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Religions - Page 21

  • Inde : la liberté religieuse malmenée

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    De Vatican News :

    La liberté religieuse malmenée en Inde

    Si elle est garantie théoriquement par la constitution fédérale, en Inde la liberté religieuse est dans les faits bafouée dans les différents États. Dernier exemple en date, dans la Karnataka, au sud-ouest du pays, une loi complique les procédures de conversion. Ce que dénoncent des membres de l’Église catholique locale qui y voient une manière de décourager les gens de se convertir au christianisme.

    Entretien réalisé par Xavier Sartre – Cité du Vatican

    Selon le rapport 2021 sur la liberté religieuse dans le monde, du Département d’État américain, dix des 28 États de la fédération indienne imposent des restrictions. Si ces textes ne visent pas explicitement une religion, dans les faits, elles pénalisent chrétiens et musulmans, les deux principales minorités religieuses indiennes, la majorité étant hindoue.

    En mai 2002, dans une lettre adressée au Premier ministre fédéral ainsi qu’à tous les gouverneurs des États indiens, la All India Catholic Union (AICU) fondée il y a cent ans, exigeait la mise en place de mesures urgentes pour mettre fin à une «campagne de haine ciblée et aux mesures provocatrices prises par des acteurs étatiques et non étatiques agissant apparemment de concert» à l’encontre des minorités religieuses. Des violences contre les chrétiens ou les musulmans ont été constatées dans les États de l'Uttar Pradesh, de l'Haryana, ou du Karnataka. «Des voyous, des militants et des dirigeants politiques locaux ont terrorisé les communautés religieuses minoritaires, le clergé et les institutions» pouvait-on lire dans ce courrier parvenu à l’agence Fides.

    Arundhati Virmani, historienne, spécialiste de l’histoire de l’Inde contemporaine, de l’Ecole des hautes études en sciences sociales à Marseille, revient sur les raisons du vote de ces lois anti-conversion.

    Entretien avec Arundhati Virmani

  • Ce que le christianisme a apporté à l'islam

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    De KTO sur youtube :

    Depuis des décennies, les historiens ont expliqué en quoi la civilisation arabe avait joué le rôle de passeur, passeur des textes grecs au bénéfice de la civilisation occidentale, ceci dans les derniers siècles du Moyen Age. Mais que s'est-il passé aux origines, quand l'Islam a été en contact avec le christianisme dès le VIIe siècle? Est-ce que nous allons assister à des transferts culturels, transferts juridiques, transferts politiques entre monde chrétien et islam ? Est-ce que nous allons assister à des dialogues, des échanges ou à une rupture brutale entre deux mondes ?

    Christophe Dickès reçoit Rémi Brague et Bernard Heyberger.

  • Royaume-Uni : l'avènement du premier ministre non chrétien de toute l'histoire britannique

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    De Stefano Magni sur la Nuova Bussola Quotidiana :

    Rushi Sunak: pour la première fois, un premier ministre non-chrétien

    25-10-2022

    Rishi Sunak est le nouveau premier ministre conservateur britannique. En matière de politique économique, il sera presque certainement l'opposé de Truss : austérité et moins de promesses de réductions d'impôts. Sur les principes non négociables, il s'est presque toujours abstenu, quand il n'a pas été absent des débats. Et d'autre part : il est hindou et le premier premier ministre non chrétien. 

    Rishi Sunak est le nouveau premier ministre conservateur britannique. C'était une conclusion inévitable et aussi prévisible : le match pour le contrôle du parti et du gouvernement se jouait entre lui et Liz Truss. Truss a gagné, puis a démissionné, maintenant c'est le tour de Sunak. Que peut-on attendre de l'ancien chancelier de l'Échiquier (à peu près l'équivalent de notre ministre de l'économie) du gouvernement Johnson ?

    Les conservateurs sont profondément divisés, au fond. Le changement constant de dirigeants signifie également ceci : il n'y a pas d'accord, même sur les valeurs fondamentales. Primauté de l'État ou primauté du marché et de la société ? Défense des valeurs traditionnelles (y compris les principes non négociables) ou adhésion à la modernité relativiste ? Opposition à l'idéologie verte ou lutte contre le réchauffement climatique ? Les tentatives de synthèse, telles que celles explorées par David Cameron jusqu'en 2016, se sont largement révélées être un abandon du conservatisme sur de nombreux fronts. Truss a été le premier dirigeant qui a essayé d'aller à contre-courant, en redécouvrant le conservatisme classique, et c'était fini en un rien de temps. Pour cette raison, Sunak est beaucoup plus susceptible d'accélérer le chemin vers la "modernité".

    Tout d'abord, sur le plan économique, les Britanniques doivent s'attendre à une vague d'austérité. La réduction d'impôts proposée par Truss est désormais considérée par la presse spécialisée comme la principale cause du choc violent sur les marchés qui a conduit à sa chute rapide. Promettre de réduire les impôts et, dans le même temps, d'augmenter les dépenses publiques était certainement imprudent, mais la réaction des marchés n'est pas nécessairement due à la politique. Il y aurait des crises chaque fois qu'un gouvernement augmente les dépenses liées à la dette, partout dans le monde, mais normalement cela ne se produit pas. Pas si violemment. En tout cas, le message qui est passé est le suivant : ceux qui réduisent les impôts, ceux qui se soustraient aux règles de l'austérité et ceux qui mettent tous leurs œufs dans le panier de la croissance sont condamnés à "subir la punition" des marchés. Sunak a qualifié la politique économique de son rival de "conte de fées" dans un sens péjoratif, il va maintenant prendre sa revanche. Mais en cette période d'inflation et de coût élevé de la vie, une politique d'austérité pourrait également plonger le Royaume-Uni dans la récession.

    Le véritable point de friction, cependant, pourrait bien porter sur les principes non négociables, paradoxalement ceux sur lesquels les électeurs conservateurs sont les plus unis. La presse, ainsi que l'establishment de gauche, décrivent Sunak comme un réactionnaire : "Les archives montrent que Sunak n'a jamais voté sur l'égalité des droits par rapport au mariage homosexuel et n'a jamais voté pour permettre aux malades en phase terminale de recevoir des soins pour mettre fin à leur vie. Sunak a "presque toujours" voté contre les mesures visant à prévenir le changement climatique et a "généralement voté contre" les lois visant à promouvoir l'égalité et les droits de l'homme au Royaume-Uni", peut-on lire sur le site web de l'association Each Other.

    Ceux qui s'intéressent aux votes de Sunak sur les principes non négociables, en particulier sur l'avortement et l'euthanasie, notent sa forte tendance à s'en laver les mains. Quand il n'est pas totalement absent au moment du vote, il opte pour l'abstention. Le dossier de vote analysé par Right to Life est une longue séquence de non-choix. Sauf dans un cas, lorsqu'il a voté en faveur de l'avortement, pour l'Irlande du Nord, avec l'ensemble du parti.

    Et c'est là que réside la caractéristique qui le rend unique dans l'histoire des gouvernements britanniques. On lit souvent qu'il est le premier Indien au gouvernement, une sorte de revanche après des siècles de colonialisme. (Mais curieusement, la gauche ne se réjouit pas, au contraire, elle pointe du doigt la richesse du "Yorkshire Mahajah").

    Mais on ne lit presque jamais qu'il est le premier ministre non chrétien de toute l'histoire britannique. Quatre premiers ministres du vingtième siècle ont perdu la foi : David Lloyd George, Neville Chamberlain, Clement Attlee, James Callaghan. Mais ils ont tous été élevés dans un environnement chrétien. Un seul premier ministre est né juif et a été baptisé à l'âge de 13 ans : Benjamin Disraeli, ministre de la reine Victoria, l'architecte de la plus grande expansion de l'Empire britannique. Personne avant Rishi Sunak n'avait jamais été, de naissance, étranger au christianisme. Sunak est hindou, il a gagné son concours sur Diwali, le festival des lumières. Nous saurons bientôt ce que cela signifie pour le Royaume-Uni, mais en attendant, cela marque la fin d'une époque.

  • Ce que révèlent les statistiques de l'Église catholique 2022

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    Une dépêche de l'Agence Fides :

    VATICAN - Statistiques de l'Église catholique 2022

    21 octobre 2022  

    Cité du Vatican (Agence Fides) - À l'occasion de la 96e Journée mondiale des missions, qui sera célébrée le dimanche 23 octobre 2022, l'Agence Fides présente comme d'habitude quelques statistiques choisies pour offrir un aperçu de l'Église dans le monde. Les tableaux sont extraits du dernier "Annuaire statistique de l'Église" publié (mis à jour jusqu'au 31 décembre 2020) et concernent les membres de l'Église, les structures pastorales, les activités dans les domaines de la santé, du bien-être et de l'éducation. Enfin, un aperçu des districts ecclésiastiques confiés au Dicastère pour l'évangélisation est donné.

    Au 31 décembre 2020, la population mondiale était de 7.667.136 000 personnes, soit une augmentation de 89.359.000 personnes par rapport à l'année précédente. Cette année encore, la hausse mondiale a touché tous les continents. A la même date, le nombre de catholiques était de 1.359.612.000, soit une augmentation globale de 15.209.000 par rapport à l'année précédente. Cette augmentation a touché quatre continents, à l'exception de l'Océanie.

    Le nombre total d'évêques dans le monde n'a diminué que de 1, pour atteindre 5.363. Les évêques diocésains ont augmenté et les évêques religieux ont diminué. Au total, il y a 4.156 évêques diocésains et 1.207 évêques religieux.

    Le nombre de prêtres dans le monde a diminué à 410.219 (-4.117). Une fois encore, c'est l'Europe qui affiche une baisse constante, suivie par l'Amérique et l'Océanie. Des augmentations du nombre de prêtres sont enregistrées en Afrique et en Asie.

    Les diacres permanents continuent d'augmenter globalement, cette année de 397 pour atteindre 48.635. Des augmentations ont été enregistrées en Amérique et en Océanie, des diminutions en Europe, en Asie et en Afrique.

    Le nombre de religieux non prêtres a augmenté de 274 pour atteindre 50.569. Des baisses sont enregistrées en Amérique et en Océanie. Il y a des augmentations en Europe, en Asie et en Afrique. La tendance de ces dernières années d'une diminution globale du nombre de femmes religieuses se confirme, cette année de 10. 553. Il y a un total de 619.546. Les augmentations se situent, une fois de plus, en Afrique et en Asie, les diminutions en Europe, en Amérique et en Océanie.

    Le nombre de grands séminaristes, diocésains et religieux, a diminué cette année de 2.203 au total pour atteindre 111.855. Des augmentations n'ont été enregistrées qu'en Afrique, tandis que des diminutions ont été constatées sur les autres continents. Le nombre total de petits séminaristes, diocésains et religieux, a également diminué de 1.592 pour atteindre 95.398. On observe des baisses en Amérique, en Asie et en Europe, tandis que des hausses en Afrique et en Océanie.

    Dans le domaine de l'éducation et de l'instruction, l'Église gère dans le monde 72.785 écoles maternelles fréquentées par 7.510.632 élèves ; 99.668 écoles primaires pour 34.614.488 élèves ; 49.437 écoles secondaires pour 19.252.704 élèves. Elle suit également 2.403.787 lycéens et 3.771.946 étudiants universitaires.

    Les institutions sanitaires, caritatives et sociales gérées par l'Église dans le monde entier comprennent : 5.322 hôpitaux, 14.415 dispensaires, 534 léproseries, 15.204 foyers pour personnes âgées, malades chroniques et handicapés, 9.230 orphelinats, 10.441 jardins d'enfants, 10.362 centres de conseil conjugal, 3.137 centres d'éducation ou de rééducation sociale et 34 291 autres institutions.

    Il y a un total de 1 118 Circonscriptions ecclésiastiques dépendant du Dicastère pour l'Évangélisation, selon la dernière modification enregistrée. La plupart des Circonscriptions ecclésiastiques confiées au Dicastère se trouvent en Afrique (518) et en Asie (483). Elle est suivie par l'Amérique (71) et l'Océanie (46).

    (SL) (Agence Fides 21/10/2022)

    Pièces jointes à la dépêche

  • U.K. : La religion du roi Charles III est aussi nébuleuse que celle de la reforme anglicane

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    Lu sur le National Catholic Register cette analyse d’ Edward Pentin:

    prince-charles-rencontre-pape-francois-cardinal-newman-saint-canonisation-1200x900.jpg« ANALYSE DE L'ACTUALITÉ : Maintenant formellement gouverneur suprême de l'Église d'Angleterre, le nouveau monarque a précédemment démontré une estime pour l'Église catholique, mais la substance de sa foi personnelle est quelque peu incertaine.

    Le prince Charles s'entretient avec le pape François le 13 octobre 2019, jour de la canonisation de saint John Henry Newman, dans la Cité du Vatican, Vatican. (photo : Arthur Edwards/Piscine/Getty Images)

    Edouard Pentin Monde12 octobre 2022

    CITÉ DU VATICAN - En tant que gouverneur suprême de l'Église d'Angleterre, le roi Charles III devrait poursuivre l'amitié et l'estime de sa mère pour l'Église catholique, mais cela ne fera qu'une partie de son large intérêt pour toutes les dénominations chrétiennes, les autres religions du monde et son apparente ferveur religieuse pour les préoccupations environnementales. 

    Le nouveau monarque, qui a accédé au trône immédiatement après la mort de la reine Elizabeth II le 8 septembre et sera couronné le 6 mai à l'abbaye de Westminster, entretient depuis longtemps des liens étroits avec l'Église catholique. En tant qu'héritier du trône, il a passé de nombreuses années à soutenir des organisations caritatives catholiques, ainsi qu'à s'exprimer souvent au nom des chrétiens persécutés , notamment en travaillant avec l'organisation caritative catholique Aid to the Church in Need. 

    Il a accueilli le pape saint Jean-Paul II lors de sa visite historique à Cantorbéry en 1982 et a effectué de nombreux voyages au Vatican, notamment en rencontrant en audience privée Jean-Paul II en 1985 et en assistant à ses funérailles en 2005, en rencontrant le pape Benoît XVI en 2009, et en visitant le pape François en 2017. 

    En 2019, il a représenté la reine lors de la canonisation à Rome de saint John Henry Newman et a écrit un commentaire pour L'Osservatore Romano dans lequel il louait la façon dont, par sa foi catholique, le cardinal Newman avait tant contribué à l'Église catholique et à sa patrie. . 

    "Je ne connais rien qui me porte à penser qu'il ne soutient pas fortement la foi et la vie de dévotion de ses sujets catholiques et du pape François", a déclaré l'archevêque anglican Ian Ernest, directeur du Centre anglican de Rome. 

    Mais comment le roi Charles comprend-il la foi catholique ? Reconnaît-il les différences entre l'Église catholique et la Communion anglicane, et comment pourrait-il influencer les relations à l'avenir ? 

    "Il sera certainement conscient que l'Église catholique romaine enseigne la transsubstantiation et que l'Église d'Angleterre ne le fait pas", a déclaré Gavin Ashenden, ancien évêque anglican et aumônier de la reine qui a été reçu dans l'Église catholique en 2019. "Il est probablement conscient que l'Église d'Angleterre ne reconnaît que deux sacrements [le baptême et le mariage] contre les sept du christianisme historique. 

    Adrian Hilton, rédacteur en chef du site Web anglican populaire ArchbishopCranmer .com, pense également que Charles est conscient des différences confessionnelles et a rappelé comment, lors de sa visite à Jean-Paul II en 1985 avec sa femme de l'époque, la princesse Diana, il avait souhaité assister à la messe avec le pape, sur lequel la reine est intervenue Mais pour Hilton, cela suggère "qu'il considère l'Église comme une seule et déplore plutôt les divisions à l'intérieur".

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  • Se poser la question de Dieu

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    De Christophe Geffroy, directeur du mensuel « La Nef » :

    « Sans doute pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, une civilisation n’a officiellement aucun Dieu; ses instances autorisées agissent en toutes choses comme si Dieu n’existait pas. Cette civilisation, c’est la nôtre, l’Occident, jadis chrétien et aujourd’hui profondément déchristianisé en un temps record. Certes, chacun peut croire, pratiquer une religion, mais la foi est désormais une affaire privée censée ne pas empiéter dans la sphère publique.

    L’alternative est très simple : ou Dieu existe ou il n’existe pas, il n’y a pas de tierce position. Officiellement, en tant qu’institution étatique, nous avons donc fait un choix : il n’existe pas. Bien que nos régimes se veulent « neutres » (« laïques ») et pensent être parvenus à cette neutralité en protégeant la liberté de religion et de culte – dans la limite de l’ordre public –, ils sont, de fait, athées. Dans la situation historiquement inédite qui est la nôtre, peut-être est-ce là un moindre mal et finalement le seul équilibre viable qui maintienne encore une certaine paix civile.

    Le rejet de Dieu sans conséquence ? 

    Que les non-croyants, apparemment devenus majoritaires, se satisfassent de cet état ou même le défendent semble normal et naturel. En revanche, cela est plus surprenant de la part des croyants : n’est-il pas extraordinaire qu’ils ne s’interrogent jamais sur le rejet de Dieu au sein de nos sociétés surdéveloppées et de ses possibles conséquences ? Historiquement, n’y a-t-il donc aucun lien entre l’effacement de Dieu de la Cité et des consciences, d’une part, et le lent déclin d’une Europe apostate, d’autre part ? Est-ce simple hasard si, dans ce contexte, surgissent en Occident des idéologies matérialistes criminelles, à l’origine de deux atroces conflits mondiaux, véritable suicide collectif européen ? N’y a-t-il également aucun lien entre cet effacement de Dieu et l’exacerbation d’un hubris prométhéen qui revendique l’autonomie de l’homme, de sa volonté toute-puissante déliée de toute limite, morale notamment ?

    Dans notre postmodernité, nous bénéficions de conditions de vie et de santé jamais atteintes, et pourtant le mal-être n’a jamais été aussi répandu ; nombre de nos contemporains affirment être moins heureux que les générations précédentes. Cette crise n’est-elle pas la conséquence du vide intérieur qui nous anime, de l’absence de sens donné à nos vies ? Assurément, même si le sujet est tabou, la principale dimension de la crise que nous vivons est spirituelle et tient à l’ignorance de Dieu.

    L’affaiblissement du christianisme conduit à une incompréhension croissante de l’univers chrétien. La vision de la famille et des enfants, le concept de loi morale naturelle sont devenus inaudibles pour beaucoup, souvent plus par inculture que par hostilité. Lors d’un récent débat entre Fabrice Hadjadj et Antoine Bueno sur la limitation des naissances, ce dernier osait cet aveu révélateur : « Je ne comprends à peu près rien à la réponse de mon contradicteur. On ne parle pas la même langue » (1). Ces paroles sont terribles en ce qu’elles montrent combien les fractures s’aggravent au point même que l’on ne se comprend plus, si bien que disparaît peu à peu toute base minimum commune permettant la vie en société dans la paix et le respect de l’autre.

    Le triomphe du manichéisme

    Et ce facteur inquiétant est amplifié par l’extension de la pensée obligée qui ramène la complexité du monde à une vision manichéenne. Les sujets sur lesquels le débat devient impossible, pour lesquels existe une « vérité officielle », ne cessent de s’étendre : l’avortement, le genre, le Covid, le conflit russo-ukrainien… alimentant ainsi les fantasmes complotistes. Sur ces questions, les opposants à la doxa dominante ne sont pas traités comme de légitimes contradicteurs, ce qui devrait aller de soi en démocratie, mais comme des ennemis à éliminer : on ne discute pas avec de telles gens, on les discrédite, on les criminalise, on les exclut du périmètre de la respectabilité pour que, médiatiquement, ils n’existent plus.

    Je ne vois pas comment résorber les fractures évoquées plus haut, symptômes de la « décivilisation » et « barbarisation » de nos sociétés, sans parvenir à rechristianiser une partie des Français. Je suis intimement persuadé que c’est le rayonnement de toutes les âmes saintes qui recherchent Dieu sincèrement, les prières qui montent vers lui inlassablement qui empêchent le monde de se défaire complètement – d’où l’importance cruciale des ordres religieux contemplatifs.

    Dans la Bible, l’indifférence à l’égard de Dieu est fréquente ; et même lorsque Dieu s’est incarné en son Fils, combien l’ont écouté et ont cru en lui ? Dans l’Ancien Testament, le peuple élu a souvent renié Dieu, nous sommes analogiquement dans une situation comparable. Je ne dis pas que nos malheurs sont un châtiment divin, je dis que la rupture avec l’ordre surnaturel a brisé également l’harmonie de l’ordre naturel qui part ainsi à la dérive : les lois naturelles bafouées suffisent à nous faire perdre pied selon le cours normal des choses. Et dans la Bible, à chaque fois, le seul remède a été de revenir au Dieu de l’Alliance. Peut-être, nous chrétiens, devrions-nous prendre la Bible un peu plus au sérieux…

    Christophe Geffroy »

    Ref .Se poser la question de Dieu

    A propos de Christophe Geffroy

    Fondateur et directeur de La Nef, auteur notamment de Faut-il se libérer du libéralisme ? (avec Falk van Gaver, Pierre-Guillaume de Roux, 2015), Rome-Ecône : l’accord impossible ? (Artège, 2013), L’islam, un danger pour l’Europe ? (avec Annie Laurent, La Nef, 2009), Benoît XVI et la paix liturgique (Cerf, 2008).

  • INDE, Karnataka : la loi empêchant la libre conversion religieuse est "contraire à la Constitution et à la dignité humaine"

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    Une dépêche de l'Agence Fides :

    ASIE/INDE - La loi empêchant la libre conversion religieuse au Karnataka est "contraire à la Constitution et à la dignité humaine"

    5 octobre 2022

    Bangalore (Agence Fides) - Le récent projet de loi qui vise à réglementer les conversions religieuses dans l'État indien du Karnataka - un État du sud-ouest de l'Inde comptant plus de 64 millions d'habitants - est contraire à la Constitution, viole la dignité humaine, la liberté de conscience et la liberté religieuse : c'est ce que déclare à l'Agence Fides le Père Irudhaya Jothi, un jésuite engagé dans les œuvres et les services sociaux de l'État.

    La législation que la Chambre haute de l'État du Karnataka (le "Conseil législatif du Karnataka", dans le système bicaméral) a finalement adoptée - après approbation par la Chambre basse en décembre 2021 - "est une loi draconienne est injustifiée", observe le religieux. "Son objectif est d'effrayer les chrétiens et les membres d'autres communautés, afin de renforcer le soutien aux partis nationalistes hindous", affirme-t-il. Les clauses actuelles du projet de loi", rapporte le jésuite, "peuvent être utilisées à mauvais escient pour décourager les communautés pauvres et opprimées, en particulier les Dalit (groupes intouchables et marginalisés) et les communautés tribales, d'accéder à l'éducation, à l'emploi et aux programmes de protection sociale".

    M. Zacharias, ancien secrétaire du Bureau pour les Dalits de la Conférence épiscopale indienne (CBCI) est d'accord : " La Constitution de l'Inde, rappelle-t-il à Fides, consacre le droit fondamental d'une personne à professer, pratiquer et propager toute religion choisie en conscience ". La promulgation de la loi anti-conversion est contraire à la Constitution indienne et doit être contestée devant une cour de justice".

    "La procédure de conversion d'une foi à une autre, note-t-il, est si lourde et bureaucratique qu'il est presque impossible de finaliser une conversion religieuse. En particulier, tous les Dalits qui souhaitent se convertir au christianisme seront gênés, note-t-il, "uniquement pour des raisons politiques"

    Le "projet de loi sur le droit à la liberté de religion au Karnataka" a été adopté par la Chambre basse du Karnataka le 23 décembre 2021, mais n'a ensuite pas été présenté à la Chambre haute car le "Bharatiya Janata Party" (BJP), la formation nationaliste hindoue qui en était le promoteur, n'avait pas la majorité dans cette chambre à l'époque. En 2022, grâce à des séances de vote administratif, le BJP a également obtenu la majorité à la Chambre haute, avec 41 membres sur 75. Le 15 septembre, le projet de loi a été introduit par le BJP et adopté.

    "La Cour suprême a dit que la liberté de religion n'autorise pas les conversions forcées. La liberté de se convertir existe, mais pas sous la contrainte et l'incitation", a déclaré Araga Jnanendra, ministre de l'Intérieur de Karantaka, en présentant le projet de loi le 15 septembre et en justifiant la législation

    "La conversion religieuse doit être réglementée : telle est l'intention du projet de loi. Nous ne voulons pas priver qui que ce soit d'un droit, ni violer l'article 25 de la Constitution [qui garantit le droit de pratiquer et de propager une religion, ndlr]", a déclaré le Premier ministre du Karnataka, Basavaraj Bommai, expliquant l'objectif de la lo: "Nous voulons maintenir l'ordre public et prévenir les conflits religieux".

    L'écrivain et journaliste catholique John Dayal a commenté à Fides : "Ce n'est pas la façon de prévenir les conflits. En fait, la loi viole l'État de droit et la liberté de religion. Rappelons que l'Inde est une république démocratique qui a toujours sanctionné et protégé les droits fondamentaux de la personne, y compris la liberté de professer, de pratiquer et de propager sa religion".

    Selon le projet de loi, "nul ne peut convertir ou tenter de convertir, directement ou indirectement, une autre personne d'une religion à une autre par de fausses déclarations, la force, une influence indue, la coercition, l'incitation ou tout autre moyen frauduleux, ni par le mariage ; nul ne peut encourager ou organiser la conversion religieuse d'autres personnes".

    En cas de violation, une peine de prison de trois à cinq ans et une amende de 25 000 roupies indiennes (307 USD) sont prévues, tandis que la peine de prison s'élève à 10 ans et l'amende à 50 000 roupies (614 USD) pour ceux qui convertissent des mineurs, des femmes et des personnes issues des communautés "Scheduled Castes et Scheduled Tribes", considérées comme des groupes marginalisés et vulnérables

    Selon la procédure envisagée, si une personne a l'intention de changer de foi, le ministre du culte doit en informer le magistrat, qui l'annoncera publiquement sur un panneau d'affichage, en attendant les éventuelles objections qui, le cas échéant, seront examinées et étudiées. Par la suite, si aucune question n'a été soulevée, la personne concernée sera convoquée par le magistrat pour vérifier son identité et confirmer le contenu de la déclaration. En outre, une "plainte pour conversion forcée" peut être déposée au tribunal par les membres de la famille, les proches ou les amis d'une personne qui prétend avoir changé de croyance.

    La pratique consistant à proposer des règlements dans les différents États indiens afin de réglementer ou de limiter la conversion religieuse a été mise en place depuis quelques années dans la Fédération indienne, par le parti nationaliste Bharatiya Janata Party. Plusieurs États du nord, de l'ouest et de l'est de l'Inde, comme l'Uttar Pradesh, l'Himachal Pradesh, le Gujarat, le Chhattisgarh, l'Odisha, le Madhya Pradesh, l'Arunachal Pradesh, l'Uttarakhand et le Jharkhand, ont adopté des lois restreignant les conversions religieuses. Le Karnataka, dans le sud de l'Inde, est le dernier à avoir promulgué une telle loi. Les chrétiens indiens se sont toujours opposés à de telles mesures et, dans certains cas, ont déposé des recours judiciaires.

    (PA-SD) (Agence Fides 5/10/2022)

     
  • Un Islam européen ?

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    D'Annie LAURENT, déléguée générale de CLARIFIER, sur la Petite Feuille Verte (n°93) :

    L’islam peut-il être européen ?

    4 octobre 2022

    La présence croissante de populations musulmanes en Europe est une réalité objective. Faut-il pour autant en tirer la conclusion que, nonobstant son origine orientale, l’islam s’est européanisé moins d’un siècle après son avènement, comme l’idée tend à se répandre dans certains milieux intellectuels et politiques, où l’on va parfois jusqu’à voir en lui un élément constitutif de la civilisation du Vieux Continent ? En voici deux exemples significatifs, même si la notoriété et l’importance des personnes citées sont bien évidemment très différentes.

    Dans un article publié sur Facebook, Samuel Touron, étudiant à Sciences Po Toulouse et président de l’association Jeunes Européens, écrivait après avoir rappelé que l’islam s’est implanté en Europe dès 711 : « L’islam n’est-il pas une religion bien plus européenne qu’on ne le pense ? […] Contrairement à une idée reçue, l’Europe n’est pas un continent aux racines uniquement chrétiennes, n’en déplaise à ceux qui, lors des débats autour d’une Constitution pour l’Europe, souhaitaient voir inscrite l’adhésion aux valeurs chrétiennes comme facteur nécessaire pour intégrer l’Union » (19 mai 2021).

    Lors de l’accession de Charles III au trône britannique, le site musulman oumma.com a cité un extrait du discours qu’il avait prononcé le 27 octobre 1993 (en sa qualité de prince héritier) dans l’enceinte du Centre d’Oxford pour les Études islamiques dont il était le mécène. « L’islam fait partie de notre passé et de notre présent, et ce dans tous les domaines de l’activité humaine. Il a contribué à la création de l’Europe moderne : il fait partie de notre propre héritage et n’est pas un élément étranger […]. Au-delà, l’islam peut nous enseigner aujourd’hui une façon de comprendre le monde, et d’y vivre, que le christianisme a malheureusement perdu. L’islam […] refuse de séparer l’Homme et la nature, la religion et la science, l’esprit et la matière : il a su préserver une vision métaphysique, unifiée, de nous-mêmes et du monde qui nous entoure » (9 septembre 2022).

    Tous deux omettent de mentionner que l’irruption musulmane en Europe dans le passé ne relevait pas d’un projet religieux assimilable par la doctrine chrétienne qu’il serait venu améliorer. De fait, le christianisme n’a rien emprunté à l’islam.

    Après l’évangélisation initiale qui suivit la Pentecôte, l’élaboration des dogmes chrétiens « fut l’œuvre de la série des grands conciles œcuméniques, et c’est à la philosophie grecque que les Pères de l’Église ont emprunté de l’outillage conceptuel », rappelle Rémi Brague (Cf. Au moyen du Moyen Âge. Philosophies médiévales en chrétienté, judaïsme et islam, éd. Flammarion, 2008, p. 21).

    Cela n’empêche pas de reconnaître tout ce que l’Europe doit aux transferts de textes savants ayant transité par l’Orient arabisé et islamisé, assure cet auteur, tout en soulignant le rôle primordial – trop oublié – des chrétiens de Bagdad au IXème siècle dans la traduction de la science et de la philosophie grecques.

    Et Brague regrette la surdétermination idéologique qui s’est emparée du sujet (Id.). « Il y a toujours plusieurs mythes orientalistes sur le marché, selon les époques. On a eu parfois tendance à minorer le rôle des Arabes, ce qui était très injuste. Aujourd’hui, le balancier est reparti dans l’autre sens et certains – non pas des savants, bien sûr, mais des hommes des médias et des politiciens – voudraient nous faire croire que l’Europe doit tout à l’Islam » (Où va l’histoire ? Entretiens avec Giulio Brotti, Salvator, 2015, p. 92-93).

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  • Inde : les chrétiens visés par les lois anti-conversion

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    De Sylvain Dorient sur aleteia.org :

    En Inde, les chrétiens dans le viseur des lois anti-conversion

    Ashwini Kumar Upadhyay adressait le 23 septembre 2022 une pétition à la Cour suprême l’avertissant du « danger national » que feraient peser sur le pays les conversions. Comprenez les conversions d’hindous, (80% de la population) à d’autres religions, l’islam (14%) et le christianisme (2%). Ces minorités menaceraient le peuple indien selon cet avocat et politicien, affilié au BJP (Bharatiya Janata Party), le parti hindouiste au pouvoir. 

    Il prône une extension des lois anticonversions à l’ensemble des 28 États que compte l’Inde. Depuis le mois de mai, 10 États disposent d’une telle loi condamnant les conversions obtenues par des moyens frauduleux comme la menace, la corruption, la séduction ou la superstition.

    Contre le Love Djihad

    Au Karnataka, le dernier État à s’être doté d’une telle loi au mois de mai 2022, des nationalistes hindous s’exprimant sur Indiafaith dénoncent une « augmentation anormale du nombre de convertis ». Ils visent la minorité musulmane, qui constitue 12% de la population de l’État et qui pratiquerait le « Love djihad ». Des musulmans séduiraient des jeunes filles pour les épouser et les convertir à l’islam. À l’inverse, constatent-ils, un hindou qui veut épouser une musulmane doit se convertir à l’islam. Par ailleurs, les chrétiens – 1,8% de la population – croîtraient, selon l’article, en nombre anormal en raison des conversions qu’ils obtiendraient auprès des populations « pauvres et peu éduquées » de l’État. Aux yeux des auteurs de l’article, la loi anti-conversion luttera contre ces « abus », et elle ne réprime « que les conversions frauduleuses ». Elle prévoit des peines d’emprisonnements de 3 à 5 ans, incompressibles, pour les fautifs. 

    La même année, en novembre 2021, deux religieuses indiennes étaient empoignées par une foule en furie pour avoir “converti des hindous”.

    Pourtant, l’expérience prouve que ces lois, loin de calmer les esprits, tendent la société indienne, qui est très sensible aux questions religieuses. Ainsi, le 11 février 2021, l’État de l’Uttar Pradesh au nord-est du pays, adoptait ce type de loi. La même année, en novembre 2021, deux religieuses indiennes étaient empoignées par une foule en furie pour avoir « converti des hindous ». Sœur Monteiro et sœur Roshi Minj, membres de la congrégation franciscaine des Ursulines, décrivent pour l’AED une foule hurlant des slogans anti-chrétiens, les traînant jusqu’à un poste de police afin qu’elles soient jugées. 

    L’Uttar Pradesh ne compte qu’une proportion infime de chrétien, 0,18%, mais les nationalistes hindous y sont très virulents, en particulier depuis l’élection du gouverneur de l’État Yogi Adityanath. Ascète hindou et membre du BJP, il a été élu en mars 2017. Depuis cette date, l’Uttar Pradesh a enregistré 384 cas d’attaques contre la minorité chrétienne. 

    L’agenda du BJP

    Le BJP, parti nationaliste indien, n’a cessé d’accroître sa mainmise sur le pouvoir depuis la première élection de Narendra Modi au poste de Premier ministre, le 26 mai 2014. Réélu, il a progressivement durci son discours à l’égard des minorités. Il a emporté les élections législatives de 2019 en se présentant comme le défenseur des Indiens face aux menaces du Pakistan et de la Chine. Les « influences étrangères » au sens large, même les plus bénignes, sont désormais suspectes, raison pour laquelle le gouvernement n’a pas renouvelé les licences de plus de 500 organisations humanitaires au début de l’année 2021. Sans cette licence, les organisations visées ne pouvaient plus recevoir de dons de pays étrangers. L’un des chefs d’accusations des nationalistes contre les minorités religieuses est en effet d’utiliser de l’argent étranger pour corrompre les citoyens indiens. 

    Parmi ces organisations se trouvaient les sœurs de la Charité, la Congrégation fondée par Mère Teresa. Au regard du soutien qu’elle fournit aux Indiens les plus pauvres, cette décision aurait pu provoquer une catastrophe humanitaire. Elles ont finalement pu obtenir leur licence devant le tollé suscité par cette mesure, mais rien ne garantit que l’État ne jouera pas à nouveau de ce puissant levier pour mettre sous pression la minorité chrétienne de son pays.

  • Pourquoi les évangéliques anglicans deviennent catholiques : Un entretien avec Mgr Nazir-Ali

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    De Luke Coppen sur The Pillar :

    Pourquoi les évangéliques anglicans deviennent catholiques : Un entretien avec Mgr Nazir-Ali

    L'ancien évêque anglican Michael Nazir-Ali a été reçu dans l'Église catholique en 2021 et ordonné prêtre de l'Ordinariat personnel de Notre-Dame de Walsingham.

    1er octobre 2022

    L'ancien évêque anglican Michael Nazir-Ali a été reçu dans l'Église catholique en 2021 et ordonné prêtre de l'Ordinariat personnel de Notre-Dame de Walsingham.

    Cette décision est remarquable non seulement parce que M. Nazir-Ali était autrefois l'un des principaux candidats au poste d'archevêque de Canterbury, le chef spirituel des anglicans du monde entier. Il était également significatif parce qu'il venait de l'aile évangélique de l'anglicanisme, plutôt que de la partie qui s'identifie fortement au catholicisme.

    Nazir-Ali est né à Karachi, la plus grande ville du Pakistan, le 19 août 1949. Il a été ordonné clerc anglican en 1976 et est devenu le plus jeune évêque de la Communion anglicane en 1984.

    Après avoir été contraint de quitter le Pakistan, il s'est installé en Angleterre et a été nommé 106e évêque de Rochester, un siège occupé par saint John Fisher avant la Réforme. Depuis 1999, il siège à la Chambre des Lords, la chambre haute du Parlement britannique.

    Il a pris sa retraite en tant qu'évêque de Rochester en 2009 et est maintenant président d'OXTRAD, qui prépare les chrétiens au ministère dans les régions où l'Église est persécutée. Il a reçu le titre de "monseigneur" en avril dernier.

    Les autres prêtres catholiques de Nazir-Ali ont dit tout le bien qu'ils pensaient de lui. L'un d'eux a déclaré au Pillar qu'il était "l'un des plus grands dons à l'Église depuis Newman". Un autre l'a décrit comme ayant "un cerveau étonnant".

    Alors pourquoi a-t-il décidé de traverser le Tibre ? Pourquoi d'autres anglicans évangéliques font-ils le même voyage ? Et que peut faire l'Église catholique pour les accueillir ?

    Nazir-Ali a répondu à ces questions, et a parlé de son histoire de vie inhabituelle, un soir avec The Pillar via Zoom.

    Monseigneur, qu'est-ce que le christianisme ?

    Pour moi, la foi chrétienne est bien sûr intensément personnelle. Elle implique un engagement personnel envers Dieu qui se révèle dans le Christ - ma réponse à cela dans la foi mais aussi dans la vie.

    Mais le christianisme a aussi des implications plus larges que cela, en étant une vision du monde sur la nature de l'univers et notre place dans celui-ci. Cette dimension rivalise avec d'autres visions du monde, bien sûr, y compris les autres religions, mais pas seulement. Je fais la distinction entre la foi à laquelle on croit et la foi par laquelle on croit. L'une est subjective et l'autre a un contenu objectif.

    L'anglicanisme est un phénomène complexe et il existe différents sous-groupes. L'un d'eux est l'anglicanisme évangélique. Qu'est-ce que c'est ?

    C'est très diversifié. Il y a des évangéliques très conservateurs qui sont vraiment réformés calvinistes et qui interprètent la tradition anglicane de cette manière. Puis il y a les anglicans évangéliques charismatiques qui voient les choses différemment, qui sont beaucoup plus souples sur la doctrine et même peut-être sur les questions de vie morale, mais qui mettent l'accent sur l'expérience de l'Esprit et l'expérience spirituelle en général. Et puis il y a tout un nombre de personnes - peut-être la majorité - qui se disent "évangéliques ouverts", qui sont engagés dans l'évangélisation. Il existe donc différents éléments parmi les anglicans évangéliques.

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  • Lever le silence sur les dérives au sein des communautés bouddhistes

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    De France Inter :

    L'émission sur Arte :

    Abus sexuels, manipulations mentales et détournements de fonds : le bouddhisme tibétain est secoué par de graves scandales. Un récit fouillé qui lève le voile sur les dessous peu spirituels d’une religion vénérée en Europe.  

    Il s’appelle Ricardo Mendes et, très jeune, il a vécu l’enfer dans une communauté bouddhiste à Castellane, loin de l’idéal de sagesse prônée par son fondateur, Robert Spatz. Désormais en quête de justice et s’étant constitué partie civile dans un procès, Ricardo raconte comment le lama belge incitait ses disciples à lui abandonner leur progéniture, lui laissant le champ libre. Sévices corporels, privations de nourriture et de liberté ou viols subis par les filles furent le lot quotidien d’enfants sans protection. Ces abus ne relèvent pourtant pas de l’exception : depuis que le bouddhisme tibétain s'est imposé comme un phénomène de mode dans les années 1960, notamment en Europe, les scandales sexuels et financiers se multiplient, tandis que ses maîtres en exil prospèrent. Icône internationale, le dalaï-lama a lui-même longtemps couvert les agissements secrets de ceux qui servaient l’expansion de sa religion : avec une économie fondée sur la charité, celle-ci doit éviter les affaires trop tapageuses...

    Le lama Sogyal Rinpoché, à la tête d’un empire après la publication de son best-seller Le livre tibétain de la vie et de la mort, finit pourtant par être dénoncé par de nombreuses victimes pour son goût immodéré du luxe, son autoritarisme violent et ses dérives sexuelles. Il symbolise ainsi ce que le dalaï-lama nomme du bout des lèvres "les problèmes éthiques"... Dans les arrière-salles des monastères "Les gens prennent le charisme pour une qualité spirituelle."

    Grâce à ses révélations et à la qualité de ses intervenants, ce documentaire édifiant contribue à dessiller le regard occidental "fleur bleue" sur l’exotique bouddhisme tibétain. Il rappelle notamment que cette religion requiert une dévotion totale de l'élève, lequel doit certifier à son maître de garder le secret sur les initiations auxquelles il doit se soumettre : un terreau idéal pour couvrir d’une chape de silence les abus de toute nature.

    Les recherches menées par la journaliste Élodie Emery et le documentariste Wandrille Lanos affinent la perception de cette spiritualité qui se pare de tant de vertus, dont la pauvreté. Car le bouddhisme, véritable multinationale, se déploie avec ses têtes de gondole, ses produits dérivés (dont la méditation), ses filiales (les centres bouddhistes pour public aisé), ses stratégies de communication et agences spécialisées dans la gestion de crise. Fort de nombreux témoignages, dont des chercheurs et des adeptes abusé(e)s qui racontent l’envers du décor, ce récit fouillé lève le voile sur les impostures du bouddhisme, si prisé en Occident pour... sa quête de la paix intérieure.

    Documentaire d'Elodie Emery et Wandrille Lanos (France, 2022, 1h30mn) disponible jusqu'au 13/10/2022 

  • Aux funérailles étonnamment chrétiennes de la reine Elizabeth II : le Vatican a raté le coche

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    Lu sur le site « National Catholic Register » :

    « COMMENTAIRE : Incorporant des contributions remarquables de la part des catholiques, l'Église d'Angleterre a fourni un modèle à tous les chrétiens sur la façon dont les funérailles doivent être conduites.

    Le roi Charles III suit derrière le cercueil de la reine Elizabeth II, drapé de l'étendard royal avec la couronne d'État impériale et l'orbe et le sceptre du souverain, tel qu'il est réalisé depuis l'abbaye de Westminster. après les funérailles nationales de la reine Elizabeth II le 19 septembre à Londres, en Angleterre.

    Il s'agissait des funérailles d'État les plus grandioses de l'histoire pour le monarque le plus ancien de l'histoire. 

    Avant et après , c'était un enterrement chrétien. 

    L'Église d'Angleterre a rendu un service signalé à tous les chrétiens en fournissant un modèle sur la manière dont les funérailles doivent être conduites, à une époque où les liturgies funéraires tant sacrées que civiques sont devenues plutôt émaciées. 

    La priorité de la prière 

    La reine a été à juste titre et bien louée lors de diverses cérémonies au cours de la semaine dernière. Le jour de ses funérailles était un jour de prière. 

    A partir du moment où le cortège funèbre pénétra dans l'abbaye de Westminster jusqu'au chant de Je suis la Résurrection et la Vie , le mystère de la mort et de la vie éternelle prit le pas sur tous les autres. 

    "Nous ferons tous face au jugement miséricordieux de Dieu", a prêché l'archevêque de Cantorbéry, Justin Welby.  

    L'archevêque a prononcé une magnifique homélie funéraire, modèle pour toute la prédication funéraire chrétienne. Il a prêché des vérités sur le "leadership serviteur" de la reine, mais l'a présentée comme une disciple chrétienne d'abord et comme une monarque ensuite. La journée comprenait l'apogée de la pompe et de l'apparat britanniques, mais l'archevêque Welby a noté que "la mort est la porte de la gloire". 

    La durée de la vie et du règne de la reine a été soulignée lorsque ses restes terrestres sont passés sous les statues des martyrs du XXe siècle installées au-dessus de la grande porte ouest de l'abbaye pour le millénaire. La reine est née trois ans avant la naissance de Martin Luther King Jr., et lorsqu'elle est venue à l'abbaye pour son mariage en 1947, saint Maximilien Kolbe n'était même pas mort depuis une décennie. 

    Complètement absents étaient les discours des officiers laïcs de l'État. Et à ce silence bienvenu s'ajoutait le silence profond, voire palpable, des foules immenses autour de l'abbaye et le long du mail jusqu'au palais de Buckingham. C'était une manifestation de révérence, une vertu publique très requise pour une vie commune saine.  

    La richesse du rituel 

    Le rituel d'un monarque décédé est plus riche que pour tout autre, et les funérailles ont magistralement permis au rituel de parler. La congrégation de la chapelle Saint-Georges à Windsor s'est tenue en silence pendant que les instruments du pouvoir terrestre de la reine - l'orbe, le sceptre et la couronne d'État impériale - étaient retirés du cercueil et placés sur le maître-autel. Puis ils ont chanté Christ Is Made the Sure Foundation . Que dire de plus sur le fondement de toute autorité ? 

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