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Histoire - Page 38

  • Le carnaval : un héritage catholique ?

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    De Bosco d'Otreppe sur La Libre de ce 21 février, p. 33 :

    Pourquoi la Belgique est-elle une terre de carnavals ?

    Patchwork de bourgades et de communes catholiques, le pays a particulièrement soigné les carnavals qui participaient notamment à l’affirmation de soi.

    Binche, Malmedy, Alost, Eupen, La Roche, Ninove, Nivelles, Morlanwelz, Lobbes… Sans oublier les Lætares de La Louvière, Fosses-laVille, Tilff ou Stavelot. Des gilles aux Blancs Moussis, la Belgique est bel et bien une terre de carnaval.

    "D’autres régions du monde cultivent de tels folklores", note Clémence Mathieu, directrice du musée international du Carnaval et du Masque (Binche), mais le carnaval trouve chez nous "un écho spécifique dans le cœur des gens." "Sans doute est-ce parce que notre pays est composé de petits villages et de communes qui soignent leur identité ; et le carnaval participe de celle-ci."

    Citoyens de communes et de bourgades, les Belges seraient donc soucieux de leur folklore, peut-être davantage que dans des pays plus "jacobins" et centralisés autour d’une capitale. "Notez que si l’on pense à la France, on remarque que dès que l’on s’avance dans des régions plus reculées et moins tournées vers une capitale - les Alpes par exemple - l’on retrouve de telles coutumes régionales", poursuit Clémence Mathieu.

    Président de la Société de géographie à Paris, Jean-Robert Pitte propose une hypothèse comparable. "Le carnaval est souvent une affirmation des libertés urbaines. Ainsi, de nombreuses villes carnavalesques sont aussi des villes ‘à beffroi’", historiquement soucieuses de leur indépendance. "Il suffit de penser au Carnaval de Dunkerque lors duquel le maire et ses adjoints lancent des harengs depuis l’hôtel de ville et son beffroi. C’est aussi le cas du Carnaval de Venise, affirmation haute en couleur de la Sérénissime."

    Face aux protestants

    Célébration de la transgression, de la mascarade, du burlesque et de l’inversion des rôles, le carnaval trouve son origine dans les fêtes antiques qui jalonnaient le printemps. Si ces fêtes ont été reprises par le catholicisme pour en faire le carnaval - dernier exutoire avant l’entrée en Carême -, c’est qu’elles s’accordent bien à cette religion qui octroie une grande importance à la bonne chère et aux cinq sens. Le catholicisme a toujours pris très au sérieux l’incarnation, c’est-à-dire le fait que son Dieu "s’est fait homme", qu’il a cassé la croûte en partageant le poisson sur les berges du lac de Tibériade, qu’il a multiplié les banquets et changé l’eau en vin pour sauver une noce à la dérive.

    Dans le sillage de l’Église, "la nourriture rayonne de sainteté", note le philosophe Rémi Brague, et la tradition catholique a dès lors toujours pris au sérieux l’exultation du plaisir. Les fêtes catholiques - et les carnavals en sont un bon exemple - "mélangent cérémonies religieuses et réjouissances profanes, écrit Jean-Robert Pitte dans son ouvrage La planète catholique (Tallandier, 2020).

    Tous les arts sont concernés, au premier rangs desquels la musique et la danse, l’art vestimentaire, la gastronomie, mais aussi le théâtre, etc." Le catholicisme veille cependant à ce que cette recherche des plaisirs soit maîtrisée dans les limites du respect de l’autre et de soi-même. Le Carême qui débute au lendemain du carnaval est en ce sens une période de frugalité qui rend le primat à Dieu.

    À côté du catholicisme, le protestantisme rigoureux se présente à certains égards comme une religion plus austère et iconoclaste qui ne connaît d’ailleurs pas de carême en tant que tel. Pour cette raison, la culture du carnaval est moins répandue dans les villes protestantes, bien que les Carnavals de Bâle ou Hambourg - parmi d’autres - aient survécu à la Réforme en tant qu’affirmations des libertés urbaines.

    Jean-Robert Pitte avance dès lors une deuxième hypothèse. Si les carnavals sont si nombreux aux confins du monde réformé, chez nous au nord de l’Europe ou dans la vallée du Rhin, c’est qu’ils ont pu, tout au long de l’histoire, se présenter comme un geste d’affirmation catholique face aux voisins protestants. Le géographe propose cette explication avec prudence, mais il note que ce fut aussi le cas pour l’architecture baroque et rococo qui s’est épanouie en Autriche ou en Bavière pour mieux y défier l’iconoclasme et l’austérité protestante.

  • Le Pape Pie XII, l'Holocauste et la Vérité : Un entretien avec Michael Hesemann

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    De Paul Senz sur le Catholic World Report :

    Le Pape, l'Holocauste et la Vérité : Un entretien avec Michael Hesemann

    "L'anticatholicisme est l'antisémitisme des libéraux. Ceux qui essaient de discréditer Pie XII veulent discréditer l'Église catholique et tout ce qu'elle représente. Et bien sûr, c'est un moyen bon marché de créer un best-seller".

    15 février 2023

    Le pape Pie XII est une figure marquante de l'histoire de l'Église, ainsi que de la politique mondiale, au XXe siècle. Son pontificat a duré de 1939 à 1958, ce qui signifie qu'il a été pape pendant la Seconde Guerre mondiale et ses conséquences, ainsi que pendant la période qui a précédé le Concile Vatican II. Et avant son pontificat, le cardinal Eugenio Pacelli a servi à la Secrétairerie d'État et a été un acteur de premier plan dans les événements tumultueux des premières décennies du siècle.

    Michael Hesemann est l'auteur de quarante-quatre livres, qui ont été publiés en seize langues. Le plus récent, publié par Ignatius Press, s'intitule The Pope and the Holocaust : Pius XII and the Vatican Secret Archives (Ignatius Press, 2022). Aboutissement de nombreuses années de recherche, ce livre est une contribution extrêmement importante au débat scientifique sur le rôle que le pape Pie XII a joué au cours des événements calamiteux qui ont précédé, pendant et après la Seconde Guerre mondiale.

    La réputation de Pie XII en tant que "pape d'Hitler" est-elle une représentation exacte ? Si non, d'où vient cette idée fausse, et comment s'est-elle propagée si largement ? Qu'a-t-il fait pour aider les Juifs pendant la guerre ? Comment a-t-il été vilipendé ?

    M. Hesemann s'est récemment entretenu avec Catholic World Report au sujet de son nouveau livre, des mythes concernant le pape Pie XII et de la vérité sur les efforts déployés par le pape pour combattre le nazisme partout où cela était possible.

    Catholic World Report : Comment ce livre a-t-il vu le jour ?

    Michael Hesemann : En 2003, mon éditeur m'a demandé d'écrire un livre sur "la religion d'Hitler". Au cours de mes recherches, il est devenu évident qu'Hitler, qui suivait un mysticisme néo-gnostique du sang, était presque aussi fanatique contre l'Eglise catholique qu'il était antisémite. Son plan était d'exterminer l'Église après sa "victoire finale", la fin de la guerre ; jusque-là, il avait encore besoin des catholiques allemands pour se battre pour le Reich.

    De plus en plus, je me suis rendu compte que son antipode était Pie XII, l'homme qui, providentiellement, se trouvait à Munich en tant que nonce juste au moment de la montée en puissance d'Hitler et qui est devenu pape juste à la veille de la Seconde Guerre mondiale. J'ai écrit une biographie de Pie XII, qui a été traduite en six langues, et j'ai obtenu la permission de faire des recherches dans les archives secrètes du Vatican en 2008. À partir de ce moment, j'ai pu fouiller dans ses dossiers, des dizaines de milliers de documents, pour en savoir plus sur son attitude envers les Juifs, envers Hitler, et sur ses activités pour contrer les nazis et aider les Juifs pendant la persécution et l'holocauste.

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  • Deux critères pour réutiliser au mieux les églises fermées

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    Un article de Sandro Magister, vaticaniste à L’Espresso (traduction de Diakonos.be)

    Églises fermées. Deux critères pour les réutiliser au mieux

    Marcel Proust était prophétique quand il voyait, en 1904 déjà, bien trop d’ « églises assassinées » par décision du gouvernement français qui les transformait « selon leur bon plaisir en musées, salles de conférences ou en casinos ». Aujourd’hui en France, il y a même pire, avec trois églises incendiées en moins d’une semaine, en janvier dernière, au terme d’une série d’actes hostiles contre les lieux de culte dont la seule faiblesse est d’être sans cesse plus vides de fidèles.

    Plus que d’agressions, des milliers d’églises en Europe souffrent de l’abandon. Avec toujours moins de catholiques à la messe, elles se retrouvent vides. Et elles finissent donc par être fermées. En Allemagne, aux Pays-Bas, en Belgique, les chiffres donnent le vertige. Mais en Italie aussi, le nombre d’églises désaffectées est en augmentation. Ici, au moins, les églises appartiennent non pas à l’État mais à l’Église et elles jouissent donc d’une tutelle spontanée et durable de la part de leurs communautés diocésaines et paroissiales respectives. Mais quand ces communautés s’étiolent et disparaissent, c’est la fin pour leurs églises respectives. Elles risquent sérieusement d’être vendues et de se retrouver sur le marché, transformées par exemple en supermarchés ou en discothèques, ou à tout le moins en quelque chose d’opposé à leur raison d’être.

    Au Vatican, certains ont essayé de trouver des solutions pour remédier à cette situation. À la fin de l’année 2018, le Conseil pontifical de la culture présidé par le cardinal Gianfranco Ravasi avait organisé un colloque à la Grégorienne avec des délégués des évêchés d’Europe et d’Amérique du Nord sur le thème : « Dio non abita più qui ? » [Dieu n’habite-t-il plus ici ?]. Ce colloque a permis de faire émerger des « lignes directrices » qui déconseillaient « des réaffectations commerciales à but lucratif » et qui encourageaient en revanche des « réaffectations solidaires », à finalité « culturelle ou sociale » : musées, salles de conférences, librairies, bibliothèques, archives, laboratoires artistiques, centres Caritas, dispensaires, réfectoires pour les pauvres, et autres. Restant sauve « la transformation en logements privés » dans le cas « d’édifices plus modestes et dépourvus de valeur architecturale ».

    Mais plus de quatre ans après ce colloque, le risque continue à peser toujours plus lourdement. Le nombre d’églises désaffectées est en croissance accélérée, avec l’exigence encore plus forte d’identifier des critères de réaffectation qui aient du sens.

    C’est ce que tente de faire le père Giuliano Zanchi dans le dernier numéro de « Vita e Pensiero », la revue de l’Université catholique de Milan. Le P. Zanchi est prêtre du diocèse de Bergame, professeur de théologie et directeur de l’autre mensuel de la même université, la « Rivista del Clero Italiano », c’est un grand expert d’art et de thèmes liés à la frontière entre esthétique et sacré.

    Dans un article intitulé « Diversamente chiese, la posta in gioco » [églises autrement, les enjeux], le P. Zanchi suggère de suivre deux critères en matière de réaffectation des églises qui ont cessé d’être utilisées pour le culte mais qui « souhaitent se reproposer à la vie civile dans une fonction de carrefour culturel et de seuil spirituel ».

    Le premier critère, écrit-il, est celui qui « capitalise sur la dignité artistique normalement liée aux édifices historiques qui, dans l’actuel esprit du temps défini comme ‘post-sécularisme’, a acquis universellement la faculté d’agir en tant que repère de transcendance ».

    Ceci parce que « les formes de l’art, et particulièrement celles qui raniment la fascination des périodes de gloire de la culture occidentale, se présentent comme un culte laïc qui hérite clairement des fonctions autrefois remplies par la dévotion religieuse ».

    C’est une fascination qui touche « aussi le citoyen agnostique de la cité contemporaine ». Il y a en effet un « culte social de l’art, qui a ses propres sanctuaires, ses liturgies, ses prêtres, ses mythes, ses sacrements, ses pèlerinages et ses fêtes de précepte » qui à leur tour, tout comme la musique, le cinéma, la littérature, « délimitent un espace particulièrement hospitalier d’un univers de pensée commun et partagé ».

    Pour le dire autrement, « le sacré historique de nombre d’édifices religieux qui ne sont plus utilisés comme lieux de la liturgie a toutes les qualités pour pouvoir héberger ces besoins sociaux bien enracinés et pour être candidats à jouer le rôle de véritables carrefours d’une ‘fraternité culturelle’ dans laquelle animer, dans le respect du débat, des échanges d’idée, de la pluralité et de l’hospitalité, un sens commun de l’humain ».

    Le second critère, poursuit le P. Zanchi, consiste en revanche en « ce besoin typique de la cité contemporaine » de disposer d’espaces-frontières, de seuils, « en mesure de nous renvoyer vers la profondeur et la transcendance, un rôle qui, faute de mieux, est habituellement rempli par les théâtres, les musées, les bibliothèques et d’autres lieux d’un dépassement non utilitariste ».

    Les églises en activité remplissent déjà ce dépassement, ce « désir de spiritualité », même pour celui qui n’y entre pas ou qui est étranger au culte qu’on y célèbre. Mais il faudrait également le maintenir vivant même dans les églises désaffectées.

    Le P. Zanchi écrit : « Dans nos villes, qui restent impitoyablement horizontales, même quand on construit des gratte-ciels qui défient les cieux, nous avons besoin d’espaces susceptibles d’être franchis comme des ‘seuils spirituels’ et qui vivent d’un élan vertical même quand ils restent cachés au rez-de-chaussée de la vie urbaine. Maintenir de toutes les façons possibles cette fonction serait, pour de nombreuses églises désaffectées au culte, un destin cohérent avec leur nature, dans les manières concrètes avec lesquelles tout cela pourrait se produire ».

    Ces deux critères, poursuit le P. Zanchi, « peuvent se croiser entre eux » et l’Église devrait faire tout son possible pour les mettre en pratique elle-même, de sa propre initiative. En effet, si elles sont bien utilisées, ces reliques d’églises pourraient offrir « des espaces de symbolique forte encore en mesure de recueillir, de rassembler, de réunir, autour des besoins que tous ressentent que personne ne voit ».

    Naturellement, tout en sachant bien que, pour y parvenir, la « condition préalable essentielle » c’est qu’il y ait dans l’Église « une vision pastorale spirituellement libre et capable d’imagination, qui ait le sens de la perspective, le talent de la créativité et d’une vision fraternelle de sa propre présence dans le monde ».

    « Et sur ce sujet », conclut le P. Zanchi, « le catholicisme semble encore hésitant ». En Italie et ailleurs.

  • Les ricanements de ceux qui dénigrent "Vaincre ou mourir" et qui croient que les vaincus n’ont pas le droit d’être fiers

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    De Guillaume Perrault sur le site du Figaro via artofuss.blog :

    Guerre de Vendée: ces vérités qui dérangent

    11 février 2023

    GRAND RÉCIT – Le film «Vaincre ou mourir», de Paul Mignot et Vincent Mottez, a heurté ce qui demeure un tabou dans une partie de l’opinion: dépeindre les guerres de Vendée du point de vue des insurgés. Le film, pourtant, rend compte fidèlement d’une plaie béante de l’histoire de France.

    Le film Vaincre ou mourir, qui décrit les guerres de Vendée du point de vue des insurgés et en dépeignant le chef le plus flamboyant de «l’armée catholique et royale», Charette, a suscité des attaques hargneuses mais a aussi rencontré son public. La bataille des mémoires autour des guerres de Vendée dure depuis plus de deux siècles et les controverses sur les responsabilités des tueries de civils n’ont pas cessé depuis la chute de Robespierre (juillet 1794) et la fin de la Terreur. Reste qu’un accord devrait pouvoir se dégager, dans une démocratie mature, pour respecter et faire connaître des faits avérés et d’une exceptionnelle gravité. Les ricanements suscités par Vaincre ou mourir prouvent que, dans certains secteurs de l’opinion, le refus de savoir subsiste. En contraignant à affronter des vérités qui dérangent toujours, ce film aura donc fait œuvre utile et méritoire.

    À lire aussi : Vaincre ou mourir: le Puy du Fou raconte le général Charette et la guerre de Vendée pour son premier film

    L’insurrection vendéenne naît en mars 1793 comme une révolte contre la conscription. En réaction aux défaites militaires aux frontières (la France révolutionnaire avait déclaré la guerre à l’Autriche, liée par une alliance à la Prusse, puis à l’Angleterre, la Hollande et l’Espagne), la Convention a décidé, le mois précédent, la levée de 300.000 jeunes hommes à tirer au sort parmi les célibataires de chaque commune. Les maires sont chargés d’assurer la désignation des conscrits. La décision de Paris provoque des résistances paysannes voire des débuts de sédition dans de nombreuses régions, mais celles-ci sont bientôt réprimées. Il en va autrement dans ce qu’on appellera bientôt « la Vendée militaire », territoire bien plus vaste que l’actuel département du même nom. La région insurgée regroupe le sud de la Loire-Atlantique, le sud-ouest du Maine-et-Loire, les deux tiers nord de la Vendée d’aujourd’hui et le nord-ouest des Deux-Sèvres. Le bocage vendéen et les Mauges, qui forment un ensemble d’une centaine de kilomètres de côté, en constituent l’épicentre. C’est ce territoire, à cheval sur l’Anjou, le Poitou et les confins de la Bretagne, qui va se soustraire, quelques mois, à l’autorité de la Convention.À Cholet, où a fleuri l’industrie textile, de jeunes paysans et tisserands des environs envahissent la petite ville et tuent le commandant de la garde nationale, manufacturier « patriote »

    Le drame commence début mars 1793, alors que les tirages au sort se préparent dans les communes. À Cholet, où a fleuri l’industrie textile, de jeunes paysans et tisserands des environs envahissent la petite ville et tuent le commandant de la garde nationale, manufacturier «patriote» (le terme, à l’époque, désigne les partisans de la Révolution). La violence gagne la partie ouest du bocage, dans le marais breton-vendéen. La bourgade de Machecoul est occupée par des milliers de paysans, qui tuent 15 à 25 « patriotes » les 11 et 12 mars, puis 80 à 120 prisonniers républicains à partir du 27 mars en représailles de l’exécution de 100 à 200 prisonniers « blancs » à Pornic. Au nord, près de la Loire, des ruraux s’emparent de Saint-Florent-le-Vieil. Le 19 mars, 3.000 soldats républicains, partis de La Rochelle pour Nantes, sont mis en déroute à Pont-Charrault. La jacquerie est devenue une insurrection.

    À VOIR AUSSI – «Pas comédien pour faire de la politique»: Hugo Becker répond à la polémique autour de Vaincre ou mourir

    «Pas comédien pour faire de la politique»: Hugo Becker répond à la polémique autour de Vaincre ou mourir

    À lire aussi : Vendée, l’épopée des géants

    Rien ne distinguait pourtant l’esprit public de ce qui deviendra la Vendée militaire des attentes du reste de la France, à la veille de la Révolution, si l’on en croit les Cahiers de doléances rédigés lors de l’hiver 1788-1789. La région a vu mourir sans regret l’antique édifice féodal lors de la nuit du 4 août 1789. Mais la situation s’est très vite dégradée. Les administrateurs des nouveaux départements et districts, partisans et relais du nouveau régime, étaient, aux yeux des ruraux, ses principaux bénéficiaires. N’avaient-ils pas été les acquéreurs empressés des propriétés du clergé nationalisées, les fameux biens nationaux, qui privaient l’Église des moyens d’assurer son rôle social et éducatif traditionnel ?

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  • Faut-il canoniser tous les papes ?

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    De Giovanni Maria Vian sur Domani via Il Sismografo :

    La tentation de l'Eglise de faire de chaque pape un saint

    Bergoglio a un record qui sera presque impossible à surpasser : il est en effet le premier pape à avoir proclamé saints trois de ses prédécesseurs et à en avoir béatifié un quatrième. Cette circonstance est sans précédent et est destinée à ne pas se répéter.

    Déjà un an après son élection, en une seule cérémonie, François a canonisé Jean XXIII (Angelo Roncalli) et Jean-Paul II (Karol Wojtyła), puis en 2018 ce fut le tour de Paul VI (Giovanni Battista Montini), que Bergoglio lui-même avait béatifié exactement quatre ans plus tôt ; enfin, en 2022, il a déclaré bienheureux Jean-Paul Ier (Albino Luciani), pontife depuis un peu plus d'un mois et probable futur saint.

    Ainsi, tous les papes qui ont régné de 1958 à 2005 se sont élevés aux honneurs des autels.

    Bernard Lecomte, auteur d'une biographie fiable de Wojtyła, dans son Dictionnaire amoureux des Papes a souligné avec une emphase journalistique réussie un autre aspect de ce phénomène nouveau dans l'histoire de la sainteté : " Que dire de l'extraordinaire célébration papale organisée à Rome le 27 avril 2014 par le pape François, qui a présidé la cérémonie de canonisation de Jean XXIII et de Jean-Paul II, ayant à ses côtés son prédécesseur Benoît XVI, devenu pape "émérite" ? ". Deux papes vivants canonisant deux papes morts : cette "fête des quatre papes", sans précédent dans l'histoire, a été suivie par deux milliards de téléspectateurs !".

    Dans le contexte de cette récente sainteté papale, il a donc semblé normal à beaucoup que, lors des funérailles de Benoît XVI, quelques banderoles soient brandies par la foule avec les mots "saint maintenant", à l'instar de celles brandies en 2005 pour Jean-Paul II avec plus de détermination.

    Pour étouffer ces enthousiasmes prévisibles, le secrétaire de Joseph Ratzinger, l'archevêque Georg Gänswein, a déclaré dans ses mémoires très critiquées et largement lues qu'il n'avait personnellement aucun doute quant à sa sainteté, mais a prudemment ajouté : "Bien conscient également de la sensibilité qui m'a été exprimée en privé par Benoît XVI, je ne me permettrai pas de prendre des mesures pour accélérer un processus canonique.

    Une gloire peu fréquente

    Pas étonnant que la "sensibilité" d'un connaisseur désabusé de l'histoire comme Ratzinger. La gloire des autels n'a pas été fréquente pour les papes de Rome.

    Quiconque parcourt la liste des successeurs de l'apôtre Pierre - quelque trois cents papes et antipapes - est frappé par un fait : sur les 81 saints traditionnellement vénérés, 73 sont du premier millénaire, et pas moins de 55 d'entre eux sont concentrés dans les cinq premiers siècles.

    L'explication est simple : jusqu'au début du Moyen Âge, la papauté a également voulu se célébrer elle-même et ses origines de cette manière, idéalisée et proposée comme exemplaire.

    Certainement dans le cadre d'événements historiques complexes, récemment étudiés par Roberto Rusconi dans les sept cents pages de Saint Père (Viella) qui enquêtent sur cette histoire singulière, en arrivant à la cause du pape Wojtyła.

    Plus que d'autres, en somme, la difficile sainteté papale est une sainteté politique, à tel point qu'à son égard, l'Église de Rome a été réaliste et très prudente. Jusqu'à ces dernières décennies.

    Avant le pontificat (1939-1958) de Pie XII, en effet, seuls quatre papes après l'an 1000 étaient devenus saints. Au XIe siècle, il s'agit de l'Alsacien Léon IX - sur la tombe duquel se multiplient les prodiges et les miracles - puis de Grégoire VII, grands protagonistes de la réforme radicale dite grégorienne mais initiée et voulue par l'empire allemand.

    Deux siècles plus tard, c'est l'histoire de Célestin V, qui a quitté le trône de Pierre et est entré dans l'histoire pour la déploration par Dante de son "grand refus". Plus tard encore, Pie V, le pape qui avait favorisé l'alliance contre les Turcs vaincus en 1571 à Lépante, est proclamé saint.

    C'est Grégoire VII lui-même qui a théorisé cette sainteté papale dans le Dictatus papae, déclarant solennellement que "le pontife romain, s'il a été canoniquement ordonné, par les mérites du bienheureux Pierre devient indubitablement un saint".

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  • A Liège : Un nouveau défi pour l’association de fidèles « Sursum Corda » - La restauration de l’église du Saint-Sacrement continue….

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    A Liège, le 26 novembre 2003, l’association de fidèles « Sursum Corda » relevait son premier défi : racheter l’église du Saint-Sacrement pour pérenniser son affectation naturelle.

    Elle entreprit par la suite de réaliser un plan complet de réhabilitation de ce superbe monument du XVIIIe siècle avec l’aide des pouvoirs publics et du mécénat.

    Une première phase du chantier fut dédiée à la restauration de la façade monumentale et du parvis, d'une partie de la maçonnerie et des charpentes de la nef : elle s’est achevée en juillet 2021.

    La seconde phase porte sur la restauration du choeur et de la tour de l’église, comme on peut le lire dans les deux pièces jointes à cette information: l’une par Mgr Delville, évêque de Liège, et l’autre par M. l’abbé Marc-Antoine Dor, Recteur de l’église du Saint-Sacrement qui, l’un comme l’autre, en appellent à la générosité du public invité à se joindre à l’entreprise lancée une nouvelle fois par l’association de fidèles  « Sursum Corda »

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  • Ukraine : les graves accusations de "Tribune Juive"

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    De Louis Daufresne sur La Sélection du Jour :

    Quand Tribune Juive nous fait voyager dans l'Ukraine néo-nazie

    Un an après le début de l'invasion de l'Ukraine, Volodymyr Zelensky vient de boucler à Bruxelles une tournée triomphale en Europe, après les étapes de Londres et Paris. Charles Michel, président du Conseil européen, le gratifia d’un tweet sans équivoque : « Bienvenue chez vous, bienvenue dans l’UE ! » Ému, Zelensky écouta l'hymne ukrainien la main sur le cœur (comme un Américain) aux côté de la présidente du Parlement Roberta Metsola saluant « une journée historique pour l'Europe ». Son style, aussi étudié qu’inchangé, rompt avec les usages diplomatiques : pull ou t-shirt vert, treillis militaire et grosses rangers : de quoi impressionner la flopée d’hommes en costumes sombres étriqués. Zelensky fait rimer Rambo et héros, comme s’il représentait la sentinelle de l’Occident. « Nous nous défendons, nous vous défendons », s’écria-t-il sous des applaudissements nourris. Mais s’il remercia « personnellement » les chefs d'État et de gouvernement de l'UE de leur « soutien sans faille », il les mit aussi sous pression : « Nous avons besoin d'artillerie, de munitions, de chars modernes, de missiles à longue portée, d'avions de chasse modernes », lança-t-il.

    Sur ce terrain, Emmanuel Macron se montre prudent. Dans la nuit, le président français estimait que les avions de chasse réclamés par l'Ukraine ne pourraient « en aucun cas » être livrés « dans les semaines qui viennent », estimant que « ça ne correspond pas aujourd'hui aux besoins ». Il s’agissait pourtant du message-clé martelé par Zelensky au cours du sommet de Bruxelles et tout au long de sa tournée européenne. Pour Macron, il vaut mieux « intensifier » les livraisons des « éléments d'artillerie permettant de lancer des offensives terrestres ou de résister ».

    L’Union européenne et ses États membres évaluent à « au moins » 67 milliards d’euros leur soutien militaire, financier et humanitaire à Kiev depuis le début du conflit le 24 février 2022. Ce « soutien sans faille » est propre au temps de la guerre, de l’union sacrée à laquelle communient les media occidentaux. Dans ce climat, il est malséant de s’interroger sur le régime ukrainien, en particulier sur son rapport au nazisme. Ne regardons pas la dégaine paramilitaire de Zelensky, anecdotique. Voyons plutôt la mémoire que l’Ukraine forge dans des monuments depuis la révolution de Maïdan en février 2014.

    C’est Tribune Juive qui s’intéresse à ce sujet et on comprend pourquoi : un quart des Juifs assassinés pendant la Seconde Guerre mondiale venaient d’Ukraine. L’article provient du site juif américain The Forward, auteur d’une série « consacrée à travers le monde aux monuments à la mémoire de collaborateurs nazis ». Et en Ukraine, « on peut dire qu’ils ont été servis », note Tribune Juive. La recension fait 62 pages (!). Il s’agit d’un « voyage dans l’Ukraine néo-nazie » de ville en ville, de monument en monument, photos à l’appui : statues, bustes, plaques, noms de rue, bannières, bas-reliefs, complexes commémoratifs, musées, mémoriaux, tout y passe et la liste est longue.

    Ce qui frappe, ce sont les dates. Notez-les bien car tout cela est très récent : « Depuis (…) 2014, de nombreux monuments ont été érigés (…), parfois jusqu’à un nouveau chaque semaine », indique Tribune Juive. L’article de The Forward remonte au 27 janvier 2021, soit plus d’un an avant l’invasion russe, à un moment où le conflit dans le Donbass était fort peu couvert par les media. Et c’est « au cours des six dernières années, poursuit The Forward, [que] le pays a institutionnalisé le culte de l’Organisation paramilitaire des nationalistes ukrainiens (OUN) et de l’Armée insurrectionnelle ukrainienne (UPA) ». Cette fureur mémorielle subjugue par son étendue et son intensité. En 2016, un grand boulevard de Kiev a été rebaptisé du nom de Stepan Bandera (1909-1959), « figure majeure vénérée dans l’Ukraine d’aujourd’hui »« Un changement obscène, relève The Forward, puisque la rue mène à Babi Yar, le ravin où les nazis, aidés de leurs collaborateurs ukrainiens, ont exterminé 33 771 juifs en deux jours ».

    Cette réalité interroge la conscience européenne à l’heure où Volodymyr Zelensky se voit « accueilli en héros », selon l’AFP, par les institutions de l’UE. Entendons-nous bien : parler de cette mémoire néo-nazie toujours exaltée ne revient pas à cautionner l’agression russe, ni à plaider pour le discours de Vladimir Poutine sur la dénazification de l’Ukraine. Le « soutien sans faille » à Zelensky pose juste une question existentielle à l’Europe de Bruxelles, laquelle s'est construite sur le rejet du racisme et de l’antisémitisme et le dépassement du nationalisme.

    Pour aller plus loin :

    Lev Golinkin. Monuments aux collaborateurs nazis en Ukraine. 27 Janvier 2021

    (abondamment illustré)

    >>> Lire sur Tribune Juive

  • Vermeer, un peintre catholique

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    A l'occasion d'une exposition qui se tient à Amsterdam rassemblant (presque) toutes les oeuvres de Vermeer, on peut relire l'article que Massimo Introvigne avait consacré à cet artiste capital dans la Nuova Bussola Quotidiana lors d'une exposition organisée à Rome; merci à E.W. pour sa traduction :

    Vermeer le catholique

    (...) Vermeer se convertit au catholicisme en 1653, alors qu’il n’a que 21 ans, peu avant d’épouser une jeune femme catholique. A partir de ce moment, il déménage du quartier catholique, surnommé « le coin des papistes », de sa ville natale, Delft, et pratiquera la religion catholique pour tout le reste de sa vie, malgré les vexations et les interdits auxquels celle-ci est soumise dans les Pays-Bas calvinistes à cette époque. Il appelle l’aînée de ses onze enfants Marie et son fils aîné Ignace, en l’honneur de Saint Ignace de Loyola (1491-1556).

    L’histoire de l’art ayant été écrite, elle aussi, avec de nombreux préjugés anticatholiques, même si l’on a prétendu que la conversion de Vermeer avait été superficielle, et motivée par le simple désir de plaire à son épouse et à sa belle-famille, bien plus aisée que la sienne. Certaines de ces interprétation se retrouvent dans le roman précité et dans le film « La jeune fille à la perle ». Mais il s’agissait de théories désormais dépassées. Actuellement, les spécialistes de Vermeer reconnaissent qu’il a été un catholique fidèle, et même enthousiaste.

    A la controverse sur la foi catholique de Vermeer vient se rattacher celle qui porte sur l’un des tableaux exposés à Rome : Sainte Praxède. Si cette peinture s’avère authentique, comme les organisateurs de l’exposition de Rome l’affirment sans réserve, il s’agirait du plus ancien Vermeer connu. Et, chose unique dans le cas de Vermeer, ce serait une copie d’un original de l’italien Felice Ficherelli (1605-1660). A Rome, le tableau de Ficherelli et celui de Vermeer sont exposés en vis-à-vis, ce qui permet d’apprécier la supériorité de la « copie ». De plus, dans les mains de la Sainte qui recueillent le précieux sang des martyrs à l’aide d’une éponge, Vermeer a ajouté un crucifix – symbole contesté par les protestants – et a modifié le visage du personnage, qui, selon le catalogue de l’exposition romaine, serait celui de l’épouse du peintre. Il s’agirait donc d’une célébration de la conversion de l’artiste au catholicisme, et d’un hommage à son épouse.  

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  • "L’islamisme est bel et bien un islam" (Rémi Brague)

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    Du Figaro (Alexandre Devecchio) via le site "Pour une école libre au Québec" :

    Rémi Brague : « l’islamisme est bel et bien “un islam” »

    7 février 2023

    Rémi Brague est membre de l’institut de France, normalien, agrégé de philosophie et professeur émérite de philosophie à l’université Panthéon-Sorbonne. À l’occasion de la sortie de son ouvrage le plus récent, Sur l’islam, Le Figaro s’est entretenu avec le professeur Brague.

    — La plupart du temps, le débat contemporain sur l’islam distingue islam et islamisme, comme si beaucoup d’observateurs ou de chercheurs s’interdisaient de procéder à l’examen critique des textes. Votre livre, au contraire, scrute les textes et refuse d’établir une frontière entre islam et islamisme. Pourquoi ce choix ?

    Rémi BRAGUE. — « Islamisme » était au XIXe siècle une façon anodine de désigner ce que nous appelons maintenant « islam ». C’était un « -isme » de plus à côté du judaïsme, du christianisme, et même de l’hindouisme, mot qui n’a aucun sens pour un hindou. « Islam » est un meilleur mot, parce que c’est celui que les musulmans utilisent, à la différence, par exemple, de « mahométisme », qui est choquant pour eux. Pour moi, ce que nous appelons maintenant « islamisme » n’est pas « l’islam », tout l’islam. Le français a la chance d’avoir deux articles, défini et indéfini. Je dis donc, en revanche, que l’islamisme est bel et bien « un islam ». Et un islam que je n’ai aucune raison de rejeter au-dehors. Qui serais-je, d’ailleurs, pour me permettre de l’exclure ? Ses partisans se considèrent eux-mêmes comme de bons musulmans, voire comme de meilleurs musulmans que les autres, qu’ils accusent d’une tiédeur capitularde. Et leur islam ressemble beaucoup à celui que pratiquait Mahomet lui-même, tel que nous le présente la biographie la plus ancienne que nous possédons de lui. C’est en tout cas ce que les gens du prétendu « État islamique en Irak et en Syrie » (Daech) ne manquaient pas de rétorquer aux critiques qui leur venaient d’al-Azhar et d’ailleurs. Il fallait donc regarder du plus près possible les textes faisant autorité auxquels se sont référés les musulmans à travers les siècles.

    — Vous avez choisi d’ouvrir votre livre par un chapitre consacré au terme « islamophobie ». En quoi ce terme alimente-t-il la confusion ?

    — Je dois bien avouer m’être un peu « lâché » dans ledit chapitre inaugural, voire m’y être soulagé. L’usage répétitif du mot « islamophobie » a en effet le don de m’exaspérer. Il permet de tout mélanger, alors que les philosophes aiment distinguer : confondre la religion avec ceux qui la professent, confondre le système dogmatique et juridique de cette religion avec la civilisation qu’il a marquée, voire dominée, mettre dans le même sac (en l’occurrence une poubelle) le racisme bête (si j’ose ce pléonasme) envers les immigrés et l’étude historico-critique des textes sacrés sur lesquels repose la religion, etc. Il interdit tout dialogue, puisqu’une « phobie » est toujours une forme de dérangement mental, et l’on ne perd pas son temps à discuter avec un aliéné. Enfin, le brandir comme une arme, ce que l’on fait le plus souvent, témoigne d’une mentalité paternaliste, quasiment néocolonialiste. On sous-entend que les musulmans seraient trop bêtes ou trop « princesse au petit pois » pour accepter un regard ne serait-ce qu’un peu distant sur leur religion.

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  • Le Congo belge : une "colonie modèle"

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    D'Emizet François Kisangani, économiste et politologue, Professeur à l'Université de Kansas (USA), auteur de "The Belgian Congo as a developmental state : revisiting colonialism", sur la Libre du 7 février 2023, pp. 32-33.

    Pourquoi le Congo belge était une "colonie modèle"

    Stabilité politique, infrastructures (routes, voies ferrées, eau potable…), industrie manufacturière, santé publique, éducation : le Congo belge (1908-1959) était tellement développé qu’on l’appelait "Poto Moyindo" ou "l’Europe noire". Des kleptocrates postcoloniaux ont transformé ce pays en "enfer sur terre".

    Dans l’une de ses fameuses chansons, le père de la musique congolaise Antoine Wendo avait décrit le Congo belge de l’après-guerre comme Poto Moyindo ou "l’Europe noire". En effet, la croissance économique annuelle oscillait autour de 5,2 % dans les années 1950. L’inflation était d’environ 1,08 % par an dans la même décennie. Le produit intérieur brut (PIB) par habitant était en moyenne de 2.850 dollars américains aux prix de 2015. Dans les années 1950, les Congolais étaient approvisionnés en eau potable un peu partout et la malnutrition était inconnue au Congo belge.

    Pays le plus développé en Afrique

    En 1955, le Congo belge avait plus de 2 500 industries manufacturières éparpillées dans tous les secteurs de l’économie. Résultat, la colonie avait plus de deux millions de salariés industriels. Il s’avère que ce nombre était le plus élevé en Afrique. Conséquence, la contribution de l’industrie manufacturière dans le PIB se montait à environ 18 % en 1955. Cette performance économique était aussi la plus élevée en Afrique subsaharienne. Plus précisément, les industries manufacturières produisaient 45 % des biens de consommation, c’était là le résultat d’une industrialisation basée sur la substitution des importations qui débuta au début des années 1920. À titre de comparaison, il faut savoir que, dans les années 1930, toutes les colonies européennes en Afrique demeuraient d’une manière prédominante agraires. Plus impressionnant fut le fait que le Congo belge avait plus de routes en excellent état, plus de voies ferrées (à l’exception de l’Afrique du Sud) et plus de voies navigables que toutes les autres colonies en Afrique. Le Congo belge possédait aussi la meilleure infrastructure sanitaire en Afrique subsaharienne. Bien que l’éducation secondaire et tertiaire ne fit pas partie de la politique sociale coloniale, plus de 90 % des enfants congolais en âge de scolarisation étaient inscrits gratuitement à l’école primaire. Ce nombre impressionnant était aussi le plus élevé en Afrique.

    Une "colonie modèle"

    Contrairement à l’État indépendant du Congo (EIC) sous Léopold II (1885-1908) et l’État postcolonial depuis juillet 1960, le Congo belge (1908-1959) était connu comme une "colonie modèle" et un "paradis" pour les investissements directs étrangers grâce à sa stabilité politique et ses ressources naturelles fabuleuses. En bref, le Congo belge était un État providence semblable au même système qui se développait en Belgique. Le Congo belge était réellement un Poto dans les années 1950.

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  • "Pour la conversion de mes chers Africains, je donnerais cent vies, si je le pouvais"

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    Une dépêche de l'Agence Fides :

    AFRIQUE/SOUDAN DU SUD - "Savoir souffrir pour l'Afrique". Le Pape exalte l'aventure missionnaire de Daniele Comboni

    4 février 2023

    par Gianni Valente

    Juba (Agence Fides) " Je n'ai que le bien de l'Église dans mon cœur. Et pour la conversion de mes chers Africains, je donnerais cent vies, si je le pouvais". C'est ce que Daniele Comboni avait l'habitude de dire de lui-même, révélant son tempérament volcanique et impétueux à travers les expressions fortes de son discours. En raison de sa passion missionnaire, il raconte qu'il a dû " lutter contre les potentats, contre les Turcs, contre les athées, contre les Phrammaque, contre les barbares, contre les éléments, contre les prêtres... mais toute notre confiance est en celui qui choisit les moyens les plus faibles pour accomplir ses œuvres ". Aujourd'hui, le Pape François a rappelé la mémoire de Saint missionnaire à la cathédrale Sainte-Thérèse de Juba, où il a rencontré des évêques, des prêtres, des diacres, des hommes et des femmes consacrés et des séminaristes, au deuxième jour de son voyage apostolique au Sud-Soudan. "Nous pouvons nous souvenir - a dit le Pape à la fin de son discours - de Saint Daniel Comboni, qui avec ses frères missionnaires a réalisé une grande œuvre d'évangélisation sur cette terre : il disait que le missionnaire doit être prêt à tout faire pour le Christ et pour l'Évangile, et qu'il faut des âmes audacieuses et généreuses qui savent souffrir et mourir pour l'Afrique".

    Daniele Comboni, l'un des plus grands missionnaires de l'histoire récente, béatifié en 1996 et proclamé saint par Jean-Paul II le 5 octobre 2003, était issu d'une famille d'agriculteurs. Né à Limone sul Garda, seul survivant d'une famille de huit enfants, il était entré au séminaire de Vérone et avait ensuite fréquenté l'institut missionnaire fondé par le père Nicola Mazza. Le prêtre, avec le soutien de la Congrégation de Propaganda Fide, avait fait venir en Italie quelques jeunes Africains pour les former et les encourager ensuite à partir en expédition missionnaire dans les régions d'Afrique centrale.

    Ordonné prêtre le 31 décembre 1854, le mois de la proclamation du dogme de l'Immaculée Conception de Marie, Daniel, âgé de 26 ans, était le plus jeune des cinq prêtres que le père Mazza envoya en mission trois ans plus tard. "Rappelez-vous, leur dit-il avant de partir, que l'œuvre à laquelle vous vous consacrez est Son œuvre. Ne travaillez que pour Lui, aimez-vous les uns les autres et aidez-vous les uns les autres, soyez unis en tout, et la gloire de Dieu, la gloire de Dieu seul promeut et entend toujours, que tout le reste est vanité". Après ce long voyage, qui comprenait également un pèlerinage en Terre Sainte, les jeunes missionnaires sont arrivés à Khartoum puis, en bateau sur le Nil blanc, ils ont parcouru plus au sud, 1 500 kilomètres, jusqu'à Sainte-Croix, la dernière station missionnaire face à la forêt impénétrable. Mais très vite, trois des cinq personnes meurent d'épuisement et de fièvre. L'expédition missionnaire se solde par un échec. Propaganda Fide confie le terrain au Vicariat Apostolique d'Alexandrie.

    À son retour en Italie, d'autres tribulations arrivent. Après avoir prié à Saint-Pierre, Comboni a élaboré un "plan missionnaire" qui prévoyait la création des premiers postes missionnaires le long des côtes et l'engagement de femmes missionnaires pour annoncer l'Évangile aux populations de l'Afrique subsaharienne qui ne connaissaient pas Jésus. Mais entre-temps, l'évêque de Vérone, après la mort du père Mazza, interdit à l'institut missionnaire qu'il avait fondé d'accepter de nouveaux séminaristes.

    Dans le climat anticlérical croissant de l'État italien naissant, Comboni réussit à mettre en place le nouvel Institut pour les Missions du Niger grâce au soutien de Pie IX et du Cardinal Barnabò, préfet de Propaganda Fide. L'Institut a été fondé à Vérone en 1867. Et dans le temps qui suivit, Comboni voyagea à travers l'Europe pour chercher une aide matérielle et spirituelle pour la nouvelle œuvre. Il fréquentait des couvents cloîtrés et dînait dans des maisons aristocratiques. Il a confié l'institut à St Joseph. Il remerciera plus tard dans ses écrits le père putatif de Jésus, "qui ne m'a jamais permis de faire faillite et ne m'a jamais refusé aucune grâce temporelle".

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  • La grande crise doctrinale, pastorale et liturgique qui a suivi Vatican II (Denis Crouan)

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    Liturgie 34 : Vatican II : La grande crise doctrinale, pastorale et liturgique qui a suivi Vatican II (65 mn) 

    Le docteur Denis Crouan aborde frontalement la crise liturgique qui a suivi Vatican II et qui a conduit aux dérives qu'on connaît. La vraie question posée aussi bien Mgr Lefebvre que les prêtres dits « progressistes » est la suivante : Vatican II a-t-il été un concile simplement « pastoral » ou a-t-il également été « doctrinal ». 

    Le Cardinal Joseph Ratzinger, devenu le pape Benoît XVI, répondra en communion avec Jean-Paul II : « Il n’est pas possible de remettre en cause la doctrine authentique du concile œcuménique Vatican II, dont les textes sont magistériels et jouissent de la plus grande autorité doctrinale. » Pourtant, on a vu des dérives liturgiques se multiplier à partir de courants doctrinaux échevelés qui s'uniront pour raboter le caractère sacré de la foi. Ce fut une déconstruction partant de diverses sources : l’« activisme », le « modernisme », le « néo-modernisme », le « progressisme ». Le docteur Crouan cite des noms. 

    COURS DE LITURGIE, PAR DENIS CROUAN, DOCTEUR EN THEOLOGIE, 2022-2023 

    Pour accéder à la totalité de la playlist :  

    https://www.youtube.com/playlist?list=PLuko328jWH_06CYFfUP8d6v_vzl9f4UbI 

    Institut Docteur Angélique http://docteurangelique.free.fr/accueil.html

    Cours donné par Denis Crouan, docteur en théologie, en entretien interactif avec Arnaud Dumouch. 

    Vidéo du site http://docteurangelique.free.fr, les œuvres complètes en français de saint Thomas d'Aquin. 

    Denis Crouan, denis.crouan@wanadoo.fr; 2022-2023