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Livres - Publications - Page 108

  • Lénine, l'artisan résolu d'un totalitarisme basé sur la terreur

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    De Stéphane Courtois sur le site du Figaro :

    Il y a 100 ans, Lénine inventait le totalitarisme

    LES ARCHIVES DU FIGARO - Dans Lénine, l'inventeur du totalitarisme, Stéphane Courtois met en lumière la continuité parfaite entre l'itinéraire révolutionnaire de Lénine et la mise en œuvre d'une politique terroriste dès 1917. Geoffroy Caillet, rédacteur en chef du Figaro Histoire, revient avec lui sur son rôle dans la révolution russe.

    Stéphane Courtois a le sens des anniversaires. Après Le Livre noir du communisme, phénomène d'édition en 1997 vendu à plus d'un million d'exemplaires, qui jetait une lumière inédite sur les crimes du communisme, l'historien publie, pour le centième anniversaire de la révolution bolchevique, Lénine, l'inventeur du totalitarisme.

    À rebours des idées encore largement répandues (Lénine n'instaura la terreur que sous le poids des circonstances ; le régime qu'il mit en place n'avait rien à voir avec celui promu par Staline après lui), cet ouvrage salutaire montre à quel point le long parcours de révolutionnaire de Vladimir Ilitch Oulianov explique fondamentalement son action politique.

    Habité d'un «délire logique», Lénine s'est au fond borné à appliquer à la lettre en 1917 ce qu'il avait écrit et théorisé dès les premières années de son engagement. Au fil de ces pages, qui scrutent magistralement l'évolution de Lénine à travers les événements de sa vie, ses écrits et ses déclarations, c'est toute la nature et le sens d'un itinéraire qui s'éclairent, la continuité absolue entre le discours révolutionnaire et l'acte performatif qui se donne à voir.

    Comment expliquer l'engagement de Lénine dans le mouvement révolutionnaire russe dès la fin des années 1880?

    Comme souvent chez les révolutionnaires, on trouve chez lui des traumatismes personnels: des accidents de la vie, parfois banals, mais qui, chez ces personnages, prennent une dimension tragique et suscitent des réactions qui mènent à l'engagement révolutionnaire. En l'occurrence, le père de Lénine - qui avait été anobli par le tsar - meurt brutalement d'une attaque cérébrale en 1886, alors que Vladimir Ilitch n'a que 15 ans et demi. L'année suivante, son frère aîné, Alexandre, brillant étudiant impliqué dans des cercles révolutionnaires, est pendu pour avoir préparé des bombes dans un projet d'assassinat visant Alexandre III. Dès lors, la famille Oulianov, traitée en paria par la bonne société de Simbirsk, subit un déclassement, que Lénine va transformer en un déclassement sublimé, contre la société et le pouvoir. Un engrenage s'enclenche.

    On a souvent considéré que Lénine était sorti comme un lapin d'un chapeau en 1917. C'est exactement le contraire: son long parcours est fondamental pour comprendre la prise du pouvoir par les bolcheviks en Russie, et je consacre les deux tiers de ce livre à montrer en quoi consiste un itinéraire de radicalisation révolutionnaire, partagé plus tard par les Castro, Mao, Pol Pot, avec les dégâts gigantesques que l'on connaît. Or, le marxisme seul ne suffit pas à expliquer cet itinéraire. Le ressort psychologique est déterminant. Beaucoup plus profond, il est fait de violence, de ressentiment, de haine, qui, dans le cas de Lénine, se déverseront vingt ans plus tard de façon extraordinairement violente, spécialement contre les Romanov, qu'il donnera personnellement l'ordre d'éliminer.

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  • Romano Guardini en voie de béatification

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    Lu sur Aleteia.org :

    Prof de Benoît XVI et sujet de thèse de François, Romano Guardini bientôt béatifié ?

    L'archevêché de Munich et Freising a confirmé le 24 octobre 2017 que le procès de béatification du théologien Romano Guardini serait ouvert le 16 décembre prochain.

    Considéré comme l’un des plus grands théologiens du XXe siècle, ce prêtre italo-allemand a influencé la pensée du pape Benoit XVI et celle du pape François. Né à Vérone en Italie, le père Romano Guardini (1885-1968) a passé presque toute sa vie en Allemagne. Il est considéré comme l’un des théologiens et philosophes des religions les plus importants du XXe siècle. Il est surtout connu pour ses ouvrages sur la liturgie, dont L’esprit de la liturgie, écrit en 1930.

    Dans ce domaine, il a été l’un des protagonistes du mouvement liturgique. Ce courant réformateur catholique est apparu au milieu du XIXe siècle et s’est développé en Allemagne après la défaite de 1918, lorsque les Allemands, en forte recherche de sens, se sont tournés vers les monastères. Ce mouvement liturgique avait pour objectif de développer une meilleure connaissance et l’amour de la liturgie, de la part des laïcs notamment. Il a donné lieu à des études, des revues, et a eu une grande influence sur la réforme liturgique du concile Vatican II.

    Professeur du futur Benoît XVI

    En Allemagne, Guardini a enseigné à Berlin, Tübingen et Munich. Dans cette dernière ville, où il fut co-fondateur de l’académie catholique de Bavière, il a été le professeur du jeune Joseph Ratzinger. Devenu pape, Benoît XVI s’est souvent référé à son ancien maître. Il a repris notamment le titre de L’Esprit de la Liturgie pour l’un de ses propres ouvrages et revendique la concordance de leurs projets.

    Le pape François, quant à lui, avait commencé en 1986 en Allemagne une thèse de doctorat dédiée au théologien, projet qu’il n’aura jamais l’occasion de terminer. Il reviendra néanmoins souvent sur l’idée gardinienne qui avait guidée ce travail, celle de « la vie comme opposition polaire », que l’on retrouvera dans de nombreux passages de son exhortation apostolique Evangelii Gaudium (2013).

  • "Luther avait raison" ? Vraiment ?

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    D'Anne Bernet sur le site de l'Homme Nouveau :

    Fallait-il brûler Luther ?

    Le monde protestant célèbre en ce mois d'octobre 2017 le 500 anniversaire de la révolte de Luther qui brisa l'unité de la chrétienté. L'Homme Nouveau vient d'éditer Martin Luther, le chant du coq de la modernité (236 pages, 12 €) du professeur Danilo Castellano qui, en peu de pages, démontre combien l'esprit protestant a façonné nos mentalités, la morale et plus précisément notre conception de la politique. Martin Luther, le chant du coq de la modernité est un livre novateur tout en reposant sur les fondements de la philosophie classique et du catholicisme. De son côté, Anne Bernet présente ici deux ouvrages également consacrés à Luther et au protestantisme, mais partant d'un autre angle.

    « Luther avait raison ». Cette déclaration du souverain pontife, dans le cadre du centenaire du père de la Réforme, n’est pas allée sans susciter un peu d’étonnement, d’autant que l’on ne sait pas précisément en quoi le moine défroqué avait raison contre l’Église et la tradition catholique.

    Tout le monde, au demeurant, n’est pas de cet avis. Deux petits ouvrages documentés et férocement intelligents viennent, sans s’abaisser à une vaine polémique ni manquer à la charité, remettre un peu les pendules à l’heure romaine.

    Le vrai visage de Luther, de l’abbé Jean-Michel Gleize (Clovis. 115 p. 12 €) méritait, dix ans après sa parution initiale, d’être réédité. C’est chose faite.

    Sans se lancer dans un travail biographique, il en existe d’excellents, et l’auteur y renvoie, l’abbé Gleize propose en moins de cent pages, denses, ramassées, pensées et pesées, une remarquable synthèse de la vie, la pensée et l’œuvre de Martin Luther examinées  à la lumière de la foi catholique.

    Ceux qui l’ignoreraient découvriront ici, en effet, « le vrai visage » de celui dont certains à  Rome feraient aujourd’hui quasiment un saint, oubliant qu’il en abhorrait le culte et la doctrine …

    Le vrai visage de Luther

    Entré dans les ordres à la suite d’un vœu imprudent, prononcé sous le coup irréfléchi d’une émotion violente, doté d’une intelligence brillante mais tourmentée, victime d’une formation théologique et morale insuffisante, Luther, en proie à ses démons intimes et dévoré d’orgueil, rompt avec la papauté, puis se pose en prophète d’une foi rénovée, débarrassée des scories qu’aurait accumulées sur elle le catholicisme.

    Père de la langue allemande moderne, plus encore du nationalisme germanique et de la doctrine de la soumission aveugle des consciences luthériennes à la volonté d’autorités voulues par Dieu, ce qui conduira l’Allemagne à s’incliner un jour sous le joug hitlérien, le réformateur est d’abord et avant tout un révolutionnaire.

    Derrière le personnage public, l’homme privé, pourtant, inspire une sorte de pitié. L’abbé Gleize, s’appuyant à des sources sûres, montre Luther dévoré de vices contre lesquels il a de longue date renoncé à lutter, doutant de son propre salut, rongé par des angoisses spirituelles, au bord parfois, semble-t-il, de la possession, gâchant ses talents, incontestables, et son charme réel, pris au piège des contradictions intrinsèques de sa propre pensée qui l’amène, s’étant coupé de la saine doctrine, à dire tout et le contraire de tout …

    À l’évidence, l’abbé Gleize en éprouve presque de la pitié.

    L’ensemble, s’il détonne dans le consensus actuel, est, cependant, conforme à toute la doctrine catholique des cinq derniers siècles.

    Un révolutionnaire

    C’est en réalité un discours très parallèle à celui de l’abbé Gleize que tient sur Luther (Martin Luther, la face cachée d’un révolutionnaire, Téqui ; 155 p ; 14, 50€.) Angela Pelliciari, professeur d’histoire de l’Église dans des séminaires, quoique l’aspect historique et politique ait tendance ici à prendre le pas sur l’analyse doctrinale.

    Ce qui intéresse Mme Pelliciari, c’est moins l’enseignement fautif, en rupture avec la pensée catholique, quoiqu’elle le tienne incontestablement pour tel, mais ses effets. Et force est d’admettre, à sa suite, qu’ils furent cataclysmiques.

    Si, au fond, Luther ne fait pas preuve d’une grande originalité car, quand il s’y essaie, il se débat dans des contradictions internes dont ses disciples n’ont jamais pu sortir, et se contente de reprendre des idées alors dans l’air du temps, il a le génie pour épouser les grandes crises de son époque, notamment celles propres à l’Allemagne, et leur apporter les réponses simples et simplistes que ses contemporains attendent.

    Avec Luther, débute la première grande révolte intellectuelle et sociale, prémices de l’entrée de l’Europe dans une modernité qui, justement, ne sera que révolte contre l’autorité et contre Dieu. Dans le discours de Luther, tout l’avenir sanglant de l’Europe est en germe, des révoltes paysannes qu’il contribuera à faire écraser après les avoir soutenues à la révolution bolchevique de 1917 en passant par la Révolution française et le nazisme.

    Le réquisitoire est sans concession. Il faut seulement déplorer que l’historienne, travers fréquent des universitaires catholiques italiens, soit animé d’une francophobie virulente et souvent injuste.

    Martin Luther, le chant du coq de la modernité de Danilo Castellano, (éditions de L'Homme Nouveau, 236 pages, 12 €) est disponbile sur ce site.

    Pour en savoir plus, voir la présentation de Philippe Maxence.

  • Stéphane Mercier dénonce "apostasie et démission intellectuelle à l’Université louvaniste"

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    De Stéphane Mercier sur le site "L'Ultramontain" :

    SILENCE - Apostasie et démission intellectuelle à l’Université louvaniste

    Chers amis,

    Vous êtes nombreux à m’avoir témoigné votre soutien dans « l’affaire » me concernant à l’Université catholique de Louvain au printemps 2017. L’institution a révélé, comme l’observait un homme d’esprit, que son nom était triplement usurpé : la censure déloyale n’est pas digne d’une Université ; l’hostilité à un enseignement en parfaite conformité avec celui de l’Église est intolérable au sein d’une institution qui se présente comme catholique ; et, pour ceux qui ignorent cette petite fantaisie dont la Belgique, patrie du surréalisme, a le secret, l’Université Catholique de Louvain n’est pas à Louvain, mais dans une ville nouvelle sortie de terre il y a bientôt un demi-siècle, Louvain-la-Neuve. La ville historique de Louvain abrite une autre Université, néerlandophone celle-là, la Katholieke Universiteit Leuven. Quant à savoir si elle est davantage catholique, c’est une autre question…

    Le cours que j’avais donné à mes étudiants en leur exposant un exemple d’argumentation susceptible de les faire réfléchir à propos de la gravité de l’avortement a été mal reçu par une infime proportion d’entre eux. Je ne connais pas les chiffres, mais il semble qu’une dizaine, sur un total de six cents, n’aient pas du tout apprécié cette invitation à réfléchir sur base d’arguments vigoureux. C’était au début du mois de février 2017. Puis, durant cinq semaines, j’ai continué à donner mon cours tout à fait normalement. Un groupuscule insignifiant s’est toutefois ému de mon enseignement et a alerté la presse. Celle-ci, flairant le scandale, a tout de suite sorti le grand jeu. Nous étions alors le 21 mars. La réaction officielle de l’Université n’a pas tardé : le jour même, j’étais convoqué de façon peu amène au rectorat, tandis qu’une Philénis bien en cour clamait haut et fort que mes propos étaient « contraires aux valeurs portées par l’UCL » et que l’UCL défendait le « droit [sic] à l’avortement ». Un communiqué officiel dans le même sens fut publié dans la foulée, puis retiré discrètement quelques jours plus tard, non sans avoir été relayé par les médias.

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  • Défendre un féminisme qui considère la femme entièrement

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    De Vincent Tremolet de Villers sur Figaro Vox (lefigaro.fr) :

    Marianne Durano: «Défendre un féminisme qui considère la femme entièrement»

    FIGAROVOX/GRAND ENTRETIEN- Le féminisme doit être repensé en profondeur: tel est le point de vue de Marianne Durano, professeur et journaliste à la revue Limite*. Une vision iconoclaste qui trace les contours d'une véritable anthropologie.

    Ancienne élève de l'Ecole Normale supérieure, agrégée de philosophie, Marianne Durano est professeur en lycée. Elle est rédactrice à la revue Limite et publie prochainement un essai sur le corps féminin aux éditions Albin Michel.

    Vous défendez dans la revue Limite l'idée d'un féminisme intégral. Que signifie cette expression? Féminisme n'est-il pas un mot qui se suffit à lui-même?

    Limite se veut une revue d'écologie “intégrale”. Tout comme l'expression “écologie intégrale”, “féminisme intégral” est en effet un pléonasme. Néanmoins, si nous parlons d'écologie intégrale, c'est pour dénoncer une forme de schizophrénie entre, d'une part, les tenants de l'écologie environnementale, et d'autre part les tenants de l'écologie “humaine”. De la même manière, le féminisme médiatique est pris dans des contradictions qui rendent nécessaire l'adjectif “intégral”: on ne peut pas défendre les femmes tout en niant la différence des sexes, lutter pour l'égalité salariale sans prendre en compte la spécificité de la grossesse, proclamer “mon corps m'appartient” sans dénoncer le trafic d'ovules et d'utérus qu'implique l'extension des PMA, etc.

    Le féminisme intégral que nous défendons intègre tous ces combats et veut défendre les femmes intégralement, sans nier leurs spécificités et leurs vulnérabilités particulières. En effet, “intègre” signifie aussi bien “honnête” qu'”entier”. Il s'agit tout d'abord de faire preuve d'honnêteté et de cohérence intellectuelle, en dénonçant toutes les aliénations dont les femmes sont victimes: lutter contre la culture de viol et par conséquent dénoncer l'omniprésence de la pornographie ; lutter contre la prostitution et contre les mères-porteuses, qui sont les deux faces d'un même marché des corps ; défendre la santé et l'autonomie des femmes également quand elles choisissent d'arrêter leur contraception chimique ; être intégralement “pro-choix” et donner à celles qui le veulent les moyens de garder l'enfant qu'elles portent ; défendre la dignité des salariées et des mères au foyer, etc. Le féminisme intégral considère la femme dans son entier: il n'évacue pas ses hormones et son utérus du champ politique, sous prétexte qu'ils seraient un facteur d'aliénation, ou en alléguant une égalité abstraite et désincarnée entre les sexes.

    Enfin, notre féminisme est intégral, parce que nous pensons qu'il faut transformer intégralement et radicalement les valeurs de notre société capitaliste, technocrate et concurrentielle, pour que les femmes puissent y trouver leur place sans avoir à se renier pour devenir des self-made men comme les autres.

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  • Sapiens ?

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    Une chronique de l’abbé Eric de Beukelaer dans « La libre Belgique » :

    « Si nos ancêtres ont commencé à se poser des questions de sens, un "sens" ne mérite-t-il pas d’être recherché ?

    Cet été, j’ai lu "Sapiens", le best-seller de Yoval Noah Harari (éd. Albin Michel), qui me fut offert par une amie athée. Dans un style accessible, cet ouvrage érudit décrit l’avènement de notre espèce - le "Sapiens" - et sa conquête de la terre. Ainsi, l’auteur souligne que ce qui rendit notre aïeul supérieur à ses cousins "Erectus" ou "Neandertalis" (et lui permit au passage d’éliminer nombre d’espèces animales…) fut sa capacité à déployer son imagination et à communiquer grâce au langage. Avec pour effet que des bandes de chasseurs-cueilleurs se sont fédérées en villes et nations, car unies par des mythes fondateurs. L’univers du religieux engendra ainsi l’ordre politique, et l’intelligence humaine coopéra, de la sorte, à plus grande échelle. Autrement dit, ce serait sa capacité à se raconter des histoires et à y croire, qui aurait rendu Sapiens maître du monde.

    Je suis disposé à admettre cette théorie, mais le regard strictement matérialiste de l’auteur, limite son analyse. Si l’ouvrage illustre "comment" la religion serait apparue et en vue de quel gain évolutif, jamais n’est abordée la question du "sens" de pareille évolution. Je m’explique par comparaison : les sciences naturelles ont démontré que des poissons ont commencé à évoluer en dehors du milieu aquatique en développant des poumons à partir de branchies. Pareil gain évolutif fut cependant possible… parce que l’oxygène existe. Pourquoi en serait-il autrement avec l’accès de Sapiens à la pensée religieuse ? Si nos ancêtres ont commencé à se poser des questions de sens, n’est-ce pas aussi parce qu’un "sens" mérite d’être recherché ? Par la conscience qu’il a de lui-même, Sapiens n’est pas prisonnier de l’instant. Il s’appartient mentalement et devient de la sorte le gardien de son passé. Ceci le rend curieux de son avenir. La démarche religieuse - qu’elle soit primitive et magique, ou élaborée et éthique - ouvre l’homme à ce qu’il cherche plus encore que du pain : le sens de sa vie. Evidemment, la question de fond demeure : la quête religieuse rejoint-elle une réalité transcendante ("Dieu" pour le croyant) ou n’est-elle qu’une géniale prothèse, inventée par Sapiens pour nourrir son goût de vivre ? La raison humaine n’est pas en mesure de trancher pareil dilemme. L’acte de foi (croyant ou athée) est un passage obligé. Mais la question, elle, ne peut être éludée.

    Pour illustrer mon propos, imaginons une tribu amazonienne, préservée de tous contacts avec l’Occident, à laquelle un explorateur apporterait un poste de télévision. Dans un premier temps, les indigènes pensent que les images habitent la petite boîte magique et une grande crainte se saisit du village. Mais bientôt la curiosité l’emporte et après avoir tué l’explorateur, ils s’en prennent à l’objet. Le plus vaillant des guerriers s’avance et lui fracasse la carapace. Tous découvrent alors qu’elle ne contient aucune image, mais des pièces muettes qu’ils jettent dans le fleuve. Le soir venu, la tribu entonne une danse de victoire, tout en dégustant l’explorateur. Par leur bravoure, ils ont vaincu la machine à image et découvert qu’elle n’était que du vent ! Dans un coin, seul le vieux sorcier demeure pensif : mais alors, ces images d’où venaient-elles ? Ne représenteraient-elles pas à un autre monde lequel - bien qu’"ailleurs" - n’en serait pas moins réel ? Notre civilisation me fait penser à ces indigènes. La boîte à symboles qu’était la religion de nos grands-mères faisait peur avec ses menaces de damnation. Nous l’avons donc déconstruite en mettant à nu ses innombrables rouages psychologiques, sociologiques et historiques. Puis, beaucoup ont tout jeté aux oubliettes de l’histoire. Mais la question demeure : et si le message de la religion renvoyait Sapiens à une Réalité autrement plus réelle que les mirages dont la société de consommation gave son quotidien ?

    --> Le titre est de la rédaction. Titre original: Sapiens...

    Contribution externe »

    Ref. La religion, un outil pour conquérir la terre?

    Vraiment et pour quoi faire ?

    Par l’homme, écrivait Pascal, l’univers sait qu’il existe. La conscience réflexe révèle une nouvelle dimension de notre univers et, par là même,  l’ampleur du drame de sa condition mortelle. Car la figure de ce monde passera comme celle de chaque homme après quelques tours de carrousel autour d’une étoile perdue dans l’innombrable cortège des galaxies dont la course est sans objet apparent. Rien mieux que l’art funéraire alexandrin exposé au musée des antiquités d’Athènes ne peut rendre l’infinie tristesse d’un monde sans véritable espérance : dans la religion du monde gréco-romain, les dieux eux-mêmes sont soumis à la fatalité aveugle du destin, dont ce monde fut en fin de compte libéré par la foi chrétienne. Que celle-ci s’étiole à son tour, on voit aussitôt réapparaître, comme de nos jours, les tentations mortifères d’une civilisation au déclin. Après Bernanos et de Lubac au siècle dernier, Rémi Brague (Prix Ratzinger 2012) a bien montré l’impasse à laquelle se heurte l’humanisme athée contemporain.

    JPSC

  • Les points noirs de l'histoire de l'Eglise; pour en finir avec vingt siècles de polémiques

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    Les points noirs de l'histoire de l'Eglise

    Michael Hesemann

    Jean-Baptiste Valette (Traduction)

    Date de parution aux éditions Artège : 08.02.2017

    EAN : 9782360403578

    Nombre de pages : 424

    Catégorie : Histoire

    Présentation :

    L'Église catholique a 2000 ans d'histoire et sa part d'ombre. Mais de nombreux mythes, légendes et falsifications s'y sont ajoutés, assombrissant encore l'image d'une institution souvent qualifiée d'« obscurantiste ».

    Pie XII est-il le pape d'Hitler ? Les francs-maçons descendent-ils des Templiers ? L'Inquisition est-elle l'oeuvre de moines fanatiques ? Le procès Galilée condamne-t-il la science au nom de la foi ? Les croisades en Terre Sainte ou contre les Cathares sont-elles des agressions injustifiables ?

    Preuves de la persistance actuelle de ces vieux mythes : le Da Vinci code de Dan Brown ou le film Amen de Costa-Gavras, avatars modernes de ces légendes. Leur point commun ? Des succès commerciaux planétaires et un souci du détail historique plus que discutable.

    Dans ce livre à la fois érudit et captivant, Michael Hesemann s'attache à déconstruire méthodiquement vingt des plus grands mythes sur l'Église, sans nier les dérives. Au fil des pages, l'auteur dévoile ainsi l'identité des véritables « obscurantistes » qui occultent la vérité historique. C'est ce que rappelle cet ouvrage essentiel.

    Traduit de l'allemand par Jean-Baptiste Valette

    Michael Hesemann, né en 1964, est historien, écrivain et journaliste. Spécialiste d'histoire ecclésiastique, il a aussi étudié l'anthropologie culturelle, la littérature et le journalisme à l'université de Göttingen en Basse-Saxe. Il vit aujourd'hui entre Rome et Düsseldorf.

  • Le sommaire (et les liens) du numéro de La Nef d'octobre 2017

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    Sommaire du n°296 d'octobre 2017
    SOMMAIRE DU N°296 D'OCTOBRE 2017

    ÉDITORIAUX
    Un monde sans Dieu, par Christophe Geffroy
    Faut pas prendre les enfants du bon Dieu…
    par Jacques de Guillebon

    ACTUALITÉ
    François en Colombie : pour la réconciliation, par Yves Chiron
    Un livre pour mieux connaître François, par Christophe Geffroy
    Les droites en France : mirages et réalités, par Michel Toda
    L’Église et internet, par Pierre Mayrant
    Géopolitique d’abord : La France comme langue (2/2)
    par Paul-Marie Coûteaux

    ENTRETIEN
    Abbaye de Chevetogne, un pont entre Orient et Occident,
    entretien avec le Père Lambert Vos

    DOSSIER : LAÏCITÉ, LE POIDS DE L'HISTOIRE, LE DÉFI DE L'ISLAM
    Petite histoire de la laïcité républicaine, par Michel Toda
    Les rapports Église-État, par l’abbé Hervé Benoît
    Laïcité : où en est-on ?, par Christophe Geffroy
    Une laïcité à deux vitesses, par Matthieu Baumier
    L’islam et l’Occident, par Annie Laurent
    Un germe totalitaire, par Jean-François Chemain

    VIE CHRÉTIENNE
    Saint Jean Chrysostome : nul ne peut nuire…, par Yves Daoudal
    Question de foi : Depuis 30 ans…, par l’abbé Hervé Benoît

    CULTURE
    Julien Freund : le politique et la décadence, par Gilles Banderier
    Notes de lecture, chroniques musique, cinéma, sortir, jeunes, internet
    Au fil des livres : Un automne divin, par Philippe Maxence 
    Un livre, un auteur, entretien avec Christophe Dickès
    Portrait : Charlotte d’Ornellas, par Marine Tertrais
    Débats : Avortement en Irlande : un référendum à risque
    par Tim O’Sullivan
    Débats : Loi travail : Quel code du travail ?, par Joseph Thouvenel

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  • La nouvelle charge de Dan Brown contre la religion

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    De Samuel Lieven sur le site du journal La Croix :

    Dan Brown pronostique la mort de Dieu

    L’auteur du Da Vinci Code a estimé à l’occasion du lancement de son dernier roman que « Dieu ne peut survivre à la science ». Nombre de théologiens et scientifiques jugent cette opposition aujourd’hui dépassée.

    Après le « Dieu est mort » de Nietzsche à la fin du XIXe siècle, voici la mort de Dieu selon Dan Brown. Pour l’homme aux deux cents millions d’exemplaires vendus, auteur du best-seller planétaire « Da Vinci Code » (2003), « Dieu ne peut survivre à la science ». Une sentence proclamée la semaine dernière lors de la présentation de son dernier ouvrage, « Origine », à la foire internationale du livre de Francfort.

    Ce cinquième opus de la saga commencée avec « Da Vinci Code » raconte une nouvelle aventure du professeur de l’Université de Harvard Robert Langdon. Il s’emploie cette fois à déchiffrer les mystères de l’origine du monde, en explorant en particulier la lutte entre science et religion.

    « Au cours de la décennie à venir, notre espèce va se retrouver énormément connectée (…) et nous allons commencer à trouver nos expériences spirituelles via nos interconnexions, pronostique le romancier de 53 ans. Notre besoin d’un Dieu extérieur assis en haut et qui nous juge (…) va diminuer et au bout du compte disparaître. »

    Une opposition aujourd’hui dépassée

    Celui qui s’était mis à dos l’Opus Dei et une partie de la hiérarchie catholique avec « Da Vinci Code » apporte ainsi sa contribution au vieux débat opposant Dieu et la science. Une opposition toujours puissamment ancrée dans les esprits, mais que nombre de théologiens et scientifiques jugent aujourd’hui dépassée.

    « C’est une vue extrêmement simpliste de l’histoire de dire que la science tue la religion », estime l’astrophysicien Jean-Pierre Luminet, directeur de recherche au CNRS, qui se définit lui-même comme matérialiste athée. Certes, il existe bien une « opposition de principe et de méthode entre science et religion : d’un côté, la science fonctionne sur la base de paradigmes évoluant au cours du temps ; de l’autre, les religions – en particulier monothéistes – s’appuient sur un dogme auquel on ne doit pas toucher ». Giordano Bruno, Galilée et d’autres en ont, en leur temps, fait les frais.

    Pour autant, pas question de dresser science et religions les unes contre les autres. Car pour Jean-Pierre Luminet, la notion de « foi » – en une vérité révélée ou un Dieu personnel – échappe aux lois du scientifique occupé à décoder l’univers. « De ce point de vue, chacun est renvoyé à sa propre expérience spirituelle : pour les uns, plus de science mène à Dieu quand d’autres s’en éloignent. D’autres encore, comme Einstein, n’ont guère besoin de Dieu pour contempler la nature. »

    D’ailleurs, Dan Brown lui-même se défend d’être contre la religion, mais dit vouloir juste « lancer un dialogue ». « Je pense que la religion a fait beaucoup de bien dans le monde. Je pense aussi que le monde a tellement changé qu’elle n’est plus un besoin », a-t-il encore déclaré, faisant au passage l’éloge du pape François pour ses efforts visant à moderniser l’Église catholique.

    « Dieu n’a pas vocation à combler les trous béants laissés par la science »

    Le même François n’avait-il pas provoqué, voilà trois ans, un petit tsunami médiatique en affirmant, devant l’Académie pontificale des sciences, que le big bang ne contredit pas « l’intervention créatrice de Dieu, au contraire, il la requiert » ? Preuve s’il en est que le dialogue entre foi et science n’a pas attendu Dan Brown pour s’enclencher.

    « Il est aberrant que l’on puisse, aujourd’hui encore, penser la relation entre science et foi en termes d’opposition après plus d’un siècle de dialogue fécond,déplorait alors le père Thierry Magnin, prêtre, physicien et recteur de l’université catholique de Lyon. Dieu n’a pas vocation à combler les trous béants laissés par la science. Quant à cette dernière, les scientifiques savent bien qu’elle ne dit pas tout. »

    LIRE ÉGALEMENT : Les propos du pape sur le big bang sont-ils révolutionnaires ?

  • La "Philosophie pour la Vie" de Stéphane Mercier

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    41Yjffv+cIL._SX330_BO1,204,203,200_.jpgDe Franck Abed sur AgoraVox :

    La philosophie pour la vie, par Stéphane Mercier

    Stéphane Mercier est docteur en philosophie de l’Université catholique de Louvain. Il fut au sein de celle-ci assistant et chargé de recherches du FNRS, ainsi que chargé de cours invité. En février 2017, il a donné un cours à ses étudiants pour les amener à une réflexion globale sur la question cruciale de l’avortement : « j’ai proposé à mes étudiants de réfléchir par eux-mêmes sur un argumentaire vigoureux certes, mais strictement philosophique, en faveur du respect dû à tout être humain depuis sa conception ». Il explique que son intention ne relevait pas de l’embrigadement : « sans rien imposer à qui que ce soit, sinon de réfléchir, de faire preuve d’esprit critique et d’entendre les arguments rationnels  ». Il est mis sur la touche puis poussé vers la sortie pour avoir défendu le droit naturel et émis des critiques contre l’idéologie du genre. Cela en dit long sur les universités et autres écoles qui se parent du titre de catholiques… Ce livre reprend, avec de légères retouches, le cours donné par Stéphane Mercier à ses étudiants.

    L’ouvrage commence par une citation biblique très éclairante : « Ouvrez la bouche pour le muet, et pour soutenir la cause de tous les enfants qui ne font que passer  » (Livre des proverbes 31-8). Par la suite l’auteur précise sa pensée en expliquant ce qui suit : « un avortement ne peut pas être réduit à un acronyme qui se donne toutes les apparences d’être inoffensif : IVG  ». De manière raisonnée et raisonnable, Mercier a voulu faire grandir ses étudiants en les amenant à la réflexion. Malheureusement la suite est connue. Il perd son poste devant les hérauts de la tolérance qui s’appuient sur l’adage révolutionnaire bien connu : « pas de liberté, pour les ennemis de la liberté  ». En effet, les promoteurs de cette idée horrible défendent le principe que la mort de l’enfant à naître demeure une des libertés de la femme. Par conséquent personne ne doit émettre un avis ou même une réflexion défavorable sur le sujet. Les femmes volontaires pour l’avortement se considèrent comme propriétaires de leurs corps, mais elles oublient en réalité que l’embryon est une personne à part entière. La mise à l’écart dont fut victime le professeur Mercier, suite à une levée de boucliers, est selon lui : « une réaction émotive, passionnelle, et révélatrice de la corruption mensongère des esprits qui sévit à l’Université  ». Malheureusement aujourd’hui, trop de catholiques se taisent devant les injustices et les crimes de notre monde. L’auteur l’explique clairement : « c’est le grand crime de Ponce Pilate : non pas tant la lâcheté que l’indifférence ». Ne voulant pas rester muet devant une telle iniquité, il a décidé d’agir pour défendre la vie : « en dénonçant le crime de l’avortement, c’est de l’éminente dignité de l’être humain dont je parle  ». Tout au long de son propos, l’auteur développe une pensée structurée reposant sur des arguments tout autant pertinents que logiques, pour répondre aux idées fausses avancées par certains. Effectivement les défenseurs de l’avortement usent et abusent d’un argument fallacieux qui consiste à dire que l’embryon voire le fœtus ne méritent pas le statut de personne. Mercier pose le constat suivant pour les contredire : « le fait de couper le cordon ombilical vous transforme soudainement en une personne, par la magie des ciseaux dont se sert le médecin. » De même, il réfute avec la même facilité déconcertante une autre fausseté dialectique : « cet argument de la viabilité est un argument fonctionnaliste qui suppose que, pour être une personne, il faut fournir la preuve que l’on fonctionne comme une personne digne de ce nom. Mais il faut le répéter, ce n’est pas un argument probant : un comateux, un petit enfant et un embryon sont incapables de parler. Sont-ils pour cela disqualifiés comme personne ? » Mercier rappelle enfin l’évidence même au sujet de l’embryon, pour couper court aux idées morbides mises en avant par la société moderne : « insistons-y, ce n’est pas un vulgaire tas de cellules désorganisées qui évolue au hasard. Dès que le code génétique est complet, dès l’instant de la formation de l’embryon, les choses s’organisent dans une direction très précise. » Il nous paraît difficile d’être plus juste et plus clair. Néanmoins il prend le temps, car toute bonne pédagogie se fonde sur la répétition, de rappeler une idée de bon sens : « s’il est moralement mauvais de tuer délibérément une personne innocente, et que l’enfant dans le ventre de sa mère est bien une personne innocente (qui n’est certes pas complètement développée, mais l’enfant de cinq ans ne l’est pas non plus), la conclusion est indiscutable : tuer un enfant au stade embryonnaire ou fœtal, dans le ventre de sa mère, est moralement mauvais, comme il est mauvais de l’assassiner quand il est âgé de cinq ans. » Dernier point et pas des moindres, il bat en brèche l’argument futile de la liberté d’action d’autrui : « imaginez encore quelqu’un qui dirait, oui c’est vrai qu’à titre personnel, je refuse l’esclavage, mais que les autres décident comme ils veulent, je suis pour le droit à choisir, et je ne tiens pas à imposer à autrui ma vision négative de l’esclavage. Ridicule encore une fois. » Il persiste et signe : « c’est absurde de dire que l’on est personnellement opposé à l’esclavage, au viol et à l’avortement, mais que l’on tient chacun à laisser le droit de choisir s’il veut prendre un esclave, violer sa voisine, ou tuer l’enfant dans le ventre de sa mère. » Imparable !

    Pour conclure, nous disons qu’avec ce livre le professeur Mercier détruit de manière argumentée les différentes objections de ceux qui promeuvent l’avortement. Les différentes démonstrations sont convaincantes et logiques. L’ensemble du livre est accessibles aux jeunes et moins jeunes. C’est un des points forts du livre ! Nul besoin d’être savant pour suivre pas à pas la saine réflexion philosophique portée par l’auteur. Mercier dans une postface tout aussi brillante que le reste traite de la détresse de la mère, la malformation de l’enfant, les intérêts de la femme, en restant pédagogique, humain, et finalement chrétien. Un livre à lire pour celles et ceux qui désirent des arguments contre l’avortement afin de défendre la philosophie pour la vie…

    Ce livre est disponible ICI

  • Les chrétiens cachés du Japon; l’histoire d’un miracle catholique en Extrême-Orient

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    De Sandro Magister, traduit sur diakonos.be :

    Les chrétiens cachés du Japon. Trop dérangeants pour ce pontificat

    Le Pape François a fait part à plusieurs reprises de son admiration pour les « chrétiens cachés » du Japon, réapparus miraculeusement avec une foi intacte dans la seconde moitié du dix-neuvième siècle après deux siècles et demi d’anéantissement féroce du christianisme dans ce pays.

    Mais peu connaissent la véritable histoire de ce miracle presque incroyable. Le jésuite japonais Shinzo Kawamura, professeur d’histoire de l’Eglise à la Sophia University de Tokyo et auteur des études les plus récentes sur le sujet est revenu sur cette histoire au cours d’une conférence fascinante qui s’est déroulée jeudi 12 octobre dernier à l’aula magna de l’Université pontificale grégorienne.

    Le texte complet de cette conférence organisée à l’occasion du 75e anniversaire des relations diplomatiquesentre le Japon et le Saint-Siège se trouve sur cette autre page de Settimo Cielo :

    > Pope Pius IX and Japan. The History of an Oriental Miracle

    Nous en reproduisons ci-dessous un large extrait. Sa lecture – indispensable – nous enseigne que ce qui a permis que la foi catholique soit transmise intacte, de génération en génération, chez ces chrétiens privés de prêtres et complètement coupés du monde, ce fut essentiellement une tradition orale faite de quelques vérités décisives sur les sacrements et surtout sur la confession, suivant les enseignements du Concile de Trente.

    C’est donc le catholicisme « tridentin » qui a permis le miracle de ces « chrétiens cachés ». Avec sa doctrine du péché du pardon sacramentel, qu’ils ont anticipé chez eux par des actes répétés de contrition parfaite en l’absence d’un confesseur accompagnés de la vision prophétique qu’un jour, il finirait par arriver.

    Ces actes de contrition suivaient parfois le péché d’apostasie, c’est-à-dire le fait d’avoir publiquement piétiné le « fumie », l’image de Jésus, contraints par leurs persécuteurs de démontrer leur abjuration de la foi chrétienne sous peine de mort.

    Péché et pardon. Curieusement, pourtant, au cours de cette même célébration académique du 12 décembre à la Grégorienne, la conférence de Kawamura fut suivie par celle d’un autre spécialiste de la question, Adeline Ascenso, portugais et missionnaire au Japon qui a abordé la question de l’apostasie d’un point de vue opposé.

    En effet, dans le titre de sa conférence déjà, Ascenso parle quant à lui de « conflit et de réconciliation » plutôt que de péché et de pardon.

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  • La liturgie était une priorité pour Benoît XVI mais ne l'est plus pour François

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    CHRISTOPHE DICKÈS : « LA QUESTION LITURGIQUE ÉTAIT UNE PRIORITÉ POUR BENOÎT XVI. PAS CHEZ FRANÇOIS » (source)

    Le journaliste et écrivain Christophe Dickès vient de sortir un livre qui s’intitule L’Héritage de Benoît XVI. Il explique au micro de Boulevard Voltaire ce qui caractérise le pontificat de Benoît XVI et quelles sont les différences avec celui du pape François.

    Vous venez de sortir L’héritage de Benoit XVI.

    Benoit XVI avait fait beaucoup parler de lui en étant le premier pape à renoncer à sa charge il y a quelques années.

    Que faut-il selon vous retenir de Benoit XVI ?

    Il faut retenir un esprit de réforme. J’ai réfléchi pendant plus de trois ans sur l’esprit de réforme dans l’Eglise à travers 12 papes qui ont bouleversé le monde.

    A travers cette réflexion, j’ai souhaité me pencher plus précisément sur le pontificat de Benoit XVI. Ce pontificat est à placer dans ces pontificats de réforme. Je veux parler de réforme non pas structurelle, mais spirituelle. « Avant de réformer les structures, il faut réformer les coeurs », disait Benoit XVI, c’est-à-dire faire des saints tout simplement, car c’est le rôle de l’Eglise.

    Il a voulu mettre l’intelligence de la foi au centre du pontificat.

    Mais ce n’est pas simplement un pontificat intellectuel, il fut également pastoral.

    On a tendance à l’oublier. Cette « pastoralité » se retrouve notamment à Madrid en 2011, en Europe, lors des Journées Mondiales de la Jeunesse.

    Dans votre livre, vous racontez une rencontre avec Benoit XVI. Vous décrivez un homme très humble, discret finalement, ce qui s’oppose à l’image médiatique de Benoit XVI qui passait pour un homme très dur et radical. Est-ce complémentaire selon vous ou y a-t-il eu une déformation dans la manière de le présenter ?

    Il y a eu une totale déformation dans la manière de présenter ce qu’est cet homme. C’est évident. C’est un homme d’une humilité et d’une douceur extraordinaires. Pour ceux qui connaissent un peu le monde universitaire, ce n’est pas étonnant. Benoit XVI est un homme de débats. Il prend donc toujours ses décisions après avoir consulté son entourage. C’est le cas notamment dans la levée des excommunications de la Fraternité Saint Pie X. Il a demandé à l’ensemble des cardinaux ce qu’ils souhaitaient. Une majorité s’est dessinée pour la levée de cette excommunication.

    Vous pouvez multiplier cet exemple à toutes les décisions qu’il a prises au cours de son pontificat. C’est donc un homme qui sait écouter.

    Chaque fois qu’il est allé dans un pays pour le visiter, il y a eu une cabale médiatique contre lui. Et après le voyage, les médias faisaient leur mea culpa, en reconnaissant que cet homme vaut la peine d’être écouté.

    Nous avons aujourd’hui le pape François. Ils sont souvent regardés différemment et ils ont un caractère très différent. Quelle est selon vous qui avez étudié Benoit XVI la réelle différence entre les deux? S’agit-il d’une rupture ou d’une continuité entre les deux ?

    Il n’y a jamais une rupture ou une continuité. Il y a plutôt des ruptures et des continuités.

    La continuité, c’est la pédophilie, la réforme du Vatican et de ses structures financières.

    Je crois que la rupture la plus importante se trouve dans la question liturgique. Celle-ci est au coeur du pontificat de Benoit XVI. Elle ne l’est pas chez François.

    Est-ce nouveau ?

    Pas vraiment. Un autre exemple, entre Paul VI et Jean-Paul II, il y a une nette différence à l’égard de l’Est, qu’on appelle l’Ostpolitik. Jean-Paul II retourne totalement la question de l’Ostpolitik.

    Il y a inévitablement des charismes différents entre les deux personnes, mais c’est vrai que ce qui était une priorité chez Benoit XVI, la liturgie, ne l’est plus chez François.