soutane et surplis, Tymoteusz Szydlo, marchait sur les chemins de Przecieszyn, dans la campagne polonaise. De chaque côté du jeune prêtre, des petites filles vêtues de blanc et couronnées de fleurs portaient une tresse de feuillage. Derrière le prêtre, ses parents. Puis le reste des villageois, avec le maire. Le reste, parce que la procession commençait loin devant. Par le crucifix, bien sûr, qu’escortaient dix enfants de chœur. Suivi par les pompiers en grande tenue, les mineurs en vêtements d’apparat avec leurs casoars à plumet, la guilde des apiculteurs, veste blanche, chapeau blanc, le cercle des ménagères rurales, toutes en vêtement traditionnel, chaque groupe ayant sa bannière… Cette procession était celle par laquelle tout le village de Przecieszyn accompagnait le nouveau prêtre depuis son domicile familial jusqu’à l’église où il allait célébrer sa première messe. Ce spectacle, insolite pour nous, est en fait banal en Pologne. Car toutes les premières messes sont précédées par une telle procession, et, en ce dernier dimanche de mai, dans le petit diocèse de Bielsko-Ziwiec, il y en avait pas moins de treize. La seule particularité de la procession de Przecieszyn est que la mère du jeune prêtre, Beata Szydlo, est Premier ministre de Pologne. Une autre particularité, concernant ce prêtre, est que le dimanche suivant il allait célébrer sa première messe selon la « forme extraordinaire » dans l’église de Cracovie desservie par la Fraternité sacerdotale Saint-Pierre.

    On ne comprend rien à la Pologne si l’on ne prend pas la mesure du « fait religieux ». Et si l’on ne prend pas la mesure du patriotisme irrigué par la foi. La Pologne avait été un grand pays d’Europe, et elle avait disparu de la carte politique pendant plus d’un siècle. C’est le clergé qui était le mieux à même de maintenir la flamme polonaise. Et quand la Pologne ressuscita, notamment par les efforts du grand pianiste Paderewski (cela aussi, c’est polonais…) elle fut bientôt soumise au joug soviétique, et c’est encore le clergé qui maintint la flamme.

    Cela culmina avec la célébration du millénaire du baptême de la Pologne, en 1966. Le pouvoir communiste avait lui aussi organisé des célébrations, et tout tenté pour réduire celles de l’Église. Peine perdue. Au milieu des innombrables manifestations, il apparut de façon spectaculaire que la personne qui représentait véritablement la nation polonaise était le primat de Pologne, le cardinal Wyszynski. D’ailleurs on ne le désigna plus, à partir de ce moment-là, que sous le titre de « Primat du Millénaire ».

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  • Le pape François veut-il rallumer la guerre liturgique ?

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    Belgicatho s’est fait l’écho ici de l’affirmation récente du pape François excipant de son autorité magistérielle pour déclarer « irréversibles » les réformes liturgiques mises en œuvre suite au Concile Vatican II: une affirmation qui a suscité sur son blog quelques « posts » et commentaires en réponse à un argument d’autorité que démentent l’histoire et le bon sens lui-même. Notre collègue  « Diakonos.be » publie à son tour la réaction que voici (elle émane du vaticaniste Sandro Magister) :   

    « Il est évident que le discours que le Pape François a lu le 25 août aux participants de la semaine annuelle du Centre d’Action Liturgique italienne n’était pas de son cru. Il s’agissait d’un discours truffé de références historiques et de citations savantes avec leurs notes respectives, tout cela sur une matière qu’il n’a jamais maîtrisée.

    On n’aura pourtant pas manqué de remarquer les silences et les mots qui reflètent parfaitement le fond de sa pensée.

    Ce qui a fait le plus de bruit, c’est cette déclaration solennelle qu’il a prononcée au sujet de la réforme liturgique initiée par le Concile Vatican II :

    « Après ce long chemin, nous pouvons affirmer avec sécurité et avec autorité magistérielle que la réforme liturgique est irréversible ».

    Cette déclaration a été interprétée par la plupart comme un coup d’arrêt intimé par le Pape François à la présumée marche arrière que Benoît XVI avait amorcée avec le motu proprio « Summorum pontificum » de 2007 qui rendait entièrement droit de cité à la forme préconciliaire de la messe en rite romain, en autorisant qu’elle soit célébrée librement en tant que seconde forme « extraordinaire » d’un même rite.

    Et de fait, dans le long discours lu par le Pape François, on fait abondamment référence à Pie X, Pie XII et Paul VI. Mais pas une fois l’immense expert de la liturgie qu’est Benoît XVI n’a été cité.  Et encore moins son motu proprio, malgré que cette année en marquait le dixième anniversaire.

    Le Pape n’a fait référence que de façon très marginale aux énormes abus dans lesquels s’est malheureusement empêtrée la réforme liturgique postconciliaire, se bornant à mentionner des « réceptions partielles et des pratiques qui la défigurent ».

    Silence radio également sur le cardinal Robert Sarah, le préfet de la Congrégation pour le culte divin et surtout pour son combat boycotté pour une « réforme de la réforme » visant à restituer à la liturgie latine sa nature authentique.

    Ce qui suit est justement le contre-rapport sur l’état de la liturgie dans l’Eglise qui le cardinal Sarah a publié cet été, peu avant le discours du Pape François. Un contre-rapport justement focalisé sur Benoît XVI et sur le motu proprio « Summorum pontificum ».

    Le texte intégral peut être consulté sur le numéro de juillet-août du mensuel catholique français « La Nef » :

    > Pour une réconciliation liturgique

    En voici un extrait ci-dessous.

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  • "Le pari bénédictin" ou comment vivre sa foi dans un monde de plus en plus hostile à l'Évangile

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    Du Salon Beige :

    Comment être chrétien dans un monde qui ne l'est plus

    Rod Dreher, père de famille, chrétien fervent et journaliste renommé (The American Conservative), né méthodiste, s'était converti au catholicisme en 1992, avant de rejoindre l'Orthodoxie en 2006. Les éditions Artège viennent de publier son dernier essai sur "Le pari bénédictin", indiquant comment les chrétiens de toutes obédiences vont devoir résister aux fléaux de la modernité, comment vivre leur foi dans un monde sécularisé devenu de plus en plus hostile à l'Évangile.

    Avec des accents qui rappellent les analyses de Jean Ousset et de Marcel Clément, l'auteur décortique les racines de la crise de nos sociétés occidentales : nominalisme, Renaissance, Réforme, Révolutions (française, industrielle et sexuelle). Et il note que ce n'est pas l'élection d'une personne providentielle qui nous sauvera de cette décadence culturelle. D'emblée, il place les chrétiens face à une réalité que beaucoup refusent de voir :

    "Jésus-Christ a promis que les portes de l'Enfer ne sauraient atteindre son Eglise, mais Il n'a pas promis qu'elles ne la vaincraient pas en Occident".

    Notre civilisation se suicide sous nos yeux et la logique voudrait qu'elle devienne ce qu'est devenu l'Afrique du Nord lors de la conquête musulmane : des centaines d'évêchés anéantis, des chrétiens réduits en dhimmitude, des Etats disloqués.

    Face à cette catastrophe qui semble inéluctable, Rod Dreher rappelle l'exemple de Saint Benoît, le père de l'Occident, qui, par sa Règle et la fondation de monastères tournés vers la contemplation, a permis à l'Eglise de survivre aux barbares et à l'âge sombre qui a suivi la chute de Rome. Par cette analyse, Rod Dreher se fait l'écho du fameux discours de Benoît XVI aux Bernardins en 2008. Face au déluge de la modernité, Rod Dreher appelle à quitter les mirages de la politique et à lancer ce "pari bénédictin". Ces chrétiens ont

    "accepté de reconnaître cette vérité que la politique ne nous sauvera pas. Plutôt que d'essayer de rafistoler l'ordre établi, ils ont reconnu que le royaume auquel ils appartiennent n'est pas de ce monde, et ont décidé de ne pas compromettre cette citoyenneté".

    "Il n'est pas question d'abolir sept cents ans d'histoire : c'est impossible. Il n'est pas non plus question de sauver l'Occident. Ce que nous devons chercher à faire, c'est construire un mode d'existence chrétien qui surplombe l'océan agité de la modernité comme un îlot où se conservent la sainteté et la stabilité. Nous ne voulons pas créer un paradis terrestre, mais trouver le moyen de rester forts dans notre foi en un temps de mise à l'épreuve."

    Prenant notamment exemple sur les dissidents soviétiques, comme Vaclav Havel, il appelle à mener "une politique antipolitique" :

    "Dans les années qui viennent, il nous faudra probablement choisir entre être un bon Américain, un bon Français, etc., et être un bon chrétien".

    S'inspirant de la Règle de saint Benoît, Rod Dreher appelle à remettre dans notre vie quotidienne, de l'ordre, la prière, le travail, l'ascèse, la stabilité, la communauté, l'hospitalité et l'équilibre. Il cite Vaclav Havel, expliquant  que :

    "La meilleure résistance au totalitarisme vient tout simplement de notre âme, de notre condition, de notre terre, de l'humanité d'aujourd'hui".

    Et ainsi, 

    "Les communautés issues du pari bénédictin peuvent même devenir, à l'occasion, des témoins à charge contre la culture du sécularisme, en s'opposant par contraste à des politiques sociales et économiques de plus en plus froides et indifférentes. Les Etats ne pourront bientôt plus répondre à tous les besoins des peuples, surtout si les prédictions sur l'augmentation des inégalités se réalisent. La compassion chrétienne, qui repose sur la croyance dans la dignité de l'homme, deviendra une option particulièrement attirante, tout comme l'avait été l'Eglise des premiers temps à l'heure du déclin du paganisme et de l'effondrement de l'empire romain.

    Voici comment se lancer dans la politique antipolitique. Coupez-vous de la culture dominante. Eteignez votre télévision. Débarrassez-vous de vos smartphones. Lisez des livres. Jouez. Faites de la musique. Dînez avec vos voisins. Il ne suffit pas d'éviter ce qui est mauvais : il faut adopter ce qui est bon. Créez un groupe dans votre paroisse. Ouvrez des écoles chrétiennes ou aidez-en une existante. Jardinez, plantez un potager et participez aux marchés locaux. Enseignez la musique aux enfants et aidez-les à monter un groupe. Engagez-vous chez les pompiers volontaires.

    Il ne s'agit pas d'arrêter de voter ou de s'engager en politique, mais de comprendre que ça ne suffit plus. Depuis vingt ans, le mouvement pro-vie a compris qu'il serait impossible à court terme de supprimer le droit à l'avortement. Il a donc choisi une stratégie plus large. Tout en poursuivant son activisme auprès des décideurs, il a créé localement des centres d'accueil et d'écoute pour les femmes enceintes désorientées. Ces centres sont rapidement devenus des éléments essentiels à l'avancée de la cause, et ils ont sauvé d'innombrables vies. C'est un modèle qu'il nous faut suivre."

    En complément : Valeurs fondamentales du monachisme par Dom Augustin Savaton

  • Le christianisme n’est pas une des racines de l’Europe, il en est l’unique

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    De Didier Rance sur le site de l'Homme Nouveau :

    Christopher Dawson ou la défense des racines chrétiennes de l'Europe

    Christopher Dawson ou la défense des racines chrétiennes de l'Europe

    Alors que l’Europe tourne aujourd'hui le dos à ses racines chrétiennes, les analyses de l'historien Christopher Dawson (1889-1970) peuvent encore nourrir et enrichir la pensée et l’action de tous ceux qui résistent à cette fuite en avant.

    Contrairement à l’idée reçue, les clichés ne sont souvent nullement des pensées banales, mais au contraire des pensées originales et fortes, marquées du sceau de l’évidence ou du génie – parfois des deux (c’est pourquoi elles sont reprises, parfois ad nauseam, et deviennent alors des clichés). Parmi les penseurs qui ont ainsi marqué leur époque à un point tel que les idées et les thèmes de pensées qu’ils ont lancés de façon très originale sont devenus des clichés et des cadres de référence pour toute discussion sur le sujet pour leur génération et souvent les suivantes, fussent-elles divergentes ou contraires, il y a certainement Christopher Dawson (1889-1970).

    Le vrai progrès de l’homme

    Christopher Dawson est né en Angleterre dans une famille de militaires et d’ecclésiastiques anglicans de grande culture. Après de solides études classiques à Oxford, le jeune diplômé décida de vivre, non sans difficultés, sur les ressources de son héritage familial plutôt que d’entreprendre la brillante carrière universitaire à laquelle il semblait promis. Nulle paresse ou mépris dans cette décision, mais le désir de pouvoir s’adonner entièrement à la recherche à laquelle il avait décidé de consacrer sa vie : l’histoire générale de l’humanité. Après une quinzaine d’années de travail solitaire, Dawson commença à publier, et chacun de ses livres fut désormais un évènement dans le monde anglo-saxon et au-delà. Le premier, L’Âge des Dieux (1928), est une synthèse des connaissances sur les civilisations de l’Antiquité. Il fut suivi de Progrès et Religion (1929) et de La construction de l’Europe (1932). Dawson développa dans ces ouvrages quelques idées-force qu’il conserva toute sa vie, les approfondissant au fil des ans et des publications :

    • La religion est le fondement et l’élément dynamique de toute culture, et de toute civilisation. Elle comprend toujours un pôle rituel liturgique et un pôle prophétique, en tension créative, y compris dans les civilisations primitives. •

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  • Liturgie: messe de la Pentecôte 2017 à Kinshasa

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    Le latin et le chant grégorien sont inculturés au Congo, comme ailleurs en Afrique:

    JPSC

  • Mgr Jean-Pierre Delville, évêque de Liège : le sens de la forme extraordinaire du rite romain

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    « Chers Frères et Sœurs,

    Delville 1836205096.2.jpgC’est une joie pour moi de me retrouver avec vous pour célébrer la messe dans la forme extraordinaire du rite romain. Nous avons placé cette messe sous la protection de Marie et de son cœur immaculé. Elle est pour nous une mère, comme Jésus l’a dit à l’apôtre Jean, quand il était sur la croix : Voici ta mère. À partir de cette heure le disciple la prit chez lui. En prenant Marie chez lui, le disciple la protégeait et la faisait vivre. De même aujourd’hui nous voulons protéger et faire vivre la tradition de l’Église à travers la pratique de la forme ancienne de la liturgie. Nous la prenons chez nous, comme Jean a pris Marie chez lui. À ce sujet le pape Benoit XVI écrivait  : Il est bon pour nous tous, de conserver les richesses qui ont grandi dans la foi et dans la prière de l’Eglise, et de leur donner leur juste place. 

    La liturgie ancienne conserve en effet tout un patrimoine de paroles, de gestes, d’images et de chants, qui nous aident à vivre notre foi. Il serait dommage que tout cela soit réduit à devenir un objet de musée. Car tout ce matériau liturgique imprègne notre foi aujourd’hui encore. En parlant de « forme extraordinaire », le pape rappelle qu’il existe une « forme ordinaire » de la liturgie, promue par le concile Vatican II. Les deux formes doivent donc être conjuguées et ne peuvent être séparées.

    Le Concile a voulu promouvoir la participation de l’assemblée à la liturgie et le retour aux sources bibliques de la foi. Nous suivons cette inspiration aussi en célébrant la forme ancienne. Car nous participons tous par nos paroles, nos gestes, nos chants et notre prière personnelle à la prière communautaire. Et nous retournons aux sources de notre tradition de foi, non seulement aux sources bibliques, mais aussi aux sources liturgiques, dans la langue originale de leur création. Les paroles et les textes de la liturgie ancienne remontent parfois au 4e siècle et à l’époque de saint Ambroise de Milan, qui a écrit des hymnes pour la liturgie. Les oraisons de la messe sont composées en un latin rythmé, qui est proche de la poésie ; souvent elles comportent trois étapes : la contemplation de l’action de Dieu, la considération de la situation du fidèle et la formulation de sa prière de demande. Elles s’adressent toujours au Père, et invoquent en finale la médiation du Christ et celle de l’Esprit Saint. Ainsi une oraison de la messe est-elle pour nous un modèle de prière :  contemplation de Dieu, considération de la situation de l’homme, expression de la prière confiante. Les passages de l’Écriture se trouvent dans l’épître, l’évangile et le dernier évangile ; mais aussi dans le chant d’introit, dans le psaume graduel et l’antienne avant l’évangile, ainsi que dans les chants d’offertoire et de communion. Au total, c’est souvent plus que dans une messe suivant la forme ordinaire.

    Dans le canon de la messe, les mots peuvent nous surprendre par leur poésie : ainsi la vie éternelle est-elle décrite comme un refrigerium, un lieu de fraicheur. Et avant la communion, lorsque le prêtre rompt le pain et en met une parcelle dans la coupe, il utilise le mot de « consécration ». Car en effet la consécration du corps et du sang du Christ s’achève par cette commixtio, ce mélange qui évoque l’union de l’âme et du corps. À côté des mots, la liturgie comporte des gestes. Ceux-ci sont plus développés que dans la forme ordinaire. Par leur présence les gestes donnent une signification symbolique aux paroles exprimées ; ainsi le prêtre incline la tête chaque fois qu’il prononce le mot de Jésus, pour signifier que dans l’humanité de l’homme Jésus se cache sa divinité ou sa nature divine. Le prêtre baise l’autel avant chaque oraison : pour signifier que la prière qu’il va dire est inspirée par le Christ, dont l’autel est le symbole. Après la consécration, le prêtre fait la génuflexion devant le saint sacrement du corps et du sang du Christ pour signifier sa démarche d’adoration. Et il s’incline profondément durant sa prière personnelle pour marquer son humilité. Même le regard est codifié :  ainsi le prêtre doit lever les yeux vers le ciel quand il offre le pain et le vin à l’offertoire, pour signifier son attente d’une intervention divine. Le regard du prêtre se conjugue au regard des fidèles. Ceux-ci sont émerveillés par la beauté des lieux, des habits, des peintures, des vitraux, de l’autel. Leur regard est sollicité en particulier au moment de l’élévation de l’hostie et du calice, lors de la consécration, lorsqu’ils lèvent la tête. Les fidèles sont touchés aussi par la bonne odeur de l’encens, qui touche leur odorat. Les sens de chacun sont sollicités pour que toute la personne, dans son corps, participe à la prière et que celle-ci anticipe la joie de la vie éternelle, où nous serons tout à tous et tout à Dieu. Nous serons dans la vision béatifique, c’est-à-dire la vision de Dieu.

    Enfin, il y a les chants, qui touchent nos oreilles. Quand ils sont entonnés par le prêtre, ils rendent sa prière publique et solennelle. Quand ils sont chantés par l’assemblée ou le chœur, ils signifient la participation de chacun à la prière du prêtre, dans un dialogue où chacun a sa part. Les chants transforment les mots en œuvres d’art, en louange, en fête, en joie ou en tristesse ; ils soulignent les sentiments qui animent la prière et touchent le cœur de chacun. Ils touchent même le cœur de Dieu, puisque saint Augustin a dit : celui qui chante prie deux fois. 

    Ainsi, Frères et Sœurs, dans cet ensemble de mots, de gestes, d’images et de chants, nous vivons notre foi. Nous recueillons un patrimoine, comme saint Jean au pied de la Croix a recueilli Marie, symbole de l’Eglise. Que notre participation à cette messe fasse ainsi vivre notre Église ; et qu’elle fasse de nous des témoins, comme saint Jean qui fut évangéliste, c’est-à-dire porteur de bonne nouvelle, pour le monde entier. Amen. »

    Ref. Le sens de la forme extraordinaire du rite romain

    Homélie prononcée  pour la  messe votive du Cœur immaculé de Marie, à Herzogenrath  ( près d'Aix-le-Chapelle)

    JPSC

  • Quand Notre-Dame dérange

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    assomption.jpgLa popularité de la fête de l’Assomption de la Vierge Marie dont Pie XII -inspiré par une croyance pérenne depuis les premiers siècles de l’Eglise- a proclamé le dogme en ce jour mémorable de la Toussaint 1950, ne se dément pas. A Liège encore cette année-ci, malgré le temps maussade, on se pressait à l’église du Saint-Sacrement où j’ai assisté à la grande messe chantée en son honneur. Et la chapelle toute proche du monastère des Bénédictines était également comble: une piété contre laquelle le regard condescendant posé sur ces pratiques par l’esprit qui souffle sur l’Eglise des temps nouveaux n’a aucune prise. L’article d’Anne Bernet que le bimensuel l’Homme Nouveau » publie sur son site, en témoigne :  

    « De Maria, nunquam satis », « s’agissant de Marie, ce n’est jamais assez. » dit un vieil adage. Comment, en effet, un vrai catholique pourrait-il se lasser de parler et entendre parler de Sa Mère céleste, alors qu’en égrenant son chapelet, il ne cesse de redire Son nom et de penser à Elle ? Toute nouvelle parution consacrée à la Sainte Vierge devrait être une occasion de joie. Reste que ce n’est pas, hélas, toujours le cas.

    Il y a deux ans, Mgr Le Tourneau et Pascal-Raphaël Ambrogi publiaient chez Desclée de Brouwer un Dictionnaire encyclopédique de Marie destiné à faire date, somme impressionnante que chacun devrait posséder. Après cela, s’aventurer sur le même terrain s’avérait risqué, sauf à choisir une approche diamétralement différente et à borner sérieusement ses ambitions. C’est ce qu’a fait l’équipe réunie autour de Fabienne Henryot et Philippe Martin pour donner à leur tour un Dictionnaire historique de la Vierge Marie (Perrin. 570 p. 27 €). Le volume ne compte que cent cinquante articles, nombre dérisoire comparé aux entrées du Le Tourneau/Ambrogi, par référence aux cent cinquante grains du Rosaire. C’est là, au demeurant, la seule concession faite par les auteurs à la piété catholique.

    Quel fil directeur ?

    Car de quoi s’agit-il ? D’étudier le rapport des croyants, fatalement trouble, infantile, maladif, psychotique, à la Mère de substitution qu’ils se cherchent dans les cieux, censée apaiser leurs craintes existentielles. Le ton est donné, entre mépris, ricanements et prétention scientifique. À travers une sélection impossible parfois à décrypter, - pourquoi tel sanctuaire et pas tel autre, tout aussi connu, voire beaucoup plus ? Pourquoi telle dévotion, telle confrérie plutôt que d’autres plus répandues ? Pourquoi s’intéresser à des sujets mineurs (le vaudou mais pas les premiers samedis du mois ? Les bandes dessinées pornographiques ayant Marie pour héroïne mais pas la médaille miraculeuse …) et se borner à effleurer des thèmes plus intéressants ? -, un fil directeur finit cependant par se dessiner et il agacerait si l’on ne s’avisait pas, au fond, du très bon côté de l’affaire.

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