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Du site des éditions Artège :
Baudouin et Fabiola
L'itinéraire spirituel d'un couple

Date de parution : 19.09.2018
EAN : 9791033607571
Nombre de pages : 224
Catégorie : Grandes figures
Arnaud Dumouch a trouvé un précédent historique éclairant dont on pourrait s'inspirer pour répondre à la crise actuelle déclenchée par les scandales sexuels :
Scandales sexuels : la solution ?
Un docteur de l'Eglise inconnu a su agir et a réussi : saint Pierre Damien, Docteur de l’Eglise, qui annihila la pédophilie au XI° s (+ 1072).
Comment ce saint moine, confronté à une des pires crises de la papauté et à une des pires décadences du clergé, réussit à extirper les vices de la pédérastie (c'est le vrai nom de l'abus par des homosexuels de jeunes garçons et de jeunes adultes) et de la simonie dans le clergé de son temps. Pour cela, il analysa les causes puis désigna le remède : réduire à l’état laïc tout clerc, fut-il cardinal, coupable de ces vices. Il obtient de la papauté (Léon IX aidé par Hildebrand, futur pape saint Grégoire VII) une réaction adaptée. Sa prédication forte par ses lettres, sa droiture morale, prépare la réforme grégorienne et la merveilleuse efflorescence du XIII° siècle.

A Liège, en Outremeuse le 15 août de chaque année, la piété mariale se mêle volontiers au folklore populaire et c’est très bien ainsi !
Plus insolite: sur l’autre rive du fleuve, au Centre-Ville, un groupe de chanteurs issu des conservatoires royaux de Liège et de Mons a aussi voulu se réunir cette année pour célébrer la Madone de l’Assomption avec les plus beaux motets mariaux du répertoire classique. Au programme: William Byrd, Arcadelt, Aichinger, Arcadelt, César Franck et Diogo Dias Melgas.
Cela se passe au cours de la messe célébrée le mercredi 15 août 2018 à 10h en l’église du Saint-Sacrement, Bd d’Avroy, 132: avec les solistes du plain-chant et l’Ensemble polyphonique « VocA4 » réuni par Arnaud François, avec l’appui de l’association Foliamusica pour la promotion des jeunes talents (dir. C. Leleux). A l’orgue: Patrick Wilwerth, chef du chœur universitaire de Liège et professeur au conservatoire de Verviers.
Bienvenue à tous (libre et gratuit). Plus de détails sur l’affiche reproduite ci-dessus et heureuse fête de Sainte Marie à chacun. Rens. Tel. 04.344.10.89 email sursumcorda@skynet.be
LES ORIGINES DE LA FÊTE DE L’ASSOMPTION
Très tôt, les premiers chrétiens ont eu le pressentiment que la Mère de Dieu, préservée de tout péché, ne pouvait pas avoir connu la corruption de la mort. Une intuition qui sera ensuite approfondie par les Pères de l’Eglise. Au VIe siècle, la fête de la Dormition est déjà célébrée en Orient, vers la mi-janvier. Plus tard, l’empereur byzantin Maurice (582-602) la fixera définitivement au 15 août.
La fête arrive à Rome grâce au pape Théodore (642-649), originaire de Constantinople. Elle se diffuse petit à petit en Occident : en 813, le concile de Mayence l’impose à l’ensemble de l’Empire franc. Peu à peu, la fête va prendre le nom d’Assomption mais l’Eglise ne ressent pas le besoin d’ériger en dogme cette croyance.
C’est après la proclamation par Pie IX du dogme de l’Immaculée Conception, dans le grand courant de dévotion mariale du XIXe siècle, que des pétitions commencent à affluer à Rome pour que soit officiellement défini le dogme de l’Assomption.
C’est ce que fit solennellement le pape Pie XII le 1er novembre 1950 sur la place Saint-Pierre à Rome: « Nous affirmons, Nous déclarons et Nous définissons comme un dogme divinement révélé que l’Immaculée Mère de Dieu, Marie toujours vierge, après avoir achevé le cours de sa vie terrestre, a été élevée en corps et en âme à la vie céleste » (constitution apostolique « Munificentissimus Deus »).
Quelques extraits du programme des chants
Jacques Arcadelt (Namur,1507- Paris,1568): Ave Maria
William Byrd (Londres,1539- Stondon Massey, Esses, 1623):
messe à 3 voix
Gregor Aichinger (Ratisbonne,1564- Augsbourg,1628): Regina Caeli
Diogo Dias Melgas (Cuba, Portugal,1638-Evora, 1700): Salve Regina
Plain-chant de la messe de l'Assomption
Plus de renseignements : tel 04 344 10 89 ou email : sursumcorda@skynet.be
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Une initiative de "Sursum Corda" asbl, Association pour la sauvegarde de l’église du Saint-Sacrement au Boulevard d’Avroy, 132 à Liège.Tel. 04.344.10.89.
E-mail : sursumcorda@skynet.be. Web : http://eglisedusaintsacrementliege.hautetfort.com
Faire un don ? Compte bancaire : IBAN BE58 0003 2522 9579 BIC BPOTBEB1 de Sursum Corda asbl, Rue Vinâve d'île, 20 bte 64, 4000 Liège.
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D'Anne Bernet sur le site de l'Homme Nouveau :
Énigmes historiques ou machines de guerre ?

« Les grandes énigmes historiques », filon longtemps inépuisable - le recours aux analyses d’ADN a apporté récemment des réponses définitives à quelques-unes des plus excitantes …- de l’édition, auront eu l’incontestable mérite, par les efforts d’intelligence, de recherches, de logique qu’elles exigeaient, de susciter des vocations d’historiens passionnés. Sont-elles, cependant, en leur genèse, aussi innocentes qu’il y parait ?
La parution d’un recueil grand public, mais signé des meilleurs spécialistes et enrichi de fortes bibliographies, Les énigmes de l’histoire de France, (Perrin. 400 p. 21 €.) supervisé par Jean-Christian Petitfils, invite, en le lisant, à se poser des questions.
Exceptée le débat, qui restera sans doute ouvert, de la localisation du site d’Alésia et des raisons de la défaite de Vercingétorix, auquel le terrain comme le nombre de combattants semblaient promettre la victoire, des faits plus récents, telle l’arrestation de Jean Moulin à Caluire ou le voyage à Baden-Baden de De Gaulle en 1968, tous ces récits ou presque, en effet, concernent des affaires dont les contemporains parfois, les politiques, les idéologues et l’historiographie à leur service toujours, se servirent pour porter des coups violents à l’Église, au catholicisme, à la monarchie.
Il y a là, à n’en pas douter, plus qu’une coïncidence.
Prenons les Templiers. Pour les médiévistes sérieux, tout est clair : Philippe le Bel trouve son intérêt à abattre la puissance financière plus encore que militaire de l’Ordre du Temple, inutile depuis la perte du royaume latin de Jérusalem. La seule vraie question, toujours disputée, est de savoir qui a lancé les premières accusations contre l’Ordre, et si le roi y a cru ou non, selon que chacun le voit cynique et pragmatique, ou pieux et naïf. Les textes médiévaux concernant le Temple, de mieux en mieux étudiés, ont permis d’écarter les assertions concernant une « règle secrète », des pratiques païennes parmi les moines soldats, la conversion cachée de certains d’entre eux à l’Islam. Rien, comme le rappelle Alain Demurger, auteur du chapitre, n’y renvoie au moindre ésotérisme, encore moins aux origines de la maçonnerie ni aux trésors, spirituels et matériels supposés découverts sous le temple de Salomon. Tout cela est un fatras inventé à compter du XVIIIe siècle à partir de rien, et grossi à l’infini par une foule d’illuminés, certains sachant fort bien ce qu’ils faisaient, afin d’accréditer l’existence d’un secret gnostique détenu par les Templiers, lesquels auraient été, pour cette raison, éradiqués par la papauté et la monarchie. Le Da Vinci Codene fut que le dernier avatar de cette énorme fumisterie, qui aura écarté de l’Église des multitudes de crédules manipulés.
Créer artificiellement des zones d’ombre et des « mystères » autour de Jeanne d’Arc, la vouloir bâtarde d’Isabeau de Bavière et de Louis d’Orléans, gloser sur sa santé mentale, la prétendre échappée au bûcher de Rouen, c’est nier la réalité du miracle johannique et la possibilité que Dieu soit intervenu dans les difficultés du royaume de France. Ainsi que le dit Jacques Trémolet de Villers, le seul mystère de Jeanne tient à la grandeur du miracle qu’elle incarne, et c’est précisément ce qui dérange.
À travers la Saint-Barthélemy, et les pamphlétaires huguenots l’avaient fort bien saisi, qui s’en servirent d’abondance, c’est la légitimité monarchique, le rôle du roi, accessoirement de la reine mère, qui sont dénoncés afin de remettre en cause la dynastie des Valois.
Affirmer que Ravaillac fut manipulé par les ultimes partisans de la Ligue, c’est accuser les catholiques d’avoir trahi les intérêts de la France dans une sombre alliance avec l’ennemi espagnol, donc faire du pape et de l’Église un péril pour l’État et la cohésion nationale … S’interroger sur la nature des liens entre Anne d’Autriche et le cardinal de Mazarin, ou sur la volonté de Louis XIV de minimiser le rôle de Mme de Montespan, sa maîtresse et la mère de princes légitimés, dans l’Affaire des Poisons, c’est encore saper les fondements sacrés de l’ordre royal. Tout comme disserter gravement, même contre tout bon sens, sur l’éventualité que le Masque de fer fût le frère jumeau du Roi Soleil, ou que l’on ait caché au couvent de Moret l’existence d’une fille à la peau noire née du souverain et de sa femme …
Toutes ces histoires enflent, grossissent, sortent sur la place publique à l’époque des Lumières et comment douter que cela soit voulu, calculé pour atteindre le trône et l’autel ?
Cela devient évident avec l’agitation autour de l’affaire du collier de la Reine, née de l’aveuglement du cardinal de Rohan, pourtant bon diplomate admiré pour son intelligence, et de la vindicte de Marie-Antoinette, qui ne comprit pas qu’elle serait la première victime d’une « médiatisation » qu’il eût fallu à tout prix éviter …
Ne revenons pas, Philippe Delorme le fait à la perfection, sur le drame Louis XVII, désormais éclairci. Faire croire à la survie du petit roi, c’était saper, et d’abord dans le cœur des fidèles déçus par la réalité de la Restauration, le sentiment de la légitimité bourbonienne.
Dans un registre plus scabreux, feindre de ne pas comprendre les circonstances exactes du décès du prince de Condé, retrouvé pendu à une « espagnolette qui ressemblait à une petite baronne anglaise », c’était faire peser sur Louis-Philippe des soupçons de crime d’intérêt assez répugnants, ce qui arrangeait autant la droite légitimiste que la gauche républicaine.
Mêmes manœuvres de déstabilisation politique concernant les morts suspectes de la Troisième République, telles les circonstances, montées en épingle du décès de Zola, icône de la gauche et du progrès fatalement assassiné par un complot réactionnaire.
Quant à l’abbé Saunière, et à l’or de Rennes-le-château, ils servirent à jeter un discrédit supplémentaire sur l’Église, comme si les énormes trafics de messes d’un prêtre indigne n’y avaient pas suffi.
Tout cela, au fil du temps, aura toujours visé les mêmes buts : favoriser la rupture de la France avec un modèle politique et religieux qu’il convenait d’éradiquer.
Il faut se féliciter du sérieux d’un ouvrage qui remet, sauf rares exceptions, l’histoire à l’endroit et démolit les mythes fabriqués dans l’intention de nuire.
Malheureusement, ils ont la peau dure et rencontreront toujours des adeptes pour les préférer à la vérité historique.
Les énigmes de l’histoire de France, (Perrin. 400 p. 21 €.) supervisé par Jean-Christian Petitfils
Alors que La Croix (ICI), pour rectifier Onfray, va chercher un « spécialiste » (un dénommé Chapoutot) qui dit des âneries aussi énormes que celles ... d’Onfray en affirmant notamment que Pie XII était pro-nazi, de nouveaux documents mettent en évidence la véritable attitude de Pie XII face au nazisme :
Une étude d'un jésuite américain fait état notamment d'un mémorandum écrit par le futur Pape, montrant son antipathie profonde pour le régime nazi (source)
Depuis quelques jours, la presse américaine fait grand bruit autour de documents nouveaux montrant que le cardinal Pacelli, secrétaire d'État du Pape Pie XI et futur Pie XII, avait exprimé clairement dans des propos privés, dans les années 1937- 1938 son opposition déterminée au nazisme. Ces documents ont été retrouvés par le P. Charles Gallagher, jeune jésuite, historien américain, professeur à l'université de Saint Louis (Missouri).
Son étude, parue dans la prestigieuse revue jésuite America (n° 5 du 1er septembre), résume trois documents :
- Un rapport datant de 1939, dont l'auteur, Alfred Klieforth, avait été consul général des États-Unis à Berlin dans les années 1920. Il y avait eu avec le nonce Pacelli en 1937 un entretien de trois heures sur la « situation en Allemagne », qui lui avait laissé l'impression suivante : « Il s'oppose unilatéralement à tout compromis avec le national-socialisme. Il considère Hitler [...] comme un être fondamentalement méchant. Il ne croit pas Hitler capable de modération, en dépit des apparences, et il soutient totalement les évêques allemands dans leur attitude antinazie. » ?
- Un mémorandum transmis par Joseph Kennedy, père du futur président, ambassadeur des États-Unis à Londres en 1938, à James Roosevelt, fils du président des États-Unis. Le secrétaire d'État Pacelli lui avait remis un rapport pour exprimer « ses vues personnelles qui, naturellement ne peuvent refléter une information positive venant des cercles officiels », à l'intention de « votre ami », c'est-àdire du président Roosevelt. ?
- Un troisième document se réfère à un rapport ultérieur de Kennedy sur ses rencontres avec le Pape, en mars 1939, juste après le couronnement de ce dernier. Il y exprime l'avis que le nouveau Pape « a un préjugé inconscient venant de sa certitude que le nazisme et le fascisme sont pro-païens, et, en tant que tels, coupent les racines de la religion ».
Le témoignage le plus direct est évidemment le mémorandum d'avril 1938, rédigé par le cardinal Pacelli en personne. II répond à l'enquête dont Kennedy a été chargé sur les bruits qui courent concernant l'attitude de l'Église envers les « nouveaux gouvernants en Autriche », c'est-à-dire les nazis après l'annexion du pays au Reich, et sur « la possibilité d'un accord à cet égard entre le Saint-Siège et le gouvernement nazi ». Dans sa réponse, après avoir rappelé le désaveu catégorique par le Saint- Siège d'une déclaration des évêques autrichiens, et les violations incessantes du Concordat par le Reich, le cardinal Pacelli ajoute : « Même maintenant, je suis sûr que le Saint-Siège sera toujours disposé à accepter et à négocier loyalement avec toute autorité politique quelle qu'elle soit, mais avant qu'une véritable entente soit réalisée, il faut au moins le commencement de l'évidence de la bonne foi de l'autre partie ; évidence qui, dans le cas présent, fait complètement défaut, ce qui met hors de question la possibilité d'un accord entre les deux pouvoirs. »
Beaucoup d'éléments restent à trouver dans les fonds d'archives
Vient alors une allusion encore mystérieuse : « Je pense qu'il sera très utile que vous communiquiez à votre Ami des vues qui sont miennes. À mon jugement personnel, il n'y a pas de meilleure occasion que celle-ci pour pousser de l'avant le plan auquel nous avons pensé en Amérique et que je sais être parmi vos objectifs. Il amènerait le monde à penser à la nécessité toujours grandissante dans les situations troublées actuelles, d'entrer en contact avec les Pouvoirs Moraux Suprêmes de ce monde, qui semblent impuissants et solitaires dans leur lutte quotidienne contre toutes les sortes d'excès politiques, allant du bolchevisme aux néo-païens parmi les jeunes générations « aryennes ». Je pense que le plan envisagé accroîtrait le prestige du gouvernement américain, qui apparaîtrait seulement préoccupé d'utiliser tous les moyens pour assurer la paix de tous les peuples. »
Ces trouvailles du P. Gallagher montrent une fois de plus que beaucoup d'éléments sur la papauté dans les années 1920-1940 restent à trouver dans les fonds d'archives étrangers. Son interprétation, qui insiste sur le recours de Pacelli à la diplomatie secrète et personnelle contre le régime nazi, laisse de côté toute interrogation sur le mystérieux « plan », dont il s'était entretenu avec Joseph Kennedy l'année précédente, lors de son voyage triomphal aux États-Unis. Peut-être s'agit-il d'un appel de Roosevelt à l'intervention du Saint-Siège pour promouvoir la paix mondiale. Auparavant, il rappelle les conditions du Saint-Siège à un accord éventuel, sous-entendu avec le Reich. Rien de nouveau d'ailleurs, sinon qu'il s'adresse à un interlocuteur, Joseph Kennedy, dont les amitiés nazies ne sont déjà pas un mystère. Le personnage en son temps n'avait d'autre crédit que d'avoir contribué au financement de la campagne du président. Mais, dès 1938, se réputation de partisan de « l'apaisement » avec le Reich était bien établie. Comment le cardinal Pacelli avait-il accepté de montrer tant de confiance à ce personnage ? Aux historiens américains de le dire.
D'Yves Semen sur aleteia.org :
Humanae vitae : histoire d’une encyclique incomprise
50 ans après sa publication, l’encyclique Humanae Vitae est toujours incomprise. Sans doute les normes morales qui y sont énoncées ne sont pas suffisamment présentées comme des exigences d’une pleine réalisation de la personne dans le don d’elle-même. L’enseignement de la théologie du corps de Jean Paul II aide à y trouver cependant les grandes lignes de la spiritualité chrétienne de la vocation et de la vie conjugales.
En cet anniversaire de la publication, le 25 juillet 1968, de l’encyclique Humanae vitae sur la régulation des naissances, il n’est pas inutile de revenir sur ce qui a conduit le bienheureux pape Paul VI à promulguer cet enseignement magistériel que Jean-Paul II a confirmé et étayé par sa théologie du corps et dont François nous invite à redécouvrir le message1.
Mise au point aux USA au début des années 1950 par le dr Gregory Pincus, la pilule anovulatoire a été mise sur le marché en 1957, d’abord à des fins thérapeutiques pour remédier à certains troubles menstruels et aux fausses couches répétitives, puis à partir de 1960 à des fins contraceptives. Cette découverte n’a pas manqué de susciter des interrogations dans l’Église : pouvait-elle être considérée comme une nouvelle conquête du dominium de l’homme sur la nature ? Devait-elle être vue comme un heureux moyen de maîtriser le don de la vie qui jusque-là échappait le plus souvent au contrôle de l’homme ? En même temps, n’y avait-il pas là une remise en cause de la discipline traditionnelle de l’Église qui a toujours vu dans la contraception un désordre moral grave ?
Lire la suite sur aleteia.org
Ce jeudi 19 juillet 2018, le professeur René Lebrun, docteur Honoris Causa de l’université de Limoges, docteur en Philologie et Histoire orientales, licencié-agrégé en philologie classique et entre autres, professeur émérite à l’université catholique de Louvain-La-Neuve et à l’Institut catholique de Paris, nous a accordé un entretien pour Belgicatho.
Professeur, pourriez-vous brièvement nous retracer votre parcours académique et aborder les questions qui vous ont intéressé au long de cette vie professionnelle ?
Le début de ma carrière en tant que chercheur et enseignant à l’université, c’est en 1980 à Genève ; j’ai enseigné à Genève l’histoire de l’Anatolie et la langue hittite. L’année suivante en 81, j’ai été engagé à la KUL et j’y ai presté le hittite pendant dix ans, en néerlandais. En 86, je vais être engagé à Paris, en parallèle de la KUL, à l’Institut catholique de Paris, où je vais enseigner l’akkadien, le hittite et l’histoire de l’Anatolie et cela jusqu’en 2005. Au début des années 90, j’ai renoncé à Leuven et j’ai été engagé ici à l’UCL où j’ai été responsable des cours d’akkadien, ou de babylonien si vous voulez (c’est équivalent), de hittite, d’histoire de l’Anatolie et je suis devenu le président de l’Institut orientaliste. Maintenant, je reste actif : on est quelques professeurs émérites à avoir bénéficié tout récemment, il y a deux mois, d’un titre « émérite actif » ce qui me permet de conserver mon bureau et de garder les mêmes budgets pour les recherches ; on a droit à une secrétaire etc. Les voyages scientifiques à l’étranger sont payés par l’université. À côté de cela, je dirige plusieurs publications et collections dont la collection Homo religiosus fondée par le cardinal Ries. Quand il a fondé cette collection et le centre d’histoire des religions, j’ai immédiatement été son bras droit. Et c’est comme cela que je lui ai succédé tout naturellement car c’était son souhait. Cette collection est publiée chez Brepols.
Aujourd’hui, quelles sont les grandes questions qui sont encore discutées dans l’histoire de l’Anatolie ?
Ce qui reste passionnant c’est bien sûr le hittite avec ces textes en hittite, à peu près 76 000 textes, dont une grande partie n’est toujours pas publiée ! J’ai lancé, il y a quelques mois, une recherche ici, en vue d’une publication par l’Institut orientaliste ou dans la collection Homo religiosus concernant une édition scientifique des rituels hittites. Il y a plus de mille textes, donc on peut s’amuser ! Il y a aussi les nombreuses inscriptions en caractères glyphiques puisque les Hittites utilisaient deux systèmes d’écriture : une cunéiforme, surtout pour les tablettes d’argile, et d’autre part, pour tout ce qui était monuments ou les sceaux, c’était en écriture glyphique – avant on disait hiéroglyphique, par comparaison avec l’Égypte, même s’il n’y a aucun lien entre les deux -
Quand j’ai commencé mes études d’orientalisme, c’était encore une écriture très mystérieuse.

Le magazine trimestriel « Vérité & Espérance – Pâque Nouvelle » édité par l’association « Sursum Corda » (responsable de l'église du Saint-Sacrement à Liège) a publié sa livraison de l’été 2018. Tiré à 4.000 exemplaires, ce magazine abondamment illustré parcourt pour vous l’actualité religieuse et vous livre quelques sujets de méditation.Les articles mentionnés en bleu sont disponibles sur le blog de l'église du Saint-Sacrement (cliquez sur les titres ci-dessous pour y accéder).
Au sommaire de ce numéro n° 107 (été 2018) :
La réception de l’Eucharistie à travers le temps
A contretemps : bioéthique, spiritualité, scientisme

Rome et le monde :
Pape François : quel bilan pour cinq années de pontificat ?
L’accès des conjoints luthériens allemands à la communion sacramentelle
Célibat sacerdotal en péril : le cardinal Sarah monte au créneau
Efflorescence du catholicisme en Afrique
Belgique :
Avortement : encore plus permissif ?
Vers une reconnaissance symbolique des couples homosexuels par l’Eglise ?
Un attentat « islamiste » au Boulevard d’Avroy à Liège
Secrétaires de Rédaction : Jean-Paul Schyns et Ghislain Lahaye
Editeur responsable: SURSUM CORDA a.s.b.l. ,
Rue Vinâve d’île, 20 bte 64 à B- 4000 LIEGE.
La revue est disponible gratuitement sur simple demande :
Tél. 04.344.10.89 e-mail : sursumcorda@skynet.be
Les dons de soutien à la revue sont reçus avec gratitude au compte IBAN:
BE58 0016 3718 3679 BIC: GEBABEBB de Vérité et Espérance 3000,
B-4000 Liège
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De Caroline Becker sur le site « aleteia » (17 juillet) :
« Alors que la Russie commémore le centenaire de l'assassinat de la dernière famille impériale russe, les autorités viennent d'annoncer officiellement l'authentification des restes du tsar Nicolas II et de sa famille :
Les restes supposés du tsar Nicolas II et de sa famille pourront-ils bientôt être inhumés religieusement ? Les nouveaux résultats semblent le confirmer. Les autorités russes ont annoncé cette semaine que les restes du tsar Nicolas II, de son épouse et de trois de leurs filles avaient bien été authentifiés comme étant ceux de la famille impériale, tragiquement assassinée il y a 100 ans.
Lire aussi :
Vladimir Federovski revient sur le martyre de Saint Nicolas II Romanov
L’Église orthodoxe frileuse
Nicolas II, son épouse Alexandra Fedorovna, leurs quatre filles et leur fils ont été fusillés par les bolchéviques dans la nuit du 16 au 17 juillet 1918 à Ekaterinbourg, dans l’Oural. Les corps ont ensuite été jetés à la va-vite dans une fosse commune aux environs d’Ekaterinbourg. Reconnus comme martyrs du bolchévisme, ils ont été canonisés par l’Église orthodoxe en 2000.
Les restes de la famille impériale, retrouvés dans la fosse commune en 1979 et aujourd’hui enterrés dans la forteresse Pierre et Paul Saint-Pétersbourg, ont déjà fait l’objet d’analyses génétiques. En 1998, le gouvernement russe avait ainsi officiellement reconnu l’authentification des restes comme appartenant à Nicolas II, son épouse et trois de ses filles. Mais l’Église orthodoxe avait, quand à elle, toujours réfuté ces résultats.
Une enquête ouverte depuis 2015
À sa demande, de nouveaux tests ont donc été exigés en 2015 afin de faire des comparaisons avec d’autres membres de la famille impériale. Pour la première fois, les restes du précédent tsar, Alexandre III, ont donc été exhumés afin de prouver que Nicolas II et lui était bien « père et fils ». Ces nouveaux résultats ADN semblent confirmer ce qui avait déjà été authentifié en 1998. Le porte-parole de l’Église orthodoxe, Vladimir Legoïda, a salué le travail des enquêteurs et a souligné que le clergé examinerait avec attention ces nouveaux résultats. Les restes présumés des deux autres enfants du tsar, Alexeï et Maria, retrouvés seulement en 2007, n’ont pour le moment pas encore fait l’objet de prélèvements ADN, faute d’accord entre les autorités et l’Église orthodoxe.
En attendant les conclusions officielles de l’Église orthodoxe, le patriarche Kirill a guidé, ce jour, la procession organisée en l’honneur du centenaire de l’assassinat de la famille impériale. Celle-ci a quitté, vers deux heures du matin, le lieu où ont été tués le tsar et sa famille pour rejoindre à pied le monastère de Ganima Iama, construit en leur honneur, situé à 21 kilomètres de Ekaterinbourg.
Lire aussi :
« Nicolas II et Alexandra de Russie », le retour de la mémoire russe
Ref. Les restes du dernier Tsar de Russie, Nicolas II, et de sa famille identifiés
L’hymne officiel de l’empire russe de 1833 à 1917 :
La vidéo ci-dessous rend compte de la procession, avec le patriarche Cyrille, qui a eu lieu le 17 juillet (nuit du 16 au 17), à Ekaterinbourg en Russie, pour le centenaire de l'assassinat du tsar Nicolas II et de la famille impériale. 100. 000 personnes y ont participé :
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Lu sur le site « aleteia » :
« Avec Rémi Brague et Philippe Bénéton, la philosophe est signataire de La Déclaration de Paris, un long plaidoyer en faveur d’une Europe en laquelle croire à nouveau. De nombreux intellectuels européens ont déjà signé ce texte stimulant qui, un an avant les élections européennes, invite à réinsuffler de la spiritualité dans le projet européen et à se garder de l’idéologie universaliste. Entretien.
Aleteia : Quelle est l’origine de ce manifeste ?
Chantal Delsol : Un groupe informel d’universitaires et d’écrivains libéraux-conservateurs, venus de tous les pays européens, se réunit depuis longtemps, tous les ans ou tous les deux ans. En juin 2017, ils ont organisé un colloque à Paris dont ce texte est le fruit. Ces intellectuels ressentent un profond malaise devant l’Europe telle qu’elle évolue et craignent qu’elle n’emporte les peuples vers un futur dangereux. L’émergence des démocraties illibérales en Europe centrale, le Brexit, les remous politiques en Italie, en sont quelques signaux précurseurs. Si les dirigeants européens ne l’ont toujours pas compris, on est en droit de s’inquiéter.
Le traité de Rome de 1957 portait-il en lui le germe de cette évolution ?
Je considère que les principes fondateurs ont été dévoyés. Les intentions qui ont guidé la construction européenne étaient bonnes à l’origine. Faire l’Europe ne saurait être remis en cause. Je souhaite pour ma part la mise en place d’une véritable Europe fédérale dans laquelle chaque État-membre conserverait le maximum de prérogatives selon le principe de subsidiarité. Ce choix suppose l’abandon de certaines de leurs souverainetés : pas seulement la souveraineté monétaire, mais aussi le droit de désigner un ennemi, prérogative régalienne par excellence. Je précise qu’il s’agit là d’un point de vue personnel que les signataires de la Déclaration de Paris ne partage pas nécessairement.
Lire aussi :
On les appelle les Pères de l’Europe. Qui sont-ils ?
Quel serait le principal point commun des signataires de la Déclaration de Paris ?
Nous estimons tous que l’Europe n’est pas assez incarnée. L’idéologie universaliste et abstraite qui s’épanouit à Bruxelles est totalement déconnectée. Considérer que l’on est citoyen du monde et non citoyen d’un pays est un déni complet de réalité. Nous sommes des êtres de chair, dotés de cinq sens, et nous avons besoin d’être ancrés sur un sol et dans une histoire, ici et maintenant. Rappelez-vous la véritable hystérie suscitée en 2012 par les auréoles de saints Cyrille et Méthode qui apparaissaient sur les pièces de monnaie slovaques. Les instances européennes avaient alors multiplié les injonctions pour les faire retirer, mais avaient finalement échoué. Cet épisode traduit bien la volonté de tout désincarner, systématiquement. Et cela, c’est insupportable : les peuples ne peuvent pas accepter cela.
Cette désincarnation est-elle le fruit d’une volonté explicite ?
Je ne crois à pas en un quelconque complot. En revanche, à la tête de l’Europe, de hauts responsables préconisent ouvertement un universalisme cosmopolite et désincarné. Ce qui implique la disparition des frontières et l’instauration d’un libéralisme généralisé, y compris du point de vue culturel. L’ambition finale est de détruire tous les particularismes, y compris la famille, pour que chacun d’entre nous devienne un citoyen du monde. Cette idéologie puise dans la philosophie des Lumières françaises.
Lire aussi :
Bertrand Vergely : « Les Lumières nous rendent tranquillement sadiques »
Cette Europe ultra-libérale multiplie pourtant les règles. Comment expliquer ce paradoxe apparent ?
Dans l’idéologie universaliste et humanitariste, éminemment matérialiste, la santé du corps et le bien-être sont considérés comme l’un des biens les plus précieux au monde, si ce n’est le plus précieux. Or les normes produites par Bruxelles visent pour la plupart à circonscrire tous les risques qui pourraient menacer le corps et le confort. Au grand détriment de l’esprit. Peu importe si les enfants regardent des programmes ahurissants sur les écrans, du moment qu’ils consomment assez de protéines chaque jour, pourrait-on résumer d’une image.
À rebours de l’universalisme, quels sont les principes fondateurs de la culture européenne ?
La culture commune européenne est établie sur trois piliers. Le premier, c’est le concept de vérité qui nous distingue des autres civilisations fondées sur les mythes. Depuis Parménide, Socrate et le judéo-christianisme, nous vivons dans une culture de vérité et non plus dans une culture de mythes. L’Évangile, texte fondateur de notre culture, est un récit daté. Il rapporte des faits qui ont eu lieu. Le Christ a existé, c’est une vérité, que l’on croit en sa nature divine ou non. De l’idée de Vérité découlent notamment les sciences. Le deuxième pilier est l’humanisme de distance : la protection que nous accordons à nos semblables s’accompagne du respect de leur autonomie. Cette spécificité s’est développée à la fin du Moyen-Âge et à la Renaissance avec des penseurs comme Guillaume d’Ockham, Marsile de Padoue et Comenius. De là vient la démocratie moderne. Le temps, enfin, est le troisième pilier. A partir des Juifs et des chrétiens, le temps n’est plus circulaire mais fléché. Personne ne nous impose notre histoire : c’est nous qui la faisons. De là provient l’idée moderne de Progrès.
Il s’agit là des fameuses racines chrétiennes de l’Europe ?
Le combat pour les racines chrétiennes de l’Europe n’est ni identitaire ni religieux. De ces trois piliers découlent en effet les sciences, la démocratie, le progrès. Nier ces racines, c’est menacer ces trois héritages dont nous bénéficions tous, et pas seulement les chrétiens. L’identité est une matrice. Si nous la détruisons, ce qui en sortira n’aura plus rien de commun avec ce qui nous constitue fondamentalement depuis des siècles.
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Quel défi particulier l’Islam lance-t-il à l’Europe ?
Face à un islam conquérant, nous sommes anesthésiés. Notre culture nous a fait passer de la civilisation du héros à celle du marchand. Nous sommes ainsi devenus des marchands, indulgents, emplis de mansuétude et de tolérance. Mais les marchands perdent toujours face à des guerriers déterminés. Et comme l’islam impose une culture de la soumission et empêche toute culture de la critique, ceux des musulmans qui aspirent à adopter notre mode de vie préfèrent se taire.
Pourquoi les élites ne mesurent-elles pas le phénomène que vous pointez ?
Les élites manquent de courage pour défendre leur propre culture. C’est un phénomène bien connu depuis les anciens. Avec la sophistication de la culture, et le développement du confort à tous points de vue, on devient incapable de fermeté, incapable de dire non. Ainsi, ceux qui l’emportent sont ceux qui n’ont pas ces scrupules d’hyper-civilisation (certains diraient : ces scrupules décadents). Les pays d’Europe centrale sont à cet égard plus réalistes que nous, plus courageux pour défendre leur culture.
Quelle interprétation donnez-vous au discours du pape François sur l’accueil des étrangers ?
Il est normal que le pape François mette l’accent sur la charité, mais il sait très bien que le problème politique est majeur. Le problème de l’immigration est une tragédie cornélienne : deux valeurs, également importantes et affamées, se battent sans que l’une puisse avoir raison de l’autre. D’une part, la charité qui impose de recevoir les réfugiés ; d’autre part, le devoir politique qui impose de sauvegarder les valeurs culturelles de la société qui reçoit. Le discours de la pure charité, celui du Pape François ou de Merkel est ici dénué de sens. Un individu peut décider de se jeter à l’eau pour sauver son prochain, un chef politique n’a pas le droit de sacrifier sa société : elle ne lui appartient pas.
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Dans ce sombre tableau de l’Europe d’aujourd’hui, quelles seraient les raisons d’espérer ?
Depuis la chute du mur de Berlin l’Europe centrale est porteuse de beaucoup d’espoir, en particulier la République Tchèque, la Pologne et la Hongrie. Ces peuples dont nous partageons les racines, ont vécu une histoire tragique pendant cinquante ans. Aujourd’hui, l’idéologie matérialiste du confort a beaucoup moins d’emprise sur eux que sur nous. Ils savent ce qu’est l’histoire tragique. Ils ont conservé une forte sensibilité à la dimension spirituelle de l’existence, comme en témoignent par exemple les écrits de Jan Patocka, Jozef Tischner ou Leszek Kolakowski, qui ont été traduits en français. Si on voulait bien les écouter un peu, au lieu de se moquer d’eux, ils pourraient nous apprendre beaucoup.
Rémi Brague, Philippe Bénéton, Chantal Delsol, La déclaration de Paris, Paris : Le Cerf, 2018, 77 p., 5 euros.
Ref. Chantal Delsol : « L’identité européenne est une matrice ».
Ouvrons tout simplement les yeux autour de nous : en un demi-siècle l’Europe a profondément changé. Le mythe européen qui s’est construit après la seconde guerre mondiale, sur les ruines du nationalisme et des empires coloniaux, a généré des institutions bureaucratiques qui n’inspirent plus personne aujourd’hui. Pour paraphraser Metternich, l’Europe occidentale ne sera bientôt plus qu’une expression géographique, un espace où s’entrecroisent les fantômes apostats d’un monde ancien qui s’effondre sur lui-même et la meilleure part du monde postcolonial qui l’absorbera peu à peu sans que, jusqu’ici, elle ne contracte ses virus les plus mortifères, ceux dont témoigne « a contrario » la crise islamiste. On parlait jadis du péril jaune mais c’est un autre continent qui arrive et il ne partage pas les "valeurs" identitaires du déclin postmoderne. Sous le ciel européen, quel visage aura donc l’Eurafrique à la fin de ce siècle : celui de l’antiquité tardive moribonde ou celui d’un moyen âge promis à de nouvelles lumières? L’histoire est un éternel retour. Passons sans crainte aux « barbares » : au risque de scandaliser quelques-uns, je dirais que c’est ce que le pape François a, peut-être, compris.
JPSC
Libre propos de Charles-Henri d’Andigné dans l’hebdomadaire « Famille Chrétienne » :
« Où il sera question dans cette chronique de la philosophe. Simone Weil, avec un W. À ne pas confondre avec Simone Veil avec un V, la femme politique tant encensée ces derniers jours à l'occasion de son entrée au Panthéon...
Il y a de nombreuses raisons de rendre hommage à la philosophe Simone Weil (1909-1943). D’abord c’est un grand écrivain, à la prose limpide et à la pensée vigoureuse. Plusieurs de ses livres, L’enracinement, La pesanteur et la Grâce, La condition ouvrière, sont devenus des classiques. Ensuite c’est une mystique, du genre inclassable. Juive agnostique, elle s’est peu à peu rapprochée du Christ sans jamais sauter le pas d’une véritable conversion au catholicisme . Sa liberté de ton, unique, son indépendance d’esprit en font un auteur qu’aucun camp ne peut récupérer. Découverte par Gustave Thibon, qui était proche des milieux traditionnalistes, elle est révérée par des personnes aussi diverses qu’Albert Camus, Jean Bastaire, Martin Steffens, Alain Finkielkraut, Olivier Rey, Jacques Julliard, Philippe de Saint-Robert, André Comte-Sponville ou Laure Adler. Qui dit mieux ?
Une personnalité aussi riche et aussi rayonnante n’aurait-elle pas sa place au Panthéon ?
A l’heure où nous commémorons la naissance de la Ve république, il convient de relire sa fameuse Note pour la suppression générale des partis politiques, récemment rééditée (Climats). Ce petit chef d’oeuvre devrait être travaillé par tous les étudiants en « sciences politiques », qui y trouveraient matière à saine réflexion. Que dit-il ? Que la démocratie peut fort bien se passer de partis politiques : leur suppression ne signifierait nullement la fin de la vie démocratique. Que les partis obligent leurs membres à défendre des idées qui ne sont pas les leurs, et à taire des convictions profondes qui les animent, bref les conduit à se trahir eux-mêmes. « Les partis sont des organismes officiellement constitués de manière à tuer dans les âmes le sens de la vérité et de la justice », écrit–elle, s’indignant qu’on les tolère alors qu’on interdit les stupéfiants ! Dans un régime sans parti, poursuit-elle, « les élus s’associeraient et se dissocieraient selon le jeu naturel et mouvant des affinités ».
C’est que les idées, pour cet esprit intransigeant – et un tantinet anarchiste -, n’étaient pas un jeu de l’esprit. Rien ne lui était plus étranger que la pensée en chambre, bien au chaud et sans risque. Éprise d’absolu, radicale, elle a toujours cherché à mettre sa vie en accord avec ses convictions, allant résister à Londres, guerroyer en Espagne et travailler de ses mains à la campagne comme à la ville – elle fut ouvrière à plusieurs reprises, et elle est morte très jeune des privations qu’elle s’imposait. La fréquentation de son oeuvre est l’antidote par excellence à toute forme de cynisme. Encore une bonne raison de la faire lire aux étudiants.
Une personnalité aussi riche et aussi rayonnante n’aurait-elle pas sa place au Panthéon ? Ce serait un symbole magnifique. Il faudrait souffler l’idée au président Macron, qui devrait apprécier cet écrivain ni droite ni gauche à sa juste valeur.
Ref. Eloge de Simone Weil
JPSC