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Livres - Publications - Page 92

  • Nos évêques et les supérieurs majeurs publient un rapport sur les abus sexuels de mineurs dans une relation pastorale dans l’Église de Belgique

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    Il peut être consulté ICI.

    Présentation ICI

  • Des petites réponses aux difficultés de la vie chrétienne pour être dans le monde sans être du monde

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    Du site de France Catholique :

    ENTRETIEN AVEC LE P. MICHEL GITTON

    L’art d’être chrétien

    propos recueillis par Aymeric Pourbaix

    Être «  dans le monde  » sans être «  du monde  » : tel est le redoutable paradoxe chrétien auquel se confronte le père Michel Gitton, fondateur de la communauté Aïn Karem. Avec son sens de la formule ciselée, il rassemble certaines de ses chroniques à France Catholique, pour mettre en garde contre une vision trop partielle, et partiale, de l’évangile.

    Quel rôle pour l’église dans une société pluraliste et relativiste ?

    Père Michel Gitton : D’abord d’être une sorte de poil à gratter, qui empêche la bonne conscience libérale et ce qu’on nomme tellement justement «  la pensée unique  » de se croire seules détentrices des valeurs.
    Ensuite, elle peut susciter le débat, et faire découvrir la sagesse dont elle est porteuse, elle qui a une mémoire, ce que n’ont plus les principaux acteurs de la société actuelle. Ayant une mémoire, elle a aussi une capacité d’envisager l’avenir autrement qu’à travers les statistiques.
    Enfin, sa grande affaire, c’est d’évangéliser tous azimuts et de prouver ainsi par les faits son dynamisme reçu de l’Esprit Saint.

    La foi ne peut déserter le terrain des faits, dites-vous. C’est une tentation moderne ?

    La tentation gnostique est de tous les temps. Mais aujourd’hui où nous naviguons dans le virtuel, il est si facile de prendre ses désirs pour des réalités, ses bons sentiments pour des œuvres de charité et de miséricorde, la dernière opinion parue sur les réseaux sociaux pour une certitude définitive…

    «  Au milieu des ruines nous avons tout à reconstruire  » : le chantier semble immense, voire disproportionné à vues humaines. Y a-t-il des précédents historiques ?

    J’en vois au moins deux : quand, après les invasions barbares, il a fallu que l’Église d’Occident réinvente une culture, redonne le goût et les moyens d’un travail méthodique sur les textes, la musique, la pensée.
    Et également – avec moins de brio, mais de façon aussi courageuse – quand après la Révolution et l’Empire, l’Église, se retrouvant dans une situation très différente de ce qui avait été la sienne avant 1789, a su rejoindre une nouvelle sensibilité. Et retrouver les besoins profonds du peuple français, forger des modèles, etc.

    Une des difficultés actuelles consiste à vouloir prendre un parti dans les questions de foi. L’unité des catholiques est-elle encore possible ?

    Je le crois, nous ne sommes plus dans les années 1980. Notamment chez les jeunes, on cherche là où il y a du solide et une cohérence avec la vie spirituelle. Il ne s’agit pas d’un retour en arrière ou d’une mode rétro. Tant qu’à risquer sa vie sur le Christ, on n’imagine pas que la foi soit un contenu fluent à dimension variable.

    Comment prendre les questions par le haut, comme vous le suggérez ?

    En acceptant de se dépayser et de faire le détour par les sources de la Révélation : la sainte Écriture, lue et méditée, les Pères de l’Église, la Tradition et le Magistère de l’Église, les maîtres de la vie spirituelle. Cela ne nous donnera pas forcément une réponse toute faite, surtout si la question est nouvelle. Mais nous trouverons dans cette référence le recul nécessaire pour aller au cœur du sujet. Nous n’avons pas à inventer le christianisme, mais nous avons à interroger à nouveaux frais cette sagesse qui est portée par vingt siècles de vie chrétienne.

    Si le paradoxe est un art éminemment catholique, est-il à même de convaincre nos contemporains ?

    Je ne sais pas s’il sera toujours convaincant, mais je sais que les affirmations unilatérales tueront à bref délai toutes les velléités d’avancer.

    Qu’est-ce qui permet au catholique de se prémunir contre l’idéologie et de garder le «  flair surnaturel de la tradition  » ?

    Vous vous en doutez : la prière. Seule la confrontation avec Dieu dans la prière peut nous arracher à ce penchant si inscrit dans notre être : celui de vouloir nous justifier. Justifier nos façons de penser, garder nos habitudes, et ainsi refuser de jeter le filet au large.

  • Après la mort : 20 récits pour approcher le Mystère

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    Edition d'un livre de 20 récits catholiques permettant d'approcher toutes les situations de la vie après la mort.
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     Après la mort : 20 récits pour approcher le Mystère
     Auteur Arnaud DUMOUCH, Préface Père Guy GILBERT

    Arnaud Dumouch est un professeur agrégé de religion catholique. Né en 1964, il enseigne sur Internet au sein de l'Institut Docteur Angélique.

    Il est en outre responsable du site consacré à la publication des œuvres complètes de saint Thomas d'Aquin.

    « Priez pour nous pauvres pécheurs, maintenant et à l'heure de notre mort »

    La prière de l'Ave Maria montre à quel point l'heure de la mort, le passage entre ce monde et l'autre, est important.

    Suite au livre « L'heure de la mort », publié par les éditions Docteur Angélique, et doté du Nihil Obstat et de l'Imprimatur de l'Eglise catholique, ces nouvelles théologiques s'efforcent de rendre concrètes de nombreuses situations rencontrées à l'heure de la mort, depuis le sort de l'enfant mort sans baptême à celui du pauvre pécheur adulte.
    unnamed (1).png"Merci pour votre beau travail en faveur de la Communion des saints. Votre initiative de rendre accessible à tous les réalités de la foi qui concernent la communion des saints et  notre éternité bienheureuse est excellente. Je la trouve en totale conformité avec la mission du Sanctuaire ND de Montligeon."

    Père Paul PRÉAUX, Recteur du sanctuaire Normand de Montligeon, consacré aux âmes du purgatoire, supérieur général de la Communauté saint Martin.

    ACHETER LE LIVRE

    Marc DUTEIL, Méditions

  • Ordonner des "anciens" pour assurer le "munus sanctificandi" ?

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    De Maria Droujinina sur zenit.org :

    Ordonner des hommes âgés mariés : commentaires de L’Osservatore Romano

    La réflexion de Mgr Lobinger évoquée par le pape

    Ordonner « aux côtés des prêtres célibataires, des ‘anciens’, avec famille et profession, organisés en équipes », telle est l’idée de Mgr Fritz Lobinger, prêtre allemand fidei donum et évêque d’Aliwal en Afrique du Sud (1987 à 2005), présentée et analysée par L’Osservatore Romano en italien daté du 6 février 2019. Les « anciens », selon Mgr Lobinger, pourront célébrer la messe, administrer le sacrement de la réconciliation et donner l’onction des malades dans les endroits où sévit une pénurie de prêtres.

    Le pape François a suggéré de prendre en considération cette idée de l’évêque allemand âgé de quatre-vingt-dix ans, notant – au cours de la conférence de presse au retour du Panama – que son livre sur cette question était « intéressant ».

    Mgr Lobinger a développé sa proposition d’ordonner des « équipes d’anciens » dans plusieurs livres, notamment dans Priests for Tomorrow. A plea for teams of “Corinthian Priests” in the parishes (Prêtres pour demain. Un plaidoyer pour les équipes de « prêtres corinthiens » dans les paroisses, publié en anglais en 2004 et en italien en 2009)

    « L’ordination sacerdotale, a expliqué le pape François en faisant référence à cet ouvrage, donne les trois « munera » : le « munus regendi » (le pasteur qui guide), le « munus docendi » (le pasteur qui enseigne) et le « munus sanctificandi ». » L’évêque, a-t-il poursuivi, donnerait aux ‘anciens’, « seulement l’autorisation pour le ‘munus sanctificandi’. C’est la thèse … et cela peut peut-être aider à répondre le problème. » « Je crois, a ajouté le pape François, que le thème doit être ouvert en ce sens pour les lieux où il y a un problème pastoral à cause du manque de prêtres. »

    En fait, explique le quotidien du Vatican, Mgr Lobinger propose de réintroduire, aux côtés du prêtre traditionnel diocésain, un deuxième type de prêtre qui, selon lui, existait dans les premiers siècles de l’Église : un homme de foi éprouvée qui, ayant une famille et un travail, consacrait une partie de son temps aux services religieux de la paroisse. Les paroisses auraient toujours des groupes de prêtres disponibles pour présider les offices religieux. Ces hommes n’exerceraient pas le ministère individuellement, mais toujours en équipe.

    Mgr Lobinger a développé ces idées dans les années soixante-dix, en rencontrant des communautés sans prêtre résidant, mais guidées par des laïcs. Pour l’évêque allemand, l’engagement prioritaire est de construire des communautés chrétiennes authentiques, composées de personnes qui apprennent à collaborer et à partager des tâches. Il affirme que l’ordination des dirigeants locaux était la norme dans l’Église depuis des siècles. Dans les Actes des Apôtres (14, 23), nous lisons que, pour les nouvelles Églises, des « anciens » ont été désignés et qu’ils n’étaient pas invités de l’extérieur, mais faisaient partie de la communauté.

    L’évêque allemand admet qu’il ne serait pas facile de surmonter « l’habitude de disposer d’un curé de paroisse entièrement disponible pour sa communauté ». Sur ce chemin, insiste-t-il, le Nord et le Sud doivent marcher ensemble parce qu’ils dépendent l’un de l’autre. Les anciennes et les nouvelles Eglises doivent se comprendre, dans leurs situations respectives, pour trouver une solution avec laquelle tous seront d’accord.

    Dans l’avion, le pape François confiait : « C’est quelque chose qui est en débat parmi les théologiens mais ce n’est pas ma décision. Ma décision est : non au célibat optionnel avant le diaconat. C’est quelque chose qui vient de moi, c’est personnel, mais je ne le ferai pas, c’est clair. Suis-je quelqu’un de fermé ? Peut-être, mais je ne me sens pas de me mettre devant Dieu avec cette décision. » Mais, ajoutait-il, « je crois que le thème doit être ouvert en ce sens pour les lieux où il y a un problème pastoral à cause du manque de prêtres. Je ne dis pas qu’il faut le faire, je n’y ai pas réfléchi, je n’ai pas suffisamment prié sur ce point. Mais les théologiens en discutent, il faut qu’ils étudient ».

  • Deux livres pour évoquer la grande figure d'un cardinal héroïque

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    De Claire Lesegretain sur le site du journal la Croix :

    Un évêque vietnamien face au communisme

    Biographies. Deux livres consacrés à Mgr Van Thuan (1928-2002) rappellent la foi inébranlable de ce « martyr » du XXe siècle, dont le procès de béatification est en cours.

    Mgr Van Thuan (ici en 2001) passera treize années en captivité au Vietnam, de 1975 à 1988.

    Mgr Van Thuan (ici en 2001) passera treize années en captivité au Vietnam, de 1975 à 1988. /  Ciric

    • Monseigneur Thuan. Un évêque face au communisme, d’Anne Bernet, Tallandier, 544 p., 23,90 €
    • Van Thuan Libre derrière les barreaux, de Teresa Gutiérrez de Cabiedes, Nouvelle Cité, 332 p., 21 €

    Lorsque François-Xavier Nguyen Van Thuan vient au monde en 1928 à Hué, toutes les fées semblent se pencher sur son berceau. Sa mère Hiep appartient à la lignée aristocrate des Ngo Dinh, dont les ancêtres au XVIIe siècle furent parmi les premiers Vietnamiens à se convertir au catholicisme, et parmi les premiers à mourir martyrs au XVIIIe siècle. Son oncle Diem sera nommé ministre de l’intérieur de l’empereur Bao Dai en 1933.

    Brillant, doué pour les imitations et les langues, le jeune Thuan sait dès l’âge de 13 ans qu’il deviendra prêtre. Le voilà interne à An Ninh, petit séminaire élitiste désireux de former de futurs saints. Au grand séminaire de Phu Xuan, il se rêve en curé de campagne. Mais après son ordination en 1953, il est nommé vicaire dans l’une des plus grosses paroisses du diocèse de Hué, ce qui présage une carrière foudroyante dont le père Thuan ne veut pas mais à laquelle il lui sera difficile d’échapper.

    La superbe biographie qu’Anne Bernet consacre à cette grande figure de l’Église au Vietnam mêle intelligemment le parcours douloureux de ce « descendant des martyrs » avec l’histoire tout aussi douloureuse de son pays, soumis à de brusques revirements politiques puis à un régime dictatorial. Ainsi, l’oncle Diem devenu, en 1954, premier ministre d’un gouvernement soutenu par les États-Unis dans le Sud-Vietnam, qui se proclame l’année suivante président de la nouvelle République du Vietnam, sera assassiné à Saïgon en 1963.

    Innombrables interrogatoires

    Après un doctorat de droit canon à Rome en 1959, le père Thuan est rappelé au Vietnam où l’Église a besoin de nouveaux chefs. « Ne laissez pas une fausse modestie égarer votre jugement. Vous devez vous préparer à tenir ce rôle », lui explique l’évêque de Hué en le nommant au petit séminaire d’An Ninh.

    Nommé évêque de Nha Trang (sud-est) en 1967, il fait inscrire sur son anneau épiscopal le « Todo pasa » de Thérèse d’Avila : « Tout passe, Dieu seul suffit. »Dans ce diocèse de 130 000 catholiques, il met en œuvre Vatican II, visite chaque paroisse, couvent et établissement scolaire, encourage les séminaristes, développe les formations pour laïcs afin qu’ils puissent résister à l’ennemi communiste…

    Car, du fait des victoires du Vietnam du Nord (soutenu par l’URSS) sur le Vietnam du Sud (soutenu par les États-Unis), la réunification du pays sous le joug communiste s’annonce. Effectivement, lorsque Paul VI le nomme archevêque coad­ju­teur de Saïgon le 24 avril 1975, la ville vient de devenir Hô Chi Minh Ville. Là, dans le presbytère d’une paroisse excentrée, le « neveu des Ngo Dinh » est arrêté le 15 août 1975. Sans jugement, il est placé en résidence surveillée, et soumis à d’innombrables interrogatoires visant à lui faire avouer qu’il est « un espion du Vatican et un agent de l’impérialisme ».

    Abandonné entre les mains de Dieu

    Mgr Thuan résiste avec foi et bienveillance. Il est autorisé à célébrer seul sa messe quotidienne mais ne doit parler à personne. Il parvient pourtant à écrire et à faire passer des centaines de feuillets qui seront publiés sous le titre Sur le chemin de l’espérance (1976). Une audace qu’il paiera par de longs mois d’emprisonnement dans un cloaque nauséabond. « Cette détention était bonne pour lui et profitable au salut des âmes. Par conséquent, il lui fallait l’accepter et tenter de la faire tourner à son bénéfice et à celui de l’Église », écrit Anne Bernet avec finesse.

    Une finesse qui manque parfois à l’ouvrage de Teresa Gutiérrez de Cabiedes, qui commence au 15 août 1975 et décrit, avec force détails, les conditions sordides des détentions successives de l’évêque, totalement abandonné entre les mains de Dieu. Transporté en bateau en 1976 dans le Vietnam du Nord, il est emprisonné deux ans près de Hanoï, puis six ans dans une résidence des agents de la Sécurité publique où il lui est toujours interdit de parler à qui que ce soit. « Les communistes savaient que, même emprisonné, Mgr Thuan représentait toujours un danger, incarnant à la fois la figure politique d’un Walesa et celle, religieuse, d’un Wojtyla vietnamien », écrit Anne Bernet. Mais, à force de gentillesse et d’humour avec ses gardiens, il parvient à se faire traiter avec humanité.

    Après treize années de captivité, Mgr Van Thuan sera exilé à Rome, avant d’être fait vice-président puis président du Conseil pontifical Justice et Paix (1998-2002) et, enfin, créé cardinal un an avant sa mort, en 2002.

    Claire Lesegretain

  • Bruxelles, 15 février : Mgr Léonard présente son "Journal d'un évêque de campagne" à l'UOPC

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    Sans titre.png Et à Beauraing, le 16 février à 11H00 : https://www.sanctuairesdebeauraing.be/event/conference-de-mgr-leonard-sur-son-livre/

  • Bruxelles, 10 février : "Pour qui et pourquoi veux-tu donner ta vie ?"; une conférence exceptionnelle de l'abbé Pierre-Hervé Grosjean

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  • "Sans transcendance, pas de fraternité possible"

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    Un ENTRETIEN AVEC GUILLAUME DE TANOÜARN publié sur le site de France Catholique :

    Plaidoyer pour la fraternité

    propos recueillis par Guillaume Bonnet

    Dans Le Prix de la Fraternité (Tallandier), l’abbé Guillaume de Tanoüarn entend proposer le trésor chrétien à un monde qui ne l’est plus, englué dans le rationalisme des Lumières, sans transcendance et à bout de souffle. Une vision qui ne manquera pas de susciter le débat.

    Votre réflexion sur la fraternité s’appuie sur un diagnostic : l’homme contemporain est amputé d’une partie de lui-même...

    Guillaume de Tanoüarn : Il existe trois dimensions principales chez l’homme. La dimension de la sensualité dans tous ses états, que flatte la société de consommation. La dimension de la rationalité, c’est-à-dire du calcul ; et dans nos sociétés, on sait très bien compter ! Ce qui est beaucoup plus difficile à percevoir dans la société actuelle, c’est la troisième dimension, celle de la foi, qui touche au cœur, à l’émotion. C’est une dimension fondamentale de l’être humain, mais que notre société a obscurcie et dont elle se moque souvent.

    À partir de quand a-t-on commencé à occulter cette dimension ?

    Au XVIe siècle, la Réforme a déclenché de grands troubles politiques que l’on a résolus avec l’adage «  Cujus regio, ejus religio  » – à chaque région sa religion, selon la religion du prince qui la gouverne. Il oblige les sujets à partager la religion de leurs princes (ou l’inverse). On a le droit de chercher la Vérité, mais en s’enfermant dans les limites de l’opinion religieuse de son souverain. C’est une sorte de «  politique d’abord  » qui s’affirmerait au détriment de la quête spirituelle.

    Cette évolution n’a pourtant pas été accueillie sans réaction ?

    En effet, il y a eu au XVIIe siècle une réaction mystique et personnaliste, incarnée par des figures flamboyantes comme le cardinal de Bérulle, saint Vincent de Paul ou Bossuet qui estimaient pouvoir laisser libre cours à leur recherche. Mais Louis XIV n’était pas très favorable à cette liberté. Les jansénistes vont en faire les frais : à Port-Royal, leurs morts seront déterrés avant que les structures du vieux monastère ne soient arasées. Supprimer les morts, c’est un acte absolument moderne dans sa dimension totalitaire. La prise en charge de la question religieuse par l’autorité politique au XVIe siècle a été dramatique pour l’église. Et le rationalisme des Lumières me semble la conséquence assez lointaine de ce rétrécissement du champ religieux.

    Jean-Jacques Rousseau joue aussi un rôle clé dans la montée du rationalisme politique, dites-vous.

    Rousseau établit une théorie de l’absolutisme qui s’adapte assez bien à la monarchie bourbonienne. Selon lui, un roi efficace ne doit pas se fonder sur la majorité des suffrages exprimés, mais sur l’unanimité présumée d’une population qui se réduit à ce que l’on appellera l’opinion publique. En l’occurrence, celle des salons et des académies. Celle de l’élite sociologique. Rousseau va essayer de fonder la fraternité sur une idée commune, celle de l’opinion publique que tout le monde doit partager, sous peine d’être considéré comme un faux frère. Nous y sommes. C’est la fraternité exclusive. On la retrouve chez les djihadistes qui s’appellent frères entre eux, surtout pour mieux marquer le caractère haïssable de ceux qui ne sont pas frères.

    Vous vous attardez aussi longtemps sur Bernard Mandeville...

    De Spinoza, Mandeville a tiré un rationalisme extrême et un refus de la foi en un Dieu personnel. Et l’idée par conséquent que le monde politique est livré aux forces qui le construisent, dans un mécanisme implacable qui tient lieu de morale. La morale, pour Mandeville, n’est rien d’autre que le pouvoir mécanique des plus forts,, qui indique aux plus faibles de quelle manière leur faiblesse est tolérable. C’est ce que nous vivons aujourd’hui.

    Aujourd’hui le pouvoir appartient aux plus riches. Et les peuples auront beau dire et beau faire, ils ne peuvent pas faire en sorte que ce que la petite élite mondiale a décidé ne se passe pas. Au rebours de cette perspective mécaniste et rationaliste ou comptable, pour que la liberté économique soit profitable, comme l’expliquera Friedrich Hayek beaucoup plus tard, il faut des structures culturelles fortes, des traditions. Et ce que j’ai appelé une foi commune.

    Rousseau comme Mandeville, dont nous sommes les héritiers contraints, rejettent la transcendance. Or, dites-vous, «  sans transcendance, pas de fraternité possible  ».

    La transcendance qui rend la fraternité possible, c’est la paternité. Il n’y a pas de frères et sœurs sans père au moins putatif. Sans l’expression d’une figure paternelle, verticale, qui représente la loi commune. Attention ! Cette verticalité sur laquelle s’adosse la fraternité ne doit pas être exclusive, mais venir d’une foi qui inclut. Fonder la fraternité sur une idée, transcrite dans la loi, c’est la rendre exclusive. C’est le problème des religions fondées sur la loi, et en particulier de l’islam. Ces musulmans qui s’enferment dans la loi vont obligatoirement vers une forme de discrimination négative, entre ceux qui observent la loi et les autres. Alors que la foi, elle, est universelle. C’est d’ailleurs pour cela que, depuis la fin du premier siècle, on appelle les croyants chrétiens des «  catholiques  », des universels.

    Guillaume de Tanoüarn, Le prix de la fraternité, Tallandier, 336 pages, 18,90 €.

  • Quand un docteur en géographie et enseignant congolais réhabilite Léopold II

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    Lu dans le Courrier australien, ce commentaire de Marie-France Cros sur « Le plus grand chef d’État de l’histoire du Congo » : le livre qui réhabilite Léopold II :

    Léopold II 5c4df5a5d8ad5878f03ac3b9.jpg« C’est sous ce titre provocateur que Jean-Pierre Nzeza Kabu Zex-Kongo, docteur en géographie et enseignant, publie un ouvrage qui ne manquera pas d’attirer l’attention à l’heure où le « Musée royal de l’Afrique centrale » de Tervuren est rebaptisé « Africa Museum » en dépit de sa pauvreté en matière africaine hors Congo et offre aux visiteurs une présentation de l’Afrique centrale « déléopoldisée » avec autant de finesse que n’en mit Khrouchtchev à déstaliniser l’URSS.

    L’auteur s’efforce de répondre à deux questions : qu’a laissé Léopold II en héritage aux Congolais ? Le temps n’est-il pas venu de réhabiliter ce souverain ?

    Le Dr Nzeza souligne qu’on a surtout donné la parole, ces dernières années, à des « réquisitoires » contre Léopold II, « passant sous silence ses […] réalisations », sans comparer le tout aux autres « conquêtes et exploitations coloniales ».

    Des réquisitoires basés sur une documentation « d’origine essentiellement britannique » et donc « tendancieuse » en raison des rivalités coloniales entre Londres et le Palais royal de Bruxelles.

    Si le Dr Nzeza juge Léopold II « indéfendable sur le martyre des autochtones  » , il a mené à bien de « grandes réalisations dont les Congolais profitent largement aujourd’hui ou pourraient encore davantage tirer profit avec une bonne gouvernance ».

    Et de détailler la longue bataille du roi pour doter la Belgique d’une colonie. On retiendra notamment sa prise de contact avec l’explorateur britannique Stanley, qui n’arrive pas à intéresser Londres à l’Afrique centrale ; la Grande-Bretagne s’en mordra les doigts plus tard et mettra en cause l’État indépendant du Congo (EIC) afin de mettre les mains sur le Katanga et ses richesses minières, rappelle l’auteur.

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  • L’anticapitalisme doit-il mener à défendre la famille ?

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    Du site de l'hebdomadaire "Famille Chrétienne" (Kévin Boucaud-Victoire) :

    Christopher Lasch : le penseur de la famille assiégée

    L’anticapitalisme doit-il mener à défendre la famille ? C’est ce qu’a défendu l’historien et sociologue américain Christopher Lasch, à rebours de la gauche.

    Depuis quelques années, la France découvre la pensée de Christopher Lasch. Renaud Beauchard, professeur associé à l’American College of Law, publie un court essai sur cet historien et sociologue américain. Christopher Lasch. Un populisme vertueux aborde les sujets favoris de l’intellectuel : le populisme, le narcissisme, le féminisme, le progrès et... la famille. Dès 1977, il perçoit la destruction de la structure familiale en cours et y propose une explication.

    Né en 1932 au sein d’une famille qui appartenait à la gauche intellectuelle, Christopher Lasch est formé au marxisme de l’école de Francfort – qui s’intéresse aux transformations culturelles induites par le capitalisme. De foi protestante, il puise aussi ses références chez le théologien luthérien Reinhold Niebuhr, et dans le populisme américain, qui s’inspire en partie du puritanisme anglais des XVIe et XVIIe siècles. Cette richesse intellectuelle le pousse à se décrire comme « à la fois radical, révolutionnaire même, et profondément conservateur ».

    « C’est le fait de devenir parent, explique Renaud Beauchard, dans un monde où la charge d’élever des enfants expose à l’indifférence glaciale [d’une] société ‘obnubilée par les enfants’ qui devait conduire Christopher Lasch à trouver sa voie en le convainquant de se lancer dans une enquête de grande ampleur sur la famille. » C’est ainsi qu’il publie en 1977 Haven in a Heartless World : The Family Besieged (Un refuge dans ce monde impitoyable).

    L’éducation des enfants surveillée

    Il y dénonce, selon Beauchard, « la reformulation méthodique des fonctions de socialisation de la famille par la recherche en sciences sociales ». Pour Lasch, la société moderne se définit par une prise de contrôle du marché et de « l’État thérapeutique » sur les individus. « Dans la phase initiale de la révolution industrielle, relève le sociologue, les capitalistes arrachèrent la production du foyer pour la collectiviser à l’intérieur de l’usine, sous leur surveillance. [...] Ils étendirent enfin leur contrôle sur la vie privée des travailleurs ; médecins, psychiatres, enseignants, psychopédagogues, agents aux services des tribunaux pour mineurs et autres spécialistes commencèrent à surveiller l’éducation des enfants, qui jusque-là relevait de la famille. » Ainsi Lasch décrit la prolétarisation « du métier de parent », par la « socialisation de la reproduction ». La « séparation radicale entre la vie domestique et le monde du travail » entraînée par la généralisation du travail salarié à partir du XVIIIe siècle a fait de la famille un lieu de retraite.

    « Dernier avatar de la société bourgeoise », Narcisse est le stade de l’individualisme généré par la société de consommation et dominé par l’anxiété.

    Mais progressivement, « l’État thérapeutique », dans sa lutte contre le patriarcat, s’est peu à peu mis à vouloir remplacer les parents, par l’intermédiaire des professions d’aide à la famille. Le but ? Défendre les droits des enfants contre « le pouvoir arbitraire que les parents exerçaient ». Mais sans s’en rendre compte, l’État crée un nouveau « paternalisme sans père ». Dans ce combat, il a trouvé des alliés de poids avec les médias de masse, la publicité et la société de consommation. Ces derniers ont dévalorisé symboliquement les parents aux yeux de leurs enfants et les ont cantonnés « à un rôle de support des besoins de la famille », commente Beauchard.

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  • "Que tout ce qui respire loue le Seigneur" : un ouvrage consacré à la musique dans la Bible

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    "Que tout ce qui respire loue le Seigneur"

    La musique dans la Bible : des éléments sur la musique vocale, instrumentale, la danse, 

    par Joseph Blanchard

    Couverture souple

    336 pages

    ISBN : 9782322164127

    Éditeur : Books on Demand

    Date de parution : 12/10/2018

    L'auteur : 

    Joseph Blanchard, musicien, a plusieurs diplômes (contrebasse, orgue, musique de chambre, direction chant choral). Il a suivi une formation solide pendant 4 ans à la Faculté de Théologie Catholique de Strasbourg et s''intéresse depuis longtemps à l'histoire de l'art, à l'archéologie. Il pratique également l'aquarelle … 

    Ecrire un livre sur la musique dans la Bible suppose bien évidemment porter plusieurs casquettes. L'une d'entre elles est d'avoir fait cette recherche comme un étudiant avec un maître de thèse. Il s'est donc entouré de spécialistes (hébreu, grec, musicologie, théologie ..).

  • François-Xavier Thuan : un cardinal magnifique

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    De Charles-Henri d'Andigné sur le site de l'hebdomadaire Famille Chrétienne :

    Cardinal Thuan : le résistant de la foi

    François-Xavier Nguyen van Thuan

    Prisonnier durant treize ans dans les geôles communistes, homme de grande allure et de manières simples, Mgr François-Xavier Thuan fit rayonner sa foi au Vietnam et au-delà. Une belle biographie lui rend hommage.

    Dans son dernier message pour la Journée mondiale de la paix, le 1er janvier, le pape François a cité les « Béatitudes du politique » (voir encadré ci-dessous). C’est le célèbre cardinal vietnamien François-Xavier Nguyen Van Thuan (1928-2002), qui en est l’auteur. Qui est cet homme ? L’historienne Anne Bernet, par ailleurs auteur de nombreuses biographies et récits historiques, lui a consacré une biographie très attachante.

    Les Béatitudes du politique

    « Heureux l’homme politique qui est conscient du rôle qui est le sien. Heureux l’homme politique qui voit son honorabilité respectée. Heureux l’homme politique qui œuvre pour le bien commun et non pour le sien. Heureux l’homme politique qui cherche toujours à être cohérent et respecte ses promesses électorales. Heureux l’homme politique qui réalise l’unité et, faisant de Jésus son centre, la défend. Heureux l’homme politique qui sait écouter le peuple avant, pendant et après les élections. Heureux l’homme politique qui n’éprouve pas la peur, en premier lieu celle de la vérité. Heureux l’homme politique qui ne craint pas les médias, car c’est uniquement à Dieu qu’il devra rendre des comptes au moment du jugement. »

    François-Xavier, cardinal Nguyen Van Thuan

    François-Xavier Van Thuan est issu d’une grande famille mandarinale, à la fois catholique, francophile et très patriote. Très croyants, ses parents lui donnent tôt le goût de la prière et de la Vierge Marie. C’est un enfant « précocement pieux, ouvert aux mystères du monde invisible », écrit Anne Bernet, et néanmoins turbulent, malgré une certaine fragilité physique : il est « imaginatif dès qu’il s’agissait de sottises ». Élève brillant, c’est l’« exemple achevé du fort en thème, ajoutant à des dons innés et une intelligence aiguë une capacité de travail remarquable favorisé par une mémoire hors norme »Réchappé miraculeusement d’une tuberculose à 20 ans, il est ordonné prêtre en 1958, à 30 ans, après avoir envisagé une vie contemplative. C’est un homme délicat, fin, au physique comme au moral, ayant pleinement profité de l’éducation raffinée qu’il a reçue. Gai, ne laissant rien paraître de tourments intérieurs pourtant bien réels (il prie souvent avec le sentiment que Dieu ne l’exaucerait pas), il a un solide sens de l’humour et, plus rare, un vrai talent d’imitateur qu’il exercera toute sa vie, y compris pour mimer Jean-Paul II. Nommé directeur du petit séminaire de Phu Xuan, non loin de Saïgon, il se fait remarquer par la douceur de ses méthodes, inspirées de Don Bosco, qui réussissent auprès des enfants mais pas des vieilles barbes de son entourage, qui grognent et renâclent.

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